• — Bon anniversaire, ma chérie !
• — Quoi ? … Mais c’est pas mon anniversaire…
• — T’as oublié ce qui s’est passé il y a juste un an ?
• — Juste un an ?
• — Oui, il y a tout juste un an, tu as été à moi pour la première fois.
• — Ah bon ?
• — Oui.
• — Je dois bien avouer que j’avais pas noté ça sur mon agenda.
• — Pour moi, elle est importante, cette date… Il n’y a pas de quoi rire !
• — Bon, voilà que tu vas bouder maintenant. Je ris à cause de ton vocabulaire, et de ton air de chien battu.
• — Qu’est-ce qu’il a, mon vocabulaire ?
• — « J’ai été à toi pour la première fois », comme si j’étais ta chose.
• — Je t’ai possédée, c’est l’expression consacrée. Ou, si tu préfères, tu t’es donnée à moi.
• — Donnée, donnée… En fait, quand tu es en moi, c’est plutôt moi qui te possède, je trouve. Et quand tu as fini, tu t’en vas, c’est la loi de la nature. D’ailleurs je préférerais même, parfois, que tu restes un peu plus longtemps.
• — Il me semble bien que je te fais jouir, quand même !
• — Mais oui, mais oui, Jérémy, ne t’inquiète pas.
• — Alors, pourquoi ne pas vivre carrément ensemble ? C’est parce qu’il y a quelqu’un d’autre, hein ?
• — Voilà que ça recommence ! Ta jalousie est ridicule, et je te prie d’arrêter tes jérémiades.
• — Ah ! C’est malin ça !
• — Tu l’as bien voulu…
• — Avec qui tu couches ? Dis-le-moi, au moins.
• — Avec toi, hier soir.
• — Et dans la semaine, et toutes les nuits que tu passes sans moi ? Moi qui me morfonds en attendant que tu daignes me faire signe, me convoquer dans cette chambre. Je voudrais tellement vivre avec toi !
• — Ça continue !
• — Ça continue parce que tu ne m’aimes pas assez.
• — Bon, tu boudes, décidemment ? Eh bien on va se lever, alors. Tiens, je vais faire le café…
• — C’est ça… Les jours où j’suis pas là, tu leur fais le café, aussi ?
• — Tu m’ennuies, Jérémy, tu me fatigues à un point… Tiens, on sonne.
• — N’ouvre pas !
• — Et pourquoi donc ?
• — Tu es à poil.
• — Bon, je prends mon peignoir, pour te faire plaisir.
• — Et si c’est un de tes ex ? Ou un de tes collègues ?
• — Eh bien, on fera l’amour à trois. À condition que tu arrêtes de bouder.
• — Oh !
• — Voilà, voilà, j’arrive ! … Manon ! Mais qu’est-ce que tu as, Manon ? Tu pleures ? Entre donc.
• — Oh ! T’es pas seule. Je m’en vais.
• — Reste, Manon. Tu connais bien Jérémy ?
• — Oui, un peu.
• — Alors, Manon, qu’est-ce qu’il y a ?
• — Il y a qu’Antoine m’a plaquée.
• — Ah bon ? Et ça te met dans des états pareils ? Un de perdu…
• — Mais je l’aimais !
• — T’en parles déjà au passé, donc tu l’aimes plus. Assieds-toi sur le lit… Jérémy, pousse-toi donc un peu ! J’allais faire du café.
• — Non, pas pour moi, merci, je vous dérange, je vais partir.
• — Reste. Et pose-toi sur ce lit comme je te l’ai dit… Allez, raconte. Qu’est-ce qu’il a donc fait, ton Antoine ?
• — Il m’a envoyé un SMS : « Adieu Berthe ».
• — Il s’est trompé de fille, toi c’est Manon.
• — Oh…
• — Allons, pleure pas comme ça.
• — En plus, tu te fous de moi… Il m’avait dit un jour, le salaud, que lorsqu’il en aurait marre de moi, il m’enverrait ce SMS, « adieu Berthe ».
• — C’est peut-être pour rigoler, pour voir ta réaction.
• — Oh non, c’est sérieux, il couche sûrement avec une autre.
• — Eh bien, remplace-le en vitesse, et voilà.
• — Oh, j’ai pas du tout envie d’en chercher un, va.
• — On dit ça, mais la solution c’est d’en avoir un tout de suite.
• — Si tu crois que j’ai envie de me faire plaquer une fois de plus… Mais qu’est-ce que je lui ai fait pour qu’il foute le camp, ce con ? J’étais aux petits soins pour lui. Tout ce qu’il voulait il me le faisait, quand il voulait, même quand ça m’enchantait pas vraiment.
• — Quoi donc, par exemple ?
• — C’est très intime, ça.
• — Allez, raconte !
• — Pas devant Jérémy.
• — Il en a entendu bien d’autres, Jérémy, hein, Jérémy ?
• — Bah oui…
• — Eh bien, il voulait que j’avale, par exemple. Et… il me prenait par derrière.
• — En levrette ? Moi j’aime bien.
• — Mais non ! Dans le petit trou…
• — Et alors ?
• — Et alors ça me plaisait pas, ça me faisait mal et puis c’est tout.
• — Il faut lubrifier avant, bien sûr. Mais quand c’est bien fait, j’te jure que c’est agréable.
• — Oui, mais toi tu es une libertine, et depuis longtemps… Oh pardon, j’aurais pas dû dire ça devant Jérémy.
• — Jérémy sait très bien qu’il n’est pas le premier. Pour le moment il est un peu jaloux mais ça lui passera. Pas vrai, Jérémy ?
• — …
• — Qui ne dit mot consent. Bon, je vais faire le café.
• — Je vais t’aider.
• — Non, reste avec Jérémy. Jérémy, console-la.

oOo

• — Le café est fait ! Non, reste sur le lit, je vous l’apporte. Jérémy est tout nu, tu comprends… J’ai rien entendu. Vous n’avez pas parlé ?
• — Non.
• — Vous vous êtes regardés en chiens de faïence ?
• — Non, il m’a fait quelques sourires.
• — Et toi ?
• — Moi aussi… Tu as pitié de moi, hein, Jérémy ?
• — Euh…
• — Il est comme tous les garçons, il fond devant une jolie fille qui pleure. Mais enlève donc ce chandail, Manon. Il est tout mouillé. Il pleut, dehors ?
• — Oui, pas mal.
• — Enlève-moi ça, j’te dis, tu vas attraper la crève… La pluie, plus tes larmes, ça en fait, du liquide ! Il est joli, ton soutien-gorge mais il est humide lui aussi. Il faut que tu prennes une douche.
• — Une douche ?
• — Bah oui, avec moi, comme au bon vieux temps.
• — Comme au bon vieux temps ?
• — Viens donc ! Et ne regarde pas Jérémy comme ça.

oOo

• — Pose tes habits ici… Non, laisse la porte ouverte.
• — Pourquoi ?
• — Parce que.
• — Mais qu’est-ce que tu as raconté ? J’ai jamais pris de douche avec toi, jamais.
• — Il y a un commencement à tout. Finis de te déshabiller, et viens sous la douche… Tu es vraiment belle, tu sais.
• — J’aime pas les filles, Manon.
• — Mais moi non plus, idiote… Jérémy, viens nous frotter le dos !
• — Mais tu es folle !
• — Pas du tout, pas du tout.
• — Tu crois qu’il va venir ?
• — Jérémy, viens tout de suite ou je te plaque pour vivre avec Manon !

oOo

• — Fallait pas mettre ton pantalon de pyjama, Jérémy, tu vas le mouiller. Enlève-le donc et viens sous la douche avec nous… Tu regardes les fesses de Manon, elle a un cul superbe, Manon, hein ? Et le devant alors… Tourne-toi, Manon, montre tes seins à Jérémy… tes seins et le reste. Allez, tourne-toi. Et toi, Jérémy, je suis sûre que tu bandes.
• — Je suis venu parce que j’veux pas que…
• — Enlève-moi ça et viens, idiot ! Ah non, tu bandes pas encore, tiens. Savonne le dos de Manon, et ses fesses. Moi je vais m’occuper de ses seins, à moins que… Non, savonne-lui donc aussi les seins. Tu préfères les siens ou les miens ? Bon, tu commences à bander, ça va mieux… Embrasse-moi. Elle aussi, embrasse-la.
• — Mais…
• — Embrasse-la, j’te dis, elle demande que ça… Manon, savonne donc son ventre et ses couilles, et aussi le gland mais avec délicatesse, faudrait pas qu’il jouisse, après il est plus bon à grand-chose… Allez, rince-nous, maintenant. Le jet bien sur nos nichons et dans nos chattes. Écarte les cuisses, Manon. Quels jolis petits poils frisés ! Entre ces mignonnes lèvres de corail, qui va glisser sa langue tout à l’heure, Jérémy, toi ou moi ? En attendant rince-toi donc et file-nous les serviettes de toilette, elles sont dans le placard sous le lavabo.

oOo

• — Au lit, maintenant ! Entre nous deux, Jérémy. Ce que tu fais à l’une, il faut aussi le faire à l’autre, aussitôt après. Suce mes tétons comme tu sais si bien le faire… Voilà, ceux de Manon, maintenant… Et descends jusqu’à sa chatte, écarte, lèche, suce son clito… À moi maintenant ! À moi ! Il reviendra, Manon, t’en fais pas.
• — Homph… homph.
• — Ah ! C’est bon, c’est bon… mais n’oublie pas la pauvre Manon. Allez, vas-y de bon cœur, Jérémy, fais-la jouir maintenant, prends-la. Moi je vous regarde, c’est beau un garçon et une fille qui font l’amour.

oOo

• — Pour moi, maintenant, c’est râpé, je constate.
• — Je vais recharger mes batteries, attends un peu.
• — Prends ton temps.
• — Qu’est-ce que tu fais, Sophie ? Tu es fâchée ?
• — Pas du tout ! Je vais téléphoner.
• — À qui ?
• — Vous allez bien voir… Allo Antoine ? … C’est tout bon, arrive !