n° 16865 | Fiche technique | 12680 caractères | 12680Temps de lecture estimé : 8 mn | 18/06/15 corrigé 08/06/21 |
Résumé: La miss en partage, la mise en danger, met du relief dans le plat de résistance qui encombre nos épanouissements. | ||||
Critères: fh extracon caférestau cérébral exhib tutu -extraconj | ||||
Auteur : Bxlblue Envoi mini-message |
Il a l’intelligence, la courtoisie, la finesse de ne pas te traiter d’homme à homme ! De ne pas t’imposer d’emblée la trivialité de sa convoitise. Pourtant tu la devines aux regards appuyés sur le décolleté que tu as mis en travers de ses bonnes résolutions. Tu t’amuses de ces distractions qui le rendent attendrissant de vulnérabilité. Il a beau passer la commande, choisir le vin avec autorité et assurance, son ascendant de contenance se fissure à chaque bouton que tu dégrafes pour mieux respirer ce désir que tu adores lire dans ses yeux. Il garde vaillamment le cap de bonne espérance sans trop laisser voir l’optimisme que tes encouragements (dé)vestimentaires inspirent. C’est un jeu hypocrite et tu le sais bien, mais vous n’avez pas encore les intimes conventions pour le court-circuiter. Tu abandonnes des indices, des allusions, et lui les emmagasine, en fait un scrupuleux inventaire.
Pas un instant, tu ne regrettes d’être venue. Tes contraintes alimentaires n’ont soulevé ni réticence, ni remarque ni croisade… Un bon point pour lui.
Cette décision de passer à l’acte, théâtre de tant d’émotions et née par césarienne, est la santé de faire qui incubait depuis longtemps. Et cette soirée de souffre-douceur est le piment sucré-salé qui inaugure cette ère nouvelle de plus libres-penchées. Elle renouvelle cette première foi, garantie d’origine animale, qui trop longtemps négligée derrière la tête, avait fini par n’être plus naturelle. Tu savoures ce purgatoire où la sensualité prend ses aises, et te prend abracadabra le corps, dans une magie d’oublis. Qu’il est doux d’être désirée, convoitée pour ce que tu es, là, maintenant, et de désirer en retour, dans cet appétit de découverte. Quelle retrouvaille, quelle réconciliation avec ce corps jamais assez parfait pour avoir grâce à tes yeux. Et quelle libération de n’être pas coupable, de pouvoir jouir d’une complicité aveugle, sans peur et sans reproche qui fera écho, tout à l’heure ou demain au plaisir que tu prends ce soir à être une femme en liberté inconditionnelle.
Le romantisme plaide encore coupable en ferveur de ce trouble qui tenaille ton ventre. Une petite mise en scène de manège, respectant les codes, les rituels, met vos patiences à rut épreuve. Ton galant prend du galon en te concédant cette transition. Il prend son temps et ne risque aucun geste pour l’heure déplacé. Il attend que tu l’invites à la hardiesse d’une proposition plus explicite. Peut-être avez-vous convenu qu’elle viendrait de toi ? Ou d’un signe incontestable qui lèverait les doutes ?
Curieuse, tu t’attardes un instant sur ses mains légèrement épaissies par les ans, vigoureuses, rassurantes, assez soignées et les imaginer sur toi, en toi, dans un possible incarné à distance irrespectueuse, te remplit la poitrine d’une joie sereine et le sexe d’une urgence fébrile. La guerre est finie, les tensions apaisées. Ni ta conscience, ni ton plaisir ne seront le prix à payer de ce que tu décideras désormais en plus grande liberté. Même si lui se clandestine au braconnage, tant pis, il sera le tremplin de délicieux rebondissements, n’en partagera que le superficiel, dans l’illusion éperdue d’une transgression hermétique. Les hauts murs sacrés continuent d’entourer son jardin secret et il ne peut tout vivre au grand jou(i)r. Il cloisonne sa confiance, distille ses affections sans les diluer. Il ne connaît pas la chance de ton au-delà. Seule la transparence permet l’horizon. Et puis, finalement, qu’importe ! C’est sa défaite et nous y trouvons notre conte, ce jeu de cache-cache dans lequel il t’entraîne est une épice, un piment-songe qui alimente les rêves de ton complice à distance.
Ton esprit vagabonde, tu l’écoutes distraitement. Tu l’as déjà validé de corps et d’esprit. Et dans ce restaurant, aux yeux de tous, tu t’imagines lui saisir la main, le regarder droit dans les yeux, prendre son annulaire dans ta bouche, le lubrifiant à ton instinct, serrer les dents derrière l’alliance, et patiemment, cruellement tant il a l’air embarrassé de cette situation publique, et tellement tu sembles déterminée à arriver à tes faims, dépasser le scrupule de l’articulation, la faire glisser le long de son doigt. Un goût de métal, de cendre de soufre, un grincement de réticence, un sursaut de douleur. Tu ouvres une parenthèse. Tu gardes la bague un instant en bouche, il redoute le pire. Tu prends son verre de vin rouge et y recrache le compromettant anneau en mauvaise ingénue.
Mais tu es encore timide d’une telle audace, ce rendez-vous préliminaire respecte encore quelques conventions dont vous êtes les complices garants. Pourtant, comme souvent, tu espères une moins sage digression que tu inspirerais sans en prendre l’initiative. Comment l’encourager ? Comment sortir de ce terrain meuble, cet Ikea bienséant qui travestit ce qui vous habite, et dans lequel vous êtes en train de vous enliser. Son respect est touchant de délicatesse, mais vous n’êtes pas ici pour socialiser. Comment transposer la sensuelle franchise de vos échanges écrits en paroles comme un prélude avoué aux gestes ? Nous avons décidé que tu frivolerais de tes propres ailes pour trouver ailleurs autre chose, dans un environnement dégagé de tout enjeu, sur une feuille blanche infroissable, papier brouillon de toute hypothèse, où tu oseras être tes intimes fantaisies. Il n’est pas question de rester coincée dans le sas d’un trop respectueux malentendu.
Tu décides d’ouvrir bien grandes portes et fenêtres et tu lui demandes :
Un instant décontenancé de se voir investi si soudainement des échappées belles, tu profites de cette latence pour demander :
Tu n’as aucune inquiétude à poser cette question. Sa gourmandise de toi est implicite, comme une érection en filigrane, que tu devines instinctivement par cette animalité fondamentale que tu retrouves enfin et que tu accueilles avec la tranquille sérénité d’être en écologie. Les circonstances sont atténuantes de votre enthousiasme réciproque et mutuel à reconnaître et exprimer votre désir de chair. Il s’amplifie de ce sage préliminaire et de la certitude qu’il valide et autorise tous les passages à l’acte. Il répond donc sobrement :
Tu lui demandes sans réfléchir, dans l’essentielle logique qui vous travaille :
Le feu de cet incendie que tu déclares lui monte aux joues et fait fondre la dernière banquise qui vous séparait de l’authentique. Il sourit de toute sa désarmante sincérité.
Le charme est repu…
Vous êtes à cette heure entre chienne et loup, entre l’hombre des doutes, des scrupules et l’aveuglante lumière d’un désir partagé. Dans un dernier instinct de loyauté, tu te lèves :
Tu te diriges vers les toilettes, en verrouillant l’ambiguïté d’un dernier regard par-dessus ton épaule sur cet homme désirant qui te suit des yeux. Tu veux m’appeler, m’impliquer, me convaincre. Une seule porte et un couloir. Toilettes hommes, toilettes femmes. Tu réfléchis les lieux en possibles épanouissements de vos convoitises. Trop compliqué, trop risqué. Vous n’en êtes pas à cette urgence. Quoique toi… Ton imagination galope de ce sexe tendu pour toi, par toi. Elle déborde, devient impartageable sinon en acte.
Un sms fera l’affaire. Trop compliqué à nuancer par téléphone. Tu n’es pas dupe, mais tu te sentirais presque amoureuse. Cette concordance des temps des sentiments… ou plutôt des émotions. Non tu n’es pas dupe.
« Tout se passe très bien ! je te raconterai. Il est très Sympa. »
« Fais ce que BON(D) te semble mon amour. »
Cet intermède n’a pas refroidi les ardeurs que cette carte blanche exonère de tout reproche. La porte est constellée de dessins obscènes, de courtes phrases ordurières inspirant que ces toilettes sont aussi « contrebandées » par des hommes. Cette trivialité te devient érotique, catalyse vos suggestions en plus concrètes hypothèses, affermissant ta résolution à ne résister à aucune avance. Cette envie de te caresser, tu n’y résistes qu’à moitié, pour ne pas consommer en gaspillage cet appétit qui te mobilise. Tes doigts sondent l’incontestable fluide que tes idées abondent en t’avouant vaincue. Ce furtif agacement te fait grimper encore de quelques degrés sur l’échelle de riches-terres qu’un printemps inédit fertilise. Tu imprègnes tes doigts, ta main de tes odeurs de sève pour en faire aumône, avant-goût, amuse-bouche. Déboutonnant complètement ton chemisier, tu enlèves ton soutien-gorge et te noues, en travers de la gorge ce tour-du-cou noir, ce presque bijou, qui te va à désir et ne te plaît qu’à moitié. Tu devines son pouvoir é(qui)vocatif, en signe extérieur de soumission aux ardences qui fournaisent en toi. Ce projet d’intime connexion, tu ne veux pas le laisser aux fruits trop bien défendus du hasard.
Après un sommaire rajustement, tu retournes dans la salle du restaurant, et te penchant ostensiblement devant lui, qui plonge le regard dans cette béance appétissante que tu lui offres, tu lui souffles à l’oreille :
Tu abandonnes d’une fausse distraction la main sur son épaule. Il la saisit délicatement, embrasse la paume, les doigts et répond :
Le voilà le dilemme, le carrefour, la croix de faire.
Tes envies, une proposition explicite de les sublimer, et un résidu de maudite fidélité qui dresse ses barbelés en travers de ton penchant, hérissés de « et si ». Courir le risque à perdre haleine, à étouffer les scrupules, à en avoir enfin le cœur net ou garder le cap d’éternelle bonne espé-rance ? Le naturel de votre rencontre, revient au galop de sa convoitise qui te remue, de toutes ces audaces que déjà tu as profanées, et tu saisis la perche qu’il te tend pour t’emporter vers ce lieu où arriver à vos (vraies) faims.
Ce dernier fusible de loyauté, cet ultime recours à un intime suprême remet les pendules à leurre de ce jeu dont il croit tirer souverainement les ficelles, tout à l’arrogance de son incontestable séduction. Bon prince charmant, d’un geste de largesse, il t’ouvre le sursis d’une ultime cassation.
Et devant lui cette fois, pour objecter à son éventuelle vanité l’élasticité des liens super-rieurs qui nous tiennent et nous sourient de toute leur gêne-érotisée, dans lesquels son mensonge conjugal s’insère et s’embarrasse, pour lui prouver aussi qu’il est le fruit de NOTRE imagination, arrivé à la maturité de notre lucide sulfureux… pour te défendre enfin de ce sentiment troublant d’amoureuse, qui t’enfièvre au point de confusion
« Il me propose d’aller plus loin ! J’avoue que… Tu disposes. »
« Amusez-vous bien… »
Tu lui partages la réponse, et vous vous savourez vaincus d’une dernière résistance. Ce prélimi-nerf à rut épreuve vous a mis d’éblouissantes ébullitions derrière la tête. Il est temps de faire front de tout bord, pour exprimer le jus-bilatoire où se digérera toute pudeur.
Il déguste une dernière fois l’odeur de tes doigts…