n° 16008 | Fiche technique | 9281 caractères | 9281Temps de lecture estimé : 6 mn | 17/01/14 |
Résumé: Un homme à sa fenêtre... | ||||
Critères: fh voir hmast | ||||
Auteur : Samuel Envoi mini-message |
Tout a commencé un fameux jour de tempête. Je voulais fermer les volets pour éviter qu’ils ne battent et je vis dans l’immeuble d’en face une jeune fille vêtue seulement d’une serviette éponge qui s’essuyait les cheveux. Je restai médusé par ce tableau. Elle était blonde, avec de longs cheveux, et il me semblait qu’elle chantonnait. On ne voyait rien de sa poitrine, ni de son pubis, mais le bord de la serviette dansait le long de son corps comme un serpent, découvrant des épaules mouillées et des cuisses humides. J’étais dans cette contemplation, pétrifié et estomaqué, quand on sonna à la porte. Il m’était devenu impossible d’aller ouvrir, comme si j’avais les deux pieds dans le ciment. Une seconde sonnerie me sortit de ma torpeur, mais je ne bougeai pas d’un pouce. La porte s’ouvrit néanmoins, c’était Valérie qui, dans un mouvement d’humeur, me dit :
Je me retournai pour voir sa réaction et je la découvris déjà nue sur le lit. Je me déshabillai aussi. C’est vrai que c’était vendredi et que le vendredi on fait l’amour. Nous faisions tout comme d’habitude, mais je n’arrivai pas à conclure comme je l’aurais voulu. Je m’efforçais, je m’agitais, elle m’aidait en me susurrant des mots cochons, mais rien à faire. J’étais en sueur, je soufflais comme à l’arrivée d’un cross en forêt. Alors elle dit ce que toutes les filles disent dans ce cas-là : ça peut arriver à tout le monde, ce n’est pas ton jour, ce n’est pas grave… Et au moment de laisser tomber, alors qu’elle prenait déjà une cigarette dans le paquet négligemment ouvert sur la table de chevet et posé sur un roman d’Alvaro Mutis, me revint la vision de la fille à la fenêtre. Je saisis Valérie par le cou, je m’enfonçai dans son sexe et je la besognai avec rage en fermant les yeux pour n’avoir que ce corps mouillé et lointain dans la tête. J’éjaculai avec une telle force que j’avais l’impression que mon sperme coulait sur la fenêtre d’en face.
Le lendemain, je pris mon fauteuil et m’assis devant la baie vitrée. Dans son appartement qui m’intéressait, rien à signaler. Elle était probablement au travail. Ou sous la douche ! Je laissais passer le temps. Je ne faisais plus rien. Et pourtant j’avais du travail : encore et encore des copies à corriger. Je me disais que je le ferais le soir, quand on ne voit plus rien. Sauf que le soir, on voit mieux encore dans les appartements éclairés… J’ai juste avalé un sandwich peu appétissant aux cornichons rances. Et une bière tiède. Rien ne se produisait. Pourquoi donc s’abîmer les yeux en essayant de transpercer les murailles ? Il valait mieux aller au lit. Je me couchai avec une espèce de honte d’avoir ainsi perdu tout mon temps. Mais il me fut impossible de dormir. Je me tournai et retournai pour oublier cette serviette qui dansait autour de ce corps ruisselant. Je repris mon poste d’observation à la fenêtre ; seules quelques lampes étaient encore allumées dans trois appartements. Rien de bien intéressant. Mais je distinguai pourtant une robe sur un lit. Et bientôt un soutien-gorge et une culotte rangèrent cette robe bleue dans un placard, avant l’extinction totale…
Mon obsession n’a fait qu’empirer dans les jours qui ont suivi. Au point que je me suis mis en congé de maladie. J’avais les yeux rivés sur toutes les fenêtres pour découvrir quelques pauvres nudités qui n’en étaient jamais. Mais je ne pouvais quitter mon poste d’observation. Quand Valérie est arrivée le vendredi suivant, je lui ai demandé de ne pas se déshabiller aussi vite.
Valérie est partie dans la chambre, je m’apprêtai à regarder par la serrure quand je vis à la fenêtre de l’autre jour la fille qui était là. Avec sa serviette. Et j’ai vu ses seins… Enfin, au moins un… J’en pleurais. Je restai abasourdi. Valérie sortit de la chambre en peignoir, me vit dans cette dévotion et jeta un œil à la fenêtre…
Elle se rhabilla et sortit. Les jours suivants furent les plus pénibles. Il a bien fallu retourner au travail et corriger des centaines de copies en retard. Je téléphonai régulièrement à Valérie qui ne me répondait pas. Les apparitions à la fenêtre étaient tellement fugaces que je n’y trouvai plus mon compte. La masturbation restait ma seule consolation et me permettait surtout de m’endormir un peu plus facilement. Le vendredi suivant, Valérie ne vint pas. Je profitai du week-end pour aller dans un endroit connu des exhibitionnistes. Ils font l’amour dans leur voiture et des voyeurs se branlent tout autour. Un couple d’une cinquantaine d’années baisait avec application dans une Dacia et trois pauvres gus dont moi s’escrimaient sur leurs queues. Mon voisin d’infortune me demanda si je voulais bien échanger ma main avec la sienne pour une excitation supplémentaire. J’acceptai pour aller jusqu’au bout du chemin tortueux et n’en jamais revenir. Mon sperme coula sur ses doigts. Le sien se ficha sur la portière.
Il fallait en finir. J’optai pour sonner à l’appartement de la voisine à la serviette qui dansait. Je tombai sur une étudiante en philo, Marianne. Je m’embrouillai dans mes explications. Je trouvai le prétexte de me faire aider pour préparer des cours. Elle ne comprit pas en quoi elle pouvait m’aider. Et puis…
Elle se tourna vers le mur, déboutonna le haut de sa robe, en descendit le col. Elle remonta d’une main délicate les cheveux en chignon dénudant complètement cette partie arrière du cou. Mon cœur battait à se rompre. J’étais ébloui par tant de blancheur. Je compris combien l’érotisme se livre dans l’élégance d’une nuque ployée. Mon sexe se tendit devant cet espace vallonné où perlaient quelques gouttes de sueur. C’est alors qu’elle me dit :
Aussitôt les soubresauts de mon pénis furent suivis d’une tache sur le pantalon et je quittai les lieux.