n° 15996 | Fiche technique | 12326 caractères | 12326Temps de lecture estimé : 6 mn | 08/01/14 |
Résumé: Une relation interrompue... qui se prolonge en songe. | ||||
Critères: fh revede poésie -poésie | ||||
Auteur : Pgcm Envoi mini-message |
Poésie |
Donc vous êtes sur ce canapé
Assise bien droite
Attentive
Vous observez
Vous ne touchez pas à votre verre, ou si peu
Prudente, aux aguets
Je vous demande de m’embrasser
Cette demande se voudrait à la fois un ordre et une prière
Car nous savons que c’est l’enjeu de notre lutte
Que c’est une sorte de point d’équilibre
Et que pour l’instant vous ne l’avez pas franchi
Et non, vous ne bougez pas
Vous restez immobile même
Attendant le combat
Peut-être même la désirez-vous cette lutte
Une lutte qui vous permettrait de céder
Céder ce que votre esprit refuse
Que refuse-t-il d’ailleurs ?
Est-ce votre instinct de femme ?
Peut-être en disant « oui » vous me verriez disparaître
Comme un mauvais génie
Comme une illusion
Comme un chat qui délaisse sa proie après l’avoir attrapée
Comme un homme…
Est-ce une forme de fantasme de viol, vous voulez être prise sans en exprimer le consentement ni le désir ?
Est-ce une sorte de virginité militante où votre esprit s’exige d’aimer d’amour celui qui vous embrasse
L’aimer ? Lui ? Avec son foulard et sa pochette !
Ridicule !
C’est impossible
Ce serait catastrophique !
Puisque depuis 6 mois votre orgueil vous oblige à croire que vous aimez celui qui vous a abandonnée
Toujours est-il que je ne vais pas faire ce que vous attendez de moi
Pas aujourd’hui
Alors je m’approche de vous
Mon nez et ma bouche vous frôlent
Nos nez et nos bouches se caressent
Vous ne bougez pas
Vous consentez à me laisser faire
Mais vous ne bougez pas
Nos bouches sont entrouvertes
Mais il n’y aura pas de baiser
Juste des frôlements
Nous nous sentons
Nous nous effleurons
Nos souffles se mêlent
Il y a de l’animal dans ce contact entre museaux
Votre souffle se fait plus court
Quand je descends votre nuque
Pourtant les seuls contacts restent la pointe de mon nez
Et les deux bordures de mes lèvres qui glissent sur votre peau
Voulez-vous connaître la suite que j’ai rêvée ?
M’en vouloir de vous désirer…
Mais ce n’est plus le moment
Et vous êtes ailleurs et fatiguée
Et je ne parle que pour étouffer votre silence
Qui me fait un peu peur…
Alors je vous aurais saisie
Pas comme une poupée molle
Pas comme un objet sans vie
Pas comme une jeune fille endormie
Car
Paradoxalement votre immobilité n’est pas passive
Elle vibre
Elle respire
Elle tremble
Je vous aurais saisie comme d’un violoncelle
Assise, mais de dos
Je vous aurais massé le crâne
Massé avec la pointe de mes dix doigts
En appuyant fort
Mais lentement
Longtemps
Entourant votre tête
Comme si je voulais aussi contraindre votre esprit
Encore rebelle derrière votre large front
La berçant aussi
Très doucement
De droite et de gauche
Jusqu’à ce que votre nuque se détende
Et se laisse faire sans plus de résistance
Vous auriez entrefermé vos yeux
M’oubliant enfin
Pour ne sentir que les frémissements
Qui descendent votre dos
Durant ce massage je suis très proche de vous
Mon torse s’appuie contre votre dos
La bouche murmure à votre oreille un langage sans mots
Et cela dure
Et cela pourrait durer encore
Vous êtes bien
Je suis maintenant à genoux dans votre dos
Vous êtes toujours immobile
Mes mains descendent sur vos épaules
S’attardant sur votre nuque
J’aime beaucoup votre nuque
Elle paraît fragile
Comme la tige d’une jacinthe sauvage
Vos épaules donc
Puis vos bras
Votre dos aussi
Avec mes pouces le long de vos vertèbres
Ou en étirant vos épaules en arrière
Je vous entoure de mes deux bras
Vous emprisonnant
Mon torse collé à votre dos
Puis je recommence
Sans jamais m’arrêter
C’est un peu hypnotique et envoûtant
Mes mains ne s’arrêtent jamais
Et courent ou se promènent
Doucement elles montent et descendent sur vos épaules
Vos côtes
Votre dos
J’évite encore vos seins
Plus pour longtemps
Car si je les contourne
Je les exaspère aussi
Le massage est tantôt à pleines mains,
Puissant et appuyé
Tantôt au contraire il frôle votre peau ou le tissu de votre chemise
Du dos de ma main, il les caresse
Chaque espace est visité, frôlé, malaxé, aiguisé
C’est par mon poignet que vient le premier signe
Il frôle enfin la pointe de votre sein
Mais malgré les couches qui le protègent
Vous vous êtes raidie une seconde
Surprise et inquiète
Vous rappelant un instant où vous êtes
Mais le poignet s’est éloigné
Et vous vous détendez
Mais à nouveau, cette fois c’est le dos de la main
Qui vient électriser ce bout de tissu
Et en passant c’est un doigt qui contourne explicitement le bord du cercle
L’ongle grattant ce qu’il faut
Mes deux mains
À plat
Au creux de la paume
Frottent
Très doucement
Très lentement
Les deux espaces interdits
Et tournent autour
Se referment enfin puis s’éloignent
Comme un couple d’oiseaux de proie
Font le tour des épaules
Pour réinvestir à nouveau la place
Alors maintenant le massage reprend
Il refait toutes ses figures
Mais il inclut désormais
Les deux nouvelles conquêtes
Le mouvement accélère avec frénésie
Puis se calme
Comme le flux agressif des vagues
Qu’enchaîne un reflux calme, mais très puissant
Et les vagues qui attaquent encore
Bousculent tous les tissus
Les mains dans le dos soulèvent la chemise
Et se glissent largement sur la peau du dos
Comme sur une plage
Emportant à chaque passage
Le tissu un peu plus haut sur la grève
Et par un mouvement conjoint
Et un léger redressement du corps
Une vague scélérate emporte tout
Basculant la chemise et le reste par-dessus tête
Vous laissant torse nu enfin
Dos à moi
Un peu sonné et étonné
Je regarde
Émerveillé
Et je reprends très lentement
Le ballet de mes mains
Sur votre corps magnifique
Mes mains sont libres
Et dansent comme de jeunes poulains dans leur pré à la tombée du jour
Elles refont tous les chemins qu’elles connaissent déjà
Et osent timidement
Et osent insolemment
Pincer et agacer les petites pointes
Qui se dressent désormais à la lumière
Encore un peu fripées
Mais se déployant comme on les y invite
Comme des oisillons au bord du nid
Criant famine !
Je suis toujours derrière vous
Mais je m’adosse maintenant à l’accoudoir
Et vous êtes assise entre mes jambes
Toujours le dos tourné
Vous ne me regardez pas
La tête un peu penchée
Concentrée et sérieuse
Votre dos nu est posé contre moi
Je suis toujours habillé
Nos chaussures ont disparu on ne sait comment
Vous vous adossez à moi détendue
Mes mains sont lentes à présent
Les caresses sont légères
Je sens votre parfum
Je sens le parfum de votre peau
Ma bouche murmure toujours
À votre nuque
À vos cheveux
À vos yeux aussi
Parfois à vos lèvres toujours entrouvertes
Vos mains sont posées sur mes avant-bras
Elles ne me guident pas
Elles ne me freinent pas
Elles ne m’encouragent pas
Elles sont juste posées légèrement
Suivant mes mouvements
Comme pour une marionnette
Comme si vous aussi vous rêviez
Comme si je n’étais pas là
Et que mes caresses étaient vos caresses
Et vous oubliez
Vous oubliez que ce sont mes mains
Et non les vôtres
Qui maintenant descendent plus bas
Votre aine est douce
Cela vous fait frissonner
Je caresse aussi vos genoux et vos cuisses
Retrouvant la sensation que vous connaissez déjà
Où les ongles grattent le jean
Ce qui provoque des petites décharges électriques
Ou bien lorsqu’en serrant ma main autour de votre cuisse
Je fais mine de remonter
Vers ce qui est maintenant le centre du cyclone
Cette zone qui est restée intouchable, sacrée
Mais qui hurle en silence son désir
Une autre bouche, inviolée elle aussi
Et elle le restera comme l’autre
Je l’ai décidé pour vous
Respect ou perversion ?
Je ne sais plus moi-même
Nous en resterons sur la caresse et le frôlement
C’est notre convention pour aujourd’hui
Mais vous ne le savez pas encore
Et donc vous appréhendez la suite
Vos mains serrent un peu plus mes poignets
Mais restent neutres
J’ai glissé les miennes sur le devant de votre jean
Elles sont serrées
Elles sont posées à plat en V sur l’aine
Elles ne bougent plus
Nous non plus
Ou si peu
Juste quelques vaguelettes
Et peut-être les extrémités des doigts appuient-elles davantage ?
Je guette un mouvement de votre bassin
Vers mes mains
Un encouragement
Ou le signe que vous irez au-devant de votre désir
Mais non
Je n’aurais comme acquiescement
Votre souffle un peu plus court un peu plus fort
Et le tremblement presque imperceptible de votre peau
Les boutons se détachent facilement
Le jean s’écarte un peu
Mais je ne le descends pas
Je ne cherche pas à le retirer
Non il restera ainsi
Vos mains sont figées sur mes bras
Elles serrent
Est-ce un frein ?
Est-ce la tension ?
Mais cette ouverture me libère les mains
Je me glisse en surface
Les deux mains descendent encore
Parfaitement symétriques
Et caressent en cadence
Les deux côtés de votre bouche
Celle-ci aussi s’est entrouverte
Et semble respirer
Mes doigts suivent le contour de vos lèvres
Là où c’est si doux et si lisse
Les paumes appuient sur l’aine
Tandis que mes doigts
Invitent le troisième oisillon à s’exprimer
Oh il est très craintif !
Un rien l’énerve !
Mais les encouragements de mes doigts
Sur les lèvres, juste en dessous
L’encouragent à se dresser, impatient, agacé, et tremblant
Alors je m’en saisis avec précision
Et il suffit alors de quelques mouvements décidés
Comme si une énergie extraordinaire se libérait enfin, d’un coup
Pour que du fond de votre gorge
Émerge enfin un petit cri rauque et court
Suivi de petits tremblements qui vous secouent le corps
Je ne bouge plus
Mais vous me sentez encore
Vous ne supportez plus aucun attouchement
Je retire mes mains
Et d’un même mouvement
Vous vous tournez à demi
Pour vous blottir dans mes bras
La tête sur mon épaule
Vous vous endormez
Je me réveille
C’est fini