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Temps de lecture estimé : 16 mn
14/02/15
Résumé:  Solange ne s'aime plus, puisqu'on ne l'aime plus. Elle ne se supporte plus. Mais l'espoir renaît.
Critères:  fh collègues fellation cunnilingu
Auteur : Tito40      Envoi mini-message
Seconde chance

Pour la première fois de sa vie, Solange a décidé de tirer un trait sur son éducation.


Gamine, on lui a appris que le bonheur c’est de recevoir des cadeaux. Il faut posséder pour être heureux. Gamine, on lui a rabâché que le modèle familial idéal, c’est maman/papa, travail, fourneaux, dévotion à son mari et à ses enfants. Gamine, elle a tout entendu sur les filles faciles, les salopes, les putes ; toutes ces nanas qui se montrent, qui allument, qui couchent avec n’importe qui. L’amour, c’est sale.


Elle est entrée dans le moule sans se forcer, a fait ce que la société attendait d’elle ; elle a renoncé à tout plaisir personnel. Et au final, son mari s’est barré avec une petite jeune. Quel salaud !


Ils ont trimé pour se payer une vie aisée, se sont offert ce dont ils rêvaient. Elle avait été une bonne épouse, croyait-elle. Les enfants élevés et leur statut social établi, elle avait le sentiment d’une vie réussie. Fidèle jusqu’au bout des ongles, elle avait résisté à d’innombrables sollicitations de la part de collègues, d’amis, de rencontres fortuites, et même de son patron qui pourtant montrait une véritable assiduité à la courtiser.


Et puis il y a eu cette révélation, ce choc, ce désastre.


Depuis le départ de son mari, les hommes ne la regardaient plus. Ceci dit, elle faisait tout pour éviter les regards envieux. Ses affreuses chaussettes bariolées qui dépassent au-dessus de ses bottines élimées, ses jeans fatigués, mal coupés et qui la boudinaient, ça n’avait rien d’attirant. Et que dire de sa chemise qui a dû être lavée mille fois, aux couleurs passées et au tissu avachi. Et encore, les passants ne voyaient pas sa culotte de mamie, remontant haut sur le ventre, ni son soutien-gorge couleur chair, fait uniquement pour remplir sa fonction de base. Elle était vieillotte et triste.


C’est à la terrasse d’un café qu’elle a pris conscience qu’elle dérivait dangereusement. Les passants n’avaient pas un regard pour elle, pas un sourire. Elle en aurait pleuré. Alors elle a décidé de se prendre en main.


Le soir même, elle s’est enfin décidée à s’épiler les jambes et les aisselles, laissées à l’abandon depuis trop longtemps. Son mari aimait les femmes « nature », et l’imposante pilosité qui envahissait son entrejambe faisait penser à une forêt vierge. Mais ça, c’était avant. Elle a juste laissé une petite touffe marquant le début de ses lèvres, le reste bye bye. La pince à épiler est venue compléter une épilation à la cire chaude. Encore un peu, et puis celui-là, et puis un peu encore. Finalement elle avait presque tout retiré. La crème apaisante avait ensuite fait son office. Elle en avait épuisé son stock.


Personne ne l’a touchée depuis trop longtemps. Se masturber toute seule dans son lit, ça ne lui suffit plus. Les mains d’un homme sur son corps, le sexe tendu d’un homme dans sa bouche, les fesses d’un homme entre ses mains, le sperme d’un homme qui jaillit en elle, c’était devenu une obsession ; mais une fois dehors, elle se repliait. Elle n’osait pas. Et puis personne ne le lui a vraiment proposé.


Dans le métro il y a bien eu ce mec qui est venu se coller à elle et lui faire du plat, mais il était petit, gros, laid, et il puait la sueur. N’importe quel mec, quand même pas.


Pour la première fois depuis longtemps elle est habillée en « femme ». Un maquillage léger, une jupe légère au-dessus des genoux. Ces vêtements qui étaient enfouis sous une pile de frusques sont bien plus de son âge, plus sexy. Elle se sent un peu à l’étroit dans ce soutien-gorge Aubade qu’elle n’avait pas porté depuis plusieurs années ; mais sous ce chemisier transparent, c’est du meilleur effet. Sa culotte brésilienne en dentelle blanche est également un peu juste. Et ça picote entre les cuisses.


On est samedi. Solange va faire un tour au marché. Habituellement, elle ne vient pas et préfère faire ses courses au supermarché. Si elle est venue aujourd’hui, c’est parce qu’elle espère y faire une rencontre. Son patron est un habitué. Il vient chaque samedi. Il le lui a assez répété à l’époque à laquelle il espérait encore la mettre dans son lit.


Elle tourne et retourne depuis près d’une heure, attirant les regards des hommes à l’affût d’un petit cul qui passe. Ces regards qu’autrefois elle abhorrait lui confirment qu’elle n’est plus la même. Il suffisait de quelques ajustements vestimentaires et d’une apparence plus sexy pour que tout à coup on la prenne pour quelqu’un d’autre. Mais à l’intérieur, elle n’a pas changé : sa colère est intacte, une colère sourde et définitive contre son mari, et contre les hommes en général. Son âme les indiffère : c’est son cul que les intéresse, et la taille de ses seins, et sa bouche quand elle suce, et se chatte quand elle mouille. Quelle horrible réalité !


Enfin elle le trouve. De profil devant l’étal d’un poissonnier, il passe commande. Il a déjà les bras bien chargés de sacs pleins. Elle contourne l’étal pour se retrouver en face de lui, faisant mine de s’extasier devant l’offre alléchante de produits frais. Elle relève la tête comme machinalement. Il la voit, lui sourit, et lui fait un petit signe de la main. Elle lui rend son sourire et un petit geste, et baisse à nouveau le regard vers les poissons.


« Va-t-il venir ? » se demande-t-elle. La réponse arrive rapidement. Une main sur son épaule, une bise chaleureuse, l’expression de quelqu’un qui est véritablement ravi de la voir, qui la complimente sur sa forme, sur son air « frais ». Ils parlent quelques minutes du marché, des camelots, de la crise économique, du beau temps.


« L’apéro ? Pourquoi pas, Patrick, mais rapidement. Il fait si beau aujourd’hui. Oui ravie. Allons-y. »


Installée avec lui à cette terrasse où Solange avait réalisé qu’elle mourait doucement avant de se prendre enfin en main, elle se dit que c’est comme un signe du destin. La dernière fois qu’elle s’était installée là, personne ne l’avait regardée. Elle était défraîchie et « tue l’amour ». Aujourd’hui elle se sent attirante et sensuelle. Elle a l’impression que tous les hommes la regardent avec envie, et sans doute encore plus Patrick qui la dévisage et la scrute.


Elle accepte un second verre, tout en pestant. Le temps passe. Elle va devoir y aller. Il insiste heureusement pour qu’elle reste. Encore un peu. Il finit par devenir plus intime, lui dit qu’il apprécie énormément sa compagnie, qu’il aimerait que ça dure toujours. Elle rougit. Elle sent qu’il lui sauterait volontiers dessus mais qu’il n’ose pas. Lui aussi est divorcé. Il a trompé sa femme de nombreuses fois ; elle a supporté un moment et a fini par se lasser. Elle l’a quitté. Il s’est retrouvé seul, à accumuler les conquêtes. Il se livre et lui raconte combien il regrette. Ces aventures n’étaient que l’expression de son sentiment de pouvoir. Pouvoir séduire, pouvoir manipuler, pouvoir acheter. Il s’excuse pour les avances qu’il lui avait faites par le passé, bat sa coulpe avec un semblant d’humilité.


Solange l’écoute, mais elle s’en fout de ce qu’il raconte. Les hommes sont tous les mêmes. Ils trouvent mille excuses pour se justifier et n’assument rien. Elle ressent qu’il veut juste qu’elle prenne pitié de lui. Elle ne veut pas lui servir de confidente. Rien à foutre. Ce qu’elle veut c’est qu’il se comporte comme un homme. Qu’il lui propose d’aller chez lui ou à l’hôtel pour baiser. C’est ça qu’elle veut. Elle a envie de hurler « Arrête de m’emmerder avec tes histoires. Je veux juste une queue ! »


Bon. Elle voudrait faire fi de son éducation, mais là ça ne va pas être possible. Il y a des limites qu’elle ne peut pas franchir.


Solange se lève enfin. Elle fait mine de prendre congé puis, feignant un doute subit, lui demande s’il déjeunerait avec elle à la bonne franquette. Tu parles, Charles ! Il n’en demandait pas tant. Évidemment qu’il est disponible. Et en plus, c’est lui qui invite. Elle décline. À la bonne franquette, c’est chez elle, vite fait ; quelques pâtes et un dessert. Il propose de la conduire. Elle en est ravie, ça lui évitera le métro. Elle l’accompagne à son véhicule. Gentleman, il lui ouvre la portière pour qu’elle s’installe. Il entre l’adresse de Solange sur son GPS. Ils prennent la route.


Pendant le trajet ils discutent de la boîte, des collègues comme ci, des autres comme ça. On dirait de vieux amis. Patrick n’ose pas la regarder. Il aperçoit son profil quand il cherche son rétroviseur. Il est troublé. Son odeur est douce, sa peau éclairée par le soleil est radieuse, son sourire est si intense… Il en rêvait, de l’avoir à sa portée.


Arrivés à l’appartement modeste de Solange, ils prennent place dans l’unique canapé. Leurs positions sont un peu inconfortables, côte à côte mais éloignés, obligés de tourner la tête pour se parler. Solange va chercher de quoi boire un verre et s’installe face à lui, assez près, sur un tabouret blanc. Elle est revenue sans ses escarpins, et elle a quitté ses collants. Elle est pieds nus. Assise face à lui, elle garde les jambes serrées. Il peut admirer ses genoux et ses jambes, lorgner ses jolis petit pieds. Il la savait belle, mais il la découvre. D’habitude, les femmes sont impressionnées. Elle n’en a pas l’air. Elle semble naturelle, bouge librement. Ses genoux serrés trahissent quand même une volonté de ne pas se dévoiler. Pour une fois, il est perdu. Il ne sait pas s’ils sont venus déjeuner, ou s’il peut attendre autre chose.


Solange l’observe et se marre. Ce mec arrogant et prétentieux, ce baiseur en rafale, il est là comme un ado, à ne savoir quoi faire.


Leurs verres vides, Solange le quitte en s’excusant. Elle doit aller préparer les pâtes. Il la suit après quelques instants pour la rejoindre dans la cuisine. Elle est debout devant sa casserole, un pied posé sur l’autre, elle touille. Elle tourne la tête pour lui envoyer un sourire radieux, et revient à sa tâche. Il s’assied et l’observe. Ses courbes sont magnifiques, voluptueuses. Le soleil traverse le chemisier de Solange. Il peut voir la dentelle de son soutien-gorge. Il adorerait visiter les dessous de sa jupe. Il ne tient plus. Et s’il décidait de s’approcher d’elle, de la toucher ? Comment réagirait-elle ? Est-ce que ça gâcherait tout ?


Elle lui demande de mettre le couvert et lui désignant le placard où est rangée la vaisselle. Au moins ça l’occupera. Les pâtes sont bientôt prêtes.


Il s’exécute. Rapidement. Il la frôle plusieurs fois, elle ne cherche pas à l’éviter. On dirait qu’elle a la chair de poule.


Le repas est frugal et rapide. Quelques rires parviennent à faire baisser une tension palpable. Solange prépare du café. Il reste à l’admirer, à attendre que quelque chose se passe. Elle lui propose de prendre le café sur la petite terrasse. Une table carrée, deux chaises en plastique. Vue imprenable sur l’immeuble d’en face. Le bruit de la rue. Ce n’est pas très romantique, mais ils sont très près l’un de l’autre. Leurs genoux se touchent.


Patrick se dit qu’il ne tentera rien ; elle se désespère d’attendre. Ils prennent un second café. Il lui annonce qu’il va partir. Elle l’accompagne vers la porte. Tout en avançant devant lui elle lui demande s’il a des choses à faire cet après-midi. Il bafouille que pas vraiment. Alors pourquoi partir maintenant ? Ne voudrait-il pas rester pour discuter un peu, ou juste lui tenir compagnie ? Ah oui, mais il a du poisson dans le coffre. Il va tourner. Ah. Elle lui propose de le remonter pour le mettre au frigo. Il ne peut pas refuser et s’éclipse. Elle lui a donné le code de la porte pour remonter sans sonner.


À son retour, il la trouve assise sur le canapé. Deux boutons de son chemisier one été défaits. Elle a chaud. Il range son poisson et vient devant elle sur le tabouret. Elle lui dit son plaisir de l’avoir avec elle cet après-midi. Sa gêne aussi. Son patron, chez elle. Si ça se savait à la boîte, ça jaserait. Il rigole. C’est clair que ça jaserait si on pouvait penser qu’ils avaient une aventure.


Elle ne rit pas avec lui et le regarde avec sévérité. Elle se lâche, lui dit ce qu’elle pense des soi-disant hommes à femmes, des mecs qui pensent avec leur queue, de ceux qui enchaînent les aventures. En gros, elle lui dit ce qu’elle pense de lui. Il le prend comme tel et s’offusque. Il est vexé.


Elle lui avoue qu’il n’est pas déplaisant, mais que quand il avait tenté de la séduire, elle avait bien senti son esprit don Juan. Même célibataire, à cette époque, elle lui aurait dit non. Pas question de coucher avec un mec qui ne la verra même pas. Elle lui avoue aussi qu’avec le recul et les coups qu’elle a pris depuis, si c’était à refaire, c’est elle qui l’aurait violé.


Gros blanc. Il ne comprend pas. Il ne la comprend pas. Elle vient de lui envoyer ses quatre vérités au visage, et juste après lui dit qu’à l’époque – mais avec ce qu’elle sait maintenant de la vie – elle l’aurait mis dans son lit. Il est perdu.


Elle lui dit alors le fond de sa pensée. S’il veut partir maintenant, qu’il ne se gêne pas. S’il reste, elle va se dévêtir devant lui et attendre qu’il fasse de même. Elle va se comporter comme il se comportait à l’époque et lui faire l’amour. C’est elle qui dirige. Elle veut qu’il lui promette de ne parler de ça à personne évidemment, mais aussi d’oublier ensuite son adresse et le code de sa porte.


Tout en parlant, elle s’est levée devant lui et a terminé de déboutonner son chemisier. Elle ôte son soutien-gorge et lui montre ses jolis petits seins. Elle ne se déshabille pas comme une femme sensuelle qui cherche à teaser son compagnon, mais comme un homme qui montre son corps. Avec fierté et une certaine brutalité. Elle descend sa jupe et glisse son string à ses pieds. Elle se rassied sur le canapé, en tailleur, les mains sur ses genoux, et le regarde.


Le boss est désarçonné. Il aime séduire, draguer et convaincre. Elle a pris l’initiative. Elle lui offre son corps et il n’a pas à la conquérir. Elle le traite d’égal à égal. Il n’a aucun pouvoir.


Elle s’allonge sur le canapé devant lui, se glisse un coussin sous la tête, et le regarde dans les yeux. « Tu pars ou pas ? » Il se lève, se déshabille, comme elle ; il n’a pas besoin de répondre. Sans la quitter des yeux, il retire tout. Son sexe est rabougri. Il ne bande pas. Il a bonne mine, le tombeur !


Solange lui tend une main, et enfin sourit. Elle l’attire vers elle et l’invite à s’allonger. Les minutes suivantes, ils sont corps contre corps à se sentir, à se serrer, à se découvrir. Il oublie son stress et devient tendre, l’embrasse doucement. Il voudrait fusionner leurs corps tant il se sent bien dans ses bras.


Enfin un homme contre elle. Que c’est doux. En plus, il est bien plus tendre que ce qu’elle anticipait. Elle avait presque espéré qu’il lui saute dessus pour la baiser brutalement, mais finalement, ça aussi elle aime. Son plaisir monte tout doucement et il ne s’est pas jeté sur sa chatte. Son sexe s’est tendu, c’est qu’il doit apprécier lui aussi.


Solange se dégage et se lève ; sans un mot elle lui tend une main et le guide vers sa chambre. Un matelas posé au sol pour seule couche. Elle monte dessus, face à lui, et lui passe les bras autour du cou. Elle l’embrasse avec ferveur. Il saisit les fesses de la belle à pleines mains, remonte sur son dos, redescend. Elle est à sa hauteur. Elle s’agenouille face à lui et lui saisit la verge. Elle est douce et dure, large et épaisse. Son gland est violacé, bien dessiné, et ravi de sentir une langue chaude le couvrir et le titiller. Elle le suce tout doucement, n’avale pas sa salive, et le branle. Elle avait tellement envie de sucer une queue… C’est encore meilleur que dans ses songes. Elle en veut encore mais il est au bord de l’éjaculation. Elle doit le laisser respirer, et s’allonge sur le lit.


Elle a aimé son sexe dans sa bouche. Elle aime aussi sentir la langue de cet homme découvrir son intimité humide et chaude. Il lui entre la langue dans le vagin tout en caressant son clitoris. De son autre main il lui titille l’anus. « Il sait y faire… » se dit-elle. Elle aime ça. Elle a tiré un trait sur ses réticences. Quand on est au lit, autant faire ce dont on a envie plutôt que de respecter des conventions veillottes et périmées. Elle est décidée à s’éclater. Alors tant pis. « Fille facile peut-être, mais elle t’emmerde. »


Elle écarte les cuisses autant que possible pour lui laisser de la place et une vision complète de son anatomie. Elle se caresse les seins et gémit sans retenue.


Son orgasme monte tout doucement. Elle se laisse aller et décoller sous sa langue et ses doigts. Au moment précis où il lui introduit un doigt dans le cul, elle ne peut plus se retenir et se crispe. Elle jouit et le lui fait savoir. Elle lui demande de continuer, plus fort. Quand elle retombe, il sourit béatement. Un air de « Alors, heureuse ? » qui fait un peu con.


Le drap est trempé de sueur, et peut-être même a-t-elle pissé un peu quand elle a joui. C’est possible.


Lui ne sait pas ce qu’il doit faire. Remballer, ou remettre l’ouvrage sur le métier ? Il s’allonge sur elle et l’embrasse. Sa queue frétille entre les cuisses de Solange, mais il ne sait pas s’il peut… Aller plus loin ? « Mais qu’il est con ! » se dit-elle. Bien sûr qu’elle le veut. Elle lui passe les jambes autour du bassin pour le lui faire comprendre, et remonte son bassin. C’est ainsi enlacés qu’il la pénètre profondément tout en l’embrassant. Leur danse est lente et profonde. Elle s’était imaginé une grosse baise torride, mais il lui fait l’amour tendrement. Il est concentré sur son plaisir à elle. Il n’est pas dans la performance sexuelle, mais dans la sensualité.


Elle ne peut s’empêcher de penser à son mari, ce salaud. Il ne faisait ça que dans le noir ou presque ; et quand il avait joui, il s’endormait. Jamais elle n’avait senti son corps investi comme elle sentait celui de cet homme maintenant. Avec son mari elle prenait son pied, mais c’était très local. Le clitoris ou les seins lui procuraient du plaisir. Occasionnellement l’anus. Mais elle ne se souvenait pas d’avoir ressenti un tel plaisir parcourant l’ensemble de son corps. Elle a l’impression que cet homme la couvre totalement, qu’il la remplit parfaitement, qu’ils s’emboîtent magnifiquement. Sa langue, ses épaules, son ventre, ses cuisses, toutes ces parties de son corps qui la touchent la font vibrer. Elle doit avoir de la fièvre. Ils ne font qu’un. Dans ses rêves, même ça, elle ne l’avait pas ressenti.


Solange cherche à chasser ses souvenirs de son esprit pour revenir à l’instant présent, à ce qu’ils font tous les deux, et ça augmente encore ses sensations. Il stoppe ses mouvements et reprend lentement. Il doit être au bord de l’extase lui aussi. Elle le laisse faire. Elle veut que ça dure.


Il pose son front sur celui de Solange et la regarde dans les yeux. À voix basse il lui dit qu’il ne va plus pouvoir tenir longtemps, et qu’il va devoir se retirer bientôt. Elle serre davantage ses jambes autour du bassin de Patrick pour le maintenir en elle et lui répond de se laisser aller, de ne plus se retenir. Il s’allonge sur elle, l’attrape par les fesses pour la soulever légèrement et la plaquer contre lui. Il accélère un peu le mouvement tout en cherchant à la pénétrer au plus profond, et laisse jaillir son sperme en se pressant sur elle.


Ils ne quittent le lit que des heures plus tard, après avoir refait l’amour plusieurs fois avec la même tendresse et le même partage. Solange l’a sucé plusieurs fois pour le faire revenir, et il est revenu à chaque fois. Elle lui a offert son vagin, il s’en est délecté. Elle lui a offert ses fesses, il s’en est repu. Elle a l’impression qu’elle a pris autant de plaisir cet après-midi que dans les dix années précédentes, mais l’intensité n’est pas la même quand tout est regroupé en quelques heures. Et jamais il ne l’a baisée, jamais il ne l’a rudoyée, jamais elle ne s’est sentie sale, même quand il a joui dans son cul.


Personne ne l’attend. Il restera avec elle cette nuit. Et dimanche sans doute. Et comme elle le voulait, quand ils se quitteront ce sera définitif. Ces pensées rendent Patrick un peu triste. Lui aussi a vécu un grand moment. Il a pris infiniment plus de plaisir à faire l’amour à cette femme qu’à baiser des salopes d’un soir. Il n’a pas eu besoin de l’insulter pour se sentir fort, ou de lui demander si elle sentait bien sa grosse queue, ou de l’humilier d’aucune manière pour se valoriser. Non. Tout s’est fait naturellement, sans calcul, et elle lui a dit qu’elle aussi avait adoré ce moment.


Avant de partir dimanche soir, Patrick lui promet que personne n’en saura rien et qu’il va oublier comme promis son adresse et son code pour la porte. Il la remercie. Solange lui sourit, ferme la porte derrière lui, s’installe à la table de la cuisine, se prend la tête entre les mains, et pleure.



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Elle n’a pas dormi de la nuit et se présente au bureau avec une mine défraîchie. Au milieu de son service d’administration des ventes, il y a déjà du mouvement et du bruit. Elle prend son poste, l’air triste.


Vers 10 heures, le boss fait le tour des bureaux comme à son habitude. Ici, c’est l’usage ; une poignée de main aux hommes, une bise aux femmes.


Patrick doit saluer une dizaine de personnes avant d’arriver vers elle. Elle sent la sueur couler sur son front. Il est radieux, souriant, détendu, et ce n’est pas habituel. Il s’approche d’elle, les bras ouverts. Elle lui tend la joue. Il lui saisit le visage entre ses deux mains et l’embrasse sur la bouche brièvement. Il la serre dans ses bras, debout devant tout le monde. Il recule d’un pas, lui sourit, et passe à la suivante.


Solange ne répondra à aucune question, mais les regards de ses collègues et les conciliabules nombreux la mettent évidemment mal à l’aise. Elle est furieuse, elle se sent piégée. Personne ne devait savoir. Il doit se vanter de l’avoir séduite, et il voulait que tout le monde le sache. Elle doit passer pour une salope. « Quel fumier ! » se dit-elle.


Elle pourrait se lever, lui faire face dans son bureau, l’insulter devant tout le monde, mais elle n’en a pas le cœur. Elle se dégoûte. Elle se sent conne.


À 12 h 30 il revient directement vers elle, et sans se préoccuper de l’entourage, lui dit qu’il est disponible pour déjeuner. Il lui propose de l’accompagner. Ce n’est pas un ordre, mais une gentille invitation, avec un regard exempt de toute sournoiserie. On peut y voir même de la tendresse et, pourquoi pas, un peu plus. La colère a disparu. Ils quittent les bureaux ensemble, bras dessus bras dessous. Il lui ouvre la portière de sa voiture et l’invite à s’installer.


À peine en route, il lui annonce qu’il a donné sa démission. Il crée sa propre affaire, et espère la diriger avec sa compagne. Elle est à la limite de pleurer. Ainsi il a une compagne. Et il s’en va. Mais elle comprend bien vite que la compagne dont il parle, c’est elle. Il stoppe la voiture en pleine rue et l’embrasse. Tout cela est allé bien trop vite, mais à trop réfléchir on ne fait plus rien par instinct. Son instinct ne lui a jusque-là pas servi à grand-chose, mais elle le suit tout de même, ouvre grand sa bouche pour le laisser la pénétrer de sa langue gourmande. Elle sent sa chatte le réclamer. Elle a envie de lui, et elle accepte de le suivre. N’importe où.