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Temps de lecture estimé : 32 mn
19/06/15
Résumé:  Prof à l'école des beaux-arts, Madeleine se passionne pour son métier à défaut de vivre la vie dont elle avait rêvé.
Critères:  fh couple amour cérébral revede voir fellation jeu confession -couple -cocucont -h+prof -exhib
Auteur : Tito40      Envoi mini-message
Madeleine, prof dévouée, femme fidèle, à un tournant

J’enseigne la peinture et l’histoire de l’art, à défaut d’avoir réussi une vie d’artiste. Ce n’est pas si mal, me direz-vous, mais j’en ai quand même nourri une frustration que j’évacue en me donnant corps et âme à mes élèves.

Ah oui, j’imagine ce que vous vous dites : « Elle se donne… » N’allez pas imaginer n’importe quoi : je donne mon temps, mon enthousiasme, mon énergie, mon éclairage, ma motivation, ma culture, mon sens du contact, mon carnet d’adresses. Pas mon cul.


Je me suis mariée très jeune. J’aspirais à une petite vie tranquille. Une vie tranquille, c’était un mari pour la vie, des enfants, une maison, un jardin. D’enfant, je n’ai pas eu. Couple stérile. Une maison avec un jardin, oui, mais pour quoi faire ? D’autant que cette maison est vite devenue une prison. Dorée certes, mais une prison quand-même.


Mon mari est affreusement jaloux. J’ai vite dû renoncer à mes amis, pour lui, pour avoir la paix aussi. Et que dire de ma vie intime ? Rien, justement ! Jusqu’à quelques années après notre mariage, tout allait bien. Enfin, vu de ma fenêtre. Nous avons dû, sur le conseil du médecin qui nous suivait, nous astreindre à des relations sexuelles planifiées. Courbe de température, hormones. Mon mari s’enduisait le sexe de gel. J’écartais les cuisses en levant les genoux bien haut. Il me pénétrait, faisait son affaire, puis se figeait au fond pour éjaculer. Une fois le matin au réveil, une fois le soir au coucher. Pendant trois jours chaque mois. Et entre ces coïts mécaniques, rien. Même sa tendresse n’était plus qu’un souvenir.


Je n’éprouvais plus, vous l’aurez compris, le moindre plaisir. Et le sien était purement physique. Puis, petit à petit, il a fallu se rendre à l’évidence, accepter la triste réalité : nous étions un couple stérile. Les analyses ont montré que j’étais fertile, mais que la qualité du sperme de mon mari ne permettait pas d’envisager une fécondation naturelle. Le médecin nous a proposé des protocoles, tous refusés par mon mari, dès lors que chacun de ces protocoles faisait intervenir le sperme d’un donneur. C’était le sien ou rien. Ce fut rien.


Les années ont passé, lentement, et je me suis focalisée sur mes élèves. Je ne vivais plus que pour eux. Mon mari me faisait l’amour, parfois, et me reprochait à chaque fois mon absence d’initiative, mon absence d’envie, mon absence de cris, et même mon absence d’orgasme. Ça ne l’empêchait pas de jouir, lui, sans même une attention pour moi.


Il arrivait parfois qu’il s’incruste dans mes cours, juste pour vérifier les regards de mes élèves posés sur moi et éventuellement détecter un prétendant. Il est vrai qu’il m’est arrivé d’être troublée à la vision d’hommes nus, virils, qui posaient pour des dessinateurs ou des peintres à l’école. J’ai été troublée aussi, je dois l’avouer, par des femmes. Des femmes sensuelles, qui pour permettre aux élèves de peindre des détails intimes, exposaient leurs lèvres vaginales en pleine lumière. Mais être troublée ne veut pas dire souhaiter autre chose que la contemplation.


Je me suis pris d’amitié pour pas mal de mes élèves. Les plus motivés, les plus brillants, les plus prometteurs. Je les aide comme je peux en les critiquant, en les orientant. Il est vrai que quelques-uns ont essayé d’en profiter, se disant qu’il y avait peut-être une ouverture. Mais je suis une femme fidèle. Par choix. Par conviction.


Mathis est l’un de mes élèves préférés. Il est assidu, curieux de tout. Et il peint magnifiquement. Il sait donner à ses tableaux du mouvement, de l’amplitude, de la légèreté. Peu de traits, pas d’esbroufe. Il peint vrai. Il peint juste, avec un sens inné de la couleur. Son père, un basque têtu et un peu renfrogné, venait souvent chercher son fils à la sortie de l’école. Une fois, il est arrivé une heure avant la fin du cours et a assisté, avec moi, à une séance de peinture de nature morte. Nous avons pas mal discuté. Il était connaisseur d’art abstrait et d’impressionnisme.


Il est revenu ensuite souvent, venant me saluer à chaque fois. Puis il m’a invitée à boire un café un midi, avant de m’inviter à déjeuner. À chaque fois ses approches étaient délicates. Nous ne parlions que d’art et de son fils. Jusqu’au jour où il m’a avoué qu’il avait raté sa vocation, qu’il était lui-même très doué quand il était jeune. Il avait peint pendant toute sa jeunesse, puis avait renoncé sous la pression de sa famille qui voulait qu’il reprenne l’affaire familiale. Point d’art, point d’histoire de l’art, mais une école de commerce. Sa passion, il l’avait enfouie, mise aux oubliettes. Il m’a proposé de venir chez lui. Il s’était remis à peindre, et souhaitait mon avis sur ses créations.


En rentrant j’en ai parlé à mon mari qui m’a fait une scène. C’était devenu une habitude. J’ai quand même pris la route le lendemain matin pour rendre visite à Peyo.

J’ai trouvé cet homme froid et distant à mon arrivée. Ou plutôt timide. Nous avons d’abord bu un café dans sa cuisine, et la discussion s’éternisait un peu. Il a fini par m’avouer qu’il hésitait finalement à me montrer ses toiles. J’ai insisté gentiment. Il m’a conduite à son atelier, une pièce encombrée de mille choses, au centre de laquelle trônaient plusieurs chevalets, des petites tables pour poser le matériel, et un fauteuil.


Les toiles étaient recouvertes de tissus blancs, qu’il a levés un à un.


La première toile était une nature morte. Une pomme. Rien d’extraordinaire, me direz-vous, mais on sentait la sensibilité de l’artiste aux couleurs et à la lumière. Quelque chose d’assez profond, qui donnait à cette pomme un air de réalité supérieure. La seconde représentait un paysage de campagne, dans un style flamand assez peu coloré. Là aussi s’exprimait une capacité à capter les couleurs et à les rendre intactes, une espèce de vue spectrale teintée d’amertume.


Il a hésité un instant à me montrer la suivante. Quand il a levé le tissu, j’ai été saisie. Un buste de femme, nu. Une femme jeune, brune, aux yeux bleus presque translucides. Des seins à peine dessinés, une peau lisse et tendue. Il m’a avoué qu’il avait peint cette ébauche à 18 ans. C’était sa petite amie, devenue plus tard sa femme, décédée il y a quelques années dans un accident de la route.


La dernière toile est restée longtemps cachée. J’ai dû insister et ôter moi-même le masque pour découvrir un miroir. Pas un vrai miroir.


Une femme nue allongée sur le côté, une main sous la tête, les jambes croisées. Ses traits sont fins, précis. Sa peau est lisse, hâlée, mate. Ses yeux rieurs semblent mauves, évoquent le félin. Son sourire est cordial, ouvert. Un sein est caché par un bras ; l’autre, légèrement tombant, d’un volume moyen mais d’un aspect très ferme, est comme éclairé. On aurait dit un Courbet, mais quelque chose de plus moderne. Le sang m’est monté aux tempes, signe d’un trouble intense, d’une émotion violente. Cette femme, c’était moi. Son visage, ses mains, sa peau, ses yeux. Il avait imaginé le reste, harmonieux, hors du temps. Et son imagination ne se trompait pas beaucoup. La forme des cuisses, il avait bien vu. Les hanches aussi. Mon ventre était en réalité un peu moins plat, et mes seins beaucoup plus gros. Mais dans l’ensemble, c’était assez fidèle. Mais fidèle à quoi, puisqu’il ne m’avait jamais vue nue ?



Il n’a pas répondu. Lui aussi devait avoir le sang en ébullition. Il s’est empourpré, comme vexé d’être pris en flagrant délit. J’étais pour ma part gênée d’être représentée d’une aussi belle façon, sensuelle et légère, désirable et accessible.

Je me suis demandé si cet homme n’était pas amoureux de moi pour me peindre aussi belle.



Je n’ai hésité que quelques instants, puis c’est en riant que je me suis adressée à lui :



Sa tirade était tellement enthousiaste, je n’ai pas pu refuser. Et quelque chose en moi me poussait à lui donner la possibilité de me voir comme je suis, pour ensuite me regarder telle qu’il me voyait.


J’avais une journée off le lendemain. Ça tombait bien. Je suis allée directement chez lui après le petit déjeuner.


Toute la nuit précédente j’avais gambergé, tourné en rond. Je me voyais habillée, puis nue, puis habillée de loin, puis nue de près. Juste un sein, juste ma bouche, juste mes fesses, mes fesses et mes cuisses, mes seins, mes seins et mon menton, mon sexe en gros plan, mes mains sur les hanches, une main cachant mon sexe, un doigt dans la vulve. J’ai déliré, jusqu’à m’en faire rire. Au petit matin, quand mon mari a quitté le lit pour passer sous la douche, c’était juste un instant avant que je ne me jette sur lui pour lui réclamer de me faire l’amour. Je m’étais réveillée excitée. Ce projet de peinture m’avait décidément bouleversée.


À mon arrivée, Peyo avait préparé plusieurs toiles. Ses chevalets étaient dressés dos à la fenêtre du salon. Il avait mis un jean délavé et portait une chemise blanche aux manches retroussées. Pieds nus, il s’est avancé vers moi pour me saluer et me diriger vers un simple fauteuil, posé deux mètres devant les chevalets. Derrière le fauteuil était tendue une toile blanche, accrochée sous le plafond et tombant jusqu’au sol.



Je me suis dirigée derrière le drap sans savoir a priori ce que j’allais faire. Ressortir sans quitter mes vêtements ? Venir pieds nus, ôter mes sous-vêtements mais remettre ma robe, dévoiler seulement un sein ?


Il n’avait pas promis de rester sage, juste de me considérer comme un modèle et non comme une proie. J’avais très envie, sans savoir pourquoi, de me montrer nue. Lui montrer mon corps qu’il avait peint sans le connaître. Lui montrer mes fesses, lui montrer mes seins, me dévoiler sans fard. Au point où j’en étais, il était inutile et vain de tergiverser. J’ai tout retiré. Ma robe, mon soutien-gorge, ma culotte, tout. Je suis sortie de derrière le drap d’un pas mal assuré, une main devant mon sexe, l’autre cachant mes seins. Je me suis assise, droite, les jambes serrées. À cet instant je voulais qu’il me peigne nue mais pudique, fragile, cachée. Il m’a regardée dans les yeux avec une tendresse infinie. J’ai ôté ma main devant mes seins pour la placer derrière ma tête.


J’ai posé un pied sur le fauteuil en relevant un genou. Tout doucement, ma cuisse s’est écartée, malgré moi. Ma main gauche cachait mon sexe ; c’était un dernier effort de pudeur, que j’ai bien vite oublié en remontant cette main pour qu’elle rejoigne l’autre derrière ma tête. En basculant mon corps contre le dossier, j’ai senti son regard chaud et bienveillant couvrir ma nudité. Je ne me sentais pas obscène, bien que rien ne cachât plus mon intimité. Ses yeux me voyaient belle. J’étais belle pour lui.


Pendant près de trois heures il s’est agité avec ses couteaux et ses pinceaux, versant sur sa toile les traits de couleur et les émotions que lui suggérait ma pause. Ses yeux sur moi avaient l’effet de caresses, vives et perçantes. Il passait d’une toile à l’autre, me regardait sans mot dire, puis reprenait sa danse. Il avait l’air possédé, en transe.

Ma nudité ne me gênait plus. J’étais même ravie et fière de pouvoir me montrer ainsi, les cuisses écartées, offerte à son regard bienveillant, sans ambiguïté.


Après une pause déjeuner, Peyo a repris son travail, sans relâche. Il m’avait autorisée à bouger un peu ; je reprenais la pause quand il me le demandait. À 17 heures, il s’est arrêté, a posé ses outils, s’est reculé pour regarder ses toiles, m’a regardée plusieurs fois avant de montrer un air presque abattu.



Je me suis approchée après avoir passé une serviette autour de moi, impatiente. À côté de lui, debout, les mains devant les seins pour tenir ma serviette, j’ai failli m’évanouir. À gauche, une toile au stade d’ébauche. Le visage était presque terminé : un visage radieux, coloré, souriant. Le mien quand je suis heureuse. Il m’a vue heureuse alors que je ne le suis plus depuis bien longtemps. Le reste du corps n’était qu’au stade des traits. Les cuisses sont fines et fermes. Le sexe n’est pas dessiné. La toile suivante est un buste. Le même visage, de face, heureux, enjoué. Mes seins, durs, aux tétons arrogants, mon ventre qu’il a vu plat alors qu’il ne l’est plus. Ensuite – et c’est ce qui m’a presque choquée – mon sexe en gros plan. Je ne l’ai jamais vu de si près, finalement. Les lèvres sont légèrement distendues. On devine un clitoris gorgé de sang. Ce sexe est brillant, humide. Les poils sont dessinés un à un. C’est le sexe d’une femme qui a envie de sexe, le sexe d’une femme prête à être prise, ce que je n’ai pas été depuis longtemps. La dernière toile sur la droite était recouverte.



Je me suis dirigée vers la toile cachée pour ôter le drap qui la couvrait. J’ai compris que Peyo avait compris mon mal-être, mes angoisses, ma vie. C’était bien moi sur cette toile magnifique, moi les cuisses grandes ouvertes, les seins encore plus gros, la bouche légèrement ouverte, mais surtout moi avec un ventre de femme enceinte, un ventre rond et tendu, un ventre superbe, un ventre de femme féconde. Le sexe était gorgé de sang, dilaté, ouvert. J’ai tiré une chaise pour m’asseoir, hésitant entre une crise de nerfs et la catalepsie. Je n’ai pas pu retenir mes larmes, des larmes qui me remplissaient les yeux et la gorge.



Je suis rentrée avec un terrible sentiment, une boule dans la gorge, une autre dans l’estomac. Dans le coffre de ma voiture, une peinture me montrait comme j’aurais voulu être. Non seulement Peyo me voyait belle, plus belle que je suis, plus belle encore que ce que j’aurais espéré, mais en plus il me voyait mère, fécondée, pleine de ma vie et d’une autre.


En arrivant à la maison, mon mari m’attendait dans le salon avec sa tête des grands jours. C’est à peine s’il m’a regardée quand je lui ai dit bonjour.


Notre couple était à la dérive mais je l’aimais toujours. J’aurais tellement aimé qu’il me regarde comme Peyo me regardait, qu’il oublie son envie d’enfant pour que je voie son envie de moi, de me donner du plaisir, de me faire me sentir femme… Au lieu de ça, il m’a juste demandé d’où je venais. Je ne lui ai pas menti.



Après quelques minutes à tourner en rond, je me suis décidée. Je suis allée chercher les toiles. La première qui m’est tombée sous la main était le gros plan de mon sexe.



Il est resté scotché devant mon buste, me regardant plusieurs fois pour comparer. Il avait l’air subjugué.



Cette fois, c’est lui qui s’est retrouvé pantois. Il a posé la toile sur un support sur la table, puis s’est assis devant. Son air m’était inconnu, exprimant à la fois une sorte de terreur, mêlée de sidération et d’envoûtement. Il a approché une main de la peinture, et sans la toucher a décrit un cercle autour du ventre du personnage. Il a longé les cuisses, puis est remonté vers les seins, vers le visage. Le sien s’était éclairé d’un sourire béat magnifique.



J’ai bien cru qu’il allait pleurer en m’écoutant. Il s’est approché de moi par derrière pour me prendre dans ses bras, m’embrasser dans le cou, me caresser les seins, me palper les fesses. Mes mains appuyées sur la table, j’ai incliné mon corps pendant qu’il relevait ma jupe. J’ai senti ses doigts fouiller mon intimité déjà brûlante de désir, ou plutôt toujours brûlante de désir puisque – je dois bien l’avouer – si c’était Peyo qui m’avait caressée ainsi, je crois que je l’aurais laissé faire ; je crois que je l’aurais laissé me pénétrer. J’ai senti le sexe de mon mari progresser dans ma vulve offerte. Il m’a baisée ainsi, tendrement, m’arrachant des soupirs pour une fois non feints. Il a approché son visage du mien.



En principe, ça aurait dû me couper mes envies, ses demandes salaces ; mais curieusement, ça avait plutôt l’effet inverse. Je lui répondais non, mais en vérité c’est oui que j’aurais voulu crier. Mais je n’ai pas pu lui résister bien longtemps.



Il s’est arrêté net, restant au fond de moi bien au chaud.



Mon mari a repris ses mouvements, lents mais puissants. Dire ce qu’il me demandait de dire m’a excitée encore davantage. Il devait sentir mes sécrétions couler le long de ses bourses. Mes seins étaient devenus douloureux tellement ils étaient durs.



Il s’est tu. Moi aussi. Nous nous sommes retrouvés sur le canapé à nous caresser amoureusement. Ça faisait si longtemps que je n’avais pas joui si fort, joui tout court d’ailleurs.

Quand je me suis réveillée, je l’ai regardé dormir. Nous n’aurions pas d’enfant. C’était la seule raison de notre malheur, de notre mal-vivre.


Peyo est venu me voir à la fin des cours le lendemain. Il m’a fait une bise appuyée qui m’a provoqué comme un électrochoc. Les mots de mon mari, ceux que j’avais prononcés, me revenaient en salves. Cet homme qui m’embrassait chastement avait été notre complice sans le savoir. C’est à lui que je pensais en savourant une extase magique.


Je lui ai dit que j’avais montré les toiles à mon mari, qu’il les avait trouvées splendides. Je lui ai transmis ses félicitations. Il a apprécié, et immédiatement m’a demandé si je comptais revenir pour qu’il puisse terminer. Je l’espérais tellement ! Quand il m’a proposé de le faire le soir même, je me suis isolée pour appeler mon mari et lui demander l’autorisation. Curieusement, aucun sarcasme, aucune nervosité. Il s’est contenté de m’encourager.



Il a raccroché. J’ai pensé à rentrer tout de suite, à prendre une autre date avec Peyo. Et j’ai renoncé. Voir le sourire de mon peintre qui m’attendait m’a emportée.


Peyo est venu me chercher. Nous avions des sandwichs sur la route pour ne pas perdre de temps. Arrivés chez lui, il a remis en place ses chevalets. Pas de drap cette fois : il n’était plus question de pudeur entre nous. J’ai quitté mes vêtements un à un. Il était affairé à préparer ses outils, se contentant de me regarder par instants, comme pour m’évaluer.

J’ai repris la pause.



Je l’ai laissé peindre. Son jean était déformé. Il tentait de le dissimuler, mais il était excité. Il tremblait un peu, transpirait beaucoup. Je suis restée plusieurs heures à le regarder, me touchant de temps en temps entre les cuisses ou effleurant mes seins comme une ingénue pour le maintenir en éveil. Le soleil était couché depuis longtemps quand il s’est reculé de deux pas, qu’il a jeté ses pinceaux sur une table et s’est assis.



J’ai fait pivoter le fauteuil pour suivre ses directives. Une fois appuyée et les fesses relevées par ma cambrure, j’ai tourné la tête par-dessus mon épaule. La position n’était pas trop confortable. Son regard s’était fixé sur ma croupe. Il m’a demandé d’espacer un peu mes pieds, puis un peu encore. J’avais chaud, mais chaud ! Heureusement, il ne voyait pas mes seins durcis et mon ventre qui se gonflait et de dégonflait au rythme de ma respiration difficile. Je repensais à ma nuit d’amour avec mon mari, à ce qu’il me demandait de dire, aux sensations énormes que j’avais ressenties à ce moment-là. Et je dois l’avouer, je me suis mise à mouiller abondamment. Si Peyo avait essayé d’en profiter, je pense que je l’aurais laissé faire. Je l’aurais laissé poser ses mains sur moi, je l’aurais laissé m’enfiler sa queue, je l’aurais laissé me baiser brutalement. J’aurais réclamé qu’il jouisse en moi.

J’ai fait le vide dans ma tête pour le laisser travailler, mais un simple effleurement de mon clitoris m’aurait probablement fait jouir à ce moment-là.



Plus d’une heure dans cette position, je ne tenais plus. Heureusement.



J’ai fait le tour des chevalets. Le buste était achevé, splendide de vérité. Il avait profondément modifié le gros plan de mon sexe. Une main écartait les lèvres pendant qu’une autre caressait mon clitoris, saillant. Il avait peint une scène particulièrement sensuelle de masturbation, de ma masturbation. Pourtant je ne m’étais pas masturbée. Il avait juste imaginé. C’était splendide de sensualité. La toile où je suis enceinte était achevée elle aussi. Mes cuisses, mes jambes, mes pieds, tout était reproduit à la perfection. Mon ventre semblait plus gros, prêt à exploser. Mon sexe était gluant et imberbe, brillant. Mes lèvres intimes étaient cette fois distendues, comme si j’avais accouché plusieurs fois ou que je m’étais introduit un concombre. De voluptueuse, cette peinture était devenue obscène, divinement obscène.


Sur la toile suivante, ce n’était pas une paire de fesses, mais un cul de femme. Un cul rebondi, légèrement tombant, plein. On distinguait très bien un sexe presque béant, brillant de sécrétions, et un anus violacé, dessiné de façon très précise. Un cul d’une femme mature qui attend de se faire prendre, qui réclame à son homme qu’il s’avance la queue à la main pour la pénétrer. Un cul d’une femme gourmande, d’une femme avide de sexe.


Il s’est approché de moi et m’a pris la main. Nous nous sommes retrouvés face à ses toiles, silencieux, partageant un moment de grande émotion. Après un moment…



Je me suis mise face à lui, sur la pointe des pieds, pour déposer un baiser chaste sur ses lèvres, en lui disant simplement « Merci ». Le contact de sa bouche fut divin. J’ai voulu recommencer, me lovant, nue, contre lui. Cette fois j’ai léché sa bouche, lui demandant un vrai baiser. Il m’a prise dans ses bras pour me serrer contre lui et m’embrasser cette fois avec fougue. Ne pas faire l’amour avec lui m’a demandé un effort, que j’ai consenti pour ne pas trahir mon vœu de fidélité et me prouver à moi-même que je pouvais résister à une pulsion.


Les toiles sous le bras, je suis repartie, laissant à Peyo le goût de ma salive et la mémoire de mon corps.


Quand j’ai ouvert la porte, mon mari m’attendait. Il a voulu voir tout de suite les toiles. Une à une il les a contemplées, dévorées des yeux.



Ses derniers mots étaient devenus doux, alors que ses mains avaient entrepris d’explorer mon corps. Le feu m’avait envahi les entrailles avant que sa queue ne me prenne dans un élan animal. Sans même prendre le temps d’ôter ma culotte, j’ai senti ses doigts me fouiller et préparer le passage. Je me suis donnée comme une folle, réclamant ses coups de reins avec force, m’empalant comme jamais sur sa virilité. Nous avons fait l’amour comme des bêtes assoiffées de sexe, mêlant nos sueurs et nos baves. Le sperme abondant de mon mari m’a inondée plusieurs fois le vagin. Il s’est même aventuré à m’introduire des doigts dans l’anus, ce qu’il n’avait pas fait depuis des années, me provoquant un orgasme violent et douloureux. Notre seconde nuit d’amour.


J’ai refusé les appels de Peyo, ne voulant pas tenter le diable. Il a fini par ne plus m’appeler, ayant sans doute compris que nous ne nous reverrions plus. Notre couple était à nouveau un paradis, où la tendresse le disputait au sexe. Pas une seule soirée sans câlin, suivi ou pas d’une folle nuit d’amour. Je ne pensais plus à Peyo ; je ne pensais qu’à mon bonheur retrouvé. Jusqu’à mon retard de règles, suivi d’un test positif de grossesse.


Mon mari n’était finalement pas si stérile que ça. J’étais enceinte, et terriblement heureuse. Mon mari vivait sur un nuage, le même que le mien.


À la rentrée scolaire, j’ai vu arriver Peyo, souriant, toujours affable, courtois mais un peu distant. Il m’a parlé de sa peinture, de son goût retrouvé pour l’art abstrait. Il s’est dit heureux pour moi de mon état, très visible déjà. Nous sommes allés boire un café, l’occasion pour moi de lui dire à quel point j’étais heureuse, et de m’excuser à nouveau de l’avoir planté.


Quand j’ai raconté cette entrevue à mon mari, il a insisté pour que je demande à Peyo de poser à nouveau pour lui, enceinte pour de bon cette fois. Je n’ai pas très bien compris pourquoi il insistait tant. Il a continué de m’en parler alors que nous faisions l’amour, le soir même.



J’y suis allée, dès le lendemain. Quand je l’ai appelé, Peyo a semblé surpris, puis ravi.


Plus de chichis entre nous ; j’ai quitté mes vêtements devant lui à peine arrivée pour prendre place sur le fauteuil. Dans la même position que pour mes premières toiles, il voyait ce qu’il avait imaginé. En moins beau sans doute. Mon sexe était en effet totalement distendu. Et épilé. Mes seins, énormes, avaient doublé de volume. Je me sentais un peu bovine, mais ses yeux voyaient la perfection.


Je suis restée ainsi près d’une heure. Le voir peindre relevait de l’immense, du sublime. Ses yeux virevoltaient entre sa toile et mon corps, ses yeux me transportant à chaque fois. Comme bercée, je me suis endormie.


À mon réveil, Peyo était assis face à moi, sur une chaise. Les coudes sur les genoux et la tête dans les mains, il m’observait, comme envoûté.



Il s’est approché tout doucement, hésitant, fébrile. Sa main s’est posée à plat sur mon ventre rond, avant de me caresser tendrement. Il me transmettait une chaleur intense. J’ai fermé les yeux. Je me suis détendue. J’aurais pu dire stop quand sa main est remontée vers mes seins, mais j’avais envie qu’il les touche. Le ventre et les seins sont les stigmates indépassables de la grossesse, et c’était ma grossesse qui le captivait. J’aurais pu encore dire stop quand sa bouche s’est posée sur un téton pour le lécher, puis le mordiller. Sa langue et ses dents à l’œuvre m’ont fait perdre la tête au point que quand sa main est descendue entre mes cuisses, je les ai écartées plutôt que de l’en empêcher. J’étais trempée.


Son souffle sur mon visage quand il s’apprêtait à m’embrasser sentait le café. Sa langue a cherché la mienne ; je n’ai pas refusé le combat. Ma vulve bouillante a accueilli ses doigts avec bonheur. Je me disais que j’avais encore le temps d’arrêter cette folie, mais j’en voulais encore un peu. L’odeur de mon sexe m’arrivait, enivrante, jusqu’aux narines. J’ai ouvert les yeux et tendu mes bras pour le serrer contre moi. Il a remonté ses main sur mes épaules, comprenant sans doute que je ne voulais pas aller plus loin, que j’appréciais ses caresses mais que je voulais en rester là. Nous sommes restés enlacés quelques minutes avant que je ne me décide à faire une dernière folie avant de partir.


Il me fallait sentir sa peau sur la mienne. Je l’ai repoussé un peu pour déboutonner sa chemise et l’ouvrir, avant de le serrer à nouveau contre moi. La taille de mon ventre rendait la position peu confortable, mais le contact de sa peau fut un réel délice. Elle était chaude, douce, et son odeur divine. Mes seins écrasés contre son torse, mes cuisses ouvertes pour qu’il soit bien contre moi, je ne voulais pas perdre pied, garder le contrôle, aller un peu plus loin, mais pas trop.


Cette fois, c’est moi qui lui ai offert mes lèvres. Sa salive était abondante, sa langue chaude. Son torse puissant me compressait les seins. Un délice. J’ai passé mes mains sous sa chemise pour lui caresser le dos. Une chair de poule l’a couvert, pour ensuite disparaître. Elle avait retrouvé sa douceur. Il était temps que je mette un terme à tout ça ; nous étions allés trop loin. Mais à force de l’attirer contre moi, son sexe était venu se plaquer entre mes cuisses. Je ne pouvais pas partir sans l’avoir touché.


J’ai passé une main entre nos corps pour l’introduire dans son pantalon. Son gland emprisonné dans son caleçon pointait fièrement au niveau de sa ceinture. J’ai fait comme j’ai pu pour descendre un peu son jean pour libérer sa virilité. Et quelle virilité ! Un sexe imposant, extrêmement raide, long, doux. Je n’ai pas pu m’empêcher de le frotter contre mes lèvres trempées, excitant au passage mon clitoris à vif.


J’ai presque souhaité qu’il éjacule dans ma main quand je le masturbais, tant je doutais de ma capacité à ne pas aller plus loin. Et pourtant, je vous jure, j’ai essayé de ne pas permettre à son énorme gland de s’introduire dans ma vulve, même si j’avançais mon bassin pour en avoir un petit bout, juste un petit bout. Puis j’ai laissé entrer le gland, tout doucement, et j’ai dit non quand il a poussé pour me pénétrer lentement. J’ai dit non tout en appuyant sur ses fesses pour qu’il pénètre plus profondément. Tant qu’il n’était pas au fond, j’ai dit non plusieurs fois, faisant tout pour qu’il ne puisse plus reculer.


Quand j’ai senti ses bourses sur mes fesses, j’ai réalisé qu’il était en train de me faire l’amour. Il me bouffait les seins, revenait m’embrasser, et me pistonnait avec application. J’avais mal au dos, j’étais folle !

Je me suis dégagée. Il a compris que c’était terminé, et n’a pas résisté.


Je me suis levée pour revenir à genoux devant le fauteuil et prendre son sexe dans ma bouche. Je ne pouvais pas décemment partir en le laissant dans cet état.


À plusieurs reprises il s’est trouvé au bord de l’extase. Ses couilles remontaient, tendues. J’arrêtais alors de le sucer pour reprendre de plus belle ensuite. Et j’ai bien dû me rendre à l’évidence : je n’avais pas vraiment envie de le faire jouir comme ça. Il l’a compris quand je me suis mise à genoux dans l’autre sens, l’invitant à me prendre par derrière. Plus confortable pour moi, cette position allait aussi lui permettre de prendre cette croupe qu’il avait si bien reproduite dans sa peinture ; il allait pouvoir investir cette grotte trempée et distendue qui lui tendait ses lèvres.


Il m’a prise avec force, me tirant par les cheveux, me claquant les fesses quand il me bourrait. Je n’ai plus pensé à stopper. C’était trop tard. Il fallait que je boive le calice jusqu’à la lie ; quand il m’a demandé s’il devait se retirer pour jouir, j’ai poussé mon cul contre lui pour qu’il comprenne que je voulais le sentir jusqu’au bout, que je voulais sentir son sperme en moi ; il s’est est donné à cœur joie et m’a fait jouir comme une dingue.


Pas de culpabilité. Aucune.


Je suis restée encore un peu avec lui, comme on reste avec un ami. Sur la route du retour, j’ai appelé mon mari pour lui dire que je rentrais. À peine arrivée, il a voulu savoir.



Mon mari et moi avons fait l’amour, tendrement. Il m’a fait remarquer que je sentais le sperme d’un autre ; ça l’a excité. Moi aussi.


Je vais accoucher dans un mois. Depuis quelque temps, je suis devenue plus sage pour éviter tout problème ; mais depuis plusieurs mois, je suis retournée régulièrement poser pour Peyo. Il a fait des toiles magnifiques. Nous avons fait l’amour souvent après son travail, parfois avant, parfois pendant. J’ai pris mon pied à chaque fois, et lui aussi. J’aime mon mari plus que jamais ; j’aime faire l’amour avec lui ; j’aime que Peyo me baise. Je m’occupe du coup un peu moins de mes élèves ; mais après tout, on n’a qu’une vie !


Ma vie, ça a d’abord été celle d’une femme en mal d’enfant, délaissée progressivement par son mari. Puis celle d’une femme enceinte qui se lâche et dont le mari, finalement complice, la pousse à transgresser les interdits. Ma vie de demain – et pour un temps – sera celui d’une jeune maman qui élève son enfant et programme une nouvelle grossesse.


Cette fois, mon mari souhaite un donneur, pour être sûr de ne pas attendre des années.

Peyo est prêt à nous satisfaire.