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Temps de lecture estimé : 24 mn
09/11/13
Résumé:  Mon initiation à la chasse aux canards à la hutte...
Critères:  fh fplusag vacances hdomine exhib confession
Auteur : Elodie S      Envoi mini-message
La hutte




Évidemment, Berck, ce n’est ni La Baule, ni la Côte d’Azur. La plage est rectiligne, sans rochers, l’eau souvent grise et fraîche comme le temps et les activités nocturnes moins animées. Mais cette semaine de fin août trop vite passée m’a requinquée. Avec Chloé, nous avons fait de longues marches sur la plage, goûté à ces sensations nouvelles pour moi que donne le char à voile, allumé plus ou moins volontairement les hommes locaux lors de nos sorties dans les boîtes du coin, partagé d’intenses fous-rires en les caricaturant lors de nos petits déjeuners le lendemain matin. Bref, j’ai pendant une semaine réussi à gommer les affres de ma brutale séparation avec Steph dont je partageais la vie depuis plus de deux ans. Le grand air a des vertus anti-spleen certaines !


Chloé est plus qu’une sœur pour moi : nous avons fréquenté les mêmes salles de classe de la sixième à la terminale, partagé les tourments de l’adolescence ensemble, découvert simultanément les attraits et travers des garçons de notre âge. Bien que physiquement très différentes, elle, grande rousse mince aux yeux verts et au visage parsemé de taches de rousseur, moi, petite blonde trop boulotte à mon goût aux yeux noisette et aux formes plus développées, nous avions un certain succès auprès de la gent masculine. Les garçons la remarquaient bien plus que moi, mais elle savait aussi mieux que moi repousser les mains baladeuses et les propositions grivoises !


Nous avons craqué, pour la première fois, dans les bras d’un garçon presque simultanément, lors d’une classe de neige, à l’âge de seize ans, sans y trouver, ni l’une, ni l’autre, le plaisir que nous imaginions. Nos jeunes amants étaient probablement bien trop inexpérimentés pour se préoccuper de leur partenaire ; heureusement nous nous sommes rattrapées après…


Nos voies ont divergé par la suite, lorsqu’après le bac elle a entrepris des études d’infirmière orthopédique, victime de l’hérédité d’un père médecin spécialiste du traitement des grands accidentés. Puis elle a rejoint, diplôme en poche, sa famille alors que celle-ci avait déménagé à Berck, pour exercer dans le même hôpital que son père.


Lors d’une de nos longues ballades sur l’immense plage, à la recherche peu assidue de coques, nous avons buté sur un vaste estuaire vaseux, entouré de nombreuses petites mares.



Comme par miracle, nous apercevons alors le cadet de Chloé qui s’avance vers nous, pelle et pioche sur l’épaule. C’est, en garçon, la copie de sa sœur, poil de carotte dégingandé et frêle. Avec une assurance surprenante pour ses dix-huit ans et son apparence juvénile, il nous interpelle :



Une expression boudeuse passe dans les yeux rieurs du garçon, qui répond :



Nous serpentons entre les mares, toutes semblables, vers le lit de la rivière découvert par la marée. Je m’étonne de la présence, au bord de chacune d’entre elles, d’un petit monticule d’où émerge un étrange capot. J’interroge mon jeune cerbère.



Valentin pose ses outils, soulève un grand couvercle et dévoile une espèce de tuyau vertical. Il s’y glisse, le regard brillant.



J’obtempère. Visiblement, le boyau, d’environ un mètre de hauteur, n’a pas été conçu pour celles qui ont de la poitrine, et je dois me contorsionner pour m’y glisser, sous les commentaires amusés de Chloé, qui me propose d’aller chercher un rabot ! J’atteins enfin les quelques marches d’un escabeau de bois, et me retrouve dans le noir, saisie par la lourde odeur d’humidité que dégagent les lieux. La lueur tremblante de la bougie allumée par Valentin me révèle un coin réchaud, et, derrière l’échelle, une espèce de couchette encastrée. Mon guide ouvre une porte et me dit :



La pièce est longue et étroite. Il fait glisser deux longs volets de bois rectangulaires sur le devant, et deux plus petits sur chaque côté, et j’aperçois la mare. L’eau est presqu’à hauteur des yeux, et je comprends pourquoi chaque petite butte de terre avançait dans les mares. Divers objets étranges gisent sur une planche juste en dessous des ouvertures. Chloé m’entraîne dans un fauteuil de cuir rouge avachi, type voiture américaine, qui fait face aux ouvertures, et nous nous y asseyons. Valentin m’explique :



Je remarque en effet que des ébauches de bois grossières, imitant la forme des canards, flottent devant nous.



Je me retourne vers Chloé, guettant sa réaction. Elle me dit :



Les yeux de Valentin s’illuminent à cette proposition, et je bougonne une promesse d’accord. Pressée d’échapper à une corvée de ménage (sans aspirateur), Chloé remonte hors du réduit ; je la suis, toujours handicapée par mon buste dans l’étroite gaine du tuyau d’accès. J’ai l’impression de sortir d’un sous-marin lorsque j’y parviens ; l’air frais, chargé d’embruns, contraste avec la lourde atmosphère humide de l’intérieur de la hutte.


J’interroge Chloé, sur le chemin du retour, sur cette passion locale pour la chasse aux canards. Elle me confie qu’une véritable fièvre saisit la gent masculine lors des passages de migrateurs, que l’absentéisme masculin au travail, même à l’hôpital, est alors très élevé et que les garçons désertent alors les boîtes de nuit.



oooooooooOOOooooooooo



Une fois rentrée en région parisienne, je passe encore plus de temps qu’avant au téléphone avec Chloé pour échanger nos confidences ; elle s’inquiète de mon célibat prolongé, je vibre à la progression de ses rapports avec un interne aux yeux de braise fraîchement débarqué dans son hôpital. Presqu’à chaque fois, elle me dit que son frère demande la date précise de ma venue pour découvrir la chasse avec lui. Nous finissons par choisir le pont du 1er novembre, et je place un RTT pour l’agrandir un peu.


J’ai hâte de faire connaissance avec la nouvelle conquête de ma copine, Arthur. Le premier soir, dès mon arrivée, nous nous retrouvons tous les trois au restaurant. Chloé est particulièrement enjouée et sexy, je la sens follement amoureuse. L’élu est beau garçon, avec un physique à la Antonio Banderas. Une pointe d’accent marseillais traduit ses origines. Il est drôle et charmant. Mais à la façon dont il me regarde et me déshabille des yeux, je comprends très vite que la pauvre Chloé est tombée sur un séducteur probablement volage, et qu’elle risque de déchanter assez vite et de n’être qu’une conquête parmi d’autres. Son jules nous confie, entre la poire et le fromage :



La chair fraîche dont semble raffoler le jeune médecin doit être rare à la ronde… À ma grande déception, j’apprends que Chloé, de nuit le lendemain, ne m’accompagnera pas à la hutte. Elle prétend que tous les infirmiers mâles ont déserté l’hôpital pour traquer le canard ; je la soupçonne de vouloir retrouver son Arthur, étranger non chasseur, sur son lieu de travail !


Le lendemain, toute la journée j’ai droit au panégyrique de son preux chevalier, amant infatigable reléguant ses prédécesseurs au rang de faire-valoir. Au déjeuner, nous retrouvons Valentin, très excité de m’initier aux joies de la chasse à la hutte. Il me recommande de me couvrir très chaudement, car la nuit risque d’être froide et qu’un vent assez fort est prévu. Il déplore au passage qu’il souffle du nord-ouest, ce qui, selon ses dires, n’est pas très propice à la migration. Récemment reçu à son permis de conduire, il passera me prendre en fin d’après-midi.


La séance d’équipement pour ma nuit de hutte est un grand moment de fous-rires avec Chloé. Je me fournis dans la garde-robe de mon amie et de sa mère et me retrouve affublée d’un body de coton, de collants et de chaussettes en laine, d’un jean, de deux pulls épais, d’une lourde parka kaki et de bottes en caoutchouc ; j’ai du mal à marcher ainsi emmitouflée et dois en plus poser pour une séance photo, où j’essaie différents chapeaux étranges !


À son arrivée, Valentin aussi s’amuse de mon accoutrement. Je quitte Chloé en l’étreignant comme une condamnée dans le couloir de la mort… La camionnette de son frère résonne de cancanements assourdissants. Il m’explique qu’il s’agit des fameux appelants entassés dans des casiers d’osier. Ils sont destinés à attirer leurs congénères.



Je souris en mon for intérieur, me demandant s’il n’en est pas ainsi dans le monde des humains…


À ma grande surprise, nous nous arrêtons en chemin devant un café, et un grand escogriffe en sort et s’approche de la voiture.



Le copain me rejoint, un étui de fusil à la main, et me claque deux bises bruyantes sur les joues comme si nous nous connaissions depuis longtemps. Il est encore plus grand que Valentin, mais aussi costaud que l’autre est frêle, style rugbyman. Il rampe à l’arrière de la camionnette avec son barda, s’y installe à moitié couché et nous rejoignions la baie. L’accès en est fermée par une lourde barrière, plusieurs véhicules sont déjà garés ; nous déchargeons notre équipement. J’hérite du panier contenant les provisions, Valentin porte les fusils et les cartouchières, Max trimballe sans difficulté les deux grands paniers contenant les canards et une caisse de bière. J’ai du mal à suivre les deux garçons ; plus nous nous approchons de la rivière, plus le sable se transforme en boue. Des silhouettes s’affairent au bord de certaines mares que mes chasseurs saluent de grands gestes théâtraux.


Parvenus à la nôtre, Valentin soulève le couvercle, se glisse dans l’étroit tuyau et Max lui fait passer armes et provisions. Je me glisse à mon tour, parviens à leur dissimuler la gêne que me cause mon tour de poitrine dans l’étroit cylindre et pénètre dans le réduit à l’odeur toujours aussi désagréable. Max s’y glisse avec une agilité qui me surprend ; il est pourtant beaucoup plus corpulent que moi ! Valentin enfile de grandes cuissardes de caoutchouc et me dit :



Je ne sais trop que faire dans cette exiguïté ; je gêne Max, qui doit baisser la tête pour éviter de se cogner au plafond bas en rangeant les affaires.



Je me sens gauche, dans cette univers viril, confiné et humide, engoncée dans tous mes vêtements ; le jeune homme ouvre les quatre volets qu’il appelle des guignettes, et je vois Valentin dans ses grandes bottes parcourir la mare et fixer au bout de cordes les malheureux canards qui ne cessent de crier. Le soleil déclinant donne aux gros nuages noirs des formes menaçantes.

À son retour, Valentin dépose les fusils et des cartouches sur la tablette devant nous, se glisse à ma gauche et Max s’installe à ma droite. Le fauteuil s’enfonce sous son poids.



Les canes n’arrêtent pas de crier, le soleil disparaît vers la mer, le faisceau du phare de Fort-Mahon balaie régulièrement l’horizon. Je suis coincée entre les deux garçons, et dois lutter contre le dévers du fauteuil fatigué qui penche du côté de Max ; je me demande s’il pèse plus du quintal. De temps en temps, des coups de feu résonnent au loin, et mes compagnons m’indiquent le nom de la hutte chanceuse. Tout d’un coup, simultanément, ils se tendent tous les deux, et chuchotent :



Je ne vois strictement rien. Ils pointent les fusils vers la mare, comptent jusqu’à trois et tirent ensemble. Le bruit est assourdissant, une odeur âcre de poudre emplit l’air, et ils crient de concert :



Valentin se lève, saisit ses cuissardes et se précipite dehors pour ramasser la malheureuse victime. J’essaie d’en profiter pour m’écarter de Max, mais, malgré mon mouvement, sa cuisse reste collée à la mienne. Le frère de Chloé revient, arborant fièrement un joli petit canard à la tête verte et brune. Il me le tend, son corps est encore chaud.



Les deux garçons éclatent de rire, ma remarque doit être incongrue !



Vexée, je me renfrogne. Le concert assourdissant et fort peu harmonieux des canes reprend, je m’assoupis presque, la pression de la cuisse de Max contre la mienne me paraît de plus en plus lourde. Notre réduit est devenu complètement obscur.

Je suis brutalement ramenée à la réalité par un nouveau chuchotement, suivi par les coups de tonnerre du tir des fusils. Valentin sort à nouveau, la main de Max vient se poser sur ma cuisse. Interloquée, je tarde à réagir ; ses doigts s’animent, je me déplace vers la place de Valentin, sans arriver à la décoller. Heureusement, ce denier revient, arborant cette fois deux petits canards. Allumant la bougie, il me les montre :



Je me glisse tant bien que mal entre mon tourmenteur et le mur, et, à l’aide d’une lampe de poche, entreprends l’inventaire du panier de provisions. Une douzaine d’œufs, du lard, un fromage, des clémentines, du café instantané et du pain. Je prends deux bières et les amène aux garçons et me réinstalle, serrée entre mes deux cerbères. Ils insistent pour que je trinque avec eux ; je ne suis pas très bière. Finalement, Max se lève, va chercher une canette et me la tend, la cogne contre la sienne, en disant d’un ton de séducteur :



Décidément, ce Max paraît beaucoup plus mûr que Valentin, et visiblement je l’intéresse… Nous buvons nos bières, les canes continuent à jacasser dans le noir de la nuit, la cuisse de mon voisin reste toujours aussi pressante. Je ne suis pas surprise quand sa main, à nouveau, vient se poser au-dessus de mon genou. La mienne la saisit et la repousse à nouveau. Évidemment, elle revient se nicher là où elle ne devrait pas. Je trouve le subterfuge :



Je quitte le fauteuil, évitant autant que faire se peut les contacts avec Max, et leur ramène deux bières. De grosses gouttes éparses percutent notre cabane, et Valentin grommelle :



La bière me fait un peu tourner la tête. L’un après l’autre, les garçons se lèvent et vont uriner dehors. Moi aussi, j’ai besoin de me soulager la vessie. Lorsque j’annonce aux garçons :



Max se lève et m’accompagne jusqu’à l’escabeau. Je me rends bien compte qu’il s’amuse à me voir me faufiler dans ce foutu tuyau. Arrivée dehors, les bourrasques de vent manquent de me renverser. Le seul abri, dérisoire, est le monticule de l’entrée. Je réalise la bêtise commise en choisissant un body : je dois tout enlever pour faire pipi. Je n’ai aucune envie de me retrouver toute nue au milieu du marais dans ce vent glacial. Je trouve un compromis : je fais glisser les manches de ma parka, de mes deux pulls et de mon body pour pouvoir tirer suffisamment ce dernier vers le bas et l’écarter. Accroupie, mon jean et mes collants sur mes genoux, bousculée par le vent, j’évacue la bière….


Enfin soulagée, je me retourne pour me réajuster. Et là, oh surprise : à moins d’un mètre de moi, je vois le visage de Max qui émerge du satané tuyau. Le salaud s’est rincé copieusement l’œil ! Il n’essaie même pas de se cacher, et continue à me fixer dans la pénombre alors que je remonte collant puis jean, puis réenfile une à une les manches de mes différentes couches de vêtements. Je devrais être furieuse, je suis en fait émue : ce regard d’homme d’un adolescent sur mon intimité me trouble autant qu’il m’irrite. Il n’a fait que profiter de ce que je lui dévoilais, et ce n’est pas sa faute si j’ai bu trop de bière ! Je ne peux lui en vouloir de la séance d’exhibition involontaire que je lui ai offerte…


Pour trouver une contenance, une fois rentrée dans notre bunker, je propose à mes deux compagnons de leur faire à manger. Un tonnerre d’applaudissements accueille ma proposition. Sur le petit réchaud, je leur mitonne tant bien que mal une savoureuse omelette au lard.



Il me rejoint près du réchaud, ôte l’escabeau de l’entrée qu’il place de côté comme tabouret et pose une planche sur une caisse. Max et moi nous installons sur la couchette, Valentin sur le siège improvisé. Dans des écuelles à la propreté douteuse, je sers mes deux compagnons. J’ai droit à des compliments appuyés sur mes talents de cuisinière, et Max insiste pour que je boive à nouveau de la bière. Je résiste autant que je peux. Lorsque Valentin ouvre le fromage, une forte odeur emplit notre tanière. Le Maroilles n’est vraiment pas fait pour un univers si confiné ! Mais il est excellent…


Le dîner achevé, Max allume une cigarette ; l’atmosphère devient quasi irrespirable. Alors que Valentin va rouvrir ses guignettes, je range rapidement les assiettes et me glisse vers le conduit d’ouverture pour prendre un bol d’air frais, comme un matelot émergeant enfin d’un sous-marin. C’est alors que je les sens, juste derrière mes genoux… Max profite de ma position pour me flatter les cuisses de ses mains baladeuses. Malgré l’épaisseur du jean et du collant, le contact est doux et onctueux. Je reste étrangement passive lorsqu’il atteint mes fesses, les palpe, les soupèse, les flatte. Après les avoir vues, monsieur vient les toucher ! Je ferme les yeux. Quelle étrange sensation, le visage dans la fraîcheur du vent, le buste encastré dans une gaine de métal, et ces mains qui folâtrent près de mon entrejambe, me réchauffant le ventre ! Est-ce ma chasteté prolongée – je n’ai eu qu’une courte aventure depuis ma séparation avec Steph – qui me rend réceptive à ces caresses osées ? Je ne sais combien dure cet audacieux massage ; je reste coite, troublée, et ce n’est que le contact intime d’un doigt inquisiteur, glissé malicieusement dans mon zip descendu, s’activant sur l’élastique de mon collant, qui me ramène sur terre et me fait l’écarter.



oooooooooOOOooooooooo



Les incessants cris des canes bercent ma somnolence, je ne fais plus rien pour éviter le contact appuyé de la cuisse de Max contre la mienne. Comme si mon coupable abandon, l’espace d’un instant, à ses caresses osées avait satisfait ses instincts de jeune mâle, il me laisse tranquille. Par deux fois, brusquement, les deux garçons chuchotent tout excités, mais ce n’est que de fausses alertes… Je finis par m’endormir vraiment. Je rêve que je suis moi aussi une oiselle migratrice, volant pour prévenir mes congénères des pièges redoutables que leur tendent ici-bas des hommes fort cruels aux armes meurtrières ! Ils ne doivent pas se fier aux appels langoureux de traîtresses perfides…


Le contact d’une main large et ferme posée sur la mienne m’éloigne avec douceur de mes rêves volatiles. La peau est étonnamment chaude et soyeuse, j’ai les doigts qui frissonnent. Pendant de longues minutes, j’ai l’impression que, bien qu’elle soit immobile, un fluide s’en échappe et irradie mon bras. La chasteté du contact contraste étrangement avec l’attitude de Max une petite heure avant, et presque inconsciemment je mêle mes doigts aux siens. Attendait-il ce geste ? L’interprète-il comme une invite de ma part ? Toujours est-il qu’il s’empare de ma main, la dépose sur son bas-ventre et la bloque de la sienne. À travers la toile un peu rugueuse de son pantalon, je sens l’orgueilleuse fermeté de son membre dressé qui me transmet une décharge d’électricité et me fait sursauter. Paniquée, je jette un coup d’œil à ma droite du côté de Valentin. Il n’a rien remarqué, ses yeux restent fixés sur l’encre noire de la mare.


Par de légères pressions, Max m’encourage à accentuer le jeu de mes doigts. Je ferme les yeux et, dans un flashback, me retrouve quelques dix ans plus tôt. Dans des salles de cinéma obscures, sur des fauteuils semblables à celui d’aujourd’hui, où Chloé et moi laissions les mains des garçons plus ou moins courir sur nos corps et parfois même osions, pour calmer les plus entreprenants d’entre eux, caresser leur jeune virilité.


De sa main libre, mon tourmenteur ouvre sa braguette et y insère ma main. Je ressens une nouvelle décharge lorsque, par la fente de son caleçon, je découvre la douceur de la peau de son sexe. Je ne peux m’empêcher de le parcourir du bout de l’index ; il me paraît long et fort. D’une nouvelle pression de la main, il m’intime un contact plus charnel. Je l’entoure maintenant, et le fait coulisser. J’ai la tête qui tourne, mon souffle s’accélère, je tente de maîtriser la houle de mon buste. Me voici dans le noir d’une hutte de chasse, caressant le sexe d’un garçon de six ans mon cadet, que je ne connaissais pas trois heures auparavant et avec lequel je n’ai guère échangé plus d’une dizaine de phrases ! Mais, finalement, me dis-je, si j’arrive à le « calmer manuellement », ce sera un moindre mal… Le gaillard ne l’entend pas de cette oreille, car il me bloque soudainement le poignet et dit :



Me serrant toujours presque douloureusement la main, il se lève ; je dois le suivre, soucieuse de ne pas faire de scandale. Il m’adosse à l’escabeau, me serre dans ses bras et cherche à m’embrasser. Je tente de lui échapper et lui murmure à l’oreille :



Il me domine d’une bonne tête et dégage une redoutable force. Sa langue vient se nicher dans mon oreille et y entreprend un ballet sensuel. Il m’en mordille délicatement le lobe, me lèche le cou, caresse ma nuque. En dépit de son jeune âge, ses gestes font naître en moi des sensations grisantes et, sentant que je me détends, il relâche peu à peu la pression de ses bras. D’une main, il ouvre ma parka et me couvre un sein de sa large main. Malgré tous mes vêtements, et malgré moi aussi, je m’abandonne à sa douce caresse. Il fait maladroitement coulisser mes deux pulls autour de ma tête, et tente la même manœuvre avec mon body ! Je brise son fougueux élan en lui murmurant :



Il s’écarte de moi, glisse la main dans sa poche, et ressort, triomphant, une boîte de préservatifs. Je suis bluffée ! Avait-il, sans même me connaître, pressenti mon coupable abandon ? Il déplace l’escabeau, m’étend sur la couchette. Valentin nous crie, sans se douter de rien :



Le plafond, surtout, n’est pas haut, style couchette de bateau, et Max se cogne le front en se penchant vers moi. Alors, il m’attire vers lui, j’ai les genoux dans le vide ; il fait glisser mes bottes, dénoue mon pantalon, et me l’arrache presque avec mon collant. Un éclair de lucidité me traverse l’esprit : il y a plus sexy comme dessous qu’un body de coton. Le jeune homme n’a cure de mes étranges idées, et m’ôte d’un seul geste ce dernier sous-vêtement. Je suis nue, sur le dos, devant lui. Étrangement, il s’immobilise ; je sens dans la pénombre son regard sur mon corps. Puis, avec une douceur inattendue, il s’incline vers moi, m’ouvre les genoux et dépose un baiser presque chaste sur ma chatte ; l’effet est fort, je me retiens de gémir. Cet éclair de tendresse chez ce si jeune homme chargé de testostérone me fait littéralement fondre, et je m’ouvre à l’avidité de sa langue qui, après avoir léché les contours de ma fente, s’y engloutit dans un ballet torride. Où a-t-il pu apprendre ces gestes qui me rendent si folle ?


Mes mains courent dans sa chevelure, je me cambre vers sa bouche qui m’explore si bien. De ses dents, de ses lèvres, il caresse et aspire mon bouton. Je me sens devenir toute liquide, et je l’éloigne malgré lui de mon intimité en saisissant ses hanches pour l’attirer plus haut. Il dénoue sa ceinture, émerge fièrement de son pantalon, le caleçon tendu par son membre orgueilleux. Je l’en dépouille, il me tend un préservatif. J’ai conscience que son souhait de me voir le couvrir est pour son ego d’homme preuve de mon abandon, et je m’y attelle non sans mal, vu la taille de l’objet. Une fois bien recouvert, je l’attire dans mes bras ; il s’introduit en moi d’un seul coup, jusqu’au fond. Nous ne bougeons plus, encastrés l’un dans l’autre, conscients de la nécessité de ne faire aucun bruit.


Malgré notre immobilité, je le sens palpiter dans une communion que j’avais jusque là rarement éprouvée ; j’ai l’impression de sentir les battements de son cœur au bout de son engin. Je contracte mes muscles vaginaux pour lui faire comprendre combien il me remplit. Je le sens frémir, se cabrer, et cette tension intense suffit à déclencher en moi un orgasme inouï.


J’ai dû gémir trop fort, car d’une main autoritaire il me ferme la bouche. Puis il vibre à son tour et, malgré le latex, je sens contre mes parois intimes le flot de sa semence jaillissante. Je perds connaissance l’espace d’un instant. Lorsque je reprends conscience, il reste dur en moi, et nous restons ainsi soudés de longues minutes. Puis sa main se réveille et trace sur ma hanche et mon ventre de tendres arabesques. Je resterais volontiers ainsi sous ses caresses lascives, mais son poids sur mes cuisses se fait un peu sentir. Je le repousse un peu, et quand il sort de moi, je ressens comme un vide au plus profond de mon intimité.


Je le regarde se rhabiller ; il a des gestes d’homme, cette étrange manie de remonter de la main ses bourses une fois son pantalon enfilé. Il se penche vers moi, et me susurre à l’oreille :



Je remets mes vêtements, à l’exception d’un pull et de la parka, car j’ai encore chaud du traitement subi. Sans m’en rendre compte, je m’assoupis.



oooooooooOOOooooooooo



Un violent coup de tonnerre m’arrache à mes douces rêveries, où Max me chevauche comme un fier étalon. Je mets quelques secondes à réaliser où je suis, et vois Valentin, chaussé de ses cuissardes, saisir l’escabeau pour le remettre debout.



Une bouffée de fraîcheur envahit notre espace lorsqu’il ouvre le capot pour chercher ses victimes. Je me glisse hors de la couchette, pantelante, et rejoins mon nouvel amant sur le vieux fauteuil de la pièce d’à côté, où règne à nouveau une forte odeur de poudre. D’un geste ample, il m’entoure l’épaule de son bras et s’amuse à serrer, à travers mes vêtements, le bout de mon sein.



Il part d’un grand éclat de rire et me pince plus fort, m’arrachant un gémissement au moment où Valentin se glisse dans la hutte.



Je regarde ma montre : il est 6 heures. J’ai dû faire une demi-nuit, mais j’admire les deux garçons qui n’ont pu que sommeiller.



Mes chasseurs approuvent bruyamment. Lorsque je les sers, Valentin me dit que nous « décrocherons » vers 7 h 30, à la levée du jour. Je retrouve ma position entre mes deux compagnons ; les mains de Max restent cette fois sages, mais maintenant c’est moi qui accentue le contact de nos cuisses. Aucun nouveau volatile ne vient nous visiter jusqu’au levée du soleil, et Valentin nous dit :



Aussitôt, Max ferme les volets de devant et se retourne vers moi. Le regard lubrique dont il me gratifie traduit avec clarté le sort qu’il me réserve. Alors que Valentin a encore un pied sur l’escabeau, il pose ses mains sur le revers de mon pull et le soulève sans fioriture. J’ai à peine le temps de me dire qu’il a enfin compris comment s’enlevait un body qu’il le tire vers le bas, sans même ôter les manches. Un sinistre craquement trahit son impatience. Aïe ! C’est la mère de Chloé qui me l’avait prêté ! Il me dénude en laissant jean, collant et body roulés par-dessus mes bottes, me pousse sur le fauteuil, me retourne sur le ventre. Ses larges mains me saisissent par les hanches et il m’attire à lui. Je sens son glaive chercher son chemin dans mon intimité. Je m’écarte de lui autant que faire se peut et lui souffle :



Tout en « s’équipant », visiblement à contrecœur, il me répond d’une voix rauque :



D’une pression de la main, il me fait rentrer la tête entre les coudes, crochète mes hanches de ses doigts et attire ma croupe vers son pieu orgueilleux. Je suis surprise de l’aisance avec lequel il me pénètre, sans me causer la moindre douleur malgré ses dimensions plus qu’imposantes. La cavalcade démarre. Les ressorts usés du fauteuil me font tanguer, je me sens ligotée par mes effets serrés autour de mes chevilles ; et, d’un coup d’œil osé entre mes coudes, je vois mes seins balloter sous ses coups de boutoir. Il ne bouge presque pas, m’attire vers lui, me repousse soudain en sortant presque de moi, puis me ramène contre lui avec fermeté, comme pour mieux me remplir.


Il est presque brutal, si différent de notre précédente communion que je pourrais croire avoir changé de partenaire. Mais, au fond de moi, je sais que la variété ne fait qu’exaspérer ma trop exigeante sensualité. Je gémis, il grogne, je sens le désir monter du plus profond de moi ; un ouragan me terrasse, je deviens fontaine, griffe le vieux tissu, tremble de tout mon corps, et retombe prostrée.


Je réalise que mon amant reste fiché en moi, immobile, tendu, et toujours aussi dur. Son sourire satisfait prouve son mâle orgueil de m’avoir ainsi conduite vers le plaisir. Puis, avec une infinie lenteur, il reprend ses mouvements, dans un clapotis révélateur de mon total abandon. J’ai l’impression qu’il entre chaque fois plus loin en moi, qu’il m’investit jusque dans l’utérus. Ses tractions sur mes hanches tout d’un coup s’accélèrent, l’étalon se cabre, hennit et lâche sa fertile semence, déclenchant dans mon ventre un nouvel orgasme. Il retombe sur moi, lourdement, m’étouffant ; nos sueurs se mêlent, nos corps sont rassasiés…

Max se relève tout d’un coup et me glisse :



Décidément, ils arrivent à tout deviner au seul chant des canes ! Je me rajuste tant bien que mal et j’attrape un balai pour me donner une contenance. Valentin me crie :



Et, stupeur, je découvre sur le sol, juste devant mon balai, un préservatif abondamment garni ! Je le cache sous la brosse, et n’ose continuer, de peur de l’exposer aux yeux de Valentin. Je peste contre Max, peu soucieux sur le coup, et dois patienter jusqu’à ce que les autres soient dans le coin du réchaud. Je le garde dans ma main, le glisse dans le sac-poubelle au tout dernier moment, alors que nous sortons.



oooooooooOOOooooooooo



Plusieurs groupes de chasseurs convergent vers le parking. Lorsque certains découvrent mes cheveux blonds et que je suis une femme, j’ai droit à des regards appuyés, voire à des commentaires égrillards qui agacent Valentin.


Surprise : Chloé nous attend auprès de sa voiture !



Je croise alors le regard de Max, et devine qu’il est au bord d’une mauvaise plaisanterie ; je le fusille (!) des yeux.



Surprise, presque confuse, je rétorque :



Mes trois compagnons éclatent d’un grand rire, et Valentin me précise :



Je ris de bon cœur avec eux, et je monte dans la voiture de mon amie, qui me rend compte des « moments d’enfer » qu’elle a passés à l’hôpital, son mec et elle cherchant, dès qu’ils ont un moment tranquille, un endroit isolé pour abriter leurs ébats ; cette nuit, c’était… la cuisine du self ! Pour la première fois, je décide de tenir Chloé à l’écart de mes aventures intimes et lui cache mes écarts avec Max.


Je n’ai revu Max que le surlendemain, pour ma dernière nuit-là-bas. Il m’a entraînée dans les dunes près de Berck ; nous avons exploré nombre de positions du Kamasoutra, il a honoré ma bouche, mes seins et mes reins. En dépit de la couverture qu’il avait amenée, j’ai dû endurer des grains de sable particulièrement invasifs ! J’ai dû faire croire à Chloé que j’avais souffert d’insomnies, quand elle m’a ramenée à la gare le lendemain matin. Elle a décidé que c’était ma chasteté prolongée qui me mettait dans cet état. Si elle avait su !




Quelques mois plus tard…


Chloé vient de m’informer qu’elle a, pour la deuxième fois, rompu avec son beau médecin. Il collectionne les conquêtes parallèles, et elle ne tolère pas ça ! Mon intuition ne m’avait pas trompée…


J’ai revu Max une fois, lors d’un déplacement en région parisienne pour un Salon de l’Étudiant. Bien entendu, il a dormi chez moi. Nous avons répété nos torrides ébats, avec enfin une douche à portée de nos corps. Mais, s’il m’a donné du plaisir, je n’ai pas retrouvé les folles sensations de notre nuit de chasse. Est-ce ma tenue, petite robe sexy et dessous fort troublants, bien différente de mon déguisement de chasseresse ? Est-ce l’absence de risques d’être surpris par un tiers tout proche, ignorant nos ébats ? Est-ce l’ambiance d’une chambre bourgeoise et non la rusticité d’une cabane en bois à moitié immergée ? Ou tout simplement l’atmosphère aseptisée de la capitale, sans toniques embruns marins ? Je ne sais…

Mais je n’oublierai pas mon séjour à la hutte…