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Temps de lecture estimé : 27 mn
22/07/14
Résumé:  Dans le premier épisode, Josselin avait eu le tort de rentrer trop tôt et de découvrir son infortune. L'heure de la vengeance arrive. Mauvais temps pour le voisin.
Critères:  fh ff fhh jeunes extracon vacances fsoumise vengeance contrainte fellation cunnilingu pénétratio fsodo policier
Auteur : jmg55      Envoi mini-message

Série : Une histoire pas si simple

Chapitre 02 / 02
Agnès

Dans la première partie, Josselin, arrivé un peu trop tôt, a découvert les infidélités, de plus en plus multiples, d’Agnès. La chance va peut-être tourner.





Chapitre 6



Je ne sais vraiment quoi faire. Ma femme est amoureuse du voisin au point de s’humilier devant des inconnus pour lui. Le lendemain, pour la punir de sa rébellion, il n’est pas venu et je l’ai entendue supplier au téléphone. Jurer qu’elle sera une bonne salope, que sa chatte est à lui, qu’elle a besoin qu’il la défonce. Rien de mon épouse tendre que j’aime depuis quinze ans. Le même jour elle a reçu Franck comme si de rien n’était, l’a remercié de sa visite avec ses copains et lui a offert une séance de baise particulièrement subtile : lui caressant la queue entre ses seins, lui léchant les bourses puis la queue. Elle l’a fait durer très longtemps, il devenait fou d’excitation.


À la longue je me sens corrompu par mon voyeurisme. Les regarder me fascine, je me sens sale et finalement complice d’eux. J’ai un sursaut de fierté. Elle ne m’aime plus, soit. Je n’attendrai pas d’être congédié, c’est à moi de mettre fin à cette humiliation. Le jour suivant je ne regarde pas les images enregistrées et je me prépare à la rupture. C’est presque impossible, je l’aime à la folie. Mais je n’admettrai plus d’être trompé et rejeté. Et puis le jeudi, mon obsession me reprend et je regarde les images du matin. Ce n’est pas du tout la scène habituelle. Il est seul dans la chambre, il utilise le téléphone de notre maison. Il parle plutôt fort :



Je finis par comprendre que le mec organise l’arrivée d’un chargement. Je ne sais pas encore de quoi. Certainement pas du sucre en poudre. Il est très nerveux. La quantité est considérable, c’est le coup de sa vie on dirait… Mon excitation croît de minute en minute. Je tiens ce mec. J’ai perdu ma femme mais lui va le payer cher.

Il raccroche et compose un autre numéro.



Je me mets du temps à comprendre. Monsieur a plusieurs business, la came et la traite des femmes. Il planifie pour ce soir une livraison de prostituées de luxe à de riches touristes d’un hôtel de Cannes.



Il réfléchit un moment…



C’est fini. Il raccroche et sort de la chambre. Et moi aussi je commence à passer des coups de fil. Le premier à mon meilleur copain, un copain de promo qui a été muté à Marseille. Le second à mon patron pour lui demander mon vendredi. Et je saute dans ma voiture. Mes enregistrements bien conservés sur une clé USB.

J’ai passé toute la journée dans le bureau de mon copain, un flic, comme moi. Nous avons été voir ensemble le procureur. Ils ont tout de suite reconnu le voisin sur les images, une crapule soi-disant retirée des affaires. Affaires de drogue certaines années, de prostitution d’autres fois. Visiblement il prépare sa retraite en mettant les bouchées doubles. Je leur apporte sur un plateau la tête de cet enfoiré. Je suis flic, un vrai flic, et pendant cet intermède j’ai presque oublié Agnès. Mais il faut bien leur dire pourquoi j’ai piégé ma propre maison. Il y a un moment de gêne. Je suis en train de briser ma propre carrière : l’épouse d’un commissaire de police impliquée dans un réseau de prostitution… Même divorcé, je serai marqué et je vais avoir droit à gérer les archives ou le personnel. Finies les belles missions. Mais je fais mon boulot parce que je suis comme ça.


Mes collègues prévoient de surprendre la récupération du container le soir même. Alors que nous nous demandons s’il faut arrêter le salopard au même moment, Agnès m’appelle sur mon portable. Cette fois elle est plutôt tendre, mais c’est pour m’apprendre que le voisin nous invite à l’apéritif le soir même et que je dois être à l’heure. Je fais l’étonné :



La conversation surprise la veille me revient en mémoire. Il a surtout envie de se débarrasser de moi. Agnès le sait-elle ? J’accepte et lui dis que je serai à l’heure. Et j’arrive à convaincre le procureur et mon ami de me laisser une heure. Pour eux, c’est une aubaine. Il sera occupé et ils pourront coincer ses complices. D’un autre côté je ne suis pas ici sur mon territoire, ce n’est pas très légal. Ils me conjurent d’éviter toute connerie qui pourrait faire capoter la procédure. Comme lui casser la gueule.


Je suis donc ponctuel à la maison. Agnès est déjà prête, très nerveuse me semble-t-il. C’est peut-être pour cela qu’elle accepte mon baiser. Elle est habillée de façon voyante, une jupe très courte sur ses jolies jambes. Un décolleté profond. Rien qui lui ressemble. Et pourtant je la trouve très belle. Moi aussi je suis nerveux, j’ai une heure pour récupérer mon amour avant que l’autre con se fasse coffrer.


Nous sonnons à la porte du voisin qui nous ouvre presqu’immédiatement. Une caricature. Une grosse chaîne en or sur un poitrail largement ouvert. Une gourmette qui doit bien peser son kilo d’or. Il pue le maquereau mais visiblement Agnès ne le voit pas. Dès qu’il a ouvert j’ai vu son regard s’illuminer. Elle l’aime avec passion.


Il est très sympa, très « protecteur ». Il m’invite à m’asseoir et demande à Agnès si cela ne la dérange pas de l’aider à apporter l’apéritif. Il explique avec un sourire faux…



Ils entrent tous les deux dans la cuisine, et ferment la porte derrière eux. Cela dure longtemps, trop longtemps. Lorsqu’ils reviennent, sans porter la moindre bouteille, Agnès a perdu son rouge à lèvres, ou plus exactement il est barbouillé tout autour de sa bouche et une coulure de sperme souille sa joue et son corsage. Elle me regarde sans expression.


J’avais beau attendre une attaque, la brutalité et l’obscénité de celle-ci, soigneusement mise en scène, me bouleversent. Comment peut-elle accepter de m’humilier et de s’humilier à ce point ? Je suis sur le point de me précipiter sur ce salaud et de lui écraser la gueule. Mais je me retiens. Ce n’est pas le moment. Lui pérore, sa chemise complètement ouverte maintenant…



Un silence et puis il décoche sa flèche…



Je la regarde et je le regarde sans rien dire. Elle est figée mais ne fuit pas mon regard. Elle est d’accord. L’impudence de ce salaud m’impressionne. Mais au fond il a raison. Si je n’avais pas surpris Agnès, si je n’avais rien su, qu’aurais-je dit et pensé ? Le plus probable c’est que sous le coup de la surprise et de la honte j’aurais voulu jouer le mari cocu mais élégant. J’aurais demandé confirmation à Agnès et devant sa détermination, je serais parti. De peur de perdre ma dignité en suppliant ou en menaçant en vain. Je me tais, j’attends… Lui se sent obligé de renchérir…



Je me tais toujours, ça le dope, il a l’occasion de bien m’humilier devant Agnès.



J’ai vu Agnès sursauter, mais elle n’a pas protesté. J’ai ma chance…



Elle a un geste ambigu, je ne sais si c’est de désespoir ou d’agacement, j’insiste.



Elle a comme un sursaut. Un éclair de fureur dans les yeux…



Je suis bouleversé. Est-ce qu’elle accepte ce qui l’attend ? Pourquoi me déteste-elle à ce point ? J’entends l’autre ricaner. Pas longtemps. En une fraction de seconde, il a le museau noir de mon revolver sous le nez. Moi je suis hors de moi…



Et pour être plus clair, je presse le canon de mon flingue aussi fort que je peux sur sa braguette encore ouverte. Il ne rit plus du tout, il est gris sous son bronzage et, sous le coup de la peur, pisse sous lui. Une large tache humide s’étend sur le canapé… Le caïd a les jetons. Il a senti que je suis sur le point de craquer…

Je recule d’un pas. Mon revolver est toujours pointé sur le mec mais c’est Agnès que je regarde. Ses yeux me fusillent et, elle, n’a pas peur. Elle vient entre lui et moi, le protégeant de son corps. Le mec a immédiatement compris.



Il la serre contre lui, s’en faisant un bouclier, et appelle « Paulo ! »


Derrière lui, la porte d’entrée s’ouvre. Le mec a un rictus de victoire. Qui s’éteint immédiatement. Les deux mecs à la porte ont un air de flics qui ne trompe pas. Le premier rigole…



Le mec est décontenancé, beaucoup trop d’informations à la fois pour lui. Il finit par comprendre et essaie de s’en tirer.



Ils l’ont menotté, il a l’air misérable avec son futal trempé. Mais quand il m’a regardé c’est lui qui était encore le gagnant.



Et puis aux flics :



Les flics sont surpris.



Ils les ont embarqués après avoir posé des scellés sur la porte. Le monde autour de moi s’est écroulé. J’ai perdu ma femme qui me hait et préfère, délibérément, un proxénète à son mari. Ma carrière de jeune commissaire plein d’avenir est brisée par le scandale. Il me reste… mes filles qui arrivent dans deux jours chez nous. Que vais-je leur dire ? Comment leur parler de leur maman ?




Chapitre 7



Malgré qu’il n’y ait plus d’espoir, j’ai tout de même attendu le retour d’Agnès. Une voiture de police l’a déposée devant la maison vers 4 heures du matin. Égards pour une femme de flic. Une autre aurait été abandonnée à la porte du commissariat. Elle a l’air défait, fatiguée et désespérée. Elle m’a trouvé dans le salon, m’a regardé longuement puis a voulu m’éviter et monter se coucher. C’est moi qui l’ai retenue…



Excédé je sors mon petit magnétophone de ma poche. La voix du voisin sort de l’appareil.



Elle tremble mais ne plie pas.



Il n’y a plus rien à tenter. Je comprends maintenant l’ascendant qu’ont certains proxénètes sur leurs filles. Jusqu’à en obtenir une obéissance qui paraît révoltante à toute personne sensée.



Je suis rentré à Lyon et j’ai appelé le service pour dire que je ne prenais plus de vacances. Ça arrange tout le monde en été. Et le lendemain j’ai repris mon service. Mon adjoint, Hocine, m’a accueilli avec…



Son sourire compatissant me montre qu’il sait. Que donc tout le monde sait déjà. Mais personne n’en parle. Du moins devant moi.

J’ai bien fait de revenir travailler, je crois que, seul, mes pensées auraient été insupportables.


J’ai récupéré les filles à la gare. Elles sont bronzées et pleines de souvenirs de leur colo. Elles ressemblent à leur mère, je ne m’en étais jamais aperçu à ce point. Elles s’étonnent de ne pas voir Agnès. Je suis sur le point de leur dire que nous sommes séparés et qu’elles vont vivre avec moi… Et puis quelque chose m’arrête.



Je ne sais pas pourquoi j’ai fait cela. Peut-être en croyant que ce geste va me la rendre. Sur la route j’appelle Agnès et lui dis, sans lui laisser le temps de me répondre que j’amène les filles. Lorsque je gare la voiture devant la porte de la maison elle sort mais ne s’approche pas. Les filles courent vers elle. Je pose leurs valises sur le gravier et je remonte dans la voiture. Personne n’a un regard pour moi. Je remets le contact et je démarre. Merde !

Je suis sur le point d’arriver chez moi quand je reçois un appel. J’ai un instant l’espoir que c’est Agnès. Non, c’est Agathe, sa meilleure amie…



Pourquoi refuser ? Moi aussi j’aimerais bien que quelqu’un me serre dans ses bras.



Elle est déjà en bas de l’immeuble quand j’arrive. Elle a l’air un peu hagard. Dans l’ascenseur elle se serre contre moi. Dévore ma bouche. Elle donne une impression d’urgence, comme s’il était vital que je l’embrasse. Et moi aussi j’ai envie de ses lèvres. Nous traversons l’appartement presque en courant. Dans la chambre elle fait voler ses vêtements. Je la regarde sans bien comprendre. Elle est devant moi, nue, aussi jolie que quand nous sortions ensemble, quinze ans auparavant.



Elle sent cependant ma réticence



Nous avons fait l’amour comme des adolescents, comme autrefois, de façon très simple et presque pure. Elle m’a déshabillé, sans chichi, m’a embrassé encore, a caressé mon ventre et mon dos. J’ai effleuré ses seins, ses jolies fesses, cherché son pubis. Nous nous sommes allongés, je caresse du bout du doigt son clitoris durci en embrassant les pointes de ses seins. Elle dit « viens ». Je la pénètre très doucement, je fouille ses entrailles en essayant d’allumer toutes les sensations de son vagin. Nous fonctionnons à la perfection ensemble, des réflexes oubliés ressurgissent sans peine, je joue d’elle comme d’un instrument que je retrouve avec bonheur. Elle a ce gémissement de femelle heureuse qui évoque de si doux souvenirs. Et ce petit cri de petite fille qui annonce son plaisir.




Chapitre 8



Quelques jours passent ainsi. Je travaille le jour et quelquefois la nuit. Agathe me rejoint souvent. Nous baisons bien, mais presque sans parler. Chaque parole est dangereuse et peut amener des idées tristes. J’ai l’impression qu’elle est très amoureuse. Elle me dit parfois qu’elle attendait cela depuis des années. De mon côté, je trouve un certain repos dans ses bras mais je ne crois pas que cela durera. J’ai l’impression qu’elle s’en rend compte. Elle est alors encore plus tendre.


Au bout de deux jours je n’ai pu résister et j’ai repris ma surveillance d’Agnès. Elle me paraît plutôt triste. Elle s’occupe des filles mais je sens une certaine réserve. Et Franck est réapparu : il habite maintenant la maison, comme un concubin. Elle et lui dorment ensemble et font l’amour souvent. Il s’occupe gentiment des filles. Je n’arrive pas à être jaloux de ce garçon. Au contraire, sa présence me rassure car ce que je vois du visage d’Agnès, sa tristesse, me soucie. Au moins il veille un peu sur elle.

Il n’y a pas d’autres visiteurs.


Ce soir, touché par la tendresse d’Agathe, je l’ai invitée dans un grand restaurant. Elle a pas mal bu et moi aussi. Nous sommes très câlins quand nous rentrons chez moi. Et pour une fois nous parlons un peu de sexe. Je lui ai demandé la caresse qui l’excitait le plus dans l’amour, histoire de pouvoir la satisfaire de mon mieux. Elle m’a parlé d’un cunni. Je suis donc en train de suçoter son clito et elle aime visiblement cela. Je le sens à son vagin inondé que je visite de temps en temps de la langue avant de revenir à son bouton. Elle ronronne comme une chatte heureuse jusqu’à ce qu’un bref sursaut m’indique son orgasme. Je reviens vers elle, l’embrasse et lui dis qu’elle n’a pas dû jouir très fort. J’ai peur qu’elle soit déçue.



J’ai envie d’apprendre… et de plaisanter un peu…



Elle hésite un peu mais elle est plutôt saoule et ses barrières mentales sont tombées…



J’ai ressenti un coup au cœur, elle aussi a couché avec Agnès ! Il faut que je comprenne.



Elle hésite encore, puis se lance.



Agathe doit se rendre compte qu’elle en a trop dit. Elle est mal à l’aise. Et moi je sais enfin comment cette histoire a commencé. Il y a d’autres choses à apprendre mais il ne faut pas trop la brusquer. Alors j’élude avec quelques mots désabusés « Il l’aurait eue un jour ou l’autre » et je parle d’autre chose. Elle s’était de nouveau excitée et a voulu que je la baise. Mon cœur n’y était pas vraiment mais j’ai trouvé l’énergie de le faire assez bien. Nous nous sommes endormis.




Chapitre 9



Mon collègue de Marseille m’a envoyé des photos et des vidéos d’Agnès trouvées sur l’ordinateur du voisin. Elle est avec deux mecs et son protecteur. Prise par les deux types à la fois. Les images ne sont pas très bonnes. Le voisin a dû les prendre en cachette. J’imagine qu’un chantage envers elle ou envers les mecs était prévu. Agnès est passive et vraiment pas souriante. Elle subit et n’aime pas. J’ai pensé aux premiers dialogues que j’avais surpris. Il doit s’agir de la séance pour laquelle il lui reprochait d’avoir fait la mijaurée.

Agathe m’a surpris en train de visionner les images. Je n’ai d’abord pas su quoi dire. Avant que je réagisse elle a laissé tomber…



J’ai prétendu avoir trouvé le film sur l’ordinateur d’Agnès. Elle a poursuivi, pensant que les images dataient d’avant notre mariage…



Agathe est gênée un instant, puis continue…



Agathe doit penser qu’elle enfonce Agnès dans mon esprit. C’est tout le contraire. Apprendre maintenant ce qu’Agnès a fait pour moi est émouvant et violent. Je me sens tout d’un coup coupable d’avoir ignoré cette preuve d’amour magnifique.


Je regarde Agathe et je réalise qu’elle ne sait presque rien de ce qui s’est passé. Pour elle Agnès m’a quitté pour le voisin et elle vit avec lui là-bas. Elle est tout simplement fière d’avoir profité des circonstances pour me reprendre.



Agathe titube sous le choc de cette révélation. Elle est blême.



Agathe me regarde fixement. Elle est totalement bouleversée. Je mets cela sur son affection pour son amie… mais il y a quelque chose d’autre.



Elle s’assoit, se laisse tomber plutôt, sur le canapé. Elle passe ses mains sur son visage…



Des rousses ! Moi faire ce genre de confidence à ce sale con ! Mais c’est très fort. C’est tellement précis, gros et surprenant que dans l’esprit perturbé d’Agnès cela ne pouvait qu’être la vérité. Qui inventerait une histoire pareille ?


Agathe a fait son sac et est partie. Je ne sais plus où j’en suis. Je sais pourquoi Agnès me déteste mais je sens quelque chose d’autre. Cette passivité que je lui ai vue, cette soumission à qui voulait d’elle. Oui, c’est une vengeance vis-à-vis de moi. Mais pourquoi à ce point et pourquoi se laisser détruire, quitter ses filles qu’elle aime passionnément ? J’hésite à l’appeler mais je sens que tant que je ne tiens pas tous les fils, ils risquent de se rompre. Après tout c’est ma parole contre celle d’Agathe…


Je passe une très mauvaise nuit sans décider quoi faire. Le matin je suis appelé par mon chef pour aider une autre équipe à tendre une souricière à une bande de malfrats, moitié gangsters moitié graines de terroristes islamistes que l’on soupçonne de vouloir braquer une bijouterie vers midi. Lorsque j’arrive au briefing avec ma troupe, mon collègue en charge de l’enquête me snobe résolument et laisse passer quelques remarques à peine voilées sur mes cornes de cocu. Ça commence, ma carrière est foutue et on me le fait sentir. Même certains gars de mon équipe semblent gênés d’être commandés par moi. Le collègue monte son embuscade autour de la bijouterie et, parce qu’il est forcé de m’intégrer au dispositif, me charge de surveiller les arrières de l’autre côté de la place. Autant dire que je ne sers à rien.


Je suis avec Hocine, dans un bar qui permet de bien voir toute la scène où mon distingué collègue va… se distinguer. L’attente est longue. Les méchants ne semblent pas ponctuels. Un appel de mon ami de Marseille interrompt mes cogitations…



J’ai posé quelques questions mais il m’avait dit tout ce qu’il savait. Il faut que je parte. Puisque je ne sers à rien je vais…


Hocine jette un cri. Deux voitures se sont arrêtées à la limite de la place piétonne que nous surveillons. Cinq mecs en cagoule en sortent. Des fusils mitrailleurs, sans doute des kalachs, en main. Sur la place il y a aussi un groupe qui sort… de la synagogue de l’autre côté. Une noce ! Mon connard de collègue a mal interprété les repérages de ces furieux. C’est la synagogue qu’ils visent. Il va y avoir un carnage.


Il n’y a qu’une seule solution : nous interposer en terrain découvert. Hocine me regarde, c’est mon ami, mon adjoint depuis des années, pas besoin de parler… Nous sortons du bistrot l’arme au poing, les djihadistes sont à 15-20 mètres. C’est OK Corral : le duel en pleine rue.


Vingt secondes environ. Trente secondes peut-être, qui s’écoulent avec une lenteur infinie. Je tire posément, sans sommation. Pas le temps. J’ai le premier. Hocine est à trois mètres de moi sur ma droite. Les autres nous ont vus et rafalent sans arrêt. Je sens les impacts sur ma poitrine. Mon gilet pare-balles encaisse mais l’énergie des balles, même amortie, est terrifiante et me déséquilibre. Mon visage, mes bras et mes jambes sont sans protection. J’attends la balle qui va m’exploser la tête. Mais j’ai une mission : rejoindre Agnès. Je tire, comme au stand, j’accompagne en esprit chaque tir jusqu’à sa cible. Je n’entends rien et pourtant cela doit faire un sacré vacarme. Je vois du coin de l’œil Hocine s’affaisser à côté de moi. Ma balle fracasse presque au ralenti le crane de son dernier adversaire. C’est fini.


Un temps, le son revient. Des hurlements dans la foule derrière moi. Je m’approche d’Hocine. Il est conscient. Terriblement pâle. La jambe, les deux jambes mais l’artère n’est pas touchée. Je lui prends la main.



Il arrive à sourire. Ouf. Les collègues qui n’ont rien vu arrivent. Je suis groggy. Je m’assois par terre, sa main toujours dans la mienne. De nouveau je n’entends plus rien.




Chapitre 10



Hocine et moi sommes des héros. Mais comme mon ami est à l’hôpital, c’est pour l’instant moi qui reçois les félicitations du préfet, du patron, du grand patron et, très vite, du ministre, au téléphone.


Des heures de dépositions, de discussions, de réponses aux journalistes. On me met en valeur, ma carrière n’est peut-être pas fichue.


Mon torse est couvert de bleus et je dois passer une radio. Vingt-trois impacts marquent ce qui reste de mon gilet pare-balles ! Il semble que les apprentis djihadistes, en Afghanistan, se sont trop entraînés à tirer au torse. Sinon je serais mort. J’ai une chance de… Oui de cocu.


Maintenant je suis dans ma voiture. Je n’en peux plus et je dors quelques heures sur une aire de l’autoroute. J’arrive à la maison vers huit heures du matin. J’ai encore ma clé. Dans la cuisine je trouve Franck, en tee-shirt, sans slip, en train de verser deux tasses de café. Sa queue est encore luisante de sécrétions. Il vient de faire l’amour. Je ne lui veux pas de mal.



Il ne fait pas de difficulté. Il sort par le jardin, dans cet appareil, en emportant sa tasse de café. Tout de même, avant de passer la porte, il se retourne et dit…



Il est parti. Je monte vers la chambre. Un regard en passant dans la chambre des filles. Elles dorment. Je pousse la porte de la chambre d’Agnès. Elle est étendue, nue, sur le ventre les jambes un peu écartées. Il y a des taches de sperme sur le drap et sa fente est poissée du liquide clair. Je m’assieds près d’elle, au bord du lit et mets une tasse de café dans sa main. Elle se redresse et se retourne pour pouvoir le boire. Lorsqu’elle me reconnaît, elle a un sursaut à peine perceptible. Mais surtout son sourire de femme heureuse et bien baisée vient de disparaître. Elle est défiante et hostile. Mais ne dit rien.



Elle ne dit rien, son visage reste impassible.



Elle ne bouge pas un cil. Elle ne me croit pas.



Elle est touchée. J’en sais plus qu’elle ne le pensait et sa première aventure avec le voisin la met, elle-même, en défaut.



Elle sourit, tristement, mais c’est quand même un sourire…



Elle est si belle et pour moi l’espoir renaît. Je me penche pour l’embrasser, sa bouche m’accueille. Un frisson brutal me parcourt à son contact. Pourtant, il y a une autre chose que je voudrais savoir…



Elle sourit un peu plus franchement.



Quoique asservie, abusée, déjà vendue, elle avait conservé une petite lueur de résistance, la même qui la faisait agir délibérément sous le regard des caméras ou tromper son amant avec Franck. Je comprends aussi sa solitude et l’aide, peut-être pas volontaire, que le garçon lui a apportée. Un peu de tendresse au moins. Une présence finalement plutôt gentille alors qu’elle se sentait abandonnée et trahie par moi.


Ma main glisse sur son corps. Je retrouve les courbes admirables que je connaissais, les pointes des petits seins qui s’érigent, les épaules gracieuses, le creux des reins, la douceur des fesses. Ma main glisse plus loin et rencontre la fente, encore trempée du sperme de Franck. Tant pis, ou tant mieux, je ne sais pas…



Peut-être vaudrait-il mieux parler, s’expliquer longuement… mais j’ai l’intuition que seules des caresses peuvent être vraies, sans ambiguïté, et effacer toutes ces semaines de malheur.



Je retire ma main et je m’écarte un peu d’elle.



Je me défais de mes vêtements, je l’embrasse. Ma bouche parcourt son corps, sans aller cependant jusqu’à sa chatte. C’est quand même le foutre d’un autre qui coule encore là. Je la caresse du bout du doigt. C’est troublant de sentir la vulve de sa femme quand elle vient d’être parcourue par la verge d’un autre, qu’elle est encore pleine des traces de leur étreinte. C’est maintenant ma propre verge qui reprend le même chemin que l’autre, que tous les autres qui l’ont baisée ces dernières semaines. La queue énorme du voisin. Celle de Franck. Les bites des premiers clients… J’embrasse sa très jolie bouche que j’ai vue distendue sur les sexes des autres. J’ai un moment de malaise. Toutes les scènes longuement visionnées passent devant mes yeux. Mais c’est une autre femme, ma femme, celle de toujours. Je l’aime et j’aime tout ce qu’elle a été. Je jouis de toutes ces images et de mon bonheur.