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n° 16247Fiche technique10116 caractères10116
Temps de lecture estimé : 6 mn
18/06/14
Résumé:  Un jeune homme découvre une nouvelle forme de sexualité.
Critères:  vacances cérébral voir
Auteur : Biwood            Envoi mini-message
Ma rencontre avec Clotilde

À l’époque, je travaillais dans un Quick pour payer mes études de Droit. La paye n’était pas super, mais comme je vivais chez mes parents, je n’avais pas de charges à payer. Je crois que c’était un vendredi du mois de juillet que je l’ai vue pour la première fois. Elle s’était présentée à ma caisse pour commander un menu. Chose assez troublante, je me rappelle avec précision chaque détail de notre rencontre. Elle portait ce jour-là une robe rouge à pois blancs, et ses cheveux blonds étaient, contrairement à ses habitudes, attachés. Ce qui m’avait le plus attiré chez elle, c’était ses cheveux qui n’étaient pas comme ceux de la plupart des blondes : ils étaient blond platine ; cela lui donnait, en plus de ses larges lunettes, un air de pureté. Dès que j’ai croisé son regard, j’ai ressenti cette envie de la posséder, qu’elle soit mienne. Je ne la connaissais pas, et pourtant elle semblait être ce que je recherchais chez une femme. Intelligente et dotée d’une innocence presque enfantine. Et heureusement, mes intuitions se sont révélées exactes.


Tout en lui préparant sa commande, je réfléchissais à un moyen de l’aborder. Ma timidité m’empêchant de le faire en public, j’eus l’idée de génie d’omettre intentionnellement le dessert sur son plateau. Après avoir servi deux autres clients, je quittai mon poste et décidai d’aller la voir, tenant fermement son dessert dans ma main. Par chance, elle était assise dans un endroit assez isolé. Je pouvais donc aller lui parler sans prendre le risque que quelqu’un m’entende. Quand elle me vit m’asseoir à ses côtés, elle fit semblant de pas me voir et continua à boire son Coca. La façon dont elle le buvait était assez inconvenante. En effet, cela lui donnait en même temps un caractère sensuel mais aussi innocent.



Elle prit son dessert sans même me regarder, comme si je n’étais qu’un vulgaire domestique. En même temps, sa réaction était prévisible. Je n’étais pas rasé, et en plus je sentais la graisse. Durant quelques secondes, je cherchai un moyen d’entamer la conversation, de susciter son intérêt. Elles parurent une éternité pour moi. Bien qu’elle ne daignât pas me regarder ou me parler, je sentais que le simple fait de me tenir à ses côtés lui était insupportable. C’est alors que je vis ce livre. Il était posé sur le coin de la table à côté de son plateau. Je le regardai plus en détail pour voir le titre. Et par chance, je connaissais cet ouvrage. C’était le roman Histoire d’O de Pauline Réage. Un ami me l’avait fait lire quand j’étais lycéen et, à l’époque, je l’avais trouvé obscène.



Cette phrase la fit sortir de son mutisme et elle consentit enfin à me parler.



J’avais enfin trouvé l’occasion d’engager la conversation ; et bien que n’ayant aucune connaissance sur le sujet, je feignis d’y être expert, citant pêle-mêle des auteurs dont j’avais entendu le nom et en inventant d’autres. J’aurais aimé discuter avec elle plus longtemps mais, malheureusement, j’étais encore en service. Elle me laissa son numéro ainsi que son prénom sur un petit mouchoir. Elle s’appelait Clotilde.


J’attendis trois jours avant de l’appeler, profitant de ce laps de temps pour me renseigner plus amplement sur la littérature érotique. Estimant être prêt, je l’ai appelée le mardi soir. J’appréhendais tellement ce moment que mes mains tremblaient quand je composai son numéro. Je faillis d’ailleurs lâcher le téléphone quand j’entendis sa voix. En prenant une intonation suave, elle me dit :



Après quelques phrases de politesse, je raccrochai, troublé. Pour moi, si elle voulait me voir le soir, cela signifiait qu’elle voulait du sexe. Cependant, Clotilde était, selon ma première impression, trop douce pour coucher avec quelqu’un qu’elle connaissait à peine.


Le lendemain, je me présentai à son appartement. Malgré quelques réticences, j’avais finalement décidé de prendre quelques préservatifs. C’est elle qui m’ouvrit la porte. Dès que je la vis, je ne pus refréner une érection. Elle était vraiment magnifique. Elle avait toujours cette robe à pois, mais ses cheveux étaient détachés, ce qui lui donnait un visage plus harmonieux. Bien que m’étant rasé la barbe et après avoir pris plusieurs douches, je me sentais tout de même mal à l’aise de vouloir séduire une femme comme elle. Clotilde me fit entrer et je pus constater que son appartement était comme je l’imaginais : plein de livres.

Une fois dans l’appartement, elle me fit asseoir sur un fauteuil en cuir. Elle se posta devant moi et laissa glisser sa robe le long de son corps. Elle était entièrement nue. Je restai hébété devant elle, ne pouvant détourner mes yeux de ses seins fermes et ronds.



Je ne me fis pas prier et, en quelques secondes, j’avais retiré tous mes vêtements.



Contrairement à mes attentes, elle ne me fit pas de fellation. Elle prit un livre dans l’une de ses étagères. C’était Les mémoires de Fanny Hill, de John Cleland. Elle s’assit à côté de moi et commença à lire la première page. Une fois qu’elle eut fini de la lire, elle me tendit le livre et me dit :



La proximité de son corps avec le mien et la sensualité qui se dégageait du récit me mit dans un état d’excitation indescriptible. Chacun notre tour, nous lisions une page, et plus nous avancions dans l’histoire, plus nos corps devenaient lascifs. Cependant, il n’y avait aucun désir sexuel entre nous. Après quatre heures de lecture, nous finîmes l’ouvrage. Nos corps étaient presque collés à cause de la sueur qui s’en écoulait.

Sans mot dire, je remis mes vêtements. Clotilde, tout en restant nue, me raccompagna à la porte.



Ce fut comme ça tous les mercredis soirs de cet été : nous nous asseyions côte à côte et nous lisions des écrits licencieux. Grâce à elle, je pus découvrir Sacher-Masoch, Sade, Françoise Rey, Jacques Serguine et plein d’autres. Avant, je lisais très peu, mais Clotilde me fit découvrir que l’on pouvait éprouver des sensations avec la littérature. Cet été fut le meilleur de ma vie et, inconsciemment, je pensais qu’il serait éternel. Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin, et en octobre j’ai dû reprendre mes cours de Droit. À cause de mon emploi du temps, je ne pouvais plus aller chez Clotilde. Toutes les semaines, je me disais « Il faut que j’y retourne… », et à chaque fois je remettais ça à la semaine suivante.


Les vacances de Noël arrivèrent et j’eus enfin l’occasion d’y retourner. Comble de malchance, elle avait déménagé. Pendant deux ans, j’ai essayé de la retrouver en cherchant sur les réseaux sociaux, dans les forums consacrés à la littérature érotique, et même dans des clubs libertins. Ne connaissant que son prénom, je suis resté bredouille. Je me suis alors rendu à l’évidence : je ne la retrouverais jamais.


Une fois mes études de Droit finies, j’ai ouvert un cabinet de notaire sur Paris. Je continue à lire des romans érotiques, mais cela n’a plus le même effet qu’avant. Sur le plan sexuel, je n’ai jamais réussi à jouir en pratiquant le coït et, par conséquent, j’ai eu très peu de conquêtes féminines. Autant vous l’avouer, ma vie était assez morne et je m’attendais à la finir avec une rombière imbaisable. Mais parfois le destin peut vous réserver des surprises…


Dix ans jour pour jour après notre première rencontre, j’étais dans une librairie, flânant au rayon des ouvrages érotiques. C’est alors que j’ai vu ce livre, Les mémoires de Fanny Hill. D’un coup, tous les souvenirs vécus à ma première lecture revinrent. Je feuilletai au hasard les pages, essayant de me rappeler les sensations que j’avais éprouvées en les lisant. C’est alors que j’entendis sa voix.



Je me retournai ; elle était là. J’avais rêvé de ce moment depuis des années, et finalement il semblait trop incroyable pour être vrai. Clotilde était encore plus belle que dans mes souvenirs : elle portait un tailleur qui lui donnait une silhouette élancée, et ses cheveux étaient plus longs et soulignaient encore plus la perfection de son visage



Clotilde prit le livre de mes mains et commença à le feuilleter, se remémorant elle aussi les souvenirs éprouvés à sa lecture.