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Temps de lecture estimé : 9 mn
05/12/14
Résumé:  Lectures avec public. Rencontre dans le métro. L'ami.
Critères:  fh cérébral revede exhib délire
Auteur : Joan Basilic      Envoi mini-message
Les trois nouvelles de Joan



… Je remarque ces derniers temps que j’ai une sacrée attirance pour les endroits publics. C’est comme ça, les endroits publics, en ce moment, ça m’stimule… Je ne sais pas, tu vois, je pense à un truc, réfléchis à un autre, et même tout à fait sérieux, tout à fait dans la norme, voire même… catholique ! Et puis tout à coup, ça me prend, ça monte, j’imagine… Mon esprit gambade, s’évade, divague, en voit des vertes et des pas mûres, et ça y est, paf, j’ai envie de sexe.


Cela m’arrive tellement souvent en ce moment que cela m’a portée, moi, femme, à imaginer la même situation, mais si tout à coup, j’étais un homme… L’aventure que cela doit être, d’avoir une érection ! Que cela soit visible, que mon membre, d’habitude flasque et pendouillant, inutile sinon à pisser, se gonfle de sang et de pensées saugrenues, devienne si dur que ça me fasse mal, qu’il soit collé contre mon pantalon, humide… Enfin, que je bande quoi. Le fait aussi, que les autres, les’autres’avec un grand A et un petit Q, puissent hypothétiquement observer ce désir, palpable si j’ose dire, m’intrigue. En réalité je me rends compte que si je fantasme sur cette transparence dans l’excitation en public, c’est parce que cette masturbation intellectuelle, au final, m’enivre sexuellement.


Je me prends à lire des nouvelles érotiques, des histoires pornographiques, voire des histoires carrément salaces… J’aime le fait de parcourir ces pages, de baigner en pensées dans un univers absolument sensuel, sexuel… de fantastique en un sens, car je n’ai pas vécu au sens propre du terme, ces fantasmes poussés à l’extrême, détaillés minutieusement dans ces livres. Livres que j’ai d’ailleurs achetés d’occasion, qui sentent encore la sueur, pour ne citer que ça, des anciens lecteurs, avides, sûrement, voire plus excités que moi. Peut-être ont-ils aussi éprouvé le plaisir de lire ça dans des lieux publics.


Je suis consciente que cela se révèle être une sorte d’exhibition sexuelle, et j’assume. Je sais que le fait d’être vue, m’éveille, m’attise. Le fait de pouvoir être pincée. La peur d’être prise. En lisant, je sens mon sexe gonfler, je sens mes seins durcir. Je souris. Ça y est. Je pousse parfois le vice, si je suis prise d’un élan d’inspiration, à doucement agiter le bassin, le frottement de mes vêtements rendant la chose plus intéressante. Si mes yeux croisent ceux d’autres gens, il me semble, à moi, impossible qu’ils ne détectent pas l’état d’excitation dans lequel je suis plongée. Alors je n’ai pas d’attrait spécial pour un certains type d’hommes dans ces moments-là. Je deviens animale, mes yeux se baladent, tombent sur un homme, et imaginent. Mon sexe, mon bas-ventre, est roi. Mon esprit ne devient qu’un outil au service de mon plaisir physique. Tous sont de potentiels amants, dans diverses situations.


Cet homme-là, assis en face de moi dans ce parc, les jambes croisés, dans un costume impec’, a le regard terne de celui qui a trop œuvré aujourd’hui pour la cause capitaliste. Il est sorti il y a cinq ans d’école de commerce, sa femme fraîchement acquise est une bourgeoise coincée dont les cheveux sont lisses et sentent l’abricot. J’écarte légèrement les jambes. D’ici, il peut voir le triangle de mon sexe, je le sais, mais il ne m’a pas remarquée. S’il tourne les yeux, il va voir cette brune échevelée que je suis et en baissant les yeux il verra, entre mes cuisses raisonnablement entrouvertes, les courbes de mon sexe. Je m’imagine échanger ce regard avec lui et le baiser sauvagement, chose que les filles de son coin ne font pas, ou moins. Le sucer comme il n’a jamais été sucé. En le regardant droit dans les yeux, effrontément.


Il se lève et part, laissant le banc vide. Soit.


Tant pis, un autre arrive, il s’assied à la même place, il est laid, a l’air timide… Un puceau sûrement. J’aimerais être sa première fois, sur ce banc, dans ce parc. Il ne me suffirait que de m’approcher de lui. De m’assoir. De lui demander s’il veut bien que je m’assoie maintenant sur ses genoux. Il bredouillerait qu’il ne voit pas ce que je veux dire. Je le ferai. Relèverai doucement ma robe, ondulant le bassin, glissant lentement sur son sexe, qui ne tarderait pas à s’affermir, puis, je l’aiderais de ma main, à me pénétrer… que nous nous imprégnerions chacun un peu de l’autre. La peur d’être pris, encore une fois, nous rendrait nerveux, nous nous dépêcherions, nous irions vite, puis plus lentement, car l’excitation nous fait toujours retarder l’incontournable.


L’autre, plus loin, dans le bus descendant le boulevard Saint Germain, vieux, rude, sale, punk un peu, lui, il me prendrait, et je serais une enfant avec lui. Ce grand mec, là, avec ces Doc Martens immenses, je pense à la proportionnalité de ses pieds avec les autres parties de son corps, et voilà, j’ai envie de l’avoir en moi, jusqu’au plus profond. En avoir presque mal, qu’il aille et vienne dans mon vagin, qu’il aille et vienne en sortant son sexe jusqu’au bout, laissant passer un dixième de seconde avant de me poignarder à nouveau.


J’aimerais qu’ils prennent tous du plaisir en baisant avec moi.




Rencontre dans le métro



Hé, tu m’as pris pour qui ? Je suis une romantique, moi ! Une pure, et une dure. Maintenant, laisse-moi te raconter cet évènement plus en détail… J’ai envie de faire de cette histoire une nouvelle. Nous nous regardions sur le quai, avant de monter dans le métro qui tardait à arriver. Tant mieux. Je pouvais à loisir admirer le garçon. Et je sentais dès que je tournais les orbites, qu’il faisait la même chose de son côté. Une sorte de jeu, défini en quelques secondes, naturellement. Tout ce que j’aime. Nous nous plaisions. C’est sûr. Je l’ai senti. Je n’accepterais de toute manière pas d’avis opposé. Il était grand, très grand… Brun.


Je distinguais de larges épaules sous un blouson de cuir rouge et noir. Très décalé le type. Une boucle d’oreille façon pirate rutilait au bout de ses longs favoris. Des yeux bleus, perçants, ironiques, sous de grands sourcils fournis. Une bouche rouge, très rouge, charnue, coquine, mouillée. Je n’avais qu’une envie : longer ces lèvres avec mon pouce, doucement, tout en le regardant dans les yeux, farouchement. Il m’engloutirait ensuite ce doigt… Bref, revenons-en au métro. Ce dernier arrive, bondé, overpopulationalisé, surchauffé par la friction de la population active après une dure journée de labeur. Nous tentons tous, tant bien que mal de nous frayer un chemin dans la boîte. Sardines que nous sommes, nous nous emboîtons tous parfaitement, si l’on considère que les quelques stations qui nous restent à tenir sont marquées par la mise de côté de valeurs comme la pudeur et la dignité.


Observer et rire des regards dénonciateurs, méfiants, des usagers envers les autres usagers, aurait sûrement occupé mon trajet si cet homme n’avait pas croisé ma route ce soir. Mais il était juste derrière moi, toujours très grand, et je sentais maintenant son souffle sur ma nuque. Je n’avais en tête que l’image de lui sur le quai, je ne le voyais plus directement. Ou bien si, je voyais sa main à côté de la mienne sur la barre du métro. De longs doigts fins, dont un bagué, que j’avais envie de lécher. Nous étions si serrés que je sentais presque la chaleur de son sexe contre mon cul. Mon esprit était focalisé sur cette chaleur contre mon cul. Sur l’origine de l’émanation de cette chaleur contre mon cul. Son sexe. À lui. Cet homme. J’en rougissais presque. Je souriais de désir. Et désirer, au sens propre, c’est quelque chose qui me botte. Je pense que je devais avoir la bouille d’un homme de cinquante-trois ans qui assiste à un match de handball féminin.


Voilà, je ne sais pas s’il pensait la même chose, et à vrai dire, je m’en fous, je ne veux pas savoir. Cet homme m’aura stimulée par le bon bout pendant quelques stations. Entre Charles de Gaulle-Etoile et Barbès-Rochechouart, j’ai pris mon pied, que c’la soit dit. Je suis descendue. Ai croisé mon reflet dans la porte vitrée du métro qui se refermait : j’étais rouge et échevelée, comme après une belle partie de jambes en l’air. J’ai éclaté de rire. Mais soudain, derrière l’image d’une moi suant encore les hormones, j’ai pu distinguer le visage de l’homme, celui sur lequel mon esprit s’était délicatement et poliment masturbé. Vu de cet angle, je distinguais encore la beauté de l’animal, mais je devinai enfin, et surtout, que celui-ci ne devait pas avoir plus de 17 ans.


Malheur à moi et à ma libido.




L’ami



T’es beau. Putain, t’es beau.


T’es mon ami, mon frère, mon pote depuis quoi, huit, neuf, dix, et puis quinze ans, mais t’es beau, putain, t’es beau.


On se baladait ce soir-là, on se retrouve, ça fait longtemps, on gambade, on parle, on se raconte, on se raconte… J’ai changé, t’as changé, j’ai découvert depuis peu mon sexe, j’ai découvert depuis peu, que j’étais libre, qu’il n’y avais plus de propriété valable, qu’il ne devait plus y avoir de barrières, que nous pouvions, si nous le voulions, tout faire. On a bu du vin ce soir-là, pas mal de vin, on se regarde comme nous nous regardions il y a dix ans, avec nos yeux d’enfants, on est enfin, et c’est très bon, naturels avec quelqu’un. Cela arrive trop peu dans nos quotidiens. Un brin d’enfance, d’adolescence, comme le souffle tiède de nos souvenirs et de nos présents partagés. On a confiance l’un dans l’autre, t’es un frère, je m’en fous d’avoir l’air… L’air de quoi ? J’m’en tamponne.


Tu dors chez moi ? Ok. Au moins avec toi, pas d’hésitations à avoir, on veut passer du temps ensemble, plus de temps ensemble car nous ne nous sommes pas assez vus. Et puis du temps, j’en ai, t’en as, prenons le temps quoi, soyons pas cons. On se couche, on se déshabille. Nous voilà nus, on n’a plus dix ans, on se regarde, on s’observe, on plaisante, et puis merde, t’es beau putain, t’es beau. Je te connais, tu me connais, et puis paf, ça y est, ça vient, ça monte, je me rends compte de cette proximité que nous avons, le fait de te connaître par cœur, ça me mène à te désirer, sensuellement, sexuellement.


On se couche, on se rapproche, on s’enlace, on se touche, il se passe quelque chose. Nous n’avons plus dix ans, nous n’avons plus quinze ans non plus. Un homme, une femme, deux corps nus, et chauds, le frottement de ces deux corps, nus, et chauds, ça ne ressemble plus à nos dix ans, ni à nos quinze ans. Nous sommes couchés, nous sommes collés, je sens ton sexe proche, je sens ta bouche proche, on continue à parler mais de plus en plus, les coins chauds de ton corps envahissent ma peau, les odeurs de ton corps me parviennent en pleine tronche. Je te connais, tu me connais. Que se passe-t-il ?


Je pense pendant quelques secondes à mes discours sur l’amitié homme-femme, et puis en fait, non, je ne veux pas remettre ça en question parce que t’es mon ami, je ne suis pas amoureuse de toi, c’est sûr, mais c’est juste bon ce soir-là, d’être collée contre toi. De plus en plus, nos jambes se croisent, et se décroisent pour mieux se placer, quelque par autre. Mon épiderme est à l’affût. Il guette, il scrute toute parcelle de ta peau. Mon corps part à l’aventure vers le tien. C’est de la curiosité. Il y a quelque chose de scientifique dans ces câlins incestueux. J’aime parcourir ton corps que je connais si bien parce que c’est toi, parce que c’est moi. Mais nous n’avons plus dix ans, nous n’avons plus quinze ans non plus, les corps s’emballent, et se déballent. On a tellement parlé cul, on a tellement parlé corps, on a tellement parlé peau, odeurs, sensations, que tout ça m’est familier. Comme si notre amitié n’avait été qu’étreintes charnelles.


J’ai chaud. Nous ne nous embrassons pas, je ne tente pas, comme si c’était notre dernière limite, de toucher ton sexe que je sens maintenant ferme, contre mes cuisses ouvertes. Je ne tente pas, d’embrasser ta bouche, dont je sens le souffle chaud contre ma nuque. Je me retourne, tes mains se baladent, nous rions, nous rions toujours, c’est un moment absolument sensuel au sens propre du terme, l’amour de la peau, de l’odeur, de la chaleur des corps.


Nous nous connaissons si bien, nous avions besoin de ça.