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Temps de lecture estimé : 29 mn
08/01/15
Résumé:  La veille de son mariage, Popy, amère, se remémore une expérience acide.
Critères:  fh hplusag travail fellation pénétratio fdanus confession
Auteur : Francisco Varga      
Un soir à Paris

Je me marie demain. Ce soir, je pars retrouver mon fiancé à Grenoble. Francis, c’est mon amour. Un beau brun aux cheveux bouclés qui lui tombent sur les épaules. Torse nu, il a des airs de Morisson. Il déteste que je le lui dise, ça l’agace et ça m’amuse. Il s’obstine à se composer un style rebelle, qui ne lui va pas du tout. Francis, c’est un homme d’une telle douceur.


C’est le tout premier amant qui m’ait réconciliée avec le sexe. Avant lui, je croyais que l’orgasme n’était qu’un mythe. Le plaisir ne m’était pas inconnu et ma première fois avait été une réussite qui aurait pu donner le ton de ma vie sexuelle et érotique. La suite a été plus décevante et parsemée de fastidieuses séances de pelotages plus ou moins acrobatiques, souvent ennuyeuses et rarement marquées par le désir ou la folie. Puis, j’ai trouvé Francis.


Nous nous sommes rencontrés il y a deux ans. Sa sœur, une de mes nouvelles amies m’avait invitée à un concert où il était musicien. Il n’est pas fréquent de croiser un homme, harpiste de concert. J’ai immédiatement voulu le connaître. Le soir même, il me faisait visiter son appartement. Le lendemain, nous partagions notre petit déjeuner, moi revêtue d’une de ses chemises en laine de montagne. Je suis tombée amoureuse de lui.


Nous sommes tous deux Grenoblois. Nos parents travaillent dans le même hôpital. Il est si grand que personne là-dedans ne se connaît vraiment.

J’ai été contrainte d’accepter un emploi sur Boulogne, lui est revenu en Isère. Nous avons du mal à vivre notre séparation. Je me sens seule dans cette ville. Je ne connais personne, je ne suis pas du Nord. Je n’ai pas envie non plus de nouer de contacts. Je n’y resterai pas. Les montagnes me manquent. Nous avons décidé de nous marier. Tout le monde est heureux. On fera ça à Uriage, comme toutes nos fêtes de famille.


Je suis épuisée par ma semaine, les contrariétés des clients, la mesquinerie des collègues, la monotonie des journées. Pour gagner du temps ce soir, je me suis rendue au bureau avec ma valise. Elle n’est pas bien grosse, suffisante pour contenir mes affaires de trois jours. Je n’ai pas échappé aux remarques de l’autre pie. Nous sommes assises face à face, séparées par un écran d’ordinateur et une pile de dossiers qui grandit chaque jour. J’ai été embauchée en septembre dernier pour faire la même chose qu’elle et soulager sa charge. Le recouvrement est une activité qui ignore la crise. J’aurais voulu être journaliste, mais je n’ai rien trouvé de suffisamment rémunérateur dans le secteur. J’y ai pourtant mis du mien… vous pouvez le croire. Je me suis accrochée à la moindre proposition de pige, j’ai fait tapisserie dans tous les endroits où il fallait absolument être vue. J’ai écrit, écrit, toujours avec l’espoir qu’un de mes papiers soit enfin accepté. J’étais prête à tout.




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J’ai été, l’an dernier, convoquée par un directeur de rédaction. Il insistait pour me rencontrer. Je lui avais envoyé un article sur la prostitution des étudiantes. Une série d’entretiens, bruts, sans commentaires, que j’avais recueillis durant l’été. Il m’a téléphoné chez moi, un soir. J’habitais alors à Paris. Il m’a complimentée pour la fluidité de mon style, la justesse de mes vues, la pertinence de mes analyses, me suggérant de le compléter de quelques interviews supplémentaires. Il voulait entendre de moi que certaines étudiantes prenaient du plaisir à se faire sauter par des hommes plus vieux que leurs pères, qui exigeaient d’elles des performances de starlettes pornos pour soulager l’ego démesuré de leur virilité flétrie. Il insistait pour que je lui confie que si j’avais choisi ce sujet, c’était parce qu’il me concernait intimement. Moi, je voulais désespérément être publiée. Notre conversation a assez rapidement pris l’allure d’un flirt téléphonique. Il me complimentait à propos de mon talent prometteur, mais de façon suffisamment subtile pour me persuader que j’avais encore beaucoup à apprendre et que je devais forcément écouter ses conseils de professionnel de la presse.


J’ai de suite accepté son invitation quand il m’a proposé de venir le rencontrer à son bureau. Il m’avait fixé une heure de rencontre tardive, en fin de semaine. J’étais heureuse, je n’en avais pas parlé à Francis, je voulais lui faire la surprise une fois que mon nom serait imprimé dans ce journal qu’il lisait chaque samedi.


Je me souviens m’être rendue toute belle à ce rendez-vous. Discrètement maquillée, mon rouge à lèvres me donnait un air de vamp. J’avais longuement hésité sur ma tenue, consacrant une partie de mon après-midi au choix de telle ou telle jupe, trop courte, trop longue, trop sage, trop mémère… J’ai finalement opté pour un tailleur noir, au-dessus des genoux, mettant mes jambes en valeur sans pour autant paraître trop habillée. J’ai choisi des escarpins rouges à talons. Je savais qu’ils allaient me faire mal, mais je me sentais très assurée en me contemplant dans le miroir de l’entrée.

J’étais fin prête pour me lancer dans l’aventure. Le rendez-vous n’avait été fixé qu’à vingt heures, mais, lassée de tourner en rond dans notre petit appartement parisien, je me retrouvai dans la rue deux heures en avance à arpenter le boulevard Saint-Michel.

Mes pieds me faisaient souffrir. Je me réfugiai dans un café proche de la fontaine pour relire mes notes et discrètement soulager mes orteils.

Je ne parvenais pas à me concentrer. La pendule murale me semblait immobile, la trotteuse hésitait plus qu’il ne fallait sur chaque seconde.


Je sentais les regards insistants de quelques cadres chiffonnés au sortir du bureau, s’attarder sur mes jambes, me scrutant sans discrétion ni ménagement. Que croyaient-ils ? Que j’allais écarter mes cuisses pour leur montrer ma culotte, leur faire signe de me retrouver dans les toilettes ? Indifférente, j’adoptai l’attitude la plus méprisante qui soit, les yeux obstinément fixés sur mes notes dont je relisais inlassablement la même première ligne depuis près d’une demi-heure. J’aime bien sentir sur moi le regard des hommes, surtout quand je me trouve belle comme je l’étais aujourd’hui. Mais ce n’était vraiment pas le moment.


Dix-neuf heures quarante-cinq ; le bureau est tout à côté. J’y serai en moins de deux minutes sans me presser. Je n’avais pas envie d’être en retard, mais non plus me ridiculiser en affichant une impatience excessive.

J’avais juste le temps de me refaire une beauté. Un peu de poudre sur les joues pour effacer les excès de brillance, un petit coup de rouge à lèvres, dont j’avais maculé ma tasse de thé. Les cheveux… j’ai l’air cruche avec cette queue de cheval. Bon, je les détache, ça me donnera un peu plus d’assurance.


J’ai la trouille… Quand ça m’arrive, ma vessie à tendance à se contracter toute seule. Il faut que je fasse pipi… mais pourquoi ai-je pris un thé ? Dans moins de dix minutes, je serai de nouveau à me tortiller sur ma chaise… Houlà… mais quelle heure est-il ? Bon sang, il faut que je file, je suis déjà en retard de cinq minutes.


Je me précipite au dehors sans prêter attention aux réflexions des poivrots sur mon passage. La porte à peine franchie, je suis arrêtée par un mur d’eau. Un déluge de printemps, prêt en un instant à ruiner en mes escarpins et transformer mon discret maquillage en création graphique inédite. Il est bientôt presque dix. J’hésite, mais je ne peux pas attendre. Quand je pense que j’avais deux heures d’avance, je vais arriver avec un quart d’heure de retard. J’ai envie de me gifler.




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Sandro Navarro était un homme d’une quarantaine d’années. Élégant, le regard sombre et brillant, il m’observait d’un air à la fois bienveillant et amusé. Il dégageait de lui un charisme que je n’avais pas l’habitude de percevoir auprès des hommes plus jeunes que j’étais accoutumée de côtoyer dans mon quotidien. Ce n’était pas mon type d’homme. J’ai toujours fantasmé sur les surfeurs californiens bronzés toute l’année ou les sportifs bien bâtis à la mâchoire carrée des campus américains. Pourtant, les hommes qui jusqu’à présent m’avaient fait craqué ne ressemblaient pas à ce que j’imaginais être mon idéal masculin.


Mon interlocuteur de ce soir ne faisait pas exception à ma règle. Intimidée par l’homme et les circonstances je me sentais fondre, incapable d’une pensée cohérente. J’aurais voulu paraître impertinente et piquante, ressembler à la journaliste que je rêvais d’être. Mais je ne ressemblais plus qu’à une petite fille bégayante et dégoulinante.

Les bureaux de Navarro, logés dans un ancien appartement parisien de type haussmannien étaient équipés d’une salle de bain dans laquelle s’entassaient quelque vieilles imprimantes réformées et une quantité de cartons remplis de papiers divers et déposés sur le sol en désordre. J’avais l’habitude de ce genre d’endroit. Le brillant est réservé à la devanture. L’arrière-cour est toujours lépreuse et sombre. Chaque pièce non destinée à l’accueil du public est laissée à l’abandon.


Sandro m’avait proposé cette pièce afin de me sécher et me remettre en état, s’excusant de ne pouvoir m’offrir plus de confort. Je tentai de refuser son offre, mais je sentais l’eau couler dans mon dos et mes chaussures étaient tellement imbibées qu’elles faisaient du bruit à chacun de mes pas.



Ce n’était plus une proposition mais un ordre qu’il appuyait en me prenant délicatement par le coude pour me conduire à la salle de bains. Le contact ferme de sa main chaude irradiait mon bras et mon épaule une sensation de bien-être et de sécurité.

La pièce était miteuse. Le miroir sale me renvoyait l’image d’une gamine mal assurée. Un petit oiseau exotique qui attirait le regard des hommes sans le chercher consciemment.


Je profitai de ce moment de solitude pour m’occuper de mes cheveux et tenter faire disparaître les ravages de l’averse sur mon visage et mes vêtements. Sandro était un homme impressionnant, mais que je ne trouvais pas du tout désagréable, loin de là. J’aime les hommes courtois qui ont de l’autorité. Après tout, c’est bien lui qui m’avait proposé de disposer de sa salle de bain. Mes chaussures détrempées émettaient à chacun de mes pas un curieux bruit mouillé et laissaient derrière moi un chapelet de petites flaques du plus mauvais effet sur le parquet ancien du bureau. Mes bas, que j’avais choisis avec soin, collaient à ma peau et me compressaient désagréablement les jambes. Je choisis de les ôter et de les tordre dans le lavabo. Je n’avais pas envie d’en mettre partout sur les fauteuils. J’aurais mieux fait de suivre ma première intuition et rester jambes nues. Les quelques journées de soleil depuis le début du mois leur avaient rendu leur couleur naturelle épicée.


À peu près présentable, enfin moins décomposée, je décidai de rejoindre Sandro, mes chaussures à la main. Il m’attendait sur le canapé en cuir de son vaste bureau. Il s’était servi un verre, un whisky je crois et semblait plongé dans la lecture de ma prose.



Il saisit le flacon, qui devait à lui seul coûter une semaine de mon loyer et remplit mon verre sans tenir compte de mes instructions de modération.



Comme s’il n’avait pas entendu ma remarque, il poursuivit sur mon papier.



Il posa la pile de feuilles devant moi, sur la table. Se rapprochant, je sentis son parfum. Je n’aurais su dire lequel était-ce. Un léger goût ambré, fin et très masculin sans vulgarité ni prétention. Cet homme avait du goût. Il était particulièrement soigné. Ses mains étaient fines et parfaitement manucurées. J’ai toujours été sensible à la beauté de certains hommes. Pour être honnête, malgré ce que je déclare quand on me le demande, ce n’est pas forcement cela que je regarde en premier, mais c’est un détail qui ne m’échappe jamais, un peu comme les chaussures.

Le papier était constellé de ratures, de remarques, d’annotations en marges, de flèches, de marques de soulignements diverses. Pas une ligne n’avait échappé à sa correction.



Sandro se rapprocha de moi et m’expliqua par le détail la nature de chacune de ses corrections. Pour une fois, j’avais droit à une vraie leçon de la part d’un professionnel reconnu du secteur. J’avais l’impression d’être prise au sérieux. Tout ce qu’il me disait était marqué du sceau de son expérience, celle d’un homme qui avait fait et défait plusieurs dizaines de titres durant sa carrière.

Je n’avais pas encore touché mon verre quand il se rejeta en arrière m’invitant à faire de même et me proposa de trinquer…

À quoi ?



Il disait cela d’un ton empreint de nostalgie.


J’étais très studieuse, nous travaillions depuis près d’une heure. Je n’avais pas vu le temps passer. Son genou parfois touchait le mien. Je n’y avais pas prêté attention, ce contact qu’il ne prolongeait pas me troublait mais je n’imaginai pas un instant que celui-ci ne fut fortuit. Il parlait de mon papier comme s’il voulait en faire le point central de sa revue sur lequel il appuierait son éditorial. Il ponctuait ses paroles de gestes amples, reprenant son stylo pour noter au verso une annotation qui lui avait échappé ou une précision à une de ses précédentes corrections. Il m’encourageait à relire moi-même certaines tournures à voix haute. Reconstruites, elles étaient nettement plus incisives et professionnelles que ma version initiale, pourtant maintes fois relue et corrigée. J’avais le sentiment de ne rien savoir du tout. Toutes ces années de théorie me semblaient vaines contre une leçon d’une heure, aussi magistralement prodiguée.


Je bus une gorgée de whisky. C’était sûrement le meilleur que j’aie dégusté de toute mon existence. Il tenait son verre entre ses mains à hauteur des lèvres, les trempant juste, sans rien dire à présent. Je regardai par la fenêtre au dehors. La nuit venait de tomber. L’averse avait fait place à une pluie fine et régulière. On percevait à peine le bruissement du boulevard. J’imaginais les restaurants se remplir de premiers rendez-vous. Paris n’était plus au travail, j’étais fière d’être dans les lumières des bureaux que j’avais si souvent longés me sentant souvent inutile. Nous étions tous deux assis, silencieux. Je n’avais pas envie de rompre ce moment. Je savais que ce n’était pas à moi de le faire.




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Il a touché mon épaule. Un contact ferme et impérieux. Juste un contact, pas encore une caresse, mais bien plus qu’un timide effleurement. Il laisse sa chaleur lentement diffuser au travers du tissu de ma veste, échauffer ma peau comme si je ne portais rien sur moi. Je ne m’attendais pas à ce geste de sa part.

Quelques instants plus tôt, je ne le percevais pas encore comme un homme, encore moins comme un amant. Je n’étais pas insensible à son charme, mais je n’avais tout simplement pas la tête à ça. Dans ce bureau qui représentait mes rêves depuis toute petite, je ne me percevais pas non plus comme une femme.


C’est ce geste qui m’a réveillée. Ce contact s’adressait à mon corps, impatient et brûlant. Nous aurions pu parler toute la nuit. J’aurais pu entendre ses confidences et lui mes petits secrets. Mais sans se contact, à ce moment précis, nous ne serions jamais restés que les protagonistes d’une discussion passionnante et désincarnée.

Sa main, immobile infusait en moi la force d’un désir qui m’enivrait comme un alcool fort. Je ne voulais pas laisser s’interrompre cette sensation. J’étais plus accoutumée aux longs discours qui tournent autour du pot sans jamais oser dire les choses ou aux hommes tellement sûrs d’eux qu’il ne leur venait pas à l’esprit que je puisse ne pas partager leur désir.


Sandro me laissait dans le doute en malmenant sans la rompre tout à fait cette fragile barrière qui depuis le début de la soirée nous séparait, laissant planer un doute qui me donnait l’impression d’avoir encore le choix d’accepter ou non sa proposition. Peut-être n’était ce qu’un effet de mon imagination, je sentis la pression s’accentuer, comme un message d’impatience de sa part. Il attendait une réaction de ma part. Je conservais le regard tendu sur l’immeuble en face de la rue. Si je restais ainsi, sans répondre, je savais que sa main se retirerait. Nous reprendrions alors notre correction, son regard, amusé et cruel, tel celui d’un chat qui feint de donner sa chance à la souris qu’il vient d’attraper.


Je ne sentais plus mon épaule ou plutôt, je la percevais comme le centre de mon corps, irradiant des ondes de plaisir et d’excitation qui soulevaient ma poitrine, descendaient dans mon ventre et se perdaient dans le creux de mes reins.

Je manquai d’air, mais ma respiration s’accéléra, mon cœur battit si fort que je pus entendre ses pulsations affolées qui résonnaient derrière mes oreilles.

Je tournai mon visage vers cet homme que je ne concevais plus comme un inconnu, une simple entrée dans mon registre de téléphone.

Le second choc fut son regard. Je ne m’étais pas rendue compte à quel point ses yeux étaient sombres. Ils me scrutaient au travers de moi, comme si mes pensées lui étaient accessibles sans effort. Je me sentis nue devant cet homme dont le désir enflammait ma féminité.


Il me regardait fixement, attentif au moindre signe de ma part, jouant avec les mèches de mes cheveux, le dos de sa main posé sur ma gorge. Il les tordait doucement, les entortillant dans ses doigts, les lissant d’un geste infiniment sensuel. J’aurais voulu sourire, lui faire comprendre que ce simple contact faisait en moi monter une tension que je n’avais encore jamais ressentie jusqu’à présent.


Ses doigts, légèrement, massèrent ma nuque, l’effleurant de leur pulpe, laissant sur ma peau un chemin de frissons voluptueux qui persistèrent alors qu’ils n’étaient déjà plus là. Cette main était diabolique. Je voulus la retenir. Je sentis ma volonté paralysée. Peu à peu, mon corps s’affranchit de mes retenues.


Je posai ma joue contre sa paume. Sans rien provoquer, j’avais juste réagi à sa caresse. Je voulus simplement le sentir plus proche de moi, plus fort contre ma peau. D’une pression à peine appuyée, il m’attira contre lui.


Je n’étais alors plus une femme, mais un animal dont il semblait connaître le moindre code pour l’orienter. Il resta silencieux, me commandant avec des impulsions imperceptibles. Il ressemblait à un cavalier immobile qui domine sa monture. Il m’amenait juste où il le souhaitait, assuré qu’il était de fouiller mon désir, le précédant quand j’en étais encore inconsciente.




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Je voulus goûter l’odeur de sa peau. M’enfouir dans son cou, le respirer, le renifler, sentir la dureté rugueuse de ses joues bleutées.

Ses doigts effleurèrent le creux de ma nuque. Je courbai la tête, l’encourageant à accentuer cette caresse.

Sa bouche, muette, seuls ses yeux me souriaient. Je défis sa cravate, sans l’ôter, et collai mes lèvres contre sa gorge. Mon geste n’avait ni douceur ni tendresse. Je voulais le goûter. Son parfum naturel, mêlé d’ambre et de transpiration aiguisait mon excitation.

Je savais que je lui faisais un peu mal. Surpris, il esquissa un mouvement de recul. Je posai mes lèvres, juste là où l’on sent chaque pulsation du sang, là où le corps est nu et craintif, où la vie palpite, organique. J’aimai ce contact râpeux que je goûtai de ma langue et de mes dents. Je ne lui laissai pas le choix d’ignorer mon désir. Il m’offrit cette part de lui si fragile, qu’il m’aurait été si aisé de blesser. Je voulais en faire sortir le suc animal, défaire son apparence de dominant raisonnablement sûr de lui.


Je m’étais allongée sur lui, froissant son costume, inconsciente de ma jupe relevée sur mes cuisses. Mon ventre avait une volonté propre que je ne contrôlais pas.

Dans un coin de son bureau, un miroir de bronze, une pièce ancienne, renvoyait mon image. M’entrevoir un instant, les jambes découvertes enserrant une de ses cuisses me procura un surcroît d’excitation. Je me voyais indécente et agressive, tandis que surpris, il me laissait le dévorer, sa main simplement posée sur le creux de mes reins.


Je défis encore un peu plus le nœud de sa cravate et déboutonnai le haut de sa chemise pour y introduire ma main. Son torse était recouvert d’une fine toison, douce au toucher, que je martyrisai du bout de mes doigts. Sa peau brûlante comme une plage en été où j’enfonçai mes ongles comme jadis mes orteils dans le sable, me gorgeant de la douceur de l’été. Je quittai son cou, cherchant ses tétons que je voulais sentir raidir sous ma langue. Je le défis sans précaution, tandis qu’il retirait lui-même sa cravate. Avait-il peur que je la mette en charpie ou que je m’en serve de laisse ?


Il émit quelques grognements sourds de contentement, mais me laissa faire. La timide jeune femme qu’il avait accueillie était à présent méconnaissable. Il dut sentir que peu s’en fallait pour rompre ma transe sensuelle.

J’étais la tempête qui survient la nuit sans prévenir. Son odeur m’enivra tandis que je goûtai le sel de sa peau. Ma langue tourna autour de la première pointe sombre à la portée de ma bouche. Je l’aspirai, le mordillai, répandis ma salive et le pressai dans ma main comme s’il avait été femme. Je l’entendais geindre, de plaisir, de stupeur, probablement de douleur aussi.


De mon autre main, je mettais son ventre à nu en frottant ma tête contre lui. Je savais bien ce qu’il attendait. Pris de surprise, lui qui s’attendait à devoir m’entreprendre, négocier chaque partie de mon abandon je le dépossédai d’un scénario qu’il avait dû maintes fois répéter sur ce même divan.

Ma langue s’introduisit au creux de son nombril. Une caresse qui souvent me renversait quand elle m’était destinée. Le saisissant par les reins, je l’attirai à moi et pressai mes seins contre ses jambes.


Je ne sentis pas alors en lui le désir espéré. Je ne lui laisserai pas de victoire facile. S’il m’investissait, par la bouche ou ailleurs, ce serait sous le fer de son sexe tendu à craquer. Je n’étais pas celle qui se donne, mais une marée qui prend sans rien laisser. Ce soir, ce n’était pas lui qui menait la danse. J’attendais qu’il sache correctement battre la mesure.




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Je vivais simultanément deux secondes fois, pour la première fois. Un homme de presque le double de mon âge. Un membre flaccide, moi qui était habituée à l’impétuosité extravagante des jeunes queues impatientes.

Je n’avais aucun doute quant à mon attrait et ma capacité de séduction charnelle. J’ai souvent constaté que les hommes, ceux revêtus de pouvoir d’autant plus, fonctionnaient pour la plupart dans un schéma de domination au stade de l’approche et du premier contact. Même ceux qui dans leur nudité étaient prêts à redevenir des gamins soumis à mes fantaisies abandonnaient rarement leurs prérogatives.


Je n’étais pas prête à me faire retourner comme une soubrette que l’on culbute sur un coin de bureau. Je voulais aussi sentir pour moi la force du désir mâle qui ne laisse plus de place au contrôle ou à une mesquine courtoisie. Je n’aime pas ceux qui me complimentent et me baratinent, dissimulant leurs intentions. Je n’aime pas non plus laisser penser que je ne suis qu’une poupée qui écarte les jambes quand on lui pose une main sur le ventre, un petit coup facile que l’on case dans un emploi du temps au moment du déjeuner.


Les mains de Sandro se posèrent sur ma tête. Mes lèvres posées sur son ventre, j’enfouis mon visage dans la douceur de sa peau ferme. Il accentua la pression sur mon crâne. Elle m’intimait le chemin qu’il aurait voulu que je suive. J’étais consciente de son désir de ma bouche. C’est vrai que j’aime cela. Sentir une queue tendue sur le bout de ma langue, l’aspirer, la téter m’a toujours rendu folle. J’aime cette sensation de détenir entre mes lèvres les clés du plaisir de mon partenaire. Ranimer à la vie un sexe épuisé, faire renaître l’envie quand le plaisir semble épuisé me donne une sensation de toute puissance. J’aime goûter l’intimité des hommes qui m’attirent. Ils ne sont pas nombreux. Mais je n’apprécie pas du tout que l’on me mette dans la peau d’une actrice de X. Le tour du propriétaire avec ses figures imposées dans l’ordre m’insupporte. Je jouis autant de ma bouche, de mon sexe, de mon cul que de mon cerveau. Si je suce, c’est parce que je sais que l’envie chez moi est si forte que j’en ai besoin tout de suite, pas pour faire plaisir à l’autre, encore moins pour l’aider à bander.


La pression devint insistante. Je ne céderai pas. Je remontai la tête vers son cou, sa main sur mes cheveux, comme une anguille qui nage contre le courant.

Il dut sentir qu’il valait mieux ne pas insister, attribuant probablement ma réticence de l’instant à une pudeur illusoire.


Je remontai un genou contre ses flancs et soulevai ma jupe qui me gênait. Ma chatte était trempée, une veine palpitait au fond de moi. J’étais en train de m’ouvrir et de fondre. J’avais gardé ma culotte. Je n’y pensais même pas. Mon ventre s’anima d’un mouvement de houle et se pressa contre sa hanche. La sensation de contact contre mes lèvres et mon clitoris était celle de ma culotte que mon roulis avait dû retourner contre le pantalon du costume de Sandro. J’étais excitée, survoltée, par la nouveauté, l’attrait de cette situation qu’en quelques petites minutes j’avais su inverser à mon profit.


Ses tétons étaient tendus comme ceux d’une fille. Son cou était rouge malgré son teint mat. Le sang gonflait ses veines comme s’il manquait de respiration. Sa gorge me faisait penser à une verge si tendue que chaque vaisseau en devient apparent.

Je repliai mon autre genou et me calai à cheval sur une de ses jambes. Je n’avais rien senti, mais mon chemisier était défait, dévoilant mes petits seins nus et tendus.

Nous nous frottions l’un à l’autre comme deux chats qui se découvrent et se jaugent, hésitants entre l’étreinte et le coup de griffe. Je lapai son cou et la base de ses oreilles, caressant sa poitrine et plongeant mes mains dans le creux de ses bras. Mon ventre, un lac, débordait de chaleur. Mes reins étaient comme parcourus de fourmis folles qui me dévoraient de l’intérieur et ne trouvaient pas d’autre issue que ce plaisir presque douloureux, qui envahissait mon corps et prenait possession de ma raison.

J’aurais voulu le sentir en moi, m’empaler, m’investir, me combler m’assouvir sans délai. Je n’avais pas encore goutté sa langue.




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Ses mains sur mes fesses me massaient en profondeur, accompagnant l’ondulation de mes reins contre son bassin. Ma jupe était à présent totalement relevée, tire-bouchon chiffonné qui m’offrait encore plus indécente que si j’avais été totalement nue.

Avec autorité, il saisit ma tête rapprochant nos bouches. Le contact de ses lèvres étrangères était doux. Je le pénétrai aussitôt, sa langue avait le goût du whisky japonais.


Se relevant de la force de son ventre, ses mains plaquées contre le haut de mon dos, mes jambes s’enroulèrent autour de sa taille, l’enserrant avec force, tandis que mon ventre agité se pressait contre lui. Je fouillai sa langue, mordillai ses lèvres. Il m’aspira, se faufilant. J’étais une anguille impatiente, lui un serpent aux aguets. J’avais fermé les yeux, goûtant le mélange de nos salives qui confondaient leurs goûts. Je me sentis tomber dans un puits de douceur qui me brûla les joues.

C’est ma bouche qui, à présent, le dévorait pour mieux le recevoir. Il explora chaque parcelle de mon intimité. Je le sentis s’accorder à moi. Son sexe durcit, aiguisant mon excitation.

Nous baisions nos bouches assoiffées. Ses mains caressèrent mes joues, je m’accrochai à ses épaules nues sous sa chemise. Je grognai. Ce n’étaient pas des cris de plaisir ou de volupté, mais une sourde animalité qui m’animait. Il resta silencieux, mais conquérant. Son ventre s’accorda au rythme du mien.

Nous n’avions pas pris le temps de nous déshabiller. Je fus prise de vertige. Je ne sus comment, mais nous étions allongés l’un contre l’autre. Je m’agrippai à lui comme un singe à un arbre, ne laissant le moindre vide entre nos corps.


Sans me défaire de sa langue, je le plaquai un peu plus fort contre le dossier du divan. Je voulus sentir son sexe, palper cette promesse. Je posai ma main sur son sexe dressé dans son pantalon. Il me saisit les fesses sous ma culotte, passant un bras entre mes jambes. Il me tenait fermement me caressant de ses doigts, de la tranche de sa main. Mon sexe était inondé de désir et d’excitation. J’aurais voulu le sentir me pénétrer. Mes lèvres brûlantes, palpitaient, s’ouvraient tandis qu’il se glissait contre mon cul, son pouce caressant, obsédant, la base de mon clitoris qu’il devait sentir dressé comme le dard d’une guêpe en colère.


J’expulsai une expiration rauque du fond de mon ventre. Il avait introduit un doigt, dans mon cul et l’enfonçait sans résistance. Un, plus gros, son pouce, s’insinua entre mes lèvres. Je me resserrai autour de ses phalanges qui me pénétrèrent de toutes parts, se joignant comme une pince, se massant mutuellement comme si elles voulaient me transpercer.


Grenouille prête à bondir, Je remontai haut mes jambes, contre son torse, touchant presque ses aisselles de mes genoux. Je voulus m’ouvrir encore plus fort, le sentir plus loin en moi.

Je pris son sexe à pleine main, le serrant fort au travers du tissu. Il était tendu, il bandait fort, il me désirait à en souffrir, je le savais. Je le palpai de toute sa longueur, j’avais envie de ce sexe que je n’avais pas encore vu, mais qui était à présent à la merci de mon désir.

Je voulus qu’il me prenne de suite, qu’il me transperce et remplisse mon ventre que je ressentais tel un vide. Je l’extirpai de son pantalon. Il était dur et doux à la fois. Il me le fallait dedans, c’était urgent.

Je le pris en main, écartant le côté de ma culotte, le frottant quelques instants contre ma vulve. Il glissa délicieusement. D’un coup de reins, je le gobai et l’immobilisai au fond de ma chair. Il était en moi. Je ne bougeais pas. J’épousais son sexe de mon vagin, je sentais le sang palpiter au travers de sa peau fine. Je me contractai, il tressauta. J’étais au-dessus de lui, ses yeux grands ouverts, comme surpris par les sensations de sa queue.


L’homme qui m’avait accueillie, si impressionnant dans son statut de patron tout puissant sembla à l’agonie, dans l’attente de ce que je déciderai. Sa chemise ouverte, ses cheveux gris défaits, son pantalon moitié défait tandis que son sexe sortait par une fente pour se ficher dans la mienne.

Je savais mon vagin très musclé. On a tous nos particularités physiques, un don que l’on possède de naissance et que l’on a appris ou non à travailler. Moi, c’est mon périnée. Je n’ai rien fait pour ça. Mon ventre est une bouche avide, pas juste une cavité étrangère. J’aime être pénétrée quand je suis excitée, j’aime sentir un sexe chaud qui m’investit de toute son ampleur.


Je m’appuyai sur mes genoux pour le retirer. Il fut presque intégralement hors de moi. J’eus cette fois envie le sentir de nouveau me pénétrer lentement, prendre tout mon temps pour apprécier cette douce invasion.

J’étais excitée à m’oublier, mon vagin ruissela comme une mare au printemps. Ce n’était pas un corps étranger qui m’envahit, qui me combla, mais une part de moi qui se projeta en lui.

J’oubliai mes autres fois, mon amour du moment. Je fus pétrifiée dans l’instant. Mon ventre s’anima, indépendant de ma volonté, aspirant cette queue qui me sembla autant la mienne que la sienne.


Les mains de Sandro agrippèrent mes seins dressés, durs comme des oranges d’Espagne. Sa bouche aspira mes tétons, d’abord tendrement puis rudement, avalant presque entièrement mes mamelons. Il me fit un peu mal, j’aimais ça. La caresse de ses dents sur mes seins résonna le long de mon dos, s’enfouissant dans mes cuisses tendues.


Le bruit de nos sexes qui se choquaient m’excita d’autant plus que je me sentis l’inonder au point de sentir contre l’intérieur de mes jambes, le flot poisseux de mon plaisir s’infiltrer dans les fibres de son costume. J’allais et venais le long de sa queue, accélérant mon mouvement et l’amplifiant. Parfois, lors d’un sursaut désordonné, il sortait de moi. Il me retrouvait alors comme si nos sexes jusque-là inconnus ne se quittaient pas des yeux.


Ses mains appuyèrent contre mon ventre, m’aidant à me soulever. Je ne ressentais pas la fatigue. En état de transe, je m’oubliais, lui aussi. Je ne fus plus qu’une onde de chaleur qui envahit mon dos, ma nuque, enroba mes épaules. Chaque coup de reins battait en écho dans ma tête et explosait par ma bouche. Les cris que j’entendais comme ceux d’une autre étaient les miens qui se répercutaient.


Sandro était crispé, ses traits figés, les yeux semblaient lui sortir des orbites, Les veines de son cou saillaient au travers de sa peau. Son teint, naturellement mat comme le mien rougissait par l’effort et la tension. Il semblait presque souffrir. Je ne lui avais laissé aucune initiative ni accordé le moindre répit.

Son sexe était dressé en moi, immobile, dur comme une sculpture antique, chaud comme une fièvre tropicale. Je bougeai, façonnant mon plaisir à mon rythme, selon ma seule volonté ou plutôt l’instinct de mon corps.

Je me penchai, fascinée par ce membre inconnu qui m’était à présent familier. Il était mon jouet, ouvrant mon corps, écartant mes lèvres qui le serraient, accompagnant le mouvement de cette tige quand elle sortait, s’enfouissant quand elle rentrait. Je l’enduisais de cette douceur floconneuse qui se mélangeait aux poils de son pubis suintant.


Il me saisit par les fesses pour m’attirer contre lui, tentant de m’immobiliser. Nos ventres collés, je le suçai du fond de mes entrailles. Laissant alors échapper une obscénité, il me griffa le haut des cuisses.

Je lui mordis le creux du cou et repris possession de sa bouche, repoussant profondément ma langue dans sa gorge.


Je jouais avec lui, excitée par sa passivité qui me rendait furieusement bestiale.


Ses doigts s’insinuèrent entre mes fesses. Je creusai mes reins, me saisis de sa main la plaquai contre mon cul, me caressant l’anus avec ses doigts. Je n’étais pas assez lubrifiée, mais je voulais le sentir également me fouiller au creux de mes tripes.


Je le ressortis de mon ventre, le remplaçant de trois de mes doigts qui prélevaient mes sucs intimes. Son sexe battait contre mon clitoris, cherchait à revenir au-dedans. Il avait froid, le pauvre, il avait perdu sa maison. Je frottai mon bouton, libérant une série de nouvelles ondes de plaisir tout électrique cette fois. Ma main était pleine de moi, de la salive épaisse de ma chatte. J’enduisis mon trou du cul et dirigeai un de ses doigts que j’enfonçai d’une phalange. Il ne pouvait aller plus loin, son poignet était cassé dans une position que je devinais inconfortable pour lui. Ma main le retint, l’empêcha de s’échapper, de soulager sa douleur. Il devait aimer ça. Son membre s’introduisit plus profondément en moi, il me sembla avoir grossi, occupant tout l’espace de mes chairs qui se crispèrent autour de lui. Je me cambrai un peu plus, j’étais prise de partout, prête à exploser.


Je voulus le voir de près… approcher mes yeux de ce gland que je sentis prêt à fondre tant je le malmenai. J’avais envie de le goûter… de sentir son odeur sur ma langue…

Je le délogeai de moi et m’accroupissant entre ses jambes, le saisit entre mes doigts. Il était particulièrement tendu et battait la mesure au rythme des contractions de ses reins. Je passai ma langue sur la base du champignon… retroussai son prépuce comme un gant que l’on retourne. Il cria une première fois.


J’enfournai le plus de longueur possible au fond de ma bouche, tout en l’aspirant. J’eus la sensation de boire un yaourt au travers d’une paille. Je le relâchai pour l’enrober de ma langue curieuse et le repris dans ma bouche tout en le serrant fort de mes doigts à la base. Son cri, cette seconde fois, fut différent, comme s’il m’implorait.

D’une main, je me caressai, tout en le saisissant dans ma main contrôlant ses mouvements désordonnés pour qu’il ne s’enfonce pas dans ma bouche. Il n’avait cessé de geindre, je promenai ma langue et de mes dents agaçai la tige de sa queue.

Mon ventre s’embrasa, et coula sur mes doigts. Je le repris dans ma bouche et le suçai comme un fruit. Il se tendit comme un arc, me souleva avec lui. Je m’agrippai, il n’était pas question pour moi de le lâcher.


Je le sentis se répandre avec une force et une abondance qui me surprirent. Je me reculai par réflexe. Il explosa en partie sur ma joue. Je le repris aussitôt, il finit de se répandre au fond de ma gorge tandis que je faisais tourner ma langue comme une abeille folle enfermée dans une bouteille.

Les yeux clos, il se détendit tel un ressort cassé. Il ne bougea plus, se recroquevilla dans ma bouche qui ne cessait de le picorer et de l’aspirer.


Je n’avais pas joui. J’avais éprouvé un plaisir immense, difficilement descriptible, toujours à la limite. Je m’étais sentie transportée, mais je restais inassouvie à la recherche d’un orgasme libérateur que je m’accordais rapidement en le regardant vaincu.




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Nous sommes longtemps restés silencieux, allongés l’un contre l’autre sans bouger. Nous ne nous étions pas complètement déshabillés.

Ma bouche pleine de lui, il m’embrassa, d’abord timidement, du bout des lèvres, puis de plus en plus fort, au fur et à mesure que nous mêlions nos langues saturées de nos intimités.





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Je regarde l’horloge sur le tableau de bord du taxi. Il est presque deux heures. L’homme conduit souplement, sa voiture glisse le long des quais de la Seine. Je pose ma tête contre la vitre glacée, triturant les pointes de mes cheveux. Elles sont raides, comme des petits bâtons de Mikado. Je n’y avais pas fait attention. Quelques gouttes de sperme séchées qui me rappellent la réalité de cette soirée.

Mon téléphone vibre. Je l’interroge. Depuis vingt-trois heures, Francis m’a laissé un message tous les quarts d’heure. Il s’est lassé vers une heure. Il a dû se coucher. C’était déjà tard pour lui.



Ce n’est pas la première fois que ce taxi reconduit une dame de chez Sandro ou de son bureau. Je sens une pointe d’ironie dans sa voix. Il croit que je me suis fait sauter comme une vulgaire pute qu’on commande pour se faire tailler une pipe et la sauter en levrette dans la salle de réunion. Non, je l’ai laissé épuisé, vidé, surpris par la violence de mon désir. J’ai pris un plaisir inouï à le rendre hystérique. J’ai encore son goût dans ma bouche. J’aurais aimé le sentir jouir encore une fois et l’emprisonner dans mon cul, le garder dans mes tripes…


Il fait frais. L’averse a rafraîchi l’atmosphère. Le printemps est encore bien hésitant, cette année. L’appartement est silencieux. Francis n’a pas fermé la porte. Demain, il faudra que je lui dise que ce n’est pas raisonnable. Il pourrait lui arriver n’importe quoi.

Je retire mes vêtements que je pose sur un fauteuil du salon. Je m’avance nue dans la clarté de l’enseigne néon de l’hôtel en face de chez nous. Il est allongé, sur le ventre. Son dos brille comme une pièce de satin. Sa tête enfouie dans mon oreiller, il ne m’a pas entendue arriver. J’aime le regarder ainsi quand il ne sait pas à quel point il semble vulnérable. Un léger mouvement de ses jambes, le drap glisse et dévoile le haut d’une fesse musclée. Il est beau mon homme.

Je m’allonge contre lui… et dans un demi-sommeil embrumé, je l’entends me dire.



Sa main m’entoure, cherche mes seins. Je me pelotonne contre lui, en position du chien de fusil. Je sens son sexe dur et ami battre contre mes reins. Ses bras m’entourent. Il s’est rendormi. Lui aussi, il sent bon…




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Je me marie demain, avec Francis. Je vais prendre ce train pour un voyage interminable. J’ai hâte de quitter ce bureau. Ma collègue a les yeux fixés sur ma valise et me regarde en soupirant. J’ai du mal à me concentrer sur mon travail aujourd’hui. Je repense à cette fois ou je suis devenue folle dans ce bureau à Paris. Je ne regrette pas. Je n’ai pas l’habitude de regretter quoi que ce soit.


Je n’en ai pas parlé à Francis. Je ne me suis même pas sentie coupable. Tout ce qu’on n’avoue pas n’existe pas. Il m’aime comme je suis. Il me répète assez souvent que je suis folle et qu’il ne peut pas se passer de mes extravagances.


J’aime le sexe, le bon vin, je ne dis pas non à tout ce qui me fait plaisir. Je suis peut-être dérangée. Il faudra bien que je me range et que je devienne sage.