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n° 15869Fiche technique52037 caractères52037
Temps de lecture estimé : 29 mn
27/10/13
Résumé:  Un type au boulot, une femme qui fantasme, un jeu. Est-ce que je continue à jouer, ou je me dessape ? C'est de l'amour, ou bien ?
Critères:  f h fh hplusag collègues travail cunnilingu pénétratio fdanus
Auteur : Lizbeth  (On préfère parler des autres que parler de soi, non ?)      Envoi mini-message
Un fantasme, et puis quoi ?



J’essayais d’ancrer plus profondément le trépied dans le sol. Cette foutue bulle était encore décalée, rien n’était droit. Il faisait beaucoup trop chaud, cela faisait beaucoup trop d’heures que je m’échinais à scanner les façades de cette satanée chapelle antique.



J’essuyai mon front poussiéreux d’un revers de poignet, y étalant encore plus de terre qu’il n’en portait déjà. Les scans au laser, ça avait du bon. Les scans au laser, au plus brûlant de l’été, dans le coin le plus reculé du Vaucluse, ça en avait déjà beaucoup moins.



Ma tête tourna. Il apposa une main au creux de mes reins, tout redevint clair.



Il était vêtu d’une chemise blanche poussiéreuse. Ses manches étaient roulées juste au-dessous des coudes, laissant apparaître des avant-bras rougis au soleil. Il avait une carrure plutôt mince, malgré son estomac de quasi quinqua. En bas, il portait un bermuda gris et des chaussures de sécurité. Pour parfaire l’allure Indiana Jones, un chapeau à large bord venait coiffer ses cheveux d’habitude ébouriffés. Marc était archéologue. Nous travaillions dans le même laboratoire, lui en tant que chercheur, moi au poste d’analyste dessinatrice. Il venait de fêter ses quarante-neuf étés et trente-huit ans de fouilles. C’était un crac, pourtant plutôt drôle, plutôt charmeur, toujours dans la dérision. Parfois trop.


Le site était beau. Une chapelle sixième siècle mise au jour avec des étudiants de licence un mois auparavant. La pinède, des pins, des cyprès et des cigales. Nous avions l’habitude de travailler en équipe, et il n’était pas directement mon supérieur : cela facilitait les rapports. Il s’accroupit devant moi.



Il me lança un sourire.



J’avais été tentée de le faire marcher, mais le ras-le-bol et l’envie de finir prirent le dessus. La bulle était sagement rentrée dans son cercle de référence. Le trépied était à l’horizontale. C’était le dernier scan de la journée. Il n’y avait plus qu’à attendre cinq ou six minutes.

Je m’assis au pied d’un gros pin en soupirant ; il me toisa de toute sa hauteur bien qu’il ne fût, en fait, pas beaucoup plus grand que moi.



Il alluma une cigarette en prenant place près de moi. Puis il ôta son chapeau et passa les doigts dans ses cheveux.



Je n’étais pas du genre à prendre pour des tentatives de séduction ses petites provocations, ses insinuations, ses gestes. Ils faisaient partie de lui. De toute façon, il était pareil avec tout le monde. Enfin. Bref.



Marc avait deux enfants : Élise, vingt ans, et Maxime, onze ans. Juliette, sa femme, avait succombé à la naissance du dernier. D’après ce qu’il m’avait dit, elle avait le cœur fragile. D’après ce qu’on m’avait dit, il était fou amoureux d’elle. D’après ce que j’avais vu, il avait surmonté l’épreuve comme un chef. J’étais toute nouvelle à l’époque. Les temps étaient davantage aux relevés manuels, je passais des jours entiers sur les chantiers. C’est ce qui avait exaspéré le père de Mattéo pour qu’il me quitte, à vingt ans. Selon lui. C’était, sans cause à effet, depuis cette époque que je travaillais avec Marc. Nos garçons avaient le même âge, et Mattéo adorait Marc.

Il étira son cou et porta la cigarette à ses lèvres. Je bâillai.



La fumée emplit mes poumons, voyagea derrière mes yeux, enveloppa mon cerveau dans sa brume rassurante, et ressortit par mes narines.



Le filtre à mes lèvres, je pensai subrepticement à celles de Marc. Les aiguilles de pin formaient un tapis moelleux sous mon dos. Je fermai les yeux. Les quelques mois qui avaient suivi le rétablissement de Marc suite au décès de sa femme avaient été difficiles à gérer de mon côté. J’avais cette impression que nous avions installé un jeu de séduction un peu pervers. Un jeu duquel chacun de nous connaissait les règles. Un jeu de frôlements et de paroles lancées sans y penser. Je savais l’odeur de son parfum, celle de ses vêtements, celle de son souffle.


Peu à peu, tout ça s’était estompé, de force surtout, et à mesure que le temps passait. Aucun de nous n’en avait parlé, accord tacite. Une relation n’était pas gérable dans ces conditions. Nous formions une trop brillante équipe. Bien sûr, nous avions eu à dormir ensemble, pendant certains chantiers. Il y avait eu de la tension sexuelle, des frôlements trop insistants, des lèvres rapprochées, des envies, du désir. Aucun dérapage.


Depuis le début de cette nouvelle mission, étonnamment, mes résistances n’étaient plus si solides. Faute au site, faute au temps. J’avais le souvenir d’une session de fouilles que nous avions dirigée dans la zone de Saint-Rémy-de-Provence. Il y faisait bouillant, tout comme aujourd’hui. Marc avait pris un coup de soleil monstrueux sur la nuque et m’avait demandé, en tout bien tout honneur, de lui passer de la pommade. Nous nous étions isolés de ses étudiants, nous ne pouvions nous permettre aucune rumeur. Mais ces précautions n’avaient fait qu’attiser mon désir, mon envie d’en découdre. Son sexe dans le mien aurait suffi, ce n’était plus un jeu. Au lieu de cela, aucun de nous n’avait bronché. C’est sûrement ce soir-là que l’un comme l’autre avions décidé de stopper la fête.


Aujourd’hui, je ressentais aussi un changement dans ses mots. Il reprenait des expressions « d’avant », de « l’époque ». Celle où mon estomac remontait dans ma gorge quand il passait près de moi, celle où je m’efforçais de frôler ses mains, « sans faire exprès ».

Le scanner sonna la fin de mes rêveries.



Après quelques minutes de marche, nous arrivâmes enfin au 4x4 dont le coffre fut rempli, calé, fermé.



Marc considérait son vieux 4x4 comme sa bête. Et « ça ne connaît que son maître, ces engins-là ». Mais parfois, il lui arrivait de m’en prêter le volant. Il savait que j’aimais conduire sur piste. Il baissa sa vitre et ralluma une cigarette, croisant les jambes. J’avais laissé la main sur le levier de vitesses et son mollet vint se presser contre mes phalanges. Aucun de nous deux ne broncha. Il s’enfonça dans le cuir vieilli de son siège et posa son coude sur la fenêtre, un pouce contre les lèvres, sa main gauche sur le genou, comme en pleine réflexion. Il se laissait cahoter au rythme du chemin de terre, les yeux mi-clos.


La situation était plutôt érotique, bien qu’aucun de nous n’eût voulu se l’avouer. J’avais relevé mes cheveux en chignon au-dessus de mon crâne, la sueur perlait sur ma gorge et ma nuque. Bien sûr, il n’y avait pas de clim’. Le tissu épais de mon short beige était plus foncé au niveau de l’aine et mes lèvres étaient entrouvertes. De son côté, Marc avait défait les premiers boutons de sa chemise et ébouriffé ses cheveux clairs. Il aspirait frénétiquement la nicotine de son bâton de tabac, passant parfois sa langue sur ses lèvres pour les humecter. Il lançait à toute volée des soupirs de fatigue, ou de contentement : c’était son grand truc, et cela avait eu le don de souvent participer au remplissage de ma jauge d’excitation. Tout sentait la transpiration, la résine, la terre, la fin de journée. Je n’ignorais pas non plus les phéromones qui traînaient dans l’air.




—ooOoo—




Le matériel déchargé, je montais dans ma chambre « 7 ». Marc entra dans la « 8 » après m’avoir donné rendez-vous pour le repas. J’avais une petite heure pour me détendre. Avant toute chose, je passai un rapide coup de fil à ma mère qui ne me passa pas Matt : il était trop occupé à jouer dans la piscine du voisin avec sa nouvelle petite copine. « UNE copine, Maman, pas ma petite copine. » aurait-il répliqué. OK, OK.


Je me déshabillai, sans faire attention aux bleus de mes genoux ou aux marques de mes vêtements trop serrés à force de flexions, puis d’extensions. Outre un coup de soleil peu visible derrière la couche de poussière qui maculait mes mollets, rien de très grave à signaler. Pas de tiques, surtout. J’entendis Marc tousser. L’isolation phonique était à revoir…


J’entrai dans la douche et laissai un moment l’eau fraîche couler sur ma peau, la débarrassant de toute la poussière qu’elle avait emmagasinée et autres aiguilles de pins prises dans mes cheveux. Je me savonnai rapidement.


Comment l’idée n’aurait-elle pas pu germer dans mon esprit ? Dirigeant le pommeau de douche vers mes cuisses, je remontai lentement. J’avais besoin de mes mains. La douchette fut remise en place, l’eau coulant toujours, et je m’assis au fond du bac, les jambes écartées, presque fébrile devant la brutalité de mon envie. Au bout d’une vingtaine d’années de pratique de l’autosatisfaction, je savais m’y prendre. Le majeur droit sur le clitoris, les lèvres écartées, le gauche tout contre mon anus, à peine pénétrant. Et tout ce petit monde usinait à mon plaisir de façon autonome pendant que je voyais les mains et la bouche de Marc, sa chemise au sol, sa langue contre la mienne, sa langue dans ma chatte, nos corps qui se frottaient de façon totalement erratique, ses soupirs et ses grognements, ses sourires, son sexe, son sexe dans ma bouche, dans mon… ma…



La claque de l’orgasme. J’avais prononcé son nom sans y penser. Ma bouche était restée ouverte dans un cri silencieux.


À côté, j’entendis Marc se racler la gorge.

Le rouge de mes mollets me monta aux joues. Comme si on pouvait me voir et me gronder, je regagnai mon lit, enroulée dans une serviette, sans un bruit. Après tout, ça n’était pas dramatique… Et puis c’était si bon. Je réprimai l’envie de recommencer et me saisis du livre posé sur la table de chevet. Un bon roman noir, comme je les aimais. Le drap de bain tiré jusqu’à la taille, je commençai ma lecture.


Nouveau raclement de gorge de l’autre côté de la cloison. Je n’y prêtai pas vraiment attention. Puis un soupir. Un soupir étrange. Contenu.

Se pouvait-il vraiment que… ? Je l’imaginais, assis au bureau, l’ordinateur à peine ouvert sur une publication en cours, ses lunettes posées sur le nez, pris de court par le désir, pris de court par l’excitation. Son short aux chevilles, caleçon baissé, à se masturber comme un ado. Sa verge coulissant dans sa main…


Je pressai mon bouquin contre mon bas-ventre, mordant ma lèvre inférieure.

Sa verge coulissant dans sa main… son gland, gonflé, luisant, humide, visqueux, recouvert par moment de sa peau fine. Des mouvements larges, lents. Puis plus rapides, moins réfléchis. Les yeux fermés. La bouche close. Les pensées largement ouvertes sur le kaléidoscope de ses envies. Des allers et retours désordonnés. Les lèvres entrouvertes. Des vagues. Des vagues de plaisir. Puis des vagues de foutre, sur son ventre, sa chemise, dans sa main.

J’entendis un soupir. Non, une inspiration. Une autre. Comme s’il cherchait son air. Puis un murmure. Une sorte de grognement étouffé. Un nouveau soupir. Long et profond. Saccadé.


Je me levai brusquement, le livre valsa à terre. À côté, on simula une quinte de toux. Avec ma serviette de bain, j’essuyai l’humidité, que dis-je, l’inondation, le tsunami… qui avait envahi mon intimité. Je me rappelai l’importance du préfixe « font » dans les toponymes. La source froide, « Fontfroide ». La source chaude, « Fontcaude ». Les abbayes, les moines, la liturgie, tout ça. L’archéologie funéraire, les os, les tombes à chaux, la peste. Bref. Tout était bon pour faire diversion aux idées rouges de mon cerveau.


J’enfilai des sous-vêtements et un short, puis une chemisette. Ni vu, ni connu. Il ne s’était rien passé. Je n’avais rien entendu. J’avais surtout tout fantasmé. Intégralement. J’allumai mon PC et commençai l’acquisition des scans de la journée sur le logiciel de référence. Les nuages de points multicolores s’affichèrent peu à peu à l’écran. C’était rassurant.

À côté, Marc avait mis en marche la douche. Peut-être que sur son bas-ventre il y avait encore… dans sa main… Et si ?… « No way ». « NO WAY ».

Il sifflotait. R.A.S.


Je fis pivoter le modèle 3D pour l’observer sous toutes ses coutures. Il me manquait quelques éléments du chevet et tout le gouttereau nord.




—ooOoo—




J’avais dû un peu rougir en voyant Marc sortir de sa chambre, ses cheveux intenables vainement peignés en arrière. Le soir, on nous servait un plat commun sur un petit coin de terrasse. Ce n’était pas le grand luxe, mais j’appréciais. Tout était calme.



Il s’était appuyé sur le dossier de sa chaise, avalant une gorgée de rouge avant de sourire.



En fait, nous n’avions pas grand-chose à dire, en dehors du « boulot ». Nous n’avions surtout peut-être pas la force de chercher un sujet de conversation d’intérêt commun. Le hic était là : quand travail rime avec passion, on en a ras la casquette à la fin de la journée, mais on n’a envie de parler de rien d’autre. La plupart des repas avec Marc se faisaient dans le silence, en savourant la douceur du soir et, quoi que chacun de nous puisse en penser, les regards de l’autre.


Arriva l’heure bénie de la cigarette postprandiale. Derrière la bâtisse, on pouvait s’adosser à un mur de pierres calcaires pour se laisser caresser par le soleil couchant. C’était le moment où les cigales reprenaient leur chant après une pause d’une heure et des poussières.



Il aspira une bouffée de tabac et la souffla par le nez, le regard perdu au loin. J’avais tourné les yeux vers lui pour détailler son visage, inconsciemment peut-être. Ses yeux paraissaient très verts à la lumière orangée qui nous baignait. Lui aussi avait le visage un peu rouge, comme mes mollets.

Je fermai les paupières, puis le regardai distraitement frotter l’extrémité de sa cigarette au sol et la remettre dans son paquet. Il se tourna alors vers moi, le coude appuyé contre le mur, et soudain, je me rendis compte que je le dévisageais. Il avait un sourire tendre, presque moqueur.



Et il s’avança davantage. Son visage était si près du mien que je devais en loucher, médusée. Sa bouche s’ouvrit contre la mienne et il effleura mes lèvres. Je ne savais pas si je devais lui rendre ce baiser. Je m’écartai à peine et tirai une dernière fois sur ma clope avant de l’écraser sous mon pied. Mes doigts vinrent à sa bouche et je passai un index sur sa lèvre inférieure. À l’extérieur, à l’intérieur. Chaleur, humidité… Sa respiration se fit plus rapide et ses paupières couvrirent ses prunelles vertes. Lentement, ma langue remplaça mes doigts, mes lèvres aspirèrent ses lèvres. Sa bouche dévora la mienne. Nous étions presque comme des ados, moi dos au mur, lui contre moi, pressé sur mes formes de tout son poids, un genou entre mes cuisses, ne sachant pas trop où mettre les mains.


Il recula un instant avec dans le regard une lueur un peu folle, affamée, que je ne lui connaissais pas. Cela me rassurait : au moins, nous en étions au même point. Il emmêla ses doigts dans mes cheveux et ses lèvres revinrent chercher les miennes. Plus lentement. Non, ce n’était pas de la tendresse. En fait, il s’en délectait. Sa main porta la mienne vers son entrejambe. J’eus un sourire contre sa bouche.



Je ne l’aurais jamais imaginé si direct. Mais ça me plaisait. Ce « petite chienne » – que j’étais, assurément, dans ces moments-là – et ce sexe-à-sexe avaient eu raison de mes résistances. J’étais à nouveau trempée, et ça n’était pas peu dire. J’entamai un lent mouvement appuyé contre cette raideur qui confirmait mes suppositions de fin d’après-midi.

Je fus interrompue par un timide :



C’était la propriétaire : une petite bonne femme tout droit sortie d’un Almodovar, tablier à rayures et fichu sur la tête. Presque ridicule. Quand je me rendis compte que je m’étais abandonnée à une espèce de fantasme-rêve éveillé, que Marc n’avait pas bronché, le regard toujours au loin, que sa bouche n’avait pas dévoré la mienne, pas plus qu’il ne m’avait gratifiée du compliment « petite chienne » ; je rougis jusqu’aux oreilles et filai gentiment prendre mon café.


Marc ramena à table deux tasses et posa un morceau de sucre devant moi. Tout était calme. La nuit tombait, toujours chaude, humide. Je brûlais d’envie de le lancer sur un terrain glissant, en lui posant des questions bancales et trop personnelles. J’étais déchaînée. « Tu vois quelqu’un, en ce moment ? »



Échec.

Il se balança sur sa chaise, nouant ses doigts derrière sa nuque, grimaçant et s’étirant.



Il avait allumé une cigarette et touillait son café, l’air pensif. Bon Dieu, je crevais d’envie de lui, et j’étais incapable de quoi que ce soit. En plus, je le savais tellement se rouler dans l’incertitude et la tension de la situation que j’imaginais peu qu’il passerait à l’acte ou me tendrait la perche. En fait, il ne passerait pas à l’acte. Pas plus que je ne passerais à la casserole, si je continuais à ne pas broncher. Peut-être fallait-il seulement ne rien faire, ne pas réfléchir, et laisser venir. Dites ça aux hormones !

« Et sinon, tu vois quelqu’un, en ce moment ? »



J’allumai à mon tour une Philip Morris pour évacuer la tension et cesser de me blâmer, certes utilement. Quand je relevai la tête, il souriait légèrement, l’air embarrassé.



C’était une vieille fille qui se laissait aller à faire paraître dans un magazine local des publications archéologiques prenant pour sources ses douteuses expériences de jeunesse et des documents hasardeux. Pour couronner le tout, elle était folle d’admiration pour Marc. C’était un excellent sujet de raillerie.



Je levai un sourcil.



De son auriculaire droit, il faisait des petites mottes avec les miettes de pain laissées sur la table. C’était une des rares fois où je le voyais gêné.



Il n’en fallut pas plus pour que la cendre encore incandescente de sa clope ne tombe sur son bermuda et n’y fasse son trou. Il sursauta.



Je laissai échapper un éclat de rire. Il finit par se dérider et reprit un peu de prestance.



Je me délectais de son embarras.



Je me disais, de façon ouvertement sexiste, que les hommes préféraient peut-être le porno, après tout… Rien de plus déstabilisant, alors, que d’être déstabilisé par quelques simples mots alignés. Je m’apprêtais à lui faire la remarque « Pour les hommes, c’est plus pédagogique les images ?… ».



Nous étions clairement dans le même jeu. La tournure des événements commençait enfin à me plaire. Il tira sur sa cigarette.



J’avais laissé échapper ces trois mots comme un « marché conclu » et Marc, après avoir expiré une dernière fois par les narines et écrasé d’un geste sa cigarette, triompha :



« Vaurien ! »




—ooOoo—




Le matin suivant, j’avais ouvert les yeux comme si rien ne s’était passé la veille. Bon, rien ne s’était passé la veille, mais il s’en était suffisamment dit pour que, de retour dans ma chambre, je m’offre une seconde séance de sexe, muette cette fois-ci. Je n’avais pas non plus entendu Marc broncher une seule fois, bien qu’il ait été censé se plonger dans les méandres moites de son récit érotico-exotique. Soit il avait été très sage, soit très silencieux.



J’obtins pour réponse un grognement. Puis un sourire. Même s’il s’était levé bien avant moi, Marc n’en était qu’à son premier café. C’était encore trop peu pour qu’il s’avoue éveillé.



Je me laissai servir en bâillant, et il se leva, emportant sa tasse, pour allumer une cigarette un peu plus loin. Je l’observai distraitement en mordant dans une tartine généreusement couverte de confiture. J’aurais aimé être sortie du sommeil par un de ses grognements d’ours endormi. Qui sait comment il pouvait grogner, dans d’autres situations plus intimes. J’avais dû sourire béatement. Un flot de confiture dégoulina jusqu’entre mes seins. Je me pressai de rattraper la grosse goutte du bout de l’index pour la porter à mes lèvres. Mon regard se tourna instinctivement vers Marc. Il affichait un air faussement réprobateur. J’eus pourtant l’impression que son sourire cachait autre chose, et que ses yeux brillaient un peu plus que d’habitude.



Mes narines cherchèrent plutôt son courant d’air, parfumé de cuir, d’un after-shave sûrement bon marché, et de cigarette tiède. La journée s’annonçait bonne, et belle, en prime. J’eus le temps de lancer quelques bâillements et de boire un second café avant d’entendre derrière moi sa voix claironner quelques mots à la propriétaire. Le trépied sur l’épaule et une valise dans la main, il me dépassa en laissant tomber sur la table un document relié, sans même un regard. On y lisait : Le Fétiche. Amusée, je le feuilletai. Marc avait apposé ses corrections de professeur modèle jusqu’à la dernière ligne, bien qu’elles se raréfient, presque inexplicablement, au fur et à mesure de l’avancée du récit.


À peine avais-je lancé le premier scan de la matinée que j’avais entamé ma lecture. Au début, je m’étais un peu cachée de Marc, pour éviter ses moqueries. Puis je n’y avais plus fait attention du tout. Le texte m’emportait. Je voulais sans cesse savoir la suite. Tout le temps, la suite. « Une épaisse pluie de sperme chaud aussi dense et intense qu’une pluie tropicale est venue inonder le corps pantelant de ma jeune étudiante ». Je jetai un coup d’œil à Marc qui s’appliquait, accroupi, à reporter sur un plan des points de niveau. Je regardai ses lunettes, je regardai ses doigts, sa langue, mordue, qui pointait à peine. Je l’imaginai, enfin, poser ses yeux sur ces mots-là. Est-ce qu’il avait bandé ? Ou plutôt, à quel point avait-il bandé ?



Je sursautai. Le scanner sonnait. Depuis combien de temps ? Ça, je n’en avais aucune idée. Ce qui était sûr, c’est que ce texte m’avait tellement happée que j’en avais perdu certains sens. Mais pas tous, si je prêtais attention aux picotements qui harcelaient mon bas-ventre.



Suite à cette plaisanterie faussement désobligeante, mon envie de le voir bander ne cessa de s’accroître. J’allais l’allumer à mort, ou inventer quoi que ce soit qui puisse le faire tomber dans mes filets, mais pitié, je voulais son sexe, je voulais son désir, son poids sur moi, sa langue, ses gémissements, ses grognements, son sperme, sa violence, tout ce qu’il pouvait me donner. Ne dit-on pas que « Ce que femme veut… Dieu le veut. » ? Merde, on était aux fondements de la chrétienté, là ! Fondement, fondement…


Paradoxalement, je restai glacée toute la journée à son égard. À vrai dire, j’avais été si bien chauffée à blanc que l’explosion promettait d’être fameuse. Et j’aurais donné n’importe quoi pour ne pas être seule à y assister. En tout cas, lui me raillait ouvertement. Je bouillais encore plus.

Il résultat de toutes ces aventures, à la fin de l’après-midi, une sorte d’agacement à demi masqué, comme ceux des petites filles capricieuses qui font tout pour obtenir ce qu’elles veulent, et en font tellement qu’elles ne l’obtiennent pas. J’aurais simplement pu lui sauter dessus, mais ça n’aurait pas été valorisant : mon ego voulait qu’il fasse un pas. Et il ne l’avait pas fait.


Sur la route qui nous ramenait tous deux au bercail, j’affichais clairement un air morose. Je venais, pour couronner le tout, de recevoir un mail qui m’annonçait mon détachement pour trois mois à Lyon. Si ça, ça n’était pas un signe que je devais me mettre mon envie sur l’oreille…

Marc finit par me déposer devant chez moi, après une bise. Une seule. Je me sentis incroyablement inutile, honteuse, solitaire et moche, sur ce trottoir, avec mon jean crotté et mes deux sacs à dos.




—ooOoo—




Je n’eus pas le choix de relativiser la frustration puis la honte occasionnées par cette parenthèse de quelques jours avec Marc. Il fallut que je prépare mes bagages et que j’organise les gardes de mon rat, auquel j’administrai un gros bisou sur chaque joue pour compenser ma culpabilité de mère quasi indigne. « Mais non, maman… » avait-il dit en s’essuyant discrètement sur son épaule.


Deux mois s’écoulèrent rapidement. J’eus quelques contacts par mail avec Marc, sans grosses vagues. Du pro, que du pro. Mon retour fut avancé de deux semaines : cela tombait pile-poil sur le colloque annuel qu’organisait mon labo d’origine, en partenariat avec l’université. Évidemment, Marc y faisait deux interventions. Si je me débrouillais bien, je pourrais peut-être y assister et lui faire la surprise de mon retour, même s’il s’en fichait. Moi, ça me ferait plaisir de le revoir.


Il faisait un temps de chien, à Lyon, comme ici. J’avais pris le train de 5 h 40 pour arriver à l’heure. Je descendis du tramway et courus me mettre à l’abri sous le porche. Je me hâtai en regardant ma montre. Si je me souvenais bien du programme, l’intervention de Marc devait commencer dans quelques minutes. En fait, j’avais tellement les yeux fixés sur la trotteuse que je n’anticipai pas le choc : au moment où je relevai le regard pour vérifier mon chemin, j’étais déjà à quelques centimètres d’un homme de dos, dans lequel je rentrai sans ménagement. Il fit un pas en avant, et se retourna.



« Mes confrères. Bon. »



Sourire de circonstance.



Bizarrement, ça m’était égal. Je jetai un regard interrogatif à Marc, qui haussa les sourcils.



Comme toujours, une cigarette était pincée à la commissure de ses lèvres, et il avait ce regard turquoise. J’étais habituée à le voir en costume, mais ce jour-là, c’était différent.



C’était volontiers. Comme deux mois auparavant, sous les pins, il ne me fallut qu’une fraction de seconde pour sentir ses lèvres, au contact de la tasse. Cela me dérangeait. Parce que je n’avais plus seulement envie de lui. Il y avait un peu plus. Et je rejetais en bloc cette idée qui avait germé dans mon esprit pendant ces semaines de disette.



J’acceptai en hochant la tête, toujours silencieuse. Je crois que je commençais à avoir peur que tout reprenne, et simplement peur d’espérer pour rien, de jouer pour rien, ou qu’au contraire, notre histoire se concrétise. Marc se saisit de mon sac à dos et le jeta sur son épaule.



Une énorme boule se coagula dans mon estomac, puis monta dans ma gorge. Mes yeux étaient peut-être exorbités, je n’en savais rien. Puis j’étais dos à la glace. Et en fait, je ne voulais surtout pas voir à quoi je ressemblais à cet instant.



Les quelques rides au coin de ses yeux se plissèrent en un mouvement dont je ne compris pas le déclencheur. C’était comme un faux sourire déçu, un sourire qui encaisse une petite défaite. Deuxième étage, à droite, troisième porte. Je sentis un peu de fébrilité dans la façon qu’il eut d’introduire la clef dans la serrure. Et si… et si ?



J’entrai dans son fatras. Pendant qu’il fouillait dans ses piles de papiers à ranger, j’observais les affiches collées au mur. Inutilement, étant donné que je les connaissais déjà par cœur, et que j’en étais, pour la plupart, à l’origine. Mais où était passée la cascadeuse du sexe, la fantasmeuse, celle qui imaginait tout le potentiel érotique d’une situation, même s’il n’y en avait pas ? Pour le coup, seuls dans ce bureau, trempée de pluie, lui en costard, moi le trouvant ultimement sexy, lui ayant l’air – même si je ne me l’avouais que peu – d’avoir un quelque chose pour moi qui le chatouillait : ça aurait dû être évident. Ça l’était tellement que je sursautai quand je le sentis derrière moi. Il me tendit les publications promises, et continua à me dévisager. Enfin, il avança une main vers ma hanche. « MAYDAY, MAYDAY. Houston, je ne vous reçois plus ! » J’aurais dû lui balancer : « Eh ben, depuis le temps que je poireaute… » ; mais au lieu de ça…



Il écarquilla les yeux puis les plissa, affichant un léger sourire.



« Arrête d’épiloguer, couillon, depuis le temps que je l’attends, ta bouche sur la mienne. »

Il le fit. Et j’y répondis. Son corps entier se pressa contre le mien. Pas seulement son torse, ni son bassin, ni même son ventre. Son corps entier. Il avait pris mon visage dans ses mains alors que les miennes, glissées dans son pantalon, au niveau de la boucle de sa ceinture, le rapprochaient davantage. Ce geste aurait pu passer pour un semblant d’autorité. Ce n’était en fait que le signe d’un empressement fébrile. Sa bouche venait sans cesse à la rencontre de ma langue, et ses dents à l’assaut de mes lèvres avaient achevé leur travail de sape : je ne restais plus debout que grâce à l’aide de son poids qui me maintenait contre le mur. Mes mains s’agrippèrent dans ses cheveux et il étouffa un grognement contre ma langue. J’y répondis par un gémissement non moins évocateur.



Il bondit en arrière, arrachant presque ses lèvres des miennes. Julien, le petit jeune du labo, avait un instant laissé apparaître son visage dans l’embrasure de la porte, puis s’était rapidement ravisé. Marc eut un léger rire et fit un pas dans le couloir, en passant une main dans ses cheveux.



Julien semblait avoir déguerpi aussi vite qu’il était arrivé.



Avait-il compris que je le voulais, de suite, ou le plus tôt possible ? Que je n’avais pas besoin qu’il me fasse une cour assidue à grands renforts de restau et de verres de Bourgogne dans des bars à vins huppés pendant des jours ?



Il eut un large sourire en appelant l’ascenseur.



C’était, en effet, bien plus sage que les mœurs sexuelles des guerriers Achuars… J’eus le loisir de constater que les talents oratoires de Marc ne s’étaient pas émoussés. Parfois, il me citait, l’air de rien, ou me lançait un sourire, mais toujours dans la mesure. La conférence prit fin. Applaudissements, consécration, mais ça n’était pas le prof que je voulais, moi. Je fus surprise de le voir écourter la séance de questions : c’était un rituel qu’il appréciait, en principe. Alors qu’on annonçait le prochain intervenant, il se saisit de son vieux cartable en cuir et prit place sur la chaise vide à ma droite.



Causer ? Il voulait causer ? De quoi est-ce qu’il pouvait bien vouloir causer ? J’avais envie de tout… sauf de causer. Je le suivis tout de même, curieuse.

Il m’alluma une clope. Pendant son speech, je m’étais calmée. On accédait au labo depuis la coursive extérieure qui contournait le bâtiment de recherche. Il pleuvait toujours des trombes. Je m’appuyai à l’embrasure de la porte, frissonnante, en attendant qu’il sorte de la pièce.



Et de nouveau son visage, ses lèvres, si près.



Badinage. J’eus un sourire.



Il recommençait. J’avance et je recule. Je te souffle le chaud et le froid.



Je fermai la porte vitrée et tirai son rideau. Lui s’était appuyé contre la table de réunion. Bras croisés. Moqueur tout de même.



J’avais terminé mes récriminations en enfonçant avec force un index dans son poitrail. Lentement, il ôta ses lunettes et se frotta les yeux. Puis il se leva, prit ma place, me poussa à prendre la sienne. C’était la seconde fois dans la journée que je me retrouvais coincée par ce sale type. Et ça me faisait un effet bœuf. Cette fois-ci, c’est seulement son bassin qu’il appuya contre mon entrejambe, alors que sa bouche s’approchait dangereusement de la mienne. Il tenait fermement mon visage entre ses mains.



Son pouce glissa le long de ma lèvre inférieure. Ma mâchoire se relâchait. Il maintenait toujours son bassin en contact avec le mien. Encore, toujours, seulement son bassin.



J’entrouvris les lèvres et passai la langue sur son doigt, le mordillant à peine, faute de pouvoir dévorer sa bouche, et tout ce qu’il me présenterait.



Je laissai échapper un gémissement. Je n’étais pas sûre qu’il tremblait, ou que ce fût moi ; mais quand il vint faucher mes lèvres, je n’y pensai plus. Entre deux assauts, il déboutonna fébrilement mon chemisier et s’empara de la pointe de l’un de mes seins : je me bénis d’avoir renoncé à passer un soutien-gorge le matin. Un gémissement rauque, et son souffle se fit irrégulier. Je laissai échapper un long soupir. Reprenant ses lèvres, je saisis sa main pour la glisser contre l’humidité de mon sexe. Gémissement, grognement.



Il me hissa sur la table ; j’envoyai alors valser ses lunettes qu’il avait posées là. Presque violemment, il fit descendre mon jean le long de mes jambes et je finis de m’en débarrasser. La table était gelée. Pas pour longtemps.



J’adore les hommes qui expriment clairement leurs idées pendant l’amour. Je fus servie. J’obéis et l’attirai à moi par la ceinture, en la dégrafant. Mon entrejambe contre son pantalon, je constatai les manifestations plutôt flatteuses de son désir.



Sa main gauche plongea sous ma dentelle. Lentement mais sans ménagement, deux de ses doigts vinrent se noyer dans la chaleur moite de mon intimité et entamèrent un lent mouvement des phalanges.



Je me ressaisis. Cherchant à nouveau sa bouche pour un baiser peu mesuré, je finis de défaire son pantalon et mis au jour, non sans appréhension, non sans rêverie, l’objet de mes fantasmes. Mais rien ne ressemble plus à un sexe d’homme qu’un autre sexe d’homme. Je le saisis à pleine main. Il me pénétra alors d’un troisième doigt, m’arrachant un gémissement aigu alors que lui gratifiait mon initiative d’un de ses grognements animaux favoris. Verrouillant mes yeux dans les siens, je me penchai en arrière, posant mes talons sur le bord de la table, lui offrant pleine vue sur la profondeur de mon envie de lui. Sans un mot, il prit son sexe entre ses doigts et vint caresser de son extrémité les circonvolutions humides de ma vulve. Après s’être attardé un instant au seuil du plaisir, il me pénétra.

Mon gémissement fut long, haut, intense, et répondait au sien. Toute ma conscience était à mon vagin. J’étais lui, j’étais ses parois et son humidité, je ressentais dans l’intégralité de mon corps la progression lente de Marc. Plénitude, envie de plus.



Si ma bouche n’était pas figée en permanence dans un cri muet, j’aurais pu lui répondre : « Pas grave, tu as une bouche… ». Au lieu de ça, je m’agrippai à ses épaules, sans un mot.

Ses mouvements se faisaient rapides, mais restaient intenses. Peut-être cette intensité venait-elle de ma jubilation d’enfin le posséder et être possédée par lui. Je le sentis soudain fébrile.



« Vas-y, défonce-moi, lime-moi, donne tout, prends tout ! » Je n’avais pas joui, mais j’étais dans cette sorte de félicité qu’apporte la pénétration. Il noua fermement ses doigts dans mes cheveux et ouvrit sa bouche contre la mienne. Le rythme était effréné. Je haletais, les yeux ouverts aussi largement que les siens étaient crispés. Puis il explosa, dans une série de cris rauques qui se mêlaient à mes gémissements de plus en plus excités de le savoir au sommet.


Il se retira brusquement. J’aurais été déçue s’il n’avait pas remplacé son sexe par sa bouche, sa langue, ses lèvres, ses dents. Il m’aspirait, me léchait, me caressait, me mordait. J’avais perdu toute notion de tout. Du temps et de l’espace, de qui j’étais, de qui il était. Il glissa, sans rencontrer de résistance, quatre doigts en moi et remonta pour me faire goûter aux saveurs mêlées sur sa langue. Son baiser était tendre. Ses doigts me fouillaient énergiquement. Il me perdait.



Il maîtrisait totalement mon plaisir. Deux de ses doigts voyagèrent jusqu’à mon verso, son pouce au recto, et sa langue revint agacer la peau tendue de mon clito. Entrouvrant les yeux, je le vis se branler énergiquement. Je n’eus pas le temps de me faire la réflexion de sa rapidité de récupération.



Alors il plongea brutalement son sexe au cœur du mien. Sans savoir vraiment si l’extase venait de la surprise de le sentir à nouveau en moi, ou du paroxysme que représentait cette pénétration, je résistai à quelques-unes de ses allées et venues avant d’exploser littéralement dans une série de hurlements aussi expressifs les uns que les autres. Il ne prit pas la précaution d’étouffer ces manifestations avec sa bouche, et je lui en fus reconnaissante.




—ooOoo—




Marc avait filé donner sa deuxième conférence. Moi, je m’étais doucement remise de la scène à laquelle je venais de prendre part, rajustant mes vêtements. Puis j’avais passé quelques minutes à l’écouter rêveusement parler du mobilier funéraire mérovingien, en me concentrant davantage, je l’avoue, sur le protagoniste que sur son sujet. Marc avait pris des couleurs – allez savoir pourquoi – et sa voix chantait encore plus que d’habitude. Il se livra, cette fois, à une interminable et fort animée séance de questions, qui se prolongea sur le parvis de l’université. Je l’attendais en retrait. Je n’avais pas vraiment réfléchi à ce que je voulais voir advenir de nous.



Il semblait gêné. Je l’étais aussi.



Nous approchions de sa voiture.



Il eut un sourire franc. Il ne jouait plus, moi non plus ; et finalement, j’aimais bien ça.