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Temps de lecture estimé : 16 mn
19/04/15
Résumé:  Un don de vie et une réflexion sur ce qui peut nous conduire à le faire. Une tentative de mieux connaître ce qu'il y a au plus profond de nous.
Critères:  ffh enceinte hotel fsoumise pénétratio init confession
Auteur : Julien Mar            Envoi mini-message
Le don

J’ai des nouvelles d’eux parfois, rarement ; nous préférons rester chacun de notre côté. Elles, les deux bouts d’choux et moi. Je ne voulais pas être présent dans leur vie : c’était le contrat que nous avions convenu dès le départ. Elles ne voulaient pas non plus avoir de contacts avec moi, mais elles savent me retrouver en cas de besoin, s’il y avait un problème. Une adresse mail, un pseudo sur un forum. On se retrouverait s’il le fallait.


Le garçon a trois ans, la fille un an. Ils vont bien ; je le sais car je n’ai pas de nouvelles d’eux. C’est en partie grâce à moi qu’ils sont nés. En partie : je n’ai pas tout fait. Je ne participe pas à leur éducation, je ne suis pas présent durant la nuit quand ils pleurent, je ne les emmène pas chez le pédiatre, je ne prépare pas de biberons.


Génétiquement oui, je pourrais dire que je suis leur père. Un juge pourrait en décider ainsi également. Me conduire à payer une pension alimentaire, à prendre en charge une partie de leur éducation. Mais je ne suis pas leur père. Et elles le savent également, que je ne suis pas le père de ces enfants.

Qui suis-je alors?


J’ai cherché comment me définir. J’ai trouvé un mot qui me convient : géniteur. Un mot froid, scientifique, qui me rappelle un couloir d’hôpital. Longs couloirs froids, blouses blanches et éprouvettes. C’est pourtant le meilleur que j’ai trouvé. Papa, c’est un mot qui sent bon les sentiments, la proximité, la chaleur de la maison. Celui qui vient rassurer l’enfant que vous êtes quand l’orage gronde et que vous avez peur dans votre lit, qui vous raconte une histoire avant d’aller vous coucher, qui lit votre bulletin trimestriel.


Je ne serai pas là pour tout ça. Ni salaud, ni désespéré : nous le voulions ainsi, et je ne regrette pas mon geste. Avec ces deux jeunes femmes, nous en avons convenu ainsi. Je les aidais à devenir mamans, et je restais ensuite à distance de la famille qu’elles fondaient ainsi. Géniteur de deux enfants, je laisse leurs parents s’occuper d’eux : deux femmes qui s’aiment et qui voulaient concrétiser leur amour par la venue au monde d’enfants. Je suis intervenu dans leur vie pour qu’elles puissent réaliser leur vœu. Et aussi discrètement, je m’en suis éloigné.


Je ne vais pas vous parler de sexe, ou si peu… Il n’y aura pas de vulgarité, pas de performances ou d’exploits sexuels non plus. Plutôt une rencontre, une forte amitié, de celles qui se développent rapidement et qui atteignent une profondeur comme rarement une amitié le peut. Une amitié extraordinaire, avec des liens peu communs : ceux qui me lient à ces femmes.

Je vais vous parler de tendresse, de générosité, d’amour, de fantasmes enfouis au plus profond de nous, de la magie de la conception. Certains seront peut-être étonnés, découvriront quelque chose qu’ils n’imaginaient pas pouvoir exister. Je ne connaissais rien non plus de cela avant de lire quelques forums sur le sujet.


Nous avons beaucoup discuté de couples homosexuels, ces derniers temps. Le débat autour du mariage pour les couples de même sexe, la question de l’adoption, de la procréation médicalement assistée… Des lesbiennes vivent en couple avec des enfants. Ces enfants proviennent d’une ancienne vie de couple avec un homme ; pour celles qui en ont les moyens, d’une insémination artificielle en Belgique. Et sinon de la générosité d’un donneur, qui viendra féconder un ventre pour qu’elles puissent réaliser leur rêve d’enfant.

C’est parfois un ami qui jouera ce rôle. Un homosexuel de leur connaissance ; ils décideront – pourquoi pas ? – de créer une coparentalité. Comme un couple divorcé. Une fois chez papa, une fois chez maman. La différence, c’est que papa et maman s’entendent bien.

Et puis il y aura le donneur qui sera là pour assurer la grossesse, et qui disparaîtra plus ou moins de leur vie une fois que la famille sera fondée. C’est ce que je voudrais vous raconter. Une formidable histoire humaine, une rencontre forte en sentiments, en émotions.



***



Je ne sais plus trop quelle curiosité m’avait conduit à lire ce forum. On y parlait de ces couples lesbiens qui souhaitaient fonder une famille, de don de sperme. En lisant ce sujet, j’avais l’image de messieurs dans une salle d’attente qui allaient ensuite dans une petite cabine faire un don dans un pot (quelques revues coquines cachées sous un coussin, au cas où le donneur aurait besoin d’un peu d’aide) pour le remettre à une infirmière qui notait scrupuleusement des informations avant de déposer la précieuse semence dans une sorte de glacière.

Paraît-il que les donneurs de sperme dans les hôpitaux sont souvent de vieux messieurs. Sans doute que l’échéance ultime les pousse à perpétuer leurs gènes, à défier la mort en transmettant leur patrimoine à une femme qui donnera la vie.


C’était l’image que j’en avais, et je découvrais alors qu’Internet offrait d’autres possibilités pour les couples en mal d’enfants. Plutôt que de passer par le cadre hospitalier, avec tous les critères qu’il fallait remplir pour avoir l’autorisation de recevoir une semence fertile, ces femmes cherchaient le donneur sur Internet. On appelait ça "insémination artisanale", ou "insémination naturelle" quand il y avait rapport sexuel. De mes 26 ans, je découvrais ces termes, et j’étais loin de me rendre compte que je commençais ainsi une aventure humaine riche et qui n’allait pas me laisser indemne.


Le hasard m’a fait discuter sur le forum, puis par messages privés avec Mélissa et Aurélie. Des échanges anodins, et puis un message pour me demander mes motivations, ce que je faisais par ici. Nous avons beaucoup discuté ; des messages tous les 2-3 jours, et puis quotidiens.

Le matin, je partais travailler en lisant dans les transports en commun les messages qu’elles m’avaient envoyés la veille au soir.


Nous parlions de tout. De leur couple, de ma vie, de l’actualité, de recettes de cuisine, du vin de Bourgogne que j’aime, du hand-ball que Mélissa pratiquait trois fois par semaine. Une amitié naissait, et je trouvais tout ça amusant. J’étais étudiant à M. ; elles habitaient L..


Mélissa terminait sa formation d’assistante médicale, Aurélie travaillait dans un hôtel. Ça sentait la joie de vivre, l’insouciance de la jeunesse, deux jeunes femmes de 23 ans, en couple depuis quatre ans et qui paraissaient si positives dans ce que la vie pouvait leur apporter.


Elles étaient craquantes ; j’aimais bien leur écrire, me livrer, parler de choses intimes, de ma vie privée. Nous sommes devenus amis sans nous voir, d’une amitié qui était aussi forte qu’elle était rapide. Un jour, elles m’ont demandé si je ne voulais pas être leur donneur. Celui qui apporterait la semence nécessaire à la vie qu’Aurélie voulait donner. Mélissa ne se sentait pas encore capable de porter un enfant. C’était il y a presque quatre ans de cela.


Je ne vais pas vous expliquer dans les détails tout ce que cette proposition a remué en moi, le vertige qui m’a saisi devant cette proposition qui me paraissait étonnante, surprenante, effrayante. Féconder un ventre, pour quelles conséquences ! Être responsable de l’existence d’un petit être, devoir assumer d’éventuelles demandes de ce couple, vivre le restant de sa vie en sachant qu’un enfant quelque part a hérité de votre patrimoine génétique et pourrait bien un jour débarquer dans votre vie en vous appelant "papa".


Tout ça ne me paraissait pas raisonnable, vertigineux, dangereux. Il aura fallu des mois de discussions pour mûrir ce projet. Qu’elles me fassent comprendre que je serais seulement le géniteur apportant son sperme pour qu’elles puissent fonder cette famille tant attendue. Elles ne me demanderaient rien de plus, si ce n’est parfois quelques nouvelles dans les moments importants que l’enfant allait connaître. Aucune demande financière, aucune participation à son éducation. Un don de sperme, fruit d’une amitié, un don de vie pour un couple plein d’amour.


Mes études me conduisaient au doctorat ; inutile de vous dire que j’ai accumulé les lectures sur le sujet pour mieux comprendre dans quelle aventure je me lançais. Le désir d’enfant, la mystique de la conception, enfanter pour poursuivre ce mince fil qu’est la vie à travers un autre, à la fois partie de vous mais différent.

Je fantasmais beaucoup sur le sperme. Adolescent, j’aimais bien voir sortir ces jets blancs et chauds, sur mon ventre ou dans un mouchoir. Plus tard, j’aimais beaucoup jouir sur le corps de mes partenaires. Sur le visage, sur les seins ou sur leur croupe après une levrette.


L’éjaculation avait valeur magique, semence de vie, symbole du plaisir masculin. C’est cette rencontre avec Aurélie et Mélissa qui a donné encore plus d’importance au sperme dans ma vie. Je comprenais que ma semence avait cet incroyable pouvoir de donner la vie en rencontrant un ovule. Bien sûr, je n’ignorais pas le processus de reproduction humaine (qu’allez-vous croire !), mais pour la première fois j’étais confronté à cette prise de conscience. Le vertige de pouvoir donner la vie.


Je me suis posé beaucoup de questions. Des tonnes de questions. Cette expérience a été l’occasion de mieux me connaître, car je ne suis pas sorti indemne de pareille aventure. Et si dans quelques années ces femmes revenaient me voir pour me demander de l’argent car elles sont en détresse financière? Pourrais-je les laisser tomber? Comment ferais-je dans la vie que j’aurai à ce moment?

A l’inverse, il y avait toujours la possibilité pour moi de demander un droit de visite, ce qu’elles redoutaient. Serais-je capable d’être le géniteur d’un enfant et de ne pas vouloir le voir, de faire comme s’il n’existait pas? Je m’imaginais le rencontrer quand il serait adolescent. La gêne mutuelle, et puis peut-être un jeune qui viendrait me reprocher ce qu’il a enduré à l’école en tant que fils de gouines, me dire que j’aurais mieux fait de ne pas aider ce couple, qu’il n’est pas heureux avec elles.

Comprendrait-il que je suis son géniteur et non son père?


Ces questions, je les ai tournées cent fois dans ma tête. J’avais pleinement conscience de la portée de mon geste, et c’est ce qui me faisait peur et m’attirait en même temps. N’y a-t-il rien de plus fabuleux, mystérieux et vertigineux à la fois que la procréation? J’étais saisi d’un vertige, mais aussi d’un sentiment de toute-puissance.

J’étais dans la situation facile de l’homme qui engrosse des femmes, qui jouit dans un vagin sans prendre la responsabilité de ses actes. N’avons-nous pas, nous les hommes, tous un peu cette fascination pour le sperme et ses vertus magiques que nous lui donnons, comme si l’éjaculation était un cadeau fait à la femme ? Cette pulsion de vie, ce besoin de nous reproduire sont inscrits au plus profond de nous, depuis l’époque très reculée où l’espèce humaine devait lutter pour se maintenir sur terre au milieu des éléments hostiles.


J’avais touché là un fantasme puissant. C’était grisant de savoir que j’avais de l’importance pour elles car j’étais porteur de cette semence tant attendue. Elles ne désiraient qu’une chose : que j’honore Aurélie de ma jouissance. Comme un étalon qu’on approche de la jument pour la saillie.

Et le bas-ventre d’Aurélie n’avait encore jamais connu de sperme ; elle allait connaître pour la première fois un rapport sexuel avec moi.


Il m’a fallu beaucoup de réflexion pour ne pas me laisser emporter par tout ce qui se chamboulait dans ma tête. Pour ne pas me laisser griser par ce qui n’était pour moi qu’un plaisir : jouir dans le corps d’une femme qui ne veut que mon sperme, sous le regard de son amie qui l’avait conduite au mâle.

Toutes les questions n’avaient pas de réponse dans la mesure où je ne pouvais pas anticiper sur l’avenir. Le bonheur de cet enfant à venir, sa compréhension de la méthode utilisée pour sa conception… il y a toujours plus ou moins d’égoïsme dans ce désir d’enfant chez les parents.


Et je me suis refusé à la tentation de multiplier les dons à des couples. Je ne voulais me consacrer qu’à Aurélie et Mélissa. Certains donneurs seraient les géniteurs de plusieurs dizaines d’enfants… ils avaient comme cédé à cette toute-puissance ; mais pour moi, c’était l’aventure humaine qui était la plus importante : le chemin fait avec ces deux jeunes femmes. Je n’avais pas l’énergie de recommencer avec un autre couple tout le chemin que j’avais fait avec elles.


Je voyais alors au cours de mes lectures et de mes réflexions sur mes motivations profondes des symboles éjaculatoires partout. Le puissant jet d’eau d’Annecy n’était-il pas une immense éjaculation ?

Que font les pilotes de formule 1 sur le podium ? Ils secouent une bouteille de champagne pour ensuite arroser leurs concurrents de jets mousseux, comme des adolescents se masturbant collectivement.

Que dire du paysan qui, avec le soc de sa charrue, pénètre la terre pour pouvoir y déposer une graine qu’il va arroser ensuite ?


J’étais célibataire à ce moment-là. Alors je me plaisais à retenir mon désir pour me masturber une à deux fois par semaine et ainsi sentir une belle quantité de sperme sortir de mon gland. J’observais sa couleur sur mon bas-ventre, je me posais la question de sa qualité. Pas de spermogramme en tout cas. J’ai seulement effectué des tests pour les IST. Un test anonyme ; elles n’avaient donc aucune garantie que ces tests étaient bien les miens, mais la confiance régnait.


La receveuse avait également fait un test. Notre décision avait été prise : nous allions faire une insémination naturelle. Ça nous paraissait la meilleure chose pour que tout se passe le plus simplement possible. Aurélie n’avait jamais eu de relations sexuelles avec un homme. Elle s’était sentie très jeune attirée par les femmes, et jamais l’idée de coucher avec un homme ne l’avait intéressée. Mélissa, quant à elle, avait eu des aventures avec des hommes. Mais sans passion, sans grand désir. Il lui a fallu un peu plus de temps pour comprendre qu’elle serait plus heureuse avec une femme. Et c’est la rencontre avec Aurélie qui lui a révélé sa vraie nature. Elles étaient complices ; les mails étaient rédigés en alternance, elles s’investissaient dans ce projet, elles comptaient sur moi et mon sérieux.


Il faut dire qu’il n’était pas facile de trouver un donneur pour tous ces couples en quête d’enfants. Des forums existent pour mettre en contact donneurs et receveurs. J’ai vite compris que ces couples avaient bien plus réfléchi à leur souhait d’avoir un enfant qu’un couple hétérosexuel. Ne serait-ce que par le long chemin pour tenter une fécondation. Trouver un donneur non loin de chez vous, disponible… et sérieux.


Certains profitent de ces couples qui sont prêts à tout pour avoir un enfant. Ils demandent de grosses sommes d’argent, exigent un rapport sexuel (un don artisanal est tout aussi efficace…) parce que, vous voyez bien : "C’est la nature, hein !" ou voudraient bien, avant le don, assister à une petite scène lesbienne pour être bien excité dans la salle de bain ("Vous pouvez bien m’faire ça, les filles ; c’est pour vous, hein !")


Des femmes patienteraient ainsi pendant plusieurs années à la recherche d’un donneur. Et puis même avec un donneur, le chemin n’est pas terminé car il ne suffit pas de la semence à certains moments du mois. Dame Nature n’est pas aussi facile. Recommencer pendant plusieurs mois, ne pas perdre patience, se dire qu’un jour ça va marcher, même si c’est épuisant pour le couple, ne penser qu’à ça quand tout tourne autour de ce désir d’enfant au point que d’autres sujets sont négligés.

Et le donneur d’être disponible. Ne pas lui donner l’impression qu’il est un distributeur à sperme : lui montrer qu’il a de l’importance au-delà de ce qu’il apporte.


Aurélie a été enceinte au bout de la troisième tentative. C’est court ; nous avons eu de la chance. Le jour de la première tentative, nous étions tous très nerveux. Combien de mails avions-nous échangés ! Combien de photos de nous pour faire connaissance ! Nous nous étions rencontrés au préalable une seule fois. C’était dur pour nous d’entamer la conversation dans ce café. Nous avions dit tant de choses par messages interposés… Pour la première fois, nous pouvions nous voir.


Mélissa, plutôt garçon manqué, un peu boulotte, un piercing à l’arcade sourcilière. Aurélie était par contre très féminine. Brune, les cheveux aux épaules, de beaux yeux bleus rieurs et un corps fin, une petite poitrine et des fesses bien moulées dans un pantalon qui en disait long sur le style de sous-vêtement qu’elle portait. Nous étions émus de nous rencontrer enfin à L..


Nous allions pouvoir envisager une tentative, la première qu’elles allaient tenter. Elles allaient venir dans la ville où j’habitais. Elles allaient louer une chambre d’hôtel ; elles se sentiraient mieux plutôt que chez moi. Aurélie me confiait tout savoir des cycles et de ses périodes d’ovulation. Tout cela avait été méthodiquement étudié sur Internet et par la consultation d’un médecin au planning familial.


Le jour J, j’étais allé les chercher à la gare. Elles étaient souriantes, mais nous étions tous un peu nerveux. Je regardais discrètement le corps d’Aurélie. Il allait bientôt découvrir pour la première fois le sexe d’un homme ; le premier sperme qui allait faire honneur à son vagin était le mien. Et il allait remplir sa fonction première : féconder.

N’allez pas croire que tout est facile dans cette situation où j’étais.


Nous étions tous les trois dans cette petite chambre d’hôtel. Mélissa voulait assister à notre accouplement, ce qui ne me dérangeait pas. Alors il a fallu nous déshabiller. C’était à la fois amusant et gênant en même temps. Il n’y avait pas d’excitation sexuelle entre nous. La tension, la responsabilité qui était la mienne ne m’aidaient guère pour avoir une érection.


Car un homme ne bande pas sur commande, contrairement à ce que certaines pourraient croire. Et nu, mon sexe restait bel et bien flasque. Aurélie était allongée sur le dos, cuisses écartées. Elle souhaitait que cela se passe le plus simplement possible. En missionnaire, c’était assez commode pour nous, et j’aimais bien cette position qui me permettait de voir son visage au moment de jouir.


Son sexe était assez poilu. Les regards qu’elle portait sur mon sexe bien endormi ne m’aidaient pas à me rassurer. À genoux au bord du lit, d’une main timide, elle le caressait. Sa main chaude me faisait du bien, et Mélissa, assise dans le fauteuil à côté du lit, me procurait des paroles rassurantes. Nous avions le temps ; il ne fallait pas se presser. Et s’il le fallait, elle m’aiderait à trouver l’excitation elle aussi.


Doucement, mon sexe prenait de la vigueur, le visage d’Aurélie perdait un peu l’inquiétude qu’il avait. Ses caresses m’avaient fait du bien et je regardais sa motte poilue avec envie. Avec beaucoup de douceur, je me couchai sur elle et la pénétrai doucement. Elle poussait seulement de petits sons à chaque coup de reins de ma part. Je la rassurais en lui demandant si tout allait bien pour elle.


Son amie à nos côtés lui caressait les cheveux ; elle semblait avoir des larmes aux yeux. L’émotion de la portée du geste, ou ce serrement du cœur à voir la femme de sa vie sous les assauts d’un homme, je ne sais pas vraiment.


À une ou deux reprises j’ai croisé le regard de Mélissa ; elle était simple spectatrice du plaisir que je prenais avec Aurélie. J’avais envie de la rendre jalouse : je baisais son amie sans autre but que de jouir de façon égoïste. L’étreinte avait duré quelques minutes ; je sentais mes testicules se coller contre mon corps, les premières contractions dans l’entrejambe.


L’idée que cette éjaculation allait être porteuse de vie décuplait mon plaisir : j’étais un étalon qui venait saillir une belle jument, ma semence était précieuse. La jouissance a été forte, sans doute une des plus intenses que j’ai eu l’occasion de connaître jusque là. Et je ne voulais pas quitter ce corps, cette chaleur. Laisser reposer mon sexe dans ce vagin qui me paraissait étroit. Elle avait posé ses mains sur mes hanches. Pas de caresses, bien sûr, mais des mains qui semblaient manifester la confiance qu’elle avait en moi, un timide encouragement à faire mon devoir, car je sentais bien qu’elle ne pouvait pas se donner à moi comme si nous étions des amants. Il n’y avait pas de ça entre nous, et tout cela était clair, dès le début.


En sortant de son corps, j’ai vu le bonheur du couple, le soulagement d’avoir réussi cette tentative. Du sperme coulait du sexe d’Aurélie, arrosait sa toison. C’était pour nous un triomphe que de voir ma semence mouiller les poils de son sexe. Elles voulaient rester entre elles ensuite, partager un moment d’intimité, se sentir amoureuses.

J’éprouvai, sur le chemin qui me ramenait à mon appartement, un sentiment de plénitude, de bien-être comme rarement j’avais pu en connaitre. Enfin, nous étions allés au bout de cette aventure. J’avais fait ce don, je me sentais homme, je me sentais fort.


Quand elles m’ont annoncé, au bout de la troisième tentative, qu’Aurélie était enceinte, j’avais des sentiments mêlés de bonheur et de crainte. Désormais, une petite vie se trouvait dans son ventre, et j’étais aussi responsable de cette situation. Je regardais dans la rue les femmes enceintes en me disant qu’elles étaient incroyablement belles, épanouies et excitantes à la fois.

J’avais plaisir à regarder des pornos avec des femmes qui se faisaient éjaculer sur leur ventre arrondi. Le sperme continuait d’avoir pour un moi une puissante attirance. C’était comme une offrande, un hommage à la maternité que de voir ce sperme jaillir pour arroser leurs seins lourds et leur peau tendue par ce bébé.


J’ai été régulièrement au courant du déroulement de sa grossesse. Tout se passait pour le mieux, les examens étaient bons, Aurélie supportait plutôt bien ce bouleversement dans son corps. Et puis un après-midi de mai, ce fut la voix émue de Mélissa. J’ai tout de suite compris pourquoi elle m’appelait (ce qu’elles n’avaient pas fait durant la grossesse) : leur garçon était né, tout le monde allait bien. C’était leur enfant, je n’étais pas devenu papa.


Et pourtant, comment pouvais-je rester insensible? L’émotion était trop forte ; j’étais à fleur de peau, incapable d’avoir les idées claires, de ne penser à autre chose qu’à cette naissance, qu’à l’aboutissement de leur projet, la concrétisation de notre amitié qui est allée jusqu’au bout malgré les échecs, les hésitations, les doutes, les peurs.


Je m’étais réservé pour l’annonce de la naissance un grand vin de Bourgogne, mon préféré. Ce soir-là, des larmes n’ont pas cessé de couler le long de mes joues ; le vin aussi formait ses larmes le long du verre que je faisais tourner. J’étais tellement bouleversé que je ne sentais même pas les effets de l’alcool.


Je me suis couché alors que le ciel pâlissait ; je n’ai pas vraiment eu la possibilité de dormir : mes pensées s’entrechoquaient et ne laissaient pas ma tête et mon corps au repos.


Quelques jours après, j’ai téléphoné à Mélissa. Tout allait bien, je n’avais pas à me faire de soucis. Je n’ai eu qu’une demande : je ne souhaitais pas avoir de photo de ce bébé. Non pas que je ne le voulais pas, bien au contraire ! Mais je sentais en moi que cette photo pouvait me faire vaciller, qu’elle allait me perturber plus que de raison. Mélissa comprenait. Elle m’a ensuite avec beaucoup de délicatesse demandé s’il ne fallait pas désormais prendre nos distances, qu’elles puissent désormais vivre la vie de famille qu’elles attendaient tant. Comme toujours depuis le début, nous étions sur la même longueur d’ondes. Oui, Mélissa, le moment est venu ; je voulais aussi te le proposer, et ça me soulage que cela vienne de toi.


Il y avait tout de même un mince contact possible entre nous. Nous savions comment nous joindre au cas où.


Quelques mois plus tard, c’est Aurélie qui m’a contacté. Elle me donnait des nouvelles de la petite famille. Mais je savais bien qu’il ne s’agissait pas seulement de me parler de son fils. Mélissa était prête. Elle voulait à son tour porter leur enfant, qu’il n’ait pas une trop grande différence d’âge avec son grand frère. Elles souhaitaient le même géniteur. J’ai dit oui tout de suite.


Nous étions dans le même hôtel que les dernières fois. Je m’étais déshabillé dans la salle de bain. Mélissa éprouvait des réticences à avoir son visage si près du mien. Elle avait préféré que l’insémination se fasse en levrette. Mon sexe cette fois-ci bandait dur, une petite goutte translucide perlait au bout de mon gland. Son abricot lisse s’offrait à moi.

Aurélie était cette fois-ci dans le fauteuil, caressant l’avant-bras de sa femme. Oui, elles s’étaient mariées entre-temps, elles étaient heureuses et voulaient que leur famille soit au complet avec un second enfant. Il nous a fallu plusieurs mois pour que Mélissa puisse connaître à son tour les joies de la maternité.


En la pénétrant, j’éprouvai encore ce vertige, la pleine conscience de la gravité de l’acte que nous faisions. Ses hanches larges, ses fesses rebondies qu’elle me montrait m’excitaient terriblement.

L’étreinte a été brève. En retirant mon sexe, le sperme coulait abondamment. C’était pour elles comme un cadeau. Un don de vie.