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n° 16012Fiche technique8448 caractères8448
Temps de lecture estimé : 6 mn
21/01/14
Résumé:  C'était la nuit de la Saint-Jean, je n'y avais pas fait attention, c'était pour moi une date comme une autre. Elle avait tenu fermement que ce fut ce soir-là et pas un autre.
Critères:  fh bizarre campagne contrainte jeu délire fantastiqu sorcelleri -contes
Auteur : Pgcm            Envoi mini-message
Lutte avec l'ange

C’était la nuit de la Saint-Jean, je n’y avais pas fait attention, c’était pour moi une date comme une autre. Elle avait tenu fermement que ce fût ce soir-là et pas un autre, cela ne m’arrangeait pas, mais elle me tenait depuis deux mois en haleine, refusant de me céder sur tout, me faisant miroiter ce moment qui n’arrivait jamais.


Nous avions rejoint en voiture cette guinguette sur la Marne où les mauvais garçons se retrouvaient. L’accordéon grinçait comme de vieilles crécelles. L’alcool était obscur, mais il était fort et c’était ce qui me convenait. Elle avait l’air chez elle, comme dans son élément, elle connaissait l’endroit qui semblait son repaire ; elle connaissait les gens, mais une certaine distance se maintenait autour d’elle. Elle dansait seule. J’essayais de la suivre dans sa ronde ; les gens s’écartaient comme pour éviter son contact ; elle paraissait bouger les yeux fermés, concentrée, comme si le rythme et les mouvements avaient un sens, comme une danse vaudou.


La tête me tournait un peu, cet alcool inconnu me jouait des tours. Je m’accrochais. Elle était très belle ainsi, un peu sombre, ses cheveux comme électrifiés se dressaient par-dessus sa tête comme suspendus. Elle me paraissait plus grande, un petit air d’Esméralda, pieds nus. Quand avait-elle quitté ses escarpins ? Je ne sais plus, pourtant je ne regardais qu’elle. Je ne comprenais pas. Que faisions-nous là ?


La musique maintenant avait changé, des airs tsiganes d’Europe centrale, un violon grinçant, mais entraînant, qui la faisait tourner vite, comme le tournis qui prenait ma tête. Cette boisson était-elle frelatée ?

Enfin soudain, ses yeux s’allumèrent en s’intéressant à moi, comme si je venais d’apparaître. Elle me dit d’un souffle, « Viens, maintenant », en s’enfuyant devant moi, avec un rire sérieux.


Bien sûr je poursuivis sa course, elle courut plus vite. Nous avions quitté la foule. Dans la lande, elle veillait à maintenir la distance. Nous étions loin maintenant. Le soleil se couchait avec des teintes rouge et ocre. Une ancienne carrière d’argile s’ouvrait devant nous, une argile ocre presque dorée et mate sur laquelle le soleil se reflétait. Elle s’était arrêtée, les pieds enfoncés dans la glaise, me regardant avec son sourire aguicheur :



Je m’approchai reprenant mon souffle, soupçonnant une nouvelle ruse, je me jetai sur elle d’un bond, n’attrapant que sa cheville, nous sommes tombés l’un et l’autre dans cette boue jaune et rouge et la lutte a commencé.

Elle avait choisi le lieu, c’était ici sur son terrain, ma lutte avec l’ange. Incroyablement puissante, une force que je dirais aujourd’hui surnaturelle, et cela a duré longtemps, très longtemps. Elle me défiait, nous nous débattions, déchirions nos vêtements qui glissaient dans nos mains. La chaleur de l’été, et la chaleur de notre effort. Allongés sur cette terre humide et douce, nous glissions. La lutte était violente, mais sans coups, une lutte à mains nues. Nos corps étaient devenus complètement nus, mais le sien restait mystérieux pour moi, trop fugace, enrobé qu’il était de cette pâte d’or.

Elle glissait insaisissable de mes bras. Le blanc de ses dents et de ses yeux brillait et riait comme si la lutte était un jeu pour elle alors que de toutes mes forces j’essayais de la contraindre.


Son corps était magnifique, il brillait mélangé de cette argile et de son effort comme une seconde peau. Enfin ! Mes mains s’agrippèrent à elle ou en elle plutôt. L’une tenant sa nuque dans son étau, l’autre d’une manière totalement indécente, la tenait par le con, le pouce enfoncé en elle, les autres doigts faisant pince sur ses fesses.

Et je la soulevais debout au-dessus de ma tête comme un trophée indécent, comme une anguille vibrante et furieuse, frétillante dans les mains gluantes. Je sentais les soubresauts de son ventre comme si je tenais dans ma main un cœur battant essayant d’expulser ma main intruse en poussant de grands rugissements. Mais je la tenais fermement, restant un moment dressé, sans plus savoir quoi faire, fier de ma prise, mâle enfin mâle. Mon sexe dur et fort en vain vers l’horizon, et elle, suspendue dans le ciel, au bout de mes bras, comme une offrande, comme une victime, comme une proie.


Je poussai un grand cri de vainqueur, un cri de bête heureuse, sûr de ma force, sûr de ma vigueur, sûr de mon droit. La voyant enfin à moi, me voyant déjà la posséder, je la reposai enfin sur la grève pour la contempler encore, essoufflée, haletante. Mes mains toujours sur elle et en elle, je me mis à genoux pour la couvrir et la prendre.

Quand son œil s’est rouvert, un œil perçant au pouvoir immobilisant suspendit mon mouvement, suspendit ma victoire. La lutte n’était pas finie…


Elle me regarde, étendue sous moi, mais d’un coup, sans crier gare, elle se dégage. Je m’effondre à plat ventre dans la terre molle, pénétrant de mon sexe une vase informe, m’apprêtant à jouir dans cette surface immense, à ensemencer cette matrice des origines.

Mais elle me retient, de sa main d’acier soulève ma tête, l’embrassant à pleine bouche avec un rire puissant et chaud. Elle me retourne, je suis sur le dos, sous elle. Avec des lianes ou était-ce les racines de la mangrove émergeant du sol, elle me lie les mains et les jambes. Écartelé, je ne peux plus bouger. À califourchon sur moi, elle me regarde, m’embrasse à nouveau. Cette fois je sens une langue étrange me pénétrer la bouche. Une langue douce, mais longue, très longue, fourchue qui m’étrangle et m’étouffe de l’intérieur de la gorge.


Elle se redresse et sa langue comme un fouet immense me lacère, me gifle, m’encercle le cou me brûlant la nuque comme la traîne d’une méduse. Avec sa langue elle me caresse le torse. Elle se recule pour saisir mon sexe toujours raide, vertical ; de ses mains, de sa langue, elle fait plusieurs tours autour de mes bourses, autour de mon sexe, en serrant comme un nœud coulant très fortement. La sorcière me jette des regards fiévreux et gourmands. J’ai peur. Je ne peux éjaculer avec ce lacet qui m’étrangle, je ne peux pas non plus calmer ce désir qui ne m’appartient plus. Elle joue avec mon corps, délaçant sa langue pour mieux serrer ailleurs.


Enfin elle se place face à moi, sa langue dans mon oreille ou dans ma bouche et autour de mon cou. Son bassin avec une habileté fascinante comme si son sexe avait un œil se présente devant mon pieu dressé et aveugle, le gobant, l’aspirant, l’engloutissant, le régurgitant ensuite pour mieux l’avaler à nouveau.


Son corps sait exactement comment faire pour que cette autre bouche, pour que cette double rangée de lèvres s’ouvre à moi comme une fleur carnivore pour m’absorber. Parfois restant à l’entrée de sa grotte, coulissant par de petits mouvements rapides et courts, parfois me faisant plonger par le haut, m’enfournant jusqu’au fond dans de grands gestes lents où je sens la butée, où je sens les parois qui, comme une multitude de minuscules ventouses, m’embrassent chacune des parties de ma verge avec de petites pressions, de petits picotements, elle me masse dangereusement.


Je suis parti ailleurs perdu dans son regard. Je sens la vague qui la submerge et qui m’emporte moi aussi. Elle me serre la gorge et me serre le sexe en cadence de plus en plus fort, de plus en plus vite. Je la sens grandir au-dessus de moi, je me sens grandir en elle. Comme une chimère gigantesque, elle m’écrase et me tue. Et comme un pendu, mon érection est plus forte que jamais, mon sexe monstrueux, prêt à éclater en elle.

Cela semble durer une éternité. Une partie de mon cerveau s’est arrêté dans un état vaporeux. Je ne résiste plus, j’abandonne, je me relâche, je ne lutte plus.

Elle retombe sur moi, en poussant un grand cri dans la forêt, elle s’effondre immobile.


Et je me réveille doucement, la tête d’une enfant sage au creux de mon épaule, innocente, me regardant avec son doux sourire d’ange malicieux.