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Temps de lecture estimé : 34 mn
11/06/15
corrigé 08/06/21
Résumé:  Mlle Colette s'occupait de tout dans la société de transport, jusqu'à ce que Laurent arrive pour prendre en main la logistique...
Critères:  fh hagé fagée travail portrait
Auteur : LouVilneau            Envoi mini-message
Mademoiselle Colette

En lettres de deux mètres de haut, l’enseigne annonce : TRANSPORTS BENOÎT GRANPREZ. Le bâtiment est immense. Trois énormes 44 tonnes sont à quai, le long de l’entrepôt quand Laurent range sa voiture dans le « parking visiteurs » qui paraît minuscule à côté de ces « monstres ». Un peu perdu devant l’immensité des lieux, il fait un tour sur lui-même pour s’imprégner des dimensions de l’endroit.


Un appel le fait se retourner :



Arrive vers lui un colosse, la figure barrée d’un grand sourire et qui lui fait des grands signes de la main.



Dans un rire tonitruant, il poursuit en se penchant en arrière et en simulant un gros ventre avec ses mains :



Il se calme puis regarde Laurent tristement :



Une femme assez grande et mince, aux cheveux gris tirés en chignon strict et vêtue d’un tailleur-pantalon gris rejoint le bâtiment où un panonceau annonce « Bureaux ». Sa démarche est sèche et son visage fermé. Elle avance d’un pas pressé, sans regarder autour d’elle.




– oooOOooo –




– Lundi 8 février 2010 –


Je n’avais plus tenu de journal depuis mon adolescence mais il faut absolument que je consigne par écrit ce qui m’arrive pour essayer d’y voir plus clair.


Qu’est-ce qui se passe ? Est-ce que je ne fais pas mon travail correctement ? Quel besoin d’embaucher ce monsieur Savrelles pour s’occuper de la logistique ? C’est vrai que je n’aime pas beaucoup ça, mais quand même ! De là à me fourrer ce type dans les pattes, il y a quand même un monde !


J’ai été faire un tour, pour me calmer.


Bien sûr que monsieur Benoît est fatigué, ça fait un moment qu’il me dit qu’il voudrait prendre une semi-retraite. Mais moi, je suis là et j’ai encore du temps… pourquoi ce type ?


C’est sûr qu’il a l’air sympathique. C’est un ancien transporteur. Son entreprise – beaucoup plus petite que la nôtre – marchait bien, mais à la mort de sa femme, il a tout liquidé. C’est nous qui avons acheté ses camions et aussi embauché ses chauffeurs, mais il a fallu qu’il se décarcasse pour faire embaucher les autres personnes et vendre le reste du matériel et des locaux. Pour ça, il semble qu’il ait agit très proprement, sans laisser personne sur le carreau. C’est certainement un type bien, mais zut ! Je n’ai vraiment pas envie qu’il vienne mettre son nez dans mon travail !


Demain, je vais aller voir monsieur Benoît, je veux en avoir le cœur net !



– Mardi 9 février 2010 –


C’est bien ce que je craignais ! Ce Laurent Savrelles est un ami d’enfance de monsieur Benoît et, comme monsieur Benoît a un cœur grand comme ça et une âme de saint-bernard, il a recueilli ce monsieur pour ne plus qu’il s’ennuie de sa chère disparue !


Et moi, je dois m’incliner. Tout le travail que j’ai fait pour l’entreprise ? Ça ne compte pas… J’enrage ! « Mais voyons Colette, calmez-vous. Vous savez bien que vous avez toute ma confiance, que vous êtes irremplaçable… » Gna gna gna ! Je suis furieuse !


Qu’il ne vienne pas me demander des conseils ou des renseignements, le monsieur, il n’a qu’à se débrouiller tout seul, puisqu’il est si fort !


Monsieur Benoît a bien délimité nos tâches respectives, il a intérêt à faire attention. Au moindre accroc, je le casse ! Qu’il s’occupe des marchandises et des rotations de camions (bon débarras !) et c’est tout ! Moi, je m’occupe du reste : les hommes, les finances, tout…



– oooOOooo –





– oooOOooo –




– Mardi 16 février 2010 –


J’aurais juré que le petit nouveau avait été pleurer dans le giron de monsieur Benoît : je sais qu’ils se sont vus hier matin. Mais il semble que non. Ce matin, comme tous les mardis, je suis restée avec Monsieur pendant deux bonnes heures pour régler les problèmes en suspens ; eh bien, pas un mot de Laurent Savrelles.


Pendant la semaine, pas une seule fois il n’est venu m’embêter pour quoi que ce soit. Je sais qu’il a dirigé une entreprise de transport, mais quand même, il a vraiment été très vite pour mettre au point une rotation efficace et logique. Mis à part les éternels râleurs, les chauffeurs ont l’air d’être contents ; tant mieux, pourvu que ça dure !



– Mercredi 24 février 2010 –


C’est incompréhensible ! Tout tourne impeccablement. Il est fort, il a même été jusqu’à rencontrer chacun des chauffeurs pour connaître leurs préférences, et maintenant pratiquement tout le monde est content ; les râleurs ne râlent plus que pour la forme ! Et tout cela sans jamais sortir de son domaine. Il commence à m’énerver…


Pourtant, par deux fois, je lui ai tendu des pièges. Pffrroutt ! Soit il ne les a pas vus (et ça m’étonnerait), soit il les a évités avec élégance et compétence.


Il me donne l’impression de m’ignorer complètement. À ses yeux, je dois être transparente.

Il m’énerve, ce type, il m’énerve !



– Vendredi 26 février 2010 –


Je voulais en avoir le cœur net : ce matin je me suis arrangée pour le croiser « fortuitement » dans le couloir. Dès qu’il m’a vue, son visage s’est éclairé d’un magnifique sourire et il m’a saluée en m’appelant « Mademoiselle Colette ». Je n’ai pas pu m’empêcher de lui sourire (je m’en veux !) mais je l’ai appelé « Monsieur Savrelles »…

Il m’énerve !



– oooOOooo –




Empêtré avec son bouquet et son cadeau, Laurent erre dans les couloirs de la maternité à la recherche de la chambre 114. Une aide-soignante hilare, mais gentille, lui explique le chemin. Il toque enfin à la porte :



Il embrasse la jeune maman, rayonnante, et serre la main de Louis qui s’est levé pour l’accueillir.



Elle pose les fleurs, prend le paquet et, comme une enfant à Noël, déchire le papier qui l’enveloppe tout en jetant des petits coups d’œil rieurs sur Laurent.



Elle lui tend les fleurs :



Laurent en profite pour se lever et s’approcher du berceau. Il regarde le bébé qui dort et se met à chuchoter :



Claudine plonge son regard sérieux dans celui de Laurent :



Une grande claque vient lui secouer l’épaule. P’tit Louis n’a pas besoin de parler : ses yeux bordés de larmes disent merci pour lui. Claudine se redresse sur le lit et tend les bras. Laurent se penche et l’embrasse tendrement.



– oooOOooo –




– Mardi 18 mai 2010 –


Mon Dieu, comme le temps passe ! Ça va faire trois mois que je n’ai plus ouvert mon journal. Il faut dire qu’il ne s’est pas passé grand-chose pour me perturber au point de devoir écrire.

Par contre, là, il faut que je prenne une décision : demain matin monsieur Benoît veut me voir avec Lui.

C’est pour ce transport un peu spécial vers la Russie. Il faut qu’on s’y mette tous les trois : c’est un gros coup et c’est trop important pour l’entreprise.


Jusque-là, tout se passe bien : on s’ignore, un vague bonjour quand on se croise et puis c’est tout. Mais demain, il va falloir travailler ensemble. Pour le travail, ça devrait aller, il est compétent et moi aussi ; dirigés par monsieur Benoît, il ne devrait pas y avoir de problème. Mais pour le reste ?


D’abord, comment je vais l’appeler ?

« Monsieur Savrelles » ? Le traiter en étranger alors qu’il est là depuis plus de trois mois, j’aurais l’air idiot.

« Monsieur Laurent » ? Comme tout le monde ici ? Ça voudrait dire que je me place au même niveau que les autres, en dessous de lui. Ah ça, non !

« Laurent » ? On n’est pas amis, quand même !


Alors ? Alors je ne sais pas ! Je vais le laisser m’appeler en premier et je calquerai mon attitude sur la sienne.


C’est quand même terrible d’en arriver là ! Je n’avais pas à me faire de souci pour de telles bêtises, avant…



– Mercredi 19 mai 2010 –


Il est arrivé dans le bureau juste après moi. Dès qu’il m’a vue, il m’a tendu la main en souriant et, de sa voix de baryton, m’a saluée d’un allègre « Bonjour Colette ».

Qu’est-ce que je pouvais faire ? Sans réfléchir, j’ai souri aussi en disant « Bonjour Laurent ». À voir la figure réjouie de monsieur Benoît, je ne le regrette pas.


Tout bien réfléchi, qu’est-ce que j’ai à lui reprocher ? Je craignais qu’il ne prenne ma place, qu’il sape mon autorité… Il n’en est rien. Je suis seulement moins stressée parce qu’il s’occupe de tout ce que je n’aime pas… Alors ?

Oui, alors ? Eh bien ce n’est pas facile quand on a haï quelqu’un pendant des mois de se dire qu’on s’est trompé.


Bah ! Tout ça j’y pense maintenant, mais ce matin dans le bureau de monsieur Benoît, je n’ai pas eu le temps de réfléchir, il y avait cette mission à mettre sur pied : de la mécanique high-tech à transporter le plus rapidement possible à Moscou. Il faut deux chauffeurs qui puissent se relayer – 2800 km en 48 h, y compris les passages de frontières ! Laurent a proposé Louis Brisback qui comprend parfaitement le russe et qui s’exprime correctement (il paraît que ses parents Tchèques parlaient couramment le russe à la maison…), et ça le démange de reprendre l’international depuis la naissance de sa fille. Il va faire équipe avec Sébastien Vaucourt, avec qui il s’entend bien. Le départ est prévu pour dans dix jours ; d’ici là, il faut que j’aie réuni tous les papiers, visas, douane, argent, etc.


Ça va me faire drôle, demain, de ne plus avoir à éviter Laurent et de pouvoir lui sourire si j’en ai envie !



– oooOOooo –





Ils sont tous les trois en train de dîner chez Édith et Benoît. Benoît est heureux comme un enfant et ne cesse de répéter sa joie.



Benoît l’interrompt en levant son verre de vin :




– oooOOooo –




– Jeudi 20 mai 2010 –


Que se passe-t-il ? Serait-ce un complot ?

Voilà que monsieur Benoît veut que j’aille avec Laurent au congrès de Bruxelles ! Seule avec lui, pendant trois jours… c’est impossible !

Laurent me semble être un monsieur très bien élevé, mais quand même, il vit sans femme depuis presque deux ans.

Mais arrête, Colette ! Tu deviens folle ! Pourquoi veux-tu que Laurent te saute dessus ? Une vieille comme toi…

Vieille, c’est vite dit, je suis plus jeune que lui ! Et puis, je suis encore pas mal !

Oh, les années de solitude, ça compte double. Et puis, une vieille fille comme toi ? Comment veux-tu qu’il soit attiré par toi ? T’as jamais vraiment vu un sexe d’homme ! Ce n’est pas la triste expérience que tu as eue à dix-neuf ans avec ton cousin qui t’a appris grand-chose. T’avais trop bu, ma pauvre fille, et tu ne te souviens de rien sauf d’avoir eu mal, et surtout ensuite de ta panique d’être enceinte jusqu’à ce que tes règles arrivent !


Il faut que je note tout ce qui me passe par la tête. Non, je ne suis pas folle : j’ai peur ! Une peur irraisonnée qui me paralyse totalement.

À 53 ans, je n’ai jamais connu d’homme ; juste ce cousin éloigné qui m’a déflorée un soir de mariage. Un épisode de ma vie que j’ai toujours voulu oublier. Et depuis, RIEN. Une vie amoureuse totalement vide.

Bien sûr, j’ai lu des témoignages et des romans. Je sais que le sexe peut procurer des plaisirs intenses, mais je ne sais pas ce que c’est. J’ai bien essayé quelques fois de me masturber, mais soit je suis frigide, soit je ne sais pas m’y prendre : à chaque fois, ça m’a irritée et après j’ai eu mal pendant des heures.


Mais comment j’ai pu en arriver à parler sexe ? Allons, je vais me faire une tisane et me coucher. Demain il fera jour.



– Vendredi 21 mai 2010 –


Ouf, la semaine est finie. Ce soir, je suis plus calme, je vais essayer d’être raisonnable !

Ce matin, Laurent est passé dans le bureau des secrétaires ; il ne pouvait pas me voir, alors j’ai épié ses moindres gestes. Il a toujours été souriant, il a plaisanté avec chacune mais jamais de grossièretés, ni de regard égrillard. Pas même avec Dorothée dont les jupes ultra-courtes et les décolletés plongeants auraient dû lui exciter l’œil ! Non, cet homme paraît sain, je n’ai vraiment pas à m’en faire…



– Samedi 22 mai 2010 –


Quel réveil je viens de vivre ! Il faut que je note tout avant que ça s’estompe dans ma mémoire. J’étais dans une voiture avec Laurent qui conduisait, il avait posé sa main droite sur ma cuisse. Étrangement, je ne réagissais pas, j’étais bien. Alors, doucement, il a fait glisser sa main vers le haut jusqu’à toucher mon ventre. Instinctivement, j’ai écarté les cuisses. Alors sa main s’est glissée entre elles, caressant la totalité de mon sexe. Les épaisseurs de tissu ne comptaient pas, je sentais ses doigts directement sur ma peau. J’ai commencé à haleter et à gémir, et ce sont mes gémissements qui m’ont réveillée… Ma main droite était sur mon sexe légèrement humide, et il subsistait dans mon bas-ventre une onde de bien-être que je n’avais encore jamais connue.


Je viens de me relire. S’il est parfaitement exact, ce reportage très froid ne correspond absolument pas à la chaleur et à l’intensité de mes sensations, à la béatitude dans laquelle j’étais plongée.

Mais ce n’était qu’un rêve, sans aucun rapport avec la réalité.

Réveille-toi Colette ! C’est pas ça, la vie, tu le sais bien ! D’ailleurs, si on y va en voiture, c’est toi qui conduiras…



– Mercredi 26 mai 2010 –


Depuis deux jours, je me surprends à observer Laurent d’un œil différent, comme si c’était lui qui m’avait réellement donné ces quelques instants de bonheur… J’ai beau me reprendre, me forcer à remettre les pieds sur la terre, c’est plus fort que moi. Je ne lui trouve que des qualités : sa gaîté, sa gentillesse, son intelligence, et surtout sa voix grave et sensuelle qui me fait vibrer dès qu’il parle.


Tout à l’heure, j’ai surpris son regard qui m’a balayée de la tête aux pieds, et j’ai cru y voir passer un voile de déception. Frappée par cette impression, je suis allée m’enfermer dans les toilettes pour me regarder dans le miroir. Je n’y ai rien vu de particulier : comme à l’habitude, mon tailleur était impeccable, mon corsage blanc parfaitement boutonné et mon chignon était en ordre. Je commençais à me dire que je m’étais trompée quand, brusquement, j’ai eu l’impression de me voir à travers ses yeux : toujours la même, tirée à quatre épingles mais sans une once d’originalité. Un personnage gris, morose et bougon.


Il va falloir changer tout ça !


Oui, mais quoi changer ? Et pourquoi changer ? Créer une révolution dans ma vie pour ce type qui n’a sans doute rien à faire de moi ?

Rappelle-toi qu’au départ, ce n’est qu’un rêve !

Bien sûr, c’est vrai… mais j’ai réellement envie de changer, je viens de m’en rendre compte : toujours ce même tailleur, toujours ce même chignon ! Je suis lasse de me voir toujours pareille…



– oooOOooo –






– oooOOooo –




– Lundi 31 mai 2010 –


Je dois raconter les détails de ce voyage pour que, plus tard, je puisse y réfléchir à tête reposée.


Vers 15 heures, quand j’ai pris le volant, je me suis rendu compte que je n’étais qu’une idiote : je me bloquais mains et jambes pour la conduite alors que je lui laissais toute liberté de mouvement dans le siège de droite ! Quelle andouille !

En plus, je me soumettais à l’observation d’un ancien chauffeur routier qui avait des milliers et des milliers de kilomètres dans les bras ! Moi qui ne conduis qu’en ville, ou presque…


Résolue à ne rien laisser paraître, j’ai essayé de me détendre, tout en le surveillant du coin de l’œil. Quand j’ai remarqué qu’il ne faisait attention ni à la circulation, ni à ma façon de conduire, je me suis sentie mieux, arrivant même à conduire avec une souplesse que je ne me connaissais pas. Il bavardait gaiement, rapportant des anecdotes sur sa vie de chauffeur et son ancienne entreprise et, malgré l’intense circulation de l’autoroute, le temps passait agréablement.

Pendant les moments de silence, je sentais qu’il m’observait. Je percevais la chaleur de son regard comme s’il m’avait réellement touchée et, bizarrement, cela ne me gênait pas. Au contraire, mon corps réagissait comme sous une caresse ; et cela, en dehors de ma volonté.


Je portais mon chemisier en soie grège, celui qui me serre un peu au niveau de la poitrine. Naturellement, mes mamelons se sont durcis et, malgré mon soutien-gorge, ils se sont dessinés en relief sur le fin tissu. Voilà une nouvelle situation que je ne connaissais pas : j’exposais mon excitation à un homme. Bien sûr, c’était involontaire, mais il ne le savait pas… Curieusement, je ne me sentais pas vraiment gênée, plutôt détachée de la situation, observatrice de mes réactions et de celles de mon voisin, et malgré tout préoccupée par la conduite de la voiture, perdue entre la file ininterrompue des camions à droite et les excités de l’accélérateur qui déboulaient sur la troisième voie de l’autoroute.


Laurent n’a pas bronché. Pourtant, en un éclair, j’ai bien vu la fixité de son regard sur mes seins. Il a fait semblant de rien et est resté parfaitement « gentleman ».

Mais pourquoi est-ce que j’ai cette impression de regret, d’occasion manquée ?


Au bout de deux heures, épuisée, je me suis arrêtée un peu avant la frontière. Malgré l’heure, nous avons pris un café (je ne suis pas près de m’endormir…) et je lui ai laissé le volant. C’était à mon tour de l’observer.

Mmmm ! Comme j’aime sa façon de conduire ! Dans l’incroyable trafic belge, il a su rester fluide, sans à-coups, sans secousses ; ma voiture était devenue un vrai tapis volant. Et lui, détendu, continuait à papoter, le sourire aux lèvres. Je crois qu’alors j’ai effectué un transfert sur ma voiture. C’est moi qu’il dirigeait avec tant de ferme douceur ; comme le volant, j’étais entre ses mains, caressée, maintenue, tournée et retournée.

« Retournée », oui ! Toute retournée… Je me rends compte que dès ce moment, j’étais tombée amoureuse de Laurent. Pour être plus exacte, c’est mon corps qui avait envie de lui. J’avais fermé les yeux et je rêvais. Entre ses mains, mon corps s’abandonnait, j’étais persuadée qu’il saurait m’apprendre le plaisir, me conduire avec douceur mais autorité vers ce bonheur physique que je ne connais pas mais auquel je commence à aspirer.


J’ai dû m’endormir alors, car il m’a sortie de mes songes sensuels en me disant que l’on était presque arrivé. L’esprit encore embrumé de fantasmes, je ne tardai pas à apercevoir l’enseigne de notre hôtel, et peu de temps après nous gagnions nos chambres pour nous rafraîchir et nous détendre avant d’aller au restaurant.




– Lundi 31 mai 2010 – (beaucoup plus tard)


Il m’a emmenée dans une brasserie qu’il avait l’air de bien connaître. C’était bourré de monde, bruyant mais bon enfant. Nous avons attendu peu de temps au bar qu’une table se libère, puis nous nous sommes installés dans un petit coin, presque isolés. Avec la bougie sur la table et la rose naturelle, j’ai tout de suite trouvé cela très romantique.

Laurent continuait son bavardage de l’après-midi, parlant de la Belgique et des Belges de façon chaleureuse et souvent drôle.


J’espérais qu’il allait faire attention à moi, à cette robe noire, près du corps, que j’avais mise en son honneur, à mon maquillage et à ma coiffure que j’avais particulièrement soignés, et surtout à mes yeux, implorant de sa part un regard admiratif, voire même seulement surpris.


Mais RIEN !


Il était détendu, manifestement heureux d’être là avec moi, mangeant avec appétit, mais c’est tout…


Même au moment de payer, quand je lui ai pris la main en lui disant que j’allais régler (un jeu où je savais d’avance que j’allais perdre), il n’a pas fait attention. Pourtant, moi, j’avais le cœur qui cognait d’avoir osé le toucher et je crois que je n’aurais pas été plus secouée si j’avais mis les doigts dans une prise de courant.



– oooOOooo –






– oooOOooo –




– Mardi 1er juin 2010 –


J’ai l’impression d’être une nouvelle femme.


Quelle journée ! J’étais la seule en robe parmi les rares femmes présentes au congrès.

Ah, le regard des hommes !

J’aurais dû être gênée… mais non ; juste un petit peu, au début. J’étais fière de mon corps, fière d’attirer l’œil plus ou moins égrillard des mâles présents, et surtout rassurée après mon expérience d’hier soir avec Laurent.


Je découvre un nouveau pouvoir : on m’écoute quand je prends la parole. Sans doute l’effet de surprise de voir une nana pas trop moche parler intelligemment d’un boulot de mecs !

J’avoue que j’en ai profité pour exposer en détail notre façon de travailler. Du coin de l’œil, je voyais le sourire de Laurent qui me réchauffait le cœur. Sûre de moi, je parlais avec justesse et concision. Je me suis même fait applaudir !



– Mercredi 2 juin 2010 –


J’ai maintenant une petite cour d’hommes qui me suit partout. Ça commence à devenir un peu lourd, mais ça flatte mon ego et je supporte volontiers.

Mon seul regret, c’est que Laurent se tienne éloigné de tout ça.

Il n’est jamais loin, toujours souriant quand il me regarde, mais j’aimerais sa présence tout près de moi.

Aujourd’hui, il y a eu deux conférences très intéressantes sur la nouvelle réglementation européenne. Il va falloir mettre ça en œuvre très vite si on ne veut pas se faire dépasser !



– Jeudi 3 juin 2010 –


Dernière matinée de travail avant le banquet de fin de congrès, ce midi.

Malgré toutes les sollicitations, j’ai réussi à ne boire pratiquement pas d’alcool, mais c’était encore trop pour pouvoir conduire. C’est Laurent qui a pris la voiture.

Nous avons parlé à bâtons rompus durant tout le trajet.



– oooOOooo –





Coup d’œil entendu de Laurent vers Colette :




– oooOOooo –




– Jeudi 3 juin 2010 – (suite)


Mon Dieu, que les hommes sont bêtes ! J’ai du mal à croire qu’il ait été aussi obtus…

Et pourtant, à voir son ébahissement, c’était vrai !


Pour être honnête, il faut quand même dire que rien ne pouvait laisser présager un tel bouleversement chez moi. Depuis la mort de maman, je ne me rappelle pas avoir souri une seule fois ; j’ai noyé ma souffrance et ma solitude dans le travail. L’arrivée de Laurent a été comme une renaissance (avec un accouchement fort long et pénible !)


L’essentiel était dit, on a donc parlé d’autre chose.

Je ne sais trop comment on en est venu à parler gastronomie (moi qui sais tout juste me nourrir !) mais voilà, je suis invitée à dîner chez lui, le samedi 12, pour goûter son « fameux » caneton aux cerises.



– oooOOooo –




Me voici devant sa porte. Mon Dieu, comme ces neuf jours ont pu me paraître longs ! J’ai le cœur qui cogne, les jambes qui flageolent et les mains qui tremblent. « Allez, Colette, c’est ton premier rendez-vous amoureux. Ne pense plus à tes 53 ans, vas-y ! ».


Je frappe.


Laurent est là, tout sourire, décontracté, en tee-shirt blanc et bermuda gris. Il me pose une bise fraternelle sur la joue. « Y a pas, il va falloir que je prenne les choses en main si je veux que ça avance… »


Il me fait entrer et je découvre son appartement. Situé au septième et dernier étage de l’immeuble, il bénéficie d’une immense terrasse qui prolonge la salle de séjour où nous pénétrons. Une appétissante odeur provient du coin cuisine, séparé de la pièce par un large bar. Deux grandes baies vitrées permettent d’accéder à la terrasse où des arbustes délimitent un petit coin discret, romantique, à l’abri des regards. Dans cet espace, une table est dressée, digne d’un restaurant trois étoiles. Un grand store maintient une agréable pénombre, et une fontaine jaillissante doit entretenir une fraîcheur sympathique en cette chaude journée.


Nous nous arrêtons en chemin, dans le coin salon. Je donne alors à Laurent le paquet de truffes au chocolat que j’avais acheté pour ne pas arriver les mains vides. Il l’ouvre comme un gamin :



Il ouvre alors la demi-bouteille de champagne qui refroidissait dans un seau à glace, sert deux flûtes et me présente la mienne. Nous trinquons. J’arrive à capter son regard quelques instants et j’essaie d’y faire passer toute l’envie que j’ai de lui. Ses yeux se mettent à pétiller : je crois que j’ai gagné la première manche.

Nous bavardons ; il me parle de lui, de son amour pour le chocolat, pour les fleurs, et surtout pour la cuisine. Après quelques minutes, il se lève :



Et il s’en va dans le coin cuisine. Au passage, il attrape un tablier qu’il enroule autour de lui. Il est mignon ; un vrai chef ! Pendant qu’il s’affaire aux fourneaux, je me dis que c’est le moment. Je m’approche de lui, me colle dans son dos et l’entoure de mes bras. Je vais pouvoir lui parler sans qu’il puisse me regarder et voir la rougeur qui envahit mes joues. Mon cœur cogne encore pire que tout à l’heure ; il doit certainement le sentir. Je prononce alors le petit discours que j’ai préparé et que je répète depuis des jours :



Pendant toute cette tirade, je me suis pressée contre lui. Mes seins durcis, écrasés sur son dos, étaient presque devenus douloureux. À la fin, prête à pleurer, je pose ma joue sur son dos et j’attends sa réaction. Après quelques instants, il écarte doucement mes mains, attrape mon coude et pivote pour s’emparer de mes lèvres.


Mon premier baiser…


Je m’attendais à tout, sauf à ça. Je suis électrisée, un énorme frisson me secoue entièrement. Mes lèvres s’ouvrent et je sens sa langue qui les caresse puis qui s’insinue entre mes dents… un autre frisson… c’est bizarre, c’est sucré. « Oh, comme c’est bon ! »

D’elle-même, ma langue part en exploration, se frotte amoureusement contre la sienne et découvre d’autres dents, d’autres gencives. « Quand je pense que j’étais dégoûtée de boire dans le verre de maman… » Des pensées idiotes me traversent l’esprit… et toujours ce courant qui me parcourt, qui me fait tressaillir, qui pousse mon corps à épouser le plus étroitement possible le sien, à… à… mais oui, à sentir sur mon ventre son sexe qui gonfle et durcit ; c’est plus fort que moi, il faut que je me frotte dessus.


Mes jambes tremblent et peinent à me porter ; des deux bras je m’accroche à son cou. Ses deux mains ont maintenant toute liberté pour me caresser, et il ne s’en prive pas.


« Hiii… mes côtes ! Je suis chatouilleuse… », mais non ! En fait c’est délicieux de sentir ses grosses paluches sur mon corps. Il a empoigné mes fesses et remonte doucement dans mon dos ; tout mon être ondule sous ses mains, comme une chatte câline. Il quitte mes lèvres pour planter une infinité de petits bisous pointus dans mon cou et sur mes épaules ; à chacun je frissonne. Je ne pense plus, je ne suis que sensations…


Ça y est, il a trouvé la tirette de la fermeture de ma robe d’été, je la sens descendre lentement tout le long de ma colonne, jusqu’à la naissance de mes fesses. Ses mains sont maintenant sur ma peau. Complètement ouverte, ma robe n’est plus retenue que par deux fines bretelles. Je n’aurais jamais pu imaginer que cela puisse être si doux. Oui, comment imaginer l’enchantement de ses deux mains glissant sur mon corps ?


Face à cette excitation qui me bouleverse, le calme de Laurent, son sourire entre deux baisers et ses yeux remplis de tendresse me rassurent et m’incitent à m’abandonner totalement.


Après quelques secondes d’affrontement avec l’attache de mon soutien-gorge, Laurent arrive à la dégrafer. À cause de ma robe, j’en avais choisi un sans bretelles, aussi il glisse immédiatement, libérant mes seins douloureux à force d’être tendus. Deux mains arrivent et les empaument ; d’une douce caresse, elles les libèrent de cette tension. L’émotion me procure un tel choc que mes jambes se dérobent et Laurent doit me rattraper de justesse avant que je ne m’écroule.


Un bras sous les épaules et l’autre sous les genoux, il me soulève et me porte, comme un bébé, jusqu’au salon. Il m’assoit sur le canapé et finit de faire glisser ma robe ; à part ma petite culotte, je suis nue devant lui. Lui-même retire son tee-shirt et son bermuda ; comme moi, il ne dévoile pas son sexe et garde son boxer. En m’embrassant, il m’allonge et se met à genoux au pied du canapé. Il me regarde longuement, et pourtant je n’ai pas honte ; dans ses yeux, je lis que je suis belle.


Tout à coup, ses mains virevoltent sur moi et m’étourdissent de sensations. Sa bouche quitte mes lèvres, descend dans mon cou, descend, descend… Pour la première fois, je sens sa moustache qui m’électrise. Mon cœur s’affole, il se remet à cogner comme un malade : Laurent va poser sa bouche sur mes seins.


« Es-tu vraiment décidée ? » me dit une petite voix. « Mais oui, bien sûr. » répond ma raison. Je suis perturbée ; jamais je n’avais ressenti un tel désir. Ce sera une première ; jamais personne… Tout cela me traverse l’esprit tel un flash.

Laurent vient juste d’arriver à la base de mon sein droit. Je ris intérieurement : c’est vrai qu’il est droit, tendu comme jamais et, du coin de l’œil, j’aperçois sa pointe turgescente dressée en attente des lèvres qui approchent doucement.

Je m’affole, la main droite de Laurent remonte parallèlement sur mon sein gauche.


J’attends, j’attends…


Il tourne autour du mamelon ; c’est cruel ! Ah si… la moustache effleure le téton, je sursaute. Mais sa bouche, ses doigts restent autour, frisent tout juste les granulosités de l’aréole… C’est sadiquement jouissif !


Enfin les lèvres s’ouvrent et les doigts se tendent ; les deux tétons sont pris en même temps. Tout mon corps se tend alors que de ma bouche sort un long gémissement. Je prends conscience que j’avais arrêté de respirer. « Dieu, que c’est bon ! »

Chacun de ses micromouvements déclenche un geyser d’étincelles qui me transpercent la poitrine. Je ne peux pas m’empêcher de murmurer :



« C’est idiot, je sais… et alors ! Ça me sort du cœur et ça m’aide à être plus heureuse, à prendre conscience de mon bonheur. »

Ah, toujours ce conflit en moi, je n’arrive pas à me laisser aller totalement. Ma seule volonté n’y suffit pas.


Je réalise alors que je reste passive, que j’analyse égoïstement mon ressenti ; et lui ? Bien sûr, il ne réclame rien, mais j’ai deux mains moi aussi. Et s’il s’est déshabillé : c’était sans doute un appel !

Alors, j’oublie un peu ma petite personne et je pose mes mains sur lui.


Sa peau est chaude et douce. Une main sur son dos et l’autre sur son épaule, j’ai du mal à me concentrer car lui s’est mis à me téter un sein pendant qu’il pelote l’autre. Je fais un effort pour me partager en deux, un côté qui reçoit et l’autre qui donne.


Ma position allongée n’est vraiment pas pratique pour ce que j’entreprends, alors je me redresse et m’assois en le plaçant entre mes jambes. J’ai ainsi tout son corps à ma disposition. Je découvre le plaisir de caresser un homme ; cette peau douce sur des muscles fermes, ces poils follets sur la poitrine et ces tout petits tétons qui durcissent sous mes doigts. Aux frémissements incontrôlés de ses lèvres sur moi, j’apprends les attouchements qui lui font de l’effet ; je découvre et j’explore.


Poussée par le plaisir, je m’enhardis ; je me penche en avant et je palpe ses fesses par-dessus son caleçon. Il se redresse, surpris. C’est dur, ferme et contracté. Je veux en savoir plus : je passe mes mains sous l’élastique et je prends ses fesses à pleines mains. Il se redresse et je lis la stupeur dans ses yeux ; mais rapidement un sourire vient éclairer son visage. Sous mes mains, ses fesses se contractent convulsivement, surtout quand mes doigts, poussés par la curiosité, cherchent vainement à s’insinuer entre elles. Toujours sous l’élastique, je ramène mes mains sur ses hanches, puis vers ses cuisses. Ça y est ! Entre mes mains et mes poignets, je sens son sexe qui palpite.


Je n’ai encore jamais vu ni touché un sexe d’homme. « Encore une première ! » me dis-je. Au point où j’en suis, il faut aller jusqu’au bout : je descends mes mains sur ses cuisses, entraînant son boxer et je dégage « la bête ». Impressionnant ! Je reste bloquée quelques secondes, stupéfiée, le temps de prendre la mesure de « la chose ». Je n’ai, bien sûr, aucun élément de comparaison, mais ça me semble énorme. « C’est ÇA qui devrait entrer en moi ? » Puis je me dis que j’ignore tout et qu’il ne faut préjuger de rien, alors j’approche ma main. Timidement, du bout du doigt, je touche le pénis dressé : c’est moelleux en surface puis très dur en dessous. Je descends lentement vers les bourses qui m’intriguent ; sous mon doigt, ça tressaute. La peau du scrotum est ridée mais ferme, et au travers je découvre la forme oblongue des testicules.


Troublée tout à coup par ma maladresse, je regarde Laurent mais son sourire m’encourage. Cette fois-ci, je prends fermement le pénis dans ma main. La sensation est voluptueuse : cette peau souple et douillette qui glisse sur cette tige rigide, c’est fantastique dans la main. Je fais quelques lents va-et-vient mais, vite, Laurent m’arrête :



Il me tire vers lui ; j’ai les fesses presqu’en dehors de l’assise : il en profite pour faire glisser ma culotte. Penché sur moi, il me picore de baisers toute la poitrine, descend sur le nombril puis le ventre. « Non ! Il ne va pas… » Instinctivement, je serre les cuisses ; posément, il se redresse, me regarde dans les yeux en souriant, pose ses mains sur mes genoux, et tranquillement il les écarte. Après une velléité de résistance, je me laisse faire.


Au fur et à mesure qu’il approche son visage, je sens une boule gonfler dans mon ventre ; c’est fait d’angoisse, d’attente, de pudeur, de volonté de m’offrir, mais aussi de résistance due à toute mon éducation. Je ferme les yeux. Sa moustache se mélange aux poils de mon pubis et je sens son haleine réchauffer ma vulve.


Ça y est, sa langue effleure mes lèvres intimes, les caresse sur toute leur longueur puis s’insinue entre elles. La sensation est extraordinaire, mais mon corps refuse de se laisser aller complètement. Laurent devine mon malaise ; il quitte mon sexe pour embrasser mes cuisses et l’intérieur de celles-ci. Ses mains me caressent sans relâche partout sur le corps. Il me susurre des mots sans suite, lénifiants, je me laisse aller à ce murmure hypnotisant.


Mes sensations deviennent plus profondes ; la boule de mon ventre se transforme en vibrations bienfaisantes, ma libido se réveille enfin. Tendrement, je prends sa tête et je l’approche de mon entrejambe. Il a compris le message, et sa langue s’insinue, fouille, tourne autour, caresse, titille. Ça y est ! Je vais décoller, tout mon être est parcouru d’ondes rythmées par sa langue. Je m’entends gémir doucement. Je ne sais plus où je suis, mais je sais que je m’envole. C’est un feu d’artifice, ça explose partout, des éclairs me traversent, je me convulse.


Un cri – mon cri – me réveille ; je m’écroule sur le canapé. J’étais tendue comme un arc, serrant à l’étouffer la tête de Laurent entre mes cuisses. D’un long soupir, il reprend son souffle puis me serre tendrement contre lui. Il me caresse tendrement, calmant les frissons et les soubresauts qui m’agitent encore. Que c’est bon, sa peau contre la mienne ! Il me berce comme une enfant. Nous restons ainsi un long moment ; je suis bien !



Je cherche ma robe des yeux mais il est nu et semble vouloir le rester. C’est drôle de le voir ainsi vaquer nu ; son sexe est retombé et se balance au gré de ses mouvements. « Mais, moi aussi, mes seins vont retomber ; ils sont loin, mes vingt ans… » Il arrive vers moi, une serviette blanche pliée sur son avant-bras gauche. Dans une courbette, il m’attrape la main et me relève avec douceur.



Il me présente son coude où je pose ma main, et nous partons ainsi vers la terrasse, dignement mais totalement dénudés. Arrivés à table, nous nous regardons et éclatons de rire. Un rire qui libère toutes mes tensions : je suis simplement heureuse d’être là, sans aucune arrière-pensée. Et j’ai faim !


Le déjeuner est succulent, Laurent est vraiment un chef. Il arrive à réjouir tous mes sens.


Je n’ai jamais été éduquée à boire du vin, mais je goûte celui qu’il me sert, qui m’emplit la bouche de saveurs exquises et m’embrume un peu le cerveau. Je reste totalement lucide, mais je découvre que toutes mes inhibitions se sont envolées. J’offre mon corps à la caresse d’une petite brise ; je suis vautrée sur ma chaise, bras et jambes écartés, parfaitement consciente d’être totalement impudique sous le regard pétillant de lubricité de Laurent.



Il se penche sur moi, m’embrasse et me soulève dans ses bras. Blottie contre lui, je me laisse porter. Nous traversons le séjour et arrivons dans la pénombre d’une chambre. Tout en poursuivant son baiser, il me dépose sur le lit et s’allonge à côté de moi.



– oooOOooo –




Depuis, c’est le bonheur !

Nous avons gardé chacun notre chez soi. Je ne veux pas à lui imposer mes habitudes de vieille fille, et il tient à son indépendance.

Nous nous recevons, et chaque fois c’est une fête.