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Temps de lecture estimé : 10 mn
14/03/15
corrigé 09/06/21
Résumé:  Où tu assistes en direct à une création du divin Brodsky, apprends le nom du premier mort de cette histoire, et découvres à quel point un fantôme peut assurer au plumard.
Critères:  nonéro portrait pastiche humour policier fantastiqu -revebebe
Auteur : Brodsky      Envoi mini-message

Série : Brodsky contre les Vieux de l'Olympe

Chapitre 04
Le cercle des écrivains disparus

Chapitre 4 : Le cercle des écrivains disparus



Où tu assistes en direct à une création du divin Brodsky, apprends le nom du premier mort de cette histoire, et découvres à quel point un fantôme peut assurer au plumard.




« J’ai sur la langue, un rouge à lèvre Lilas, Lilas… »


Lenorman passe en boucle sur ma platine depuis ce matin. Ouais, je sais, ça fait pas « jeune » comme dirait Athanagor, mais ça fait terriblement du bien. Je suis sur mon petit nuage, devant mon café à rechercher l’inspiration pour ma chronique hebdomadaire, mais je n’y arrive pas.


Je suis noyé dans un océan de guimauve, et… j’aime ça. En même temps, je me rends bien compte que mes états d’âme ne vont pas intéresser grand monde. Or, il faut bouffer… L’écriture, ce n’est pas une production à la chaîne dans une usine de bagnoles. On ne fabrique pas indéfiniment la même pièce toute la journée. Faut du neuf chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde… Et là, tout ce qui s’imprime sur mon écran, ce sont des mots tellement sucrés que je risque un dépôt de plainte émanant des associations de défense des diabétiques.


Comment transformer le sucre en piment comme les alchimistes d’hier tentaient de transformer le plomb en or ? Est-ce possible ? Ils n’ont jamais trouvé la pierre philosophale, mais moi j’ai trouvé la fille d’Aphrodite. Je laisse mes doigts courir sur l’écran… Les mots s’affichent tout seuls…


Je suis en manque et j’ose

Te réclamer ma dose

De toutes ces belles choses

Que tu me dis tout bas

Derrière la porte close

Avant que je n’explose

Le corps en lover dose

Et le cœur en éclats…


Ouais… Juste une nuit, et me voilà en manque. Je vais finir par croire qu’ils ne rigolent pas, tous ces mabouls, et qu’ils sont bel et bien des descendants des Olympiens. Quant au mélange d’ADN évoqué par l’Œil Coquin, si ce n’est pas une supercherie, ça s’expliquerait par le fait que je descends d’Apollon et Hank de Dionysos… Je délire…


Je t’en supplie mon âme

J’ai besoin de ta came

Et de tes mains de femme

Qui se posent sur moi

Tu en joues, c’est infâme

Mais tant pis pour les flammes

Je donnerais mon âme

Pour une heure contre toi…


Ça m’a pris moins de dix minutes, mais au final je me retrouve avec quatre couplets pas trop mal torchés, que je relis avec satisfaction. Manque plus qu’une musique… Je vois ça un peu jazzy… Je prends ma gratte… Mais non. Je suis une bille en musique. Je vais envoyer ça à mon pote, Ricky the Black. Il sait mieux faire que moi…



***




Et allez… J’aurais dû m’en douter. J’ai mis les pieds dans leur machin, et maintenant, il va falloir y consacrer tout mon temps libre. LA raison pour laquelle jusqu’ici je refusais d’adhérer à RIEN. Associations caritatives, clubs de pétanque, partis politiques, syndicats… Faut toujours qu’on cherche à t’embrigader une fois que t’as accepté la poignée de main « fraternelle » qu’on te tendait.


Avec tous les arguments culpabilisants qui vont avec : « On a vraiment besoin de toi, on peut pas se passer de toi, tu es l’homme de la situation, tu peux pas nous laisser tomber, ta présence est essentielle, et blablabla, et blablabla… » Tu te pointes à leur réunion à la con, et là, on t’explique pendant trois heures que les comptes sont dans le rouge, qu’on va devoir fermer boutique si on ne trouve pas rapidement du fric, et alors… tous les regards se tournent vers toi ! Ben ouais, Brodsky, t’es pété de thunes, t’es célèbre, un petit chèque de ta part nous sauverait et ne se verrait même pas sur ton compte bancaire… remarque, un don en liquide, ce serait pas mal non plus… On te nommera membre d’honneur du conseil d’administration…



Je passai un coup de fil à Hank. Il mit du temps à décrocher…



Finalement, qu’on en prenne une ou qu’on prenne les trois, avec les femmes on se fait toujours niquer. C’était la théorie de Radagast… Ça m’avait toujours fait rigoler, mais là je commençais sérieusement à penser qu’il n’avait peut-être pas complètement tort.



***



Pauvre Athanagor… Jakin avait raison, il est dans un état… qu’on ne peut pas décrire. Suspendu au milieu de la salle, les bras retenus par des chaînes en acier, un bâillon gonflable dans la bouche, ses deux pieds ne touchent pas le sol… Et il y a des plumes d’oie partout par terre. Il a été torturé comme dans une histoire de Radagast, sûrement pendant des heures, et son cœur a fini par lâcher.



Il a l’air bien emmerdé, pépère… Il se gratte la tête. Puis…



Ben tiens… Si je me casse, je perds Lilas. Je passe pour un lâche, et elle me lâche. Il le sait bien, ce vieux manipulateur de chattes. Sans compter Hank, qui est désormais complètement sous la coupe de Cyrielle et Démonia. Pas question qu’il accepte de partir… D’autant plus que si je trépasse, lui, il ne risque rien vu qu’il est déjà mort. Y a pas à dire, j’ai vraiment un don inné pour me foutre dans des situations merdiques, moi, le fils d’Apollon.



Je fermai les yeux pour tenter de me concentrer un peu. Ça devenait quand même vachement tordu comme histoire. Rêvebébé, leur boîte donc, était fichtrement réelle, et les bouquins vendus également, tout comme mes droits d’auteurs… Le cadavre de ce pauvre Athanagor était lui aussi bel et bien réel… La Confrérie des Olympiens avait des statuts légaux, déposés en préfecture… Mais comment un type aussi intelligent que Jakin ou un scientifique comme Athanagor pouvaient être amenés à croire une histoire aussi loufoque ? Descendre de dieux qui n’avaient JAMAIS existé…




***



Tandis que le Vieux se dématérialisait afin de pouvoir aller à la rencontre de notre seul et unique témoin, je commençai à cuisiner Jakin à propos des membres de la Confrérie. Il allait devoir se mettre à table, le fils de Zeus… Qui avait été tué durant ces six derniers mois, comment, quels indices, avait-il des soupçons sur quelqu’un de particulier… NON, JAKIN, pas demain les réponses, TOUT DE SUITE… Pas de café, pas de sandwichs. Des réponses, tu entends ? Quoi, je te bouscule ? J’espère bien, vieille canaille. Tu vas te mettre à table, et tout de suite !


Il a perdu les pédales vite fait, le pauvre ; c’était ni un violent, ni un truand… S’il avait su, il aurait avoué, tout de suite… Mais Jakin était blanc comme le cul d’un Norvégien, et surtout ne savait pas grand-chose.


Le Chevalier du Lac ? Son vrai nom était Lancelot ; un Grand Monsieur, insoupçonnable selon lui, l’une des meilleures plumes de la Maison.


Radagast ? Complètement givré, mais totalement inoffensif… Les filles en faisaient ce qu’elles voulaient.


Mortecouille ? Pas grand-chose à dire, sinon qu’elle avait été la maîtresse de Napoléon III juste avant la bataille de Sedan, puis celle de René Coty avant de passer dans les draps de Giscard… Elle cherchait désespérément un filtre de jouvence, se servait de son fric pour se taper des gigolos et rappait comme un gruyère.


Favasso ? Non, impossible… Un gars paisible, amateur de belle littérature érotique (bref, un obsédé, trop occupé à se tirer sur la tige pour avoir le temps de méditer un meurtre).


Selon lui, mieux valait chercher en dehors de la Confrérie. Parmi les nouveaux écrivains désireux de se faire un nom, et dont certains étaient capables de tout pour y arriver, y compris dessouder leurs rivaux à l’AK-47.



On était en train d’écluser quand les deux harpies sont revenues. Elles avaient l’air furax…



Là, mes zamours, faut bien que je l’avoue : je me suis senti un peu jaloux…





À suivre…