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n° 16828Fiche technique18548 caractères18548
Temps de lecture estimé : 12 mn
24/05/15
Résumé:  Elle m'a largué. Je ne peux pas vivre sans elle. Il me faut accepter qu'elle soit devenue une autre.
Critères:  fh extracon jalousie cérébral fellation confession -consoler
Auteur : Tito40      Envoi mini-message
Pas quitte, double

Depuis trois semaines que je suis rentré de ce week-end durant lequel ma promise m’a annoncé qu’elle me quittait pour une femme, Blanche, je me morfonds. J’ai quitté Paris en train et le long du quai, j’ai été attiré par le vide, aspiré par le néant. Anaïs était à jamais perdue et les images orgiaques de nos derniers moments ensemble, avec sa nouvelle compagne et un comparse anonyme, me revenaient comme des horreurs auxquelles j’aurais participé malgré moi, comme un cauchemar qui vous suit toute la journée et ne vous laisse pas dormir sereinement.


Et puis j’ai bien dû me rendre à une évidence douloureuse. Ce n’était pas si horrible. Évidemment que c’était insupportable de me faire évincer ainsi, mais l’était-ce d’avantage parce qu’il s’agissait d’une femme ? Naturellement que de voir celle qui fut ma promise, prise par un autre et en jouir bruyamment était intolérable. Mais dans le même temps, il fallait bien que je reconnaisse que ça ne m’avait pas coupé la chique. Au contraire même, j’en avais été excité au plus haut point.


Les cauchemars ont petit à petit cédé la place à des fantasmes plus ou moins réalistes, à des images diffuses, à des illusions euphorisantes. Il m’arrivait de me réveiller au beau milieu de la nuit, cherchant Anaïs à mes côtés. Dans mon rêve elle dormait avec moi après avoir passé sans moi ; mon cerveau nocturne n’en éprouvait aucune jalousie et même, au contraire, semblait l’apprécier. Mon nez était encore rempli de ses odeurs imaginaires, ma peau était encore chaude de son visage posé sur mon épaule. Mais elle n’était pas là. Et cette angoisse de l’absence était finalement bien pire encore.


Anaïs m’a appelé. Il fallait bien qu’elle rentre pour retirer ses affaires de notre appartement. Elle ne savait pas encore si elle allait s’installer à Grenoble avec Blanche, ou rester à Paris avec elle, ou même vivre à Grenoble ou à Paris sans elle, mais quoi qu’il en soit, il fallait qu’elle prenne ses affaires. Pas grand-chose pour tout dire, il ne s’agissait que de vêtements, de chaussures, et de quelques objets qui lui étaient chers.


Elle m’a proposé, si sa vue m’était par trop insupportable, de venir quand je serais absent. Elle me laisserait les clés sur la table avant de claquer la porte. Je lui ai communiqué mes horaires d’absence, puisqu’elle me les demandait, et quand nous avons raccroché j’étais déterminé à me tenir loin de mon appart lorsqu’elle viendrait, pour me réfugier dans un bar à l’autre bout de la ville et me saouler pour oublier.


Durant notre entretien au téléphone, aucun reproche ne s’est insinué dans nos propos. Je n’avais pas le cœur à râler, et elle, pour sa part, n’avait pour ça aucune raison. On aurait pu croire à une discussion purement technique, froide, entre des gens qui se connaissent à peine. Des collocs qui ne se seraient pas accordés.


Ce n’est que le lendemain matin, au réveil d’une nuit agitée, que j’ai ressenti un manque. Dans mon rêve elle m’avait appelé parce qu’elle voulait me voir. J’entendais son sourire au fil. Sa voix était gaie et chaleureuse. J’étais amoureux d’elle. Couvert de sueur et hagard, j’ai éprouvé un sentiment étrange, un mélange de déprime et de joie. Elle allait venir à Grenoble. Nous allions être proches l’un de l’autre. Je devais me tenir éloigné pour ne pas souffrir à nouveau de la perdre encore, mais la douleur qui aurait pu survenir en manquant son passage aurait été, je le sentais, bien pire.


Devant mon miroir, alors que je me rasais, j’ai su que j’allais faire mon possible pour être là quand elle viendrait. Pour quoi faire ? Pour quoi dire ? Ces questions ne me sont pas venues. Je voulais simplement la voir, même si ce serait sans doute la seconde dernière fois. Alors je l’ai rappelée. Heureusement ça n’a pas sonné ; j’ai laissé mon mensonge sur sa messagerie.


« Désolé de te déranger j’ai oublié de te dire que j’ai changé le barillet. Ta clé ne fonctionne plus. SMS moi quand tu sais quand tu arrives que je m’organise ».


J’ai pressé la touche rouge, en regrettant déjà. J’aurais dû dire ça, il aurait fallu que je termine par un petit mot doux… Mais c’était trop tard.


La réponse d’Anaïs est arrivée assez vite. Elle passerait samedi cette semaine. Sans doute le matin. Dans un SMS assez long elle m’expliquait qu’elle ne savait pas encore où elle irait dormir, sans doute chez une copine, mais que de toute façon elle aurait réglé ça d’ici là. Pour le reste de ma journée, et pour les trois jours qui nous séparaient du samedi, je pense que ma fréquence cardiaque a explosé. Fébrile comme un gamin la veille de son anniversaire, la peur que j’avais de la revoir n’était plus rien face à cet amour immense qui m’habitait, quoi qu’il advienne, quoi qu’elle dise, quoi qu’elle fasse.


Quand j’étais petit, mes parents semblaient bien plus heureux quand je leur montrais mon bonheur. Il suffisait que je sois souriant pour qu’ils oublient leurs problèmes. À bien y réfléchir, même si l’amour filial n’est pas l’amour qu’on peut avoir pour une personne avec laquelle on imaginait passer sa vie, je me suis demandé si quand on aime quelqu’un vraiment, on ne doit pas mettre sa propre petite personne de côté quand le bonheur de l’être aimé passe par un autre chemin.


Pour brutale qu’avait été la révélation de sa trahison, elle finissait par devenir une révélation pour moi aussi. La révélation qu’on peut être heureux du bonheur de l’être aimé, quand bien même nous ne serions pour rien dans ce bonheur. Il est clair que je cherchais mille prétextes pour lui pardonner, clair que je me faisais des nœuds dans la tête uniquement pour justifier, face à moi-même, un renoncement à ma colère. J’étais tout simplement toujours amoureux d’elle.


Le vendredi soir, j’ai reçu un SMS d’Anaïs m’indiquant qu’elle arriverait par le train 17611 à 10 h 47. Je me suis mis à calculer le temps qui restait avant qu’elle arrive, presque en permanence. J’aurais voulu y être déjà, tout de suite. Le temps est long quand on le regarde passer.


J’étais sur le quai à l’arrivée du TER. Guettant sa silhouette dans la foule qui se déversait, je l’ai vue émerger comme si toute la lumière du jour était braquée sur elle. Les sons avoisinants étaient devenus des murmures. Les gens autour n’avaient pas de visage ; ils n’existaient même pas. Son regard s’est illuminé quand elle m’a aperçu. Je me suis dirigé vers elle, souriant mais crispé. C’est elle qui a ouvert ses bras en grand pour se blottir contre moi. À cet instant plus rien n’avait d’importance. Je ne savais pas si cette sensation était partagée, mais j’avais l’impression que nous ne faisions qu’un, que son corps venait de fusionner avec le mien. J’aurais pu rester là des heures, j’étais bien. D’ailleurs ça a duré un peu puisque quand elle a desserré son étreinte, les quais étaient presque vides.


Comme nous le faisions avant, j’ai pris sa main pour aller vers l’arrêt de tram. En attendant la prochaine voiture, nous avons peu parlé mais je l’ai beaucoup regardée. Elle voulait que nous restions amis. C’est le sens de cette étreinte sur le quai. Ou bien elle m’aime toujours. Ou encore, elle regrette de m’avoir fait du mal et en me montrant un peu d’une tendresse obligée, elle cherche mon pardon. Mais après tout qu’importe. Moi je l’aime, plus que tout, plus que moi-même peut-être.


Elle monte les marches jusqu’au second étage devant moi. Elle marche lentement, appuyée à la main-courante. Son allure est toujours aussi gracieuse, ses fesses toujours aussi bandantes. Mais je ne l’aime pas pour ça. Je l’ai cru. C’est sa personnalité qui me manque, se joie de vivre, sa façon d’être bien tout le temps. Elle m’apaise en me rassure. J’ai besoin d’elle pour exister.


Bien entendu elle a remarqué que je n’avais pas changé de serrure. Un sourire lui a suffi à me montrer qu’elle ne m’en voulait pas, et que peut-être même, elle n’était pas mécontente que j’aie souhaité être là.


J’avais peur qu’elle se dirige directement vers la chambre pour ramasser ses vêtements. Une angoisse. Anaïs se dirige vers le canapé. Elle va accepter que nous parlions un peu. Je m’approche, m’agenouille devant elle, et prends ses mains.



J’ai de la peine à parler, à cacher les sanglots qui m’encombrent, à refreiner les émotions qui m’humectent les yeux et me crispent la poitrine. Anaïs a laissé un blanc. Je la sens émue, elle aussi. Ses mains sont moites. Ses yeux ne rient plus.



D’abord hésitante, Anaïs s’est levée pour s’isoler dans la chambre. J’entends sa voix, mais je ne sais pas ce qu’elle dit. Je ne sais pas ce que je cherche vraiment, mais j’espère qu’elle va rester. Je préfère souffrir près d’elle que de la savoir loin. Je me suis griffé les bras sans m’en rendre compte. J’ai mal au ventre. Mon sang bouillonne. Mon cerveau est comme un flipper, les balles partent dans tous les sens. Anaïs revient.



C’est elle qui maintenant est à genoux devant moi, mes mains dans les siennes. Je reste le dos au canapé.



Ses mains sont de plus en plus chaudes. Elle veut me protéger, mais pourquoi ? On dirait qu’elle veut rester mais qu’elle a peur d’un clash, de quelque chose d’insupportable pour moi.



Les mains d’Anaïs ont quitté les miennes. Elle les insinue sous ma chemise pour me caresser doucement le ventre. J’ai des frissons partout. Mon cœur s’accélère. Je sais que nous allons faire l’amour. Je sais que je devrai la voir faire ça aussi avec d’autres, et laisser Blanche la posséder, mais plutôt que de me bloquer, cette pensée devient presque positive. L’image du cul de Blanche me traverse l’esprit, celle d’une queue qui pistonne Anaïs également. Je n’ai pas envie de cette tendresse maintenant, j’ai envie de la baiser. Pas une envie. Un besoin. Impérieux. Immédiat. Irrépressible.



Mais je ne bouge pas. Un ouragan de frustrations me colle au siège, me vide les tripes. Cette douleur est féroce et incontrôlable. Plus je résiste à l’envie de la prendre par les cheveux, de la déshabiller et de la sauter tout de suite, plus je bous d’une rage positive, extatique et enivrante. Elle a saisi mon sexe pour me sucer, je ne bouge toujours pas. La frustration de ne pas voir derrière elle un anonyme monté comme un âne la défoncer va me faire jouir trop vite. Elle l’a peut-être compris et me suce de plus en plus profondément. Elle se trémousse comme si quelqu’un la baisait. Je n’en peux plus de ces images de luxure qui exaltent mes sensations. La bouche de Blanche me manque elle aussi. Je veux revivre ces instants en m’abandonnant à mon plaisir, un plaisir que je sais plus intense et profond si Anaïs s’éclate elle-aussi. Je me laisse pomper dans ce délire jusqu’à la dernière goutte en me cambrant. Anaïs me masturbe encore un peu jusqu’à ce que je ramollisse, repu.


Ces images de Blanche et d’hommes sans nom qui la font grimper au rideau ne me quitteront plus, alors autant vivre d’autres épisodes comme celui-là, ou d’autres différents. Je suis incapable d’imaginer ce que nous ferons, ce qu’elle fera, ce que nous vivrons, ce que j’accepterai. Mon plaisir, ce sera le sien.