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n° 16811Fiche technique44866 caractères44866
Temps de lecture estimé : 26 mn
11/05/15
corrigé 09/06/21
Résumé:  Allongé sur mon lit d'hôpital, je sais que ma fin est proche. Voici mon histoire, incroyable d'autant qu'elle est totalement inventée.
Critères:  travail amour fellation fsodo
Auteur : Bertrand D            Envoi mini-message
Un homme heureux

Été 1955


Sur la route du bord de mer, le moteur de ma deux-chevaux tourne comme une pendule. On la croirait télécommandée. Certes, je suis au volant, mais tellement absorbé dans mes pensées que ce sont mes réflexes qui conduisent, pas mon cerveau.


Ma sœur, ma maîtresse, ma femme, celle qui était tout pour moi vient de me rejeter, me ridiculiser devant témoins.


Elle était tout pour moi. Orphelin, enfant de l’assistance publique, j’ai été placé de famille en famille au gré des décisions administratives. À quinze ans, je suis arrivé chez un couple de garagistes qui avait une fille de treize ans. Ils m’ont pris dans leur famille, m’ont aimé, je suis devenu leur fils et de ce fait, Isabelle, ma sœur. Elle se confiait à moi, aimait se blottir contre moi. Et en grandissant nous avons ressenti une attirance physique. Ce n’étaient que caresses mais de plus en plus érotiques, jusqu’au jour où pour fêter sa réussite au bac, nous nous sommes vraiment unis. Ses parents se sont vite aperçus de nos liens. Yvette, la mère a bien prévenu, mis en garde sa fille. Le père qui m’avait formé, me considérait comme ouvrier sérieux, capable, voyait dans cette relation une excellente chose.


Pourtant, nous allions être séparés, Isabelle partait en fac et moi au service militaire. Dix-huit mois passés en Allemagne. Quelques jours avant mon retour à la vie civile, j’ai été convoqué chez le colonel.

Quand il me dit d’entrer, je me présente au garde-à-vous. Ce dernier m’invite à m’asseoir ! C’est bien la première fois que je vois ça.



Incapable de dire un mot, je mets mes coudes sur les genoux, la tête entre les mains et pleure à gros sanglots. Ce n’est pas possible !



Je n’ai pu assister aux obsèques.

À mon arrivée, je trouve une famille éplorée. Jacques le père est effondré, Isabelle désespérée. Pour les rassurer, faire vraiment partie de la famille, je demande à Jacques la main de sa fille. Il est ravi, il aura des successeurs pour continuer son commerce. Désirant préparer ma future vie de couple, je trouve à louer une petite maison avec deux chambres.


Mais en Algérie, se déroulent de terribles « événements », comme dit hypocritement le gouvernement. Il faut de la chair à canon. Alors on rappelle les derniers libérés. Je quitte à nouveau la famille.

Six mois de peur d’angoisse. Peu de courrier car il y a la censure. De plus, on déplace constamment les troupes.

De retour, sur le bateau, je reste dans mon coin, songe à mon peloton, au camarade qui ne reviendra pas et aux deux autres qui sont hospitalisés. Heureusement, il y Jacques et Isabelle. Mon arrivée les surprend tous les deux. Le père est rassuré, je suis là, vivant, en bonne santé. Isabelle, probablement fatiguée par ses examens paraît mélancolique.

Je la félicite pour la réussite de sa licence. Jacques intervient et dit :



J’ai mis mon plus beau costume. Je l’avais acheté avant d’aller à l’armée, il y a… trois ans déjà.

C’est avec une figure figée qu’Isabelle monte dans l’auto. Pendant le trajet, j’essaie de lui parler, mais elle ne répond que par monosyllabes.

Nous arrivons devant la villa. La rue est occupée par des voitures rutilantes ou de sport. Ma deux-chevaux va détoner au milieu de ces bolides. Grégory, le copain qui les reçoit, salue Isabelle en souriant. Par contre, elle reste froide. Ils rejoignent les autres sur la terrasse. Tous s’amusent, mais je ne sens aucune chaleur à mon égard, de l’indifférence et même un certain mépris.



Le bar est bien garni, tous les apéritifs possibles sont là, chacun se sert. Je ne bois pas d’alcool, trouve du Perrier mis là pour accompagner le whisky. Je préfère m’en tenir à l’eau gazeuse. Isabelle va de l’un à l’autre, semble m’avoir oublié. L’ambiance me déplaît, je me souviens des soirées si chaleureuses entre rappelés.

Quelqu’un propose de mettre de la musique et danser. Je n’ai jamais fréquenté de bal. Mais Isabelle est sur la piste entre les bras de Grégory. Désirant me retirer, entre deux morceaux, je m’approche d’elle, lui demande de partir.



L’autre éclate de rire, tout le monde regarde cette prise de bec.



Je suis tellement sonné, que je ne bouge pas. L’amant d’Isabelle s’avance et cherche à me pousser dehors. Je me retourne et le frappe au foie, l’envoyant directement au tapis.

Je sors le visage figé. Personne n’ose s’interposer pour m’arrêter. Je pars.


L’arrivée dans la section où il y a des virages dangereux, me tire de mes réflexions. Dans une courbe assez serrée, il me semble apercevoir une silhouette. Je ralentis. En effet, c’est une femme, grande, avec une robe simple mais très belle. Je m’arrête.



Je démarre, fasciné par cette beauté. La robe découvre ses genoux, elle est superbe. Je vais lui proposer une solution.



Cette femme m’intimide. Une classe terrible, et même si je ne lui avais pas fait cette promesse, je ne pourrai la toucher.

Je loue dans un lotissement récent. Je l’invite à entrer, lui propose une boisson, mais elle me dit qu’elle est fatiguée. Je lui montre sa chambre.

J’ai mis très longtemps pour trouver le sommeil. L’affront que je viens de subir de la part d’Isabelle, me trotte dans ma tête.

Le lendemain matin, après m’être douché, évitant de la réveiller, je vais chercher des croissants. De retour, je la retrouve prête, habillée, aussi belle que la veille. Après le petit-déjeuner, je lui propose d’aller promener et de manger dans un petit restaurant. Toute la matinée nous arpentons la ville. Je lui demande si elle m’autorise à la photographier.



Elle hausse les épaules. Je la saisis plusieurs fois, devant des monuments dans les jardins municipaux.

Nous avons passé une journée merveilleuse. Je ne me souviens pas de ce que nous avons dit, j’étais fasciné. Elle a accepté tout naturellement de revenir à la maison.

À peine entrés, elle me regarde et dit :



En un instant, elle est nue.

Je ne pourrais jamais décrire la nuit que nous avons passée. Elle a été une maîtresse extraordinaire, prenant toutes les initiatives, m’acceptant dans tous ses orifices. Jamais je n’avais fait autant de fois l’amour, connu autant de plaisir. Puis je me suis écroulé.


La sonnerie du réveil me tire de mon sommeil. Je suis épuisé. Je me tourne et tend le bras pour toucher ma compagne. Elle n’est pas là, mais surtout, le lit est parfaitement en ordre alors que nous avions tout arraché cette nuit.

Je bondis dans la salle de bain, personne, dans sa chambre, rien. Rapidement je me douche, déjeune et pars au travail.

En route, je songe à elle, je ne comprends pas que je ne l’ai pas entendu se lever. Mais j’ai surtout un gros problème, Isabelle. Qu’est ce qu’elle aura raconté à son père, comment celui-ci va m’accueillir ?

Devant la porte une voiture de gendarmerie. Jacques discute avec eux. Il vient vers moi. Que va-t-il me dire ?



La tête encore pleine de mes soucis, je les suis. Surprise, ils s’arrêtent dans le virage où j’ai pris la femme. J’installe la grue, mets les vérins et place les chaînes pour que les plongeurs puissent accrocher la voiture. Quelques minutes plus tard, ils me font signe de remonter. C’est une Dauphine bleue, sérieusement défoncée sur le côté gauche. Il semble y avoir des cadavres à l’intérieur. Dès que j’ai déposé l’épave, je vais enlever les chaînes. Les gendarmes me demandent un outil pour ouvrir la porte emboutie. Ils forcent et l’ouvrent. L’eau s’écoule, puis un corps tombe sur la chaussée.

Je me sens mal, je fais un cauchemar ! C’est la fille avec qui j’ai passé le week-end. Aussi belle, avec la même robe. Derrière, deux autres corps qui sont rapidement sortis. Immédiatement il est fait appel à une ambulance. Le véhicule est examiné, puis les gendarmes me disent :



Je repars, bouleversé. Je viens de vivre un week-end hallucinant. Je me demande si je suis dans un état normal, si ce n’est pas un cauchemar.

À l’arrivée, Jacques m’aide à descendre la voiture. Je suis tout pâle, je chancelle.



Je suis retourné à la maison pour voir si ma visiteuse n’avait pas laissé un indice. J’ouvre la porte. Sur la table, deux enveloppes. Qui les a déposées et surtout comment est-on entré ? Je suis le seul à avoir la clé de mon logis. Une lettre pour moi, l’autre sans indication. J’ouvre vite la mienne.


Bernard,

Sois rassuré, tu n’es pas fou. Ne va pas voir les psychiatres, ils te feraient interner. Je suis bien morte samedi soir. Mais je voulais transmette un message à ma sœur. Tu lui remettras cette lettre.

Je te remercie pour la merveilleuse journée que tu m’as fait survivre.

Caroline


Sur la deuxième enveloppe, aucune indication. Elle est fermée. Comment allais-je retrouver sa sœur ?

J’ai pris cette enveloppe avec moi ainsi que la pellicule de photos prises la veille. Je pourrais ainsi revoir son visage. Mon patron me dit :



J’entre dans la cour. Le gendarme que j’ai vu ce matin me dit que l’on m’attend dans le bureau. Un officier en uniforme tente de consoler une jeune fille en pleurs. Elle me regarde quand j’entre. À nouveau, j’ai un choc, elle est l’exact portrait de Caroline, en plus jeune. C’est à elle que je dois remettre la lettre.


Je dépose la serviette de cuir. L’officier examine son contenu. La demoiselle demande si elle peut voir une dernière fois les membres de sa famille. Le gendarme hésite, je propose de l’emmener à l’hôpital. À mon grand étonnement, il accepte. Caroline a tout prévu, elle veille sur nous. La jeune fille monte à mon côté.


Les corps de ses parents sont chacun dans un tiroir. L’employé tire ces derniers comme s’il s’agissait de ceux d’un bureau. Pour la dernière fois, je revois Caroline, toujours aussi belle. Et le plus terrible, il me semble qu’elle me sourit comme pour me remercier. Je demande à la jeune fille où veut-elle que je la ramène. À l’hôtel, me dit-elle, son oncle viendra la chercher.

À peine entrés, le concierge me remet la clé de la chambre. Nous montons au deuxième étage et j’ouvre la porte. Je la suis dans la chambre et lui remets l’enveloppe.



Après avoir lu une page, elle me demande de la laisser seule.


Pas un mot de plus. En retournant au garage, je m’arrête chez un photographe pour faire développer la pellicule. Il me garantit que je l’aurai en fin de journée.

En arrivant, je vais rendre compte de mon déplacement. Jacques me remercie en me regardant d’un air triste. Je comprends qu’il est au courant de notre rupture. Mais il n’a pas envie d’en parler. Plus jamais nous n’avons évoqué le nom d’Isabelle.


Le soir, je vais chercher le tirage de mes photos. J’ai des monuments, des jardins, des statues, mais aucune trace de ma compagne. On ne photographie pas les esprits.


J’ai repris le travail au garage. Plus aucune attache, plus aucun but si ce n’est de sortir et draguer quelques fois, et surtout de m’améliorer dans mon travail. À chaque nouvelle voiture qui arrive sur le marché, j’étudie la documentation afin d’être prêt si j’ai à la réparer. J’ai pris goût à cette pratique et maintenant je cherche le maximum de renseignements pour mon compte personnel. De ce fait, Jacques me confie les travaux les plus délicats.

Depuis plus d’un an je tente d’essayer d’oublier Isabelle. Mais je n’y arrive pas. Un jour, Jacques m’appelle dans son bureau.



Maintenant, elle est définitivement perdue. J’avais espéré son retour, je lui aurais tout pardonné, je l’aimais. Je me noie dans le travail. Je prends de plus en plus d’initiatives. Jacques, de plus en plus fatigué par les évènements qu’il a subis, les traits tirés, descend rarement dans l’atelier. Lui aussi n’a plus le moral.

Le garage ne ferme pas les mois d’été. Nous prenons nos congés à tour de rôle. J’ai choisi la deuxième quinzaine de juillet. Je pars camper avec ma bagnole. Je drague les filles. Une a accepté de venir une nuit sous ma tente. Mais j’ai encore en moi le souvenir des nuits avec Isabelle. Mais surtout avec Caroline.

Je rentre le samedi soir, pour reprendre le boulot lundi matin. Le dimanche, je rencontre Albert, un camarade de travail, il se promène en famille. Je lui demande si tout se passe bien à l’atelier.



Je suis allé immédiatement voir Jacques. Je l’ai trouvé très affaibli.

Mon entrée a amené un sourire sur son visage fatigué.



Je suis sorti effrayé de cette visite. Pour la santé de Jacques, mais aussi pour l’avenir de la boîte. Le lendemain, c’est avec un peu d’appréhension que j’ai repris le travail.

Le premier client à se présenter est un habitué. Nous nous connaissons bien. Sa voiture ne fonctionne pas très bien. J’écoute tourner le moteur. Je détecte de suite que c’est une saleté dans le carburateur. Je lui promets de regarder, il pourra probablement l’avoir ce soir.

Il partait quand est arrivé Grégory.



Le vieux monsieur est parti, pas très rassuré.



Je suis parti au boulot. Albert avait raison, c’est un con incompétent.

Le soir je vais voir Jacques. Je ne sais pas quelle tête j’ai, mais dès mon entrée, il comprend qu’il y a un problème.



Alors, je me soulage, lui raconte comment son gendre opère. Il n’était pas au courant, il est effondré. À ce moment-là, on frappe à la porte, c’est Isabelle. Un rapide coup de tête et je pars.

Le lendemain matin, le vieux monsieur vient voir où en est la réparation de sa voiture. Naturellement, rien n’a été fait, même pas le devis. Le client se met à hurler, prend son auto, part en jurant qu’il ne remettra plus les pieds dans cette boîte.

Grégory se dirige vers moi.



Depuis, il ne m’ennuie plus. Il est incapable de faire un diagnostic. On répare au hasard, suivant ses ordres, les devis deviennent astronomiques, les délais jamais respectés. Naturellement nous avons de moins en moins de clients.

Presque tous les soirs, je vais voir Jacques. Il décline rapidement et je me doute que ce sont ses derniers jours. Nous ne parlons plus de la marche du garage. Il se confie à moi, comme si j’étais son fils. Quand sa fille arrive, je pars immédiatement.

Un matin, pour la première fois, elle descend dans l’atelier nous annoncer le décès de son père. Nous lui présentons nos condoléances. Deux jours plus tard, nous assistons aux obsèques.

Dès le lendemain, je vais lui présenter ma lettre de démission.



Je suis redescendu à l’atelier. Dix minutes plus tard, Grégory est venu me voir.



Il part tout penaud. Je suis tranquille. Devinant comment aller se terminer la situation, j’ai déjà appelé mon copain, Robert, lui aussi pupille de l’assistance. Il est dans une ville à une trentaine de kilomètres. Nous avons suivi le même parcours, il travaille lui aussi dans un garage. Je lui ai demandé de voir s’il pouvait me trouver un emploi. Il m’a dit que l’on recherchait des mécaniciens compétents, il n’y avait pas de chômage en ce temps-là dans la profession. En effet, il m’a trouvé plusieurs places.

Le soir, je commence à emballer mes affaires quand on frappe à ma porte. Je n’attends personne, je vais ouvrir : c’est Isabelle.



Elle part, la tête basse. J’ai pris ma revanche. C’est tout de même avec un sentiment de tristesse que je quitte l’établissement que je considérais un peu comme mon chez moi. J’y ai tout appris et Jacques était pour moi le père qui m’avait toujours manqué. Je regrette aussi les copains que je ne reverrai probablement plus.


Robert m’attend. Il me loge tant que je n’aurai pas trouvé de chambre. Quant aux places disponibles, il y en a plusieurs. Toutefois, il m’en recommande une dans un garage qui a une très bonne réputation. Il a déjà parlé au patron. Je vais donc sur place pour me présenter. Beau garage, atelier propre et bien en ordre. C’est sympathique. Une secrétaire me conduit au bureau du directeur. Devant moi, un homme souriant me tend la main. Ce qui me surprend, c’est qu’il est de mon âge, c’est étonnant qu’il possède une aussi belle entreprise.



On me met sur une voiture ancienne. Il me faut déceler ce qu’il y a et la réparer. Deux heures plus tard, je rends le véhicule en état. Les ouvriers me regardent d’un air surpris.

Toute la semaine, je travaille. Je remarque que l’on me met sur des pannes de plus en plus difficiles. Et le samedi matin, sur une voiture avec une avarie peu courante. Mais j’ai déjà vu ce cas, et je termine le travail dans la journée.

Le patron me fait appeler, on va voir ce qu’il pense de mes connaissances.



Dans l’atelier j’ai trouvé une ambiance semblable qui régnait chez Jacques. Quelques fois les copains viennent me chercher lorsqu’ils ne trouvent pas une panne.


Depuis deux ans, je suis ici. Peu à peu, Guy et moi sommes devenus d’excellents amis, comme deux frères. En fait, je fais fonction de chef d’atelier. Guy est directeur, le garage appartient à son père. Mais ce dernier a eu des ennuis de santé, l’obligeant à s’arrêter. Le fils a pris sa place.

Ce samedi soir, en allant dire au revoir, Guy me demande :



C’est avec un peu d’appréhension que je vais chez mes patrons. Je n’ai pas l’habitude de partager mes repas avec des étrangers, surtout mes chefs. Et surtout, que me veulent-ils ? Je n’ai pas fait de bêtises, sinon ils ne m’inviteraient pas. C’est ainsi que je fais connaissance des deux sœurs aînées et des petits-enfants. J’ai de la chance, ce sont des gens friqués mais qui sont restés simples. Les petits-enfants viennent, curieux, et bientôt nous jouons ensemble.

Le déjeuner se passe très bien. Le père nous propose de passer au salon. Tous trois nous nous levons. Le moment crucial est arrivé.



Nous retournons auprès des autres. Le sourire du père renseigne sur le résultat de notre négociation. Demain, je vais retourner là bas. Isabelle est obligée de vendre ! Si nous nous étions mariés ! L’autre con a tout coulé…


Le lendemain, en arrivant sur place, j’ai eu un pincement au cœur. Où est la belle entreprise que j’ai quittée ? Façade dégradée, aucune voiture en attente de réparation ! En descendant de voiture, je laisse les autres prendre un peu d’avance. En entrant, je me dirige vers l’accueil. Marie m’a reconnu. C’était la secrétaire du patron, sa confidente et certains disaient, un peu plus.



C’est bien ce que je pensais.



Quand j’entre dans le bureau, Isabelle me regarde avec surprise.



Je redescends dans l’atelier. Les copains, en me voyant arriver sont surpris, mais contents. Je n’ai pas été remplacé. Albert et Gorges sont partis en retraite, mais on n’a embauché qu’un apprenti pour les remplacer. D’après eux, la boîte est au bord de la faillite et ils vont être licenciés.

Marie vient me chercher, on m’attend dans le bureau.



Me voila retourné dans ma boîte. Certes, elle n’est pas à moi, mais je me sens quand même chez moi. Il n’y a que le problème d’Isabelle. Je la vouvoierai, elle peut continuer à me tutoyer, cela ne me dérange pas.

Trois jours après, je suis là. J’ai réglé le problème de logement, j’ai demandé à Marie, qui est seule depuis la mort de son mari et le départ de ses enfants, si elle pouvait me louer une chambre. Elle a accepté avec joie, elle aura un compagnon et un peu d’argent pour gâter ses petits-enfants.


En arrivant, je monte au bureau voir ma nouvelle patronne.



Je descends retrouver les copains. Je distribue le peu de travail qu’il y a accomplir, ils en sont capables. Je prends l’apprenti avec moi. Visite des machines, des outils, explications, comme l’a fait Jacques avec moi. Je vais en faire un très bon ouvrier.


Maintenant les réparations sont correctement exécutées, dans les délais prévus, selon le devis présenté. De plus, à chaque fois, je fais une visite complète du véhicule, je règle et répare les petites anomalies ou j’avise le propriétaire lorsque une réparation importante est nécessaire. La rumeur se répand vite de la qualité de notre travail et nous retrouvons nos anciens clients. Particulièrement le vieux monsieur que Grégory avait fâché. Il m’avoue qu’il est content de me voir revenu et il va en informer ses amis.

Depuis six mois que je suis là, nous n’avons pas encore retrouvé la clientèle d’autrefois, mais le chiffre d’affaires progresse régulièrement. Monsieur Dubois vient de temps à autre. Il m’invite à déjeuner et m’interroge. Sur le fonctionnement du garage, certes, mais aussi sur mes relations avec la patronne. Je le rassure, nous coopérons pour le travail.


Avec Isabelle, en dehors des affaires urgentes, nous nous voyons régulièrement le samedi soir. Nous faisons le point, parlons exclusivement boulot. Elle me tutoie toujours et moi je la vouvoie. Elle tente de me faire changer d’avis, mais je refuse toujours. Elle est seule et je sens le désir de renouer des relations normales, comme autrefois où nous étions inséparables. Mais j’ai encore dans la tête l’affront qu’elle m’a fait subir. Toutefois, j’aimerais bien reprendre le tutoiement, oublier ce qui s’est passé.

Ce samedi, elle insiste particulièrement, je sens des larmes dans ses yeux et cela me touche.



Surprise ! Elle tombe à genoux. Elle est folle ! Non, elle me prend par mon point faible. Elle baisse la fermeture éclair de mon jean, sors mon sexe du caleçon et l’embouche. Elle me connaît bien. J’essaie de la repousser, mais elle s’accroche. Mon esprit refuse pour l’humiliation qu’elle m’a infligée. Mais ma chair est faible, ou plutôt ferme. Par lâcheté, mais surtout par plaisir, je la laisse opérer, c’est une experte dans ce domaine. Rapidement je me sens prêt à jouir. Je veux la repousser afin de ne pas la tacher, elle a toujours refusé d’absorber mon sperme. Mais de ses bras, elle m’entoure les cuisses. Fataliste, mais aussi avec plaisir, je me déverse dans sa gorge. Longuement, elle absorbe tout, puis de sa langue me nettoie. Que dois-je faire ? La rejeter, reprendre nos relations amoureuses ? Non simplement j’accepterai de la tutoyer.



Je me réajuste et la quitte sans un mot. Le lundi matin, je monte au bureau et la tutoie comme je lui ai avais promis. Marie entend notre conversation. À la descente me regarde en souriant. Je suis sûre qu’elle a compris la raison de ce changement.


Désormais, le samedi après la mise à jour des différents problèmes professionnels, elle s’offre, veut me séduire, et y parvient souvent. Je retrouve la maîtresse d’autrefois. Elle prépare mon sexe dans sa bouche, puis quand je suis prêt, elle se lève, quitte sa robe. Elle est nue, s’allonge sur le bureau. Son corps est toujours aussi magnifique. Je ne peux résister et la prend. Dans ces moments-là, je me crois revenu au temps où nous étions amants. J’attends toujours qu’elle ait pris son plaisir pour me déverser en elle. Mais quand je reprends mes esprits, je revois, je me rappelle la scène où elle m’a rejeté. Pourtant, il est évident qu’elle tient maintenant vraiment à moi, que nous pourrions former un couple normal. Comme à l’ordinaire, un samedi, au moment où nous nous aimons, elle prend mon sexe en bouche et ne veux pas le lâcher.



Elle m’obéit sans rien dire. Je la place à plat ventre sur le bureau. Je vais lui démontrer qui est le maître. Je lui écarte les fesses et présente mon sexe face à son anus. Elle m’a toujours refusé cela. Je vais voir si elle m’aime vraiment.



Avec difficulté, je m’enfonce dans ses boyaux. Je n’ai que rarement pratiqué ça, mais je rêvais de recommencer un jour. La sensation est tellement incroyable que je ne peux résister longtemps et me déverse dans ses intestins.

À ce moment là, je prends soudain conscience que je viens de la violer ! Je regrette mon geste et relève Isabelle, la tourne vers moi. Elle le visage couvert de larmes, mais ne dit rien. Je l’embrasse comme autrefois.



Je l’ai laissée toute seule, mais à travers ses larmes, j’ai senti qu’elle avait un certain espoir.

Tout le week-end, je me suis maudit. À une femme qui était prête à tout pour me reconquérir, j’ai infligé la plus humiliante punition. Je ne pouvais pas supporter son offense, et je venais de me venger de la même façon. Samedi prochain, je lui dirais que je l’aime et nous nous remettrons ensemble.

Le lundi, je n’ose pas regarder vers son bureau, j’ai trop honte. Je me lance dans le travail, ressassant ma mauvaise action. Marie, en fin de matinée, vient m’appeler. Isabelle et monsieur Faure veulent me voir. Je monte me demandant qu’est-ce qui ne tourne pas rond. Je frappe à la porte du bureau et entre.


Je crois perdre connaissance. Devant moi, Caroline. Non, ce n’est pas possible, elle est morte. Mais alors, c’est sa sœur ! Dans la même de robe, coiffée comme elle. Je n’ose dire un mot.



Tous les deux, nous savons que c’est normal. Tout a été programmé par Caroline. Cette dernière a voulu me montrer comment serait sa sœur plus tard, que j’apprécierai son corps. Nos regards se sont croisés, je sens qu’elle me fait passer un message.


Je redescends avec elle afin de lui faire connaître les ouvriers et le matériel. Les copains sont éblouis par la beauté de leur nouvelle patronne. Je lui montre les différentes machines mais elle connaît tout cela, son cousin l’a déjà renseignée. Elle m’indique qu’elle viendra travailler dans deux jours.

Le soir, je rentre chez Marie tout choqué. Comment vais-je faire. Je suis perdu. J’ai mis beaucoup de temps à m’endormir. Mais après, tout a été merveilleux. Avec Agnès, nous nous aimons, à la folie.


La sonnerie du réveil me tire de ce rêve fabuleux. Mais je comprends que une fois encore que Caroline guide ma pensée. Toute la journée je travaille plein d’entrain. En fin de journée, je songe à Isabelle. Mon dieu, j’avais oublié notre séance de samedi soir. Elle pense probablement qu’elle m’a reconquis. Que vais-je lui dire ?

Agnès est arrivée à l’ouverture. Les deux femmes sont enfermées dans le bureau pour mettre au point la marche de l’entreprise. Souvent je lève les yeux vers le bureau et je croise le regard de la nouvelle patronne. Je crois lire en ses yeux un message d’amour.

Après son départ, Isabelle m’appelle.



Nous nous sommes aimés longuement, passionnément. Je voulais lui faire plaisir encore une fois, mais nous savions tous deux que c’était la dernière.


Les deux femmes sont devenues d’excellentes amies. Isabelle lui a conté toute notre histoire. Agnès sait qu’elle a été mon premier amour et que nous nous aimions toujours… jusqu’à ce qu’elle arrive. Six mois plus tard, nous étions mariés. Isabelle a été notre témoin. Sa maison étant très grande, elle nous a proposé de s’installer chez elle.


Maintenant tous trois, nous partageons tout, le travail, la maison et quelquefois le lit.