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n° 16464Fiche technique35368 caractères35368
Temps de lecture estimé : 20 mn
20/10/14
corrigé 10/06/21
Résumé:  Deux jeunes s'aiment d'amour tendre depuis longtemps. Séparés pour leurs études, brusquement l'un rompt leur liaison.
Critères:  fh amour fellation pénétratio mélo
Auteur : Bertrand d            Envoi mini-message
Les amants

C’est dans une atmosphère joyeuse que les deux amants, rejoignent la chambre de Serge. Ils n’ont pas encore dîné, il n’est que sept heures. Ils veulent auparavant fêter le succès de Corinne. Ça y est, elle a décroché son BTS de comptabilité. Pour Serge, il lui reste encore un an avant d’avoir terminé ses études d’ingénieur en mécanique. Mais ils vont d’abord fêter cela au lit, se prouver à nouveau leur amour.


D’un coup de talon Serge repousse la porte de la chambre. Sa maîtresse est déjà dans ses bras pour un baiser fougueux. Les mains masculines retrouvent les trésors qu’il connaît déjà parfaitement. Mais rapidement elle le repousse, attendant avec impatience qu’il veuille bien la dépouiller de ses vêtements. Calmement, suivant un rite bien établi, il ôte l’un après l’autre les atours de sa bien-aimée. Puis se reculant un peu, il admire cette magnifique femme.


Car il la considère comme la plus belle. Elle mérite bien cette appréciation. Le visage d’un ovale parfait, toujours souriant, les cheveux coupés courts, les seins pas très volumineux, placés assez haut. La taille fine qui s’épanouit en un fessier rebondi. Mais il n’a pas le temps de parcourir du regard cette merveille, Corinne se jette sur lui et le déshabille à son tour. Elle se met à genoux pour dénouer les chaussures, faire glisser le caleçon tendu par un mat qui accroche le pantalon. Lorsqu’elle a fait glisser le dernier sous-vêtement, elle s’empare de l’outil bien tendu, l’embrasse puis le prend en bouche. Un instant ébloui, enchanté de ce traitement, il l’arrête cependant ne voulant pas égoïstement être le seul à éprouver du plaisir.


Ils se retrouvent rapidement sur le lit, préparant chacun l’union en s’occupant avec la bouche, du sexe de son partenaire. Se connaissant parfaitement, ils arrêtent simultanément pour conclure l’acte majeur de leur amour.

Après ce déchaînement, ils reposent sur leur couche. Serge sur un coude, admire encore sa partenaire. Celle-ci sourit, enchantée de cet hommage visuel. De la main elle caresse tendrement le torse de son mâle.


Une demi-heure plus tard ils se dirigent vers leur petit restaurant, témoin de leur amour. Le patron qui les connaît bien, leur a réservé leur table dans un coin discret et servi leur menu préféré.

Rentrés chez eux ils s’installent sur le canapé, blottis l’un contre l’autre. Ils se remémorent l’origine de leur amour.

Ça n’a pas été le coup de foudre mais une lente progression. Arrivés simultanément en sixième, au collège, ils ne se connaissaient pas, bien qu’habitant le même quartier. Ils n’avaient pas suivi les cours dans la même école primaire. Se trouvant maintenant dans la même classe, effectuant tous les jours ensemble le même parcours, ils se sont appréciés. Lui, un peu timide, elle, déjà un peu plus formée physiquement, admirant ce gamin gentil.


Les années de collège, leur résidence voisine, les a rapprochés. Un soir d’hiver, sortant à dix-huit heures, la pluie tombait, forte et glacée. Serge avait pris, sur l’injonction de sa mère prévoyant le mauvais temps, son manteau de pluie. Il l’a quitté et tous deux se sont réfugiés sous cet abri improvisé. À la descente du bus, il a tenu à l’accompagner jusque chez elle. En se séparant, elle l’a embrassé sur la joue. Ce fut leur premier contact physique.


Cela leur a plu et désormais ils renouvellent ce baiser, discrètement, tous les jours, hors de la vue des passants. Un soir, l’accompagnant jusque chez elle, il a glissé sa main au bas du polo, sur ses fesses. Elle s’est immobilisée, mais n’a pas protesté. Au contraire elle s’est rapprochée de lui. Il a tenté une main sur les seins, elle n’a toujours rien dit.

Ce fut tout pour ce jour-là. Il s’est senti autorisé à renouveler ce frôlement, mais toujours loin des regards indiscrets. Insensiblement ils sont devenus inséparables et ont compris que c’était de l’amour.


Après leur brevet ils ont rejoint, comme plusieurs collègues, un lycée commun. En seconde, dans la même classe, ils ont connu un redoublant, William, qui s’est rapproché d’eux. Ou plutôt d’elle. Très souvent il lui offrait de petits cadeaux, ce qui avait le don d’exaspérer Serge. Mais sa compagne, de son côté, restait indifférente aux attentions de William, les trouvant même gênantes. Serge regrettait de ne pouvoir faire de même, mais, d’origine modeste, comme sa compagne d’ailleurs, il était sans ressources. William était le fils unique d’un riche paysan. Il savait son avenir assuré et ne travaillait pas beaucoup en classe. À plusieurs reprises, il n’avait pas rendus les devoirs prescrits. C’était la raison de son redoublement. Plusieurs fois, il avait demandé à Serge de l’aider en maths ou français, il ne comprenait rien. « Je suis prêt à te payer » lui avait-il dit. Mais cette manière malhonnête d’agir révoltait la conscience de Serge. Pourtant il aurait tant aimé pouvoir faire de petits cadeaux à Corinne.


Un jour, il a craqué. Lorsque son camarade lui a demandé à nouveau de l’aider en français, Serge a accepté. C’était un devoir facile et il lui a fallu peu de temps pour le lui rédiger. William n’a eu qu’à le recopier. Et cela pour vingt euros.

Corinne n’était pas au courant de ce marché et Serge se gardait bien de l’en informer. William a demandé de « l’aide » plusieurs fois et sur différentes matières. Et Serge a cédé. Les notes du cancre se sont améliorées et il a été admis en première. À la fin de l’année, Serge avait un capital de cent vingt euros.

S’il s’était ainsi compromis, ce n’était pas pour se payer des fantaisies, mais seulement pour offrir un cadeau à Corinne.


Un samedi, ils sont allés se promener en ville. Passant devant une bijouterie, au rayon des futilités, il s’est arrêté, retenant Corinne. Elle ne voulait pas car la tentation était trop forte à la vue de ces colifichets. Pourtant son compagnon lui a demandé ce qu’elle prendrait si elle en avait les moyens. Regardant bien la vitrine, elle a désigné un collier fin, en or, ou plaqué or. Serge s’est réjoui, le bijou coûtait cent dix euros. Ils ont continué leur promenade et il l’a raccompagnée. Mais il est rapidement retourné acheter ce collier.


Le lendemain ils se sont retrouvés dans le square habituel. Serge lui prenant la main, a déposé un minuscule objet entouré de papier. Croyant à un bonbon, Corinne a déplié l’emballage et, surprise, elle a failli laisser tomber le bijou. Elle a regardé son amoureux, craignant qu’il ne l’ait volé. Il a été obligé de lui révéler l’origine de sa fortune. Elle a été choquée par le procédé, mais surtout par la paresse de William.


En fin de seconde se fait l’orientation. Les deux tourtereaux, très bons en math, pouvaient accéder en S. Mais lui a choisi l’option technologique, voulant devenir spécialiste. Ainsi, s’il ne pouvait poursuivre des études, il aurait un métier. Elle a choisi S. Ils se sont trouvés séparés, mais toujours dans le même établissement. William, lui, a été admis, de justesse, en ES. Il avait satisfait les désirs de son père et celui-ci lui promettait de le laisser réaliser son rêve, voyager autour du monde, s’il obtenait son bac.


Les deux dernières années se sont bien déroulées pour les amoureux. Par contre, William n’a pu suivre qu’avec l’aide de Serge. Ce dernier se constituait un petit capital dans un but bien précis.


Les amoureux se retrouvaient dans le bus, et maintenant tous les voyageurs connaissaient les sentiments qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre. Pourtant ils restaient sages, dans le car, se tenant seulement parfois par la main. Par contre, ils avaient repéré une bâtisse en ruine, proche de chez eux, et s’y retrouvaient de temps en temps pour se prouver leur amour en silence, avec des gestes bien précis appréciés des deux. Ils sont allés très loin, mais n’ont jamais commis l’irréparable.

Au mois de juin les résultats du bac ont été affichés. Les deux amoureux ne s’inquiétaient pas beaucoup, certains d’avoir réussi. Aussi ont-ils été agréablement surpris, mention « bien » pour elle, « très bien » pour lui. Par contre William a été repêché, on ne sait comment.


Ils s’étaient promis de s’unir totalement s’ils réussissaient. Ils ont décidé de réaliser cela le plus rapidement possible. Un copain de Serge, qui était en fac et logeait dans un studio, a bien voulu leur en laisser l’usage un week-end. Il leur fallait toutefois justifier cette absence auprès de leurs parents. Ceux-ci, heureux et fiers du succès de leurs enfants, leur ont accordé leur autorisation.


Serge est passé prendre Corinne chez elle. La maman, le connaissant bien, lui a lancé un regard complice différent des autres fois, avec un sourire malicieux.

Pour la première fois ils sont allés dans un troquet sympathique repéré par Serge. Les voyant entrer, le patron leur a souri. Leur amour rayonnait sur leurs visages.

Dès le repas terminé, ils ont rejoint le studio. Serge aurait voulu la porter pour franchir le seuil, mais un voisin descendant l’escalier n’a pas permis ce geste symbolique.

Là, face à face, ils sont restés intimidés. Certes ils avaient déjà pris connaissance tactilement de leurs corps, mais ne s’étaient jamais vus entièrement nus. Il a pris l’initiative et lentement l’a déshabillée, l’a allongée sur le lit. À son tour, il s’est dépouillé. Elle fermait les yeux, n’osant pas regarder ce qui allait la faire femme.


Côte à côte, ce fut d’abord un baiser, de plus en plus ardent. Les deux corps en contact se frictionnaient avec ardeur, sans que leurs mains interviennent. Puis ils ont repris conscience et ont réalisé les caresses qu’ils ne s’étaient prodigués que dans l’obscurité. Goûter les seins, s’embrasser les sexes, se les déguster, ils l’avaient déjà fait certes, mais ce n’était que des répétitions. Aujourd’hui, comme au théâtre, c’était la première.

Quand ils ont atteint le paroxysme des caresses, sentant leur plaisir prêt à éclater, Serge s’est doucement allongé sur elle. Corinne a saisi le mât et l’a mis en place. Lentement ils se sont dépucelés l’un l’autre.

Tout le temps du week-end ils se sont aimés, alternant les étreintes et les mots d’amour, le temps que Serge récupère.

Corinne est rentrée chez elle rayonnante. Ses parents ont eu la délicatesse de ne pas l’interroger sur son emploi du temps.


Et ce soir, deux ans plus tard, ils se retrouvent, chacun ayant poursuivi leurs études dans des établissements différents. Au début, ils se rencontraient quelquefois à l’hôtel. Puis Serge et son père ont aménagé une pièce, un peu spartiate, dans le garage et cela est devenu leur lieu de retrouvailles.




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Une certaine mélancolie se fait sentir. En effet Corinne va entrer dans la vie active, si elle trouve du travail. Serge termine sa dernière année d’étude en Angleterre au titre du cycle Erasmus.

Pour l’été, il a trouvé une place chez un métallier, ami de son père. Ainsi, il peut se constituer un petit capital. Mais elle, n’a pu trouver une place dans sa spécialité. Aussi, comme beaucoup de jeunes dans le midi, elle a cherché un emploi saisonnier, la cueillette des fruits ou légumes.

Leurs rencontres pendant ces deux mois ont été rares, compte tenu de leurs horaires et aussi de la fatigue qu’ils ressentaient. Après l’amour, ils s’endormaient dans les bras l’un de l’autre, sans avoir le temps de commenter leurs occupations du jour.


Septembre est arrivé, le temps de la séparation. Ils ont passé un week-end tumultueux, chacun tentant de se rassasier de l’autre. Puis ils se sont promis de rester le plus possible en contact, surtout par internet, compte tenu du prix des communications internationales par portable.

Le lendemain Serge se retrouve seul sur le quai de la gare. Il a préféré faire ses adieux à ses parents et ses sœurs la veille à la maison, ne voulant pas s’attendrir en public. Quant à Corinne, elle travaille, son patron n’ayant pas voulu la libérer.




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Les premiers jours sont difficiles pour Serge. Bien que très bon en anglais, il s’aperçoit de la différence qu’il y a entre les cours et la vie courante dans le pays. Avec Corinne, ils se renouvellent leur amour par l’intermédiaire d’internet. Ils se connectent au moins une fois par semaine. Elle lui indique qu’elle a trouvé un emploi de comptable dans une petite entreprise. De son côté Serge lui fait part de ses difficultés matérielles. Il a des cours naturellement en anglais et cela lui impose un travail important. D’autre part, il est en stage en alternance dans grande entreprise de matériel agricole. Débordé de travail, il ne peut la contacter souvent. Corinne s’est adaptée à ce rythme. De son côté elle adresse des e-mails assez courts, et use un peu moins de mots tendres. Lui, communique surtout sur son travail, ses soucis, regrettant presque d’être parti, s’éloignant d’elle.

Bientôt, il trouve moins de temps pour lui adresser des messages amoureux. Elle ne répond pas à chaque fois. Puis il reste un mois sans nouvelles. Il s’inquiète et lui demande si son travail n’est pas trop exigeant. Deux jours après, il reçoit un message :



Serge,

Je ne t’ai pas écrit, non parce que mon travail m’occupait trop, mais parce que tout simplement j’ai rencontré un homme et nous nous aimons. Nous avons l’intention de fonder une famille. Je garderai toujours de notre liaison un souvenir merveilleux, et je te remercie de tout le bonheur que tu m’as apporté. Mais, c’est fini. Aussi, je te serais reconnaissante de ne plus m’écrire.

Amicalement,

Corinne


Pour Serge, c’est un choc effroyable. Malgré son interdiction il lui adresse plusieurs e-mails qui restent sans réponse. Il comprend que tout est définitivement fini.

Alors, il se met au travail pour oublier son chagrin. Ainsi, il parvient à trouver un peu de calme. D’autre part ce labeur acharné a comme conséquences une amélioration de ses résultats et termine son année avec des notes excellentes. La société où il a effectué son stage, lui offre un emploi. Naturellement, il l’accepte.




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Profitant d’un congé que lui a laissé son nouvel employeur, Serge vient passer quelques jours en famille avant de démarrer sa nouvelle fonction. Il a informé sa sœur Aline de sa rupture, lui demandant de ne plus jamais évoquer le nom de son ancienne maîtresse devant lui. Il veut tout ignorer de cette femme qui l’a abandonné.


Il reste une quinzaine de jours chez les siens, dans ce milieu calme et reposant. Puis il rentre en Angleterre.




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Un an plus tard, l’entreprise qui l’employait était très satisfaite de son nouveau collaborateur. Elle lui a proposé d’effectuer des stages de formation dans différents pays. Pas seulement dans les bureaux d’étude ou atelier, mais aussi en succursale afin d’acquérir une formation économique et pouvoir répondre aux questions que l’on pourrait lui poser plus tard.


Après deux ans de voyage dans le monde, la direction l’a envoyé dans la filiale de Paris. Il était désigné pour se préparer à tenir un rôle important s’il s’en révélait capable. Après quelques mois, ses connaissances et surtout son contact facile avec les clients ont été très appréciés. La direction générale l’a désigné pour prendre la tête de l’agence régionale du sud-est. Le titulaire partait en retraite dans quelques mois et pourrait ainsi le mettre au courant.


Inutile de cacher la satisfaction de retourner auprès des siens.


Ainsi il va visiter les différents établissements représentant la marque. À chaque fois, il vient pour prendre contact avec l’équipe, mais surtout faire connaissance avec les clients. Au besoin, il prodigue ses conseils pour certaines réparations ou pour la vente de nouveaux modèles. Plusieurs fois, il a même renseigné les mécaniciens sur les machines récentes, ou même est allé, avec l’équipe, dépanner sur place un tracteur en panne, ce qui lui permettait de se faire connaître du propriétaire et lui faire des propositions.


Chaque week-end il rentre dans sa famille.

Ainsi, un lundi, devant prendre contact avec la succursale de sa ville, il se trouve sur place. Après avoir discuté avec le concessionnaire, il va visiter l’atelier, retrouvant un ancien copain de son lycée. Dans la journée arrive un gros client qui a un engin en panne. Le patron de la succursale les présente l’un à l’autre, indiquant que Serge est le représentant de la marque.


À l’énoncé du nom de cet homme, Serge sourit intérieurement. C’est le père de William. Mais il ne veut pas faire état du fait qu’il connaît son fils. Il propose de venir sur place pour voir quel est le problème. L’homme accepte avec joie, il pourra expliquer ses ennuis à un responsable. Rendez-vous est pris pour le lendemain matin.

En se rendant ce rendez-vous, Serge ce demande qu’elle sera la réaction de William en le voyant. C’est le père qui l’a reçu. Immédiatement il l’a amené devant l’engin en question.


C’était un modèle ancien et il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’il soit en panne. Il est monté dans l’engin et a tenté de la faire démarrer. Le moteur, après quelques ratés, s’est mis en marche. Il a essayé de manœuvrer les différentes commandes et a détecté immédiatement l’organe en panne. Il est descendu, a expliqué la cause des ennuis. Le fait de trouver si vite le défaut a impressionné son interlocuteur.

Serge lui a dit qu’il allait se changer pour pouvoir atteindre et retirer la pièce défectueuse. Il est revenu en combinaison de travail et avec une boîte à outils, impressionnant le propriétaire. Pendant un long moment il a démonté des parties de la carrosserie, puis a dégagé la pièce en question. Il appelé le père de William et lui a montrée.



Il a d’abord remis de l’ordre, s’est changé, est revenu avec son classeur. Il lui a montré tous les engins de la marque, lui a conseillé un modèle, cher certes, mais qui pourrait assurer tous les travaux.



Serge songeait qu’il pourrait peut-être placer la dernière merveille de l’entreprise. Mais il fallait obtenir l’avis de la comptable. Or, elle est de la famille et sera probablement difficile à convaincre.

Arrivé devant la porte, le patron est entré sans frapper.



Après cette présentation, il y a eu un silence de mort. Les deux amants se retrouvaient face à face. Elle a épousé William qu’elle détestait !

Mais, formé aux situations les plus invraisemblables, Serge est parvenu à garder son calme.

Par contre, Corinne a subitement pâli, a voulu se redresser, mais est tombée sans connaissance.



Et Serge a retrouvé les gestes qu’il réalisait quand ils s’aimaient. Avoir dans ses bras ce corps tiède et familier, lui procurait une sensation extraordinaire de bonheur, mais aussi une sorte de vertige. Quand il l’eut déposée sur le lit, il s’est retiré et dit à son interlocuteur :



Serge est rentré bouleversé. Pour quelle raison a-t-elle épousé William ? Et il la laisse seule, probablement en voyage autour du monde. D’autre part, malgré son message de séparation indiquant qu’elle ne m’aimait plus, il semble qu’elle ait gardé quelques sentiments à mon égard.


La nuit a été longue. Serge ne s’est endormi qu’au matin et a fait des cauchemars épouvantables, Corinne qui était entraînée par quelque machine infernale et Serge ne pouvait la rattraper, ou bien elle mourait dans d’atroces souffrances.

En arrivant à la succursale, il avait grise mine.


Dans la journée, il est allé comme prévu visiter des clients, établissant des relations amicales. Sans insister, il leur a présenté les nouveaux matériels, leur laissant des documents très complets. Il parlait boutique, mais son esprit ne pouvait chasser la scène de la rencontre de la veille.

En fin de soirée, il a décidé de prendre des nouvelles de Corinne.


Le beau-père l’a remercié de cette attention. Il lui a indiqué que le médecin, n’ayant pu déterminer la cause de ce malaise l’avait fait hospitaliser. Toute la journée, elle a subi toute une série d’examens, mais on n’a découvert aucune anomalie. Elle est consciente, mais ne parle pas, elle a le teint blême, refuse de manger. C’est probablement un problème psychologique. Serge a promis de rappeler. Pendant deux jours, tous les soirs, Serge a pris des nouvelles. Aucun changement dans son état, et pourtant toujours aucune anomalie médicale décelée. On l’a transférée en neurologie. Le lendemain matin, alors que Serge avec le responsable examinaient les différents dossiers, son portable personnel a sonné. C’était le beau-père de Corinne.



Pour quelle raison ce praticien veut-il me voir ? Personne ne connaît notre histoire.


À l’heure précise, il s’est présenté dans le service. Une infirmière l’a immédiatement conduit chez le professeur.



Cette révélation a bouleversé Serge. Non seulement elle ne l’a pas oublié, mais il semble qu’elle l’aime encore. Mais alors pourquoi a-t-elle épousé William ? Monsieur Dufour l’attendait.



Ils se dirigent vers la chambre. Une seule malade, un lit de camp sur le côté. Corinne, allongée sur le dos, dormait. Déplaçant deux chaises ils s’assirent face à face.



Le fameux été du bac, nous avions un effectif de cueilleurs suffisant, mais William a demandé à sa mère d’embaucher Corinne, ce qu’elle a fait. Mon épouse, qui est la véritable propriétaire du domaine, passait tout à notre fils. Je n’avais aucune autorité sur lui.

Corinne s’est présentée le premier jour et j’ai de suite constaté que mon fils la regardait avec une attention particulière. J’ai pensé qu’ils avaient une aventure ce qui expliquait sa demande. La fille était jolie, sympathique, le reste ne me concernait pas. Ma femme, Jacqueline, se chargeait de la gestion et de la comptabilité, avec beaucoup de difficultés et l’expert-comptable se désespérait quand il venait régulariser. William lui a indiqué que Corinne venait de réussir un BTS de comptabilité et il a convaincu sa mère de la prendre comme assistante. Elle a donc intégré le bureau. Au bout d’une paire de semaines, je me suis aperçu d’un grand changement : plus de courrier ni de factures en retard, commande dans les temps des outils que j’avais demandé. J’étais enchanté, et à la fin du mois, l’expert l’était aussi. Mon épouse ne faisait plus que de rares apparitions dans son bureau. C’est Corinne que je consultais pour la comptabilité et même quelquefois pour la gestion. Nous lui avons offert l’hospitalité, ce qui lui évitait de venir en vélo tous les jours. Elle a accepté. Nous l’avons installée dans une chambre avec tout le confort, nous avons une si grande maison.

Cette situation me convenait parfaitement et j’étais décidé de lui proposer un CDI, ainsi nous serions tranquilles. Mais ma femme, sur l’insistance de William, ne lui a proposé qu’un CDD de trois mois. Je n’étais pas content, mais je ne suis pas le patron et on se charge de me le rappeler à chaque fois qu’il y a des décisions importantes à prendre. Toutefois, après ce délai, elle a obtenu enfin un CDI. Depuis quelques temps, nous gérions de mieux en mieux l’exploitation. Pourtant Corinne semblait crispée, je me demandais pourquoi.

Je m’étais aperçu depuis qu’elle était en CDI, que les jeunes étaient amants. Un jour, elle a eu un malaise, je me suis inquiété. Puis j’ai réalisé qu’elle était peut-être enceinte. Je l’ai interrogée. Elle l’a reconnu, mais m’a demandé de la garder tant qu’elle pourrait travailler. Par la suite elle rentrerait chez ses parents.

Je n’ai pas demandé qui était le père, je le savais. J’ai interrogé William, il a reconnu les faits. Je lui ai demandé ce qu’il comptait faire. Il espérait échapper aux charges de père, mais d’un autre côté il tenait beaucoup à Corinne. Je lui ai dit qu’on allait les marier.

Sa mère qui était déjà au courant de l’état de Corinne espérait qu’elle partirait, quitte à lui donner une grosse compensation.

J’ai avisé Corinne de ma décision. Elle allait devenir épouse du propriétaire, une bonne situation. À ma grande surprise, elle m’a indiqué qu’elle était capable de trouver un autre travail. Si elle ne me convenait pas, elle présenterait sa démission.

Pendant quelques jours, nous avons vécu une période difficile. William voulait garder Corinne. Il a convaincu sa mère, lui faisant miroiter le fait qu’elle allait avoir un petit enfant. Mais il y avait Corinne. Elle a finalement cédé, ses parents n’ayant pas les moyens de la recevoir elle et son enfant.

Le mariage a été donc décidé et nous avons rapidement effectué les formalités. Il fallait un œil exercé pour deviner son état.

La veille du mariage, William a voulu enterrer sa vie de garçon. Connaissant son goût pour les boissons alcoolisées, j’ai voulu l’en dissuader. Mais refus de sa part, sa mère le soutenant. Il a voulu que Corinne l’accompagne. Là, je me suis fermement opposé. Grande colère de la mère et du fils. Corinne a cédé, mais avec la promesse formelle que ce serait elle qui conduirait au retour.

Cette nuit-là, je ne pouvais pas dormir. Vers quatre heures, j’ai vu une lueur bleue à travers les volets. J’ai compris, les gendarmes venaient me dire qu’ils avaient eu un accident. Pourtant Corinne était très prudente.

La nouvelle est tombée terrible. C’était mon fils, qui conduisait, totalement ivre, il avait percuté à grande vitesse un platane situé sur le côté gauche de la route. Il avait été tué sur le coup. Corinne était dans un état très grave.

Les invités au mariage ne sont pas venus ce jour-là, mais deux jours plus tard pour les funérailles. Mon épouse, en pleine dépression, a dû être hospitalisée. Corinne avait des fractures des côtes et l’une d’entre elle avait perforé le poumon. Heureusement, les chirurgiens ont pu réparer cela. Mais la ceinture avait causé un autre dégât : elle avait tué le bébé. Corinne a été d’abord incrédule, puis désespérée. Elle s’est enfermée dans un silence total, refusant de manger. J’ai passé une longue période à son chevet, je lui demandais de réagir, mais elle n’écoutait pas. Je ne lui parlais pas de sa situation, mais de celle de la propriété. Cela peut paraître égoïste, insensé, mais je voulais que quelques instants elle oublie son malheur. Un matin, elle m’a dit « Vous avez raison, si c’est pour vivre, autant que ce soit avec vous ». Nous avons quitté l’hôpital malgré les réticences des docteurs. Nous avions une infirmière qui venait tous les jours pour les soins. Je lui ai imposé de me tutoyer. Elle a exigé de vivre dans le bureau, a repris le travail. Finalement, au bout d’un mois elle n’avait plus besoin de soins, juste quelques contrôles. Trois mois après, elle avait repris le dessus. Efficace dans le travail, gentille envers nous, mais particulièrement triste. Mon épouse était rentrée à la maison. Se sentant terriblement coupable, elle a reporté sur Corinne tout l’amour qu’elle avait pour William.

Depuis deux ans nous vivions ainsi, jusqu’à vos retrouvailles. J’ai compris que votre rencontre avait été un choc de la même intensité que la perte de son enfant. Voilà notre histoire.


Serge a été bouleversé par le récit. Il comprenait maintenant la raison de la rupture. Il lui dit :



Un bruit dans le lit, un corps qui se tourne a interrompu leur conversation.



Sur l’instance de monsieur Dufour, le couple s’est installé à la propriété. Serge a abandonné son emploi et aide le propriétaire. Ou, plus exactement dirige effectivement l’exploitation, son patron estimant qu’il avait assez travaillé et ne vient que pour avoir la plaisir de discuter avec Serge. Et surtout il attend avec impatience l’arrivée d’un nouveau-né, presque son petit-fils.