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Temps de lecture estimé : 7 mn
06/04/15
Résumé:  Elle a signé pour une soirée d'abandon complet de son corps. Elle se prépare, et l'émotion la submerge...
Critères:  hh fhhh hbi fépilée fsoumise jeu humour
Auteur : Samuel      Envoi mini-message
J'ai signé

J’ai signé, j’ai signé ! Tant pis pour moi. Maintenant, il faut assumer. Je savais que la soirée serait longue et probablement difficile. Ce qui me pèse le plus à cet instant, c’est l’incertitude. Je ne sais rien de ce qu’il va se passer, rien de l’heure ni de la destination. Alors, je suis là dans ma chambre, lisant sans cesse le même article de journal sur les mystères du Kremlin. Je tourne en rond, jetant un coup d’œil à la rue pourtant très calme, visitant les toilettes toutes les cinq minutes, me regardant dans la glace et me demandant à chaque fois : « Pourquoi ? Pourquoi as-tu fait cela ? »


Je connaissais Laurent depuis longtemps, il avait été mon amant et nous étions toujours de bons amis, mais tout de même… Et maintenant comment lui dire que je recule, que je renonce… À qui téléphoner ? Et cette furieuse envie d’y aller qui me prenait il y a encore quelques heures… À chaque pas dans l’escalier, mon cœur faisait un bond, mon sang battait mes tempes. Pourquoi est-ce qu’on s’était quitté avec Laurent ? Ah oui, cette histoire sordide… Des photos de moi distribuées à tous ses potes… Nue ? Non, habillée, mais avec du sperme autour de la bouche… On ne distinguait pas vraiment le foutre, mais évidemment, il avait retouché les photos pour qu’on ne voie plus que cela…


Je ne l’ai plus croisé pendant des mois. Et puis, un soir, on a recouché ensemble et on a rigolé de cette histoire un peu crade. Mais nous avons l’un et l’autre pris d’autres chemins. Moi, j’ai rencontré Pierre-André et lui a continué ses aventures. Et voilà que la semaine dernière, nous sommes invités à une soirée. On déconne, on fait des paris stupides. Et Laurent raconte avec délectation nos premières baises devant un Pierre-André fasciné et imaginatif. Nous rentrons à la maison et tout était déjà combiné ; il manquait juste ma signature. Oui, oui, il fallait que je signe, sinon, disait-il, rien ne se passerait. Qu’ai-je signé au juste ? Que j’abandonnais mon corps pour une nuit à la fantaisie de ces messieurs. Oui, quelque chose comme ça. J’avais encore des bulles de champagne plein la tête et j’ai signé dans un grand éclat de rire. Je les connais assez (parce qu’il y a aussi Johan dans le coup, c’est sûr, et Pedro) pour savoir que ce ne sera pas une simple partouze. Ils sont bien plus compliqués et tordus que cela.


Ah, Pedro ! Lui, alors… Une seule nuit avec lui, mais vraiment… Un fou, un lubrique taré. Il fallait que je pisse. C’était tout ce qui l’intéressait. Il disait « Fais-moi voir ton âme », et ça voulait dire « Urine, ma belle. » En même temps, tout était d’une étrange poésie, il jouait avec ma peur et il me baisait dans ma miction même. Les mots qu’il me disait à l’oreille étaient sales, mais avec une musique telle que j’en pleurais. Non, on ne peut pas avoir Pedro tous les soirs dans son lit, ça non. Mais une fois… Une seule fois… Il ne faut pas rater cela non plus…


Johan, c’est autre chose. Il est bi et tendre. En fait, je suis allée une fois chez lui pour lui rapporter des bouquins. Il m’ouvre en djellaba, on discute un peu, il me fait un café. Ou plutôt non. Il crie « Farid, il reste du café ? » et je vois arriver un grand garçon à poil avec deux tasses. Il n’y avait aucune gêne, aucun embarras. Pendant que je prenais mon café, Johan me regarde.



Devant mon effarement, il continue :



Comment refuser ? Il m’avait prêté des livres et surtout j’avais une énorme curiosité : comment ils font, les pédés ? Cela m’intriguait un peu, enfin plus qu’un peu. Sa djellaba est tombée à ses pieds et nous avons pris la direction de la chambre alors qu’une musique arabo-andalouse du XIIe siècle se faisait entendre. J’ai beaucoup appris comme spectatrice, et j’ai tellement été bouleversée que j’ai fini par participer. Pendant qu’il se faisait prendre par Farid, j’ai fait une pipe à Johan. Le sperme qu’il a laissé dans ma bouche fut immédiatement compensé par celui que Farid lui laissa dans les entrailles. Mais notre relation intime s’arrêta à cet épisode. On échange des livres et des revues, bien plus que des souvenirs érotiques.


Mais qu’est-ce ce qu’ils font ? Il est déjà onze heures. J’ai faim, j’ai soif, j’ai mal aux ovaires avec leurs combines. Je vais bouffer un sandwich en attendant. Quelle stratégie quand même ! Me faire poireauter comme ça… La tactique est un peu grosse, un peu éventée. Ils m’imaginent certainement toute mouillée rien qu’à guetter la porte d’entrée ? Mais c’est un peu le genre de Pierre-André. Il aime se faire attendre. Je me souviens que notre première nuit, il l’a repoussée pendant plusieurs jours. Il voulait à chaque fois un peu plus d’émotion, un peu plus de surprise, un peu plus de fébrilité.


Le premier soir, il m’a simplement versé du champagne entre les seins. Les bulles ont coulé, glacées et pétillantes, jusqu’aux grandes lèvres. Et je suis rentrée chez moi, comme ça.

Le deuxième soir, il m’a emmenée au restaurant, et au dessert il a sorti une pièce de monnaie. Il m’a dit « Pile, on fait l’amour ce soir. Face, ce sera pour une autre fois. Mais je ne peux pas prendre la responsabilité de jeter la pièce en l’air ; c’est toi qui vas le faire. » Évidemment, je suis tombée sur face…


Le lendemain, je me disais que cette fois-ci serait la bonne. Nous sommes allés chez moi. Nous avons bu un petit vin corse et il m’a demandé de me déshabiller. (Il m’avait déjà vue nue, car j’ai une copine, Agnès, qui a une piscine et nous y avons souvent pratiqué le naturisme. Il était venu une fois ou deux, toujours timide et réservé en apparence.) J’ai enlevé gentiment tout ce que j’avais sur moi. Il m’a mis un bandeau sur les yeux et il m’a demandé de compter jusqu’à cinquante, puis d’aller dans la cuisine. Il m’a tout de même caressé le haut de la cuisse d’un doigt inquisiteur. J’ai obtempéré. Une fois dans la cuisine, j’ai ôté le bandeau pour découvrir un simple mot sur la table « Je t’aime. À demain. » Je ne me masturbe pas souvent, mais ce soir-là j’avais la rage.

Enfin, le quatrième jour, nous avons dormi ensemble. Mais c’est seulement le matin qu’il m’a fait l’amour. Nous avons hurlé pendant une heure et les voisins ont tapé dans les murs à s’en éclater les phalanges.


Je n’arrive pas à les joindre au téléphone. C’est vraiment insensé. Il est bientôt trois heures du mat. Ah ! quand même, Pierre-André me rappelle. Il me demande si je suis épilée. Oui, je lui dis, tu sais bien, juste un petit rectangle. Il me demande de le raser complètement. Il m’assure qu’il arrive aussitôt. Je vais dans la salle de bain. Je fais couler un peu d’eau chaude. Je me glisse sous le robinet de la baignoire. C’est bon… Je sacrifie le dernier buisson de ma toison avec regret. Mais les hommes aiment que les femmes soient des bébés, ou que les bébés soient des femmes… Un peu de talc, un peu d’effluves parfumés à la lavande, un soupçon de caresse, car je ne tiens plus en place. Et je me prépare, je m’habille pour la quatrième ou cinquième fois de la soirée.


J’attends Godot. Il m’a déjà fait le coup, je me souviens maintenant. Il est persuadé que l’attente m’érotise. Alors, à l’hôtel, l’an dernier, me voilà sur le lit, nue, avec l’interdiction formelle de m’habiller quoiqu’il arrive, et lui qui s’en va sans prévenir. Au bout de quarante minutes au moins, je vais dans la salle de bain et quand je reviens dans la chambre, la femme de ménage fait le lit. Je lui dis « Je m’excuse. » Elle me répond « C’est moi, Madame, qui m’excuse. » Situation gênante au possible. Je me couvre rapidement d’une serviette de bain. Il revient, et alors que la pauvre fille est encore là, ne sachant plus où se mettre, il m’arrache la serviette et me dit que je mérite une fessée. Une fessée qu’il ne m’a d’ailleurs pas donnée, mais qui fit frémir la femme de ménage et moi-même. Ensuite, c’est vrai que le moment a été grandiose… Alors que je ressentais un premier orgasme, il me dit « Imagine, elle est là, elle tend les draps, redresse les oreillers ; elle ne peut détacher son regard de ton vagin engloutissant mon chibre… » Je suis rentrée dans son jeu, j’ai imaginé… Et un nouvel orgasme m’a submergée…


Bon, je leur donne encore une demi-heure – il est quasiment quatre heures – et je me couche. Je n’ai plus envie, maintenant. Il est trop tard. Le désir fond avec la fatigue qui m’envahit. Ils sont tellement tordus qu’ils n’ont pas dû se mettre d’accord sur un scénario, ou qu’ils ont imaginé des trucs tellement compliqués qu’ils ne s’en sortent pas. Je me déshabille à nouveau et je me mets au lit.


Le téléphone sonne enfin… C’est Pierre-André qui veut m’expliquer la situation, mais il s’embrouille. Laurent prend l’appareil :



Je vais pleurer ; je pisserai moins…