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n° 16279Fiche technique58515 caractères58515
Temps de lecture estimé : 35 mn
29/06/14
Résumé:  Alexandra se réveille dans une chambre d'hôtel, mais ce n'est pas la sienne. Tout ce dont elle se souvient, c'est que la nuit a été pour le moins agitée. Petit à petit, elle essaie d'en reconstituer le déroulement.
Critères:  grp couplus inconnu vacances hotel partouze
Auteur : FreddySirocco      Envoi mini-message
Very Nice trip

Je prends soudain conscience que j’existe. Comme si je sortais d’un long tunnel. Je n’en suis pas encore à essayer de me rappeler qui je suis ni quel jour on est, seulement à considérer que j’ai vraiment très, très mal aux cheveux. Et le feu au cul. À la chatte et au cul pour être tout à fait précise. Ce qui signifie que la soirée a dû être… mmm… chaude. Au bas mot.

Vais-je seulement réussir à ouvrir les yeux ? Ca y est, je me décide enfin. Au-dessus de moi, un plafond blanc ; comme tous les plafonds me direz-vous. Sauf qu’au centre de celui-là est planté un gigantesque lustre constitué de milliers de petits cristaux. Et ça, c’est beaucoup moins banal.


Je me redresse sur les coudes. La couette sous laquelle je me pelotonnais roule sur mes seins. Je réalise qu’ils sont nus. Je soulève légèrement l’édredon et, d’un rapide coup d’œil, je constate que je ne porte rien non plus sous le nombril. Me voilà en tenue d’Ève, allongée sur un très beau sofa en daim, dans une immense chambre qui ressemble fort à une chambre d’hôtel de luxe semblable à celles que l’on peut voir dans les films.


Putain, mais quel bordel ! Je n’ai jamais vu une pièce dans un état pareil ! La première chose à me frapper c’est le rideau ou, plus exactement, la tringle du rideau. Elle est brisée en deux, comme si quelqu’un s’y était accroché. Et ce quelqu’un, c’est moi. Je le sais. Confusément mais sans aucun doute. La scène n’est pas encore bien nette dans ma tête, mais je sais avec certitude que cette nuit j’ai grimpé aux rideaux. Et pas qu’à ceux-là.

Le reste de la pièce n’est que désolation. Le sol est jonché de vêtements, de cadavres de bouteilles, de reliefs de nourriture et d’autres détritus dont je ne préfère pas dresser un état des lieux exhaustif. Il me semble même distinguer deux ou trois capotes usagées.


À ma gauche un grand lit à baldaquin est totalement défait, révélant le corps, alangui et incroyablement charnu d’une sorte de gretchen du XXIe siècle franchement ridicule dans ses sous-vêtements en léopard rehaussés des dentelle turquoise. Je ne savais même pas qu’il était autorisé d’associer turquoise et léopard. Réalisant que je la regarde, la péronnelle agite niaisement la main vers moi en susurrant un truc qui veut vraisemblablement dire « Réveillée ? » ou « Ça va ? » dans une langue qui m’évoque l’Est de l’Europe.

Je lui réponds laconiquement puis je détourne le regard.


Cette fois, je tombe sur un homme plus qu’imposant avachi dans un fauteuil de la même gamme que mon sofa. À vue de nez, le bestiau mesure au moins deux mètres et dépasse allègrement le quintal de barbaque velue. Quoique, je suis médisante : c’est visiblement moins de la viande que du muscle. Et des poils. Comment peut-on être aussi poilu ? Mais surtout, comme se fait-il que j’aie réussi à dormir à côté d’un type qui ronfle aussi fort ? L’animal ronfle comme la turbine d’un antique avion à hélice. Il ronfle tellement que tout son corps vibre, au point que la couverture qui peinait à couvrir le bas de son corps finit par glisser à ses pieds. Mazette ! Quel engin !


Soudain mon esprit se met en branle (j’adore cette expression !). J’ai comme un flash. C’est comme pour les rideaux, tout n’est pas clair, mais ça se précise petit à petit. Cette toison que je toise depuis quelques minutes, elle est d’une douceur incroyable. Je me vois la caresser comme on se plaît à caresser un ours en peluche ou un gros chien. Et je n’ai pas caressé que ses poils au colosse ronfleur. Ce type-là, je l’ai eu sur moi, sous moi, devant, derrière, dans ma bouche, dans mon con et même dans mon cul. Et longtemps encore. J’en frissonne. Je comprends mieux pourquoi j’ai si mal aux fesses ! Moi qui m’adonne d’ordinaire si peu à la sodomie…


Et puis… il n’était pas seul ! Double pénétration ! Moi ! Grande première ! Et mon chéri qui n’est pas là… J’espère qu’il a tout vu ou que ça a été filmé : étant donné l’état de mon arrière-train ce matin, je ne compte pas recommencer tous les jours ! Je devais être sacrément excitée en tout cas. Ou droguée… Qui sait ? Tout cela est tellement confus. J’ai tout de même le souvenir d’un moment très, très agréable, c’est bon signe… Il y avait ce gars, sur le lit, qui baisait la greluche en léopard. Je les revois vaguement. Ils copulent plutôt laborieusement tandis que, de notre côté, nous donnons dans la sarabande, dans la symphonie extatique, dans l’indécent ballet. Et puis la bimbo s’endort, ou plutôt elle s’effondre, la bave aux lèvres – mais est-ce de la bave ? – et son cavalier nous rejoint pour le bouquet final. Un truc de fous. J’ai l’impression de sentir à nouveau l’énorme bite de l’ours s’introduire en moi. Ça fait mal mais c’est tellement bon et… excitant ! Je le fais ! Je suis double-pénétrée, remplie de presque partout ! Heureusement qu’il me reste la bouche pour crier ! Quelle sensation incroyable ! Je ne peux plus bouger, je suis prise dans un piège diabolique et orgasmique, je me fais carrément démonter, je hurle sous les coups de boutoir, je veux qu’ils continuent et qu’ils s’arrêtent, mon corps n’en peut plus, j’explose, je ne tiens plus que par les encouragements et les tendres caresses sur mes seins de… Martin ! Le type sous moi qui me caresse les seins, c’est Martin ! Mon voisin !


J’hallucine. Je m’assois et je me recroqueville, le menton appuyé sur mes genoux, mes bras entourant mes jambes. Je me sens sale, dans tous les sens du terme. C’est souvent le cas après une nuit de débauche. Le contrecoup qui ne dure pas, heureusement, quand je repense aux bons moments passés. Sauf que là, mes souvenirs sont encore un peu flous et… étonnants !

Je me penche vers le sol. Mon regard scrutateur doit en dire long parce que la poupée russe, aux yeux pourtant mi-clos, m’indique du doigt la jolie petite robe blanche zébrée de rose que mon chéri m’a offerte pour fêter le printemps. Et j’aperçois un peu plus loin mes escarpins rose fluo, mes préférés. Pour la culotte, en revanche, je chercherai plus tard !

Je me lève pour aller récupérer mes effets, mais quand j’arrive au centre de la pièce, je réalise que quelqu’un me hèle dans mon dos.



C’est Martin ! Il est assis en retrait, dans une espèce de kitchenette attenante à la chambre, une tasse à la main. Comme moi, il pas l’air d’en mener bien large.

Réalisant que je suis nue, je barre ma poitrine de mon bras gauche tandis que ma main droite joue les cache-sexe. Ça va être pratique pour ramasser ma robe ! Heureusement, Martin comprend ma détresse et détourne le regard. Il m’a déjà vue nue, certes, mais il est des choses qu’on tolère dans certaines circonstances et pas au réveil, dans une chambre d’hôtel mystérieuse entouré de deux parfaits inconnus.

Une fois décente, je me glisse jusqu’à lui.



Je distribue un sourire un brin crispé en direction du lit, mais la pauvresse n’est visiblement que très faiblement consciente des événements.



Nice !

À peine avons-nous passé la porte de l’hôtel que l’évidence me frappe. Je me souviens à présent. Nous avons débarqué la veille dans la baie des Anges, Marco et moi, avec ce couple horripilant qui nous sert de voisins : Sidonie et Martin.

Je dis horripilant parce que la candeur de ces deux post-adolescents est parfois effarante et que, présentement, je suis de mauvaise humeur et je suis particulièrement agacée par l’indécision qui semble tétaniser mon compagnon. Je l’intimide ou quoi ? Merde, c’est lui le militaire de carrière ! Pourquoi il ne prend pas les choses en main ? En même temps, je dois bien reconnaître que face à l’adversité, j’ai tendance à foncer, à prendre l’initiative et à tout diriger. Marc dit que je lui fais peur quand je suis comme ça. Ben maintenant je suis prête à parier que Martin partage son opinion.

Par ailleurs, si Martin et Sidonie m’horripilent parfois, c’est qu’ils ont le défaut de leur principale qualité : la gentillesse. La leur est infinie et c’est pour ça que, quitte à partir avec un autre couple, c’est à eux qu’on l’a proposé. Pour ça et aussi parce que j’adore coucher avec Martin et que Marc aime mener Sidonie vers des cieux qu’elle ne fait encore que découvrir. Mais ceci est une autre histoire.


Pour le moment, ce qui nous importe, enfin surtout à moi tant que le beau militaire qui m’accompagne se conduira comme une fiotte, c’est de me repérer dans cette foutue ville et de retrouver la cage à lapins qui nous sert d’hôtel. Je ne pense qu’à ça : retrouver l’hôtel, un univers un peu plus personnel et surtout, retrouver Marc, me réfugier dans ses bras. Alors seulement, je laisserai filer la pelote de mes nerfs et je pleurerai un bon coup. Mais bordel, qu’est-ce qui s’est passé cette nuit pour que je me réveille dans un tel état ?



Je ne réponds pas. Je poursuis ma marche forcée sur le front de mer en direction de l’aéroport. L’hôtel se trouve juste à côté. Si loin, si proche.



Tiens, mon beau militaire se rebelle ! Je préfère ça !



C’est bizarre, ils sont interdits dans l’hôtel. Je me suis figuré que nos conjoints nous attendaient à l’hôtel, mais si ça se trouve…



Il me tend l’appareil tout en me précisant qu’il lui a déjà envoyé un texto.

Répondeur. Je lui demande de rappeler.

Soudain je réalise.



Pourquoi ? Pourquoi ne le disait-il pas plus tôt oui… C’est de ma faute : n’ayant pas plus trouvé de sac que de culotte m’appartenant (ce qui ne m’inquiète pas outre mesure étant donné que je ne sors jamais en soirée avec un sac), je n’ai pas pris conscience que Martin portait sa besace en bandoulière. Je réalise alors seulement qu’il est bien plus apprêté que moi : jean, chemise, souliers vernis et puis surtout… il sent bon !



Comment aurais-je pu prendre une douche alors que je l’ai traîné hors de ce gourbi en deux temps trois mouvements, comme un ouragan ? Je vais presque nue, mes cheveux sont gras, mon teint blafard et je sens ma robe coller sur ma peau luisante de sueur et de, de… Waouh ! Tout ce foutre ! Je me revois, couverte de semence, léchant avidement des queues dégoulinantes comme si ma vie en dépendait. J’ai fait ça ? Moi ? Le pire c’est que d’y repenser me donne des fourmis dans le bas-ventre. À qui peuvent bien appartenir tous ces dards fièrement dressés devant moi ? À Martin et au ronfleur-des-cavernes ? Pas seulement, j’en ai la quasi-certitude. Quelle traînée !


Soudain je pile. Martin continue quelques mètres avant de se retourner, surpris que je stoppe enfin ma course effrénée. Qu’est-ce qu’il est mignon quand même avec sa coupe en brosse, ses petits yeux bleus acérés et son corps d’éphèbe ! Je me demande ce qu’il me trouve. J’ai bien dix ans de plus que lui, les seins moins gonflés qu’avant, le petit ventre de mes grossesses, sans doute les traits tirés par ma petite nuit (pendant laquelle il n’y a pas que mes traits à avoir été tirés !). Lui en revanche, il s’est réveillé d’attaque par la grâce de ses vingt ans, il a pris une douche, il a rassemblé ses petites affaires avant d’attendre gentiment que je me décide à ouvrir les yeux. Il m’a attendue. Gentiment. Il n’a pas osé me réveiller. Il me fait confiance, je le lis dans ses yeux. Ça me fait sourire. J’ai presque la larme à l’œil. Après tout, c’est moi qui me mets dans tous mes états. Lui, il est zen, juste un peu inquiet de sa copine.



C’est vrai ça, pourquoi ? Pourquoi j’ai paniqué ainsi ? Ils étaient peut-être sympas les Ruskovs après tout ? Ils nous auraient peut-être offert le petit déj’ ? Au lieu de quoi, me voilà dehors, toute débraillée, avec même pas un élastique pour arranger un peu ma coiffure, moi la maniaque du brushing impeccable ! La maniaque tout court d’ailleurs, la maniaque du contrôle, du contrôle absolu de tout mon petit univers bien ordonnancé, jusqu’à mes parties de jambes en l’air les plus apparemment débridées ! Je ne dis pas que tout est toujours programmé, juste que tout est toujours cadré, que les limites sont toujours clairement établies. Et le problème c’est que ce matin je ne contrôle pas grand-chose, que mon petit univers est à reconstruire et que mes limites habituelles ont a priori été allègrement franchies au cours des douze dernières heures. Jusqu’à quel point, toute la question est là.



Il les ouvre en grand et les resserre délicatement autour de mes épaules. Il est un peu moins grand que mon homme, un peu moins large aussi, mais assez musclé pour que me sente en sécurité. En attendant de retrouver ceux de Marc, ces bras-là me font beaucoup de bien. Ils ont beau m’énerver parfois, je les adore nos voisins. Ils sont tellement gentils.

Je me blottis encore un peu plus contre lui et je sens son sexe durcir contre mon ventre. Quel bon petit soldat ! Ça me rassure qu’il ait envie de moi après une telle nuit et alors que je ne ressemble à rien. Alors je me confie. Les mots sortent tout seuls tout à coup. Je lui explique à quel point j’ai trouvé ça glauque de me réveiller dans cet endroit sordide (je suis aussi une maniaque de la propreté !), entourée de deux étrangers et avec quasiment aucun souvenir solide de la nuit passée.



Je suis bien obligée de le reconnaître. Un tourbillon de plaisirs, voilà ce dont je me souviens. J’ai pris mon pied, lâché prise comme j’y arrive rarement : je ne vais tout de même pas me plaindre !



Mince, c’est vrai qu’il en sait pas mal sur nos… comment dire ? Nos diverses expériences érotiques ?



N’empêche que là je ne sais même pas où il est ni ce qu’il a fait de sa nuit.



Je le repousse assez violemment et je m’en veux aussitôt de m’emporter ainsi. Lui me regarde affectueusement, tranquille.

Ça ne fait pas bien longtemps qu’on se fréquente et qu’il me baise, mais je m’aperçois pour la première fois qu’en dépit de sa naïveté apparente, Martin a parfaitement assimilé à qui il avait affaire : une mère de famille qui aspire parfois à redevenir entièrement libre de corps et d’esprit ; une petite bourgeoise qui aime s’encanailler under control ; une épouse gentiment délurée qui apprécie que son mari l’entraîne en toute confiance dans des territoires dont elle n’aurait jamais soupçonné l’existence avant de le rencontrer ; mais aussi une amoureuse transie prête à beaucoup de choses par goût du sexe autant que par amour, mais qui reste dans le fond la jeune fille un peu fleur bleue et terriblement jalouse de son adolescence. Heureusement pour moi, Marc est bien plus tolérant avec mes écarts, que moi avec les siens et il tient généralement parfaitement compte de cette réalité. Sauf que là, j’ai l’intuition que l’équilibre n’a pas été respecté, que le modus vivendi a été rompu. Par lui ou par moi ?


Ça y est, mon esprit carbure à nouveau à fond les ballons, le brouillard se dissipe quelque peu. Je nous revois dans une salle obscure. Il y a de la musique, un stroboscope. Je danse avec Sidonie. Je porte la même robe que ce matin et Sido une jupette à frou-frous noire rehaussée d’un débardeur jaune fluo qui fait merveille dans cette atmosphère de boîte de nuit. Une boîte de nuit qui n’en est pas une, je le sais, je le sens. Trop de mecs autour de nous. Contre nous.


Où sommes-nous alors ? Il y a un bar. Marc et Martin y sont accoudés, ils nous regardent. Marc adore me voir attirer les hommes comme des mouches, alors j’en rajoute, je me cambre, je remue le popotin, je lève les bras bien haut, je les perds dans mon épaisse chevelure brune. Bref, j’en fais des tonnes. Je sélectionne aussi. Lui il peut s’approcher, mais pas lui. Ni lui. Toi oui, tu peux, tu dois ! Approche-toi un peu plus, j’aime ta carrure de rugbyman, tes larges épaules. Et toi aussi avec ton sourire ravageur et ton costume de PDG, j’adore la façon dont ton nez, ta bouche et tes joues frôlent mes cheveux, mes épaules et ma nuque. Est-ce toi qui t’aventures contre mon bassin ou cet autre que je sens sans l’avoir encore vu ? Continue ton sans-faute bel inconnu, désirez-moi, désirez-moi tous, prouvez-moi que je n’ai rien à envier à ma copine, la blondinette qui se déhanche à mes côtés et dont les couettes accentuent encore l’aspect juvénile. Je n’ai plus les chairs aussi tendres mais je me défends encore bien et j’ai l’expérience pour moi Messieurs ! Voyez comme elle hésite encore, ne l’effrayez pas, c’est mon amie, viens dans mes bras ma jolie, viens frotter tes seins contre les miens, n’aie pas peur, creuse tes reins comme moi, aucun homme ne résiste à ça, n’est-ce pas Messieurs ? Regardez, il y en a pour tous les goûts. Vous les préférez blondes ou brunes, diaphanes ou bronzées, faussement innocentes ou follement incandescentes ?


Au bar, nos chéris sont comme fous, c’est certain ! D’un rapide coup d’œil, je prends la température. Sont-ils juste à point, encore un peu rosés ou bien chauds bouillants ? Macache ! Les deux drôles n’ont rien trouvé de mieux à faire que de tailler le bout de gras avec une barmaid aux seins comme des pastèques. Salauds ! L’équilibre est rompu et c’est de leur faute ! Ou pas…



Martin fronce les sourcils.



Martin sourit d’autant plus à ma diatribe que c’est un grand fan de jeux vidéo. Faudrait que je tente de me déguiser en Lara Croft un de ces quatre. Ou en tout cas que je propose l’idée à Sidonie, ce serait plus classe quand même. Quitte à lui piquer le costume ensuite…



Le pauvre Martin a croisé ses deux mains derrière sa nuque. Il a l’air tellement embêté que je pose les miennes sur son torse pour le rassurer.



Je tire la langue dans une grimace qui se veut mi-penaude, mi-coquine. Son visage s’éclaire.



Nous reprenons notre marche sur un rythme beaucoup moins soutenu, bras dessus, bras dessous, en échangeant les quelques bribes de souvenirs qui nous reviennent. Martin se montre très prudent. Il cherche à savoir ce dont je me souviens exactement avant de livrer ses détails. Il me ménage, j’en ai conscience et je le comprends. J’espère juste arriver tôt ou tard à la vérité. À moins qu’elle s’avère trop tordue…

On se remémore d’abord le « dancing » (c’est lui qui utilise ce mot, mais il sonne faux) et mes souvenirs se confirment. Il évoque aussi des bains et un sauna, mais ça ne me dit rien. Il essaie de se remémorer l’endroit plus précisément et ne m’y voit pas. Ni Sidonie d’ailleurs. Il y est allé juste avec Marc.


Je le ramène bientôt à me parler de cette Frédérique dont j’ai du mal à prononcer le prénom tant elle a semblé plaire à mon homme. Ils ont effectivement passé un bon moment avec elle au bar et puis il m’informe qu’ils l’ont retrouvée, plus tard dans la soirée, dans des circonstances qui pour le moment lui échappent (à moins, une fois encore, qu’il n’ose pas tout révéler d’un coup). Il évoque une grande salle, très lumineuse – moi je n’ai de souvenirs que de salles plutôt obscures. Frédérique porte toujours ce débardeur blanc échancré mais il est à présent mouillé, intégralement translucide donc, ne voilant plus rien de son « incroyable buste ». Il y a beaucoup de monde, vraiment beaucoup, beaucoup de filles notamment, ce qui là encore contraste terriblement avec l’ambiance un peu glauque et exclusivement masculine de mes flash-back. Martin parle aussi d’une virée sous les étoiles et de Tatiana, la fille de tout à l’heure.



Je ne préfère pas demander si Marc aussi.



La révélation m’a tellement sidérée que je me suis arrêtée net au bord du boulevard. Un yacht !

Il s’arrête quelque pas devant moi et se retourne, mais alors que je m’apprête à le bombarder de questions, il regarde derrière moi et lève les bras très haut. Quelques instants plus tard, nous nous installons à l’arrière d’un taxi, sans un mot de plus.

Le trajet jusqu’à notre hôtel est silencieux. En tout cas entre Martin et moi, parce que le conducteur, lui, n’arrête pas de me chauffer (normal pour un chauffeur). Je n’arrête pas de tirer sur ma robe, effrayée qu’il puisse s’apercevoir que je ne porte pas de culotte. Martin, quant à lui, a l’air de cogiter toujours davantage tout en vérifiant l’écran de son téléphone toutes les trente secondes. J’ai hâte d’entendre la suite de son récit. Au fur et à mesure de ses révélations, je prends la mesure de la folie licencieuse qui nous a animés au cours des dernières heures. On est bien loin du gentil petit libertinage auquel nous nous sommes couramment adonnés ces dernières années, Marc et moi.


C’est ce que me confirme Martin sitôt le taxi rétribué. Alors que nous remontons l’allée vers notre hôtel et sans que j’aie eu besoin de rien lui demander, il m’explique qu’à une heure indéterminée mais déjà bien avancée de la nuit, Marc et lui ont suivi Frédérique sur un yacht de la baie où avait lieu une gigantesque partouze – lui préfère parler d’« orgie ». Il ne donne guère plus de détails, et je n’en demande pas d’ailleurs, mais l’essentiel est explicite : ils ont bel et bien participé à la fête.


Après avoir profité de l’invitation de la séduisante barmaid « pendant une petite heure », Martin a regagné le club en compagnie de Tatiana. Qu’est-ce qu’il peut bien lui trouver à celle-là ? Il faudra qu’il m’explique… Marc, lui, est resté sur le bateau. Ils se sont donné rendez-vous à l’hôtel « demain matin ». Donc maintenant. Donc, logiquement Marc m’attend dans notre chambre.


Tandis que nous montons les escaliers qui nous séparent de nos chambres respectives, des questions m’assaillent : qu’est-ce que j’ai bien pu fabriquer pour que mon homme me plante ainsi en pleine nuit ? Ils nous ont sûrement prévenues, mais je n’en ai aucun souvenir. Ça se trouve, c’est moi qui ai rompu l’équilibre… Mais qu’est-ce que je pouvais bien faire pendant qu’ils étaient sur le yacht ? Pas du macramé en tout cas… Alors quoi ? Est-ce que j’ai participé à une partouze géante moi aussi ? Avec Sidonie ? Et comment me suis-je retrouvée ensuite à finir la nuit avec Martin, Tatiana et cette incroyable bête de sexe qui m’a si consciencieusement ravagé le fondement ? Heureusement que j’ai ce souvenir torride auquel me raccrocher. Ça m’aide à combattre l’idée que Marc s’est envoyé en l’air toute la nuit avec des créatures de rêve. Marc… Qu’as-tu fait de ta nuit mon chéri ? Ça je vais bientôt le découvrir et ça me rend un peu fébrile…


Nous sommes maintenant chacun devant notre porte, prêts à entrer. Un dernier regard, mi-excité, mi-inquiet et nous baissons tous les deux la poignée au même moment. J’entre à pas de louve. L’eau coule dans la douche et il y a au moins deux corps endormis dans le lit. Mon lit. Je ressors, de peur de ce que je vais découvrir. Je m’en veux, mais l’idée qu’il ait passé la nuit avec tout un tas d’inconnues aux gros seins me perturbe un peu. C’est quoi cette fixette sur les gros seins, Alexandra ? Ils sont très bien les tiens ! Je ferme les yeux et je repense au braquemart de mon ours de Sibérie et à ce qu’il m’a fait subir. Je me dis que de mon côté j’en ai bien profité, sans compter tout ce dont je ne me souviens pas… Alors pourquoi pas lui ?

Quand Martin ressort à son tour de sa chambre, il me trouve adossée au mur, perdue dans mes pensées.



Il s’énerve, consulte son portable une énième fois.

Il commence à sérieusement s’inquiéter et je le comprends. Il ne faudrait pas que cette nuit de folie tourne au cauchemar. Je lui prends le bas et l’entraîne vers l’escalier.



L’espace d’un instant, j’ai pitié de lui, mais non, je ne me sens pas de potentiellement me retrouver nez-à-nez avec des inconnus. Encore moins de forcer leur réveil. Il lit dans mes yeux.



Il approuve, mais son visage peine à se rouvrir.

On s’installe sur une petite table un peu à l’écart des autres. J’essaie de faire le point quand une serveuse vient prendre notre commande. Je la remarque à peine. C’est Martin qui attire mon attention sur elle.



J’observe la jeune femme qui s’éloigne. Elle arbore deux tatouages : une jolie rose pleine d’épines sur l’épaule et une fée malicieuse sur la cheville. A priori, je m’en souviendrais si je les avais déjà vus.

Elle revient avec nos cafés fumants. Comme ça je dirais qu’elle a dans mes âges, pas très grande, bien en chair, fausse blonde, les cheveux raides, mi-longs, très souriante, plutôt jolie. Non, décidément, ça ne m’évoque rien. En revanche, le visage de Martin s’éclaire à nouveau.



La fille pique un fard énorme. D’un index sur sa bouche, elle lui intime l’ordre de se taire.



Martin bafouille des excuses et elle s’éloigne sans demander son reste, visiblement très nerveuse. J’interroge mon compagnon du regard. Il me répond à voix basse.



J’hallucine ! Au fond de moi je savais bien que cette boîte de nuit était un club à partouze, mais je viens tout de même de me prendre une claque dans la gueule. Moi qui n’ai jamais voulu céder à Marc sur ce fantasme-là… Décidément, c’est le jour des grandes premières !



Voilà qui me rassure, j’ai juste voulu faire plaisir…



J’acquiesce.



Il a craché ça avec du ressentiment dans la voix. Je commence à revoir la scène et j’ai soudain un peu pitié d’eux. Il y avait ces types, en effet… Combien étaient-ils ? Au moins quatre, deux chacune, peut-être cinq. Ils s’empressent autour de nous, se pressent contre nous. Sido n’arrête pas de se faire tripoter. Elle en redemande, rend chaque caresse, chaque baiser, œil pour œil, dent pour dent. Elle glousse quand un vieux beau l’attrape et la porte comme une jeune mariée. Quant à moi, je minaude, je me fais désirer. J’écarte des mains particulièrement entreprenantes mais elles reviennent aussitôt à l’assaut. Je porte encore ma robe mais je ne rêve plus que de m’en défaire. Je suis chaude comme la braise. La douche va me faire du bien. On nous distribue à tous une serviette et un petit sac avec du gel et des préservatifs. Nous voilà à poil. Je tends mes affaires à Marc avec un clin d’œil et un petit bisou sur la bouche. Il y répond à peine mais je ne veux pas m’en apercevoir. Je suis sur un petit nuage et rien ne m’en fera redescendre. J’ai envie qu’on me prenne, maintenant ! Ça urge ! J’ai envie de baiser. Mais pas avec lui. Oh, Marc…



Les douches… Je me souviens maintenant. Un nuage de vapeur, cinq mecs autour de nous pour nous savonner… Et sans doute pas les nôtres en effet… Leurs mains sur nos peaux, très agréables, qui savonnent et caressent en même temps. Combien sont-elles ces mains ? Mon dos, mes épaules, ma nuque, mes cheveux, mes seins, mon ventre, mes fesses, tout y passe. Les plus aventureux s’aventurent dans ma fente grande ouverte prête à vous accueillir, Messieurs. Qui commence ? Les images torrides se succèdent. Je dois rougir sur ma chaise, je sens que je dégouline et je n’ai toujours pas de culotte ! Ma robe va être trempée ! Tant pis ! C’est trop bon de se remémorer ces moments.


À présent, j’ai une queue dans chaque main, je les lave, les astique, je vois Sido qui s’agenouille, en prend une en bouche, puis une autre, tandis que moi je creuse mes reins, je veux être prise, je n’en peux plus. Pour qui cette offrande ? Un tatoué aux cheveux long vient frotter son sexe au mien. Il n’est pas très long mais bien large, comme j’aime. Allez, vas-y, qu’est-ce que tu attends ? Il se décide enfin et se glisse tout doucement en moi, pas longtemps, il n’en peut déjà plus. Il accélère, il jouit déjà le salaud. Heureusement qu’il y a la queue !


Un deuxième candidat s’avance déjà, petit, chauve, bedonnant, pas mon style mais tant pis, je prends ce qu’il y a ! Il m’embroche à la hussarde, d’un coup sec, nerveux, jusqu’à la garde. Il me plaque contre la faïence, revient à l’assaut encore et encore, me pilonne, maintient la cadence un long moment. Voilà ce qu’il me fallait. Je râle de plaisir. À mes pieds, pratiquement entre mes jambes, Sidonie pousse un cri. Elle est à quatre pattes, les yeux écarquillés. Elle me cherche du regard. Je devine à la voir ainsi que son étalon s’est frayé un chemin vers son petit trou. C’est encore tout nouveau pour elle, pas sûr qu’elle apprécie. Je m’inquiète un peu, suis près de repousser mon infatigable et fougueux coursier mais son visage se détend soudain, ses yeux se révulsent, elle exhale un long cri déchirant. Pas de doute elle jouit et je ne tarde pas à la rejoindre au paradis. Ahhhh ! Bon sang, qu’est-ce que c’est bon !



Martin me regarde bizarrement. Je crois que je viens de revivre ma jouissance de la veille à voix haute. Je rougis tout en posant instinctivement une main sur le haut de sa cuisse pour reprendre pied. Il bande dur. C’est moi qui lui fais cet effet-là ? Je n’en reviens pas…



Je rougis un peu plus encore, sincèrement désolée de nos excès.



J’ai honte, mais je ne me remets même pas cette salle de massage dont il me parle, juste d’avoir été prise, et encore et encore, avec Sidonie à mes côtés. Ou pas. Je la vois qui jouit encore une fois, et encore. Elle se transforme en fontaine. À un moment, nous suçons la même queue, on s’embrasse à pleine bouche. Nous ! Nous qui a priori n’avons aucune attirance pour les femmes. C’est complètement dingue ! Et puis soudain, elle disparaît de mes souvenirs. Me voilà à nouveau dans le brouillard. Pendant ce temps-là, Martin poursuit son récit.



On reste un moment sans parler. À Martin, il manque encore un chaînon : que s’est-il passé entre son retour du yacht pour récupérer ses affaires et notre réveil dans une chambre d’un palace avec deux inconnus ? Et encore, il sait que Tatiana était déjà sur le yacht avec lui, peut-être son compagnon aussi. Mais moi, à quel moment me suis-je jointe à eux ? Et qu’ai-je fait de mon corps entre l’épisode des douches, qui est désormais à peu près clair dans ma tête, et mon réveil ce matin ? Entre les mains de combien d’hommes suis-je passée ? Combien de bites m’ont ramoné le sexe, la bouche et même, si j’en juge à l’état de mon fessier, mon cul ?


Autour de nous, les gens vaquent à leurs occupations. Il y a là essentiellement des touristes et des hommes et femmes d’affaires. Des gens normaux quoi. Pas des gens qui passent leurs nuits dans le stupre et la luxure. Quoique. Qu’est-ce que j’en sais, après tout ? C’est sûrement aussi ce qu’ils se disent à mon propos. Et la serveuse, est-ce que j’aurais pu dire qu’elle avait elle aussi passé une partie de sa nuit à sucer des inconnus dans un sauna ?

Soudain, Martin attire mon attention sur un couple qui finit de descendre les escaliers.



Moi c’est plutôt son compagnon qui m’attire l’œil. Un grand Noir baraqué, un de mes fantasmes inexaucés. À moins que cette nuit aussi… La fille est une caricature de créature pour papier glacé, un de ces mannequins venus du grand Nord pour inonder les pages de nos magazines, donner des complexes à toute femme normalement constituée et faire baver d’envie le mâle occidental lambda.



Marco est assez rétif à ce genre de beauté froide et j’en suis plutôt fière.



Il dit tout ça en rigolant, sachant très bien qu’il exagère un peu… mais qu’il n’a pas tout à fait tort. Je me renfrogne. Pas pour longtemps ! Voilà mon homme qui arrive. Enfin ! Je me lève pour lui faire signe, ravie de le retrouver enfin. Il me répond d’un grand sourire mais, à ma grande surprise, il fait un crochet par la table des deux gravures de mode descendues avant lui et les conduit vers nous.



Après avoir déposé un léger baiser sur mes lèvres, Marc me prend par la taille et fait les présentations :



Cynthia. Un beau prénom de pétasse.



Je m’efforce de rire, mais je sens mes griffes prêtes à sortir. C’était elle sous la douche tout à l’heure ! Elle a beau jeu d’être fraîche et pimpante ! Et moi qui suis si crasse à côté…



Quelle délicatesse ! Je ne sais si je dois m’offusquer du fait qu’il dévoile mes petits secrets devants ces parfaits inconnus ou si je dois m’attendrir de cette touchante attention.



Voilà que je parle comme dans un film en costumes moi !



OH, MON DIEU ! Si je me souviens ! Ça n’est pas bien clair mais… Merde alors ! Quel engin ! Je décide quand même de faire comme si de rien n’était.



C’est qu’il fait de l’humour ce con ! Il a un sacré bon gros rire caverneux comme j’aime. Un rire que j’ai déjà entendu, je m’en souviens bien maintenant. Je viens de crier « Un Noir ! Il est pour moi, Sido ! » et lui il rit pendant que je me jette à ses pieds et que je tente fébrilement de déboucler sa ceinture. Il ne me laisse pas terminer : il m’attrape, me jette sur son épaule comme un fétu de paille et il me balance un peu plus loin sur un matelas, dans une alcôve. Je suis plus nerveuse à présent. Il n’y a que nous deux, Sidonie n’est plus là. C’est là que nos routes se sont séparées. Il libère son torse : waouh ! Je me précipite sur lui mais il me repousse. Sa main gauche bloque mes poignets au-dessus de ma tête pendant qu’il libère sa bite. Je la devine monstrueuse, je voudrais m’échapper mais il pèse de tout son poids sur mes avant-bras tout en se frayant un chemin entre mes cuisses. Son gland joue avec mon clito. Je déglutis avec peine. Soudain il plonge en moi. Je ferme les yeux tandis que son sexe fouille mes entrailles et que sa bouche dévore mon cou. Je pars. Encore une fois.

Du coin de l’œil, je réalise que Marc m’observe avec attention, l’air perplexe. Je pose une main apaisante sur sa poitrine.



J’adresse un grand sourire à Lisandro, hilare.



Je regarde Martin, un peu inquiète. Il est suspendu aux lèvres de mon étalon noir.



Son frère ? Non mais j’hallucine ! C’est vraiment n’importe quoi cette histoire !



C’est alors que Cynthia intervient pour la première fois. Elle doit avoir un peu pitié de notre détresse, comme quoi cette fille n’est pas qu’une poupée.



Elle a une voix douce et posée à la fois, absolument pas en accord avec l’idée que je m’en faisais. Je la voyais plutôt jurer comme un charretier avec un accent germanique…

Pendant que Loulou attrape son téléphone, Cynthia nous apprend que Tino est le type que Lisandro doit relever tout à l’heure. Lequel Tino confirme la présence de Sidonie dans les appartements d’Evgueni Rebrov. Nous voilà donc embarqués dans la BMW du garde du corps direction le centre niçois. Et comme je commençais à m’en douter, il nous conduit droit à l’hôtel où nous étions encore une heure avant, Martin et moi.



Je me sens un peu conne. Dans l’histoire, c’est moi qui ai paniqué et qui ai fui sans me poser de questions. Martin n’a fait que me suivre. Heureusement, il n’a pas l’air de m’en vouloir.

Nous suivons Lisandro dans les luxueux couloirs du palace jusqu’à la chambre qui fait face à celle dans laquelle je me suis réveillée tout à l’heure.



Cynthia attend avec nous. Elle essaie de nous rassurer un peu maladroitement.



Son regard est assuré. Cette femme-là a une confiance absolue dans sa puissance de séduction. Et plus étonnant, elle semble croire dans mon potentiel aussi. Finalement il a bon goût mon homme !

En tout cas j’ai bien noté l’information : s’il faut user de mon charme pour sortir Sido de là, pas d’hésitation, je le ferai ! Enfin j’essaierai : avec tout ça je ne suis toujours pas douchée et je ne dois pas trop donner envie.

Lisandro passe la tête par la porte.



On le suit à l’intérieur. On y découvre une Sidonie toute pimpante, en petite culotte, accroupie sur le tapis en train de jouer avec trois chiens qui visiblement lui font la fête. Il y en a même un qui lui lèche ses beaux seins lourds et laiteux que je lui envie tant ! Au moins, elle, elle est propre, la veinarde !

En nous voyant elle se précipite vers nous et saute au cou de son Martin. Lui qui s’est tant inquiété se retrouve subitement récompensé de sa patience, d’une longue et langoureuse étreinte au cours de laquelle leurs langues virevoltent l’une autour de l’autre tandis que les seins toujours nus de Sidonie s’écrasent contre le torse athlétique de son amoureux. Sensuelles retrouvailles !



Elle a l’air de faire comme si tout était normal. Je reconnais bien là son insouciance sidérante.



Tout se recoupe. Je lui tends les « chaussures de pétasse » que je lui avais prêtées la veille et qui traînaient près de la porte d’entrée. Ce sont des sandales jaunes à semelle compensée imitation liège qui font toujours beaucoup d’effet à mon chéri. J’imagine que notre voisine doit beaucoup lui plaire dans cette tenue. Finalement, on aurait pu se faire un petit plan à quatre tout ce qu’il y a de plus sympathique hier soir. On ne s’en serait pas porté plus mal. Bon, OK, je ne dis pas qu’on aurait atteint le même niveau d’adrénaline et d’excitation, mais on aurait aussi été exempt d’un bon coup de flip. À ce propos, un détail me tarabuste :



Je suis un peu abasourdie par sa légèreté, mais bon : tout est bien qui finit bien comme on dit. Marc remercie Lisandro de nous avoir permis de retrouver notre amie et je me dirige déjà vers la porte quand un malabar s’interpose.



Je commence doucement à paniquer et je vois bien que les garçons aussi quand le grand Tino reçoit un coup de téléphone qui s’avère salvateur.



Aussitôt c’est le branle-bas de combat. On nous évacue aussi prestement qu’on voulait nous barrer la route l’instant d’avant. On a même droit à la sortie de secours ! Nous voilà à dégringoler l’escalier métallique extérieur comme si on avait le diable aux trousses. Sidonie et moi devons quitter nos talons pour ne pas nous tordre une cheville, mais en retour on se fait atrocement mal à la plante des pieds. On atterrit finalement sur le parking des employés, au milieu des poubelles. Chacun souffle, les mains sur les genoux puis on explose de rire : quelle bouffée d’adrénaline ! Et quelle nuit !


Une heure et une douche plus tard, nous sommes installés en terrasse, face à la mer. Personne ne parle. Nous n’avons presque pas échangé un mot depuis notre sortie rocambolesque de l’hôtel. Doit-on d’ailleurs partager nos expériences de ces dernières heures ? Pas sûr. Visiblement, chacun y a trouvé son compte. Personnellement, je me sens tout aussi épuisée qu’épanouie… à condition de ne pas penser à ce qu’a bien pu faire Marco. J’aimerais lui dire tout le bien que j’ai ressenti à ouvrir ainsi toutes les vannes, à faire sauter tous les tabous, mais je n’ai pas envie qu’en retour il me détaille ses exploits, alors je préfère me taire.


Je revis ma nuit, j’essaie de remettre mes souvenirs dans l’ordre. Je peine toujours à établir un déroulement rationnel des événements. Qu’on se soit retrouvé en club échangiste, je peux le concevoir. Dans le fond, je n’avais pas très envie d’y aller mais ma curiosité pour les choses du sexe et l’insistance de mes compagnons ont dû aisément venir à bout de ma résistance. Mais après ? Comment expliquer une telle débauche, un tel laisser-aller dans le vice ? D’habitude je contrôle, je suis même une maniaque du contrôle ! Là, j’ai complètement perdu le sens des limites ! Et encore, je ne me souviens même pas de tout !


De temps à autre, quand je repense à certains épisodes particulièrement chauds, un sourire doit barrer mon visage fatigué. J’ai remarqué la même chose sur mes trois complices. Comme moi, ils se refont le film, barricadés derrière leurs lunettes de soleil de stars (on est à Nice, merde !). Le soleil brille, la mer est belle. Tout va bien.

Tout a coup, Sidonie rompt le silence.



Martin bougonne quelque chose d’incompréhensible.



Et se tournant vers moi :



J’arrange à la va-vite un vague sourire de circonstance, tout en pensant que, non, décidément, il vaut mieux que chacun garde ses souvenirs pour lui.