n° 16082 | Fiche technique | 55392 caractères | 55392Temps de lecture estimé : 32 mn | 07/03/14 |
Résumé: Je me retrouve seule dans l'appartement de ma tante avec un bien curieux colocataire... | ||||
Critères: fh fhh hplusag poilu(e)s handicap fsoumise exhib confession | ||||
Auteur : Elodie S Envoi mini-message |
Je déteste l’ambiance des hôpitaux. L’odeur caractéristique de désinfectant qui y règne m’indispose, et le personnel hospitalier, dévoué pour ses malades, considère souvent les bien-portants comme des importuns. Pour accéder aux services de réanimation, j’ai dû abandonner à l’accueil le joli bouquet de fleurs que je venais d’acheter, et je n’ai à donner à tante Adèle que les deux chemises de nuit que j’ai pu lui dénicher.
Je la découvre, les yeux mi-clos, encombrée de tuyaux de perfusion, dans le sombre recoin d’une immense salle où la plupart des lits sont occupés. Je m’approche d’elle, très émue, et pose ma main sur la sienne. Elle ouvre les yeux et me gratifie d’un beau sourire un peu las.
Une infirmière un peu revêche s’approche de nous et m’informe que les soins vont commencer. Après avoir chaleureusement étreint tante Adèle, je m’éclipse et quitte l’hôpital en oubliant même le bouquet que j’avais laissé à l’accueil.
Pendant le retour en métro, le film de mes derniers mois dans la capitale défile dans ma tête. Le départ de mon Auvergne natale, l’inquiétude et les recommandations de ma mère, le faux détachement de mon père, la jalousie à peine cachée de mon frère… L’installation chez « tante Adèle », en fait une lointaine cousine parisienne de ma mère que j’avais peu connue jusque là…
Bien que désuet et sombre, son appartement est propre et vaste. Nous vivons principalement dans la cuisine, car l’immense salle à manger et le salon sont fermés ; les meubles y sont recouverts de housses. Par contre, elle a fait installer dans ma chambre, aussi grande que celle que j’avais à Clermont-Ferrand, un bureau flambant neuf pour faciliter mes révisions.
En découvrant la BD éponyme qu’il m’a offerte, j’ai compris pourquoi mon père l’appelait « Prudence Petitpas ». Outre le chat, elle a cette allure un peu recroquevillée de certaines vieilles dames qui masque un dynamisme incroyable et une agilité d’esprit peu commune, qu’elle exerce autant à la critique des programmes et vedettes de la télévision qu’à la réalisation en un rien de temps des mots croisés. Quelques photos jaunies dans le salon me prouvent qu’elle a eu un homme dans sa vie, mais elle a toujours réussi à éluder finement mes questions sur le sujet. Par contre, elle a des envolées féministes, voire quasi femenistes assez savoureuses pour critiquer les hommes en général. Bref, j’ai découvert en trois mois une vieille dame de charmante compagnie, avec laquelle je vis de bon cœur.
Notre train-train quotidien a été bouleversé il y a un mois par l’installation dans la chambre du fond de l’appartement, qui dispose d’une entrée indépendante, d’un homme d’une cinquantaine d’années, monsieur Leloup, proche d’une relation provinciale de ma tante. Grand, sec, avec un visage en lame de couteau, des yeux noirs très enfoncés, une grosse moustache poivre et sel, le nouveau colocataire m’a inspiré d’emblée une certaine crainte. J’ai redouté que cet intrus casse le charme de notre relation. En fait, il est très souvent absent et n’a partagé que trois de nos dîners, au cours desquels, malgré sa froideur silencieuse teintée d’un certain mépris, il a révélé qu’il travaille dans le commerce des œuvres d’art en parcourant le monde. En sa présence, Adèle a manifesté de véritables talents de cuisinière sans jamais aborder son souhait de libérer les femmes du joug des hommes !
J’assume donc ma nouvelle vie d’étudiante sage et studieuse, détachée du carcan de sa province natale. Les deux seuls points négatifs dans ma nouvelle vie sont la durée des trajets pour me rendre à la fac et une vie affective et sexuelle quasi monacale, ponctuée seulement de deux aventures sans lendemain avec des camarades de fac depuis mon arrivée.
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Sur les conseils insistants de ma mère, je suis allée tous les jours voir Adèle depuis son hospitalisation. J’ai dépensé une petite fortune en boîtes de chocolats dont elle raffole et qu’elle offre avec générosité à tout l’hôpital ! Elle a assez vite récupéré, au moins sa tête après son léger accident cardio-vasculaire, et le médecin lui a prescrit un transfert dans une maison de repos médicalisée de banlieue (ah, les déplacements en région parisienne !) alors qu’elle croyait pouvoir rentrer chez elle.
Selon ses directives, je m’occupe du chat, un gros matou qui ne m’est même pas reconnaissant des attentions félines que je lui porte, j’arrose les plantes consciencieusement, ce qu’elles ont l’air, elles, d’apprécier, et je lave et repasse les effets de monsieur Leloup, lorsque celui-ci les laisse dans la corbeille à linge, ce qui l’a laissé indifférent ; je ne l’ai croisé que deux fois depuis l’hospitalisation de ma tante, et son mutisme habituel ne m’a permis d’entendre que de secs :
De manière surprenante, ce soir, il n’a pas repris son linge repassé à l’office, comme il le fait chaque semaine. Je décide donc, un peu intimidée, d’aller le lui porter dans sa chambre. J’entre, après avoir frappé. Personne ; la pièce est sombre, beaucoup plus que la mienne. J’ouvre la petite fenêtre, ça sent le renfermé. Quelques vêtements sont jetés sur une chaise, le lit n’est pas fait. « Une chambre d’homme ! » dirait ma tante. Une grande table est encombrée de bouquins d’art. En tirant le rideau pour aérer, je découvre un chevalet assez imposant et pourtant dissimulé. Je m’approche, et aperçois le dessin au fusain d’une fille nue qui sort de sa douche, les cheveux ruisselants. Le tableau paraît de qualité. Et là, patatras, je réalise : la fille qui s’exhibe au sortir de sa douche me ressemble incroyablement !
J’en ai le souffle coupé et la tête qui tourne, et dois m’asseoir sur le lit pour retrouver mes esprits. Presque calmée, je scrute le dessin pour en étudier les détails. C’est incroyable : elle a autour du cou le petit pendentif en forme de toutou que m’a offert un ex, sous le sein gauche mon grain de beauté, mon épilation intime en ticket de métro, et même à l’aine ma petite cicatrice, délicat souvenir d’un frein un peu trop agressif lors d’une chute de vélo quand j’avais huit ans !
Entre rage et larmes, je claque la porte et cours me réfugier dans ma chambre, où de bienfaisants sanglots me soulagent peu à peu. Ma tête se remet à fonctionner. D’abord, effacer les traces de ma visite… Je retourne donc sur les lieux de ma découverte. En remettant le chevalet dans sa cachette, je découvre, involontairement, un second croquis sous le premier. Là aussi, je suis entièrement nue, assise, la jambe posée sur le rebord de la baignoire en me faisant les ongles d’un pied. Par ma position, j’ai la chatte légèrement entrouverte, mes lèvres intimes se distinguent. D’un regard qui se veut d’une froide expertise, je jauge l’œuvre, et la trouve quand même un peu moins ressemblante que la première. Mes traits me paraissent un peu grossiers, ma poitrine trop lourde, mes hanches épaissies. Je range l’ensemble, reprends le linge propre, le remets dans l’office, comme si mon audacieuse expédition n’avait existé que dans mon esprit.
Comment cet être pervers a-t-il pu deviner tous les détails intimes de mon anatomie, sinon en m’espionnant en petite tenue ? Comment vais-je pouvoir vivre, proie bien seule et fragile, sous le même toit que ce dangereux psychopathe ? Dois-je appeler mon père, Adèle, la police ? Les idées s’entrechoquent ; je file dans la cuisine me servir un verre de Martini, comme nous en avions l’habitude parfois avec tante Adèle…
Je finis par me calmer et oublier ma honte. Cela doit faire un certain temps que je sers de modèle malgré moi à cet « artiste », et il ne m’est rien arrivé de grave jusque là. S’il avait été un malade sexuel, il m’aurait probablement entreprise dès le départ d’Adèle. Mais comment a-t-il pu me surveiller ainsi ? Une inspection détaillée de ma salle de bain s’impose…
Je ne mets pas longtemps à découvrir, au bord du miroir, un trou presque de la taille d’une petite pièce de monnaie. Trop concentrée par mon image dans la glace, je ne l’avais jamais remarqué. De l’autre côté de la cloison, il y a une pièce que je n’ai jamais explorée. La porte en est verrouillée. Qu’importe, je vais chercher à la cuisine le trousseau où ma tante range toutes ses clés. Il y en a plus de vingt, et c’est pratiquement la dernière essayée qui ouvre le mystérieux local. Il est étroit, borgne, éclairé par une ampoule nue, encombré de vieux cartons. Sur le plus haut d’entre eux, je découvre l’arme du crime, un fusain presque neuf. Soulevant ce support, je visualise le trou, qui semble avoir été agrandi assez récemment, à en juger les débris sous le carton du dessous. J’y colle l’œil : tout est noir. Je vais allumer dans la salle de bain, et parcours à mon retour le vaste champ de vision qui va de la baignoire jusqu’à la porte d’entrée où pendent ma nuisette et ma serviette de bain. Maintenant je sais tout : le nom du criminel, son arme et sa cachette ; la brillante inspectrice va pouvoir confondre le vilain coupable !
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Pendant les jours qui suivent, je fais travailler mes neurones. Il me faut un flagrant délit, mais je crains la réaction de l’impétrant lorsqu’il sera confondu. Si je suis victime d’une tentative de viol, je dois me protéger. J’élabore le plan parfait.
Grégoire, un de mes camarades de TD, est un féru d’informatique, aussi fort en thèmes que maladroit avec les filles. Après l’avoir aguiché ce qu’il faut, je lui demande s’il est possible de joindre une photo à un SMS pré-rédigé et de l’envoyer dès la prise de la photo. Après quelques manipulations avec mon portable, il me prépare l’opération et m’explique la manœuvre à suivre.
Puis je demande d’un ton détaché à Mylène, ma meilleure copine :
Malgré l’insistance de mon amie, je reste mystérieuse sur les événements qui motivent mes craintes. Mon piège est prêt ! Dorénavant, chaque fois que je rejoindrai la salle de bain, j’aurai mon portable à la main, prêt à photographier et à transmettre ce message pré-rédigé : « Je suis victime d’une tentative de viol, mon agresseur est sur la photo, appelle la police ! ».
J’imagine déjà la surprise de M. Leloup quand, après avoir enfoncé la porte, il se trouvera, nu, le sexe bandé, pris en photo ! Il me suffira de profiter de sa surprise pour le repousser suffisamment longtemps pour laisser aux flics le temps d’intervenir…
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Voilà quinze jours que mon piège est tendu. Je désespère, rien ne s’est passé. Tante Adèle va de mieux en mieux, elle piaffe pour rentrer chez elle ; le médecin veut la garder encore deux mois. Lors de mes visites – qui s’espacent de plus en plus – j’ai droit de sa part à la caricature au vitriol de ses collègues d’infortune, surtout lorsqu’ils sont masculins !
Même Mylène ne me pose plus ses embarrassantes questions ; mon plan est au point mort. Par deux fois, j’ai croisé mon tourmenteur et ai eu droit à de sèches salutations. Pourtant, je passe de plus en plus de temps dans la salle de bain ; je me maquille avec une lenteur contenue, je prends des poses lascives, bombant ma poitrine, accentuant la courbure de mes hanches. Une fois où j’ai cru sentir la présence de M. Leloup de l’autre côté de la cloison, j’ai même appuyé mon sein contre son trou d’observation, comme si je voulais faire de sa pointe une arme pour l’éborgner. Mais elle était trop épaisse, et probablement pas assez acérée pour parvenir à cette fin ! Je me suis souri à moi-même en imaginant les titres de la presse trash le lendemain matin : « Elle crève l’œil de son mateur avec la pointe de son sein ! ».
Étrangement, ces séances de poses imaginaires me font de plus en plus d’effet ; j’en sors troublée et presque même déçue. La nuit, j’en arrive à rêver de devoir me soumettre aux assauts effrénés de mon colocataire, et me réveille toute humide et en manque. Il me faut agir…
Je profite d’un samedi matin pour inspecter à nouveau le local contigu à la salle de bain. Rien n’y a changé, tout au plus le fusain me paraît-il davantage consommé. Une pile de chemises dans les bras, je vais frapper à la chambre de M. Leloup. Comme personne ne répond, je pousse prudemment la porte. Toujours le même désordre… J’écarte le rideau : le chevalet n’y est plus. La grande armoire, elle, est fermée à clé. L’enquête de l’inspecteur Élo patine… Par conscience professionnelle, je vérifie sous le lit. J’y découvre le chevalet, soigneusement plié, et un grand carton à dessins. J’hésite, le saisis, l’ouvre sur le lit. Il contient une dizaine de dessins.
La plupart représentent deux filles, une fluette et une frisant l’obésité, dont les mains et les lèvres s’activent sans vergogne sur la plastique de l’autre. Des disciples de Lesbos, visiblement en poses pour le crayon du peintre. Je retrouve les deux dessins me concernant, ainsi qu’un troisième, à l’état d’ébauche. Je suis de trois quarts arrière, la tête retournée vers l’artiste, les jambes un peu écartées, nouant sur le devant l’agrafe de mon soutien-gorge dont les bonnets pendent, ridicules, dans mon dos. Enfin, je suppose que c’est moi, car les traits du visage ne sont pas encore dessinés. Mais mon sein gauche avec son grain de beauté pointe de manière scabreuse un profil érigé presque en direction du dessinateur. La colère que j’avais éprouvée lors de ma première découverte a fait cette fois place à un trouble malsain. Il continue donc à m’espionner, mais d’une manière presque douce, insidieuse, sans même avoir un geste trahissant sa présence, comme si je ne représentais qu’un modèle glacé. Il ne me croque qu’au figuré !
Toute la journée, j’ai tant bien que mal essayé de réviser, les examens de milieu d’année se profilant dangereusement. Mais j’ai bien du mal à me concentrer. En fin de journée, je rejoins la cuisine pour me préparer un thé. J’hésite sur le programme de la soirée : continuer mes révisions ou regarder une toile suivie d’une sortie en boîte avec Mylène. C’est alors que j’entends des pas s’approcher. À tout hasard, je mets mon portable en position SOS…
Son immense silhouette s’encadre dans la porte et il me lance de sa voix caverneuse :
Je plonge la tête dans ma tasse de thé et pique un fard de débutante. Quelle idiote je suis ! J’ai laissé ses chemises propres dans sa chambre ! Il reprend :
Il me fixe en silence, je n’arrive pas à soutenir son regard.
Je pique un nouveau fard, encore plus violent. Ma main s’approche de mon portable… Il continue :
Je me cabre, m’étouffe presque d’indignation. Je lui lâche mon venin :
Je bafouille, furieuse, contre lui et surtout contre moi d’être aussi maladroite dans mes propos :
Je m’emmure dans un silence gêné, évitant son regard, tentant de maîtriser mon souffle. Il reprend :
Je me rends compte qu’à ce stade, je n’ai guère de raison de repousser sa proposition. Je marmonne du bout des lèvres mon acquiescement, lui propose un thé, qu’il accepte. Pendant que je le prépare, il va chercher ses dessins.
Lorsqu’il revient, il en déroule un sur la table, celui où mon visage n’était pas achevé. Il me toise, et commence à faire courir la pointe de son fusain sur le papier. Je ne peux m’empêcher de regarder mes fesses, largement exposées, et ce sein qui semble tendu par un désir ardent. Je serais vraiment nue, là, maintenant, devant lui, je n’aurais pas plus honte… Mais je suis sagement assise, correctement vêtue, dans cet appartement vieillot pour servir de muse à celui que je rêvais il y a peu d’envoyer en prison !
Sa langue peu à peu se délie, et tout en crayonnant, il me parle de son métier, de ses voyages, de Buenos Aires et de New York, dont il revient. Je ne réponds que par de brèves onomatopées, mais son monologue est intéressant et me fait rêver. Mon ressentiment à son égard peu à peu s’évanouit. Je le regarde aussi. Ses traits sont certes tranchés, comme coupés au couteau, mais il émane de lui une certaine assurance protectrice, une virilité contrôlée que l’âge a renforcée. Son regard est perçant, sa moustache souriante.
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Voilà bientôt deux heures qu’il affine mes visages. Lorsqu’il m’a demandé ce que je pensais des deux premiers croquis qu’il avait achevés, je lui ai dit franchement que mes traits me paraissaient trop lourds sur celui où, assise, je me fais les ongles des pieds, et qu’il avait exagéré ma poitrine sur celui où je sors de la douche. En souriant, il m’a répondu :
Une crise de fou-rire conjointe nous a obligés de cesser l’espace d’un moment la séance de retouches. Lorsque je sens qu’il va achever ses retouches, presque malgré moi, en toute spontanéité, je lui propose de manger un morceau avec moi.
Surpris, il me dévisage longuement, de manière plus chaleureuse que celle dont il me gratifiait les fusains à la main, et il me répond :
En un tour de main, je déniche des gésiers de canard confits et me lance dans la préparation d’une salade périgourdine. J’ai droit à ses félicitations pour l’esthétique de mon dressage, et il disparaît à nouveau pour revenir avec une bouteille de Cahors dénichée je ne sais où.
M. Leloup me complimente à plusieurs reprises pour ma salade, pourtant assez simple, se ressert par trois fois et remplit mon verre dès qu’il est vide, moi qui n’ai guère l’habitude de boire du vin… J’ai droit à une batterie de questions sur ma famille, mes études, mon adaptation à la vie parisienne. Il aborde aussi un sujet bien plus personnel :
J’élude le sujet en lui faisant part de mon souhait d’étudier un peu dans la soirée. Je me lève et dessers. Il me gratifie d’un sourire enjôleur, me remercie pour le festin et me dit aller rejoindre sa chambre. À peine la vaisselle achevée, je retourne dans la mienne, m’adosse à la porte. Les idées se bousculent dans mon crâne, le vin me fait tourner la tête. Je ne suis pas en état de travailler !
J’opte pour une bonne douche réparatrice, mais, par défi, je décide de laisser la porte légèrement entrouverte. Je suis presque déçue lorsque, ruisselante, je découvre le couloir désert. Cette fois je l’ouvre en grand, et tout en chantonnant, j’enfile ma nuisette et mon shorty et m’installe devant le miroir, comme pour me démaquiller alors que je ne le suis pas. C’est alors que je sens sa présence : il s’approche tel un loup de sa proie ; et ce soir, je suis folle, je veux être sa proie.
Il s’arrête dans l’embrasure de la porte. Je feins de l’ignorer, et sens son regard courir sur mon corps. Je ressens comme une caresse ce lent balayage de ma peau ; mes pores se hérissent, et dans mon ventre naît ce nœud que me fait éprouver le désir d’un homme. Il me murmure :
Nos regards se croisent. Pour la première fois, j’ose soutenir le sien. Je me lève, prends sa main, le conduis vers ma chambre.
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Je lui fais face et, avec lenteur, je remonte les pans de ma nuisette qui finit sa course sur ma lampe de chevet, tamisant sa lumière. Sans le quitter des yeux, je fais glisser mon shorty. Je suis nue devant lui, immobile, passive. Il avance ses mains, les glisse sous mes seins, en forme de coupelles. Sa peau est un peu rêche, mon souffle devient rauque. Ses paumes, enrobant ma poitrine, y déclenchent d’intenses fourmillements. Mes tétons se cabrent et durcissent, je chavire ; il me pousse lentement vers mon lit sur lequel je m’affale. Il se penche sur moi, ses lèvres se joignent aux miennes, sa langue me pénètre et joue avec la mienne. Sa moustache me chatouille, grisant contact pour moi, ignorante jusque là de l’effet érotique de baisers aux poils drus. Ses mains courent sur mes flancs, mes cuisses, mes fesses, se glissent entre nos ventres. Le contact entre le tissu un peu écru de ses vêtements et ma peau nue m’électrise.
Je ne sais comment il évite de m’écraser sous lui, à l’inverse des garçons que j’ai connus jusque là. Je me livre à lui, immobile, lascive, toute à mon abandon. Son index court le long de ma fente, lentement, de haut en bas, puis remonte, comme pour mieux m’ouvrir. De son autre main, il m’empaume une fesse. Je sens l’humidité sourdre de mon intimité ; je me contiens malgré l’envie que j’ai de lancer mon ventre vers ce doigt inquisiteur. Sa moustache me chatouille le cou, son odeur poivrée imbibe mes narines. Tout doucement, il m’ouvre, écartant mes pistils. Il atteint mon bouton, le frôle, le cajole, le pince, l’étire, le relâche. Je suis sa poupée docile, haletante, au bord du nirvana. Il enfonce ses doigts ; mon ventre s’agite malgré moi. Il accélère son va-et-vient ; un flot impétueux jaillit de mes tréfonds, je crie, je le mords, la jouissance me dévore.
Intégralement vidée, je retombe sur le dos, ferme les yeux. Je plonge quelques instants dans l’inconscience bienheureuse qui suit l’intense plaisir vécu par mes sens exacerbés par une période trop longue de chasteté.
Les yeux fermés, alanguie, les jambes ouvertes, je l’attends pour une nouvelle charge, plus complète cette fois-ci. Je vais lui demander d’enfiler un préservatif ; je suis prudente quand même… Il tarde ; il doit s’être déshabillé et range ses vêtements. Étonnant, il ne m’a paru pourtant pas très soigneux, lorsque je me suis subrepticement introduite dans sa chambre…
Je m’éveille, je me suis assoupie. J’ouvre les yeux : personne ! Combien de temps ai-je somnolé ? Où est-il donc passé ? Bien sûr, il doit être à la salle de bain, je l’ai copieusement mouillé. À regret, péniblement, je me lève. Personne non plus ! Qui est donc cet homme, le premier à ne pas vouloir m’ensemencer rapidement et qui, après m’avoir donné un intense plaisir, s’évanouit ainsi sans satisfaire le sien ? J’hésite : le retrouver dans sa chambre ou l’attendre lascivement sous ma couette ? J’opte pour la seconde solution.
Dimanche matin. Il fait grand jour quand je m’éveille, seule dans mon lit. S’il n’y avait ma nuisette bizarrement posée sur ma lampe de chevet et mon shorty jeté à même le sol, je pourrais croire que j’ai fait hier un de ces rêves érotiques qui m’assaillent parfois. Il a disparu. J’ai honte à double titre : je me suis livrée corps et âme à un pervers sexuel, et j’ai dû faire une bourde qui l’a fait fuir ! Ni vraiment sage, ni totalement satisfaite ! Je me sens terriblement mal à l’aise.
Après une douche tonique et un copieux petit déjeuner, je décide de me plonger dans mes révisions. Mais les images de mon aventure nocturne ne cessent de me revenir à l’esprit, et je décide de prendre le taureau par les cornes, si je puis dire. Sans bruit, je rejoins la chambre de M. Leloup ; il me faut des explications. Je frappe, pas de réponse. J’ouvre : personne, le désordre habituel, même pas un petit mot griffonné à mon intention. Le mystère s’épaissit !
Je traînasse jusqu’en milieu d’après-midi, peu studieuse, puis je file voir ma tante. Dès qu’elle me voit, elle me lance :
Je n’ose pas demander lesquelles, Adèle a déjà semblé plutôt surprise de ce repas pris en commun. Je la laisse poursuivre un intense monologue sur les habitants de la maison de retraite dont aucun ne sort indemne… Je suis sûre qu’elle va cependant leur distribuer les chocolats que j’ai pris soin d’apporter dès que j’aurai le dos tourné !
La semaine s’écoule, parsemée de partiels, que je réussis moyennement. Chaque soir, je tente une expédition au fond de l’appartement, sans succès. Je laisse la porte de ma salle de bain grande ouverte, sans résultat. Mon cher pervers-presqu’amant a disparu.
Machinalement, le vendredi en fin d’après-midi, sans frapper, je pousse sa porte : il est là, debout, qui me sourit ! Après quelques secondes d’immobilité pour digérer ma surprise, je décide de sortir le grand jeu, puisque je l’ai sous la main pour un nouveau strip-tease. Tout en le regardant, je fais glisser mon jean, ôte, bouton après bouton, mon chemisier, et esquisse quelques entrechats en culotte et soutien-gorge devant lui. Son sourire s’accentue. Nous n’avons pas dit un mot. Je poursuis mon effeuillage, le plus lentement possible, donnant à chacun de mes gestes toute la lascivité que je ressens. Une fois nue, j’esquisse une danse orientale, vague souvenir d’un stage d’été, puis m’avance, me colle contre lui, me hisse pour prendre son cou et l’embrasser fougueusement. Il répond en me serrant dans ses puissants bras. Je frotte mes seins contre son torse, mon ventre contre le sien.
Je vais me glisser contre lui, le prendre dans ma bouche ; je sais qu’aucun homme n’est capable de résister à une douce fellation. Je me laisse donc aller le long de son corps, mais, à peine ma descente esquissée, il me prend par les poignets et me relève avec une fermeté surprenante de sa part. Il me pousse vers le lit, m’y fait asseoir et écarter les jambes puis s’agenouille devant moi. La caresse de sa moustache drue sur la peau tendre de mes cuisses m’envoie des ondes presque insupportables dans le bas-ventre. Sa langue me pénètre ; il m’aspire, il me tète. L’état d’excitation dans lequel m’avaient laissée ses dernières caresses fait que très vite je rugis, et j’inonde son visage de vagues de cyprine. Il me boit intégralement. Je serre les cuisses pour, cette fois, éviter qu’il m’échappe.
Décidément, un homme d’un demi-siècle est bien meilleur amant que ceux d’à peine un quart que je fréquentais jusque là !
Une fois mon souffle calmé, je me laisse tomber sur le lit en l’attirant près de moi. J’entoure ses épaules et me love contre lui. Il me regarde toujours, avec un grand sourire. Alors je lance une main espiègle vers sa virilité : mon tour est venu de le rendre heureux.
À nouveau, il bloque mon geste de manière ferme, presque brutale, se relève et rompt notre curieux silence :
Je lui jette un regard implorant. Même s’il est marié, fidèle, etc., il a tort de troubler ce merveilleux moment !
Il éclate d’un rire franc, écarte une mèche rebelle qui tombait sur ma joue, et continue :
Au fur et à mesure de son histoire, sa voix devient plus rauque. De gros sanglots jaillissent de mes yeux ; il me prend dans ses bras, tentant de me consoler. Je me blottis dans ses bras, nous restons un long moment ainsi, un peu comme deux corps flottant à la dérive…
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Ce sont ses caresses qui me réaniment, des caresses presque chastes et, si je n’étais pas nue, j’aurais pu les croire prodiguées par mon père.
Alors je lui raconte tout, l’angoisse qu’il avait générée chez moi, le piège que j’avais conçu, le cinéma que je m’étais fait dans la tête, comment j’étais devenue presque une héroïne ayant permis l’arrestation d’un dangereux psychopathe. Il rit de bon cœur à mon histoire et me dit être prêt à faire de la prison pour moi. Je ne peux cependant m’empêcher d’ajouter à la fin de mon récit :
Je me mords la langue en achevant cette phrase, consciente d’avoir commis une gaffe. Il marque un temps d’arrêt, prend mon visage entre ses mains et me susurre un étrange :
Je reste songeuse. Il est vrai que, ne recherchant pas la séduction à la fac, je suis en permanence en jean et blouse peu suggestive…
Ce soir-là, j’ai étudié tard. Mes neurones fonctionnaient parfaitement…
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Je traîne un peu en ce samedi matin. Ménage, lessive, corvées traditionnelles du week-end. Au retour de ma visite à la maison de convalescence, je trouve trois paquets sur le pas de ma porte, assortis d’un petit mot :
Dans le plus gros, il y a une paire de superbes bottes noires montantes, avec des talons prononcés. Le second contient un ensemble en lycra rouge, jupe très courte et blazer avec un zip en diagonale sur le devant. Le troisième contient de la lingerie, une paire de bas autofixants, et un ensemble string/soutien-gorge noir avec une fine couture liserée rouge, en voile ultra-transparent ! Visiblement, M. Leloup souhaite améliorer ma tenue quotidienne…
Je ne peux résister à l’envie d’essayer ces nouveaux atours. Les bonnets du soutien-gorge, de taille B, ont bien du mal à contenir mon buste, qui déborde quelque peu. Même chose pour le blazer, que je ne parviens pas à zipper jusqu’en haut. La jupe couvre tout juste les dentelles du haut de mes bas et, s’ils me grandissent, les talons de mes bottes me donnent une démarche chaloupée.
J’ai du mal à me reconnaître ainsi habillée, ce n’est vraiment pas mon style habituel ! Au lieu d’aller réviser mes partiels, je passe plus d’une heure à prendre des poses devant ma psyché. Je déniche un rouge à lèvres à peu près du ton de mon ensemble, et un petit béret assorti qui donne une note un peu plus fantaisiste à mon look. Quitte à rester dans l’univers des apparences en désertant celui du savoir, je me fais les ongles et parfais mon épilation. Je suis prête bien avant l’heure fixée et ronge mon frein devant une série télé vraiment nulle.
À l’heure fixée, j’entends mon bienfaiteur arriver. Je me précipite vers lui et lui demande, anxieuse :
Il m’enveloppe d’un regard enveloppant et répond :
Nous éclatons d’un rire partagé et sortons jusqu’à sa voiture dont il m’ouvre galamment la portière. C’est un modèle courant, une 308 me semble-t-il. Je me rends compte combien il m’est difficile, avec cette jupe, de m’asseoir sans révéler le haut de mes bas et même un peu plus.
Nous traversons pratiquement tout Paris. Mon chauffeur s’amuse de mon ravissement devant les lumières de la ville du même nom. Ça change de Clermont, et je connais davantage les couleurs des couloirs de métro (et, aussi, hélas, leurs odeurs) que les monuments de la capitale ou les rives de la Seine.
Nous pénétrons dans un restaurant d’une quinzaine de tables, dont une bonne moitié sont occupées, et un garçon de mon âge environ se précipite vers mon cavalier :
Nous prenons place, et le dénommé Enzo nous tend la carte. Arrive alors le patron, un homme de l’âge de mon compagnon. Plus petit que son fils, il est râblé, avec de gros bras découverts par sa chemise et incroyablement poilus. Il a une tête toute ronde, une fine moustache et une légère calvitie, mais déborde visiblement de vitalité. En me voyant, il se fige, émet un sifflement et se tourne vers mon compagnon :
L’accent italien prononcé du restaurateur donne à ses propos une truculence qui adoucit leur côté un peu machiste.
Tout en parlant, il plonge son regard avide tout au fond de mon décolleté. J’essaie, sans grand succès, d’en remonter le zip.
La nourriture est en effet succulente, le rosé gouleyant… Le patron déserte à plusieurs reprises sa cuisine pour s’enquérir de ma satisfaction et vérifier en même temps que ma gorge s’expose toujours, à tel point que son fils Enzo nous dit sur le ton de la confidence :
M. Leloup me parle de son métier, qui consiste à détecter, aux quatre coins du monde, les artistes d’avenir, dont les toiles s’arracheront dans les grandes salles de vente. Il m’explique comment il procède mais, béotienne en la matière, je ne comprends pas tout. Au dessert, j’ai droit à un remarquable tiramisu, puis Dino nous invite :
Au bras de mon cavalier, je monte un étroit escalier et pénètre dans une étrange pièce rectangulaire. Au fond, il y a un bar avec de hauts tabourets et des bouteilles alignées. À côté, une porte menant aux sanitaires, un vaste sofa et une grande table basse. Les trois autres pans de murs, drapés de tentures de velours rouge, sont couverts d’un grand nombre de tableaux, de toutes les tailles, dans toutes sortes d’encadrements. Il y a des huiles, des gouaches, des eaux-fortes, des lithos, des fusains, des crayons, etc.
Tous représentent des nus, dans toutes les positions imaginables. Il y a de toutes jeunes filles, des femmes plus voluptueuses ; certaines m’évoquent Rubens, voire Botero. L’impression est étrange, et je trouve que la diversité des encadrements nuit à l’harmonie de l’ensemble.
Je lui souris et rétorque :
Une fois le tour rapide des œuvres exposées – plusieurs dizaines en fait – nous rejoignons le bar. Je me hisse sur un des tabourets ; ma jupe découvre mon string ! Il m’est impossible de rester juchée sur de tels sièges sans découvrir intégralement mes jambes. M. Leloup devine ma gêne et un large sourire illumine son visage. Je suis fascinée par la manière dont son expression faciale, sombre et renfrognée, s’éclaire à ces moments-là.
ooooOOOOoooo
Le bruit de la porte qui s’ouvre m’interrompt dans ma réflexion, et je me laisse glisser du tabouret pour ne pas m’exhiber. Lino, sans le tablier de cuisinier qui lui ceignait jusque là les reins, appuie sur un interrupteur qui allume d’étranges spots de couleur rouge, s’avance vers moi et me lance de son accent chantant :
Faisant le tour du bar, il remplit trois verres, y jette quelques grains de café et… leur met le feu, à ma grande surprise. En grillant, ils dégagent des filaments qui marbrent l’alcool. Je me penche pour voir de plus près cette insolite mise à feu. M. Leloup me dicte, d’un ton plutôt sec :
Le chameau… Il a bien vu que les tabourets m’exposaient largement. Il me saisit par les aisselles et m’installe de force. Les yeux de Dino sortent de leur orbite lorsqu’il découvre ma peau dénudée au-dessus de mes bas ; il contourne précipitamment le bar pour s’asseoir à mes côtés, souffle sur la flamme vacillante pour l’éteindre et me tend un verre en disant :
Il pose sa main velue sur ma cuisse en trinquant. Gênée, je la repousse, mais réalise alors que M. Leloup a posé la sienne presque simultanément sur mon autre genou. Pour me donner contenance, je porte le verre à mes lèvres et pousse un cri : il est brûlant. Mes deux sbires s’amusent de mon geste maladroit car, eux, ils attendent tranquillement que les parois tiédissent.
Je suis parvenue à bloquer la main du restaurateur de la mienne sur mon genou, mais celle de l’autre a progressé et son doigt frôle ma fente à travers le voile de mon string. J’ai la tête qui tourne, ne sais trop où je suis ; mon peintre approche sa moustache de mon oreille et, y insérant la langue, me glisse comme un secret :
Je ferme les yeux ; il me tend le liquide : c’est sucré, pas trop fort. Mon string roule sur mes cuisses, puis sur mes bottes. Dino a ouvert le zip de mon blazer et extrait non sans mal mes seins des bonnets trop étroits du soutien-gorge qui émet alors un lugubre craquement. Mon presque amant me titille le clito. Ils me font descendre du tabouret et me portent jusque sur le sofa, où je m’affale. Dino s’agenouille entre mes jambes et lance nez et mains vers mon intimité. Sidérée, je constate qu’il a même des poils sur les doigts ! Sa langue entreprend alors un ballet dans ma grotte ; et, même s’il est brutal, je sens monter en moi l’envie.
Lorsqu’il me juge mûre, il s’écarte de moi et d’une seule main ôte pantalon et caleçon. M. Leloup, resté derrière moi, me tend un préservatif, et je sens dans son geste comme la volonté de me faire comprendre :
Le membre de l’italien est à son image : court, large, trapu. Il grogne lorsque je le chausse, puis se rue sur moi comme un affamé. Il prend mes jambes, les pose sur ses épaules, avance son ventre vers moi. Je suis pliée, les genoux écrasant ma poitrine. Il me pénètre brusquement. Ses coups de reins sont violents, il manque d’attentions. Malgré moi, je sens le plaisir proche ; mais, d’une poussée plus forte, il se répand en moi, jurant en italien. Je reste pantelante, au bord de l’orgasme, écrasée sous son poids.
Au bout d’un long instant, ankylosée, je le repousse et, vêtue de mes seuls bas et bottes, je me traîne vers les lavabos. Il n’y en à qu’un, étrangement encadré par des urinoirs pour hommes, ce qui donne une impression bizarre. Je me rafraîchis un peu, je rumine ma colère. Colère contre moi-même, de m’être abandonnée si vite dans les bras d’un goujat âgé et sans charmes que je ne connaissais pas il y a deux heures. Colère contre lui, de m’avoir abandonnée à l’aplomb du plaisir, dans cet état critique où tous mes neurones excités réclament l’apothéose. Si j’avais été dans un vrai cabinet de toilettes et non dans cette pièce d’aisance du genre salle des pas perdus, je me serais probablement caressée !
Je sors en ruminant de cette salle atypique et me retrouve soudain face à Enzo. Le père, le fils… où est donc l’esprit sain(t) ?
Je m’arrête. Le jeune homme avance vers moi, mon regard croise le sien. J’ignore ce qu’il y lit ; il avance la main, la pose sur ma hanche. Une étrange décharge naît de ce simple contact et me traverse le corps. Sans presque me toucher, en m’effleurant à peine, il monte le long de ma taille, vient me frôler le sein, redescend vers mes reins, me pousse gentiment vers la grande table basse. D’une pression sur la cuisse, il m’y agenouille puis, me courbant la nuque, me place à quatre pattes, recourbée sur mes avant-bras. En m’entourant d’un bras la croupe, il me fait la remonter. J’entends alors ce bruit si caractéristique d’un homme qui se défait, et sens sur mon minou son sexe tout durci.
Au lieu de m’embrocher comme l’avait fait son père, il promène son membre de haut en bas sur ma fente. Le contact est divin, je gémis et frissonne. Les sens exacerbés, d’une ruade arrière, n’y tenant plus, je l’avale en moi en reculant d’un coup. Il est long et glisse dans le fourreau de mon intimité. Je relève la tête, on me tire les cheveux. Le sexe de Dino, au trois quarts érigé, vient cogner sur mes lèvres. Son goût est âcre et fort, je manque de m’étouffer. Heureusement, Enzo coulisse en moi ; nous sommes emboîtés, et nos rythmes s’accélèrent en un accord parfait. Je sens mes seins ballotter au rythme de ses reins, et j’embouche la queue de son père à chacun de ses coups de bassin.
Il se vide dans ma bouche, me forçant à avaler un peu de sa semence. Les mains de mon jeune amant sont maintenant fermement crochetées à mes fesses, la cadence est furieuse ; je me cabre, je crie, une violente onde traverse mon ventre, j’inonde mon partenaire qui s’envole à son tour.
Lorsque je reprends conscience, je suis affalée, toujours avec mes seuls bas et bottes, sur le sofa. Assis au bar, M. Leloup me regarde en sirotant un verre, un énigmatique sourire flotte aux coins de ses lèvres. Il a un crayon à la main et trace des esquisses. Je suis encadrée par les deux Italiens, nus. Dans la langue de Dante, ils échangent des propos qui me semblent égrillards. Réalisant que je suis sortie de ma torpeur, d’un concert parfait ils me saisissent chacun une main qu’ils posent sur leur entrejambe. Le plus réactif de la famille est assurément le fils, dont le sexe se cabre à ce simple contact. Je ne peux m’empêcher de comparer les attributs virils de mes deux Italiens : le père est plus trapu, le fils plus racé, plus long, plus élancé. C’est au tour de leurs mains de devenir exploratrices, et je suis palpée, soupesée, pelotée, pénétrée. À nouveau, je sens en moi cette montée de l’envie qui me plonge dans un semi-coma.
Pendant près de deux heures, je ne suis plus qu’un corps avide de plaisirs, qu’une poupée de chair soumise aux désirs de deux mâles déchaînés…
Ce n’est qu’une fois que leurs bourses et mes muqueuses sont complètements asséchées que mes deux Napolitains me libèrent de leurs étreintes sauvages. Piteuse, je me rhabille. Mon string est introuvable, mon soutien-gorge ne soutient plus rien… Nue sous ma jupe courte et mon blazer moulant, au bras de mon artiste, nous reprenons la voiture et traversons Paris. La circulation est heureusement faible à cette heure matinale ; mais, à l’arrêt à un feu, je déclenche cris et gestes dans un camion-poubelle stationné à côté. J’ai honte. Mon chauffeur sourit à nouveau.
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Le réveil, tard le dimanche matin, est dur. J’ai dû trop boire, j’ai mal à la tête, mon corps est courbatu comme si j’avais reçu une volée de coups. Mon visage dans la glace est un véritable cauchemar ; et pire, mon corps est constellé de marques mauves et violettes, témoins embarrassants de la voracité de mes deux partenaires. Une heure de bain moussant, je reprends mes esprits, mais les traces sur ma peau sont toujours là, stigmates indélébiles de mes excès nocturnes.
Lorsque je débarque dans la chambre de tante Adèle, son regard perçant me jauge cruellement ; j’ai mis un grand châle pour dissimuler mon cou, mais elle n’est pas dupe :
Je me défends, trop mollement à mon goût, et tente, mais en vain, de changer de sujet. J’ai droit à une heure de leçons de morale. Je la croyais pour la libération de la femme… Elle doit être militante d’une association de protection de la jeune fille !
Le soir venu, je me retrouve bien seule dans ce grand appartement. En nuisette, je vais voir si M. Leloup est là. Personne… Prise d’une soudaine inspiration, je me glisse dans son lit ; je vais l’y attendre !
Une douce caresse sur mes cheveux me réveille ; je me suis assoupie. Je l’attire à moi, me blottis contre lui. Il est en pyjama. Je lui susurre :
Je frissonne à ces mots apaisants, me colle contre lui. Il recule une fois de plus son bas-ventre, nos torses restent en contact. Il essuie tendrement les larmes qui coulent sur mes joues. Je m’endors, rassurée dans ses bras protecteurs.
À demi-éveillée, un peu plus tard, sentant son souffle régulier qui traduit son sommeil ; je glisse une main furtive dans la braguette béante de son pantalon de pyjama. Je saisis l’objet de mes rêves ; il est à peine tiède. Je ne bouge surtout pas. Il me semble très légèrement gonflé au contact de ma paume…
Et je me dis qu’un jour, en suivant ses désirs, je ressusciterai peut-être l’oiseau mort…