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n° 16855Fiche technique20319 caractères20319
Temps de lecture estimé : 11 mn
14/06/15
Résumé:  L'histoire tourmentée d'un amour entre une femme pompier et un homme qui a tout perdu.
Critères:  fh hplusag amour partouze poésie policier -poésie
Auteur : Calpurnia            Envoi mini-message

Poésie
L'ange aux yeux tristes

C’est dans une petite ville du centre de la France,

Au bord d’une autoroute, point de passage de la grande transhumance.

Mais personne ne s’arrête plus de dix minutes sur l’aire de repos voisine.

Lui, Bernard, quarante-deux ans, avait une épouse et un fils, et travaillait comme technicien dans une usine.

Sa vie était douce et plongée dans une sorte d’insouciante torpeur.

Jusqu’à cette nuit de stupeur.

Il a perdu sa famille et sa maison et sa raison, en quelques minutes.

Moins d’une heure d’une interminable chute.


Marion est professeur des écoles et pompier volontaire.

Volontaire : cela résume son caractère.

L’endurance physique d’un corps menu

Vingt-trois ans, un regard faussement ingénu

Les yeux d’un ange triste

À cause de la longue liste

De celles et ceux qu’elle a perdu

Lorsque la mort a pris son dû.

Elle est capable de marcher longtemps, suer, marcher encore,

Transpirer de tous ses pores

Et de sourire malgré tout.

Tous sont séduits : c’est son atout.

Mais la belle ne se donne à personne.

Nul ne la prend, ne s’enjuponne

Autour de ses grands yeux mélancoliques et doux.


Jusqu’à cette nuit de juillet

Odeurs de barbecue et de poulet grillé.

Dans les rues, un parfum de vacances

Plus que quelques jours de patience.

Soudain un gyrophare déchire la nuit.

Éclats de voix, ordres donnés, beaucoup de bruit.

Le pavillon de Bernard est livré aux flammes ;

Très vite, la tragédie se trame :

Une cigarette mal éteinte, un cendrier renversé ?

Les habitants du quartier sortent de chez eux, pour assister, bouleversés

Au combat désespéré des soldats du feu contre les flammes

Qui retiennent deux prisonniers : un enfant et une dame.

La lune regarde la scène et sa face affiche un œil mauvais.

Elle a voulu cela, ou bien a délibérément laissé faire ce qui est arrivé.

Cruelle.

Vengeance mortelle.

Il ne fallait pas la fouler aux pieds, quarante ans plus tôt exactement.

Il ne fallait pas la défier ouvertement.


Avant, Bernard aimait le vent d’été, la nuit, quand la journée avait été caniculaire.

Il appréciait la brise et le disque blanc qui éclaire.

Mais les bourrasques d’un orage sec ont attisé les flammes, et il ne reste plus rien de sa maison.

Ni de sa femme, ni de son fils. Il est perdu dans la déraison.

Maudites rafales.

Hagard, sur le bitume du trottoir, il s’affale.

Marion vient lui porter un café, le réconforter.

Elle se sent de taille à le porter.

Pour elle, c’est un échec terrible.

Bien sûr, elle se savait faillible.

Mais sa vocation c’est sauver ou périr.

Elle vit, et n’est pas parvenue à secourir.

Deux corps livrés aux civières couvertes.

Calcinés. Inertes.

Avant de repartir dans la nuit en silence, sans sirène ni gyrophare.

L’esprit de Bernard s’égare.

Pour lui, c’est trop souffrir.

Il veut mourir.


Marion l’a accueilli pour la nuit seulement, dit-elle.

Chez elle : recueilli sous son aile.

L’ange au regard triste et doux

Se met en danger mais elle se fout

Des risques de l’excès d’empathie.

Elle ne laissera pas une vie de plus engloutie.

Elle ne cherche pas à le consoler.

Il est inconsolable. Elle se contente d’accoler

Son corps souple et chaud contre celui, glacé, de l’homme.

Lui est comme un fantôme.


Dans son lit, la nuit suivante, elle se donne à lui, entièrement.

Même quand l’esprit est ailleurs, le corps n’oublie rien de ses réflexes organiques, bizarrement.

Elle se découvre câline,

Déploie sa nudité souple, féline.

Elle n’avait jamais fait l’amour, pourtant.

Voilà qu’elle le sauve en coïtant.

Elle possède une force vitale

Contre la désespérance létale.

Elle veut le ressusciter,

À nouveau le désir susciter

Par l’offrande totale de sa chair féminine.

La secouriste se fait libertine.

En l’accueillant charnellement, elle s’est faite don,

Dans le plus complet abandon.

Aux bras de son amant, elle est un animal plein de vie.

Pour lui redonner l’envie.

Les fragrances de la fleur intime possèdent sur lui un pouvoir spécial :

Celui du désir profond, inexplicable, bestial.

Bernard dispose au fond de lui-même d’une résilience inattendue

Passant mystérieusement par sa verge tendue,

Au plus profond de son obscurité.

Alors que tout ce qui, intérieurement, l’avait construit s’est effrité,

Elle est parvenue à préserver une petite lumière,

Se faisant en même temps égérie, infirmière,

L’ange providentiel au regard guérisseur,

Aux grands yeux bruns remplis d’une infinie douceur.


L’automne s’écoule, puis l’hiver. Ensemble, ils traversent la nuit.

Dans le souffle chaud d’un corps bienveillant, progressivement, la sève de vie remonte en lui.

Les senteurs intimes,

Fragrances féminines,

Apaisent l’homme au cœur blessé.

Nu, les yeux fermés, il se laisse caresser.

Elle s’offre avec délicatesse.

Tout en elle se fait tendresse

Dans la chaleur hivernale du lit.

Le lien d’une intense affection s’établit.

Il aime caresser lentement la musculature fine et souple.

Ils s’installent en couple.

Elle accueille les larmes qui coulent entre ses petits seins.

Maudissant avec lui tous les dieux assassins.

Main dans la main, ils regardent la lune glacée.

Timide bourgeons sur une vie fracassée.

Le désir de chair est un terreau fertile et généreux.

L’onguent d’un cœur douloureux.

Ils se parlent peu. Simplement, elle se dénude,

En ouvrant sa féminitude.

Une évasion par la porte du plaisir charnel.

Par le vagin ouvert, évasure sexuelle, orifice pulsionnel :

Le désir masculin est inexhaustible.

Il l’étreint et la pénètre de toutes les façons possibles.

Elle a d’incroyables voluptés.

Elle est son animal dompté

Dont il jouit des extases profondes,

Dans des orgasmes humides qui tous deux les inondent.


L’appétit sexuel de Bernard devient frénétique.

Sa mélancolie se transforme en frisson érotique.

Marion se prête tendrement à tous ses jeux déments.

Une émotion bizarre s’installe entre les amants.

Soumission, domination, masochisme,

Invitation d’autres couples, échangisme, candaulisme :

Elle se prête aux fantasmes un peu pervers.

Dans la bizarrerie, son corps lui reste ouvert.


Il lui demande de se masturber devant un public de gens dont le visage est recouvert d’un masque.

Elle accepte et se soumet à Bernard dont l’esprit fantasque

La déroute mais, de même que devant le feu, elle n’a pas peur.

Ils achètent des vibromasseurs,

Des jouets sexuels, des godemichés que l’on met à la ceinture,

Et autres fournitures.


Il organise des orgies dignes de Caligula,

De Néron ou de Dracula,

Où l’on joue toute une nuit, dans la pénombre de quelques chandelles, avec des fouets, des bougies, entre autre choses bizarres,

Des parties fines où la raison s’égare,

En un rut incroyable, jusqu’au petit matin, en des jeux libertins

Où les notables austères et adultères se mêlent aux putains et autres vénales catins,

Où des femmes mariées allant chaque dimanche, élégamment mises, à l’église

S’adonnent à des pratiques que le clergé diabolise.

Avec de jeunes gens, par ailleurs de bonne famille, mais peu regardants sur l’aspect moral.

Lorsqu’elles poussent un cri guttural

En présentant leurs fesses avec complaisance

Afin de goûter à la bienfaisance

D’une sodomie bien lubrifiée, alors que leurs poignets et chevilles sont liés.

Dès le lendemain, ces petits jeux sont bien sûr oubliés,

Et chacune et chacun, après la nuit de débauche à l’ancienne,

Retourne à ses occupations quotidiennes.


Mais le couple manque d’argent.

Certains médisent en les jugeant.

Les rumeurs parlent de pratiques

Obscènes voire diaboliques ;

Que Bernard a mis le feu volontairement

À sa maison afin de financièrement

Profiter d’une assurance-vie à son nom, d’un pactole ;

Que bien trop vite il se console

Aux bras d’une femme pompier.

Certains vont jusqu’à les épier,

Afin de chercher la faille du plan scélérat et perfide

Du veuf supposément éploré et de la frêle sylphide.


Un jour, Bernard est convoqué chez les gendarmes.

Marion le rassure, lui dit qu’il ne faut pas qu’il s’alarme.

Un témoin affirme que le jour du drame, il l’a vu

En un lieu imprévu,

Chez une femme nommée Cécile,

À quelques rues de son domicile.

Pourquoi n’était-il pas chez lui

Lorsque déjà tombait la nuit ?

Est-ce un propos de sycophante

Issu de l’ambiance étouffante

D’une petite ville où l’on bavarde et tout se sait ?

Voici que l’homme est dénoncé,

Car Cécile a disparu, volatilisée.

La suspicion, maximalisée.

Aura-t-on un mea-culpa ?

Car elle était sa maîtresse, n’est-ce-pas ?

Cependant, nullement Bernard ne se démonte.

Cette accusation, dit-il, est une honte.

Il affirme ne connaître nullement

Cette demoiselle que l’on prétend ridiculement

Être l’objet de son adultère,

Lui qui se jure, main sur le cœur, bon mari et bon père !


Mais le suspect a un passé

Qu’il ne peut pas effacer.

Il a déjà connu la geôle

Pour avoir tenu, jadis, un rôle

Dans une sordide affaire de meurtre, puis libéré sur parole :

Conditionnelle et provisoire liberté

Qui ne manquent pas d’alerter

Les enquêteurs sur cet individu aux antécédents troubles.


La suspicion redouble.

On place sur écoute les téléphones des deux amants,

Enregistrant des propos déments,

Les phrases enflammées.

Passion exprimée, fournaise du désir allumée :

Ce sont les mots d’un amour très cru ;

Il est de sa belle très féru.

Toujours elle accueille les propos de son amant d’une manière complaisante.

Dans la gendarmerie, l’écoute est plaisante.

Dans son uniforme impeccable, l’homme de loi rougit :

Troublé, le maréchal des logis !

Pourtant, il est habitué à auditionner obsédés sexuels et prostituées.

La bande d’enregistrement est ponctuée

De cris d’amour où transpirent la luxure et le désir à vif,

Où la parole est fièvre et le verbe lascif :

La voix d’un Éros sauvage et sans limite.

On dirait que cet homme a dans le pantalon un bâton de dynamite.

Sa compagne l’écoute déclamer ses discours obscènes et l’encourage parfois.

Certes, cela ne fait pas de lui un hors-la-loi,

Mais ils ont confiance pour trouver des preuves.

Ils recherchent activement le corps de Céline, font draguer le fleuve :

Rien.

Ils fouillent la forêt, accompagnés de chiens :

Toujours rien.

La grande et jolie brune s’est volatilisée,

Et l’enquête s’est enlisée.


Mais il faut bien que quelqu’un expie pour le scandale,

Afin de sauver la morale.

Après tout il suffit d’un témoin :

Coupable, on l’en serait à moins.

Le veuf n’a-t-il pas prononcé, au lieu de pleurer, des paroles obscènes ?

Il faudra qu’il avoue toute sa mise en scène !

Et surtout, l’endroit où le corps de son ancienne maîtresse est enterré.

À l’interrogatoire, c’est un poisson coriace qu’il faut savoir ferrer.

Les questions pleuvent, pendant des heures et des heures,

Pour que vienne la révélation majeure.

Malgré la pression des enquêteurs, il se tait.

Les gendarmes ont beau insister,

Ils ne parviennent pas à obtenir les aveux qu’ils attendent.

Au lieu de cela, ce qu’ils entendent,

Ce sont des cris d’amour, des pleurs

Face à l’examen harceleur

De son emploi du temps avec lequel il s’embrouille,

Il cafouille.


Non, au moment de l’incendie, il n’était pas à la maison.

S’il a menti, il doit bien y avoir une raison :

Par exemple, occire sa maîtresse…

Bien sûr, tout cela le stresse.

Il admet avoir trompé sa femme, se contredit.

Ce qu’il dit n’a plus aucun crédit. Il a le profil du bandit,

Celui qui tue de sang-froid et fait frissonner les gens honnêtes.

Il se dit innocent, mais qu’importent ses sornettes :

Déjà son nom est dans le journal ;

Il faut réunir le tribunal.


S’ouvre un procès en cours d’assises

Dont l’issue est fort indécise.

Le procureur, en l’absence de cadavre, sait son dossier fragile, et veut absolument éviter l’acquittement.

Il sait qu’il doit jouer serré, alors il attaque vertement.

En insistant sur la moralité douteuse,

La réputation sulfureuse,

D’un homme dont le passé suinte le crime et le sang.

Celui-là ne peut être innocent.

Les débats prennent une tournure

Présageant une condamnation future.

Traqué comme un animal,

Mal conseillé par son avocat, Bernard d’y prend mal.

Le tribunal est un théâtre

Où défilent experts et psychiatres,

Où chacun joue son rôle et où d’avance, tout semble joué :

La justice ne doit pas échouer bien que l’accusé n’ait pas avoué.


Alors Marion s’accuse.

Pour sauver Bernard, qu’elle aime de delà de l’imaginable, elle n’a pas trouvé d’autre ruse

Que de s’inventer une imaginaire culpabilité.

Avec une certaine habileté,

Elle affirme avec aplomb avoir assassiné Cécile.

Cela ne lui est pas difficile

De convaincre les jurés :

Ceux-ci, en présence d’aveux, reine des preuves, sont rassurés,

Puisqu’à endosser la responsabilité du désordre, elle est volontaire.

Après tout, elle avait la possibilité de se taire.

Alors, pour ce triple assassinat, on réclame perpétuité :

Elle pratiquera la prison centrale pour femmes avec assiduité.


C’est que pense le procureur

Avant que ses yeux s’agrandissent d’horreur.

Comme si elle avait soulevé sa pierre tombale,

Cécile entre dans la grande salle.

Cachée dans l’ombre, elle a décidé de revenir

Pour soulager sa conscience, enfin en finir,

Assumer ses actes,

Rétablir la vérité, la trame exacte

Des événements

Qu’elle cherchait à oublier vainement.

Cette tragédie,

Oui, c’est elle qui l’a ourdie.

Elle a allumé l’incendie en cette nuit de juillet.

Elle a fait cela sans sourciller.

Afin que Bernard, son amant, soit pour elle toute seule, rien que pour elle.

Ensuite — elle avait tout planifié — ils partiraient au loin pour une vie nouvelle.

Rien ne s’est passé comme prévu.

Les conséquences de son plan l’ont prise au dépourvu.


Il fallait seulement supprimer l’épouse légitime :

L’enfant n’aurait pas dû se trouver parmi les victimes.

L’homme n’est pas parti avec elle : il n’était même pas au courant du sinistre projet.

Dans l’auditoire, chacun est muet de surprise, figé.

Elle convainc car elle argumente,

Fournit des éléments que seule l’amante

Meurtrière pouvait savoir.

Elle sait émouvoir.

Aidée par sa beauté fantastique,

La femme assassine fascine ; la tension est paroxystique.


La belle incendiaire est condamnée

À rester en prison pour vingt années.

Au vu des faits reprochés, c’était bien le minimum.

Elle a échappé au maximum

Sans doute grâce à quelques jurés masculins sensibles à ses charmes.

Menottée, elle est emmenée par les gendarmes.


Bernard lui dit adieu. Même après la tragédie, il la voyait en secret,

En pleine forêt, dans un lieu discret,

Au cours de rencontres fort peu chastes.

Cécile, au regard sombre et froid et au grand corps de cariatide descendue de sa corniche de pierre, contraste

Avec sa rivale, menue aux grands yeux doux et brillants,

Pleins de vie, pétillants.

Il ne fallait pas lui résister : c’est une tueuse.

Dans sa passion impétueuse,

Pour se réserver l’homme qu’il lui a plu de choisir,

Elle a balayé ceux qui faisaient obstacle à ses désirs.

Dans sa noirceur effrayante, sa beauté est flamboyante.

Sa puissance de séduction, foudroyante.

Elle était parvenue à subjuguer son amant

Avec son physique de déesse et son cœur de diamant,

De grands bras arachnides,

Amatrice de jeux sensuels et torrides,

Elle voulait à ses pieds l’homme qui lui soumettait docilement sa virilité.

C’est une étrange et sombre personnalité.


Marion, sur un regard entre eux qu’elle surprend, comprend d’un seul coup la trahison et sent très seule.

C’est comme un coup de poing en pleine gueule.

Elle veut le gifler et lui cracher à la figure en plein tribunal,

Ce coureur de jupons infernal.

Mais elle se dit qu’il sera puni par la solitude.

Il aura l’occasion de réfléchir à ses turpitudes.

Ils se séparent. Elle a le cœur en croix,

S’apercevant qu’avec cet homme, elle a échoué une seconde fois.


Bernard essaie de revenir vers elle, la supplie

Au cours de tentatives qu’il multiplie

Maladroitement.

À chaque fois, il est éconduit prestement.

Il lui écrit des dizaines de lettres de désir, brûlantes et signées avec de la semence

Pour demander la clémence.

Marion refuse de pardonner.

L’ancien amant doit abandonner.


Sans revenus, il lâche prise,

Se clochardise.

Les années passent ; l’un et l’autre prennent différentes directions :

Pour lui, dans la rue, pour elle, dans l’action.

L’ange aux yeux tristes va se marier avec un collègue rencontré à la caserne.

Bernard l’apprend. Cela le consterne.

Au mariage, sans être invité, il est présent à l’apéritif.

Avant que l’on chasse sans ménagement l’élément perturbatif,

Il s’enivre, fait un esclandre, se ridiculise.

Alors, au travers d’un épais brouillard d’alcool, il réalise

Qu’il n’est plus rien pour elle, ou seulement un étranger,

Qu’ils n’ont plus rien à échanger.


Après qu’on l’ait jeté dehors, il s’en va dans la brume d’hiver que transperce la lune

Et quelques réverbères, éclairant l’infortune

De celui que trois femmes avaient comblé d’amour.

Nul ne le reverra aux lumières du jour.

Lentement, il se dissout dans la pénombre glacée.

Sa présence humaine s’est effacée,

Celle de l’homme passionné par le corps féminin, fasciné.

Tout comme sa maison, son cœur est calciné.

C’est dans une petite ville du centre de la France,

Au bord d’une autoroute dont le vent transporte le rumeur par intermittence

Que disparaît Bernard, ancien truand, ancien technicien, rôdeur,

Trimardeur, vagabond. Il s’enfonce dans la profondeur

De la nuit que le disque lunaire illumine d’une sourde menace.

Personne ne reverra jamais sa trace.