n° 16280 | Fiche technique | 19171 caractères | 19171 3439 Temps de lecture estimé : 14 mn |
29/06/14 corrigé 10/06/21 |
Résumé: Venez goûter la fraîcheur corrompue de ces quelques textes : les salades de Charline88, la vénalité d'Hidden Side, le premier amour de SophieF et les scénarios déjantés de Cheminamants... | ||||
Critères: #recueil fh ffh couple vidéox exercice humour | ||||
Auteur : Collectif Antilogies Envoi mini-message Co-auteur : SophieF. Envoi mini-message Co-auteur : Cheminamants Envoi mini-message Co-auteur : Hidden Side |
Collection : Antilogies |
La collection « Antilogies » regroupe des textes courts (entre 1500 et 7500 signes) proposés par un panel d’auteurs recomposé en fonction du sujet « antilogique » mis en ligne sur le forum Revebebe durant le mois en cours – tout membre peut soumettre son ou ses sujets d’antilogies.
Tous les lecteurs peuvent avoir accès au forum pour participer – ça se passe dans l’espace public !
Pour en savoir plus, c’est là : Concours et jeux d’écritures / FOIRE AUX QUESTIONS – LES ANTILOGIES, COMMENT FAIRE… ?
Sommaire
par Charline88
par Hidden Side
Avec une énergie qui confine à l’impertinence, les yeux du serveur restent braqués sur Alicia, superbe blonde très élancée dans sa robe de couturier, laquelle met en valeur une poitrine ferme et opulente. La jeune femme se penche vers son compagnon, et lui souffle à l’oreille :
Serrant entre ses pognes moites – ongles carrés et chevalières en or – les doigts délicats de sa douce amie, le dénommé Henri, quinquagénaire aux yeux bouffis et au visage cabossé, jette un œil distrait au serveur obséquieusement penché vers eux, carnet de commande à la main.
Dans le genre latino avec barbe de trois jours, il est vrai qu’il a une certaine allure. Ses cheveux noirs, ramenés en arrière, sont un peu trop longs pour ce genre d’établissement, toutefois la rigueur du costume sombre et le blanc étincelant de la chemise amidonnée font contrepoids à ce côté bohème.
Ce qui flatte particulièrement ce cher Henri, c’est l’évidente convoitise que manifeste le loufiat ; comme si, par la concentration intense de son regard, il pouvait subjuguer sa protégée. C’est justement ça qu’il adore : la surprise et la frustration des hommes – et des femmes aussi, parfois – quand il s’affiche avec cette jeune déesse. Bien sûr, il y a également les talents de courtisane d’Alicia, quasi divine au lit… Mais c’est presque secondaire, dans l’ordre des plaisirs.
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(Six mois plus tôt, dans une studette chichement meublée)
À peine a-t-elle les yeux tournés (sa soirée d’hier, troisième extra de la semaine chez ce vieux grigou lubrique de Jean-Do) que le « latino de ces dames » invite sa meilleure amie à une beuverie, laquelle se termine opportunément par une séance fellation/sodomie…
Son dernier mec en date, « le beau séducteur aux yeux de braise », n’est qu’un porc infâme. Comme à peu près tous ses ex.
Alicia repousse l’infidèle, le faisant carrément chuter hors du lit.
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Greg, dont le visage a perdu toute couleur, plonge soudain la main dans sa poche. Avant que le couple n’ait le temps d’esquisser un geste, il en sort un minuscule paquet enrubanné, qu’il tend à la jeune femme.
Le froissement du papier est le seul bruit qui vient rompre le silence enveloppant la table 12. Les doigts agiles d’Alicia ont tôt fait d’éplucher l’emballage. Une boîte de satin bleu apparaît. Elle l’ouvre et s’exclame :
Sans s’embarrasser de l’attention convergente des convives alentours, Alicia passe la bague à son doigt puis enlace son Sugar Daddy, le gratifiant d’une énorme galoche. Les phalanges de Greg blanchissent ; il n’a qu’une envie, s’emparer d’un couteau à huître et prélever les yeux que lui roule cet abruti, dont le seul mérite est d’être assez friqué pour qu’Alicia le suce.
L’autre a dû comprendre ses intentions meurtrières. Dès qu’il récupère l’usage de sa langue, il s’empresse de démentir :
Sans faire cas de la haute société qui dîne avec eux ce soir, Alicia se lève, prend Greg par la main et l’entraîne d’un pas décidé vers les toilettes. Dès qu’ils s’y sont engouffrés, elle verrouille la porte derrière eux.
Sous le regard médusé de son ex, Alicia remonte la robe sur ses fesses, avant de descendre son string. Puis elle se tourne, pose les coudes sur le marbre de la vasque et cambre les reins, impudique.
Un bruit de loquet que l’on déverrouille, un courant d’air frais sur sa motte joliment fendue. Pfffuit ! Greg a pris la tangente. En voilà un qui ne l’emmerdera plus…
Alicia se rajuste, corrige légèrement son mascara et sort de la pièce d’aisance avec la dignité d’une reine.
par SophieF.
Je le voyais à la messe. À la messe ! Il n’était pas exceptionnel mais enfin, j’en étais amoureuse. Je l’ai revu sur les bancs de la faculté. Il était timide et moi aussi. Mais il a fini par me dire qu’il m’avait vue en robe de mariée, le jour de ma communion solennelle, et que ça lui avait fait quelque chose. Je me rappelais parfaitement, il avait un costume gris avec une cravate bleu marine et un brassard ridicule. Je l’avais trouvé séduisant. J’étais une gamine sans cervelle, je lisais du Delly, c’est loin tout ça.
Bref, nous voilà fiancés ou quasiment. Il était sursitaire, il fallait qu’il ait fini son service militaire pour nous marier. Et aussi avoir trouvé du boulot. C’était plus facile qu’aujourd’hui mais enfin, ça faisait un bail ! Moi, je ne pouvais qu’arriver vierge dans le futur lit conjugal, c’était comme ça, les jeunes d’aujourd’hui ne connaissent pas leur bonheur.
La première fois qu’il m’a embrassée sur la bouche, c’était dans un lavoir de la vieille ville, la nuit était tombée, l’eau qui coulait sur de l’eau me donnait envie de faire pipi.
On se débrouille comme on peut, je vous fais grâce des détails mais j’avais des désirs, comme tout le monde. Lui aussi. La preuve, je l’ai vu un jour rôder dans le quartier où des femmes faisaient le trottoir. Je l’avais suivi, je vous dis que j’étais amoureuse.
Il allait de l’une à l’autre, moi j’étais cachée sous un porche, le cœur battant. C’est avec une grande brune excessivement vulgaire qu’il a passé la porte d’un hôtel. Je savais que les garçons sont comme ça, ils ont des besoins à satisfaire, ils doivent jeter leur gourme comme on dit dans les romans anciens. Nous les filles, il nous faut rester fraîches, je radote, excusez-moi.
Une femme m’a dit de dégager, que l’emplacement était à elle et que si je m’incrustais elle appellerait son Jules. Alors je suis partie mais le samedi suivant j’y étais, sous ce porche, j’avais une jupe bien courte, des escarpins rouges et je m’étais maquillée à outrance. Elle est revenue me dire de foutre le camp, la femme. Puis son Jules m’a trouvée intéressante. Il lui a dit de se mêler de ses oignons et de retourner au turbin. Il m’a payé à boire, il m’a baratinée comme on disait alors.
Pas question de me mettre sur le trottoir, il voyait que j’étais une fille bien. Je n’ai rien cru de ses salades, j’ai fait semblant. Je l’ai suivi, il m’a fait l’amour tout à fait convenablement, il voulait me mettre en confiance. Il a été époustouflé quand il s’est rendu compte que j’étais vierge. Il a sûrement pensé qu’il aurait pu tirer un bon prix de moi en me livrant à un amateur de chair fraîche.
Moi j’avais eu un peu mal et pas du tout de plaisir. Il m’a dit que ça viendrait à l’usage. C’est venu. Avec lui, avec d’autres, à qui il me vendait parfois. Et avec mon mari, épousé dans l’église qui nous avait vus en premiers communiants, robe de mariée et tout le tralala, fraîche fiancée à la virginité intacte, du sang on en trouve si facilement.
par Cheminamants
Une courbe fine et souple d’ébène ; le doigt glisse lentement en elle, puis l’abandonne à peine.
Un frisottis plus loin, la lumière hésite entre l’ongle rose et le fil pubien.
La tête blonde de Jørgunn se cale un peu mieux sur l’aine de Ming-yue, qui lui offre son creux.
La bouche norvégienne en rouge nacré donne un soupir à faire danser la touffe chinoisée, pour que les rêves érotiques de l’amante imaginent un goûter au puits secret qui la tente.
Si près, le sexe poilu attend la suite, ses lèvres molles et roses sont à l’invite.
Les lèvres de bouche près de l’intime, chez l’autre femme, après le souffle chaud, s’animent sans flamme :
Et le « se se » final s’échappe entre les dents blanches de la jeune Nordique. La langue a fait sa danse typique, à peine différente de celle des zozoteuses. Puis un mouvement en douceur… et la gourmande s’aventure en cajoleuse d’un étirement visiteur.
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Alexandre, l’acteur, renchérit :
Elle taquine, Liang rougit. Mais Alexandre, son regard sur elle, le respect qu’il a pour l’écrit… alors, sa bouche féminine s’entrouvre, ses lèvres pulpeuses sont si chaudes… si… s’il voulait bien les frôler… pour contrôler. Elle se reprend, il ne faut pas… tout ça… et l’envie garde le silence pour se cacher de cet homme.
Il claque les doigts d’un mouvement de balance.
Les regards de l’équipe de tournage cherchent la maquilleuse. Pas de Sonia.
Sans un mot, Alfine montre la commode hors champ.
Les mains caressent le cul qui se contorsionne de plaisir. Liang se fige, sa peau contre leurs peaux.
Harry fait un signe discret, Thomas comprend, la caméra filme discrètement.
Les corps se frôlent, s’enlacent, puis l’oublient, elle.
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Digne, Liang se maîtrise et quitte le lit en emportant le scénario qui est posé sur la table de nuit.
C’était si beau, c’était trop beau ! Et tous ces mots qu’elle a choisis chastement, en pudeur, écrits en secret, parce qu’Alexandre, décrochant le rôle, lui avait dit en souriant : « Vincente nous quitte, tu veux bien faire l’amante ? Reste plus qu’à trouver un bon script ».
Elle a fait croire à un auteur inconnu, après quelques nuits de veille, parce que l’Éducation chinoise n’accorde pas ça aux filles, d’après sa famille. Mais c’était sa victoire, sa conquête de lui !
Il avait dit : « Merci ! ».
Alors dans la cuisine, Liang, « la femme du silence », plante un couteau fin pour transpercer d’un coup sec et violent le dos de sa main, paume filant un tracé pourpre sur la couverture de son livre. La souillure se lave, la corruption se noie. Pour elle c’est normal, Ming-yue signifie bien « le secret du sang »…
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