Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 15957Fiche technique56763 caractères56763
Temps de lecture estimé : 30 mn
15/12/13
Résumé:  Une star dépressive, un jeune homme insignifiant désespéré, un retraité de la RATP très particulier...
Critères:  fh inconnu uniforme grosseins bizarre hotel douche amour contrainte entreseins fellation cunnilingu 69 préservati hdanus délire
Auteur : Radagast      Envoi mini-message
Collision

La permanence du PaF, Paris aux Franciliens, se situait au milieu de la rue Marcel Aymé. Amélie Grougnart, trente-deux ans, y travaillait en vue des élections municipales du XXIème arrondissement comme tête de liste. L’état-major de son parti mettait beaucoup d’espoir dans cette jeune femme volontaire.

Le vingt-trois avril à vingt heures trente-cinq, elle sortait de la permanence pour rejoindre son appartement.


La permanence du Centre Uni Libéral (CUL) se situait à l’extrémité de la rue Marc Lévy. À quelques centaines de mètres de celle de son opposante. Marcellin Tinglu, trente ans, y travaillait en vue des élections municipales prévues dans quelques mois. Il menait la campagne comme tête de liste. Le Centre Uni Libéral tenait en Marcellin un jeune homme apte à renouveler les hautes sphères dirigeantes du parti vieillissant.

Il sortit le vingt-trois avril à vingt heures trente-trois.


À l’intersection des rue Marc Lévy et Marcel Aymé s’élevait un immeuble de bureaux vides.

Alors qu’Amélie Grougnart et Marcellin Tinglu se croisaient devant cet immeuble, un individu les interpella, un sinistre et redoutable 38 spécial au poing.




—ooOoo—



Nue dans sa chambre du Plaza Athénée, à Paris, Mary-Hanna Gomez s’examinait pensivement. Le miroir lui renvoyait l’image d’une belle jeune femme d’un mètre soixante-douze et de vingt-cinq ans. Une très belle jeune femme même, selon beaucoup. Une peau dorée, les pommettes hautes, les yeux légèrement en amande, héritage d’une lointaine ascendance aztèque. « Des yeux couleur du temps. » lui disait sa mère. Noisette à l’ombre, verts pailletés d’or sous le soleil. Une chevelure courte, noire et brillante telle du jais. Le menton volontaire, le visage ovale, de petites fossettes sur les joues lorsqu’elle souriait ; mais elle avait peu l’occasion de sourire ces derniers temps. Le front haut, en partie caché par une petite frange.


Sans maquillage pour l’instant, elle se trouvait même mieux qu’avec toute cette peinture de guerre sur le visage. Mais c’était sans compter le staff, les communicants ; la poudre aux yeux, quoi. Ils lui avaient même trouvé un surnom : MH.

Elle se sentait fatiguée.

Surtout qu’elle était en pleine promotion de son dernier disque. Elle avait quitté New-York depuis plus de trois mois.


Ses seins imposants, qui remplissaient un soutien-gorge de taille 95E tout de même (merci, maman). Biens ronds, des seins en forme de pomme, pas des seins qui pendouillent, et qui surtout ne devaient rien à la chirurgie esthétique ; sa fierté, quoi qu’en racontaient les journaux people. Des seins qui, une fois le soutien-gorge ôté, restaient fermes et provocants. Poitrine aux mamelons et aréoles sombres et très sensibles.

Elle n’avait eu recours à la chirurgie que pour se faire poser quelques implants dentaires.


Le reste du corps à l’avenant ; pas une trace de cellulite sur le ventre ou les cuisses. Des heures de danse et de sport le lui avaient sculpté. Et aussi un régime draconien. Enfin, son petit jardin privé : son sexe aux lèvres fines, lisses, avec juste un petit point d’exclamation de soie noire sur le pubis. Et des fesses rebondies.



Élue plusieurs fois « Plus beau postérieur de la planète » ! Quelle connerie. Elle avait en horreur ce genre de pratique. Un concours géré par des tabloïds où l’on demandait à des lecteurs obsédés libidineux cachés derrière leur écran d’ordinateur de noter les fesses, les seins ou la silhouette d’une femme, le tout sous la haute autorité d’un soi-disant jury d’acteurs ou de chanteurs sur le retour.

Elle se sentait telle une génisse jaugée par des maquignons lors d’une foire agricole.


Elle se trouvait belle, mais pas heureuse. Elle aurait voulu chanter autre chose que ces idioties en anglais qui lui étaient proposées. Tortiller du cul en gueulant devenait dur à supporter. Elle possédait une jolie voix pourtant. Une tentative au printemps de proposer un disque de standards français, portugais ou espagnols – même quelques airs classiques – lui avait valu une engueulade. Son entourage lui était tombé dessus à bras raccourcis. Elle parlait parfaitement italien ou français, et était tombée sous le charme d’un Ferrat, d’un Brel, d’un Zucchero, Celentano, ou Cesária Évora. Mais rien n’y fit.


Elle se sentait seule. Son entourage, justement, ne voyait en elle qu’une poule aux œufs d’or, une machine à sous sur pattes. Elle se sentait seule car personne ne partageait sa vie. Elle se rendit compte soudain qu’elle n’avait pas d’amis autour d’elle, de confidents, et elle ne recevait de confidences de personne. Elle n’avait que des courtisans.

Quelques bellâtres lui tournaient autour, dans l’espoir de tirer un coup et de se vanter d’avoir baisé Mary-Hanna Gomez. Elle cédait à la tentation parfois, juste pour libérer un trop-plein d’énergie, pour entretenir sa libido.

Ce qui renforçait sa légende de croqueuse d’hommes, légende alimentée par les paparazzis. Des paparasites, oui ! Elle ne pouvait remuer un doigt sans qu’une horde de ces crétins ne la mitraillent. C’est un peu grâce à eux qu’elle devait sa fortune, mais les bornes avaient été dépassées quand elle retrouva un de ces abrutis dans sa douche.


Mary-Hanna Gomez, jeune, belle, riche, talentueuse, au beau milieu une très très grosse déprime. Et très proche de faire une très grosse bêtise. Une petite mallette de médicaments la suivait partout, des médicaments qui, pris en dose suffisante, lui auraient été fatals. Elle en trimbalait de quoi tuer un éléphant. Des médicaments, le canal proche. La jolie chanteuse avait préparé son départ depuis longtemps. Sa mère lui parlait souvent de Jim Morrison. Elle voulait en finir comme lui, à Paris.


Elle ne connaissait plus rien de la vraie vie. Déterminée, elle se coiffa d’une longue perruque blonde, passa une jupe en jean neutre et un pull à col roulé noir. Des ballerines, une veste, et le tour était joué. Une paire de lunettes de soleil, pas de maquillage, des lentilles de contact bleues : elle passerait inaperçue. Si elle devait en finir ce soir, ce serait dans la plus belle ville du monde.



—ooOoo—



Aurélien Finel se sentait seul. Un mètre soixante-quinze, brun, vingt-cinq ans, les yeux noisette, de petites lunettes pour la myopie, désespérément banal, ni gros, ni maigre, pas trop moche, il passait pourtant inaperçu. Personne ne faisait attention à lui. Invisible il avait été au lycée et à la fac ; invisible il était au travail. Personne ne faisait attention à lui. Tout compte fait, il n’était même pas invisible ; l’homme invisible avait une particularité, lui. Il n’était pas invisible : translucide, transparent seraient des termes plus adaptés. Un terme peu usité de nos jours lui allait bien : falot.

Sa timidité maladive n’arrangeait pas les affaires, elle était même la cause de sa solitude.


Pas d’amis, pas de petites amies, il se sentait désespérément seul. Il avait pourtant un bon travail, un bon salaire. Intelligent, le sens de l’humour, mais désespérément translucide. Ses voisins ne le connaissaient pas, ses collègues de bureau pas plus.

Même des séances de musculation ne l’avaient pas sorti de l’anonymat. Seule sa grand-mère s’intéressait à lui, de temps en temps. S’il venait à disparaître, ses connaissances mettraient du temps à s’en rendre compte.

Transparent il avait été, transparent il est, transparent il restera.


À la télé, une chanteuse américaine faisait la promotion de son dernier album. Un présentateur vieux beau obséquieux lui faisait la lèche, et ses assistants riaient de ses blagues à deux balles. Aurélien la connaissait de nom. Comment ne pas la connaître ? Impossible d’échapper à son visage dans la presse écrite, à ses chansons à la radio ou à la télé comme ce soir. Elle ne faisait que son job, vendre ses disques.


Il enviait cette jolie femme ; elle devait vivre entourée d’une nuée d’admirateurs.

Aurélien Finel commençait une redoutable déprime.


Il se décida à sortir ; prendre l’air lui ferait du bien, même s’il était un peu tard. Un jean, un tee-shirt, une veste, des baskets, et dehors. Il commençait à faire sombre en cette fin septembre, mais la soirée était douce. Il prit la direction du canal.

Il ne fait pas bon se promener sur les quais lorsque l’on fait une très grosse déprime.



—ooOoo—



Maurice Michon, cinquante-sept ans, retraité de la RATP. Sa particularité : un ventre proéminent, dû à l’abus de boissons houblonnées dans les bars du quartier. Ses collègues lui répétaient qu’il pouvait prendre sa douche sans se mouiller la queue :



Maurice veut faire quelque chose du reste de sa vie. Trente-cinq ans à faire La Défense-Château de Vincennes, aller-retour. Trente-cinq ans à transporter des gens, indifférents à ceux qui les entourent. Des zombies !

Et surtout seul, trop seul, d’où la bière.


Comme il l’avait aimée, sa Jacqueline… Vingt ans d’amour fou. Avant que le crabe ne vienne la lui prendre. Un an. Un an d’opérations, de traitements, de souffrances. Elle s’en était allée, le laissant seul avec ses zombies, et ses demis-pression.

D’où sa mise à la retraite anticipée. Suivi de sa dépression et de ses bières, Maurice quitta ces zombies tout en ruminant de sombres pensées. « Pourquoi les gens ne se préoccupent pas de leurs voisins ? Pourquoi prêtent-ils si peu d’attention à leur propre bonheur ? » Il en avait fait l’amère expérience. Sa Jacqueline, il l’aimait ; mais le lui avait-il dit assez souvent ? S’il avait su qu’il l’aimait tant, il l’aurait aimée davantage.


Maurice en était là de ses réflexions quand il vit à la télé une jeune chanteuse faire sa promo pour son nouveau disque. Jolie, mais le guignol qui l’interrogeait n’arrêtait pas de lui couper la parole, de sortir des blagues idiotes. Énervé, il s’apprêtait à éteindre l’écran quand il remarqua une lueur étrange dans le regard de la jeune femme. Cette lueur, il la voyait souvent, le matin dans son miroir. Il la voyait dans son propre regard : une lueur de désespoir. « Ma vie n’a aucun sens, à quoi bon vivre ? »


Non, il ne pouvait pas partir ainsi. Isolé dans son deux-pièces-cuisine. Ignoré de ses voisins. Seuls Félix, son fox-terrier et Norbert, son neveu, le regretteraient sûrement. Sa sœur, et surtout son pochetron de beau-frère, aucunement.

« S’il faut partir, autant le faire en apothéose. S’il faut partir, autant entraîner le plus de monde avec soi, dans son délire. »

Il lui faut faire un exploit ; que dis-je, des exploits ! Devenir aussi célèbre qu’un de ces gandins maquillés comme des camions volés qui l’emmerdent à longueur de soirée à la télé : il veut être celui dont tout le monde parle. Il avait trouvé son but, son objectif. Toute la presse allait parler de lui. Aux oubliettes, l’énergumène à la Rolex !

« Allons chasser le zombie. »


Une casquette sur la tête et un 38 spécial dans la poche, il allait faire les gros titres.



—ooOoo—



Mary-Hanna Gomez sortit sans problème du palace, ne fut reconnue par personne, décontractée, indifférente en apparence à ce qui se passait autour d’elle. Aucun paparazzi ne la suspecta. Elle erra sans but dans les rues, s’intéressant aux vitrines, aux passants ; tout l’intéressait. Il y avait tellement de temps qu’elle rêvait de ce moment, tellement de choses à voir… Elle en avait presque oublié son projet.

Le nom des rues l’amusait aussi. Elle venait d’entrer dans la rue du Chat qui Pète.


Aurélien remontait la rue du Chat qui Pète, voulant prendre ensuite la rue du Quai, communément appelée par les riverains la Raie du Cul.

Sur le même trottoir, une jolie jeune femme blonde venait vers lui.

Ils se croisèrent au niveau de l’intersection avec l’impasse du Révérend Père Turbé, ruelle sombre sans aucun intérêt.


C’est là que le destin, en la personne de Maurice Michon, frappa.



Ils se tournèrent tous deux et virent avec stupeur un petit moustachu ventripotent les menacer avec une arme. Ébahis, ils ne songèrent pas à s’enfuir.



Les deux jeunes gens obtempérèrent, inquiets. Ils firent ce que toute personne fait face à un homme armé : ils levèrent les mains.



Ils se trouvaient dans un angle, là où personne ne pouvait les voir, ni surtout leur porter secours. Le regard de la jeune femme reflétait la peur ; la terreur, même. Aurélien la sentait trembler contre lui. Il est étonnant de constater que des hommes ou des femmes au bout du rouleau retrouvent une formidable envie de vivre, confrontés à un danger.



Le jeune couple le regarda, ahuri.



Mary-Hanna connaissait Paris de réputation ; une très belle ville, mais peu sûre. Mais de là à se faire braquer pour embrasser un gars ! Les Français sont souvent définis comme farfelus, mais elle ne croyait pas à ce point.

Aurélien, terrorisé lui aussi, se dit qu’il ne fallait pas énerver cet olibrius. Il déposa un chaste baiser, délicat sur les lèvres de la jeune femme.



Il posa de nouveau ses lèvres sur celles, pulpeuses, de belle inconnue. Et échangèrent un long baiser. La langue malhabile du jeune homme rencontra celle, experte, de Mary-Hanna. Ils s’embrassèrent comme si leur vie en dépendait.

Mais elle en dépendait vraiment, tout compte fait. C’était son premier « vrai » baiser ; il s’en souviendrait. La tête lui tournait. Était-ce l’émotion ? Mais la belle aussi se sentait toute chose (1). Le résultat de l’agression, certainement. Les yeux fermés, il lui tenait délicatement le visage. Elle se serrait contre lui, recherchant un peu de protection.


Au bout de quelques minutes, Maurice « Cupidon » intervint de nouveau :



Que faire quand on est menacé par un 38 spécial ? Obtempérer !



Aurélien lui enleva sa veste, fit glisser la jupe le long de longues jambes fuselées. La malheureuse tremblait. Lui aussi. Lorsqu’il lui fit passer le pull par-dessus tête, deux événements concomitants eurent lieu.

Premièrement, la perruque de Mary-Hanna vint avec le vêtement. En second, Aurélien se retrouva face à la plus belle paire de seins qu’il eût jamais vue.

Quoique c’était même la première qu’il en voyait d’aussi près. Occupé à reluquer les nénés de la belle, il ne fit guère attention à la perruque.

Maurice s’impatientait un peu.



Quand le jeune homme dégrafa le soutien-gorge et fit glisser le string, il en prit plein les yeux. S’il devait mourir ce soir, il aurait quand même vu la huitième merveille du monde et son premier sexe féminin « pour de vrai ».



Mary-Hanna mourait d’envie de l’envoyer paître ; mais comment faire quand, d’une part, vous êtes nue et que, d’autre part, l’individu agite son arme comme Karajan remuait sa baguette ?

Elle se dit que cela aurait pu être pire : l’autre « victime » était plutôt mignon, un air de Harry Potter avec ses lunettes rondes.

De plus, une fois qu’elle eût baissé le pantalon du jeune homme, un sexe de fort belle facture lui sauta au visage.



Au moins elle lui faisait de l’effet, malgré la situation.

Elle lui prit la base du sexe entre deux doigts et passa la langue sur le bout du gland avant de le prendre en bouche, comme on déguste une boule de glace à la fraise. Il poussa un petit cri, tout en ayant une pensée saugrenue : « Heureusement, j’ai pris une douche avant de sortir. ». Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, elle faisait coulisser le pénis entre ses lèvres. Juste le gland ; fallait pas pousser, tout de même !


Mais que diable était-elle venue faire dans cette galère ?



La belle s’arrêta, regardant le gros bonhomme. Le sexe d’Aurélien à quelques centimètres de son visage s’agitait tel un métronome, comme mû d’une vie propre.



Une fois nu, Aurélien s’allongea sur les vêtements et Mary-Hanna vint sur lui, tête-bêche. Si la jeune femme reprit son ouvrage là où elle l’avait laissé, le jeune homme se croyait au paradis. Sur son nez se trouvait un merveilleux fruit doré, avec sa fente de Vénus, deux lèvres closes et un petit rectangle de velours noir à son sommet.

Ne sachant que faire, il se remémora certaines vidéos vues sur le net. Un doigt délicat caressa le sexe offert à lui, puis il se mit à léchouiller tout ce qu’il pouvait léchouiller, sa langue papillonnant sans but précis sur les lèvres intimes, de haut en bas et de bas en haut.

« Un maladroit ; mais un maladroit délicat. C’est mieux que rien… » se dit la jeune chanteuse.

Bien que maladroit, ses efforts furent récompensés. Les lèvres s’entrouvrirent, laissant apparaître les nymphes où perlaient des gouttes, semblables à de la rosée.

Il utilisa sur les petites lèvres la même technique qu’il avait utilisée sur les grandes, c’est à dire léchouiller à tout-va. Ce traitement n’était pas sans avoir de l’effet sur la jolie brune. Peut-être aussi la peur : selon certains, elle exacerbe les sens. Elle frissonnait, écartait les cuisses et pompait avec plus d’ardeur le jeune homme, qui planait à 15000 pieds.



L’un et l’autre prirent l’intervention pour eux-mêmes. Et entraîna une cascade de conséquences.

Mary-Hanna introduisit un doigt inquisiteur dans l’anus d’Aurélien, ce qui eut pour effet de le faire devenir encore plus dur, si cela semblait possible. Dans le même temps, il insinuait un majeur timide dans la vulve qui s’ouvrait et palpitait et, hasard bienheureux ou chance du débutant, il débusqua le clitoris, l’attrapa et le pressa entre ses lèvres.

Comme électrisée, MH se cambra ; les cloches de Notre-Dame lui tintaient dans le crâne. Or, sous le coup de l’orgasme, elle serra de plus belle le phallus d’Aurélien, l’aspirant et lui plantant ses ongles dans la cuisse. Il n’en fallut pas plus pour avoir lui aussi un orgasme, se répandant pour la première fois dans la bouche d’une femme. Le carillon de Notre-Dame entra en action aussi pour lui.

Tout étonné, il sentait un liquide chaud et onctueux lui couler sur le visage. Ça avait même bon goût.



Et de leur envoyer un préservatif.

Galant homme, Aurélien lui apprêta la couche, mettant en place les vêtements afin de les rendre confortables au dos de la jeune femme. Elle le reprit en bouche, histoire de le revigorer et de lui passer la pèlerine, comme on dit au Québec. Le tout sous les conseils avisés de Cupidon. Allongée, offerte à cet inconnu, Mary-Hanna n’en menait pas large.

De voir cette jolie femme couchée le laissa ferme dans son propos. Il s’allongea sur elle. Maladroit, il tâtonna du gland. Elle prit les choses en main, et plaça le pénis face à son pertuis ruisselant.



Déjà bien préparée par le 69, elle l’accueillit sans aucun problème. Jamais il n’avait ressenti cela : c’était chaud, doux ; un délice. Il se mit à faire de lents va-et-vient, n’osant pas brusquer sa compagne d’un soir. Il avait même peur de la blesser.


« Il a le sexe ni trop gros ni trop petit, juste comme il faut. » se disait-elle. « En plus, il fait preuve d’une délicatesse exquise. »



Ses lentes pénétrations faisaient de l’effet à la jeune femme. Elle commençait à gémir, mais elle en voulait plus. Elle passa ses jambes autour du bassin d’Aurélien, poussant sur les fesses de l’homme avec ses talons, rythmant ses mouvements tout en avançant le bassin à la rencontre de celui de son compagnon.



Elle gémissait des prières, poussa un grand cri, laissant Aurélien interdit devant tant de jouissance. Il venait pour la première fois de donner du plaisir une femme. Mais l’orgasme de sa compagne avait été si violent, brutal et rapide que lui-même n’avait pas joui.



Cupidon voulait de l’action.

Encore tout groggy, Aurélien se mit sur le dos ; la jeune beauté vint sur lui, à califourchon. La fabuleuse poitrine devant les yeux lui redonna aussitôt du tonus. Elle prit le sexe entre ses doigts et le positionna à l’entrée de son intimité et, tout en le faisant pénétrer, elle se penchait au-dessus de lui.

Devant ses yeux émerveillés se trouvait la plus belle paire de seins de toute la planète, et la propriétaire s’empalait sur lui en poussant de petits gémissements.

Il fit alors ce que tout homme aurait fait : il empauma littéralement les globes offerts à sa concupiscence. Il pressait délicatement les tétons entre l’index et le majeur, caressant dans le même mouvement les aréoles, passant sa langue tantôt sur l’un ou l’autre.

S’il y avait une caresse qui la rendait folle, c’était bien celle-là ; ses tétons et aréoles extrêmement sensibles craignaient les grosses brutes qui lui malaxaient les seins comme des pizzaïolos pétrissaient un pâton.

Là, elle ressentait la délicate caresse, avec en plus ces larges mains qui lui soutenaient la poitrine. Elle en gémissait de plus belle, ondulant et faisant pénétrer au plus profond cette queue.

Toutes les dix secondes, il lui répétait « Je suis désolé… ». Elle ne put s’empêcher de rire.


C’est à ce moment qu’il la reconnut, là, au-dessus de lui, la bouche entrouverte, haletante, les yeux mi-clos. Mary-Hanna Gomez ; il était en train de faire jouir Mary-Hanna Gomez ! Il en fut presque à débander, mais sous les soins actifs de la jeune chanteuse, il reprit vite forme.

Il sentit les muscles du vagin se refermer sur son membre et ne put résister : il libéra une quantité impressionnante de sperme dans le condom ; il avait la sensation de se faire aspirer les entrailles. Il jouit en criant « Désolé ! ».


Au même instant, la belle entendit de nouveau les cloches de Notre-Dame, avec en prime le feu d’artifice du 4 juillet. Elle avait l’orgasme sonore ; elle poussait des gémissements mélangés d’anglais, d’espagnol ou d’il ne savait quelle langue et s’en foutait. Elle s’abattit sur lui, l’embrassant à pleine bouche, comme elle n’avait jamais embrassé.

Essoufflés, transpirants, ils se faisaient de petits câlins. Il lui caressait le dos et les fesses, elle lui caressait les cheveux et le visage. Ils se sourirent.



Et là, d’une seule voix, retentit cette phrase :




—ooOoo—



Six mois plus tard.

S’il eût fallu immortaliser la stupéfaction, nul doute qu’un peintre eût choisi le brigadier Sébastien Glandin, présentement en poste à l’accueil du commissariat du XXIème arrondissement du Grand Paris. Les yeux exorbités et fixes, la bouche grande ouverte, un stylo Bic à la main, stylo qu’il allait probablement porter à la bouche pour le mâchouiller. Geste interrompu à mi-chemin.

La cause de sa soudaine immobilité ? L’arrivée, l’apparition de la plus sublime personne qu’il lui ait été donné de voir : Mary-Hanna Gomez. Il ne connaissait qu’elle, évidemment, la jeune femme faisant fréquemment l’objet des « unes » des journaux dits « people ».

Vêtue d’un pantacourt et d’un tee-shirt moulants, la jeune femme précédait une horde vociférante de photographes ou autres pseudo-journalistes.



À peine avait elle énoncé cette phrase qu’elle fut bousculée par la meute.


Sur ces entrefaites arriva le brigadier-chef Johann Keller. Lui aussi se figea en voyant la jeune femme au bureau. Elle ne lui était évidemment pas inconnue, bien au contraire : ses deux filles, des jumelles de dix ans, ne juraient que par elle. Et Mary-Hanna par-ci, et Mary-Hanna par-là… Leur chambre était tapissée de posters de la chanteuse et elles écoutaient ses disques en boucle.

Aussi son sang ne fit qu’un tour en la voyant bousculée par ces énergumènes. Et il ne fallait surtout pas énerver le brigadier-chef Johann Keller. Homme doux et paisible, il n’en était pas moins seconde ligne de l’équipe de rugby de la police. Un mètre quatre-vingt dix-huit et cent-dix kilos qui se foutent en rogne font très vite catastrophe naturelle.

Les baffes commencèrent à voler bas, d’autant que Sébastien Glandin se mit de la partie. S’il ne possédait pas la carrure de son collègue et ami, il était ceinture noire d’aïkido, second dan.

Les importuns commencèrent à passer la porte en vol plané.


Des années de harcèlement et de frustration se rappelèrent au bon souvenir de Mary-Hanna. En temps normal, elle ne pouvait se défendre ; porter plainte se rapprochait du parcours du combattant : droit à l’information, liberté de la presse ! Il ne fallait même pas songer à mettre une gifle, elle avait directement une condamnation.

Cette fois, protégée par ces deux armoires normandes et la police française, elle entra dans la bagarre. Sa première victime, Gaetano Manfredi, s’était un soir planqué dans la douche de la jeune femme, dans l’espoir de faire quelques photos dénudées.

Elle lui décocha un drop d’anthologie dans les bijoux de famille.


Le second à subir sa vindicte fut Bernie Mac Avoy. Ce brave homme s’était introduit dans une chambre d’hôpital où la grand-mère de Mary-Hanna était soignée. La photo de la jeune femme en pleurs s’était vendue à prix d’or.

Une poigne de fer attrapa les burnes de Bernie, et tout en exerçant une traction vers le bas, leur fit faire un demi-tour dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.



Une très belle jeune femme blonde venait de sortir d’un bureau. Elle eût pu dire aussi « Que se passe-t-il ? », mais elle se plaisait à parler un français parfait.



L’humour pince-sans-rire du brigadier-chef fit sourire la jolie blonde.



Mac Avoy et Manfredi furent enfermés avec un SDF qui, après avoir dégueulé partout, leur expliqua doctement pourquoi il fallait virer Juan Manuel Barroso de la présidence de la Commission Européenne et procéder à des élections au suffrage universel.

En tout cas, ils devraient porter une poche de glace sur les glaouis pendant quelques jours.



La jolie blonde interrogeait Mary-Hanna.



La commissaire avait reconnu de suite la jeune femme, mais voulait quand même en avoir le cœur net.



Ignorant le sarcasme, Mary-Hanna reprit :



La commissaire sourit.



Jolie médaille en or. Sur une face, gravé, un signe du zodiaque : le capricorne ; sur l’autre, des initiales : A. F.



Mary-Hanna sentit le sol se dérober sous elle. Elle avait fait tout cela pour rien.



Bonne flic, Valérie Bruchet savait aussi entretenir les relations publiques. Si elle rendait service à la star, cela servirait la police dans son ensemble, mais aussi sa carrière personnelle.



—ooOoo—



Valérie convoqua le brigadier Glandin et le brigadier-chef Keller. Les deux hommes dévoraient des yeux la jeune chanteuse.



La perspective de travailler pour la chanteuse provoqua chez les deux hommes un électrochoc. Ils ressemblaient à deux setters en arrêt devant une poule faisane. Aider Mademoiselle Gomez ? Pas de problème, même le samedi et le dimanche.



Les deux hommes, fiers et heureux, firent une entrée remarquée au Plaza Athénée.

Son garde du corps, un grand Costaricain, la gronda mais ne put s’empêcher d’éclater de rire en voyant des paparazzis couverts d’ecchymoses, craintifs en apercevant les deux flics aux mines patibulaires.

La jeune femme leur raconta tout. Absolument tout.

Ils ressortirent en sueur, munis de moult autographes et avec une érection digne d’ours des cavernes.



Les deux flics discutaient tout en revenant vers le commissariat.



Sébastien entreprit d’examiner le bijou. Dans le dessin du capricorne, un sceau. Il réussit à le déchiffrer. De là, il fut facile de retrouver le créateur. Une petite visite et ils eurent l’adresse de quatre acheteurs potentiels : une maman pour sa petite fille de dix ans, une femme de quarante ans pour son mari, et un couple gay pour un anniversaire de rencontre. Et une femme d’un âge avancé. Qu’ils allèrent interroger.


Une charmante vieille dame vint leur ouvrir la porte de son petit pavillon d’Epinay-sur-Orge.



Les deux policiers appelèrent la commissaire : ils avaient retrouvé l’homme. Curieuse comme une femme flic, elle vint les rejoindre toutes affaires cessantes.


Aurélien Finel travaillait au Service de Recensement des Œuvres d’Art sur les Giratoires. Le SROAG, en langage technocrate, était dirigé d’une main de fer par Adolphine Chombier, surnommée « le Führer » par ses subordonnés. Petite femme autoritaire, Adolphine n’aimait pas les hommes, ni les femmes non plus d’ailleurs ; une seule personne trouvait grâce à ses yeux : elle.

Mais un homme en particulier la faisait sortir de ses gonds : ce petit bon à rien de Finel. Non qu’il travaillât mal, au contraire ; mais son air rêveur la mettait hors d’elle. Il en était devenu son souffre-douleur. Aussi, quand trois policiers vinrent s’enquérir de sa présence, elle en eut presque un orgasme. Le petit branleur était mêlé à un truc louche.

Quand ils furent dans son bureau, ils lui montrèrent la médaille.



Le jeune homme rougit, balbutia quelques phrases incompréhensibles.



Lorsqu’Aurélien ressortit de son bureau, tête basse, escorté des trois policiers, Adolphine paradait, tel un coq nain dressé sur ses ergots.

Tout à ses pensées moroses, le jeune homme ne fit guère attention au trajet. Ce n’est qu’arrivé dans l’avenue Georges V et qu’ils s’engageaient dans l’avenue Montaigne qu’il se dit qu’un truc clochait.

Un voiturier vint ouvrir la porte de la voiture de police. La commissaire s’entretint quelques instants avec la réceptionniste. Elle passa un coup de fil et ne dit qu’une phrase :



Ils attendirent. Peu de temps.

Une jeune femme brune sortit de l’ascenseur, regarda quelques secondes Aurélien puis se précipita vers lui. Elle se jeta dans ses bras et l’embrassa furieusement ; « Un baiser à te dévisser la tête ! » commenta plus tard le brigadier-chef Keller. Des appareils photo cliquetèrent aux alentours.



Elle embrassa sur les deux joues la commissaire, lui promettant de la revoir sous peu. Elle embrassa sur les lèvres le brigadier-chef Keller et le brigadier Glandin, rouges comme des pivoines.



Les trois policiers sortirent, heureux.



Si le Petit Poucet semait des cailloux ou des miettes de pain, Mary-Hanna et Aurélien semaient des vêtements. Du salon à la chambre, des chemises, jupe, pantalon et autres sous-vêtements indiquaient le chemin pris par les deux amants.

Allongé sur le lit, les jambes dans le vide, Aurélien vivait un moment d’éternité. Mary-Hanna lui tenait le pénis entre les seins, pratiquant une cravate de notaire d’anthologie (terme employé dans les bobinards de la Belle Époque).

La jeune femme, mutine, passait la langue sur le gland chaque fois que ce dernier pointait le nez. Le jeune homme poussait des petits gémissements et soupirait d’aise.



Elle massait tendrement le sexe, d’un lent mouvement de va-et-vient, le comprimant en même temps en pressant ses seins l’un contre l’autre. Un doigt coquin venait parfois caresser l’anus du jeune homme ; ses poils se hérissaient sur ses bras.

Il ne résista pas longtemps à ce supplice. Il tendit le bassin vers l’avant, poussant un petit cri. Aussitôt la chanteuse attrapa entre ses lèvres le gland et en avala la semence.



Aurélien ne put s’empêcher de rire.



Et de s’allonger, les fesses sur le bord du lit, les jambes écartées.

Aurélien enfouit son visage dans la vallée des merveilles ; il s’était renseigné sur le cunnilingus depuis sa dernière expérience. Renseignements livresques il est vrai, mais de bon conseil tout de même. Et aussi consulté un site d’histoires coquines sur Internet.

Il pouvait devenir mutin lui aussi.

Commencer par déposer de petits baisers à l’intérieur des cuisses, puis sur l’aine, provoquant les gazouillis de Mary-Hanna, chatouilleuse.



Un petit angelot souriant muni d’un arc et d’une flèche voletait sur le haut de la cuisse. Cupidon !



La jeune femme, déjà mise en appétit par les expériences précédentes, était trempée. Aurélien déposa un baiser sur le sexe offert. Sa partenaire poussa un petit cri et aspira une grande lampée d’air. Il fit glisser ses mains sur le ventre de sa partenaire puis elles vinrent se poser sur la poitrine, pratiquant la caresse qu’elle aimait tant. Sa langue écartait les lèvres pour atteindre les nymphes, les caressant tendrement de la vulve au petit bouton d’amour qu’il venait de débusquer, le faisant rouler sous sa langue, le pressant entre ses lèvres, provoquant des cris, râles et gesticulations chez sa partenaire. D’ailleurs, elle se mit à roucouler, à faire des vocalises, à la grande joie d’Aurélien qui redoubla d’activité.

Ses gémissements s’entendirent de la chambre sise au-dessous, semant le trouble chez les locataires.

Mary-Hanna poussa un grand cri, pressant son sexe contre la bouche du jeune homme, l’inondant de son liquide intime, lui enserrant la tête entre ses cuisses.


Allongés sur le lit, essoufflés, les deux amants s’embrassaient tendrement. Il caressait d’une main délicate la poitrine de son amie tout en mordillant les tétons. Il enfouissait son visage entre les seins.



Elle caressait le sexe de son compagnon, en pleine forme. Tout en l’embrassant, il vint sur elle.



D’un mouvement lent mais sans atermoiements, il pénétra le sexe offert de si bonne grâce. Aussitôt elle lui enserra la taille de ses jambes, passant les bras autour de son cou. Il la pénétrait autant qu’elle se faisait pénétrer, lui marquant le rythme.

Elle se remit à roucouler, criant à la fois en espagnol, en anglais mais aussi en français.

Elle poussait des hurlements qui devaient ameuter la sécurité. Lui aussi se mit à pousser de grands ahanements.



Dans la chambre du dessous, le couple de presbytériens originaire des États-Unis en était à se demander s’ils n’avaient pas raté un ou deux trucs au cours de leur existence. Bien que choquée, madame se sentait « toute chose » (1).

Allongé sur sa compagne, Aurélien souriait aux anges, la tête posée sur le plus agréable des oreillers. Heureuse, Mary-Hanna récupérait son souffle.



Les baignoires du Plaza Athénée, tout de marbre de Carrare, sont à peine plus petites qu’une piscine olympique ; c’est dire si nos deux tourtereaux s’y ébattaient à l’aise, se lançant de la mousse, s’éclaboussant en riant, se chatouillaient et s’embrassaient.

Évidemment, toutes ces papouilles revigorèrent Aurélien. La jeune femme sentit sous ses doigts l’objet de sa convoitise. Un engin au mieux de sa forme.

Agenouillé, Aurélien se tenait aux rebords de la baignoire. Mary-Hanna révisait ses cours de physique, expérimentant la poussée d’Archimède :



Ses tétons érigés venaient se frotter contre ceux d’Aurélien, les excitant aussi. C’était tellement bon qu’ils en frissonnaient. D’une toute petite voix timide – pas la voix de la femme sûre d’elle-même qui chante devant des milliers de spectateurs ; non, une voix de petite fille fragile – elle posa LA question :



Elle lui picora les larmes sur les joues, émue.


Dans le salon voisin, l’assistante et le garde du corps discutaient. Des soupirs bien identifiables leur parvenaient.



Ils éclatèrent de rire ensemble. Ils étaient heureux ; cela faisait longtemps qu’ils n’avaient vu la jeune femme aussi joyeuse.

Et lorsque le dit garçon d’étage arriva sur ces entrefaites avec le repas commandé – deux énormes steaks-frites – le fou-rire les reprit de plus belle.



—ooOoo—



La direction du Plaza Athénée démentit tout exercice d’alerte incendie lors des dernières vingt-quatre heures.



—ooOoo—



Le samedi matin, tous les tabloïds et sites Internet français, et même de la planète, publièrent les photos de Mary-Hanna et d’un inconnu s’embrassant férocement dans un palace parisien. Avec cette légende :



Publication qui entraîna des réactions diverses et variées.


Tous les premiers samedis du mois, Eugénie Chamouillard allait chez le coiffeur, tant pour se faire rafraîchir la permanente que pour discuter avec ses amies en lisant Voiloù, l’hebdomadaire de la vie des stars. Ce qu’elle vit en première page lui coupa la respiration. Aurélien, son Aurélien, embrassant goulûment une chanteuse célèbre. Elle avait le choix entre faire un malaise ou aller acheter une bouteille de champagne à l’épicerie voisine et la boire avec ses amies.

Elle choisi la seconde solution.


Adolphine Chombier aimait à se repaître des turpitudes des grands de ce monde ; elle entrait en pâmoison si des malheurs ou des séparations les frappaient. Elle décortiquait Voiloù pendant le week-end. Elle avala de travers son petit déjeuner en voyant la couverture : Aurélien Finel embrassant une célèbre chanteuse sous l’œil attendri des trois flics venus l’arrêter quelques heures plus tôt.


Un drame se déroulait au domicile des Keller : la voisine était entrée chez eux comme une furie échevelée, le journal Voiloù à la main.

Sur trois pages s’étalaient des photos, dont une montrait le brigadier-chef embrassant sur la bouche une chanteuse fortement nichonnée. Madame Keller n’était pas d’un naturel jaloux, mais il y avait quand même des limites.

Une violente altercation opposait les époux. Johann se faisait tout petit, si tant est que cela fut possible.

Après une longue évocation des faits, l’étude approfondie des autres photos avec la commissaire et son ami Sébastien, elle pardonna. Pardon suivi d’une non moins tumultueuse réconciliation au lit.

Mais pour les jumelles, leur papounet était devenu une divinité.


Le Dr Philippe Molhair, chirurgien-dentiste de son état, fut lui aussi secoué par des événements étonnants survenus dans son cabinet ce samedi. Un de ses patients, un petit rondouillard nommé Maurice Michon riait, trépignait de joie dans la salle d’attente tout en lisant un tabloïd. Ce devait être la première fois que quelqu’un hurlait de joie chez un dentiste. D’ailleurs, une mère de famille serrait contre elle son fils, comme pour le protéger. Le gamin hilare en oubliait la prochaine séance de roulette.

Dans le cabinet, Maurice Michon claqua deux gros baisers sur les joues de l’assistante du Docteur Molhair, et aussi sur celles du dentiste pour faire bonne mesure. Le praticien mit du temps à s’en remettre.


« Il faudra que je rende son jouet à mon neveu et que j’en achète un. Étonnantes, ces reproductions ! » songeait Maurice.



—ooOoo—



Dans un communiqué à l’AFP, Amélie Grougnart annonça le retrait de sa candidature aux élections municipales, ce pour raisons familiales.

Dans le même temps, un autre communiqué annonça le retrait de la candidature de Marcellin Tinglu aux prochaines élections municipales, pour raisons de santé.


Leur promenade main dans la main sur le boulevard Haussmann ne passa point inaperçue. Elle plongea les états-majors de leurs partis politiques respectifs dans un abîme de perplexité.

Sur les ondes d’une station de radio locale, de doctes analystes politiques ne pouvaient qu’émettre des hypothèses, toutes plus invraisemblables les unes que les autres.

Aussi, quand l’animateur reprit l’antenne et émit l’idée que c’était encore un coup du mystérieux et énigmatique « Cupidon », ils haussèrent les épaules, méprisants.

Maurice écoutait cette émission, le sourire aux lèvres. Il entama sur le trottoir un pas de danse, à mi-chemin entre la bourrée auvergnate et le moonwalk.



—ooOoo—



Six mois plus tard, Mary-Hanna Gomez revint à Paris pour la promotion d’une série de concerts dans la capitale, en France et en Europe, toujours accompagnée de son mystérieux chevalier servant.

Elle disparut tout de même le temps d’une soirée. Pour donner une représentation devant un parterre de flics, de familles de flics, d’amis de flics ; en tout, près de sept cents personnes triées sur le volet. Invités aussi les supérieurs de la commissaire et le préfet de police. Valérie soignait sa carrière.

Au premier rang, tout le commissariat du XXIème arrondissement, dont madame Keller, enceinte suite à une réconciliation tumultueuse. Ce sera de nouveau une fille, évidemment prénommée Mary-Hanna.

Mary-Hanna Gomez tenait parole : devant une foule en délire, elle livra un de ses plus beaux récitals. Qu’elle agrémenta de chansons françaises. Chansons qu’elle dédia tout particulièrement à Aurélien ; de Jean Ferrat, Que serais je sans toi ? . Le jeune homme pleurait de joie et d’émotion comme sa jolie compagne chantait en le regardant, les yeux dans les yeux.

Et ensuite une surprise : elle fit monter Aurélien sur scène et chantèrent en duo une chanson de Serge Gainsbourg, Je t’aime, moi non plus dont les paroles firent monter la température de plusieurs degrés dans la salle :



—ooOoo—



La commissaire Valérie Bruchet et le brigadier Sébastien Glandin rentraient tous deux au commissariat pour récupérer quelques papiers, tout en devisant, après avoir assisté au concert de Mary-Hanna, la tête encore pleine d’étoiles.

À l’intersection de la rue du Chat qui Pète et de l’impasse du Révérend Père Turbé, ils se firent interpeller par un petit gros moustachu armé d’un 38 spécial.

Ils n’avaient pas pris leurs armes de service pour aller au concert.






(1) En français dans le texte.


(2) Remerciements à MM. Archimède, Molière, San-Antonio, et à Sir Arthur Conan Doyle pour leur aimable participation.