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n° 16309Fiche technique17689 caractères17689
Temps de lecture estimé : 10 mn
15/07/14
Résumé:  Le sexe dans un lointain avenir.
Critères:  fh voir nopéné humour sf
Auteur : Fan      Envoi mini-message
Programmation

Bill circulait rapidement sur le trottoir bleu. Il ne s’était encore jamais senti dans un tel état d’exaltation. Pour commencer, cette promotion si longtemps attendue – deux cent douze ans exactement – qui le faisait entrer dans la classe tellement admirée des bleus purs, avec les nombreux avantages liés à ce statut : aisance dans les investissements superflus ; respect ; appartement de presque trente mètres carrés ; et surtout le temps libre : seulement dix heures de travail quotidien, qui lui laissaient maintenant quatorze heures de liberté !


Tout en se félicitant de cette bonne fortune, Bill évita adroitement un aveugle dont les antennes mobiles étaient une menace permanente… pour les yeux des autres ! Mais ce qui l’emplissait d’une joie fébrile, outre les immenses sujets de contentement précédents, était le bref hologramme reçu en début d’après-midi :



XX026-95HV 14 :00 GMT. 14 :03



Ce qui signifiait « Ève débloquée à 14 heures GMT, livrée à 14 heures 03. »


Bill n’avait jamais obtenu une licence d’union naturelle et perdu tout espoir d’être un jour autorisé à prendre femme. Il fréquentait occasionnellement les instituts X spécialisés en robotique dérivée, sans parvenir à supporter l’idée que ses compagnes d’une nuit soient, le soir même, propriété d’un autre.

Il ne s’agissait pourtant que de substituts cloniques polymérisés sans personnalité autre que celle de la puce introduite dans leurs microcircuits en platinite dégradée. Mais le réalisme de leur programmation devenait tel qu’il était presque inévitable d’entrer dans le jeu de ces superbes créatures toujours consentantes.

L’inconvénient majeur restait leur prix élevé.


Bill, fort de son nouveau statut, avait obtenu un accès personnel complet à la possession de cet artefact, pour un engagement sur deux petits siècles de contrainte horaire, à raison d’une heure supplémentaire quotidienne.

Ce qui était sans nul doute, une très bonne affaire.


Plongé dans ses pensées, il ne vit pas le VUL des pompiers toutes sirènes hurlantes rater son virage et découper proprement les trois usagers du trottoir omnibus gris, sur la voie opposée.

Pas plus qu’il n’attacha d’importance au mélèze de Piccadilly, entièrement en composite, qui rythmait le tempo des saisons en se parant de la végétation adéquate. Depuis une quinzaine de jours, ce monument célèbre perdait ses aiguilles, ce qui procurait du travail aux minuscules machines chargées du nettoyage permanent de la chaussée.


En fait, Bill était ailleurs. Immergé dans les quatre prochaines journées, au cours desquelles il espérait bien venir à bout de la programmation de sa nouvelle acquisition.

Car il avait investi, pour cinquante années de contrainte supplémentaire, dans le tout dernier modèle absolument révolutionnaire. Ève, bien entendu, possédait la plastique parfaite de ses consœurs, mais était dotée d’un nouveau programme incluant une possibilité de réactivité aléatoire, qui la faisait paraître plus réelle encore qu’une femme véritable.


Le lifter individuel numéro trente-quatre était sur sa base du rez-de-chaussée et l’attendait porte ouverte. Il reconnut aussitôt l’empreinte olfactive de Bill et le conduisit, en quelques secondes, à son appartement du quatre cent soixante-treizième étage.

L’intérieur de ce loft immense respirait le confort et l’aisance. Les vingt-huit mètres carrés d’espace aseptisé étaient éclairés côté sud par une immense baie vitrée en polycarbonate de titane à l’épreuve des petites météorites. L’intérieur, meublé avec goût par un lit flottant mobile et un petit bureau hyper classique style vingt-deuxième siècle en copeaux de riz silicifiés, laissait une grande place centrale à l’écrin de tulle rose suffisamment luminescent pour mettre en valeur la carnation délicate de la jeune femme qui s’y reposait.

Bill s’en approcha, tremblant d’émotion.


Ève aurait été d’une beauté inhumaine si les designers, dans leur incroyable lucidité artistique n’avaient, çà et là, pimenté la perfection de petites touches réalistes, telles que les oreilles absentes ou les ongles d’une main totalement rongés. C’était la marque du génie qui affectait ce modèle si particulier.

Bill en tomba immédiatement amoureux fou.


Ève, dans sa fragile nudité, semblait dormir, ce qui n’était pas exact dans la mesure où elle n’avait nul besoin de sommeil. En fait, elle attendait le souffle créateur, la micro-impulsion qui la ferait vivre.


Bill appuya sur le téton gauche et mit ainsi la prestigieuse beauté sur ON.

Immédiatement les deux immenses yeux noirs clignotèrent avec conviction avant de passer en mode croisière, c’est-à-dire au bleu sidéral. Les lèvres s’entrouvrirent sur le blanc nacré des deux incisives supérieures qui dissimulaient partiellement un embryon de langue du rose le plus pur dans un sourire dont l’érotisme fatal fit monter à plus de cent les pulsations d’un cœur en état de no man’s land.


Ève était maintenant prête pour la phase deux, essentielle, la programmation personnalisée.

Bill appuya délicatement, avec timidité, sur le téton droit qui libéra l’hologramme de mise en application.

S’agissant d’une traduction du japonais, la préposée au montage se manifesta, les yeux très bridés, dans une opalescence rose.



Quelques secondes plus tard, Ève avait récupéré deux oreilles et des ongles vierges de toute prédation phagocytaire, dans un bouleversant ballet de contorsions sauvages agrémenté de bruits parfois incongrus.



Bill choisit le slang sans hésiter.



Bill opta pour la deuxième proposition, ce qui entraîna la phase trois.



Paniqué, Bill se concentra davantage et fit oui de la tête.



La délicate image holographique se dilua et disparut. Bill actionna frénétiquement les tétons plusieurs fois sans résultat, et contrarié, se résigna à contacter le service après-vente de son bel androïde.

L’hologramme le mit en attente après l’avoir informé que son compte journalier serait débité du prix de la communication sitôt passé le délai gratuit de deux minutes, puis passa en boucle une femme d’âge mûr vêtue d’étranges oripeaux multicolores et qui se démenait d’une manière tout à fait ridicule au rythme d’une musique sauvage en frappant violemment et rapidement les pieds par terre.

Une voix off répétait inlassablement que son correspondant était activement recherché.

Moins d’une heure plus tard, Bill obtint d’un responsable un code de déblocage manuel tellement incompréhensible qu’il préféra l’option automatique avec supplément journalier.


Ève ouvrit de nouveau ses extraordinaires yeux noirs qui devinrent bleus après le clignotement d’usage. Le sourire reprit au point exact où il avait disparu et la geisha se manifesta l’air tout aussi avenant.

La programmation reprit depuis le début, mais Bill, maintenant aguerri ne commit plus aucune erreur.



Et après les conventions habituelles, elle enchaîna :



Premièrement : une totale soumission sans contrepartie, à toutes vos décisions. À ce stade, je me dois de vous prévenir que XX026, bien que conçue pour résister à presque toutes les manifestations de violence, n’est plus couverte par les exactions conduites à l’aide d’un instrument tel qu’une hache en carbure de tungstène, un chalumeau oxyacétylénique ou l’utilisation de matériel thermonucléaire, même de petite taille.


Deuxièmement : une soumission contrôlée, avec un comportement semi actif comprenant soupirs de satisfaction, trémoussements et quelques initiatives gestuelles à définir. Je me dois de vous prévenir que cette option est retenue par 22% des usagers. Les 78% restants préférant la soumission totale sans contrepartie.


Il reste enfin la dernière alternative jamais testée à ce jour, qui comporte l’intégration du fameux libre-arbitre, et rend le produit si onéreux. XX026 dans ce cas peut utiliser suivant un cycle absolument aléatoire, n’importe quelle réaction programmée dans ses circuits de libertinage, en réponse à une sollicitation de votre part. Elle sera en mesure de vous donner la réplique d’une manière très active, de simuler un plaisir intense, de pleurer de bonheur, enfin, de se comporter exactement comme les femmes qui ont servi de modèle. Plus de cent mille possibilités diverses sont utilisables. Dans le cadre d’un rapport quotidien, qui représente plus d’une douzaine de fois le rythme moyen national, cela permet d’imprégner environ trois cents années de nouveautés en tenant compte des doublons. C’est-à-dire infiniment plus que ce qu’il est permis d’espérer d’une femelle organique.


Bill, conscient de participer à un nouveau défi scientifique n’hésita guère plus d’une demi-seconde et se décida pour la version numéro trois.


Après d’interminables remerciements de la geisha, tellement indigne d’une si misérable prestation, Bill San fut seul avec Ève. Elle était encore dans son état original, un sourire érogène sur ses lèvres carmin. Bill, fortement ému, impressionné et intimidé ne sut comment engager la suite.



Pétrifié, Bill ne dit mot !



Toujours dans le même état, Bill n’eut pas la moindre réaction.


Bon je comprends. Ce n’est pas ton truc. Tu es coincé du caleçon ou c’est un Adam qu’il te fallait. Pas de problème, je ne suis pas jalouse, et je vais nous concocter un petit cocktail de bienvenue… Eh, c’est rigolo ça, concocter un cocktail !


Et sous les yeux ahuris de Bill, Ève, dans sa splendide nudité se dirigea d’un pas on ne peut plus lascif, vers le bar mural qu’elle ouvrit d’une manière un peu brusque. Un verre ancien en cristal de rom tomba sur le sol et se brisa en minuscules morceaux.



Elle remplit un autre verre à eau de six bonnes mesures de vodka, qu’elle avala d’un seul trait en rotant d’une manière particulièrement naturelle, puis se tourna vers Bill.



En fait, Bill, complètement déconnecté, regardait le nombril de sa partenaire, en se disant que c’était une erreur de conception. Tout le monde savait qu’Ève n’avait pas de nombril. Mais la somptueuse créature avait déjà fait demi-tour et se trouvait maintenant en contre-jour devant la baie vitrée.

Le fabuleux fessier exposé à quelques mètres sortit Bill de cette torpeur létale.

En fait, la fille correspondait parfaitement à la programmation. Elle n’utilisait pas le haut-mandarin et se comportait avec une joyeuse insouciance, mêlée de sympathique maladresse. Quant au physique, Bill était comblé au-delà de toute espérance. Par contre, il avait envisagé de se comporter en parfait gentleman, mais les événements ne se déroulaient pas selon le scénario prévu. Pour commencer, la fille n’était pas habillée.

Cette nudité totale, bien que splendide dans son naturel primitif, se prêtait difficilement aux baisemains et aux romantiques entrées en matière.

« Qu’importe, j’ai choisi et c’est à moi de m’adapter. »


Pendant ce temps, Ève avait rapidement fait le tour du propriétaire et d’un ton sans réplique s’adressa à Bill :



Et soudain merveilleusement câline :



Bill renonçant au style précieux, un instant envisagé, se dit qu’il était sans doute opportun de tirer parti des bonnes dispositions de sa récente acquisition et se rapprochant de l’objet de ses nouvelles convoitises, lui posa la main sur le sein droit.



Puis passant subitement au mode enjôleuse, Ève se rapprocha de Bill, d’une manière si érotique que l’intéressé se garda bien de la moindre initiative. Elle se dressa sur la pointe des pieds et colla avec une douceur absolue, ses lèvres virginales sur la bouche consentante de son homme.

Une langue adorable et habile entreprit de l’initier à un nouveau vocabulaire.

Les mains de la belle, qui était manifestement ambidextre, eurent tôt fait de mettre Bill dans un état qu’il n’avait jamais connu auparavant.


Alors, Ève, dans un sublime recul rompit le contact et d’un ton excluant toute négociation éventuelle, se lova dans le lit en disant :