n° 15899 | Fiche technique | 74537 caractères | 74537 12896 Temps de lecture estimé : 52 mn |
11/11/13 |
Résumé: "On m'a volé ma voiture." En recevant cette banale déposition, le commissaire Lemercier était bien loin de se douter de ce qu'il allait découvrir. | ||||
Critères: #aventure #policier f fh hplusag travail fsoumise voir miroir noculotte fmast pénétratio | ||||
Auteur : Catherine (C'est une réédition.) Envoi mini-message |
C’est un rituel immuable : chaque fois qu’une jolie jeune femme se présente au poste de police pour une raison quelconque, c’est Lemercier lui-même qui prend la déposition. Chaque fois, cet élégant commissaire quinquagénaire prétend que ses adjoints sont tous occupés sur des affaires urgentes, qu’aucun autre bureau n’est disponible et il fait donc entrer la plaignante dans ce qui est d’habitude la salle des interrogatoires, une grande salle totalement vide, à l’exception d’un petit meuble sur lequel trône une imprimante hors d’âge, de deux chaises, et d’une table sur laquelle un ordinateur destiné à enregistrer les dépositions est solidement fixé, afin que celui-ci ne se transforme en projectile ou en objet contondant si d’aventure les prévenus se montraient quelque peu violents. Et dans le coin là-bas, il y a l’inévitable grande vitre, sans tain, qui permet aux policiers, aux victimes ou à leur famille d’observer à la demande sans être vus.
Être observée, ce n’est pas précisément ce qui semble gêner Sophie, comme en témoigne cette minirobe rouge pompier, moulante à l’excès et qui met admirablement ses formes en valeur. Lorsque l’officier de police a vu cette superbe blonde d’une trentaine d’années pénétrer dans le commissariat, il a eu bien du mal à se reprendre et à réussir à prononcer un mot, tant l’envie de se mettre à baver devant elle était grande. Sans s’étonner du fait que ce qu’elle porte ne soit pas très adapté à la saison, car il fait plutôt frais en cette fin octobre et d’ailleurs elle grelotte de tout son corps, il devine du premier coup d’œil le galbe de ces seins libres de tout soutien au travers de la fine étoffe de la robe. Tandis qu’elle s’approche de lui, il remarque nettement ces pointes arrogantes qui semblent grossir chaque fois qu’elle fait un pas vers lui, tant elles sont moulées par le satin.
Et voilà, ils sont désormais dans la salle en question et il a encore le cœur qui bat à cent à l’heure de la vision qu’il vient d’avoir tandis qu’elle le précédait, et où il a eu tout loisir de laisser traîner longuement son regard sur ce cul magnifique, moulé dans cette robe que l’on pourrait croire peinte sur sa peau tant elle est étroite, et il n’a pas décelé au travers du tissu pourtant pas bien épais la moindre marque d’un quelconque cordon qui trahirait la présence d’un string ou de quelque chose d’autre qui y ressemble.
Là, alors qu’elle est assise devant lui, elle lui semble encore plus belle. Ses yeux vert émeraude sont deux joyaux dans l’écrin d’un visage lui aussi ravissant, au petit nez mutin et aux lèvres fines. Cette frimousse à l’ovale parfait est entourée de longs cheveux blonds très clairs qui lui tombent en cascade très bas dans le dos. Après avoir monté quelque peu le chauffage dans la pièce, car elle tremble encore un peu de froid, il ajoute :
Le commissaire sort de la pièce. Il est pourtant bien placé pour savoir que le petit meuble placé sous l’imprimante dont il parle est plein à craquer de ramettes de papier de toutes sortes, puisque de temps à autre elles remplacent avantageusement les annuaires pour aider à faire se délier les langues, quand la caméra qui est censée rendre compte des événements est bizarrement en panne. Et la caméra en question, braquée sur la table, qui est là pour, en temps normal, enregistrer les dépositions des prévenus et théoriquement la façon dont elles sont obtenues, à la fois pour éviter les bavures toujours possibles – comme si c’était le genre de la maison – et pour qu’elles ne soient pas contestables, ne fonctionne naturellement pas dans le cas présent.
Sophie reste alors seule dans cette grande pièce silencieuse.
Enfin, elle le croit.
Parce que ce qu’elle ne peut pas savoir, c’est que, derrière le grand miroir, le policier vient de mettre en marche toute la batterie d’autres caméras à haute définition qui sont toutes mieux dissimulées les unes que les autres un peu partout dans la pièce. Elles sont là dans un but précis : elles permettent à la brigade scientifique de savoir en temps réel si le suspect interrogé dit la vérité ou au contraire s’il ment. Une goutte de sueur, une main qui tremble, un geste fébrile, tout cela est presque invisible à l’œil nu et dans le feu de l’interrogatoire, mais est parfaitement observable dès lors qu’il est projeté sur un grand écran dans une salle où le calme règne en maître. Mais, dans le cas de notre commissaire, ce sont surtout les deux minuscules caméras cachées dans les pieds de la table qui l’intéressent. La chaise de bois n’est pas très confortable, Sophie est seule et elle se dandine régulièrement, exactement comme le policier l’espère depuis le début. Au bout de quelques instants, certaine de ne pas être vue, elle écarte donc légèrement les jambes, sans se soucier de sa robe, déjà très courte, qui vient de remonter encore un peu.
Derrière la glace sans tain, Lemercier exulte, il vient enfin de voir apparaître ce qu’il espérait voir depuis le début. Enfin, pas tout à fait, dans la mesure où il était persuadé que la jolie blonde se promenait la chatte complètement à l’air, et qu’en fait elle porte quand même quelque chose sous sa robe. Oh, le triangle de tissu façon résille, de couleur blanche, ne mesure sans doute pas plus de quatre ou cinq centimètres de côté, et la pointe du bas disparaît d’ailleurs presque complètement dans l’intimité de la belle, dévoilant une bonne partie d’un abricot quasiment lisse. En zoomant un peu, il arrive même à discerner au travers de la résille une minuscule touffe de poils très courts, tout aussi blonds que ses cheveux. Elle ne se doute de rien, aussi continue-t-elle de se trémousser, tandis que le triangle ne cesse de s’enfoncer de plus en plus dans sa fente, et la qualité de l’image est telle qu’il arrive même à déceler les quelques traces d’humidité qui commencent à apparaître, sans doute causées par le frottement du tissu contre sa muqueuse intime.
Même si elle continue à penser que personne ne la voit, Sophie commence à s’impatienter, et cette culotte qui s’enfonce de plus en plus dans sa fente l’agace bien plus qu’elle ne l’excite. Et cette moiteur qui commence à envahir son bas-ventre a un côté quelque peu inconvenant, vu l’endroit où elle se trouve et surtout de ce qu’elle y est venue faire. Elle vérifie attentivement que personne n’entre, s’assure qu’aucun bruit suspect ne vient de derrière cette vitre qu’elle sait pourtant être sans tain, puis se lève, remonte sa robe quasiment jusqu’au-dessus son nombril et entreprend de libérer de sa prison de chair l’extrémité de ce satané string décidément un peu trop inquisiteur pour elle. Pour cela, elle passe les doigts sous le tissu au niveau de son pubis et descend doucement jusqu’à son entrejambe d’où elle dégage la fine bande d’étoffe d’entre ses lèvres. Ce faisant, le string descend encore, dévoilant du coup l’intégralité de sa toison pubienne ; il est vrai que celle-ci n’est pas beaucoup plus grande qu’un timbre-poste, et le cordon qui s’enfonçait jusqu’à l’orée de sa caverne en profite pour glisser sur le côté, laissant ses ravissantes lèvres à la vue du commissaire qui se demande s’il ne va pas exploser, tant le spectacle qu’il aperçoit cette fois en live au travers de la vitre est totalement inespéré. Sophie, quant à elle, se contente de remettre très vite le cordon à sa place et remonte doucement le minuscule triangle quasiment transparent jusque devant sa toison puis, après avoir vérifié l’effet obtenu dans le miroir, redescend sa robe comme si de rien n’était.
Lemercier, de l’autre côté de la vitre, parvient difficilement à se calmer.
Puisqu’il est inutile d’attendre encore, il ne voit pas bien ce qu’il pourrait apercevoir de plus que ce qu’il a déjà vu, et il décide donc d’aller reprendre la déposition là où il l’a laissée. De toute façon, tout est enregistré, il pourra tout à loisir se projeter et se projeter encore la scène qui vient de se dérouler devant lui.
Ne comprenant pas bien pourquoi le visage de l’officier de police est trempé de sueur, Sophie explique à nouveau les événements.
Dans l’esprit d’un commissaire de police, un vol de voiture est un délit certes punissable mais qui n’a pas beaucoup d’importance. Une auto, c’est un tas de ferraille presque toujours remplaçable, ce qui n’est pas le cas de pas mal d’autres choses.
Le rugissement du commissaire est à la limite de faire trembler les murs.
Malgré la colère du policier qui l’assaille de questions, la jolie blonde continue ses explications pour le moins embrouillées, mais le commissaire ne trouve rien d’anormal dans son discours, à part ce « détail » pour le moins surprenant. Le fait qu’une mère soit étrangement sereine alors que l’on vient a priori de kidnapper ses enfants est pour le moins singulier, mais cela ne constitue pas pour autant une infraction à la loi. Après avoir mis sa ligne téléphonique sur écoute, persuadé que le ravisseur va très vite prendre contact avec Sophie, et envoyé deux de ses adjoints surveiller son domicile, il appelle un taxi et la renvoie chez elle.
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Huit jours se sont passés, mais il n’y a aucune nouvelle ; ni Sophie ni la police n’ont reçu aucune demande de rançon de la part de qui que ce soit. Ce qui intrigue le plus Lemercier, c’est que, dans les affaires de kidnapping qu’il a déjà eues à résoudre, il lui a toujours fallu composer avec des mères de famille hystériques et prêtes à faire n’importe quoi pour avoir des nouvelles de leurs enfants, n’importe quoi et surtout le pire…
Certes, on ne peut blâmer celle qui a peur pour son ou ses rejetons, mais il n’empêche que cela ne facilite jamais la tâche de ces représentants des forces de l’ordre qui font toujours tout ce qu’ils peuvent et généralement même un peu plus dans ces cas-là. Il a le souvenir d’une femme à qui il avait eu l’imprudence de confier son numéro de téléphone, et qui l’appelait tous les quarts d’heure, bloquant du même coup la ligne pour un éventuel coup de fil du ravisseur…
Et là, le moins que l’on puisse dire, c’est que Sophie ne l’importune pas. Elle ne téléphone qu’une ou deux fois par jour, toujours en étant extrêmement calme, ne laissant pas pointer dans sa voix la moindre lueur d’inquiétude. De toute évidence, elle possède des informations dont personne n’a connaissance et, malgré les questions insistantes de la police, elle ne veut pas révéler son secret.
Lorsqu’on lui pose la question sur son apparente absence d’anxiété, elle répond qu’elle est persuadée qu’on ne va pas tarder à réclamer une forte somme d’argent pour leur libération, et qu’on lui rendra très vite ses enfants sains et saufs. Elle n’a pas d’ennemis connus, mais son ex-mari, le père de ses enfants, est propriétaire avec son frère d’une entreprise renommée de la région, et cela se sait.
Seulement voilà, les heures et les jours s’écoulent et l’éventuel kidnappeur n’a toujours pas donné signe de vie…
Alors, on fouille. On fouille les environs de l’endroit où elle dit que le vol de la voiture a eu lieu, on fouille les bois, les forêts, on sonde les étangs, les rivières ; toute la campagne dans un rayon de quinze kilomètres est passée au peigne fin à la recherche d’un indice permettant de retrouver les enfants. On interroge aussi tous ceux qui pourraient avoir une petite chance d’avoir aperçu quelque chose de suspect ce jour-là, mais on ne trouve pas davantage d’indices que de témoins.
Et pendant que l’on cherche, les soupçons se portent en tout premier lieu sur l’ex-mari, qui s’avère très vite être obligatoirement hors du coup, ne serait-ce que parce qu’au moment où les enfants ont disparu il était en voyage d’affaires pour un congrès lié à sa profession. Et, quand on lui annonce la disparition inexpliquée de sa progéniture, il s’énerve, lui, il s’agace, hurle, pleure, éructe, menace, et l’on a besoin de plusieurs policiers et d’une piqûre de tranquillisant pour réussir à le calmer. Pas tout à fait comme la mère qui, elle, reste impassible malgré le temps qui passe…
Et, comme la police n’a pas le début du commencement d’un véritable indice permettant de retrouver la trace du responsable du rapt, elle se lance dans des investigations afin d’essayer de connaître un maximum de choses sur la vie de Sophie, qui ne semble toujours pas s’inquiéter plus que cela de la disparition de ses enfants. Et, après tout, en savoir plus sur elle et sur sa vie, c’est aussi une façon d’essayer de savoir qui pouvait avoir une raison quelconque de kidnapper ces adorables gamins. Leurs photos, d’ailleurs, commencent à circuler dans l’ensemble des gares, des aéroports et des commissariats d’Europe, ainsi que dans les restaurants routiers et autres stations-service ; bref, tous les endroits qui sont fréquentés par un large public. Il n’est d’ailleurs pas rare que l’on voie la photo des deux gosses sur les vitres de voitures de particuliers qui ne sont pourtant théoriquement pas concernés, ou à l’arrière des sacoches des motards qui semblent tous presque plus touchés par cette disparition que leur propre mère. Alors, faute de mieux, on va fouiller aussi dans le passé de Sophie.
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Sophie a dix-neuf ans. Même si tout le monde s’entend à dire qu’elle est très loin d’être sotte, elle n’a jamais vraiment travaillé en classe et ses résultats sont à l’avenant, résultats dont elle se moque comme de sa première culotte. Elle n’a que peu d’amis, qui tous la prennent pour une originale pas désagréable mais un peu déphasée.
En même temps, ses longs cheveux blonds et ses magnifiques yeux verts ne cessent de faire tourner la tête des garçons qui s’approchent d’elle, et leur font oublier beaucoup de choses, à commencer par cette idée fixe pour le moins surprenante dans la mesure où elle l’assume et la clame, quand la plupart de celles qui poursuivent ce même but – moins rares qu’on ne le croit – se gardent généralement bien de le faire savoir…
Beaucoup prétendent avoir couché avec elle, mais elle n’a en réalité pas eu beaucoup d’amants. À cela une bonne raison : avec Sophie, les histoires d’amour ne durent jamais, juste le temps pour elle d’évaluer le parti qu’elle peut tirer du garçon avec qui elle sort, parfois de coucher avec lui – plus souvent tout de même par envie que par intérêt – avant de passer à un autre garçon un peu plus séduisant et surtout, toujours un peu plus riche.
Personne dans son entourage ne lui jette vraiment la pierre ; elle est décidément beaucoup trop belle pour qu’on puisse lui reprocher de vouloir obtenir le meilleur de ce qu’elle peut avoir. Elle a très vite compris qu’un homme en vaut généralement un autre, mais que celui qui vous couvre de bijoux a toujours un peu plus de charme que celui qui ne vous couvre que de fleurs. Et, à une époque où l’on commence déjà à plaisanter sur les blondes à forte poitrine en les représentant toujours comme de ravissantes simplettes, elle s’amuse de ce qu’elle en est leur parfaite antithèse. Une blonde avec un cerveau, oui, ça existe, et tous ceux qui s’approchent d’elle en la prenant pour une idiote en font la douloureuse expérience, car elle a toujours le sens de la formule pour ridiculiser en public ces machos imbéciles – pléonasme – et d’une manière générale tous ceux qui lui manquent de respect.
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Son existence prend une nouvelle dimension le jour où, dans le cadre de ses études qu’elle poursuit tant bien que mal – il semblerait d’ailleurs que le terme « poursuivie par ses études » aurait été mieux approprié – on l’envoie faire un stage dans l’usine des frères Bohain. Bien qu’elle ne manifeste pas plus d’intérêt pour le secrétariat qu’elle n’a de vraies capacités pour cet emploi, son excellente présentation – comprendre :
Luc Bohain est le plus jeune des deux frères héritiers de cette entreprise centenaire et, comme par hasard, il est célibataire. Sophie l’apprend très vite, et à coup de jupes un peu trop courtes et de décolletés un peu trop généreux, elle fait très vite oublier sa totale incompétence en tant que secrétaire. Luc, de son côté, trouve très vite cette jeune stagiaire à son goût et, comme elle ne semble pas beaucoup opposer de résistance, ils deviennent très vite amants.
Seulement, à force de se faire tromboner joyeusement sur le bureau du patron et de passer ses nuits dans le lit de ce même patron sans prendre de précautions, l’inévitable se produit : Sophie est enceinte.
Qu’à cela ne tienne ; il est grand prince, elle est d’une charmante compagnie, a plus de conversation que la plupart des filles qu’il a rencontrées jusque-là, elle est de très loin la plus jolie de toutes celles qu’il a fréquentées et, accessoirement – appelons les choses par leur nom – elle baise comme une reine. Presque tout pour plaire…
Comme il est hors de question qu’elle se marie en étant ronde comme un petit pois, leur mariage a lieu quelques semaines à peine après son entrée en stage, et leur lune de miel durera deux ans. Pendant ce temps, un petit Damien aura eu le temps de voir le jour, dorloté et bichonné comme le sont l’immense majorité des enfants de cet âge.
Sophie est de nouveau enceinte lorsqu’un événement imprévu vient briser l’équilibre de ce couple certes un peu curieux mais sans histoire : l’entreprise des deux frères traverse une mauvaise passe, et il faut absolument réduire le train de vie de celle qui déclarait avoir toujours voulu épouser un homme riche, y est enfin parvenu, et en profite grassement.
La fortune des Bohain est immense, pour ne pas dire colossale, mais il est tout de même difficile à Luc d’expliquer à ses employés qu’il lui faut absolument licencier lorsque, pendant ce temps, son épouse trouve le moyen d’acheter un somptueux collier de perles ainsi qu’un manteau de fourrure dans la même semaine, et que cela se sait…
De clashs en clashs, Luc finit par lui supprimer toutes ses cartes de crédit afin d’enfin limiter l’hémorragie dont est victime son compte en banque et qui commence sérieusement à l’inquiéter. Sophie le prend très mal et, à peine sortie de la maternité, laisse la petite Léa à son père et disparaît quelques semaines. À son retour, Luc est certes ravi, mais il ne lui redonne pas pour autant les cartes de crédit dont elle était si friande…
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À l’exception de ses séances de shopping effrénées, Sophie reprend sa vie d’avant, celle de la jeune femme près de son mari, toujours attentionnée auprès de ses deux jeunes enfants. En fait, elle ronge son frein : il est inconcevable pour elle d’être mariée à un homme dont la fortune lui semble inépuisable mais dont elle ne peut pas profiter. L’occasion va lui arriver le plus simplement du monde : le petit Damien a trouvé un petit chat dans le jardin, et il ne veut pas s’en séparer. Qu’à cela ne tienne, elle se rend chez une relation de travail de son mari, Michel Rossi, responsable d’une clinique vétérinaire, pour faire vacciner le chaton.
Le docteur Rossi est un bel homme d’environ trente-cinq ans, de haute stature, et il a dans le regard l’assurance de ceux à qui la vie a toujours réussi et à qui l’on ne refuse jamais rien. Devant cette allure altière et – il faut bien le dire – la superbe Porsche qui trône dans la cour, Sophie a le coup de foudre.
Comme elle est accompagnée de son fils, elle ne peut faire comprendre au propriétaire de la clinique qu’elle a envie d’un peu plus que ce que l’on attend généralement d’un vétérinaire, aussi lui griffonne-t-elle un petit mot qu’elle lui glisse discrètement. De toute manière, Damien est trop jeune pour savoir lire, aussi ne risque-t-elle pas grand-chose, mais l’œillade qu’elle lance au praticien ne laisse planer aucune équivoque.
Dès qu’elle a franchi le seuil de la porte, l’homme a encore un petit sourire quand il relit pour la énième fois le billet qu’elle lui a donné :
J’ai très envie que vous vous occupiez de ma chatte. Ne cherchez pas à comprendre ; j’ai envie de vous. Trouvez une excuse pour que je revienne, ne me laissez pas comme ça.
Et le lendemain, prétextant auprès de son mari qu’elle s’ennuie dans sa grande demeure et qu’elle a une subite envie de venir en aide à ces pauvres animaux malheureux, elle se rend à la clinique du bon docteur Rossi.
Luc, quant à lui, est aux anges. Pour la première fois depuis qu’il la connaît, Sophie semble penser à autre chose qu’à dépenser du fric et, même s’il peut de nouveau tout à fait subvenir à ses besoins – aussi pantagruéliques soient-ils – le fait qu’elle en gagne un peu elle-même risque de lui faire envisager l’argent d’une manière différente. Voilà deux bonnes raisons de la laisser faire ce qu’elle veut ; aussi est-il plutôt heureux quand il la voit s’éloigner, sans se douter un seul instant de la tournure des événements à venir.
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Si Luc n’a aucune idée de ce qui l’attend, il en est une qui ne s’imagine pas non plus ce qui va lui arriver. À peine est-elle entrée dans le bureau du docteur Rossi qu’il l’interpelle :
Silencieuse, assez surprise par le ton employé, Sophie hoche la tête.
La jupe qu’elle porte ce jour-là lui arrive pourtant nettement au-dessus du genou.
Le ton est cassant, autoritaire, et ne supporte aucune discussion. Sophie, éberluée, acquiesce de la tête.
Tandis qu’elle remonte dans sa voiture, Sophie se rend compte qu’elle n’a pas prononcé un seul mot et qu’elle semble s’être trompée lourdement sur la sorte d’homme qu’est le docteur Rossi. Cependant, elle n’envisage pas un seul instant de ne pas venir l’après-midi comme la logique le voudrait pourtant, d’autant qu’alors que sa jupe remonte au fur et à mesure du passage des vitesses, elle remarque à sa grande surprise qu’une trace d’humidité vient de marquer nettement l’entrejambe de son string. Deux choses qu’elle n’avait pas prévues et qu’elle n’a jamais rencontrées viennent de se produire, et elle brûle de savoir jusqu’où cela la conduira.
Deux heures pile sonnent au beffroi de la ville lorsqu’elle franchit le seuil du bureau où le docteur l’attend. Sans un mot, il lui fait signe de déposer son imperméable sur la patère à côté de la porte d’entrée. Comme le praticien le lui a demandé, Sophie porte cet après-midi-là une jupe écossaise, l’une des plus courtes qu’elle possède, si courte que l’on peut clairement apercevoir la bordure de dentelle de ses bas noirs à la lisière de son kilt. Pour le haut, elle a opté pour un chemiser de tulle noir qui laisse apparaître deux seins de belle taille, aux pointes déjà dardées par le désir. Elle n’a alors que vingt-quatre ans, n’a pour ainsi dire jamais porté de soutien-gorge et, malgré ses deux maternités, sa poitrine n’a peut-être jamais été aussi ferme que maintenant.
Sophie hoche la tête.
Notre blonde tourne la tête. Derrière elle se trouve une longue table recouverte de skaï crème, utilisée pour les consultations des animaux, et qui a servi pas plus tard que la veille pour les vaccinations du petit chat de Damien.
Même si elle n’a jamais été un modèle de pudeur, Sophie sent le rouge lui monter au front. Elle s’exécute cependant, prenant même le soin d’aller à la rencontre des demandes de l’homme en posant ses pieds sur la barre qui se trouve sous la table. Il ne peut retenir un petit sifflement d’admiration.
Lorsque, la veille, elle a griffonné le petit bout de papier à l’adresse du docteur, Sophie savait très exactement où elle voulait en venir et ce qu’elle voulait faire. Mais là, elle sent que les choses lui échappent ; il est très probable qu’elle ne va pas parvenir à ce qu’elle veut, ce à quoi s’ajoute le fait que le comportement de l’homme l’horripile plus que tout. Mais, au fond d’elle-même, quelque chose la pousse à accepter ces exigences, tandis qu’elle sent – bien malgré elle – son entrecuisse s’humidifier abondamment. Il le remarque immédiatement.
Sophie croit ne pas avoir compris la demande de l’homme. Devant son air éberlué, il ajoute :
Chaque partie de son cerveau, même la plus infime, lui ordonne de gifler à ce moment précis l’ignoble individu qui lui fait face et de déguerpir le plus vite possible, mais pourtant elle ne bronche pas. Au contraire, presque malgré sa propre volonté, elle sent sa main descendre doucement jusqu’à son sexe aux lèvres déjà bien entrouvertes, tandis que le doigt qu’elle vient de porter à l’orée de sa caverne intime lui dévoile combien sa liqueur de femme a déjà pris possession des lieux. Le bout du majeur s’insinue à l’orée de sa chatte et, malgré la gêne et la rage qu’elle ressent, tout son corps s’arc-boute déjà sous la caresse. Puis ses doigts remontent doucement, jouent quelques instants dans les rares poils de son pubis avant de redescendre à la recherche de son clitoris. Le petit bourgeon, déjà dardé, frétille tel le poisson hors de l’eau sous le contact de l’index, tandis que le majeur redescend jusqu’à sa grotte intime. Délaissant le petit bouton, ses deux doigts jumeaux s’y enfoncent cette fois complètement, tandis que des petits bruits mouillés semblent témoigner du plaisir qu’elle ressent. Elle continue doucement son ouvrage, les yeux rivés sur le visage du praticien qui n’en perd pas une miette. Ses doigts s’enfoncent crescendo dans sa chatte, remontent jusqu’au bouton d’amour qu’ils masturbent furieusement, tandis que son souffle ne cesse de s’accélérer, devenant de plus en plus bruyant au fur et à mesure que sa jouissance monte. Un dernier aller et retour jusqu’à l’entrée de son ventre, deux doigts qui s’affairent furieusement sur son clitoris, et tout son corps se tétanise, son bassin se révulse, et elle part dans une longue plainte tandis que son regard s’embrume sous le coup de l’orgasme. À peine a-t-elle eu le temps de reprendre ses esprits que Rossi lui ordonne de faire entrer son premier client de l’après-midi.
De nouveau, malgré le ton toujours aussi cassant et hautain, Sophie s’exécute sans dire un mot. La blouse n’est pas beaucoup plus longue que ne l’était sa jupe, et de plus il manque le bouton du bas. Elle n’a pas le temps de le faire remarquer que déjà elle doit faire entrer une vieille dame qui vient faire soigner son caniche.
Son travail est très simple : elle aide le vétérinaire en lui passant quelques accessoires, toujours les mêmes, qu’elle apprend très vite à trouver dans les armoires, remplit quelques formulaires simples, répond trois ou quatre fois au téléphone, appelle les clients et c’est à peu près tout. Par contre, à chacun de ses pas, la blouse s’ouvre et il lui semble qu’il est impossible à quiconque la voit de ne pas savoir qu’elle porte des bas et probablement qu’elle est totalement nue dessous. Plusieurs fois, elle doit ramasser quelque chose par terre, et son problème se situe à plusieurs niveaux : si elle s’accroupit, elle a peur que l’avant-dernier bouton de la blouse ne cède et que cette fois ce soit carrément sa chatte qui apparaisse à la clientèle. Si elle se baisse sans plier les genoux et en tournant le dos au client, il est très probable qu’il aura une vue imprenable sur la lisière de ses bas, une bonne partie de son cul et peut-être même sur l’arrière de son sexe. Et si elle se penche vers l’avant, c’est cette fois sa poitrine qui apparaît à coup sûr dans le décolleté de la blouse, avec de très fortes chances que là aussi le bouton du haut n’ait des velléités d’indépendance et l’abandonne, laissant poindre une bonne partie de ses seins libres.
Heureusement, Rossi ne travaille pas seul ; c’est une multitude d’autres vétos qui font tourner cette clinique, et les animaux que l’on amène à soigner au grand chef sont plutôt rares. À la fin de l’après-midi, Sophie a remarqué qu’il n’a reçu en réalité que six ou sept clients tout au plus.
Rossi regarde sa montre ; il est bientôt six heures.
De nouveau, sans réellement comprendre ce qui la pousse à obéir aveuglément, elle s’exécute sans hésiter. C’est donc totalement nue, à l’exception de ses bas noirs et de ses hauts talons, qu’elle s’approche du spécialiste animalier. Celui-ci la prend par le bras sans ménagement, la retourne et l’appuie contre le bureau, pressant fermement sur ses reins pour qu’elle se penche au-dessus du plateau de marbre rose. Elle a quasiment les seins qui touchent la roche froide quand elle sent une main passer entre ses cuisses, qu’elle entrouvre instinctivement, et que deux doigts inquisiteurs s’enfoncent brutalement et sans autre forme de procès dans son vagin détrempé, avant de remonter pratiquement jusqu’à son anus.
Elle n’en est pas certaine, mais il semble qu’il veuille s’assurer qu’elle est assez mouillée pour la pénétrer, et d’ailleurs elle en a très vite confirmation quand elle le voit fureter dans sa braguette et en sortir un mandrin de belle taille. Sentant venir l’outrage, elle se cambre alors un peu plus, se préparant mentalement à recevoir ce gros chibre tout au fond de sa chatte.
Rossi se met alors en place derrière elle et, tandis qu’elle s’apprête à l’accueillir, celui-ci remonte son sexe de quelques centimètres et d’un seul trait s’enfonce jusqu’à la garde dans son boyau culier. La douleur qu’elle ressent alors est atroce, et le hurlement qu’elle pousse est à la hauteur de cette souffrance. La première sodomie de Sophie remonte à des années, et elle a toujours été assez friande de cette pratique ; mais jamais elle n’a été prise aussi brutalement par cet endroit, et surtout sans préparation d’aucune sorte. Mais les larmes qui coulent le long de ses joues ne semblent absolument pas concerner le praticien qui continue de la pistonner furieusement tandis qu’elle continue de hurler sa souffrance.
Puis, sans qu’elle s’en rende compte, les muscles de son sphincter de détendent enfin, la douleur s’amenuise, et elle recommence à respirer à peu près normalement, au fur et à mesure que la douleur s’estompe.
Celle-ci disparaît presque aussi rapidement qu’elle était venue, et c’est désormais presque voluptueusement qu’elle sent le gros braquemart s’enfoncer dans son rectum. Elle se cabre alors au maximum pour qu’il la pénètre encore un peu plus loin, les seins posés cette fois complètement sur la pierre glaciale, tandis qu’elle s’accroche comme elle le peut pour ne pas glisser du bureau à chaque coup de pilon du docteur qui continue de lui labourer consciencieusement les reins. Elle n’en revient pas elle-même : elle est en train de se faire bourrer le cul par une brute qu’elle exècre, et pourtant son plaisir ne cesse de monter en elle, à tel point qu’elle doit presque se retenir pour ne pas jouir tout de suite. Les coups de queue du toubib s’accélèrent encore, elle a le sentiment de le sentir grossir encore dans son fondement, et tandis qu’un orgasme terrible la submerge il se retire d’elle, éjaculant de longues giclées de foutre sur son cul rebondi.
Là encore, pas un mot tendre, pas un merci, pas le moindre signe de considération pour cette femme qu’il vient pourtant de sodomiser de la façon la plus violente qui soit. Elle a à peine le temps de sortir quelques mouchoirs de son sac que déjà il a disparu, juste après lui avoir donné rendez-vous à la même heure pour le lendemain.
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Quelques mois se sont écoulés. Sophie se rend tous les après-midi au cabinet du docteur Rossi, qui prend un malin plaisir à baiser et re-baiser la jolie blonde par tous les trous et de toutes les façons qui lui passent par la tête. Elle ne rechigne jamais, semble toujours prête à faire n’importe quoi pour le satisfaire et, cerise sur le gâteau, jouit presque tout le temps, quelle que soit la façon dont on la prend.
Luc, quant à lui, commence à se poser des questions. D’une part, il y a le salaire quasiment pharaonique que le praticien verse à sa femme, alors que, employeur lui-même, il est bien placé pour savoir qu’il est rarement indispensable de surpayer les femmes mariées dans la mesure où, la plupart du temps, elles ne travaillent pas vraiment pour le salaire qu’elles touchent mais davantage pour la reconnaissance qu’elles croient recevoir, même si les cris qu’elles poussent pour affirmer le contraire dès qu’on le leur fait remarquer ne sont jamais à la hauteur de l’énergie qu’elles dépensent, plus ou moins inconsciemment, pour le prouver. D’autre part, il lui est arrivé plusieurs fois de voir son épouse partir à la clinique dans des tenues qui ne sont pas très éloignées de celles qu’il croyait plutôt réservées aux professionnelles du trottoir, telles qu’il les croise souvent quand il se rend à son club de bridge. Et, comme si cela ne suffisait pas, elle qui était si prompte à répondre à la moindre de ses sollicitations sexuelles, elle prétend régulièrement être fatiguée lorsqu’il entreprend de lui faire un brin de cour.
Le plus jeune des deux frères Bohain a beau être très amoureux, il n’en est pas pour autant complètement aveugle, et il sait depuis le premier jour que faire une confiance absolue à celle qui est pourtant la mère de ses enfants serait une grave erreur. Il charge donc un détective privé de faire une enquête ; ce que celui-ci lui apprend ne le surprend pas vraiment, mais ne lui fait pas particulièrement plaisir non plus. Il rapporte en effet quelques clichés qu’il a réussi à voler alors que le docteur Rossi et son assistante favorite sont en visite dans une ferme des environs afin de vacciner le cheptel bovin. Et une chose est avérée : les photos, même pas prises au téléobjectif, montrent effectivement et en gros plan une injection, à ceci près que l’aiguille qui sort du pantalon de Rossi ressemble furieusement à une grosse bite et le cul de la vache qu’il est censé vacciner à celui de sa femme. On ajoutera à cela les bas résille, le porte-jarretelles rouge vif, la minuscule jupe de cuir, les talons vertigineux, et le fait que Sophie semble particulièrement apprécier le traitement qui est le sien, se tenant au bâti de la porte de l’étable, les reins cambrés à l’extrême, sans se préoccuper qu’on puisse très bien la voir, les photos en étant d’ailleurs la preuve.
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La séparation du couple est prononcée à peine deux mois plus tard et, comme c’est le cas dans la plupart des divorces, Sophie obtient la garde des enfants. L’argent ne posant de nouveau plus de problème, Luc lui verse bien évidemment une pension alimentaire princière, mais le train de vie de la blonde est tel qu’elle n’arrive pas à joindre les deux bouts, même en y ajoutant le salaire que Rossi continue à lui verser, alors qu’à sa demande elle ne se rend plus à la clinique qu’un jour sur deux. Un autre détail la choque : on a recommencé à l’appeler Mademoiselle, et cela elle ne le supporte pas.
Elle profite donc de ce qu’une fois de plus son patron vient de lui en coller une tournée vertigineuse pour lui demander s’il ne lui viendrait pas à l’esprit de l’épouser.
Devant la mine dépitée de Sophie, dans un accès de gentillesse dont le moins que l’on puisse dire – quand on connaît l’homme – est qu’il ne lui est pas habituel, il ajoute toutefois :
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Seulement, des mois sont à nouveau passés et Sophie n’a strictement rien vu venir. Rossi continue de la farcir par tous ses orifices, mais sa réponse concernant un éventuel mariage est toujours la même : on verra. Et comme il n’est pas absolument nécessaire d’avoir fait de hautes études pour se rendre compte qu’il la mène en bateau, elle décide de passer au plan B.
L’avocat qui l’a assistée pour son divorce s’appelle Claude Sade, est plutôt bel homme, très proche de la quarantaine rugissante, et comme elle il est divorcé. Il va sans dire qu’elle pense qu’il est également propriétaire du cabinet dans lequel il officie, sans quoi Sophie le trouverait à coup sûr nettement moins sexy et moins intéressant. Elle demande donc à le voir sous un prétexte quelconque et – Dieu sait comment elle s’y prend ! – dès le samedi soir ils deviennent aussitôt amants.
Dès lors, Sophie se livre à un numéro de grand écart, au sens propre comme au sens figuré, avec les après-midis où elle travaille – enfin, si l’on peut appeler ça travailler – chez le docteur Rossi qui continue de la traiter à peu de chose près comme un pur objet sexuel, ce qui, à sa propre surprise, continue de ne pas lui déplaire…
Parallèlement, elle passe une bonne partie de ses nuits avec son avocat qui, lui, est tout au contraire un exemple de courtoisie et de tendresse avec elle. Elle assure le tout en continuant d’élever tant bien que mal ses enfants, bien aidée sur ce dernier point par l’argent qui continue d’arriver de son ex-mari et de son vétérinaire, ce qui lui permet de faire travailler presque à plein temps une nourrice et donc de vaquer tranquillement à ses occupations plus souvent horizontales que verticales.
Exactement comme elle l’espérait, Claude est très généreux avec elle, comme en témoigne ce superbe cabriolet qu’il vient de lui offrir pour son anniversaire, alors qu’ils ne se connaissent en fait que depuis quelques mois. Sophie est certes intéressée, pour ne pas dire vénale, mais elle n’est pas pour autant une ingrate, et elle le lui fait savoir alors qu’elle lui a proposé de prendre le volant et qu’ils sont en pleine ville. C’est un soir d’été, de rares passants se promènent en profitant de l’air tiède et parfumé qui vient des forêts des alentours. Ils ont bien entendu décapoté et, lorsqu’il sent la main de sa maîtresse s’aventurer vers sa braguette, bien que surpris, il la laisse faire, sans se douter vraiment de ce qu’elle a dans la tête. Au deuxième feu, sans se préoccuper des éventuels autres usagers qui pourraient s’arrêter à leur côté ou aux piétons qui pourraient traverser, elle embouche le sexe de l’homme qu’elle a réussi à extraire à grand-peine de son pantalon, tant son érection est déjà vigoureuse. Elle le pompe avidement, aspirant ce dard de belle taille autant qu’elle le peut, puis sa langue court sur le frein, ses dents traînent doucement sur le gland violacé à force d’être tendu, et l’avocat a désormais bien du mal à se concentrer sur sa conduite. De temps à autre, elle le suce avec tellement d’entrain et d’application qu’il croit voir des étoiles, et les trajectoires de la belle auto deviennent particulièrement aléatoires.
Alors qu’ils doublent un camion, il s’empresse de ralentir, à la fois pour apercevoir le regard effaré du routier qui n’en croit pas ses yeux, et en espérant presque que Sophie, gênée, va arrêter sa fellation qui ne va pas tarder à le faire exploser.
À son grand étonnement, alors qu’il vient de lui faire remarquer qu’il serait bon d’arrêter les frais, puisque le camionneur ne peut rien rater de ce spectacle qui se déroule en live en plein sous ses yeux, non seulement elle continue sa caresse buccale, mais elle en rajoute encore, se tournant encore un peu plus sur le siège passager pour que sa courte robe remonte et que le professionnel de la route aperçoive entre ses adorables fesses la dentelle d’un string particulièrement échancré. L’avocat ne tient plus, non pas tellement parce qu’il a des scrupules à jouir dans la bouche de sa maîtresse et qu’en gentleman il ne l’a jamais fait, mais surtout parce qu’il a peur de perdre son contrôle et celui de sa belle voiture par la même occasion, et qu’ils finissent ainsi dans le décor. Alors, sentant que l’explosion est proche, il attrape doucement les cheveux blonds de Sophie pour lui faire comprendre qu’il est temps qu’elle s’arrête, et qu’il est des choses qui sont décidément nettement plus dangereuses que le téléphone au volant, même si les pouvoirs publics semblent curieusement ne pas insister sur le sujet lors de leurs campagnes de sensibilisation à la sécurité routière.
Le premier chemin de terre qui se présente est le bon ; il tourne à vive allure dans un nuage de poussière et s’arrête précipitamment sur le bas-côté. Claude, qui n’envisage pas de faire l’amour à une femme autrement que dans un lit douillet, et qui n’a pas d’habitude de concevoir que l’on puisse pénétrer une demoiselle sans le lui avoir préalablement demandé et après au moins une heure de préliminaires, prend quand même Sophie vivement par le bras, la retourne afin qu’elle se trouve à genoux et dans le sens inverse de la marche sur le siège passager, et la pousse bien plus fermement qu’il n’a jamais osé le faire pour qu’elle se penche sur le coffre du luxueux véhicule.
Les seins presque posés sur la tôle, elle le sent écarter précipitamment son string, et en un instant il s’engloutit en elle avec une brutalité qu’elle ne soupçonnait pas. Chaque coup de reins enfonce un peu plus l’avant de son bassin dans le cuir du siège, alors qu’il la pilonne avec une telle force que le véhicule tremble chaque fois qu’il s’enfonce tout au fond d’elle. Oui, mais voilà, cela fait deux heures maintenant que Sophie anticipait ce moment, et elle a eu largement le temps de mouiller comme une démente. Elle a beau serrer sa chatte aussi fort qu’elle le peut, son sexe est si détrempé qu’elle ne sent pas tellement son avocat qui pourtant la pistonne avec une belle ardeur. Elle décide alors de passer la main entre ses jambes à la recherche du sexe de l’homme, et elle parvient à en saisir la base sans que Claude ne s’y attende.
Le retenant par les couilles, bien évidemment sans aucunement forcer pour ne pas lui faire de mal, elle l’oblige à sortir de son antre dégoulinant pour qu’il présente sa queue toujours gonflée de désir contre son autre trou, et le tire doucement. Voilà encore quelque chose que l’avocat n’a jamais pratiqué, quelque chose qu’il n’a jamais envisagé ; mais là, le sang bat à ses tempes, son esprit ne fonctionne plus vraiment, aussi s’enfonce-t-il doucement dans l’étroit orifice. Sophie est aux anges : cette fois, elle le sent bien en elle et elle accompagne chaque assaut de son amant d’un vigoureux coup de reins qui chaque fois le plante en elle jusqu’à la garde. Sans qu’elle l’ait vraiment anticipé, son horizon s’obscurcit soudain, et elle part dans une longue jouissance qui fait s’envoler les oiseaux du voisinage. Elle redescend aussi vite sur terre qu’elle l’avait abandonnée, juste le temps de comprendre que Claude vient de sortir de ses reins, qu’il a encore la queue raide et qu’il n’a pas déchargé.
Qu’à cela ne tienne, elle se retourne bien vite et reprend la fellation là où elle l’avait laissée quelques minutes plus tôt, avec d’autant plus d’entrain que la queue de l’homme est parfaitement propre malgré l’endroit qu’elle vient de visiter. De nouveau, elle le pompe goulûment, ne s’arrêtant de sucer que pour mieux astiquer cette queue dure comme du bois, en prenant bien soin de le regarder fixement dans les yeux tandis qu’elle s’exécute. Le traitement qu’elle lui inflige ne tarde pas à faire son effet, et c’est quand elle le sent encore grossir entre ses dents qu’elle recommence à le branler furieusement, la bouche grande ouverte, la langue sortie et les yeux rivés dans les siens, dans une posture assez connue des amateurs de films réservés aux adultes. La première giclée de foutre la frappe au fond de la gorge, la deuxième aussi, tandis que la troisième rate de peu sa cible dans la mesure où le long jet laiteux s’abat sur le bord de sa lèvre, d’où il commence immédiatement à couler vers son menton. Le geyser cesse enfin et, la bouche grande ouverte, Sophie s’empresse de lui montrer que l’ensemble de la marchandise crémeuse qu’il vient de lui donner est toujours dans sa bouche, juste avant de lui faire remarquer tout aussi ostensiblement qu’elle vient de tout avaler. Puis, sans perdre une seconde, elle embouche à nouveau délicatement le gland d’où perle une dernière goutte de sperme, avant de récolter du bout des doigts le divin nectar qui s’écoule maintenant jusqu’à la naissance de ses seins, puis de les porter à sa bouche pour sa dégustation…
L’avocat se remet doucement de ses émotions, mais il semble gêné par ce qui vient de se passer.
Sophie sourit. Décidément, son homme de loi est vraiment un drôle de spécimen.
Cela faisait des semaines que notre blonde cherchait désespérément une façon de lui demander quelque chose qui ressemble de plus en plus à son seul et unique but dans la vie, et il la lui présente sur un plateau d’argent.
Quelque chose d’énorme vient de s’abattre sur la tête de Claude ; quelque chose de colossal même, comme en témoigne sa belle érection qui vient subitement de s’effondrer.
Ce qu’il ne peut pas révéler à Sophie, c’est que le cabinet Sade ne lui appartient pas en totalité, la moitié des capitaux étant à son ex-femme, avocate comme lui. Et, lorsqu’il a divorcé, elle lui a monté un plan diabolique qui fait que le premier des deux qui se remarie perd automatiquement la part du cabinet qui est la sienne. Et comme il se trouve que son ex l’a quitté pour se mettre en ménage avec une autre fille, il y a peu de chances qu’elle se remarie avant lui…
Sophie n’a pas que des qualités, c’est le moins que l’on puisse dire ; mais s’il y a bien un défaut qu’elle n’a pas, c’est celui d’être sotte. Elle a très bien compris, de la manière dont Claude vient de lui répondre, qu’il y a un os dans le pâté, un os de taille dont elle ne connaît pas l’origine. En attendant d’en savoir un peu plus, elle décide toutefois de faire comme si de rien n’était.
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Depuis qu’elle est tout jeune, Sophie sait qu’un beau sourire est un excellent moyen de délier les langues. Adulte, la chose est toujours vraie, surtout quand le sourire est accompagné d’une paire de jolies gambettes comme les siennes ou d’un décolleté plongeant, et que c’est un moyen très efficace pour obtenir les renseignements que l’on souhaite alors qu’ils sont théoriquement confidentiels. Et, alors qu’elle sort de chez le notaire, elle vient de découvrir que, sauf miracle, il n’y a pour ainsi dire aucune chance qu’elle devienne un jour madame Sade Jr.
Le notaire qui vient de lancer cette boutade est à des années-lumière d’imaginer qu’à ce moment précis une petite lueur vient pourtant de s’allumer dans l’esprit tortueux de Sophie. Tandis qu’elle trottine dans la rue, elle se demande comment elle pourrait bien s’y prendre pour amener un homme qui a presque la soixantaine à passer la bague au doigt d’une fille de vingt-six ans, fût-elle aussi jolie qu’elle.
L’autre obstacle est de taille : il ne faut en aucun cas que ses deux autres amants, le docteur Michel Rossi et l’avocat Claude Sade, ne soient au courant de ce qu’elle trame avec le bonhomme ; ils sont tous les deux beaucoup trop généreux et elle n’est pas du genre à laisser bêtement tomber la proie pour l’ombre. Si elle parvient à ses fins avec le père de Claude, il n’en sera plus de même, puisqu’il semble largement assez riche pour subvenir à ses besoins. En pensant cela, elle ne peut s’empêcher de se dire que pourtant elle ne pourra pas ne pas regretter la brutalité virile de l’un et la tendresse de l’autre, qui en plus d’être deux planches à billets de premier ordre, sont presque accessoirement deux excellents amants qui lui font voir des étoiles, des comètes et peut-être même des galaxies chaque fois qu’ils la prennent dans leurs bras, ou d’ailleurs qu’ils la prennent tout court…
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Il lui faut un bon moment pour trouver ce qui lui permettra de rencontrer l’homme qu’elle convoite. À force de chercher, elle trouve tout de même une faille, puisqu’il apparaît qu’il fréquente pratiquement tous les soirs une boîte de strip-tease dans les quartiers chauds de la ville. Avec la plastique qui est la sienne, elle sait qu’il lui suffit de se présenter au club en question en fin de matinée en demandant, l’air innocent, si l’on ne cherche pas des danseuses, pour se retrouver dix minutes plus tard en pleine conversation avec le directeur de la boîte.
Sophie se doutait bien qu’on allait lui demander une démonstration, mais elle n’avait pas prévu que cela lui soit réclamé dès sa première visite. S’il va sans dire qu’avec le traitement de Rossi elle n’a plus aucune gêne à se montrer nue, il n’empêche qu’elle n’a pas prévu de lingerie extraordinaire sous sa petite robe de jean boutonnée devant. En fait, tout ce qu’elle porte dessous, c’est un string qu’elle a choisi comme à son habitude, c’est-à-dire minuscule.
Bien qu’il ne dise rien, le directeur apprécie l’initiative de cette ravissante blonde. En effet, même s’il n’y a pas de clients, le club n’est pas pour autant tout à fait vide, puisqu’une dizaine d’ouvriers venus monter un nouveau système de climatisation sont présents dans la salle. Et si elle n’a pas peur de se déshabiller, en pleine lumière, devant un public de ce genre alors que le service d’ordre n’est pas présent, elle n’aura aucun mal à faire de même dans une salle souvent surchauffée mais où la semi-obscurité fait que l’on ne voit pas les spectateurs lorsqu’on est sur la scène.
Sans hésitation, Sophie monte sur le plateau, et le morceau de Joe Cocker, rendu célèbre par 9 ½ Weeks emplit l’espace. Les quelques années de danse classique qu’elle a faites quand elle était gamine lui reviennent brusquement ; la voilà qui se déhanche, se cambre, danse sur la piste sous le regard déjà vivement intéressé des installateurs, surpris d’avoir ce genre de spectacle pendant leurs heures de travail.
À chaque bouton qu’elle retire de sa robe, leur travail ralentit un peu, et, quand le bout d’un sein apparaît, même le chef de chantier n’attache plus aucune importance à ce que des mètres cubes de gaz réfrigérant puissent être en train de s’échapper et que cela risque de faire des trous dans la couche d’ozone.
Notre blonde s’ingénue alors à faire des cercles sur elle-même, faisant voler sa robe, dévoilant le fin tissu de son string qui semble devenir de plus en plus transparent au fur et à mesure que son show s’approche de la fin. Quand, dans un geste savamment calculé, sa robe tombe sur le sol, les cris fusent dans l’assistance. Mais ce n’est rien à côté de la clameur qui retentit lorsqu’elle fait doucement glisser son string le long de ses jambes et qu’elle le lance au beau milieu de la pièce. Alors qu’elle en est presque au final et qu’elle doit normalement s’allonger sur le dos, les jambes largement écartées face à son public improvisé, le directeur, à la vue de sa petite touffe blonde et de son sexe quasiment lisse, préfère l’arrêter, de peur que les ouvriers ne deviennent parfaitement incontrôlables.
En attendant, tandis qu’elle enfile sa robe, elle s’aperçoit que son string est introuvable. Tant pis, elle reprendra le bus dans cette tenue, puisqu’elle n’a pas voulu prendre sa voiture pour ne pas attirer l’attention.
Tandis que le responsable de l’établissement la raccompagne, ils passent devant une série de photos prises dans la boîte et qui représentent une série de personnalités qui ont fréquenté les lieux à un moment ou à un autre.
Elle qui croyait que c’était en tant que client qu’il se rendait ici, elle tombe des nues…
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Pendant plus d’une semaine, Sophie danse tous les soirs, et à chaque fois c’est le triomphe. On vient de loin pour voir la nouvelle et, à chaque final, quand elle se retrouve les jambes en équerre et en pleine lumière, la vue de son adorable chatte surplombée de quelques rares poils blonds déclenche quasiment l’émeute.
C’est alors que Sophie a presque perdu espoir de rencontrer le père de Claude qu’il se présente enfin, demandant au directeur de la boîte de bien vouloir lui présenter celle que l’on n’appelle désormais plus que sous le sobriquet de « la nouvelle ». Après quelques banalités échangées dans le vacarme tombe enfin la question fatidique :
D’un point de vue strictement officiel, Sophie est payée pour montrer son cul. Alors, qu’elle le fasse pour les quelques dizaines de clients qui sont là où pour son grand patron, cela ne change pas grand-chose. Par contre, il faut qu’elle l’impressionne, ce qui n’est nécessairement pas chose facile puisque notre homme est un vieil habitué de ce genre de show et qu’il a déjà vu passer pas mal de très jolies filles, à la fois sur sa scène et dans son lit.
Nul ne sait exactement comment elle s’y prend, mais à la fin il lui lance :
Naturellement, Sophie accepte. La proposition est assez simple : Joseph a de nombreux amis, et il cherche depuis quelque temps une strip-teaseuse qui sorte de l’ordinaire pour l’emmener avec lui lors de dîners plus ou moins d’affaires, afin qu’elle leur fasse un show au moment du dessert.
Mais la façon dont il la regarde dans les yeux et surtout dont il lui tient la main en dit bien plus long que tous les discours. Sophie décide alors de prendre le contre-pied de ce à quoi Joseph Sade s’attend, et qui est d’ailleurs ce qu’elle aurait fait d’habitude dans un tel cas.
L’homme est surpris par ce franc-parler mais ne pipe mot.
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À ce moment précis de sa vie, Sophie, qui rêvait depuis sa plus tendre enfance de devenir ce qu’il faut bien appeler une femme entretenue, en est une. Certains esprits chagrins objecteront à juste titre que ce qu’elle fait n’est pas très éloigné de ce que font les prostituées, à deux détails près, cependant. À la différence de l’immense majorité des arpenteuses de trottoir, personne ne l’a jamais obligée à faire quoi que ce soit, et personne ne lui prend le moindre sou sur ce qu’elle ramasse, à tel point que, malgré sa fièvre acheteuse qui l’a reprise, Sophie réussit quand même pendant ce temps à amasser une somme d’argent absolument incroyable, chacun de ses trois amants lui versant des sommes folles en échange de ses bons et loyaux services, sans oublier la pension alimentaire de son ex-mari.
L’autre point qui la différencie de celles que l’on nomme quelquefois « étudiantes en relations humaines », c’est qu’aucun des orgasmes qu’elle a pendant les années que durera ce petit jeu n’est jamais simulé. Bien que sa motivation principale reste l’argent, il n’en demeure pas moins qu’elle continue à prendre un immense plaisir à être chosifiée par le premier, déifiée par le deuxième et exhibée par le troisième, à tel point que les rares fois où elle rentre le soir, toujours très tard, ses enfants ont pris l’habitude de la voir revenir décoiffée, les yeux cernés, et surtout presque aphone, sans avoir la moindre idée du pourquoi ni du comment.
Tout juste prend-elle le temps, à la sortie d’une soirée particulièrement chaude où elle n’a pas pu empêcher les hommes présents dans l’assistance de se masturber pendant son show – ce qui fait qu’elle a enfilé son manteau de fourrure directement à même la peau, alors qu’elle est quasiment couverte de semence un peu partout sur le corps – de demander à son mentor, Joseph :
Le dénommé Joseph sourit. Oui, en effet, cela pourrait être comique de l’épouser, puisqu’elle lui a permis de faire signer pas mal de contrats. Il faut croire que dès que les hommes aperçoivent la petite touffe blonde qui surplombe sa chatte, leur cerveau ne fonctionne plus tout à fait normalement, et c’en est à se demander ce qui se passerait si elle acceptait de coucher avec eux. Par contre, son cerveau à lui, il fonctionne encore, et plutôt bien.
Les choses auraient pu en rester là pendant de longues années encore lorsqu’un petit détail va venir totalement foutre en l’air ce subtil édifice. Sophie, qui a fini par presque oublier qu’elle voulait absolument devenir l’épouse d’un homme riche, continue son petit train-train, passant avec une belle régularité du rôle de mère le matin à celui d’assistante vide-couilles ou, tout au contraire, de maîtresse vénérée l’après-midi, et enfin de strip-teaseuse le soir. L’argent coule à flots, même si de temps en temps le fait de continuer à signer ses chèques de son nom de jeune fille lui pèse un peu.
Alors qu’un après-midi comme tant d’autres elle se promène en ville en faisant du lèche-vitrines, elle remarque devant un grand hôtel deux voitures de luxe qui lui semblent familières. Poussée par la curiosité, elle entre dans le grand hall où un portier s’empresse de lui proposer ses services.
Le maître des clés lui montre alors à l’autre extrémité du hall une grande banquette où trois hommes semblent en train de discuter autour d’une table basse. Dans un premier temps, elle croit avoir la berlue ; mais non, il y a bel et bien là ses trois amants, en pleine conversation.
S’agirait-il d’une coïncidence ?
Non, bien sûr, ce serait tout bonnement incroyable. Elle s’approche alors lentement, faisant attention à ne pas se faire remarquer, en se cachant derrière les immenses colonnes de marbre pour ne pas être vue. Elle finit par être à quelques mètres à peine de la banquette où ils se trouvent, si proche d’eux qu’elle entend nettement leur conversation alors qu’aucun d’eux ne l’a remarquée.
Sophie s’est toujours demandée comment il lui a été – et lui est toujours – aussi facile de passer de l’un à l’autre de ses amants sans que jamais l’un d’entre eux ne se pose de questions sur ses activités pendant le temps où elle n’est pas avec lui. Elle sait, comme d’ailleurs tous ceux qui ont eu un jour ce que l’on nomme pudiquement « une relation extraconjugale », combien il est difficile de trouver des excuses crédibles pour justifier des absences répétitives ou des retards fréquents, sans compter les imprévus qui jalonnent n’importe quelle existence.
Or, depuis le début de ses aventures pour le moins compliquées, elle n’a jamais rien eu à expliquer, pour la simple et bonne raison que jamais on ne lui demande de faire un quelconque compte-rendu de ce à quoi elle passe son temps… Sade Junior ne s’étonne jamais de ce qu’elle ne puisse pas venir lorsque que Sade Senior lui a demandé de venir participer à une de ses petites soirées. À l’inverse, quand Sade Junior lui réclame de passer la nuit avec lui, elle n’a jamais rien à demander, car Senior n’a comme par hasard pas besoin d’elle au club ce soir-là. Quand Senior demande exceptionnellement qu’elle vienne faire un show pour lui et ses amis un après-midi, Rossi lui a précisément donné sa journée. Seuls ses enfants lui demandent quelquefois ce qu’elle fait de ses journées et surtout de ses soirées, ce à quoi elle répond toujours évasivement. Elle n’a jamais de problèmes de coordination, et pour cause : les trois hommes se connaissent bien, s’apprécient probablement depuis longtemps et sont donc parfaitement au courant du manège qu’elle leur sert depuis des années, et ils s’arrangent entre eux pour que tout baigne dans l’huile sans que, depuis le début, elle se soit doutée de rien.
L’homme qui vient de parler est bien évidemment Claude Sade, l’avocat. Mais la réponse de son père, Joseph, est surprenante.
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Cela fait plus de trois semaines que Sophie a déclaré le kidnapping de ses enfants, puisque tout le monde sait désormais qu’il ne peut plus vraisemblablement s’agir que d’un simple vol de voiture qui a mal tourné. On a parlé d’elle à la télé et dans les journaux, puis l’affaire, très vite remplacée par un fait divers encore un peu plus porteur pour les médias éternellement en mal de sensationnel et surtout de taux d’écoute, a été oubliée. Sophie ne semble toujours pas tellement affectée par cette disparition, et elle continue son petit bonhomme de chemin, à l’exception toutefois de ses apparitions dans la boîte de Joseph, car il y a tout de même des limites à tout, et il convient de ne pas les franchir.
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À quelques kilomètres de là, il est un endroit idyllique, où le fleuve semble s’être arrêté un moment pour admirer le paysage avant de reprendre son cours, et cela a donné quelques lacs splendides à l’eau limpide où tous les pêcheurs se donnent régulièrement rendez-vous. Seulement, sur un de ces lacs, cela fait un petit moment que les taquineurs de goujons ont remarqué une très légère trace de quelque chose qui flotte sur l’eau et qui l’irise. L’un d’eux s’en est approché et, il est formel, il s’agit d’un hydrocarbure quelconque. Après avoir pesté contre ces salauds qui viennent faire leur vidange dans un endroit aussi bucolique, l’information remonte jusqu’à la société de pêche. Seulement, la trace est infime ; pas de quoi fouetter un chat… Un autre pêcheur, lui, a cherché à savoir d’où venaient ces traces. Et il est catégorique : il y a quelque chose là-dessous, mais à cet endroit le lac est particulièrement profond. Ce n’est que deux jours plus tard que la police daigne s’y intéresser et qu’elle envoie une équipe de plongeurs sur les lieux.
À cette profondeur, l’eau n’est plus aussi limpide qu’en surface, et il leur faut un appareillage spécial pour identifier ce qu’ils viennent de trouver au fond, à savoir une voiture. Quant aux portières, elles sont verrouillées et il est impossible de savoir si elle est vide ou non. On fait donc venir une énorme barge équipée d’une grue, et lorsque après des heures d’efforts on remonte enfin le véhicule, il devient absolument évident qu’il ne peut s’agir que de la voiture de Sophie, qui avait été volée.
Mais le pire est à venir. Alors que l’un des policiers cherche à ouvrir une portière, il n’a d’autre solution que de briser une vitre, d’où s’échappe brusquement un torrent d’eau sale. Et là, à l’arrière de la voiture, on découvre les deux petits corps des enfants, toujours attachés dans leurs sièges et morts depuis près d’un mois.
Lorsqu’on annonce la nouvelle à Sophie, celle-ci fond en larmes, crie, hurle, éructe, et pour finir fait une crise de nerfs si violente que l’on doit lui injecter un tranquillisant pour qu’elle se calme enfin. Une équipe de télé est envoyée sur les lieux, et la télé la filme, totalement anéantie, à la sortie de l’hôtel de police.
À l’autre bout du pays, un camionneur parmi tant d’autres est en train de déjeuner dans un restaurant routier. Comme tous ses compagnons, il regarde distraitement les informations en même temps qu’il discute avec eux de la pluie et du beau temps, des embouteillages et des clients éternellement insatisfaits. Mais lorsqu’apparaît l’image de Sophie sur l’écran, son sang ne fait qu’un tour. Et quand il découvre les images de l’endroit où la voiture a été retrouvée, il se précipite sur son portable et appelle le numéro qui s’affiche en bas de l’écran.
C’est le commissaire Lemercier lui-même qui décroche.
Et effectivement, le Restaurant de la Forêt, relais gastronomique situé à quelques centaines de mètres, confirme bien le jour et l’heure de la livraison. L’ennui, c’est que Sophie n’a pas du tout déclaré avoir été victime de ce vol à cet endroit-là. C’est même plutôt tout le contraire : elle prétend que son car-jacking a eu lieu dans un endroit situé à presque trente kilomètres de là.
Là, le sang du commissaire ne fait qu’un tour. Indiscutablement, ce ne peut être qu’elle : il ne risque pas non plus d’oublier ce détail qu’elle lui a fait admirer à son insu quand elle était dans la salle d’interrogatoire. Deux questions l’assaillent : que pouvait bien faire Sophie à cet endroit et à cette heure, et pourquoi a-t-elle déclaré que c’est arrivé si loin de là où tout porte à croire que cela s’est passé réellement ?
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Pendant ce temps, il en est un autre qui lui aussi est devant son poste de télévision, et cet homme, bouleversé, c’est Joseph Sade. Alors qu’il regarde, effaré, la voiture que l’on a sortie de l’eau, qu’il voit Sophie faire sa crise de douleur, il lui semble bien qu’elle joue faux. Pour qu’elle soit parfaite dans son rôle de strip-teaseuse, il lui a payé quelques cours de comédie avec un professeur réputé, et comme il a assisté à pas mal de ses cours, il reconnaît tous les trucs qu’on lui a appris pendant ses répétitions. Cela crève les yeux qu’elle n’est pas sincère dans le rôle de la mère meurtrie dont on a noyé les enfants ! Et il est bien placé pour savoir qu’elle est à peu près prête à tout…
Plus que tout, il lui revient en mémoire la conversation qu’il a eue avec elle, précisément le soir même où ses enfants ont disparu. Elle ne lui en a pas parlé alors ; peut-être était-ce parce il s’envolait quelques heures plus tard pour aller signer un contrat au Brésil. Mais, en substance, il se souvient très bien de ce qu’elle lui avait dit :
Il avait pris cette dernière remarque pour une boutade, pensant qu’elle avait trouvé un moyen quelconque d’envoyer sa descendance chez ses parents ou en pension, ou encore dans une colonie de vacances. Mais il semble bien qu’elle ait trouvé une façon nettement plus radicale de s’en débarrasser…
Lorsqu’il se rend au poste de police pour raconter tout cela, il croise dans les couloirs Sophie, les menottes aux poignets. Elle n’a même pas un regard pour lui.
S’ensuit alors pour elle de longues heures d’interrogatoire, et à trois heures du matin, à bout de forces, elle craque et elle raconte tout.
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Un petit mois plus tôt. Elle sort précipitamment de l’hôtel où elle vient de surprendre la conversation de ses trois amants, et elle appelle un taxi. Lorsqu’elle rentre chez elle, Damien et Léa, âgés à l’époque de quatre et six ans, sont tranquillement en train de jouer dans leur chambre. Elle claque dans ses mains.
Les fois où leur maman leur propose d’aller faire un tour, même en voiture, sont suffisamment rares pour que cela ne se refuse pas. Ils se précipitent donc dans les bras de leur mère, et dix minutes plus tard ils sont chaudement habillés – nous sommes fin octobre tout de même – et elle les attache comme à son habitude dans leurs petits sièges, puis ils partent. Ils ne roulent pas très longtemps, juste le temps d’arriver à la région des lacs, quasiment déserte en cette saison et surtout à cette heure. Puis elle s’arrête et se retourne vers les enfants.
Et la voiture roule, roule, roule. Et les enfants rient, rient, rient. Il lui semble les entendre rire encore alors qu’elle appuie sur la télécommande de fermeture des portières et que la voiture commence à s’enfoncer définitivement dans l’eau noire.
La télécommande des portières sera d’ailleurs retrouvée un peu plus tard dans les hautes herbes ; et comme celle-ci ne porte que les empreintes de Sophie, la pièce sera ajoutée au dossier, bien évidemment à charge.
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Sophie a été condamnée à perpétuité, avec une peine incompressible de trente ans, selon les termes de l’administration judiciaire. Mais elle n’a jamais purgé sa peine.
Quelques semaines plus tard, malgré tous les efforts du personnel de la prison pour la protéger, on l’a retrouvée pendue, nue, dans un des couloirs de la prison, le corps couvert de brûlures de cigarettes et d’hématomes dus à des coups de toutes sortes, et un manche à balai cassé enfoncé dans le fondement.
Même dans le monde des criminels, certaines choses ne se font pas, et il faut croire que noyer ses propres enfants pour tenter de se faire épouser, fût-ce par un homme riche, en est une…
Cette histoire a été librement inspirée d’une histoire vraie.