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Temps de lecture estimé : 28 mn
19/04/15
corrigé 09/06/21
Résumé:  Et si l'amour se trouvait au coin d'une rue ? Mais le chemin est encore long.
Critères:  fh hplusag autostop amour odeurs pied cunnilingu
Auteur : Antéros      Envoi mini-message
Lorsque l'amour s'échappe du rêve




Que la vie est bizarre… Poussé par l’amour, vous faites un choix que vous savez hasardeux, et vous en prenez pour trente ans où vous ne savez pas ce qu’est le bonheur, parce que cet amour n’est pas vraiment partagé ; en fait, parce qu’elle ne peut aimer qu’elle-même. Et le jour où elle le comprend, elle vous quitte pour un pervers et essaie de vous prendre vos gamins, le tout avec la complicité de sa psy.


Des psys, il y en a de très bien, mais pas que. Il y a aussi de véritables gourous sectaires, qui utilisent la manipulation comme une arme d’une puissance phénoménale. Je pensais que cela n’existait que dans les films de science-fiction. Eh bien non, cela existe aussi dans le monde réel ; croyez-moi, leur pouvoir est d’une puissance démoniaque. Aussi, si un psy vous parle de conflits sources de tous vos problèmes, de vos maladies et vous fait miroiter la guérison absolue, fuyez sur l’instant. Ce sont de vraies machines à vous reprogrammer le cerveau, même s’ils parlent, eux, de déprogrammation biologique. Inutile de vous faire un dessin : après cela, je n’étais pas beau à voir, et il me fallut deux bonnes années pour remonter la pente. Sans compter que sur ce terrain, notre belle justice se montre très frileuse pour vous protéger.


Or, durant cette longue période, il m’arrivait de fantasmer dans ces moments du matin où vous êtes entre deux eaux. Souvent revenait la même histoire. Je rentrais au volant de ma voiture et étais hélé par une femme au bord de la route, visiblement en détresse. Je m’arrêtais, bien évidemment ; de toute façon, je les prends toujours, et pas que les auto-stoppeuses. Parfois je la voyais accompagnée de son enfant, parfois seule. Affolée, elle se précipitait dans la voiture sans même me demander ma destination.


Comprenant que cette précipitation n’était pas normale, je démarrai puis cherchai à obtenir quelques explications. Vous l’aurez deviné, encore une histoire d‘amoureux qui se sont disputés. Cette situation me mettait de suite en position de soutien ; j’allais pouvoir apporter mon aide à quelqu’un, autrement dit, être dans mon élément. Oui j’ai un côté Bon Samaritain. Au vu de son état, je lui proposai donc de l’emmener chez un médecin pour faire constater les marques de violence. Puis, faute de trouver une solution pour la nuit, je l’invitai chez moi.


Nous passions la nuit à discuter, puis les jours suivants. Au final, nous nous découvrions une grande complicité, jusque dans des projets professionnels. Parfois épuisés par nos conversations, nous nous endormions l’un contre l’autre ; et les réveils étaient des moments magiques, d’une infinie tendresse – totalement platonique, certes – mais que j’attendais ardemment et secrètement. Toutefois avec ses 35 ans, j’accusais difficilement mes 52 et je ne pouvais envisager décemment d’entamer une relation avec elle, jusqu’au jour où tout basculait dans un doux et tendre baiser. Généralement, mon rêve s’arrêtait là, mais je n’en étais pas frustré pour autant. D’ailleurs, à l’époque, il n’était nullement question de femmes dans ma vie.


Et puis le temps aidant, je rencontrai une ancienne connaissance, croisée au hasard d‘une soirée. Je savais qu’elle m’avait dragué à une époque, et qu’avec elle ce ne serait jamais qu’un plan cul partagé. J’y vis une occasion de remettre le pied à l’étrier sans risquer de me brûler les ailes à nouveau. C’est ainsi que je redécouvris le plaisir de caresser la peau si douce d’une femme, de me délecter de son parfum qui vous embrume l‘esprit, de boire ce nectar à la source d’un abricot bien juteux, le plaisir de faire vibrer sa partenaire, de l’amener à la jouissance et, bien entendu, de succomber à la mienne aussi. Bref, je profitais pleinement de cette relation qui s’étira sur quelques mois. Mais il me manquait les sentiments, le partage : la vie de couple, tout simplement.


Un soir, en rentrant, alors que je traverse une petite ville située à 15 km de chez moi et que je suis dans mes pensées, je vois surgir à une intersection une femme tirant un gamin d’une bonne dizaine d’années qui, de sa main libre, me fait des signes. Un rapide coup d’œil dans le rétro et je stoppe la voiture. À peine arrêté que déjà la portière arrière s’ouvre et que mes deux passagers s’engouffrent, me disant d’un seul souffle :



Je démarre sans un mot ; tout le monde semble sonné. Eux qui sont hors d’haleine, et moi qui n’ai pas l’habitude d’une telle entrée en matière. Les auto-stoppeurs sont censés vous dire où ils vont, quoiqu’avec les filles, c’est plutôt « Vous allez où ? », ce qui m’indispose toujours, même si je comprends qu’elles ne veuillent pas m’accorder tout de suite leur confiance.


Bref, là, j’ai besoin de remettre de l’ordre dans mes pensées, et visiblement je ne suis pas le seul. Je profite de ce moment pour essayer de distinguer le visage de mes passagers. Ils sont serrés l’un contre l’autre, têtes baissées. Je ne peux donc distinguer que leurs deux tignasses ébouriffées. Que leur est-il arrivé ? Dans ces moments-là, j’ai l’imagination très fertile, et je vais même jusqu’à me demander si j’ai bien fait de les prendre. Eh bien oui, quoi ! Peut-être sont-ils en fuite avec les flics aux trousses ? Non, ça ne colle pas : visiblement, ils semblent avoir plutôt peur. C’est lorsque je vais me décider à leur demander où il me faut les déposer que ma passagère me dit :



Puis, après un temps de silence :



Puis relevant enfin la tête, et d’une voix plus assurée :



Et pour la première fois j’aperçois son visage dans le rétroviseur. Un visage tuméfié.



Un long silence s’ensuit, qu’il me faut rompre car les kilomètres s’enchaînent.



S’ensuit un échange banal de tergiversations, mais où elle finit par accepter ma proposition. Il était temps car il me fallait maintenant quitter la nationale pour rejoindre mon petit village à l’entrée duquel se trouve ma maison et où m’attend mon fils, ma fille étant chez sa mère cette semaine-là.


En sortant de la voiture, je m’aperçois de l’état pitoyable de cette femme : ses vêtements sont déchirés et tachés de sang. « C’est révoltant de se conduire ainsi avec une femme, même si avec certaines… Ce n’est pas dans mes principes, même si j’en connais une qui ne l’aurait pas volé… Stop ! C’est du passé, et tu es tourné vers l’avenir. » J’interromps donc là mes pensées revanchardes et conduis mes invités à l’étage où je retrouve, bien évidemment, le fiston affalé dans un fauteuil devant la TV, le PC sur les genoux et le téléphone dans les mains.


C’est en voulant faire les présentations avec mon fils Alan que je me rends compte que nous ne nous sommes pas présentés. Moi, c’est Pascal ; elle, c’est Corinne. Et son fils dont j’ai déjà entendu le nom, Jordan, a 12 ans, soit trois de moins que le mien et un de moins que ma fille Flavie.


Je sers vite fait un verre et demande à Alan d’emmener Jordan dans sa chambre afin que je puisse soigner les blessures de sa mère. Blessures que je prends soin de photographier auparavant, malgré ses réticences, car je sais qu’il me faut la convaincre d’aller voir le médecin et de porter plainte. Chose qui ne s’avère pas si facile que cela, mais je sais me montrer persuasif. Et après quelques mots d’explications, mon médecin accepte de la recevoir malgré l’heure tardive. Ces blessures n’engagent a priori pas d’inquiétude, mais le salaud n’y a pas été de main morte, et il vaut mieux un avis médical et un certificat. Nous partons donc chez le médecin, laissant les garçons à la maison.


Au retour, avec l’aide du médecin, j’arrive à la convaincre de passer chez les flics.


Lorsque nous rentrons, il est déjà bien tard et les enfants somnolent devant l’écran ; la question ne se pose même plus : ils resteront dormir ici pour cette nuit. Il ne me reste qu’à leur préparer deux chambres. Pour le repas, il y a le reste de pâtes que j’avais demandé à Alan de préparer lorsque nous étions à la gendarmerie.

Corinne, depuis qu’elle a vu le médecin, est nettement plus en confiance avec moi ; je dirais même qu’elle semble se laisser guider, comme si, avec le contrecoup de la soirée, elle était anéantie. Une bonne partie du repas se passe d’ailleurs dans le silence. Je la sens dans ses pensées et n’ose m’y immiscer. Puis, comme si les quelques maigres bouchées qu’elle a avalées lui ont redonné des forces, elle me dit :



De là, la conversation s’engage et nous nous racontons notre vie. Elle m’apprend ainsi que d’un mariage elle avait eu Jordan, mais qu’à peine l’enfant arrivé leur couple s’était disloqué. Résultat : elle s’était retrouvée seule pour élever son fils. Puis elle avait rencontré Norman, avec qui tout s’était bien passé jusqu’à ce qu’il perde son travail. Alors il avait pris l’habitude de boire, habitude qu’il avait gardée lorsqu’il avait retrouvé du travail. Depuis, sa consommation n’avait fait qu’empirer et il était devenu de plus en plus violent.


De son côté, elle venait de perdre son emploi – licenciement économique – mais, comme elle me l’avoue, elle n’a plus le feu sacré avec ses problèmes… Elle se fait du souci car, avec ses 36 ans, dans le secteur de la vente elle se sent vieille. Elle est également inquiète pour son fils qui n’a plus d’aussi bonnes notes à l’école et se renferme. Il est vrai que je n’ai guère entendu le son de sa voix.


De mon côté, je lui parle de mon divorce, de mes difficultés à retrouver un emploi, de mes enfants, de comment il se faisait qu’Alan ne voit plus sa mère après une période où c’était l’inverse, de mes hobbies.

Je sors une bouteille de whisky, histoire de nous requinquer ; et moi qui ai l’habitude de servir de petits verres – étant très raisonnable en matière d’alcool – je dois nous resservir à plusieurs reprises. Vers trois heures du matin, nous décidons qu’il est temps d’aller se coucher. Nous passons chacun embrasser notre enfant et je la conduis à sa chambre, où la conversation repart de plus belle. D’abord debout puis, fatigue oblige, assis sur le lit, puis pour la même raison à moitié allongés avant de finir totalement allongés et que le sommeil nous gagne.


Je me réveille un peu plus tard, transi de froid, du moins d’un côté car elle est venue se réchauffer tout contre moi. N’osant plus bouger de peur de la réveiller, mais aussi par flemme de monter rejoindre ma chambre et, soyons honnête, par confort aussi. Quoi ? Qu’y a-t-il de plus confortable que les bras d’une femme pour passer la nuit ? Je me contente donc d’attraper la couverture supplémentaire que j’avais disposée au fond du lit et ne tarde pas à regagner les bras de Morphée, le nez dans les cheveux de Corinne.


Le réveil est sonné avec les pas des enfants. Heureusement, nous sommes samedi et je n’ai pas à me soucier de réveiller le fiston, faute de quoi je pense qu’il aurait été porté pâle.

Corinne s’éveille en même temps que moi. Nous sommes collés l’un à l’autre, sa tête au creux de mon épaule, mon bras l’entourant.



Puis elle me fait à son tour une bise avant d’ajouter :



Je lui aurais bien refait une bise, mais je pressens qu’elle serait de trop. Aussi je me lève pour monter. Le petit déjeuner rapidement avalé, ses recherches vite enlisées, je lui propose donc de passer le week-end avec nous, ce qu’elle accepte sans trop se faire prier. La journée se passe à discuter et jouer avec les enfants.


C’est d’ailleurs marrant, mais plus le week-end avance et plus notre conversation est tournée vers l’avenir, mais aussi plus elle est ponctuée de rires que j’ai le bonheur de partager avec Alan. Oh, que cela fait du bien de l’entendre rire, et de rire aussi après tant d’années moroses ! Quant à Corinne, son rire résonne dans la maison comme les scintillements des cierges du Bengale que l’on accroche au bout des branches du sapin de Noël. Même Jordan, si silencieux au départ, retrouve la parole et le sourire ; il semble s’établir une véritable complicité avec Alan. Pour moi, ma maison est enfin la maison du bonheur. Comme j’aimerais que ma Flavie soit là, elle aussi…


Notre conversation du dimanche est pratiquement entièrement axée sur nos projets professionnels. Elle foisonne d’idées, à vrai dire ; elle semble être une source intarissable d’idées. Elle m’avoue même qu’elle ne se reconnaît pas, qu’elle a la sensation d’être enfin libre, de se redécouvrir, que l‘horizon lui donne l’impression de s’être enfin dégagé.

Pour moi qui tergiversais sur la voie à choisir, il s’avère qu’un de mes vieux projets s’imbrique étonnement bien dans les siens.


Dans l’après-midi, une idée germe en moi : avec toute la place que j’ai au rez-de-chaussée, pourquoi ne pas lui proposer d’unir nos forces et nos moyens ? Je le lui propose donc. Elle accepte instantanément l’idée en sautant de joie et en disant que c’est le destin qui nous a réunis, qu’il faut savoir le reconnaître. Et c’est comme des gamins que nous nous mettons à mesurer les pièces, à faire des plans, à évaluer le coût des travaux, sans voir passer l’heure. Alan et Jordan nous surprennent même en nous annonçant que le repas est prêt. Les deux garçons nous ont préparé un véritable festin : salade de tomates, gratin, côtes de porc, et même une crème au chocolat pour le dessert, spécialité de Jordan. C’est donc un repas des plus animés et des plus joyeux.


Mais dès la cuisine rangée et les enfants au lit, nous redescendons continuer d’élaborer nos plans ; je vais même jusqu’à lui proposer une colocation, là encore un de mes projets. Elle pourra prendre le petit appartement du bas où je l’ai installée, et son fils pourra partager la chambre d’Alan, au moins le temps de lui aménager la dernière pièce de libre. Nous partagerons la cuisine mais elle pourra prendre ses repas avec Jordan chez elle si elle le souhaite. Quant au loyer, je l’adapterai à ses revenus. Nous sommes l’un comme l’autre sur un petit nuage ; finie, cette purée de pois dans laquelle nous nous trouvions encore deux jours plus tôt : ensemble, nous allons la vaincre. Nous travaillons tard, et le froid qui nous a obligés à nous réfugier sous la couette nous a rapprochés un peu plus. Et, une fois de plus, nous nous endormons dans un même lit.


Au petit matin, nous sommes encore une fois enlacés, sa tête au creux de mon épaule et mon bras droit la serrant contre moi. J’ai toutes les peines du monde à trouver la volonté de m’extirper du lit pour aller préparer le déjeuner d’Alan.

C’est une expérience nouvelle pour moi que de passer la nuit dans les bras d’une femme, et ce de façon totalement platonique, sans même la voir comme une amante potentielle ; à dire vrai, je ne l’ai même pas regardée. Peut-être que son visage tuméfié ne la rend pas particulièrement attirante, mais je ne crois pas que ce soit cela ; je la regarde plutôt comme une petite sœur que je me dois de protéger, et ce que nous partageons là dépasse le rapport homme-femme. Seuls ces petits instants au réveil peuvent les rappeler, et encore.


Corinne s’installe donc, et la maison reprend vie. Le week-end suivant, Flavie fait son entrée dans ce nouveau groupe déjà très soudé ; elle doit y trouver sa place, mais je comprends que l’affaire est gagnée lorsque je réentends ses rires : je la retrouve, et sais qu’elle se sentira bien dans cette nouvelle vie.

Les semaines passent, fatigantes mais haletantes, notre projet prend forme, les transformations de la maison avancent.


Parfois il nous arrive de dormir ensemble accidentellement, et puis, un soir, c’est Corinne elle-même qui me le demande ; la journée a été dure, et nous avons besoin de réconfort. Pour la première fois nous dormons ensemble sans nos habits. Elle en chemise de nuit, moi en slip, et c’est tout naturellement qu’elle vient se lover contre moi, posant sa tête au creux de mon épaule et sa main sur ma poitrine. Lorsque nous nous souhaitons bonne nuit, son baiser est d’une infinie tendresse et le mien beaucoup plus proche de ses lèvres qu’habituellement. Je sens son corps contre le mien ; sa jambe s’est enroulée autour de la mienne, si bien que son corps épouse le mien. Si son sein gauche s’écrase contre mon flanc, son sein droit, lui, me donne la sensation d’une caresse à chacune de ses respirations.


Mon esprit ne peut s’empêcher de scanner chaque millimètre carré de nos points de contact : ses cheveux de soie qui me caressent le visage, son souffle sur ma poitrine qui bute sur sa main posée là comme par inadvertance mais qui m’apporte au plus profond de moi une si douce chaleur. Ses seins, son ventre dont la respiration est comme une douce caresse, son bas-ventre qu’elle appuie sur moi comme si elle avait cherché à épouser mon corps. Je peux même sentir son pubis qui a trouvé refuge au bas de ma hanche, là où le bourrelet des cuisses le rend plus confortable.

Lorsqu’enfin le tissu de sa chemise de nuit ne fait plus rempart, je peux sentir l’infinie douceur de la peau de ses cuisses. D’un coup, je réalise que ma main caresse imperceptiblement son bras, explorant là aussi la douceur de sa peau ; je la laisse faire, le plaisir en étant trop grand. Et puis mon attention est attirée par une autre sensation encore plus forte, voire douloureuse : celle de ma verge en érection. Mon Dieu, je bande comme un âne ! J’ai honte et espère qu’elle ne s’en aperçoit pas. Je culpabilise. Comment puis-je avoir une telle pulsion pour cette femme qui pourrait pratiquement être ma fille ? Mon esprit est dans une telle ébullition… À certains moments, je me sens comme au bord de la panique, prêt à m’enfuir ou à lui sauter dessus. Est-ce pour cela, comme pour me raccrocher à elle, que ma main gauche est venue prendre la sienne posée sur ma poitrine ?


Je ne sais si Corinne dort ou pas ; toujours est-il que son pouce esquisse une caresse et que son corps se blottit encore plus contre moi comme pour me dire « Oui, on est bien ainsi, enlacés l’un l’autre. » Oui, à ce moment j’aimerais lui faire l’amour ; mais ce n’est pas le moment, je le sais. S’il doit se passer quelque chose entre nous, ce ne devra pas être sous la poussée d’un désir sexuel. Et puis cet instant vaut tout l’or du monde. Le sommeil tarde à venir, mais je retrouve la paix et la maîtrise de mes émotions. Et puis je peux profiter pleinement de cet instant, de l’abandon de cette femme qui m’accorde sa confiance. Je ne sais pas ce qu’elle ressent, mais je ne veux pas qu’elle puisse imaginer que je puisse trahir sa confiance.


Au petit matin, lorsqu’elle me demande si j’ai bien dormi, je lui avoue avec un petit sourire que le sommeil a tardé à venir, mais que je suis bien, que c’est bon de passer la nuit dans ses bras. Elle me dit combien elle a apprécié elle aussi.

Cette nuit et ma retenue, combien c’est important pour elle de pouvoir réapprendre à faire confiance à un homme. Puis elle se love tendrement contre moi et vient me faire un tendre bisou juste à la commissure des lèvres. Quel instant de bonheur ! Lorsque je me tourne vers elle pour lui rendre son baiser, je ne peux m’empêcher de prendre le temps de la regarder. Comme elle est belle dans la lueur du petit matin ! Mon baiser n’en est que d’autant plus tendre. Mais après, comme pour nous remettre les pieds sur terre, je lui rappelle combien un homme est fragile à cette heure de la journée, qu’il vaut mieux que nous nous levions. Elle éclate de rire et vient me faire un bisou qu’elle détourne au dernier moment pour venir le planter sur le bout de mon nez. Puis elle me dit qu’il n’y a pas que chez les hommes, et nous nous levons, moi avec une gaule qu’il ne me servirait à rien de dissimuler.


Nos conversations très libres et, je crois, très honnêtes sur notre passé et même sur notre sexualité m’ont permis de comprendre combien il est important pour elle de prendre le temps de se reconstruire, et je comprends d’autant mieux que je suis moi aussi passé par là, même si les violences par lesquelles nous sommes passés ne sont pas du même type.


Le temps passe ainsi, renforçant nos liens. Puis Corinne doit s’absenter deux jours pour visiter des fournisseurs. Son absence me fait prendre conscience de son importance dans ma vie et combien j’y suis attaché. Lorsqu’elle revient, je ne la regarde plus avec les mêmes yeux mais avec ceux de l’amour, et il me semble que son regard a lui aussi changé. D’ailleurs Alan, puis quelques jours plus tard Flavie, m’en font la réflexion avec un petit « Il y a de l’amour dans l’air…», et Flavie «Toi, t’es amoureux, je le sais. »


Tout se déclenche un matin, alors que je reviens du courrier. Ce n’est peut-être pas très romantique, mais ne dit-on pas qu’un bonheur n’arrive jamais seul ? Je lui donne ses enveloppes qu’elle ouvre, puis c’est l’explosion :



Et elle se jette dans mes bras et m’embrasse à pleine bouche. Je la serre dans mes bras, la soulève et la fais tournoyer, puis la dépose et la regarde droit dans les yeux comme pour lui dire « Tu m’autorises à t’aimer ? » et je lui prends la tête entre mes mains, approche mes lèvres des siennes et l’embrasse avec toute la tendresse qu’il m’est possible de lui transmettre. Nos lèvres s’entrouvrent et nos langues font connaissance tout en douceur et en sensualité, puis de façon plus sauvage, libérant un désir si longtemps retenu. Lorsque nos lèvres se séparent, que nos visages s’éloignent nos yeux plantés dans nos yeux, mon Dieu qu’elle est belle ! Que le bleu de ses yeux est profond ! Sans même réfléchir, je lui dis :



Son regard à cet instant, vous devriez le voir : c’est celui de l’Amour ; il vaut bien tous les efforts que j’ai dû faire pour maîtriser mes bas instincts. À dire vrai, jamais une femme ne m’a regardé avec ces yeux-là.



Que ces mots sont doux à mes oreilles ! Nos bouches s’unissent à nouveau pour un long baiser au cours duquel nos mains partent à la découverte de l’autre. Nous sommes ivres ; tout s’affole dans ma tête, mais je veux profiter pleinement de ce moment, alors je concentre mon attention sur ses lèvres. Qu’elles sont douces… Et sa langue qui s’enroule autour de la mienne avec une sensualité à vous en donner la chair de poule ! Mais maintenant, j’en veux plus et lui propose donc :



Entre-temps nous arrivons dans ma chambre et je décide d’interrompre ces blablatages et l’embrasse. Nos mains partent à nouveau à la découverte du corps de l’autre, mais lorsqu’elle veut commencer à déboutonner son chemisier je l’arrête :



Et je l’allonge délicatement sur le lit. Elle me sourit. Je prends un instant pour la regarder. Je la sais belle ; mais là, avec ses yeux brillants de désir, ses longs cheveux soyeux encadrant son visage gracile dans la lumière du matin et peut-être mes yeux humides d’émotion, elle me fait penser à une muse de David Hamilton. Mais je suis curieux, et surtout impatient. Je commence donc à déboutonner son chemisier, bouton par bouton, dévoilant petit à petit une poitrine bien ronde enveloppée dans une fine dentelle qui, tout en transparence, laisse deviner tout en les sublimant ses deux magnifiques rondeurs. S’ensuit la découverte de son ventre soyeux ; je fais alors une pause, le temps de venir déposer un chapelet de petits bisous de son épaule jusqu’à son nombril où je découvre, brillant de mille feux, un joli bijou qui, s’il magnifie son ventre plat, dévoile un petit côté coquin de la belle qui n’est pas pour me déplaire.


Encore plus émoustillé s’il se peut, je continue mon exploration. Quelle peau douce au parfum délicat… Je commence déjà à sentir l’effet des phéromones ; un régal ! Je ne sais pas pour vous, mais ces délicates odeurs corporelles déclenchent en moi comme un effet Perrier, oui c’est cela, comme si une bouteille de Perrier se déversait en moi avec ses milliers de bulles qui se répandent dans tout mon corps. C’est génial ; moi j’adore, et là…


N’y tenant plus, j’entreprends alors d’ouvrir son jeans. Je découvre alors un tanga assorti à son soutien-gorge, qui souligne des hanches fines. Il laisse apercevoir une toison bien taillée, puis de longues jambes fines mais bien musclées, ce qui leur donne un magnifique galbe. Je profite de descendre ce pantalon pour caresser ses jambes au soyeux tel qu’il me provoque des frissons sur tout le corps. Combien de fois avais-je dû me faire violence pour résister à l’appel de cette peau, moi qui aime tant caresser une femme ? Là, enfin je peux : j’en ai le droit, et peut-être même le devoir, car cette caresse ne semble pas la laisser indifférente. Toujours est-il que sa respiration se fait plus profonde, et ses mouvements plus lascifs. Enfin j’arrive aux pieds. Là encore, j’y dépose – du haut de la cheville jusqu’à ses petits orteils – un nouveau chapelet de baisers qui lui déclenchent de petits frissons. Ils sont beaux, et elle semble réceptive à mes caresses ; je sais donc déjà que je reviendrai souvent les lui cajoler.


Je prends à nouveau du temps pour la regarder, toute entière cette fois. Elle me sourit, et je vois que ses yeux me cherchent ; et, comme un aimant, mon regard reste accroché au sien. Elle m’attire alors à elle jusqu’à unir nos lèvres. « Oh, Corinne, que tu embrasses divinement bien… Ce sont mille frissons qui me parcourent lorsque ta langue s’enroule, avec tendresse, autour de la mienne. Quant à mes mains, elles ne savent plus où aller : elles veulent te caresser tout entière, explorer chaque recoin de ton corps. »

Puis je la fais s’asseoir afin de lui retirer son chemisier et son soutien-gorge, faisant doucement apparaître cette poitrine ferme, décorée de deux tétons qui pointent fièrement. Visiblement, sa poitrine est extrêmement sensible car mes caresses déclenchent instantanément des râles de plaisir. Quant à ses arrogants tétons, ils attirent inexorablement mes lèvres qui s’empressent de les embrasser, de les sucer, de les aspirer ; de les dévorer, à dire vrai. Le plaisir que je lui apporte l’a amenée, me semble-t-il, aux portes de la jouissance ; mais elle n’est pas la seule. Je descends donc en direction de son puits d’amour, qu’il me reste à découvrir.


Je fais glisser sa dentelle le long de ses cuisses jusqu’à ses pieds que je ne peux m’empêche d’embrasser à nouveau. Puis je prends ses pieds, les fais glisser en une caresse sur mon visage et les amène sur mes épaules, prolongeant cette caresse le long de ses jambes d’une douceur exquise. C’est au tour de mes mains de profiter du soyeux de sa peau dans une caresse que je souhaite la plus douce et la plus lente possible. Avec la même lenteur, je m’avance, lui déposant mille baisers sur l’intérieur des jambes. Petit à petit, ses cuisses – qu’elle avait gardées serrées – s‘ouvrent, me laissant découvrir son trésor. Comme j’avais pu l’apercevoir, une délicate toison coupée court forme un V sur son pubis, mais le reste est épilé, laissant cette peau si soyeuse à nu. J’adore ! Mais ça, elle le sait déjà : j’en conclus qu’il s‘agit là d‘un cadeau qui m’est destiné.


Plus j’ouvre le compas de ses cuisses relevées, plus m’apparaissent ses lèvres intimes, longues et finement ourlées, qu’elle semble avoir passées au gloss. Elles sont surmontées d’un joli petit clito qui pointe déjà le bout de son nez ; je sens qu’il n’attend que d’être cajolé, mais il doit être patient. J’ouvre encore, écartant ainsi ses lèvres qui laissent s’écouler le fruit de son désir. Ce nectar qu’elle ne peut plus retenir commence à embaumer mes narines. Ma respiration se fait plus profonde afin de ne perdre aucune fragrance de ce parfum si précieux.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que son corps exprime son désir, ce qui pour moi est un merveilleux cadeau. Je n’aurais pas à jouer au chat et à la souris, ce qui en amour est lassant. Avec elle, toute notre relation semble scellée du sceau de la franchise. Nos corps expriment nos sentiments et notre désir ; c’est une sensation absolument magnifique.


Ainsi impudiquement offert à mon regard, son corps réclame l’amour à cor et à cri. Je la regarde à nouveau, et si jusque là nous nous sommes tus, elle rompt ce long silence pour me demander :



Elle m’attire alors à elle et m’embrasse dans un long soupir avant de m’enlever ma chemise, puis de m’ôter mon pantalon.



Lorsqu’elle sort sa langue, la pointant tout au sommet de mon gland à peine découvert, je reçois comme une décharge. C’est délicieux ! Elle est délicieuse !



Pour toute réponse, elle me pousse sur le lit, vient se mettre à califourchon sur moi et replonge sa tête entre mes cuisses, se caressant le visage avec ma verge tout en me la couvrant de baisers et de petits coups de langue. Puis elle me la gobe jusqu’au plus profond de sa gorge, nous procurant des sensations divines. J’entends ses longues et profondes respirations, comme si elle me humait elle aussi. Car de mon côté, mes narines elles aussi sont à la fête : je hume, je goûte, à moins que je ne m’y abreuve. J’ai l’impression de me shooter au nectar intime de ma Corinne. Elle me rend fou !


Je lui caresse ses deux magnifiques rondeurs, les lui écartant pour permettre à ma langue de mieux l’explorer, lui titiller son petit bourgeon tout tendu, à mes lèvres de mieux aspirer ses petites dentelles, de venir du bout de ma langue les séparer pour atteindre la source et ainsi mieux m’en délecter. Elle semble apprécier, vu la biguine qu’elle me danse sur le visage depuis de longues minutes. Je me rends compte qu’à ce rythme je ne vais plus tenir longtemps ; tous mes sens semblent exclusivement dédiés au plaisir.


Je n’en peux plus et je n’ai aucune envie d’arriver au bout de mon plaisir tout de suite. Alors, après un dernier assaut de ma langue, je me libère et viens l’embrasser. Nous nous dévorons littéralement. Ce désir de l’autre, il est évident qu’il était refoulé depuis longtemps. Aussi, aujourd’hui nous devons compenser, et toutes nos sensations semblent décuplées. Je suis pleinement conscient de ce fait, du côté unique de cet instant dont il me faut profiter et graver en moi chacune des sensations.


Il ne reste plus que l’ultime découverte, celle que nous attendions mais n’osions pas. J’ai bien un paquet de capotes dans la table de nuit, mais je n’ai pas envie de gâcher cet instant : j’aime trop le contact des peaux, l’échange d‘énergie qui te donne la sensation de circuler pour partager la même sensation et t’emporter. Alors pourquoi mettre un isolant de latex ? Et puis, je le sais, nous avons tous les deux des tests cleans. Alors, pour le reste, je lui fais confiance : elle saura me dire non s’il y a un problème.


Je me relève alors pour venir m’agenouiller entre ses cuisses et présenter mon gland entre ses lèvres détrempées. Les yeux dans les yeux, j’avance mon gland jusqu’à l’orée de ses lèvres. Je la sens se tendre ; ses mains posées sur ses seins se crispent et sa bouche s’ouvre pour une longue inspiration, sans me perdre du regard. Quelle sensualité se dégage d’elle en cet instant ! C’est le feu vert que j’attends ; je commence par faire aller mon gland entre ses lèvres trempées, le faisant coulisser jusqu‘à son clitoris, puis je redescends et m’attarde parfois vers l’entrée mais repars, nous laissant sur notre faim. Quel plaisir que cette caresse faite d’espoir, celui d’entrer en possession du nirvâna, puis d’une déception au plaisir si intense ! C’est un geste tout simple mais qui permet de profiter de cet instant si particulier où le corps, tout à son impatience, donne à chaque caresse les sensations les plus exquises. Et puis, il est pour moi, comme une formule de politesse : « Bonjour, Madame ; comment allez-vous ? Ça fleure bon chez vous, vous permettez que j’entre ? » Généralement, ce petit jeu s’arrête de lui-même, la dame ouvrant tout grand sa porte pour vous accueillir en elle.


La porte de Corinne s’ouvre toute grande, d’un seul coup, et ma verge est presque aspirée, tout comme la grande bolée d’air qui venait de s’engouffrer dans sa poitrine. Je dois retenir mon élan, voulant profiter de cette première visite pour la découvrir et nous éprouver dans nos moindres sensations. J’avance donc millimètre par millimètre, m’arrêtant parfois, et même reculant pour profiter une deuxième fois d’une sensation particulièrement forte au passage d’un renflement. Quand enfin nous sommes soudés, je m’allonge sur elle pour joindre nos lèvres et laisser nos langues partager, elles aussi, une pénétration empreinte d’une saveur toute particulière, celle du désir de l’être aimé.


Nos bassins, eux, ne répondent plus qu’à notre soif de plaisir, comme si le temps de ce baiser notre plaisir a pris le contrôle de nos corps. Mais cette position ne me convient pas totalement : j’ai besoin de la toucher, mes mains ont besoin de la caresser comme les siennes le font sans relâche depuis que nous nous sommes unis. Je bascule sur le côté, l’entraînant avec moi afin que nos corps restent soudés. Mes mains sont alors libres de parcourir son dos, de caresser ses seins, de prendre son visage comme pour mieux ne faire qu’un avec elle.

Nous ne parlons pas, mais nos yeux en disent long sur nos sentiments à cet instant ; encore une fois j’ai l’impression d’y lire « Je t’aime… » Quel bonheur ! J’espère qu’elle aussi peut le lire dans les miens.


Nos souffles s’accélèrent, des gémissements s’échappent de nos bouches soudées, le plaisir nous submerge, nous sommes à l’unisson. Alors inutile de contrarier cette montée du plaisir, je n’en ai de toutes les façons pas la volonté. J’accélère pour un dernier galop qui nous emmène à un état d’extase où le temps semble s’arrêter, ou du moins s’être mis en mode ralenti. Les salves de sperme me donnent l’impression de partir avec force, mais avec une infinie lenteur, et de venir frapper son utérus avec une force telle qu’elle lui en arrache des cris. Puis son vagin se contracte pour me provoquer une nouvelle salve de plaisir ou de sperme, ou je ne sais… Je suis dans un autre monde.


Lorsque je reprends mes esprits, nos souffles se sont apaisés, nos yeux semblent ne pas s’être désunis, et Corinne semble toujours sur son petit nuage. Qu’elle est belle ! Je l’aime, et je sais à cet instant que ce ne sera pas une aventure d’un soir mais qu’elle nous amènera loin, très loin, et je n’en ai pas peur ; je suis même confiant, c’est inespéré !

J’en suis là de mes réflexions lorsque j’entends un :



À ces mots, mes yeux s’emplissent de larmes : je suis enfin aimé de l‘être aimé, et quelle plus belle déclaration d’amour que celle-là ? Oui, nous formons une véritable famille à nous cinq.


Que la vie est belle avec autant d’amour !