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Temps de lecture estimé : 20 mn
27/09/14
corrigé 10/06/21
Résumé:  Quatre textes illustrant ce que la convoitise peut avoir de généreux, rédigés pour vous, lecteurs, par OlivierK, SophieF, Olaf et Hidden Side...
Critères:  f h ffh religion forêt amour cérébral revede exhib fmast hmast confession humour fantastiqu
Auteur : Collectif Antilogies  (Groupement d'auteurs intéressés par les Antilogies)      Envoi mini-message

Collection : Antilogies
Convoitise généreuse

La collection « Antilogies » regroupe des textes courts, proposés par un panel d’auteurs recomposé en fonction du sujet « antilogique » mis en ligne sur le forum Revebebe durant le mois en cours – tout membre peut soumettre son ou ses sujets d’antilogies.

Tous les lecteurs peuvent avoir accès au forum pour participer – ça se passe dans l’espace public !


Pour en savoir plus, >cliquez ici.





Juillet - Août 2014 – Convoitise généreuse



Sommaire :



Les saintes filles, par OlivierK


Il, par SophieF



Filles de rêve, par Hidden Side





Les saintes filles


par OlivierK



Jeudi 17


La grille avait disparu, livrant ainsi à mes lèvres celles de Lucile. Puis toute séparation entre elle et moi, si bien qu’elle avança les mains, écarta le bas de ma soutane et approcha sa bouche de mon bas-ventre. Les rêves font fi de la logique, ma soutane s’était ouverte sans avoir été déboutonnée et cela ne m’a pas étonné. Mes draps ont une fois encore gardé la trace de mon plaisir. Est-on responsable de ses rêves ? La question se pose pour moi, qui suis un être que tourmentent tant de désirs impurs. Pour autant, je ne suis pas homme à utiliser haire et discipline comme le personnage de cette comédie dont Monseigneur dit le plus grand mal. Je pense en effet que la souffrance que l’on s’inflige nous procure trop souvent une jouissance malsaine. Quoi que l’on fasse, c’est le démon qui est vainqueur, les messieurs de Port-Royal n’ont peut-être pas tort.



Quel aveuglement que le sien ! Ou quelle hypocrisie peut-être, car les hauts prélats prennent souvent bien des libertés avec les commandements de l’Église.



Elles ne me disent pas qui les sollicite mais je le sais. C’est leur mère supérieure, qui doit avoir son propre confesseur, car elle m’ignore. Les autres me demandent sans cesse de douloureuses pénitences, si bien que certains de mes rêves sont peuplés de filles nues que je fouette vigoureusement, et j’en souille mes draps. D’aucuns affirment que nos rêves ne sont pas condamnables s’ils ne résultent pas d’une complaisance de notre part quand nous sommes éveillés. Or je suis de toute évidence coupable de cette complaisance. Je m’en confesse au vieux père Guillaume, qui en a entendu bien d’autres et qui me donne l’absolution comme on jette une aumône.



Vendredi 18


Ce matin Lucile murmure et je sens un léger souffle contre mon oreille. Je tourne un peu la tête et je respire son haleine. Je ne l’entends plus mais peu m’importe, c’est toujours la même chose : mon père punissez-moi parce que j’ai péché. Elle devait dire bénissez-moi, elle ne l’ignore pas. Elle me confie qu’elle regrette d’avoir trop souvent la faiblesse de partager le lit d’une autre alors qu’elle voudrait tant être fidèle à ceux qu’elle aime : Jésus, et moi qui Le représente. Puis elle s’accuse de se donner du plaisir d’autres nuits en songeant au seul homme à qui elle peut parler, moi, encore moi.


Ah ! Lucile, si tu savais que moi aussi je te désire follement ! Il n’est pas sain d’enfermer ainsi ces filles, comme il n’est pas sain de contraindre à une cruelle chasteté un jeune homme comme moi, plein de vigueur. Et comme il est périlleux pour moi, le fait de confesser ces religieuses ! Certaines sont vieilles et ne s’accusent que de vétilles. Mais les jeunes… Comment ne pas imaginer sous leurs sombres voiles leurs corps pantelants, leurs seins qui palpitent, leur bas-ventre que l’on a follement envie d’investir ? Mais on ne le peut pas ! Je ne pèche qu’en pensée car ces filles sont cloîtrées et que sont bien solides les grilles du confessionnal.


Je dirai à la sœur tourière que je souhaite être entendu par sa révérende mère. J’aurai la réponse de cette dernière la semaine suivante. Bien qu’issue d’une des plus grandes familles françaises, elle daignera recevoir le trop jeune prêtre que je suis, parce qu’il est le confesseur du troupeau dont elle a la garde.



Vendredi 25


Elle est encore jeune et fort belle. Une mèche de cheveux blonds s’échappe de sa coiffe insuffisamment ajustée. Elle me sourit, bienveillante :



J’avais préparé notre entretien. Je comptais lui laisser entendre que je n’ignorais pas qu’elle recevait dans son lit quelques-unes des filles placées sous son autorité. Il m’apparut que je devais m’y prendre d’une autre manière.



Son sourire s’accentua.



Elle sursauta, fronça les sourcils puis s’apaisa.



Suivit un instant de silence, puis elle reprit la parole, fort doucereuse :



Son sourire enjôleur me mit sur la voie : elle s’offrait à moi pour garder Lucile ! Elle se leva, alla fermer sa porte à clef pour en ouvrir une autre, celle de sa cellule – une chambre plutôt qu’une cellule, en vérité – qui jouxtait l’antichambre où nous nous tenions. Je vis le lit sur lequel Lucile venait si souvent la rejoindre.


Je fus à même de constater que la révérende mère supérieure, si elle aime les jeunes filles, ne déteste pas non plus les jeunes hommes comme moi. Pour que je ne répande pas en elle ma semence, elle la fit jaillir sur sa poitrine, qui est fort belle. Elle me fit jurer de cesser de penser à Lucile.



Pour ses saintes filles elle va demander à Monseigneur de désigner un autre confesseur, vieux et bien laid. Mais elle acceptera volontiers de me recevoir quand je lui en ferai la demande.



Je n’ai pas l’impression d’avoir véritablement commis un péché. Si Dieu nous a donné un corps… Mais je me confesserai quand même au père Guillaume, pour être tranquille. Il doit absoudre aussi quelques hauts prélats qui ont des maîtresses sans même s’en cacher. Alors, pourquoi pas moi ?



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Il


par SophieF



Il passe souvent dans le chemin du bois Benoît. Il laisse sa bécane dans le fossé, il va sous les arbres et il se met à lire, à lire et à écrire. Martine a eu tort de me confier qu’elle finirait bien par l’avoir, car je le veux pour moi, mais sans le dire. Il est étudiant en droit à Lyon. On ne le voit donc que pendant les vacances, quand il est chez Sidonie, sa grand-mère.



Elle imite bien Brigitte Bardot, ce qui n’est pas difficile. Elle est blonde comme elle, et délurée comme elle. Des garçons du village et des alentours elle en fréquente un paquet et depuis belle lurette, Martine…



Assises maintenant sous un pin, nous l’attendons. J’aimerais tellement qu’il soit le premier à me faire l’amour ! Et le seul, évidemment. Et moi la seule pour lui, bien sûr. Chaque soir dans mon lit c’est à lui que je pense, la main gauche sur mes seins si durs, et la droite entre mes cuisses.



On le voit venir de loin, sur son vélo bleu.



Martine s’est soudain dressée, elle lui fait de grands signes.



Elle me pousse :



Je m’éloigne. Ils vont aller dans la carrière de pouzzolane, ils se tripoteront, ils feront pire encore. Plus jamais je ne serai amoureuse, ça fait trop mal. Dimanche, au bal, j’irai avec le premier venu, il fera de moi ce qu’il voudra et lui je l’oublierai, je l’oublierai.


Il ne la rejoint peut-être pas. Il peut continuer sur le chemin… Non, il monte. Alors je cours reprendre ma place à côté de Martine. Elle ne peut rien me dire, il est déjà tout près. Il nous sourit :



Il ne s’arrête pas ! Il va plus haut dans le bois.



Il se retourne. Elle tapote le sol à sa gauche. Il rit :



Je bouge pour lui faire de la place. Jamais je n’ai été aussi près de lui ! Sa chemisette est humide de sueur. Ses mollets sont musclés. Ses cuisses aussi, que ne cache pas son short de toile. Martine frétille. Elle lui agrippe le bras :



Il la regarde :



Elle pose sur sa cuisse une main de propriétaire. Il rit encore, doucement. Mais il mérite mieux que Martine qui ne l’aime pas, qui veut seulement l’inscrire sur son tableau de chasse, un de plus. Moi je l’aime et je veux le rendre heureux. Et moi aussi je peux poser ma main sur sa cuisse !



Encore il rit. Mon dieu que son rire est clair, et son sourire adorable !



Il passe ses bras autour de nos épaules et nous voilà toutes les deux appuyées contre lui. Son souffle sur mes cheveux noirs, puis sur les cheveux blonds de Martine.



Sa main cesse de tenir mon épaule pour descendre frôler mon chemisier, juste au-dessus de mon sein droit. C’est moi qu’il préfère. …Non, il fait pareil de l’autre côté ! Pire, même, parce qu’il a glissé sa main gauche dans le corsage de Martine. Elle roucoule. Il passe un doigt sous son soutien-gorge. Mais moi aussi j’ai des seins qui lui plairont, personne ne les a encore touchés, ils sont pour lui alors qu’est-ce qu’il attend ? Je cale mon dos contre sa poitrine, sa main droite n’a qu’à se glisser dans l’échancrure de mon chemisier, je n’ai pas de soutien-gorge, moi, et Martine n’aura qu’à partir !


Voilà, mon sein droit est à lui. Ses lèvres sont dans mes cheveux. Il suffit que je tourne la tête pour qu’elles rencontrent les miennes, trop brièvement hélas mais comme il bat follement, mon cœur !



Martine ose demander sa part ! Il rit une fois de plus, se tourne vers elle sans lâcher mon sein. S’il l’embrasse je pars… Mais si je pars il sera pour elle seule. Comme leur baiser est long ! Sa langue doit être dans la bouche de Martine, c’est horrible. Je vais me mettre à pleurer… Non, il se tourne vers moi, et j’ai dans ma bouche sa langue qui explore et caresse la mienne. Victoire ! Sa main gauche a délaissé le sein de Martine pour appuyer sur ma nuque. Je n’ai pourtant pas envie de mettre fin notre baiser, moi !


Pourquoi avais-je fermé les yeux ? Les siens sont si beaux ! Du vert, du bleu aussi, avec du noir au centre. Sa main droite quitte mon sein pour descendre, se glisser sous la ceinture de ma jupe, puis sous l’élastique de ma petite culotte de coton… Je coule comme la fontaine de la place de l’église.


C’était si bon que j’ai failli crier. Mais il est déjà debout.



Je suis à lui, il est à moi. Mais il se tourne vers Martine :



Bon, il nous veut toutes les deux. Eh bien, allons-y !



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Hips don’t lie


par Olaf





(1) http://www.youtube.com/watch?v=DUT5rEU6pqM&feature=kp



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Filles de rêve


par Hidden Side



Le journaliste avait fait un long voyage depuis New-York, en avion d’abord jusqu’à Tucson, puis en bus jusqu’au Mexique, et enfin dans un taxi branlant, aussi poussiéreux que ce paysage écrasé de soleil, de la frontière civilisée de l’état au fin fond de la Sonora, dans ce recoin oublié qu’était la cité de Tasir. Tout ça pour se retrouver devant une triste masure en torchis, que les gamins du village lui avaient indiquée avec des moues salaces et des clignements d’yeux complices.


C’était le plus étrange bordel dont le yankee ait jamais entendu parler. Des filles incroyablement belles et lascives, prêtes à toute sorte de galipettes, y compris « à cru » avec les paysannos du coin, infectés de chancres et de pustules, ou les touristes assez fous pour se risquer dans ce coupe-gorge. Le seul endroit du Mexique (et probablement du monde) où pour quelques malheureux pesos vous pouviez vous taper des reines de beauté. Personne ne savait d’où elles venaient, nul ne les ayant jamais entendues dire un mot, comme si elles étaient muettes ou incapable de parler la langue.


Une histoire diablement étonnante, assez étonnante en tout cas pour qu’un journaleux de la grosse pomme accepte de traîner ses guêtres dans ce trou paumé.


Tiré de ses réflexions par les nuages de mouches bourdonnantes, le journaliste finit par se signaler au taulier de ce peu ragoûtant établissement. Il toqua délicatement à la porte, une planche mal dégrossie, se demandant s’il avait bien fait de se déplacer jusqu’à ce bouge sordide. Un raclement lui indiqua qu’on venait.


La porte s’entrouvrit sur une brune absolument magnifique, dotée d’un visage resplendissant et d’un corps à se damner, à peine dissimulé sous un léger calicot. Elle lui tendit sa main, l’invitant à entrer. L’américain se saisit des doigts les plus délicats qu’il ait tenus de sa vie et la suivit, subjugué. La beauté miraculeuse de cette fille éclipsait la crasse et le désordre qui régnait dans la sombre masure.



John Fenniway jeta un œil alentour. Six ou sept filles, tout aussi belles que la brune, étaient alanguies autour du patron, un mexicain râblé, cuit par le soleil et velu comme un ours. Son sourire madré exhibait une douzaine de chicots noircis, vision horrifique y compris pour un odontologiste endurci. Sur ses genoux, une poupée blonde en tout point sublime, dont il palpait sans vergogne les attributs mammaires singulièrement développés. Attirant la fille à lui, le mac l’embrassa à pleine bouche. La blonde ne sembla pas le moins du monde incommodée.



Le journaliste tira une épaisse liasse de sa veste.



D’un claquement de doigts, le patron envoya une rouquine à moitié nue chercher des verres et un pichet dans un meuble bas. En pleine rue, la frangine aurait provoqué une émeute. Le mexicain remplit deux verres, aussi crasseux l’un que l’autre, et en tendit un à John.



Le type laissa échapper un rot satisfait. Puis il fit encore une fois promettre à Fenniway le silence absolu, sous peine de mort. Il accompagna ses menaces d’un sinistre geste de pouce au niveau du cou.



Il était hypnotisé par le manège de la rousse. Oscillant sur place au rythme d’une musique audible d’elle seule, elle finissait de se dévêtir sans pudeur. Ses phalanges le démangeaient à l’idée de les enfoncer dans la fourrure tiède de la jeune femme.



Excédé, le mac fit jaillir un long coutelas de l’étui en peau de serpent qui pendait à sa ceinture. Avant que John ait pu faire un geste, le mexicain avait tailladé le bras de la blonde. Fenniway laissa échapper un grognement, choqué par cette brutalité atroce, nauséeux à l’idée du sang qui n’allait pas tarder à pisser de la plaie béante.


Justement, aucun jet sanglant ne se produisit… Au lieu de ça, une sorte de sève blanchâtre se mit à sourdre des bords de l’entaille. Laquelle ne tarda pas à se recoller sous les yeux exorbités du journaliste, comme suturée par une fermeture éclair invisible.



L’incarnation d’un fantasme ? Des filles issues de l’esprit pervers d’un souteneur, prenant vie par génération spontanée ? Fenniway sentit vaciller sa raison. Il palpa le bras de la fille à l’endroit même de la coupure. Rien ! Pas la moindre rougeur, la plus légère boursouflure. La peau, fabuleusement douce, était exempte de tout stigmate.



L’homme prit quelques secondes pour réfléchir à la meilleure façon de raconter son histoire. Le phénomène avait débuté il y a deux ans environ, à la fête de la vierge. Suite à un pari perdu, Alfonso – c’était le nom du mac – avait mis les pieds dans une église pour la première fois de sa vie. Assis à côté de lui, il y avait la plus belle femme qu’il ait jamais vu – un ángel del cielo !. À la fin de la messe, cette femme mystérieuse lui avait chuchoté quelques mots à l’oreille avant de disparaître.


Le lendemain, au réveil, Alfonso avait été éberlué de trouver une fille nue dans son lit. Cette brune n’était pas l’apparition de l’église, mais elle l’égalait en grâce et en sensualité. Le plus étrange, toutefois, c’est qu’elle ressemblait comme deux gouttes d’eau à la femme dont il avait rêvé cette nuit-là. Fou d’excitation, Alfonso lui avait fait l’amour trois fois de suite – vu sa tronche, il n’avait pas si souvent l’occasion de tirer son coup –, avant de la questionner sur sa présence chez lui. Impossible de lui tirer un mot, la fille semblait muette et ne savait que sourire, redemandant encore et encore sa dose de sexe.


Après deux jours à baiser comme des malades, l’apparence de la brune avait commencé à changer. Son corps devenait… translucide, elle perdait en consistance, tel un mirage en train de s’évanouir. Jusqu’à ce qu’elle disparaisse comme une bulle de savon qui éclate. Alfonso en fut très affecté ; son long célibat, à peine interrompu, avait repris.


Mais une semaine plus tard, le miracle eut lieu à nouveau. Après une nuit riche en songes humides, il s’éveilla au côté d’une splendide rousse. La fille dont il venait de rêver était là, dans son lit, prête à lui offrir ses formes sublimes, et ce avec une générosité confinant à la nymphomanie. Cette fois-ci, la chica sueña – la « fille des rêves » – put le gâter toute une semaine avant de se désagréger. Puis il en vint une autre, et une autre encore. C’était sans fin…


Ces séances de baises quasi ininterrompues lui avaient farci la tête d’images salaces. Et plus il fantasmait, plus les filles « persistaient » dans le réel, toujours aussi belles et avides de sexe. Vint un moment où il en eut plusieurs à la fois dans son lit. Quand il était trop vidé pour bander encore, il les regardait forniquer inlassablement, pour son seul plaisir. Sa libido ne baissait pas, il ne se lassait pas, chaque nuit et chaque journée devenant à la fois un paradis et un enfer. À ce rythme-là, il allait finir par y passer !


Il décida alors d’en confier quelques-unes à ses amis, de pauvres bougres comme lui qui n’en revenaient pas de cette aubaine. La seule condition était de tenir sa langue. Pas un ne l’avait trahi. Quant aux filles, elles ne parlaient pas, ne mangeaient pas, ne buvaient pas. Tout ce qu’elles voulaient, c’était faire l’amour. Et mon Dieu, c’était amplement suffisant !


Quand il n’eut plus assez d’amis de confiance à qui prêter des filles, Alfonso décida d’ouvrir un bordel. Les chicas sueñas adoraient baiser, peu importe avec qui… Alors autant en faire profiter la population mâle majoritairement miséreuse de Tasir city, en ponctionnant au passage quelques pesos. Une compensation ma foi bien faible pour avoir l’insigne privilège de saillir des top-modèles.


John n’en doutait pas, ce que le mexicain venait de lui raconter était vrai. Oui m’sieur, entièrement véridique ! Il tenait là le papier du siècle. Le journaliste n’avait qu’une hâte, rentrer à Brooklyn pour taper son article sur sa bonne vieille Remington. Il fourra les billets dans la pogne d’Alfonso et se dirigea vers la porte.



Près de l’entrée, la brune fit battre ses paupières avec coquetterie. Son regard vert émeraude débordait de chaudes promesses. Lui faire passer la frontière ne serait pas chose aisée, mais c’était là une occasion inouïe d’illustrer son article avec des photos chocs. De la chair tailladée en train de se ressouder, un corps voluptueux devenant transparent… Il pourrait peut-être même contacter un médecin légiste peu scrupuleux pour la disséquer avant qu’elle ne disparaisse tout à fait. Mais seulement après qu’il se soit payé du bon temps avec elle, bien sûr.





--ooOoo--




(New-York Times, 21 juin 1976)Une bien macabre découverte : Le journaliste freelance John R. Fenniway, bien connu des lecteurs, a été retrouvé égorgé à son domicile de Brooklyn ce week-end. Les enquêteurs l’ont trouvé nu, assis devant sa machine à écrire, où il venait de terminer une courte œuvre de fiction. Près de lui, une pièce de tissu qui pourrait appartenir à la très belle jeune femme brune aperçue avec le journaliste peu avant sa mort. La police lance un appel à témoin pour retrouver cette personne, la dernière à avoir vu notre regretté collègue…




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