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n° 16029Fiche technique24467 caractères24467
Temps de lecture estimé : 15 mn
30/01/14
Résumé:  Liliane et Marc, un jeune couple, s'offrent des vacances. Une mésaventure marque la fin de leur séjour et réoriente les aspirations du couple.
Critères:  fhh jeunes extracon copains vacances boitenuit toilettes vengeance contrainte hmast pénétratio -couple+h -boitenuit
Auteur : Liliane03  (Effort de style)            Envoi mini-message
La nuit des sans-culottes

Je m’appelle Liliane. Quand j’annonce, la réponse est que ce n’est pas courant mais je sais qu’ils pensent que c’est ringard. Je m’en fiche. C’était le prénom de ma grand-mère. Il était déjà rare en 1988, l’année de ma naissance ; cette année-là quarante-huit petites filles ont été prénommées Liliane. Ce n’est pas grand-chose quand on rapporte aux huit cent mille naissances recensées annuellement en France ou par rapport aux milliers de Liliane qu’on baptisait chaque année dans les années 1950. Je n’invente rien, c’est sur Internet.


Les astres disent grand bien des Liliane : « … elle est très belle, d’une beauté à vous couper le souffle. » Ça aussi je l’ai lu sur Internet et des tas d’autres niaiseries du même acabit. J’ai épluché le sujet en long, en large et en détail sur tous les sites possibles et imaginables. En général je suis assez d’accord mais pas toujours : ils prétendent que l’infidélité est inscrite dans mes gênes. Demandez à mon homme, il vous dira que c’est du grand n’importe quoi.


J’ai épousé Marc l’an dernier. Il m’aime, je l’aime. Nous aurons deux enfants et mettrons le premier en route à notre retour de vacances ou peut-être l’année suivante. C’est une décision importante qu’il nous faut mûrement réfléchir. Avant cela nous voulons profiter de la vie. J’évoquai plus haut notre départ en vacances ; c’est pour ainsi dire notre voyage de noces. Question destination, je n’ai pas mon mot à dire ; nous avons hérité des tickets pour un séjour avantageux en Martinique. Ça tombait bien parce qu’on ne nage pas dans l’opulence. On économise pour acheter une maison. En attendant mon Cher-et-Tendre est tellement radin qu’il nous aurait fait crever la dalle au prétexte que c’est à la compagnie de payer la bouffe. Et pas moyen de les trouver ceux-là ; cinq heures que nous attendons le charter à l’aéroport. C’est long.


Nous avons le temps de faire connaissance. Près de deux cents que nous nous décomptons, surtout des gens d’un certain âge, des vieux si vous préférez. Les moins de trente ans sont rares. Une ségrégation que je ne sais pas expliquer fait que nous nous retrouvons ensemble dans des lieux stratégiques à siroter un coca ou à bouffer un sandwich ou bien à fumer un clope. On se reconnaît à nos bannières. Les coqs dressent la crête, les poules caquettent : Rémi est avec Aurélie ; m’a tout l’air d’une chieuse, celle-là. Lui, je l’aurais remarqué entre mille, il ressemble à Mika, le chanteur, mon type d’homme, plus grand que Marc, plus cool aussi.


Dans l’avion, je vois comment il me reluque. Et plus tard aussi… Son comportement reste cependant dans les limites, je gère, j’ignore simplement les invites et me défile quand la situation devient embarrassante. Le jeu m’amuse assez. La veille du retour, il n’est pas plus avancé qu’au premier jour… N’ai-je pas trop parlé ? Ai-je baissé ma garde ? Les autres sont encore à table, aveugles et sourds… Nous sommes seuls. Il me coince, me serre, me fait des papouilles baveuses dans le cou. Son forcing reste cependant bon enfant.



Ce n’est pas un prédateur, il n’est pas méchant, je m’échappe et fuis. J’ai chaud, très chaud et la chaleur n’est pas seule responsable. Mes nerfs n’ont pas relâché, la tension perdure dans mes veines, mon cœur bat à vive allure. Je n’en veux pas à Rémi, ni à personne d’ailleurs sinon à moi-même, car il me semble que ma réaction n’a pas été assez prompte. Que m’arrive-t-il ? Son sexe était dur, je le sais ! Ce n’est pas une vue de l’esprit, je l’ai senti contre mon ventre… J’ai besoin de me calmer. Je refuse de suivre Marc à la plage, prétextant les valises à boucler et le besoin de me faire belle pour le soir. Et de fait, les organisateurs ont planifié une soirée d’adieu à laquelle nous sommes tous conviés.


Boucler ma valise, une façon de parler, car j’en suis loin. J’hésite et ne parviens pas à trancher quant à la tenue que je vais mettre. Celle-ci ou bien celle-là ? Je regrette d’avoir laissé mes plus belles toilettes à la maison. C’est la faute de Marc. S’il n’avait tenu qu’à lui, je serais venue avec un short, un tee-shirt et une paire de baskets. Il en a fait toute une histoire parce que j’avais rajouté des escarpins : pourquoi des chaussures à talons ? On va à la plage, pas au bal, qu’il disait. Heureusement que j’ai tenu bon.


J’opte pour une robe légère et fluide, pincée à la taille, évasée sur les hanches, plus échancrée dans le dos que sur la poitrine. Elle est coupée à mi-cuisse, plus sage que mes tenues habituelles. J’aurais aimé plus sexy mais je n’avais pas qui allait aussi bien avec mes escarpins. Je trouve qu’elle me vieillit un peu, je fais plus mûre mais je ne déteste pas. Une note coquine : je fais l’impasse du soutif. J’imagine que Marc sera émoustillé, il aime quand j’affiche un peu d’audace. De toute façon, je n’ai pas le choix.


Pari gagné, Marc est tout excité. Il me bécote, me caresse et me pelote. Je lui intime gentiment mais fermement l’ordre de rester à distance, il me faut préserver ma tenue et ma coiffure. Il n’imagine pas le temps que j’ai passé à brosser ma chevelure pour lui donner du volume et créer un aspect crinière bohème. Le voile de laque que j’y ai vaporisé ne résisterait pas longtemps si je le laissais faire. Sur sa demande, je blouse un peu plus ma robe à la taille ce qui a pour effet de la faire paraître plus courte mais j’ai déjà à peu près optimisé le stratagème et le gain n’est pas très sensible. Il aime me voir sexy. En même temps je sais qu’il peut être jaloux ; mon homme est parfois compliqué à comprendre.


Marc n’aime pas danser, c’est un footeux plus à l’aise sur un terrain avec un ballon que sur un parquet à faire des passes d’un tout autre genre. J’ai réussi à éradiquer ce goût qu’il avait pour la troisième mi-temps, à bannir l’alcool ou du moins les excès. Il reste qu’il préfère être scotché derrière une bouteille de bière plutôt que m’accompagner sur la piste.



La copine de Rémi tire le nez des mauvais jours. Je fais celle qui ne voit rien et m’empresse incontinent à la suite de mon chevalier servant, lequel s’avère fort bon cavalier. J’apprécie d’être dans ses bras. Il y a quand même un mais, il abuse de la situation, j’ai le plus grand mal à le tenir à distance.



Arrêter quoi ? Les mains baladeuses autant que l’oiseuse conversation. J’accepte deux ou trois fois les invitations de Rémi puis refuse ensuite. Un comble pour une fille qui adore danser, d’autant que mon carnet de bal ne m’offre pas une autre alternative aussi talentueuse. La place étant vacante, les pépés défilent. Marc prend son tour une ou deux fois ; les tangos sont après les slows les seules danses pour lesquelles je parviens à le mobiliser. Pendant ce temps, les autres de la bande parlent d’aller en ville où il y aurait une boite plus branchée : électro, techno, rock… Marre du musette qu’ils disent. Les suivrons-nous ?


J’aurais aimé. Encore aurait-il fallu que Marc ne se prenne pas de bec avec le meneur de la bande. Combat de coqs, question de préséance, que sais-je ? Toujours est-il que mon homme refuse de faire allégeance, il a du tempérament. Nous restons, intime-t-il. Je n’insiste pas, Marc ne transige pas quand son honneur est en jeu. Et aurais-je malgré tout gain de cause je sais que la soirée finirait en pugilat ou en beuverie voire les deux. Alors…


Je me prépare à retrouver messieurs Dupont, Dubois et Martin, les meilleurs parmi mon fan-club. Je les aperçois au loin, ils suivent d’un œil l’altercation… Peut-être pressentent-ils que je vais bientôt être à nouveau disponible… Oups ! Rémi m’invite. Il n’a pas suivi les autres. J’en suis estomaquée et hypocritement pas du tout mécontente malgré nos démêlés. Une pensée insidieuse prend racine : « c’est pour moi qu’il est resté ». Ce garçon m’est sympathique en dépit de son harcèlement. Au vrai cette façon qu’il a de me courtiser ne m’est pas désagréable. C’est bien parce que je n’y suis pas insensible que je m’en garde. Le faible que j’ai pour lui fait qu’il ne m’en paraît que plus dangereux. J’aime mon homme et veux lui rester fidèle. Marc a récupéré son calme :



Du Marc tout craché ! Il a toujours su y faire en matière d’oraison. Puis s’avisant qu’il a sous la main le moyen de me faire plaisir.



Il sait très bien que j’aurais préféré suivre les autres mais à défaut de grives on mange du merle. Je ne dis pas ça pour dévaloriser Rémi. Il est au contraire un très bon danseur. Et un soupirant obstiné aussi… J’ai malgré tout du plaisir à repartir à son bras même si je m’attends à ce qu’il me drague pour ne pas faire mentir l’ordinaire. Les événements aidant, ma capacité de résistance s’est un peu émoussée et ce que je n’aurais pas accepté une heure ou deux auparavant, je le tolère dorénavant.


Ses prises sont serrées, un peu trop serrées selon moi mais j’admets volontiers que cela puisse être son style. Cela contribue d’ailleurs à sceller notre complicité, sa conduite est plus précise, nos mouvements sont coulés, nos deux corps ne font qu’un, nous glissons sur la piste… J’avais oublié les plaisirs que procure la danse avec un partenaire de cette trempe. Encore fallait-il que je me laisse aller. J’ai baissé ma garde et goûte la chaleur de notre harmonie pas tout à fait innocente aussi bien que le chant des sirènes.



Faudrait que je sois naïve pour y donner crédit mais ça fait quand même plaisir. La pause suit à point nommé, je plaque Rémi, rejoins Marc mais ne m’attarde pas et file aux toilettes. J’ai besoin de reprendre mes esprits. Rémi rapplique après un moment. Je suis devant le lavabo, tentant de refaire mon maquillage après m’être rafraîchie.



Un leitmotiv familier entre nous, mais cette fois je n’en dis pas plus, son baiser emporte mes derniers mots, sa langue s’active. La mienne ne reste pas longtemps passive. Je ne me rebelle pas quand il rabat la bretelle et dénude mon sein. Il pelote et caresse, notre baiser se fait plus passionné. Puis il abandonne mes lèvres et s’en vient téter et dans le même temps faufile sa main sous ma robe. Je laisse faire… Et l’aide même quand il entreprend d’ôter ma culotte… Pourquoi ? Qu’il me prenne, je le veux, je suis une chienne, une salope, une moins que rien, je n’ai pas d’excuse, je vais tromper Marc et en suis pleinement consciente. Cette idée pollue mon plaisir mais ne m’empêche pas d’aspirer ardemment à l’adultère vers lequel je m’achemine avec jubilation. L’insolite le dispute au sordide pour attiser le feu qui me ronge. N’y aurait-il pas eu le bruit de pas, j’aurais laissé Rémi me prendre, séance tenante, adossée au lavabo branlant.



Il me pousse dans la cabine la plus proche et nous y enferme. Notre attente vire au jeu d’adolescent, il m’embrasse, me caresse, me doigte… Le visiteur s’affaire, bruits d’eau qui coule, bruits de portes… Il cogne à la nôtre.



L’exclamation m’a échappé. J’ai l’impression de prendre soudain conscience de ce que j’allais faire. Je savais ce que je faisais, bien sûr, mais mon mari était loin maintenant il est là. La réalité a changé de dimension. Un début de panique accroît ma confusion. J’ouvre et me précipite dans les bras de Marc, l’embrassant comme si je cherchais déjà son pardon. Il me regarde d’un air hébété, fixe mon sein nu, puis Rémi dans la cabine, bouche et braguette ouvertes, puis ma culotte en évidence sur le lavabo, mais plus tout à fait au même endroit où je l’avais oubliée. Son visage se crispe d’un coup, l’incrédulité fait place aux soupçons. Il vérifie sans un mot, geste mécanique et précis, il sait comment faire : je suis cul nu, c’est indéniable.



Je prends les devants sans savoir le moins du monde quoi dire ou inventer. Inventer ? Je m’en garderais bien ou tout au plus une vérité arrangée mais pas trop ; Marc sent quand je mens. Je ne dois pas lui mentir. Je n’aurais pas à le faire, il ne m’en laisse pas le temps. Il a une réaction violente qui me déconcerte, j’ai d’abord peur puis je prends conscience qu’il se contrôle. J’essaie de me raisonner, prie et tremble. Marc n’est jamais brutal d’ordinaire. Le lien de mon collier a cassé, les perles se dispersent et roulent sur le sol carrelé. Il a résolument fait glisser ma robe sur mes épaules, sur mes bras puis sur mes hanches. Il est rapide et déterminé. Le vêtement gît en chiffon à mes pieds, sans doute déjà souillé sur ce sol plus que douteux. Je n’ose rien dire. Son regard est noir, il m’observe, un rictus mauvais déforme son visage.


Je suis face à lui, entièrement nue si ce n’est mes escarpins, mon alliance et la bague qu’il m’a offertes à l’occasion de notre mariage. Mariage ! C’est bien le moment d’y penser. Un flash ! Je comprends soudain avant même qu’il n’ait défouraillé, il veut me violer. Je ne sais si le terme violer est approprié. Quoi qu’il en soit, je lui en donne le droit. Je suis coupable et prête à payer pour mes fautes. Du reste ma prise de conscience ne va pas sans espoir ; je n’ai pas un grand âge mais j’ai néanmoins quelques expériences et sais combien l’oreiller peut être propice pour régler nos différends. Pour le cas, on se passera d’oreiller mais malgré cela je ne désespère pas de trouver la faille, aussi je m’ouvre et me fais accueillante pour recevoir l’assaut.


Sans doute rassuré par la tournure des événements Rémi s’approche, je l’aperçois, il tend son bras et ose une caresse timide sur la pointe de mon sein. Marc n’a pas réalisé, absorbé qu’il est à me besogner, assurant sa prise sous mes fesses et enfouissant son visage dans le creux de mon épaule à la naissance du cou, du côté opposé, de telle sorte qu’il ne voit pas l’intrus qui s’est approché. L’initiative de Rémi est quelque peu inopportune mais outre que je serais mal venue de me rebiffer, il y a que je ne veux pas faire de vagues. Je le laisse donc faire mais m’en détourne et me concentre sur Marc que je serre un peu plus dans mes bras noués autour de ses épaules tout en pressant un peu plus mon corps contre le sien. Ses bourrades sont déjà moins sauvages.


Difficile cependant de rester concentrée, la perte de ma robe me turlupine, car elle est perdue, je n’en doute pas. Qui voudrait d’une serpillière à chiotte ? C’est bête ! Comment vais-je rejoindre la chambre ? Je m’égare… Rémi pince méchamment mon téton, il essaie d’attirer mon attention. Que veut-il ? Il a sorti son sexe ; il veut que je le branle. Son membre est dur dans ma main, c’est grisant mais pas commode, j’abandonne après une dizaine d’allers et retours et reprends ma prise autour des épaules de Marc. Le bug ! Je m’imagine un instant baiser avec Rémi pendant que Marc est en train de me limer. Je chasse ces pensées dégueulasses autant qu’importunes et me recentre sur le plaisir que me dispense mon époux. Je sens qu’il va bientôt être à terme. En ce qui me concerne, je ne crois pas que je parviendrai à l’orgasme mais j’ai néanmoins du plaisir et j’aime lui en donner. Cet homme que je chéris et que j’ai un instant craint de perdre semble désormais apaisé. Par ricochet, je le suis aussi. Pas longtemps… Alerté par je ne sais quoi, Marc s’avise de la présence de Rémi à proximité et derechef l’envoie bouler.



La réaction de Marc me prend totalement au dépourvu. Par contre Rémi ne semble pas surpris, il a dû voir venir le coup.



On en reste là, l’intermède est cependant démobilisateur, Marc rame pour remonter la pente. Je glisse une main entre nous et malaxe doucement ses testicules. Je sais qu’il aime. Sans doute aurions-nous rattrapé le terrain perdu si nous n’avions pas été à nouveau dérangés. Des bruits de pas, deux personnes au moins, on les entend parler. Rémi s’engouffre précipitamment dans la première cabine à portée, celle que nous venons de quitter, Marc me pousse à sa suite. J’imagine qu’il n’a pas réfléchi, il pilonne ensuite pour réussir à se caser lui-même et fermer la porte. Résultats des courses : je suis à poil, coincée entre mon mec et un autre qui a failli être mon amant, tous deux la bite à l’air et bien en l’air. L’un me masse les fesses, l’autre me murmure des messes basses :



Il me presse contre lui et m’embrasse. Aurais-je marqué des points ?



Celle-là, je n’aurais pas été capable de l’inventer, mais pourquoi pas ? J’opine du chef et lui rends son baiser. Dans mon dos, Rémi s’active, je soupçonne qu’il a recommencé à se branler. J’ai l’impression qu’il utilise ma raie, pour guider son gland. De l’autre côté de la porte, les autres s’interrogent, nous avons laissé des indices probants, ma culotte sur le lavabo et ma robe au sol. Ça glose ! Ça amuse Marc plus que moi, ça l’excite même. Les autres ne sont encore pas partis qu’il m’enquille à nouveau. Notre exercice ne va pas sans raffut suscitant une recrudescence de l’hilarité chez nos voisins d’à côté. Marc y va de plus belle et je devine que Rémi s’astique plus que jamais. Bien que je ne vibre pas tout à fait au diapason, j’ai à cœur de ne pas contrarier l’enthousiasme des mâles.


Rémi éjacule le premier, je sens les coulées chaudes dans ma raie et sur mes fesses. Je n’ai plus aucun doute après avoir vérifié, mes doigts sont poissés de sperme. Je n’ai pas le temps d’essuyer, Marc me serre contre sa poitrine et largue à son tour, les soubresauts de son sexe dans le mien sont perceptibles, la chaleur de ses giclées inonde mon ventre et irradie du bien-être. Il relâche, moi aussi… À cet instant la cavalerie déboule, une armada… Des coups contre la porte, violents, menaçants… L’ordre de sortir, impératif… Stress, humiliation…


Le lendemain je constate que ma réputation a pris de la gîte. On me regarde comme un oiseau rare. Deux ou trois types osent des propositions. Au-delà de l’embarras d’être ainsi montrée du doigt, je pense à Rémi : « Les honnêtes femmes sont inconsolables des fautes qu’elles n’ont pas commises », disait Sacha Guitry, je ne saurais mieux dire ; il reste un petit goût d’inachevé. Ceci dit j’ai toujours le sentiment d’être une honnête femme malgré ce qu’on dit ; ces on-dit, qu’Aurélie ne digère pas et qui ont détruit à jamais le mince espoir qui subsistait de la rabibocher avec Rémi. Ce dernier ne semble pas ému par sa disgrâce ; lui et Marc sont désormais copains comme cochons. Notre mésaventure commune les a rapprochés, c’est le bon côté, on fait front commun contre les cons. On parle de se revoir. Nous aurons tout le temps d’approfondir la question et explorer nos opportunités durant le vol, décollage dans la soirée. On a fait en sorte d’avoir trois fauteuils contigus.


Quant à notre couple, tout baigne. Marc est vraiment l’homme de ma vie, je l’aime… Macho comme il est, j’avais craint un moment des rebondissements désagréables. Mais non ! Il s’en fout qu’il me dit, tous ces gens ne seront jamais de revoyure selon lui, alors… Son côté outrancier en est même exacerbé, il veut qu’on voyage léger. J’avais prévu un pantalon, il censure et choisit lui-même ma robe, outrageusement sexy, qu’il m’invite à porter sans fioriture, ni lingerie d’aucune sorte. Soucieux de me convaincre, il prône l’exemple et se débarrasse de son pantalon puis de son boxer pour ne renfiler que le premier.



Son argument n’étant pas décisif à mes yeux, il appelle Rémi à la rescousse, opportunément à portée de téléphone. Il n’est pas long à rappliquer ; l’affaire m’a tout l’air d’un coup monté. Une fois au fait de l’enjeu, Rémi convient que lui aussi va agir de la sorte et sur ce, joignant le geste à la parole, me donne à voir ses gambettes et avantages, à ceci près que le larron dresse la trique qu’il a bien du mal à remballer et laquelle dessine ensuite un relief extravagant au regard de la braguette du pantalon. Pour ridicule qu’il paraisse, l’hommage n’en est pas moins flatteur, il me va droit au cœur et aux tripes, je m’esclaffe à m’en rouler par terre… Quand je raconterai aux copines elles ne voudront pas me croire ; si je rédige un post sur Facebook, j’appellerai l’épisode : la nuit des sans-culottes.


Pourquoi j’adhère à ce projet insensé ? Je n’en sais rien ! J’ai un peu perdu mes repères depuis que nous avons été surpris en flagrant délit de fornication. La réprobation publique, réelle ou supposée, a un effet plus prévaricateur que rédempteur même si j’en garde certaines appréhensions. J’ai payé pour savoir ce que c’était d’être à poil au milieu de la foule. C’est humiliant en diable… et diablement excitant aussi. Ces regards braqués sur vous… L’étincelle dans les pupilles… la gourmandise des uns et le mépris des autres… L’arrogance était ma réponse. Pauvres petits mâles ! J’imaginais leurs queues dressées.


Marc lui aussi avait une trique du tonnerre, on a fait l’amour toute la nuit. Je suis sûre que pendant ce temps Rémi se branlait minablement… Je le plains, il était seul… Ce mec a le don de me faire fondre. Je crois qu’il a aussi embobiné Marc à moins que ce ne soit l’inverse… Je me demande ce qu’ils trament. Quoi que ce soit, notre retour ne manquera pas de piquant.