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Temps de lecture estimé : 21 mn
30/11/14
Résumé:  Après dix ans de mariage, il faut pimenter...
Critères:  fh ff ffh couplus inconnu fépilée cinéma boitenuit avion amour jalousie exhib noculotte fellation cunnilingu préservati pénétratio champagne confession humour
Auteur : Radagast      Envoi mini-message
Anus horripilis

Si mes souvenirs ne me trahissent pas, tout débuta le dimanche 3 janvier. La chambre était plongée dans le noir. Il devait être neuf heures. Comme souvent, je me réveillai dur de la pointe. Désireux d’en faire profiter mon épouse, je glissai une main curieuse sous sa nuisette. Je caressai ses cuisses, son ventre, ses seins si doux. J’évitai soigneusement son petit tapis magique et son sillon délicat. Je me les réservais pour la fin. J’en faisais le tour, m’en approchant subrepticement.



Elle adore se faire réveiller de cette façon. Mais ce jour-là je ne la sentais pas réceptive. À sa décharge, depuis le trente-et-un, nous n’arrêtions pas de faire la fête : manger, boire. Boire, manger. Avec la famille, avec des amis. Nous commencions à saturer. Elle écarta tout de même les jambes, m’invitant à visiter son antre, mais sans son entrain habituel. Remplaçant ma main par ma bouche, je me glissai sous la couette et vins embrasser ses trésors. Son petit temple s’humidifiait. Je lui ôtai sa nuisette et vins m’étendre sur elle. Elle m’aida à introduire Médor dans sa niche. Nous nous agitâmes de concert. Son souffle s’accélérait. Je m’épanchai en elle.



Pour moi aussi, c’était « mouais… » Je partageais son avis. Et cela faisait plusieurs mois que c’était « mouais… » Malgré l’obscurité de la chambre, je pouvais ressentir la moue qu’elle faisait avec ses lèvres. Toutes ses lèvres. Pourtant. Pourtant…


oooooooo


Nous nous étions rencontrés il y a dix ans. Elle en avait vingt, moi à peine cinq de plus. Je venais de fonder avec un ami une boîte de dépannage en tout genre ; cela allait de l’informatique au jardinage, de la garde d’enfants à l’aide aux devoirs. Votre nounou vous faisait faux-bond, un problème de maths vous ridiculisait vis à vis de votre progéniture, nous venions à la rescousse. Vous arriviez chez des amis les mains vides, vous nous appeliez, nous vous fournissions un bouquet de fleurs, une bouteille de vin ou une boîte de chocolats, quel que soit le jour, l’heure et le lieu. Vous aviez oublié les alliances le jour de votre mariage, nous vous les amenions. Si, c’est arrivé !


Pour nous faire connaître, nous parrainions toutes sortes d’événements dans la région. Dont l’élection de Miss Vendanges dans un village à côté de Montpellier. Je faisais partie du jury et devais remettre un bouquet à l’une des lauréates. Qui d’autre faisait partie du jury ? Aucun souvenir !


Dès que je la vis, mon cerveau se mit en navigation automatique. Elles défilèrent en tenues traditionnelles, fête des vendanges oblige, puis en maillot de bain ou en robe de soirée. Je ne voyais qu’elle. Une grande brune aux yeux noisette pailletés d’or. Une grande brune à la silhouette fine et gracieuse. Une grande brune au sourire timide. Qui expliqua au présentateur qu’elle se prénommait Alexandra, qu’elle faisait des études de droit, qu’elle voulait être avocate et qu’elle se trouvait là par hasard, suite à un pari. Un pari avec ses frères rugbymen. S’ils se qualifiaient pour la finale régionale, ils l’inscrivaient à ce concours.



Trois énergumènes barbus et chevelus se levèrent dans la salle en hurlant. Trois Trolls des Cavernes joyeux et rigolards. J’avais l’impression de voir se lever la moitié de l’assistance.



Je comprenais pourquoi il faisait nain de jardin à côté d’elle. Bon sang ne saurait mentir !



Toute la salle explosa de rire, sauf moi. Alexandra, un éclat de ton rire venait de me transpercer le cœur.


À ma grande joie, elle fut élue, un score à faire pâlir un secrétaire général de parti politique. Le hasard voulut que je lui remette le bouquet de roses. Je devais tenir aussi un petit discours. En fait, j’étais tétanisé. Aphone. Amnésique. Lobotomisé. Je ne me souvenais plus de mon texte. Le nain de jardin s’apprêtait à me suppléer lorsque je me lançai :



Je mis un genou à terre, lui tendis le bouquet.



Cela, je l’ai su plus tard, en visionnant une vidéo, car je ne me souvenais plus de rien. Inutile de décrire l’indescriptible. Le tohu-bohu régnant en ces lieux, le charivari provoqué par ma déclaration. Je fus capturé par ses trois frères qui m’ont fait faire le tour de la salle perché sur leurs épaules. Le plus malingre, de dix-huit ans, faisait cent kilos et plus de deux mètres.


Elle avait porté ses mains à ses joues toutes rouges, à son cœur. Elle avait pleuré, rit, bégayé, hoqueté et dit : OUI !


La jeune beauté avait depuis le début de la soirée repéré ce grand dadais qui la dévorait des yeux. Des yeux de merlan frit, bien évidemment. Et elle avait craqué lors de ma déclaration spontanée. Jusque là je ne croyais pas au coup de foudre ; j’avais eu tort.


La renommée de notre boîte en fût décuplée. J’avais réalisé sans le vouloir le coup de pub parfait. Ses trois frères traversèrent bien évidemment la place principale de Montpellier nus comme des vers. Et dix ans plus tard, notre couple ronronnait, s’enlisait dans la routine, le train-train quotidien. La foudre était loin ; il ne restait qu’un marais barométrique. Nous avions vécu des moments inoubliables, d’harmonie des corps et des cœurs. Ils n’étaient plus que souvenirs. Comment en étions nous arrivés là ? Simplement par la monotonie de la vie. Le travail qui bouffait nos moments d’intimité. Le travail qui nous phagocytait. Plus de place pour la folie. Presque plus pour la tendresse.


Dans la semaine, mon associé me prit à part lors d’un repas :



Après quelques hésitations je me confiai. Alexandra, moi, notre couple. Je le sentais battre de l’aile, j’étais désespéré.



Quatre mois. Il m’a fallut quatre mois pour la décider.



Elle n’était pas avocate pour rien. Je me suis fait laminer. Pour ma défense, je lui ai dit que je l’aimais plus que tout, de plus en plus, mais que je voyais notre couple qui s’étiolait. Il fallait faire quelque chose. Jérôme m’avait conseillé cette pratique ; Évelyne et lui y avaient eu recours. Si elle voulait, nous pourrions aller voir un médecin, un conseiller conjugal. Elle refusa, elle détestait les psys. Petit à petit nous nous fîmes à l’idée d’aller dans un de ces clubs.


Il nous fallait des parrains. Facile : Évelyne et Jérôme. Prouver que nous étions sains en fournissant un certificat de santé sexuelle, une analyse récente. La date fut fixée : le 5 mai. Une fois l’agenda programmé, nous devînmes fébriles. Nous avions des fous-rires nerveux, nous sursautions à la moindre occasion. Le jour fatidique arrivé, je me fis beau ; enfin, encore plus beau que d’habitude. Alexandra fit un saut chez l’esthéticienne : coiffure en haut, épilation totale en bas. Pour ma part, je la trouvais parfaite, sa petite chatte, ses lèvres fines et lisses surmontées d’un petit buisson d’ébène. Elle avait profité de l’occasion pour tout enlever. Elle me revenait vraiment nue.


Lorsqu’elle sortit de la chambre, je faillis défaillir. Sublime ; elle était sublime !

Une simple robe bleu nuit qui lui arrivait à mi-cuisses. Une robe à fines bretelles, avec un châle en dentelle jeté sur ses bras et son dos nu. Ses longs cheveux en torsades descendant sous les épaules. Je savais qu’elle ne portait pas de soutien-gorge. Elle n’en avait nul besoin. Sa poitrine se tenait fièrement toute seule. Ses seins si doux qui faisaient le bonheur de mes doigts. Elle portait aussi des bas et ce coquin de porte-jarretelles que je lui avais offert. Les talons hauts de ses escarpins la grandissaient encore et lui faisaient cambrer le bas du dos. J’éprouvais une furieuse envie d’y poser les mains.


Nous sommes passés chez nos amis. Y avons bu un coup, pour nous déstresser.



Il était vingt-deux heures lorsque nous entrâmes avec nos parrains. À l’entrée, un loup en velours noir nous fut remis. Il ne cachait que le haut du visage, des sourcils à l’arête du nez. Nous fîmes notre petit effet. Nombre de regards se posèrent sur nous. J’étais fier d’être à son bras. Nous venions d’entrer dans une grande salle à la lumière tamisée. Sur une scène surélevée, quelques couples dansaient. La musique venait de je ne sais où. Des fauteuils cernaient des tables basses lumineuses. Peut être une vingtaine. Des alcôves permettaient à quelques couples de s’isoler un peu. Dans un angle, un bar attirait quelques assoiffés. Près de lui, un escalier en colimaçon se perdait dans la pénombre. Des serveurs, gilets et pantalons moulants, et serveuses court vêtues slalomaient entre les tables.


Selon Jérôme, je pourrais être surpris de la qualité des convives. Il avait raison, Jérôme : ce club était vraiment sélect. Une bouteille de champagne et des flûtes furent posées sur notre table.



Le patron en personne nous servait. Ce sexagénaire élégant aux cheveux poivre et sel inspirait la confiance. Pas le genre louche. La particularité de nos fauteuils en était la profondeur. Sitôt assis, vous aviez les genoux plus hauts que les fesses. Pour un homme, aucun problème. Pour une femme, surtout pour Alexandra, la situation devenait vite gênante. Les cuisses se découvraient, et au moindre mouvement les strings, shortys ou autres tangas aussi. D’après Jérôme, certaines ne portaient même rien. D’autant plus que l’éclairage des tables basses judicieusement agencé illuminait les paysages.


Je disposais d’une vue imprenable sur le boxer en dentelle d’Évelyne ; Jérôme devait avoir la même sur le string de mon épouse. Difficile de converser sereinement dans un tel contexte. Je le soupçonnais d’envisager un rapprochement avec ma chérie. Je savais aussi qu’Évelyne n’était pas insensible à mon charme. Je le croyais prêt à outrepasser ses propres conseils : choisir des inconnus.


Il n’eut pas le temps de tenter une approche. Un homme vint à notre table. La quarantaine bien entamée, blond, le visage taillé à coups de serpe, genre héros de série télé américaine. Plus petit que moi mais baraqué.



Jérôme nous avait prévenus : si quelqu’un vous invite à danser, ça ne veut pas forcément dire que vous allez danser tout le temps ! Je jetai un œil à ma chérie. Elle n’en menait pas large. Elle haussa les épaules, fataliste.



Il lui tendit la main et l’aida à se lever. Délicate opération. Sa robe remonta haut, trop haut à mon goût. Alors qu’il se dirigeait vers la piste de danse en tenant la main d’Alexandra, l’homme se tourna vers moi.



Il ne me revenait pas, ce gus. Je lui trouvais une sale tête ! Ma chérie observait la jeune blonde accompagnant l’autre énergumène. Je pouvais déceler dans son regard toute une gamme d’émotions. De l’inquiétude et un soupçon de jalousie. Je détaillai la petite bonne femme devant moi. Blonde, mince, une petite poitrine cachée sous un top blanc. Un loup blanc sur le visage. Une minijupe blanche et de fines chaussures blanches. Et surtout beaucoup plus jeune que l’acteur de série Z.



Jérôme et Évelyne attendaient la suite avec curiosité. Du coin de l’œil je surveillais Alexandra : elle ondulait telle une liane. Elle a toujours adoré danser. Son cavalier lui frôlait la taille et les hanches de ses mains. Elle avait beau aimer la danse, cette fois je ne la sentais pas libérée comme à son habitude.



Marie venait de m’interpeller timidement.



D’autant plus volontiers que cela me permettait de me rapprocher du couple. Nous étions maintenant assez nombreux sur la piste. Des mains s’égaraient sous des jupes, sur des fesses, des baisers s’échangeaient. Un ami forestier m’expliqua un jour les rapports mâle/femelle chez les animaux et chez les hommes. On pouvait, disait-il, comparer la danse humaine à la parade nuptiale chez les animaux. Le mâle cherche à impressionner sa femelle par son pelage, son plumage ou sa force. Sa capacité à engendrer de beaux rejetons. De laisser une lignée génétique forte. L’homme, lors d’un slow ou tout autre danse langoureuse, impressionne sa cavalière en se frottant contre elle, lui faisant sentir la taille de son émoi !


Dans la nature, le mâle est le plus coloré du couple, ou possède des attributs spectaculaires comme les bois, les cornes, des plumes, une crinière… La femelle est plus terne. Lui se doit d’impressionner sa femelle et ses adversaires. Elle doit protéger le nid. Les femelles font souvent preuve de plus de férocité ou de ruse. Chez l’être humain, c’est l’inverse.


L’homme en noir et blanc, un terne costard-cravate. Dans un moment de folie, gris et blanc. À la femme les vêtements et maquillages colorés, coiffures extravagantes. Elle attire le regard. Elle subjugue. Question férocité, je n’ai pas d’avis. En ce qui concerne la connerie, le mâle humain domine. Imaginez-vous un mâle dominant bonobo aller voir une favorite en douce, la nuit, en scooter ? Impensable.


Je me remémorais ses propos en les regardant. Je vis le bellâtre se rapprocher d’elle de plus en plus, coller son corps au sien, poser ses sales doigts sur ses hanches. Il voulait lui faire sentir la taille de son émoi. J’avais « mal le ventre », comme disent mes amis Vosgiens.



Ce n’était pas une question.



Je la serrai contre moi, mes mains posées sur son dos. J’étais empoté, ne sachant où les placer. Nous dansions, mais je jetais régulièrement les yeux sur Alex.


Il lui parlait à l’oreille. Ils se dirigèrent vers le bar, sa vilaine main posée sur le bas de ses reins. Ils commandèrent et burent un verre de je ne sais quoi.

Alexandra tentait en vain de me repérer dans la salle.



Il y avait une telle détresse dans sa voix que je regardai mieux cette jeune femme. De beaux yeux bleus tristes, les cheveux courts, de belles lèvres. Jolie fille, qui ne m’arrivait même pas à l’épaule.



Je m’attendais à tout comme réponse, sauf à :



Je vis soudain Alexandra et le blondin quitter le bar et emprunter l’escalier.

Il montait derrière elle, l’animal, les yeux au niveau de l’ourlet de sa robe. J’avais de plus en plus mal au ventre. Et je haïssais de plus en plus les séries américaines.



Un peu perdu, je suivis la petite blonde, m’agrippant à sa main. Je regardai autour de moi ; je ne vis plus mes amis. Moi aussi je grimpais l’escalier derrière elle. La vue était sublime. De petites cuisses musclées, les fesses à peine cachées par un string, blanc lui aussi. Rien n’est plus beau qu’un cul de femme. * Mais j’avais l’esprit ailleurs. Je goûtais à peine cette ascension.


Nous débouchâmes dans un petit hall. S’y ouvraient une dizaine de portes. Elle m’entraîna dans une pièce libre. Étrangement, je voyais à travers la porte, qui n’était en fait qu’une grande glace sans tain. Un grand lit trônait au milieu de la chambre. Je fus poussé sur celui-ci par Marie qui me dépouilla de ma chemise et de mon pantalon. Elle retira son haut, me dévoilant de mignons petits seins aux tétons et aréoles clairs.



Elle était maintenant nue, elle aussi. Elle me caressait les valseuses, une de ses petites mains posée à la base de messire Popol et en gobait le gland entre ses lèvres. Bien qu’elle y mît du cœur à l’ouvrage, le cerveau de ma tête influençait celui de ma queue. Laquelle ne développait pas tout son potentiel, malgré la ferveur de la jeune femme. Je restais mollasson. Je pensais à elle. Alexandra. Aux mains du « mentaliste du pauvre » sur son corps, à sa bouche sur sa bouche, ses lèvres sur ses seins. À son sexe dans son ventre, à sa queue dans sa bouche, sa queue dans son joli trésor. Je ne pouvais que m’en prendre à moi-même, je m’étais mis tout seul dans cette situation. Je l’avais même forcée à venir. Une pieuvre me tordait le ventre. Je pleurai.

Marie s’interrompit et me regarda.



Je m’apprêtais à lui répondre qu’elle n’y était pour rien, mais une soudaine agitation dans le hall m’interrompit. J’y vis gesticuler le dénommé Laurent, l’air furax. À poil, flamberge au vent, coquette recouverte d’un préservatif jaune fluo. Il avait fière allure, le Richard Castle des banlieues avec son masque sur la tronche.



Il se dirigeait vers l’escalier. L’air hautain. Difficile toutefois d’être crédible quand on est à poil, le sexe déguisé en perruche. Une petite perruche. Je sortis en coup de vent et cherchai d’où il pouvait venir. Je vis du coin de l’œil Marie rattraper son compagnon.



Et de joindre le geste à la parole en poussant la malheureuse qui se retrouva le cul par terre. Des videurs arrivés rapidement le chopèrent chacun sous un bras et l’entraînèrent manu militari, ses petites pattes s’agitant dans le vide. Il gueulait à en perdre haleine.

Je me désintéressai du sujet. J’ouvris en trombe une première porte.



Il m’avait semblé reconnaître une psy connue dans la ville, une rousse à forte poitrine, à cheval sur un gars. Je ne verrai plus le docte président de la CCI du même œil. La seconde porte fut la bonne.


Nue, recroquevillée sur le lit, Alexandra pleurait. Je m’agenouillai près d’elle et la pris dans mes bras.



Qu’elle était belle, échevelée et triste.



Je picorais ses larmes, déposais des baisers sur ses yeux, ses cheveux. Je la caressais. Je la berçais contre moi et chuchotais des mots tendres. Je retirai son masque et le mien ; au diable les convenances !



En un geste réflexe, fruit d’une longue habitude, je posai la main sur un sein, que je caressai. Nous avions des gestes que nous faisions presque inconsciemment. Son téton durcit sous mes doigts. Je m’intéressai à son frère jumeau. Elle aussi avait ses habitudes. Elle entoura de ses doigts fins ma baguette magique. Celle-ci n’était plus mollassonne. Il ne s’agissait plus de gestes fortuits. Les caresses devenaient nettement plus précises. Nous nous embrassions avec avidité.



Elle m’attira sur elle. Quand elle était dans cet état, elle développait une force stupéfiante. Pas de préliminaires ; étendu sur son corps, je m’immisçai en elle, jusqu’à la garde, d’un coup d’un seul. Sa petite chatte salivait déjà abondamment. Elle émettait des sons de gorge que je ne lui avais jamais entendus. J’allais et venais sans fioritures mais avec fougue, une fougue oubliée depuis des mois. Je me retirais entièrement pour revenir encore plus fort. Elle écartait les jambes, s’offrant le plus possible.



Alexandra n’avait que rarement tenu de tels propos. Mais pris dans la même sorte de frénésie, je m’exécutai. Je la pénétrais avec passion.



Oubliée, la femme absente du début d’année. J’étreignais une furie. Elle se tendait, son corps devenait dur comme une lame d’acier. Elle arrivait même à me soulever en s’arquant, ne reposant que sur sa nuque et ses talons.



Je l’embrassais, elle me dévorait les lèvres. Explosive ? Sismique ? Volcanique ? Telle était la seule définition que je pouvais donner à notre fusion. Nous avions déjà eu ce genre de sensation, mais là, c’était puissance mille. Nos corps étaient recouverts de transpiration. Nous étions essoufflés comme des marathoniens. J’avais les jambes en coton. J’étais vidé, au sens propre du terme. Elle venait de me vider, de m’essorer. Nous venions de faire un parcours parfait. De son ventre s’écoulait mon élixir. Alors que ma quille quittait son mont chauve tout humide, il me sembla entendre des applaudissements. Je devais avoir des hallucinations.



Nous sursautâmes tous deux. Le patron de la boîte nous regardait, une bouteille de champagne à la main. Tout sourire.



Alexandra se couvrit la poitrine des deux mains.



Nous haussâmes tous deux les épaules.



Affolée, Alex se recroquevilla, se cachant derrière moi.



Il nous emmena près d’un mur ; une grande glace y était scellée.



Dans la pièce voisine, madame le juge d’instruction, agenouillée sur le lit, se faisait ramoner l’entrée des artistes par un chirurgien bien connu et introduit dans la vie associative de la ville autant que dans le fondement de sa partenaire. Eux aussi avaient tombé le masque. Ayant totalement oublié sa nudité, Alexandra regardait bouche bée la scène. La magistrate se caressait le bouton avec frénésie.



Dans l’autre pièce, Évelyne taillait une pipe de toute beauté à monsieur le maire. Je l’ai reconnue grâce à son tatouage sur la fesse droite.



Il quitta la pièce.



Nous sursautâmes une nouvelle fois. Assise sur le sol, Marie nous regardait. Ce n’était plus une chambre, mais un hall de gare. Elle reprit :



Elle semblait toute triste, à la limite des pleurs. Alexandra vint la prendre par la main, la serra dans ses bras et l’embrassa sur la bouche.



Mon épouse chérie fit allonger la jeune blonde sur le lit, s’installa entre les jambes ouvertes et vint poser ses lèvres sur le ventre offert. Elle embrassait le haut des cuisses, le nombril, l’aine. En évitant soigneusement le petit brugnon tout lisse.



Elle venait de passer un coup de langue sur la ligne de crête.


C’était la première fois que je voyais ma dulcinée aux prises avec une autre femme. Cette vision me redonna la forme. Je n’allais pas laisser mon épouse faire tout le boulot. Je m’agenouillai près de Marie et l’embrassai. Je faisais des allers-retours entre ses lèvres et ses seins. Sa petite menotte vint attraper mon chibre, le caressa, le câlina. Elle le faisait glisser entre ses doigts. Tant et si bien que submergé de stimulations visuelles et tactiles, je tapissai sa main de crème tandis que je l’embrassais et la caressais, faisant rouler ses tétons tout durs entre mes doigts.


Mon Alexandra parvint à ses fins. Les yeux clos, un sourire aux lèvres, Marie poussait de jolis couinements et tortillait du croupion.


De retour chez nous, nous refîmes encore une fois l’amour. Comme aux premiers jours de notre rencontre. Nous venions de retrouver nos jeunes années. Jérôme avait raison. Plus efficace qu’un conseiller conjugal. Nous étions guéris.

Il fallait pimenter ? Nous allions pimenter ! J’ai refait une demande en mariage. En grande pompe, devant toutes nos connaissances. Une demande assortie d’un bouquet de fleurs et d’une bague.



À mon grand soulagement, elle m’a redit : OUI.


Puis nous sommes allés à une petite cérémonie marrante à l’hôtel de ville. Tous nos amis et familles vinrent fêter l’événement au Marumba. La grand-mère d’Alexandra, quatre-vingt-douze printemps, n’arrêtait de répéter :



René, son compagnon, me regardait avec un petit sourire en coin. Il devait connaître le lieu, au moins de réputation. Jérôme et moi imaginions mamie Joséphine dans une soirée du club. Et nous avons piqué un fou-rire communicatif.


Nous sommes repartis en voyage de noce en Grèce. Alex débordait d’idées pour faire l’amour. « Pimentons ! » ne cessait-elle de répéter. Son obsession, le faire dans des endroits incongrus. Comme lors d’un concert d’Agnès Obel à l’Aréna. Nous étions au fond, dans un angle. La salle était plongée dans le noir ; seule la vedette au piano se tenait dans un cercle de lumière. Au bout de quelques minutes, je sentis les doigts agiles de ma chérie baisser la fermeture de mon pantalon et en extraire son « doudou », comme elle le nommait. Le « doudou » en question réagit très vite à ses caresses. Elle vint s’asseoir sur mes genoux. Elle avait mis une jupe ample pour l’occasion. Je me rendis compte qu’elle avait omis de mettre une culotte.


Plantée sur moi, elle ne bougeait pas. Elle se contentait de contracter et décontracter les muscles de son ventre. Les vibrations de la sonorisation amplifiaient le phénomène. Je la retenais par la taille. Dans le noir, nous ne risquions pas trop d’être vus. Nous nous élevâmes vers les cieux tous deux bercés par « Dorian ». Aux quelques spectateurs outrés, il fut répondu que la musique adoucit les mœurs.


Elle réserva aussi une loge à l’opéra, en cachette, pour me faire une surprise.

La flûte enchantée y était donnée. Et là, dans cette loge, elle me fit la turlute du siècle. Se faire gober le pipeau alors que retentit l’air de la Reine de la Nuit est un grand moment ! Je ne suis plus sûr de rien, mais je crois qu’elle la faisait en rythme. Il ne fait aucun doute que Mozart eût apprécié l’hommage.


Ou dans une montgolfière louée par mes soins. Devant nous s’élevait le pic Saint-Loup. J’avais la tête sous sa longue et ample jupe, tel un photographe du début du XXème siècle. Je lui mignardais le minouchon. Ma langue faisait vibrer son petit diamant. Mon nez caressait sa nouvelle petite toison. Adossée à la corbeille, elle poussait de petits cris, de plus en plus aigus. Son corps vibrait tel une harpe. Elle tendait son ventre vers mes lèvres. Pour finir par exploser en un grand : « Je vole ! » et déverser un geyser de plaisir dans ma bouche. L’aéronaute suivait l’évolution de son état. Pris par le suspense, il accompagna l’orgasme de ma femme en tirant longuement sur la manette des gaz et nous grimpâmes de deux cents mètres en quelques secondes.



Enfin, pauvre… Il s’était bien rincé l’œil.


Nous n’étions pas à franchement parler exhibitionnistes. Nous pimentions. Nous étions redevenus les deux jeunes amoureux que nous n’aurions jamais dû cesser d’être. Fous, idiots, heureux. Ce club nous avait ouvert les yeux.

Je m’étais trouvé une maîtresse : Alexandra. Je lui faisais une cour effrénée. Elle s’était trouvé un amant : moi. Nous n’avions qu’un but : faire de chaque nouvelle journée le premier jour.


Elle prit sous son aile la petite Marie. L’une cherchait une secrétaire, l’autre un travail. Une amitié s’installa entre les deux jeunes femmes. Sans aucune arrière-pensée. Alexandra m’avoua avoir réalisé un vieux fantasme, mais que j’étais son seul et unique amour. Et elle préférait quand même les hommes.


Alors que l’été tirait à sa fin, les journées était encore chaudes et ensoleillées, sans les inconvénients des touristes. Ma période préférée. Un dimanche après-midi, nous assistâmes à un phénomène extraordinaire. Marie travaillait chez nous sur un dossier urgent avec mon épouse. Nous étions installés dans le jardin. Je flemmardais dans un transat, une bière à la main, tandis que les deux femmes bossaient.


Arriva alors Petit Troll. Le plus jeune de mes beaux-frères, le plus maigrichon aussi. 2,05 mètres pour 110 kilos. Martin était venu me voir pour je ne sais plus quelle raison. Quand il arriva sur la terrasse et vit la petite Marie, il lâcha tout ce qu’il avait dans les mains. Sa voix s’éteignit, ses yeux s’écarquillèrent, sa mâchoire tomba. De son côté, Marie était dans le même état. Ils ne bougeaient pas plus l’un que l’autre. Maintenant que je me remémore cette scène, je ne suis pas sûr qu’ils respiraient encore. Quelqu’un avait appuyé sur « pause ». Nous étions en arrêt sur image.


Alexandra et moi les regardions tels des naturalistes observant des spécimens intéressants. Nous avions nous-mêmes été les bienheureuses victimes d’un coup de foudre il y a de cela dix ans. Nous pouvions en observer un, sous nos yeux. Le coup de foudre entre un géant sympathique et une puce blonde d’à peine un mètre cinquante-cinq.


Il est fatigant de vivre avec trois beaux-frères de plus de deux mètres. Non qu’ils soient agressifs, au contraire. Mais avec eux tout prend des proportions titanesques. Si une idée saugrenue leur traverse l’esprit, ils la mettent aussitôt à exécution. Plus c’est farfelu, mieux c’est. C’est aussi difficile de vivre avec leur sœur. Elle a des idées encore plus saugrenues qu’eux. Pour être pimentée, ma vie est devenue pimentée !


C’est ainsi qu’en ce 15 décembre je suis sur la place de la Comédie avec les trois géants et que mon épouse nous filme. Nous sommes en train de courir nus sur la place de la Comédie, sous les guirlandes lumineuses, parmi les étals du marché de Noël. Demain je serai témoin du marié. Si je suis encore vivant ou en état de parler. Marie hurle de rire. Vivre avec un géant farfelu ne l’effraie pas.

Il fait tellement froid que j’ai les poils du cul qui se hérissent. Rugissement des Ogres.



oooooooo



* Les galettes de Pont-Aven.