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Temps de lecture estimé : 29 mn
27/04/14
corrigé 10/06/21
Résumé:  On est parfois contraint de taire des événements illégaux. Mais que faire contre une brute.
Critères:  fh amour fellation pénétratio
Auteur : Bertrand D            Envoi mini-message
Une affaire d'honneur




En cette soirée de février, dans la nuit tombée depuis longtemps, le froid est mordant. La tête baissée sous la bise glaciale, Anne quitte la fac, empruntant l’itinéraire passant par le parking des professeurs. De leur lueur froide, les lampadaires éclairent les quelques voitures qui stationnent encore. L’étudiante rase le mur du bâtiment qui la protège un peu du vent. Vivement que je regagne mon studio pour prendre un thé chaud, pense-t-elle.


Le bruit d’une portière de voiture qui s’ouvre attire son attention. Un homme quitte son manteau avant d’entrer dans son véhicule. Tout à coup surgissent deux silhouettes qui interpellent puis agressent ce dernier. Figée, Anne ne sait que faire. Soudain, une main s’abat sur sa bouche, l’empêchant de crier, l’autre bras l’enserrant fermement. Elle sent le menton au-dessus de sa tête, il doit être très grand. Le bras qui lui enserre la poitrine ne l’étouffe pas, au contraire il lui masse les seins qui sont pourtant assez volumineux. Elle est entraînée dans une embrasure de porte, un peu camouflée des assaillants.



Terrifiée, elle cesse de se débattre, son agresseur la maintient fermement contre lui.



Elle hoche la tête, manifestant son accord. Son regard se reporte sur la scène de pugilat. Les deux hommes frappent leur victime à terre à coups de pieds. Celle-ci se recroqueville tentant d’éviter les coups. Puis l’un d’eux se baisse, saisit le col de la veste et la déchire d’un mouvement du bras. L’autre maintient le corps à terre, le pied appuyé sur l’estomac. Le premier murmure quelques mots à la face de la victime, se redresse, regarde son partenaire. Alors tous deux se déboutonnent et urinent sur l’homme, particulièrement sur son visage. Ils se rajustent et vont rapidement vers une moto, l’enjambent et partent moteur au ralenti. Ils empruntent le passage piéton, puis dans un furieux vrombissement, s’enfuient dans la rue et disparaissent.



Son agresseur la libère et s’éloigne d’un pas rapide. C’est un homme très grand, très fort d’après sa carrure. Ses cheveux sont coupés très courts, tellement qu’elle ne peut dire quelle en est leur couleur exacte. Il porte un blouson de cuir noir et un jean. Un signalement qui peut s’appliquer à beaucoup de monde. Toutefois, elle a remarqué un détail lorsque sa main lui fermait la bouche : une grosse montre carrée comme on en voit peu.


Elle se dirige vers la victime en appelant le SAMU. Le blessé tente vainement de se relever. Il est marqué au visage, un visage qui ne semble pas inconnu à Anne. Il paraît surtout souffrir des coups reçus sur le corps. Quand son interlocuteur du SAMU lui répond, elle lui indique qu’elle vient de trouver un homme près de sa voiture, qu’il lui paraît blessé, probablement suite à une agression. Elle lui précise le lieu où elle se trouve.


Quelques minutes plus tard, elle voit apparaître une lueur clignotante bleue. D’un grand signe de bras, elle signale sa présence. Immédiatement deux personnes jaillissent de l’ambulance. Ils se penchent sur la victime. Celle-ci leur parle, leur indique que ce n’est rien, qu’il peut rentrer chez lui. Mais les soignants le maintiennent au sol, voulant connaître la nature de ses blessures.

Un autre feu clignotant apparaît au loin. Un fourgon vient près de la voiture. Immédiatement un homme avec un brassard « police » au bras se dirige vers Anne.



Anne fournit tous les renseignements demandés. Elle sort et elle s’approche du blessé. L’interne palpe délicatement tous les membres.

L’officier de police s’approche et demande au soignant :



Anne, heureuse de s’en tirer à bon compte, s’éloigne. Elle est rassurée sur le sort de la victime : ses agresseurs étaient soit maladroits, soit, tout au contraire spécialistes, voulant seulement lui donner une correction. Mais pourquoi avoir déchiré sa veste, pourquoi lui avoir pissé dessus ? Enfin, j’ai rien dit. La brute qui m’a immobilisée devait être un complice chargé de la surveillance. Mais pourquoi ne l’ont-ils pas attendu ?

Elle est revenue rapidement à son studio, tremblante de peur. Chez elle, elle s’est enfermée, a pris un thé et une aspirine, puis s’est couchée. Le sommeil a été long à venir. Pendant toute la nuit elle a fait des cauchemars, son agresseur l’enserrant de plus en plus fort.


Le matin, bien que fatiguée, elle va en cours, se jurant de conserver un visage normal dans le cas où son agresseur serait un étudiant et la surveillerait. Mais difficile de le retrouver, son seul indice, c’est sa grande taille et son gabarit impressionnant. Plusieurs fois, il lui semble le reconnaître, mais quelques secondes après elle en aperçoit un autre qui a les mêmes caractéristiques.


Tous les étudiants se sont installés dans l’amphi et attendent le prof. Aujourd’hui c’est Grandmaison, très compétent dans sa spécialité, le droit constitutionnel. On le dit porté sur les jolies étudiantes. On murmure même qu’il a couché avec plusieurs d’entre elles, qu’il a aussi essuyé des refus, que d’autres le fuient. Pour le moment, il n’a jamais parlé à Anne en particulier.

Depuis un quart d’heure, c’est le brouhaha car le prof n’est toujours pas là. La porte s’ouvre et apparaît un homme. Il leur annonce que suite à un accident, le professeur ne pourra assurer ses cours pendant quelques jours. Murmures de déception ou de délivrance, l’amphi se vide lentement.


Anne, se remémore les événements de la veille. Le visage qu’il lui a semblé reconnaître, c’était celui de Grandmaison. Cela expliquerait son absence. Mais pour quelle raison a-t-il été agressé ? Elle rentre chez elle et travaille sur ses cours. Mais au fond de sa tête, tourne l’interrogation sur les causes de l’agression.


L’après-midi, elle retourne en fac. Parmi les étudiants un bruit circule : Grandmaison est blessé, mais ce n’est pas un accident, il s’est fait agresser. C’est un étudiant dont le père est inspecteur de police qui l’a révélé. Mais pour quel motif, d’autant qu’il paraît que son beau costume en lin dont il était si fier a été déchiré. Et en plus, on y aurait pissé dessus. Anne a bien confirmation de l’identité de la victime. Mais soudain, elle ressent une peur panique. La brute qui lui a demandé de se taire va penser que c’est elle qui a parlé. Que va-t-il lui faire ?


Un rassemblement s’est constitué autour de l’informateur. Anne se tient le plus éloignée possible. Elle regarde tout autour d’elle pour savoir si l’homme au blouson noir n’est pas là à la surveiller. Là, tout près, le type très grand, il est là. Non, le gars écoute, puis paraît se désintéresser de l’affaire. Ses yeux passent sur le visage d’Anne, mais sans s’y arrêter. Ouf, j’ai eu peur.



Anne se retourne, sa copine Estelle est près d’elle, c’est elle qui vient de l’interpeller.



Lentement Anne a tourné la tête. Oui, un type qui pourrait être celui de la veille la regarde. Il n’a pourtant pas de blouson noir. Quand ses yeux accrochent les siens, il lui fait un signe, un doigt penché et remué dans un geste de négation, comme l’on fait aux enfants pour leur dire « attention, ne fais pas ça. ». Sa manche légèrement retroussée laisse entrevoir une grosse montre carrée. Le cœur d’Anne manque un battement. Instinctivement, elle fait non de la tête. Il sourit et met un doigt devant sa bouche lui rappelant qu’elle doit garder le silence. Puis il s’éloigne.


Il est là, elle l’a bien vu, elle l’a reconnu. Lui aussi connaît son nom, son visage. Que va-t-il lui faire ? Comment se protéger ? C’est l’affolement. Elle ne retient rien du cours, terrorisée. Ce soir, elle va quitter le plus vite possible la fac et rentrer chez elle s’enfermer. Première hors de l’amphi, elle se hâte vers la sortie. Passant près du portail, elle a le bras saisi par une main puissante, qui l’immobilise et la tire vers elle. Elle tourne la tête, c’est bien lui, il lui sourit.



Il a disparu dans la cohue des étudiants. Elle ne sait pas si elle doit être tranquillisée ou non. La rumeur diffusée dans la fac a une origine connue certaine. La brute doit être rassurée. Sous son air gentil, souriant, sympathique même, il a une force, une puissance incroyable. Aujourd’hui encore, quand il m’a saisi le bras, je me suis sentie bloquée. Non pas qu’il ait trop serré, mais sous sa poigne d’acier, on est comme menottée, pas moyen de s’échapper. Et maintenant il a toutes mes coordonnées, il peut me retrouver quand il veut.


La nuit a été agitée, toutes sortes de rêves où elle se trouve coincée par cet homme. Mais ce qui est bizarre, à aucun moment elle n’a pensé qu’il allait la violer. En effet, il n’a pas émis de menaces de ce genre.


Cela fait plusieurs jours qu’il ne s’est pas manifesté. Peut-être est-il convaincu et il me laissera tranquille. Mais qu’est-ce que c’est que cette agression ? Elle était bien organisée, deux spécialistes, un guetteur. Ils ont voulu seulement donner à la victime, une correction, la ridiculiser, lui faire peur, qu’elle comprenne comme ils la méprisaient. S’agit-il d’une organisation genre mafia ? La brute m’a dit qu’il était presque convaincu de mon silence, que je n’avais rien dit, mais il a ajouté : les autres… Ce qui est bizarre aussi, c’est que le prof tenait à rentrer chez lui malgré son état, il ne voulait pas être pris en charge par le SAMU. Il n’a pas porté plainte non plus, un comble pour un professeur de droit ! Ou peut-être est-il impliqué dans un trafic et il a dérogé aux ordres. Toutefois cela à l’air de se calmer.


Trois jours plus tard, le professeur Grandmaison a repris ses activités. Il n’a plus son beau costume de lin blanc. Son attitude a changé. Il s’en tient strictement à son cours, ne regarde plus effrontément les étudiantes. Anne remarque que celles qui étaient sa cible et se tenaient généralement au dernier rang, que le prof interpellait souvent, à laquelle il faisait des remarques désobligeantes, se sont rapprochées. En particulier Laetitia qui était ces dernier temps sa cible préférée, n’est plus inquiétée. Au contraire, placée au premier rang, c’est elle qui le fixe dans les yeux, mais il fuit son regard.

Maintenant Anne est moins crispée. Et c’est aujourd’hui qu’elle est tranquille, qu’elle se sent saisie et tirée dans un renfoncement.



Anne est furieuse d’avoir été encore agressée, mais paradoxalement, rassurée puisque l’affaire, comme il lui a dit, est réglée. Il voulait m’en donner les raisons et franchement j’aurais bien aimé les connaître. Mais me retrouver en tête à tête avec lui sans témoin ! Je dois reconnaître qu’il ne m’a jamais fait mal, simplement immobilisée. Peut-être qu’en amour il est doux. De plus, il est très sympathique, dans d’autres circonstances j’aurais aimé le revoir. Mais j’ai peur. Il est tellement imposant, au moins un mètre quatre-vingt-dix, tout en muscles, c’est le modèle XXL. C’est fini, c’est moi qui lui ai dit que je ne voulais plus le revoir.


Le lendemain, Laetitia s’approche d’Anne, la remercie et cette dernière se demande bien pour quelle raison. Elles se mettent à discuter, c’est une fille très sympathique. Jusqu’à maintenant elles n’avaient pas eu l’occasion d’entrer vraiment en contact. Il s’avère qu’elles ont beaucoup de points communs et c’est un plaisir de parler et travailler avec elle.

Depuis trois mois, elles sont devenues inséparables. Elles travaillent souvent ensemble, Anne en est ravie. Il n’y a qu’une chose qu’elle ne comprend toujours pas, pour quelle raison l’a-t-elle remerciée ? Elle n’ose pas le lui demander.


Ce samedi après-midi, il fait beau. Les deux filles ont bossé dur toute la semaine. Aujourd’hui elles ont décidé de s’aérer. Laetitia propose à Anne de prendre le bus pour se rendre au stade. Ses frères disputent un match. Ils aimeraient tellement faire sa connaissance. Puis ils la ramèneront chez elle. Cela ne l’enthousiasme pas trop, le sport, ce n’est pas sa tasse de thé. Mais sa copine est tellement gentille qu’elle accepte.


Quand elles arrivent, le match en est à la deuxième mi-temps. Deux à trois cents personne encouragent les équipes et commentent les actions. C’est du rugby, lui précise Laetitia. Anne a entendu ce mot à la télé, mais n’a jamais pris la peine de regarder les reportages.


Elle jette un œil sur la rencontre : c’est une véritable bataille. Dès que l’un d’eux prend le ballon, et court avec, il est jeté à terre par un joueur de l’autre équipe. Parfois un groupe de chaque équipe se met face à l’autre, ils se percutent, cherchent qui est le plus fort. Ils doivent particulièrement se détester pour s’étriper ainsi. Mais, ce qui lui paraît bizarre, c’est que lorsque l’arbitre siffle, tous les joueurs s’arrêtent instantanément. Pas un ne vient protester. Pourtant ils n’auraient aucune peine à le faire changer d’avis. À la sortie, ils vont probablement régler leur compte, ce sera un véritable pugilat.

L’arbitre siffle la fin de la rencontre. Les joueurs des deux équipes vont vers le vestiaire, se mettent à discuter. Ils se promettent probablement de sanglantes représailles.

Laetitia a hurlé pendant toute la rencontre, encourageant ses frères.



Anne voit arriver vers elles deux athlètes, des montagnes de muscles. L’un deux à une joue écorchée.



Il lève le bras et fait un grand signe de main. Anne est stupéfaite. C’est sa brute qui arrive en souriant. Tous trois constate-t-elle, sont du même gabarit et portent le même maillot.



Anne est perdue, elle ne comprend rien. Jacques est allé embrasser Laetitia, tous les quatre plaisantent, commentent le match. Elle se sent étrangère, perdue. Puis ils vont à la buvette. En effet, tout le monde discute, se donne de grandes tapes dans le dos, et surtout ils boivent.



On lui donne une eau gazeuse. En arrivant, elle avait un peu peur de tous ces colosses. Mais ils se révèlent charmants, leurs épouses ou compagnes discutent entre elles, commentant elles aussi le match. Toutefois, Anne aimerait bien rentrer. Mais elle se demande à quel moment se terminera cette beuverie.



Oh non, pas lui. Je ne sais pas comment me comporter. Je l’ai engueulé, traité de brute. Que doit-il penser de moi ?

La voiture s’avance. De l’intérieur le conducteur ouvre la porte. Elle s’installe, boucle sa ceinture.



Elle le renseigne, lui indique l’itinéraire le plus rapide, puis se tait.



La voiture a pu se garer au bas de l’immeuble. Jacques arrête le moteur.



C’est une histoire un peu compliquée. Tu connais Grandmaison. Son rêve c’est de se taper toutes les étudiantes possibles. Il y parvient avec quelques-unes. Quand certaines lui résistent énergiquement, il n’insiste pas. Mais il y a celles qui sont timides, craignent pour leurs notes ou appréciations. Et dans ce cas-là, il leur fait du chantage. Laetitia en a été victime.

Un jour, dans une salle vide, il s’est attaqué à elle, l’a tripotée, a tenté de la violer. Elle a pu se dégager, mais en est restée traumatisée. Ses frères qui l’adorent, ont vu à sa mine tourmentée qu’elle avait un problème. Elle a fini par révéler que Grandmaison l’embêtait, sans préciser la nature de ses ennuis. Ils m’ont demandé qui était ce type. Je leur ai dit la vérité. Devant leur insistance, Laetitia a tout raconté. Les Ettori sont corses, et pour eux, c’était une question d’honneur. Ils sont allés rosser le prof, mais sans trop insister, ils l’auraient facilement tué s’ils avaient voulu. Mais ils lui ont fait très mal, l’ont humilié, ont déchiré son beau costume et surtout lui ont pissé dessus. Puis ils lui ont dit de laisser leur sœur tranquille sinon ils le massacraient. Je ne connaissais pas leurs intentions, ils ne m’avaient rien dit. Je les ai surpris en même temps que toi. Mais j’ai jugé qu’il valait mieux ne pas se mêler de ces affaires-là. Je ne voulais pas que tu dises à la police tout ce qui s’était passé. Les deux frères auraient été condamnés. En fin de compte, Grandmaison n’a pas déposé plainte, et maintenant il a peur et se tient tranquille.

Je suis ami depuis toujours avec les Ettori. Nous jouons ensemble au rugby depuis plus de cinq ans. Le lendemain de l’agression, je leur ai dit que j’avais été témoin, mais que je comprenais leur geste. Que la police ne s’en mêlerait pas. Ils m’ont remercié. Je leur ai révélé que toi aussi tu avais assisté à la scène mais que toi non plus tu n’avais rien dit. J’ai simplement oublié de leur indiquer la manière par laquelle j’avais obtenu ton silence. Quand ils ont appris que tu étais resté muette, ils t’ont considéré comme quelqu’un de bien. C’est pour cette raison que Laetitia t’a remercié et aussi pourquoi tu les as retrouvé ce soir.

Voilà la raison de mon attitude à ton égard. Mais je ne regrette rien, ça m’a permis de te rencontrer et de t’apprécier.



Enfin, fin juin, c’est la délivrance. Laetitia et Anne ont obtenu leur licence, elles sont folles de joie. Il faut fêter cet heureux événement.

Les frères de Laetitia ont décidé d’organiser une petite fête de famille. Pour les Ettori, c’est un événement, jamais aucun membre n’a obtenu diplôme de ce niveau-là. Anne n’a rien prévu comme festivité avant de rentrer chez ses parents. Laetitia lui propose de venir à la fête de famille.



Le samedi soir, Laetitia est venue la prendre en voiture. C’est le plus simple, lui a-t-elle dit, la maison familiale est difficile à trouver. Dès leur arrivée, les frères de son amie s’avancent.



Anne leur dit qu’elle en est heureuse et honorée de leur invitation. Mon dieu ! Elle va retrouver Jacques.



Ils se sourient, échangent quelques paroles. Il s’avance pour l’embrasser. Elle tend la joue, il pose doucement un baiser, la touchant à peine, pareil sur de l’autre côté. Au fond d’elle-même, elle regrette qu’il n’ait pas plus insisté.

Ils ont été placés côte à côte, compte tenu qu’elle ne connaît pas les autres invités. La soirée se déroule dans la joie, toute la famille est heureuse. Anne se sent un peu étrangère à tout ce monde. Vers onze heures, elle s’ennuie. Laetitia le remarque et comprend son sentiment.



Quand la voiture s’avance, Jacques, galamment descend pour lui ouvrir la portière. Ce geste flatte Anne mais elle a un peu peur de toute cette amabilité. Il me plaît beaucoup, mais j’aimerais attendre un peu, et puis j’ai toujours un peu peur de sa force.

Durant tout le trajet, il fait la conversation. Elle s’efforce de répondre gentiment.

Arrivé devant l’appartement, il coupe le moteur, se penche vers elle.

Instinctivement, elle éloigne la tête. Visiblement déçu, s’attendant pour le moins à un baiser amical, il lui dit :



Ils sont montés et se sont installés côte à côte, verre en main, et Jacques a vite tenté de pousser son avantage. Il a obtenu un vrai baiser mais rien de plus, Anne a repoussé fermement les tentatives d’encerclement et a fini par le mettre dehors.

Démaquillée, en nuisette, elle se glisse dans ses draps en ruminant cette fin de soirée ; au fond, il est vachement sympathique et j’aimerais être son amie. Mais avec l’attitude que j’ai eue, j’espère qu’il ne se découragera pas totalement…

Les semaines passent, et… rien. Anne se désespère. Un envie folle de relancer Jacques lui tord les tripes mais il faut concevoir que, dans l’éducation qu’elle a reçue, les filles ne relancent pas les garçons. En aucune manière ! Car elle pourrait demander à Laetitia de lui indiquer son numéro de téléphone Seulement voilà, peut-elle être certaine que Laetitia restera discrète et que Jacques ne sera pas aussitôt mis au courant…

Puis, trois mois plus tard, un soir, Laetitia lui téléphone.



Anne est foudroyée par cette nouvelle. Jacques se marie avec Laetitia ! Il est définitivement perdu pour moi. Et il l’a embrassée le même soir, après que je l’ai rejeté ! Il a dû être tellement déçu par mon refus, qu’il s’est rabattu sur elle. Mais que je suis conne, j’ai perdu l’homme que je désirais le plus. Tant pis pour moi. Mais pas question d’aller à la noce, il me faut trouver une excuse valable.

Le faire-part est arrivé un mois après. Le fait de lire sur l’invitation que Jacques Boiron épousait Laetitia Ettori, a remué le couteau dans la plaie. Mes grands-parents sont mariés depuis quarante-huit ans, comme motif, je vais avancer leurs noces d’or. C’est une excuse imparable, elle comprendra que je ne peux vraiment pas venir. Je participerai largement à sa liste de mariage.

Quand Anne l’a appelée, Laetitia a été très déçue, mais elle a compris que son amie ne pouvait se soustraire à une telle fête de famille.




*****




Depuis deux ans Anne est toujours dans la même entreprise. Elle a maintenant un contrat à durée indéterminée. Comme dans tout nouveau poste de travail, les débuts ont été difficiles, cadence trop rapide, difficulté à traduire en langage informatique les données souvent incomplètes ou illisibles. Fort heureusement, on lui avait donné un tuteur qui était auprès d’elle, la conseillait et la guidait, et cela gentiment. En dix jours elle avait acquis une cadence presque normale. Mais cela lui demandait une attention constante, elle n’avait pas encore les réflexes d’un professionnel. Après un mois, elle se sentait plus à l’aise et pouvait tenir une conversation avec son tuteur.


C’est un célibataire charmant d’une quarantaine d’années, plein d’humour. Il a la silhouette d’un homme musclé, pratiquant régulièrement du sport. S’il n’est pas marié, c’est qu’il aime trop sa liberté et surtout dit-il qu’il est inconstant. Pour lui, la meilleure façon de conquérir une femme, c’est de la faire rire. Mais, précise-t-il à Anne qui rit, je recherche plutôt les femmes de mon âge, pleines d’expérience, donc pas de danger pour toi.


Anne l’interroge sur le sport qu’il pratique : j’ai longtemps joué talonneur dans une équipe de rugby. Elle est un peu étonnée car elle lui dit qu’elle a quelques amis rugbymen et que ce sont des colosses. Il rit : le talonneur est celui qui est au milieu de la première ligne et essaie de faire sortir le ballon pour son camp. Il est porté pas ses équipiers, alors autant qu’il ne soit pas trop lourd. Maintenant je suis trop vieux, je ne joue plus, je regarde les matches à la télé et parfois je vais assister à une rencontre.



Anne vient de fêter la Sainte Catherine. Vingt-cinq ans, une vieille fille ! D’ailleurs, elle en prend un peu les manies. Vie tranquille, petit appartement bien rangé, lecture, télé, sorties en boîtes, mais elle choisit les calmes. Quant à la gent masculine, une aventure de temps en temps, mais le plus souvent un seul soir. Certains lui font très bien l’amour, mais aucun ne lui convient pour une vie commune. Elle a loupé son champion.

Ce soir, elle s’est calée dans son fauteuil avec un roman policier qui la maintient en haleine. La sonnerie du téléphone vient la déranger.



Cette fois-ci, pas moyen d’y échapper. Depuis deux ans qu’ils sont mariés, le choc sera moins dur, du moins je l’espère. Maintenant, je sais qu’il est définitivement perdu, il a un gosse.

Le faire-part est arrivé, Anne a confirmé sa venue, elle a cherché une robe de circonstance. Et aujourd’hui, c’est le jour de la cérémonie.

Dans un rayon de cent mètres autour de la maison des Ettori, impossible de trouver une place. Il va y avoir du monde, j’essaierai de passer inaperçue.

À l’entrée, il y a le comité de réception. Heureusement, que ce n’est qu’une réunion de famille car Dominique est là, impressionnant, mais souriant.



Dominique fait un grand signe du bras, visible de très loin compte tenu de sa taille. Jacques sur le perron, répond de même et arrive à toute vitesse. J’aurais préféré ne pas lui être confronté tout de suite, je ne sais pas que lui dire. Mais comme ça, au moins ce sera fait.



La puissante main de Jacques saisit celle d’Anne et les voilà fendant les groupes d’invités. Traversée du couloir, entrée dans le saint des saints, chez le petit héros du jour.



Ça y est, je les ai vu tous les deux, pas de problème. Pendant que la mère donne le sein, les deux amies parlent de tout et de rien. Mais surtout pas du couple. Puis c’est l’heure de partir.



La terrasse et l’allée sont envahies de monde endimanché, peu de têtes connues. Jacques régule le tout. Voyant sortir Anne, c’est lui qui lui propose quelqu’un pour la conduire. Il appelle un jeune, guère plus de vingt ans, qui pérore au milieu d’un groupe de filles.



Les filles accueillent avec gentillesse la nouvelle arrivée. Tous ces cousins et cousines ont environ de dix-huit ans à vingt ans.

Les voitures officielles, si l’on peut dire, démarrent les premières. Elles auront de la place sur le parking près de l’église.

C’est avec un peu de retard qu’ils suivent. Elle a pris place devant, à côté de Norbert. Dans la voiture, c’est un véritable poulailler. Elles l’interrogent sur son travail. Elles lui donnent les noms des différents membres de la famille. Anne ne retient rien, c’est trop compliqué. D’ailleurs, elles le reconnaissent elles-mêmes. La voiture est garée assez loin, faute de places disponibles.


Dans l’église, des places ont été réservées pour les invités. Mais comme ils arrivent parmi les derniers, ils ne se trouvent qu’au quatrième rang. Enfin, le principal, on aperçoit les fonts baptismaux. Jacques, Laetitia, le parrain et la marraine et surtout le petit Joël sont déjà en place.

La cérémonie se déroule, le bébé circule de bras en bras parmi les quatre intéressés. Jacques est plutôt embarrassé et tient son fils comme un ballon de rugby dont on lui aurait fait la passe. Enfin, vingt minutes plus tard, c’est la fin du spectacle, tout le monde sort. Retour en voiture.


En toute logique c’est par l’apéritif qu’on attaque les festivités. Pour une fois, Anne accepte de goûter à quelques spécialités familiales, des boissons pour dames, préparées par la grand-mère, douces et bien parfumées, mais traîtresses.

Le repas se déroule sans cérémonie, en dehors des quatre officiels qui sont à la table d’honneur, chacun se place où et comme il veut. Le groupe de jeune très sympathique, a adopté Anne et lui demande de rester ensemble. Rapidement elle discute avec ses nouveaux amis. Norbert sert à boire à tout le monde et malgré les protestations d’Anne lui fait goûter le rosé bien frais. C’est délicieux, ça glisse bien.


Bientôt Anne est bien, heureuse, elle se sent de plus en plus légère. Ce vin est tellement bon. Toutefois, à un moment, son estomac proteste, elle veut le soulager aux toilettes. Mais pas moyen de se lever, elle est très fatiguée. Le groupe n’a rien remarqué. Mais Jacques, de loin, a vu l’embarras de son amie. Il se lève, vient l’aider, la soutient par la taille, et la conduit à destination. Là, il doit lui tenir le front afin qu’elle puisse régurgiter sans trop de dommages vestimentaires, le trop-plein de son estomac. Puis elle s’affaisse, heureusement il est là pour la soutenir. Il l’allonge sur un canapé dans le salon à proximité, puis va vers Laetitia et ses amis, leur expliquant qu’Anne n’est pas trop bien. Tous éclatent de rire et lui conseillent de la ramener chez elle.


Il la porte sur la banquette arrière de sa voiture, cherche les clés dans le sac de son amie. Fort heureusement, il connaît son adresse.

Arrivé à destination, il n’a d’autre solution que de la prendre dans ses bras et la monter au troisième étage. Cinquante kilos, même pas le poids d’un haltère. Dans l’appartement, pas de difficulté pour trouver la chambre. La robe a un peu souffert du déversement qui s’étale jusqu’entre les seins tachant aussi le soutien-gorge. Il lui ôte son vêtement.


Au diable la pudeur, après la robe, ce sont les sous-vêtements qui sont enlevés. Il prépare un bain chaud qu’il parfume avec un flacon se trouvant sur l’étagère. Doucement il la pose dans la baignoire, surveillant que sa tête ne glisse pas sous l’eau. Il frotte la gorge, s’assure qu’entre les seins il ne reste rien, déborde un peu, en profite pour faire un massage mamellaire. Il éprouve un plaisir immense à caresser cette poitrine. La patiente geint, mais ce n’est pas de douleur. Devant cette réaction, il décide de glisser sa main beaucoup plus bas. Parmi la toison claire, il trouve ce qu’il cherchait. Du pouce il le masse et introduit deux doigts dans la cavité proche. Les jambes, instinctivement, s’écartent le plus possible dans la baignoire. Pendant un long moment il insiste. Soudain un petit cri, les yeux clignotent, puis affaissement de tout le corps.


Il redresse Anne inconsciente, la sèche dans le peignoir de bain, puis l’allonge nue sur la couche. Elle est tellement désirable, depuis les seins petits mais fermes, les cuisses longues et fines, comme dit Brassens, tout est bon chez elle, il n’y a rien à jeter.

Que faire à présent ? Il ne peut la laisser seule, inconsciente, il lui faut rester. S’installer dans le fauteuil ? Inconfortable. Au diable, il est trop tenté. Il se déshabille, s’allonge nu auprès d’elle.


Un tintamarre dans la rue, c’est un camion brinqueballant qui passe. Jacques, réveillé brutalement se redresse, il est auprès d’Anne. Elle dort toujours. Dans son sommeil, son bras a découvert sa poitrine. Elle est merveilleusement belle. Il se retient pour ne pas profiter de cet abandon. Mais, que faire à présent ?


Il est trop bien, autant rester là, on verra bien pour la suite. Couché sur le dos, il pense à tout ce qu’il aimerait lui faire, et son corps réagit en conséquence.

Peu après, c’est la fraîcheur qui tire Anne de son sommeil. Elle réalise qu’elle est toute nue. Se tournant, elle voit Jacques nu lui aussi auprès d’elle couché sur le dos. Elle essaie de se remémorer les dernières heures. Voyons, je suis allée au baptême, je l’ai revu. Nous avons pris l’apéritif. Cela m’a mis en forme et nous sommes passés à table. Nous nous amusions bien entre jeunes. Et puis… plus rien.

Comment suis-je arrivée ici ? Qui m’a raccompagnée ? Qui m’a déshabillée ?

Il n’y a que deux personnes qui connaissent mon adresse, Laetitia et Jacques.

Il n’y en a qu’un qui a pu me monter au troisième, c’est lui.


Elle se lève pour aller aux toilettes. Le flacon de sels de bains est sur le bord de la baignoire. Celui qui s’en est servi ne l’a pas remis en place. Il m’a donc déshabillé, baignée, essuyée et… caressée ? Oui, je m’en souviens, j’ai rêvé que j’éprouvais un orgasme sensationnel dans l’eau, mais oui, dans mon bain !

Est-ce qu’il m’a fait l’amour ?


Passant la main entre ses cuisses, elle constate qu’il n’y a aucun écoulement. Le couillon, il ne m’a sûrement pas baisée ! Il n’a pas voulu tromper sa femme. Mais maintenant l’occasion est passée. Ou bien c’est à moi de prendre l’initiative.

Elle revient au lit et regarde son compagnon. Il est vraiment très beau. Même au repos, ses muscles sont saillants. Au milieu de son corps est couché un mât pas très ferme, mais qu’il serait facile de raffermir.

Oh, tant pis pour la suite, c’est trop tentant.


Jacques, parfaitement réveillé, ferme les yeux, simulant le sommeil.

Elle se penche, examine le sexe d’un regard curieux puis concupiscent. Doucement, avec deux doigts elle soulève l’organe et pose les lèvres sur le dôme rose, puis sort la langue et le goûte. Elle le prend en bouche, l’absorbant bientôt au maximum de ses possibilités compte tenu de l’importance de l’organe en proportion avec le corps.

Elle relève la tête, admire son travail. Maintenant qu’il est bien humecté, bien raide, il entrera facilement. Enjambant le bassin, elle place la flèche au centre de la cible et se laisse descendre doucement. Bientôt ses fesses reposent sur les jambes de Jacques. C’est tellement bon d’être aussi bien remplie. Oh, puis tant pis si je le réveille ! Lentement elle amorce le balancement. Son sexe ruisselle et facilite la pénétration. Et cela devient trop bon, elle éprouve un orgasme terrible et s’affale sur la poitrine masculine, sa tête sur l’épaule de son partenaire.



Mais déjà il s’est emparé de l’appareil à la tête du lit et compose le numéro, met le haut-parleur.



Anne est sidérée, elle vient de détruire le ménage de ses meilleurs amis. Laetitia veut régler la situation, probablement divorcer. C’est la catastrophe !



Anne s’est seulement douchée, pas maquillée. Elle pleure continuellement. Et pourtant, maintenant que Laetitia est au courant, ils vont se séparer. D’un autre côté, Jacques sera libre, à moi. C’est très cher payé, mais je l’ai récupéré.

Aujourd’hui ils ont pu se garer devant la propriété. Jacques a sonné, la porte s’est débloquée. Tenant Anne par la main, il se dirige vers la cuisine. Laetitia est en train de finir de préparer le repas.



À la porte de la cuisine apparaît un homme, celui qui était auprès des fonts baptismaux, qu’elle a pris pour le parrain.



Anne est perdue, elle ne sait plus où elle en est. Puis éclate un grand éclat de rire des trois autres personnes. C’est de la folie, elle s’appuie sur son Jacques, lui frappe la poitrine à coup de poings.



Anne ne se souvient plus ni du menu, ni de la conversation. Elle a pleuré de joie pendant tout le repas.