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n° 16169Fiche technique36319 caractères36319
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Temps de lecture estimé : 26 mn
01/05/14
Résumé:  Retrouver le plaisir perdu.
Critères:  fh extracon copains voir exhib fmast hmast fgode
Auteur : Volatyl      Envoi mini-message
Réveil des sens

Quelle idée il a eue d’accepter ! Pour une fois qu’il peut prendre un jour de congé un vendredi, il faut qu’il aille dépanner un copain.


La petite était gardée par ses beaux-parents pour la semaine de vacances scolaires. Il aurait dû rester chez lui, en profiter pour ranger, rattraper son retard administratif, les factures, les déclarations diverses, les classements des papiers à garder et ceux à jeter. Il faut dire que depuis le décès de sa femme il s’était laissé aller. Trois ans déjà. Trois ans, cela commence à être trop long pour ne pas s’être remis sur les rails correctement.

Mais depuis cet évènement tragique, il donnait chaque instant de libre à sa fille.


Un banal accident de voiture comme il en arrive tous les jours. Sauf que normalement, ça n’arrive qu’aux autres. Heureusement qu’elle était là, sa fille, d’ailleurs, sans elle il ne sait pas comment il aurait tenu. Il se passait rarement une journée sans qu’il y pense, mais ces pensées prenaient la forme de la routine. Le matin, il se levait pour sa fille, la journée il travaillait, acharné, pour ne pas trop penser et le soir il s’occupait de sa fille à nouveau.

Il l’espérait le plus normalement possible. Ne pas trop la couver, mais ne pas non plus être trop distant. Parler avec elle le plus franchement possible, de ce qu’il s’était passé, des manques sentimentaux, des pleurs communs mais surtout de la vie qui doit continuer. Une fois qu’elle est couchée, il n’a plus envie de s’y mettre. Il regarde un film, lit un livre, tente au maximum de ne pas faire quelque chose qui puisse lui rappeler sa femme. Mais là ça suffit, il faut qu’il se bouge vraiment.


Ce qu’il aurait dû faire ce jour, si un ami informé de sa journée de repos ne l’avait pas persuadé de l’aider à l’entretien de ses voitures. Vidanges, filtres, niveaux, vérifications standards, graissages, rien de méchant. Et puis ils l’avaient invité à manger le midi et le soir histoire de voir du monde. L’intention était bonne, la réalisation nettement moins. Une chance, leurs enfants ne seraient pas là à lui vriller les tympans, la colonie éloignée de plusieurs centaines de kilomètres garantissait au moins cela.


Et puis il avait tellement peu pris de journées de congés ces trois dernières années qu’il pouvait en reprendre d’autres prochainement. Les rares semaines qu’il s’autorisait correspondaient avec les vacances de sa fille. Soit il voyageait avec elle, soit il la donnait à garder alternativement à ses parents et beaux-parents.

Le voilà qui repart dans ses pensées. Il n’a qu’à peine vu le trajet le séparant de sa maison à celle de ses amis et s’en fait peur. C’est comme ça qu’arrivent les accidents… Une quinzaine de kilomètres pour aller dans une petite ville qu’il n’aime pas. Il s’en fout il n’y habite pas non plus.


Des amis d’amis d’amis, devenus amis. Un couple normal dans un monde normal. Patricia et Matthias, de leurs âges avec une paire de mômes criards et irrespectueux. NON ! De SON âge. Le mari se sentait proche de lui, à tort. Technicien dans une usine, avec des avantages sociaux à faire pâlir les employés d’Air France et EDF réunis, mais avec une très grosse tendance télé-bière-foot qui n’était vraiment pas compatible. La femme était sympa, employée à mi-temps par la commune aux affaires scolaires.



Malgré ces grosses différences les deux couples étaient devenus amis aussi improbable que cela puisse être. Des sorties à droite à gauche, quelques hobbies en commun, des barbecues et il n’en faut pas plus. Se rendre des services oui, se voir oui, mais pas plus d’un jour ou deux. Au-delà de ce délai, il y avait saturation.


Il arrive dans le lotissement du plus pur style HLM horizontal. Le genre de logement qu’il n’imaginait pas habiter. Aucune intimité, toutes les maisons identiques ou presque, une promiscuité idéale pour favoriser les guerres de voisinage. L’un tond quand ce n’est pas le moment, l’autre fait chier son chien sur le carré de pelouse du voisin, le suivant organise des fêtes chez lui et ses invités tout autant sans-gêne bloquent les entrées de garage des autres. Amère ? Oui, mais cette vision était également celle de sa femme et à chaque fois qu’ils en revenaient ils étaient d’accord sur ce point. Ils étaient d’ailleurs d’accord sur quasiment tous les sujets.


Il fait une chaleur torride en ce mois de juillet. La météo de ces vacances d’été ne fait que lancer des alertes à la canicule et aux incendies. Après un hiver rigoureux, les gens avaient tous décidés de partir au bord de l’eau, quelque soit cette eau. Océan, mer, rivières, lacs ou étangs, en tout cas la route et les rues étaient presque désertes. Et il a accepté de rendre service pour faire plaisir, se changer les idées, mais il sait déjà qu’il va le regretter. Faire de la mécanique dans un garage par ce temps, fallait être maso. Tout ça parce que l’autre idiot n’était pas capable de faire une vidange. Et il est technicien !


Heureusement leur garage est très spacieux. Deux emplacements pour deux voitures et une moto. Ce branquignole qui la ramenait tout le temps n’avait même pas un tournevis potable. Obligé de tout ramener soi-même, la caisse à outils, la combinaison pour ne pas pourrir ses vêtements. Même le consommable, l’huile, les filtres, les joints, il a dû tout prendre lui-même et avancer les frais. Il sait qu’il sera remboursé immédiatement, ce n’est pas la question. C’est juste que le manque total d’efforts de l’autre l’agaçait de plus en plus. Le pire, il sera dans ses pattes à le gêner et à lui demander tous les quarts d’heure s’il veut faire une pause, histoire d’avoir un prétexte pour se siffler une bière.

Ah ! La maison est en vue. Et une bonne nouvelle au moins l’attendait, les deux portes du garage sont ouvertes, les calandres des deux voitures visibles. Ce qui voudrait dire qu’il a probablement fait tourner les moteurs pour faire chauffer l’huile pour faciliter la vidange. Toujours ça de gagné en temps, vu que la journée s’annonce vraiment caniculaire. Le thermomètre de la voiture affiche joyeusement 32°C alors qu’il n’est pas encore neuf heures du matin. Garer la voiture, sortir les affaires et appuyer sur le bouton près de la porte.

Un peu d’attente et voilà une Patricia en léger peignoir et les cheveux mouillés, qui ouvre, l’air étonné.



Il suit Patricia dans la cuisine. Alors qu’elle lui verse son café, elle lui raconte la dernière frasque de son mari qui brille par son absence. Des collègues de sa boîte ont organisé une sortie moto à une centaine de kilomètres d’ici et pour trois jours. Il devait donc prévenir Philippe de l’annulation des vidanges des voitures. Il avait d’ailleurs de la chance de la trouver là, puisqu’elle devait initialement y participer aussi, mais quand elle a entendu quels collègues il y aurait, elle s’est désistée prétextant vouloir profiter de l’absence des enfants pour faire le ménage à fond dans la maison.



C’est sur ces mots que Philippe va dans la salle de bain se changer. Avec l’humidité de la douche, l’atmosphère est presque irrespirable. Vu qu’il va crever de chaleur, il se met à poil dans la combinaison de travail. Il sursaute lorsque Patricia dit à travers la porte :



Philippe n’entend pas la fin, Patricia parlait plus pour elle-même en s’éloignant de la porte de la salle de bain. Il a fini de fermer sa combinaison, rangé ses affaires sur une étagère et s’apprête à sortir lorsqu’il voit que la porte n’est pas fermée, juste poussée. Il n’a pas fait attention en y rentrant. Un peu plus et Patricia le voyait à poil. Ils se sont déjà vus en maillots de bain, mais quand même.

Il n’y pense déjà plus en sortant.



Et c’est parti pour la séance de bricolage en plein sauna. Philippe fait tourner les moteurs des deux voitures le temps de préparer ses affaires. Les clés, les cartons au sol, le bac de récupération d’huile, chiffons et le reste. Il n’est pas mécano mais ce sont des choses qu’il sait faire. Fondamentalement, cela ne le dérange pas de rendre service, il a toujours aimé ça. Mais là franchement Matthias abuse sérieusement. Il ne mâchera pas ses mots lorsqu’il le reverra.



Philippe ne répond rien en la regardant. Il est en contre-plongée et ne voit qu’une chose, elle est nue sous son peignoir. Un petit buisson parfaitement visible.



Au début, il ne comprend pas sa remarque, puis en se regardant avant de se remettre sous la voiture il s’aperçoit qu’il a une belle érection et que cela se voit. Sa combinaison trempée de sueur, combiné au fait qu’il est nu dessous, le moule parfaitement. C’est en se traitant de crétin qu’il finit ce qu’il avait commencé. Se remettre à la mécanique l’a aussitôt fait débander.

Le temps qu’elle revienne avec les bières, il avait presque fini. Il le lui restait plus qu’à remplir les deux voitures en huile.



Patricia rougissait en disant ça, les yeux dans sa bouteille de bière pour éviter de croiser le regard de Philippe. Ce dernier devint cramoisi.



En partant elle releva rapidement le bas de son léger vêtement pour le redescendre aussitôt. Philippe eu à peine le temps de voir les fesses pas tout à fait blanches, avec de légères traces de bronzage. Elle croisa son regard lorsqu’il releva les yeux et lui fit un clin d’œil amusé. Malgré la situation elle avait un sourire franc, rien d’aguicheur. Il lui rendit le même sourire avant de se retourner vers les voitures.


Et pour ce qui était de l’expression de son engin comme elle disait, c’était effectivement le cas. La seule pensée de ce qu’il avait vu un peu plus tôt avait suffit à le remettre en forme bien involontairement. Étrangement, il ne se sentait pas mal à l’aise. C’était simple, franc et sans équivoque. Il n’y avait rien de plus. Rien.


La tension disparut aussitôt qu’il se remit aux voitures. Mais cela ne l’empêchait pas de réfléchir. Il savait que ce couple n’était pas parfait, depuis longtemps, mais quand même. L’attitude de Patricia pouvait prêter à confusion. Pourtant il la connaissait et savait qu’elle pouvait être très nature. Discuter franchement sur le sexe comme sur autre chose, jouant avec les mots mais sans forcément avoir d’arrière-pensées, juste provoquer. Sa femme et lui furent un peu surpris au début mais se mirent vite dans l’ambiance. Les discussions de fin de nuit au bout d’un long repas bien arrosé avaient permis bien des échanges sans aucun fard. Pourtant nulle ambiguïté n’était venue troubler les discussions.


Il en était à ces réflexions lorsqu’il retourna dans la maison, en ayant définitivement terminé dans le sauna qui leur sert de garage. Patricia venait justement dans sa direction.



Philippe ouvrit et enleva la combinaison devant elle. Rapide, mais sans timidité ni effeuillage. Il lui tendit et elle la prit immédiatement, le regardant de bas en haut, puis dans les yeux avec le sourire. Il avait de la chance, pas d’érection, mais malgré tout son sexe était raisonnablement gonflé. Lorsqu’elle se retourna pour l’emmener dans la buanderie elle poursuivit :



L’entendre parler ainsi de Matthias lui parut étrange. Il est encore son mari, quand même !

Direction salle de bain. Prendre une douche froide lui fit du bien à plusieurs niveaux. Il ne put s’empêcher de s’amuser de la situation. Pourtant et ce qui le surprit lui-même, il avait envie de la poursuivre. Les digues commençaient à lâcher et arrêter de brider son esprit temporairement lui faisait le plus grand bien. Ce n’est que lorsqu’il s’essuya légèrement pour garder de l’humidité rafraîchissante qu’il remarqua que ses vêtements avaient disparu. Ah, elle veut jouer ? Il se servit de la serviette assez longue pour se faire une jupe et sortit ainsi la rejoindre à table.



Elle avait très bien préparé la table, dressée comme elle le serait à l’occasion d’une fête. Les compliments qu’il lui rendit la surprirent et elle rougit un peu plus.

À l’occasion de ce léger repas, très largement agrémenté de plusieurs bouteilles d’un vin rosé très acceptable et surtout bien frais, il apprit avec surprise la situation exacte du couple.


A priori, selon les dires de Patricia, ils faisaient chambre à part depuis des mois. Cela faisait même près de deux ans qu’il ne l’avait pas vraiment touchée. Cela faisait bien plus encore qu’elle n’y prenait plus de plaisir si elle n’en avait jamais pris. Elle se doutait plus que fortement que ses sorties entre collègues de plus en plus fréquentes n’avaient pour but que la « cagole » qui occupe le poste de secrétaire de son service. Pourquoi restait-elle avec lui ? La paresse, la facilité, sa situation financière. Il n’est pas chiant, ni méchant, juste incroyablement con et imbu de lui-même. Comment avait-elle pu sortir, se marier avec lui et lui faire deux enfants ? Elle l’avait aimé au début. Et puis il était surtout presque son premier amour. Elle allait jusqu’à dire que ses deux enfants devaient être plus intelligents et cultivés que lui. La maison est suffisamment grande pour qu’ils y vivent tous les deux sans trop se croiser. Ils ne s’engueulent même pas, mais sont devenus des colocataires.



Ils se lèvent ensemble, sauf que la serviette de Philippe ne veut pas suivre le mouvement. Il se retrouve nu debout et Patricia se mit à rire.



En effet la ceinture du peignoir n’est plus attachée et laisse les deux pans largement ouverts.



Ils se regardèrent sans rien dire un quart de seconde, sans rire.



Philippe se demande ce qui lui a pris de demander ça. Comment a-t-il pu oser ? Heureusement qu’elle ne l’a pas rembarré, elle en aurait largement eu le droit. Il a dû trop boire. Il ne se tient jamais comme ça d’habitude. Mais là, c’est autre chose. L’ambiance, l’alcool, il n’en a même pas honte.

Lorsqu’elle revient, une assiette à chaque main, les glaces très bien présentées avec langue de chat et feuille de menthe fraîche. Philippe est surpris. La ceinture était de nouveau détachée et le peignoir largement ouvert



Philippe repose sa cuillère, vide d’un coup le fond de son verre histoire de se donner du courage en se levant et enlève sa serviette qu’il plie puis dépose en prenant son temps sur le dossier de la chaise. Il se rassoit lentement, tout en regardant Patricia dans les yeux, provocant.

Silencieuse, elle répète presque geste pour geste les mêmes actions. Cuillère, verre, pliage du peignoir, le pose et se rassoit.



Le repas se finit doucement, ils parlent, rigolent, nus. Ils débarrassent la table ensemble, rien, s’observant, mais évitant de se toucher.



Elle s’éloigne et monte les escaliers sans quitter Philippe du regard, exposant sa féminité. De son côté, il la regarde, le sexe visiblement gonflé, mais sans érection. Sans poser de question, il part faire le café. Il évite surtout de penser. Il ne se reconnaît pas. Lui qui est d’un naturel si pudique. Nu, avec une femme nue. D’accord il n’est pas Apollon et elle ne ressemble pas plus à Vénus. Ils ne sont pas moches, juste quelconques. Ils portent leur quarantaine, sans plus, ne sont pas de grands sportifs, mais à ce stade-là, ils s’en foutent. Il n’a pas vraiment envie d’elle et doute très fortement qu’elle-même a envie de lui. Ils ont juste envie et besoin d’être bien, sans barrière.

Il sert les cafés et s’installe dans un des fauteuils en cuir du salon de façon à pouvoir la voir arriver. Des fauteuils très confortables et profonds. Heureusement qu’il y a un petit tissu dessus sinon il resterait collé par la transpiration. Dans sa position il peut difficilement cacher son sexe, mais il n’en a pas l’intention non plus.

Il l’entend revenir de sa chambre.


Elle descend les marches en tenant un petit sac à dos.



Sur ces mots elle s’approche d’un mur, appuie sur un bouton et tous les volets roulants se fermèrent lentement. Les pièces s’assombrissent, ce qui n’est pas sans donner un joli effet intimiste qui colle parfaitement à l’ambiance. Ambiance chaude, lourde et moite. Mais ambiance apaisante, confortable et surtout désirée par les deux acteurs de cette scène.


Sans parler, elle s’approche de la table basse pour y faire l’échange de son sac avec la tasse de café sans quitter Philippe des yeux. Ses gestes sont lents et calculés, se pencher en avant, les jambes bien droites, se relever avec sa tasse, faire demi-tour pour aller vers le second fauteuil en face. Bien se montrer. Se baisser face à lui pour s’assoir tout en regardant la verge qui grossissait un peu plus.


Effet mal calculé, au lieu de ne poser que le bord des fesses sur l’assise, elle s’effondre au fond du fauteuil. Elle-même surprise, elle réussit avec un mouvement autant héroïque que ridicule de ne pas se renverser dessus le contenu de sa tasse.

Par réflexe, Philippe se lève immédiatement vers elle pour lui porter secours.

Comme il n’y a pas d’accident, ils partent tous deux d’un grand fou-rire.



Après l’avoir regardé dans les yeux en riant, le regard de Patricia descend sur le sexe de Philippe qui se tient à peine à cinquante centimètres. Sexe à moitié érigé, agité d’un léger battement.



Elle se renfonce un peu plus dans le fauteuil, les jambes très légèrement écartées, attirant forcément le regard sur sa féminité réveillée. Provocante, mais pas vulgaire.

À son tour, comme une très vieille danse, Philippe réalise toutes ses actions de manière posée. D’abord en reculant, pour en perdre le moins possible, puis n’hésitant pas à lui tourner le dos, à se tourner et retourner.

Ils paradent, ce n’est pas autre chose.

Ils se présentent, s’apprécient, se jaugent.

Ils sont francs. Ne se cachent rien. Ni les désirs naissants, ni les imperfections.


La Neuvième démarre sur sa note presque dramatique, le temps qu’il retourne s’asseoir, prenant au passage sa tasse et faisant attention à ne pas commettre la même erreur que Patricia. La musique envahit la maison, prenant son rythme plus calme, diffusant à travers l’air épais.

Les deux convives ont un sourire en coin, mais un sourire de plaisir amical. Étrangement c’est la satisfaction de se sentir à l’aise qui les prend et non quelques pensées lubriques.

Ils restent quelques courtes minutes sans rien dire, sans faire d’autres bruits que ceux provoqués par la dégustation du café, à se détailler et se renvoyer des regards appuyés.

C’est lui qui rompt le premier le silence en choisissant un moment de creux dans la musique, comme pour ne pas perturber l’orchestre absent.



Elle s’extirpe plutôt comiquement du fauteuil, reposant la tasse après avoir pris son sac. Sans chichi elle en sort des boules de geisha et un rabbit. Elle a un geste d’hésitation mais repose son sac et prend les deux objets en main en se rasseyant.



Patricia est de nouveau affalée dans le fauteuil, ses objets en main. Ils ne se quittent plus des yeux. Chacun essayant de trouver quoi faire. Relancer la conversation ? Agir ?

L’atmosphère moite, suffocante, n’aide pas. Même les corps nus sont brillants de sueur, ce qui ne va pas dans le sens de la sagesse.



Patricia fixe le sexe de Philippe, une érection naissante parfaitement visible. Elle a vraiment chaud et pas qu’à cause de la température de la pièce. Elle ne répond pas.

Posant les boules de geisha à côté d’elle d’une main, de l’autre elle commence à frotter la tête du rabbit sur son corps, sans l’allumer. Elle remonte ses genoux sur les accoudoirs du fauteuil pendant que la pointe en silicone du vibromasseur se promène sur ses seins, agace leurs pointes tendues. La main libre de tout objet caresse son ventre. Les pupilles se dilatent, les ailes du nez frémissent. La bouche entrouverte, le souffle un peu plus court provoque des mouvements de poitrine plus rapides. Elle est réellement hypnotisée par la bandaison maintenant complète de Philippe.


Celui-ci ne lâche pas les mains de son amie du regard. À son tour il s’enfonce un peu plus dans le fauteuil, relevant de fait son bassin. Il se met à parcourir sa verge du bout des doigts, doucement, de ses testicules au gland puis revenant. Cette sensation avait été oubliée depuis le temps. Même ses rares séances de masturbation ne lui donnaient pas autant de plaisir. De l’autre main il s’agrippe à l’accoudoir, les doigts voulant s’enfoncer au plus fort, comme pour se retenir de basculer. Il fait sombre, mais il voit parfaitement sa complice, sa transpiration perlant entre sa lèvre et son nez, sur ses pommettes, sur ses seins, glissant dans la vallée qu’ils forment vers le nombril tel un ru alimente un petit étang. À son tour, il se déverse vers le buisson mais les passages de la main et de l’artefact en plastique empêchent le ruisseau d’arriver à destination.

Au moment même où il prend à pleine main sa hampe dressée, Patricia plonge la sienne entre ses jambes et gémit.


Elle n’attendait que ça. Ne faiblissant pas du regard, voir Philippe s’empoigner lui donne le signal qu’elle aussi va se masturber. Les lents mouvements des deux se synchronisent, les bruits humides s’amplifient. Quand il étale la goutte de liquide séminale sur son gland, elle sort ses doigts pour se les lécher, puis bascule encore un peu plus son bassin en avant et s’enfonce en un seul geste le rabbit jusqu’au fond, les petites oreilles du jouet collées sur le clitoris.


Philippe profite de la vue et ne bouge plus tant qu’elle reste immobile, savourant cette intromission. Ce sexe ouvert pour lui, trempé, qui coule en continu arrosant l’anus palpitant. Ils ne pensent plus, ne réfléchissent plus. Ils ne sont plus que sensations. Les frottements, les bruits, les jeux de lumières et d’ombres, les odeurs de sexe et d’hormones brutes, le goût salé de la sueur dans la bouche. Il reprend ses va-et-vient au moment même où elle déclenche les vibrations de l’engin. Il a l’impression de n’avoir jamais senti une érection aussi grosse. Il en a mal et la seule chose qui le soulage est de se masturber, motivé par les gémissements de Patricia autant que par les bruits de succion du gode qui la pilonne.


C’est comme s’il avait une vie propre, elle ne sent pas les mouvements de sa main, seulement ceux, de plus en plus forts du vibro. La pression de sa vessie pleine se fait sentir de plus en plus, aussi se retenir rend la tension de la masturbation terrible. Elle va de plus en plus vite, de plus en plus fort, accompagnée par la main de Philippe qui tient le rabbit, dans sa tête, mais dont la masturbation devient si rapide que les mouvements en sont flous. Même sa langue sort un peu de sa bouche, comme si elle pouvait goûter ce gland gonflé, trempé de liquide séminal. Et dans sa frustration de ne pas pouvoir le faire, elle se venge en se martyrisant la chatte encore plus avec le phallus en silicone. Son autre main a depuis un moment trouvé chemin entre ses fesses pour se titiller l’anus, un doigt, puis deux, puis trois jouant à cache-cache avec les yeux de l’hormone mâle à deux mètres de là.

Philippe halète, il a du mal à se retenir, il va exploser. Voir Patricia exposée devant lui, se donnant du plaisir, pour lui, avec lui, presque par tous les trous, c’est plus qu’il n’en a eu ces dernières années. Sa verge est énorme, elle lui brûle la main, elle palpite de sa vie propre. Ils ne respirent même plus, en apnée tous les deux dans une course au plaisir.


Tel l’arrêt d’un cœur qui bat sur un électrocardiogramme à cause d’une trop violente montée de son rythme, au même instant exactement ils explosent.

Lui giclant comme jamais, s’arrosant le ventre, les mains et même un peu sur le fauteuil et autour de lui. Elle s’enfonçant en même temps le gode dans le vagin et les doigts dans son anus, expulsant des jets de cyprine mêlés d’un peu d’urine débordant de sa vessie pleine.


Cependant, à aucun moment ils n’ont fermé les yeux, à aucun moment ils n’ont crié. Tous les sens en éveil pour absorber le plus possible le plaisir de l’autre, renforçant en feedback son propre plaisir, la jouissance qui s’amplifie à cause et grâce à celle de l’autre, encore et encore montant sans vouloir redescendre, tous les muscles du corps tendus à rompre.


Et puis c’est le relâchement général, brut, sans graduation, les corps qui s’effondrent.

Dans un geste fiévreux, Patricia arrive à se lever, pantelante, sautant presque sur Philippe, s’asseyant sur son ventre sans s’occuper de sa verge encore turgescente, pour frotter maladivement son sexe inondé et béant sur le sperme étalé. Un besoin physique intense, sans raison logique. Un geste purement animal, les sécrétions des deux partenaires se mélangeant dans un espoir de fécondité désespérée et sans issue. Elle ondule du bassin tant qu’elle part pour re-jouir une nouvelle fois. Le choc répété de ses fesses sur le gland de Philippe le rend immédiatement ultrasensible et le plaisir remonte en flèche. À tel point que c’est en quelques secondes une nouvelle extase pour les deux. Jouissance moins violente, mais plus profonde, arrosant le ventre de Philippe d’un nouveau jus épais mais à l’odeur délicieusement sucrée. Lui-même badigeonnant de son sperme les fesses et l’anus de Patricia. Et elle s’écroule sur lui.


Ils ne disent rien, ne s’embrassent pas, mais se serrent dans les bras l’un de l’autre et se mettent à pleurer, tous les deux, doucement, en silence. Seuls quelques hoquets abdominaux sont perceptibles en plus de leurs souffles.