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n° 16900Fiche technique33004 caractères33004
Temps de lecture estimé : 21 mn
10/07/15
Résumé:  C'est mon village, mon histoire, ma vie. Ce week-end c'est la fête ; et pour la première fois, je vais me trouver de l'autre côté du bar. La nuit.
Critères:  fh fplusag caférestau pénétratio -occasion -fellation
Auteur : Tito40      Envoi mini-message
Fêtes dans le Sud-Ouest

Je suis née ici, dans ce village du Sud-Ouest dont la culture bien ancrée se transmet de génération en génération. À presque 40 ans, j’ai connu toutes les fêtes estivales et leurs excès.


Chaque année, les jeunes de 18 ans se regroupent pour animer les fêtes. Tous habillés de la même façon d’un costume souvent amusant, ils parcourent la ville de long en large pour se montrer, s’amuser et bien sûr, picoler. Des animations se déroulent un peu partout. Au centre du village, les bars et leurs sonos assourdissantes attirent les noctambules comme des aimants. À 4 heures, les festivités cessent, et les rues se vident tout doucement. Ça dure 4 jours.


J’ai connu ces fêtes alors que j’étais enfant, regardant les jeunes de l’année avec envie, impatiente que mon tour arrive. J’ai connu ces fêtes l’année de mes 18 ans, vedette des quatre jours, impliquée et vivante. J’ai connu ces fêtes alors que j’étais une jeune femme écervelée, puis avec un copain, puis avec mon mari, toujours avec un grand plaisir désormais teinté de nostalgie. Cette année, j’ai répondu à la demande d’un cafetier de mes amis pour tenir un bar les nuits de vendredi et samedi. J’avais tellement abusé des serveurs durant ma jeunesse que rendre ce service m’est apparu évident.


Dès 17 heures le vendredi, tous les serveurs étaient à pied d’œuvre pour positionner les bouteilles d’alcool et les doseurs associés, remplir les frigos de boissons sans alcool, sortir les verres en plastique de leurs emballages, stocker des glaçons à portée de main. À 21 heures, nous nous sommes retirés dans l’arrière-boutique pour nous restaurer et prendre le frais avant le rush. Le cafetier en a profité pour nous répéter les consignes, les tarifs, les erreurs à ne pas commettre, nous remercier à nouveau et nous souhaiter bon courage.


À 22 heures, les clients commençaient à arriver, nombreux, jeunes. La place devant le bar devint vite noire d’une foule compacte, prête à la danse, prête à la fête. La sono a commencé à envoyer des décibels. Des airs régionaux que tout le monde reprenait en cœur. Des chansons cultes qui enflammaient les âmes. Il faisait encore à cette heure avancée une chaleur torride. De mon côté du comptoir, les choses commençaient à se compliquer. Des gens qui vous appellent, tous en même temps. Des commandes que vous avez de la peine à comprendre tellement la musique est forte. Des trous de mémoire au moment de trouver le jus d’ananas pour diluer la vodka, ou le bac à glaçons vide qu’il faut réapprovisionner, une opération rapide mais qui vous fait oublier la commande que vous aviez pourtant mémorisée.


Trempée de sueur, je faisais mon possible pour satisfaire tout le monde, et en particulier un petit groupe de jeunes qui était arrivé tôt au comptoir et m’avait passé au moins 5 fois la même commande. Un étranger (comprenez par « étranger » qu’il n’est pas originaire du Sud-Ouest) se trouvait sur la même travée que moi, un type à l’air assez froid et distant. Nous ne cessions pas de nous croiser, de nous frôler, et j’en éprouvais une certaine gêne. Il était très actif mais n’avait pas l’air très sympa. Et surtout je n’aimais pas trop sa façon de me coller de trop près. En tout cas, les clients – et surtout les clientes – semblaient l’adorer. Une femme d’à peu près mon âge avait élu domicile juste devant lui et dansait frénétiquement en le regardant avec insistance. Il la servait aussi vite que les autres, pas plus, mais elle prenait un malin plaisir à le tirer par les épaules à chaque fois qu’elle lui passait commande, pour elle et pour ses copines. Elle ne portait visiblement pas de soutien-gorge et exposait à chaque fois sa laiteuse dotation aux yeux de ce serveur qui semblait n’en avoir cure. Il avait l’air aussi froid que les glaçons que cette gourgandine lui offrait régulièrement de glisser dans son décolleté.


Les jeunes devant moi étaient survoltés et tapaient comme des dingues sur le comptoir. Je venais de leur servir une tournée, et une partie des verres s’est envolée pour retomber en désordre après avoir perdu leur contenu. Quel gâchis ! Je me suis retrouvée avec le tee-shirt imbibé de vodka et de jus d’orange, et une sensation de froid des plus désagréables. Le serveur à côté de moi m’a regardée en rigolant. Enfin un sourire, mais ce n’était que pour se foutre de moi. Puis il s’est mis à bouger. Enfin. Il se déplaçait vers les bouteilles, remplissait les verres et allait servir ses clients sans cesser de danser. Il dansait encore quand il encaissait ou rendait la monnaie. Pour un étranger, il semblait avoir un sacré sens de la fête, finalement. Mais qu’il se moque de moi, ça m’a un peu agacée. J’ai rempli un verre d’eau que je lui ai jeté sur le torse alors qu’il me faisait face, pour rire. Ça aurait pu glacer définitivement nos relations, mais au contraire il a trouvé ça très drôle, comme les jeunes en face de moi et la femme qui dansait devant lui. Il m’a renvoyé un verre d’eau ; j’ai répondu par une bouteille complète. Nous nous sommes retrouvés, hilares, nos tee-shirts trempés. Ces tee-shirts nous avaient été fournis par le cafetier, faits d’un tissu blanc avec le nom du bar floqué sur un sein et sur le dos en entier. J’ai réalisé qu’ils étaient extrêmement fins, et surtout rendus transparents dès qu’ils étaient mouillés, en voyant le serveur trempé qui sautait comme un cabri.


Les jeunes m’ont demandé une nouvelle tournée. J’ai bien vu que celui qui me listait la commande en hurlant ne me regardait pas dans les yeux et qu’il se rinçait l’œil. J’ai une petite poitrine, mais ça n’avait pas l’air de le déranger. J’ai fait comme si de rien n’était : j’ai servi, encaissé, et souri. Voir mon voisin danser derrière le bar m’a emportée moi aussi. Je me suis mise comme lui à suivre les rythmes endiablés. La soirée était lancée.


Il est venu me demander quelque chose, que je ne comprenais pas. J’ai dû m’approcher pour déchiffrer.



Non mais, j’y croyais pas… Ce Jacques que je ne connaissais même pas se permettait de me donner des ordres. Quel toupet !



Je suis sortie du bar pour me diriger vers les toilettes, presque honteuse. Devant le miroir, j’ai compris. Je n’aurais rien eu, c’était pareil. On voyait clairement la forme de ma poitrine. J’ai tenté d’éponger l’eau et l’alcool, pour un résultat très relatif. Il a bien fallu que je retourne bosser, et tant pis. Et l’autre, là, qui me disait de me bouger : est-ce que ce n’était pas juste pour approcher de moi et voir mes seins de plus près ?


Quand je suis arrivée, Jacques virevoltait derrière le comptoir pour servir ses clients et les miens. Sympa, quand-même. Je l’ai remercié.


La soirée a passé très vite, et à 4 heures toutes les musiques de tous les bars du village se sont arrêtées en même temps. Nous devions attendre que tous les fêtards soient partis pour aller ranger les bouteilles et nettoyer un peu. Pause clope, pause qui sentait presque la nostalgie tellement nous nous étions amusés ce soir-là.


On pouvait maintenant se parler sans hurler. Jacques, encore tout excité et des étoiles dans les yeux, m’a dit à quel point il avait adoré cette soirée, l’ambiance, les jeunes qui font la fête, et mon sourire. J’étais étonnée qu’il me fasse un compliment aussi simple. Flattée aussi. Quand il a ajouté « J’aime bien aussi tes petits seins », c’est parti tout seul. De toutes mes forces, je lui ai envoyé un coup de poing dans l’épaule à m’en faire mal à la main. Il a éclaté de rire. Moi aussi. Nous sommes restés à discuter au moins une heure en attendant que la place se vide, parlant de tout et de rien, des gens que nous avions vu ce soir-là, de la femme qui dansait devant lui et qui lui demandait de jeter des glaçons dans son chemisier, de cette autre femme qui lui avait tendu un papier avec son 06. Puis nous avons rangé, et nous sommes tous allés dormir. Le lendemain, ce serait encore plus animé.


À 17 heures pétantes j’étais là, sourire aux lèvres, prête pour une soirée qui s’annonçait chaude à tous points de vue. Une température estivale, un air fort humide et une tension festive qu’on sentait déjà dans le village. Jacques était déjà là, souriant, affable. En le voyant, j’ai repensé à mes rêves agités durant ces quelques heures de sommeil. Quand mon mari a quitté le lit vers 10 heures, j’ai tendu ma main pour le toucher. Mais dans ma tête, ce n’était pas lui : c’était Jacques. Il avait occupé mes rêves. Ça m’a fait sourire quand il est venu me faire la bise. Je n’avais jamais trompé mon mari, et je n’en avais pas même eu la tentation. Connue de tous dans le village, j’étais la femme parfaite, disponible et serviable, curieuse mais pas trop, jolie malgré son âge… Moi aussi je connaissais tout le monde. Il arrivait que je me demande si ma vie allait se résumer à ça, comme le poisson rouge doit se demander s’il n’est pas déjà passé là. Plusieurs fois. Puis la vie reprenait ses droits et je me disais que c’était ça la vie, la vraie vie.


Que ce mec que je ne connaissais ni d’Ève ni d’Adam ait pu faire une remarque sur mes seins et s’introduise par effraction dans mes rêves m’avait un peu retournée. J’avais eu des pensées salaces, et j’en rougissais toute seule tellement ça ne me ressemblait pas.


Nous allons passer une seconde nuit au bar.


Le village est une fourmilière où nous sommes au cœur. Nous nous affairons à préparer tout ce dont nous avons besoin. Jacques est une force de la nature ; il soulève les fûts de bière comme s’il s’agissait de plumes. Il va vite et précis. Il ne demande pas comme hier où on range ci, où je dois mettre ça. On dirait qu’il a fait ça toute sa vie. Les autres serveurs sont, comme moi, admiratifs.


Voilà. Tout est prêt pour le rush. Nous sommes sales comme des peignes. Il est temps d’aller se rafraîchir et de mettre nos tenues pour la soirée avant de dîner et d’attaquer pour une nuit de folie.


D’autres ont terminé avant nous et ont pris d’assaut l’unique douche qui se trouve au fond du bar. En attendant notre tour, nous reprenons avec Jacques notre discussion de la veille. Il est très tactile, pose une main sur mon bras quand il me parle, remonte sur mon oreille une mèche rebelle, m’effleure la joue. Ce garçon m’intrigue. Ses manières sont familières sans être vulgaires ou déplacées. Je résiste aux émotions que me procurent sa nonchalance. J’aime son contact. Ça me trouble et ça m’agace en même temps. Je préférerais de loin pouvoir dire que je déteste ça, mais j’ai envie qu’il continue.


Des gens que je connais, devant ou derrière le bar, nous regardent discuter. Ils doivent voir qu’il me touche comme si j’étais une vieille copine ; ils doivent voir aussi que je me laisse faire, que je ne recule pas quand il s’approche. Je devrais en être gênée, mais au contraire j’en ressens une drôle de sensation, troublante, envoûtante, comme si un fluide sortait de sa main et se propageait dans mon corps tout entier, de là où il me touche jusqu’à la pointe de mes orteils.


Il me parle de la nuit précédente. Il adoré l’ambiance. Il ne connaissait pas ces fêtes. Il est Parisien, ici pour aider le cafetier qui est un lointain cousin par alliance. Dans sa région, il n’y a plus de bals en raison de la violence. Ici, tout est plus facile ; il est ravi d’avoir vécu ça. Il me parle de la femme qui dansait devant lui hier soir, qui l’allumait. Ça le fait rire. On ne se connaît pas, mais il me parle quand même comme à une vieille copine. Il me décrit les seins de la femme, me dit qu’il aurait bien touché un peu pour voir si c’était aussi doux que ça en avait l’air. À chaque fois que j’entends un homme sortir une blague graveleuse, je suis choquée. Ça me fait rarement rire. Là, je l’écoute. Je visualise ce qu’il me décrit et je me surprends à vouloir en savoir davantage. Il en parle sans excitation apparente, et surtout, à aucun moment, je ne l’entends dire du mal de cette femme ou se moquer d’elle. Il l’a trouvée belle. Les femmes entreprenantes n’en sont pas moins des femmes. Je suis étonnée. Mes amis, tous, se seraient gaussés en la traitant de salope, ou pire. Lui, non.


La douche est libre. Il me demande de passer la première. Je prends sous le bras mes vêtements propres pour le service et me dirige vers la douche. L’eau tiède me fait du bien. Je resterais bien sous la douche plus longtemps mais je ne suis pas la dernière.


Je m’habille rapidement. Mon short est un peu court, mais c’est la fête. Je ne sais pas ce qui me prend. J’entrouvre la porte pour faire signe à Jacques de la main. Il arrive. Il entre. Je suis torse nu devant lui. Je sais qu’il ne dira ou pensera pas de mal de moi s’il me voit dénudée. J’avais envie de lui faire ce plaisir, et surtout de me montrer à moi-même que je suis capable de ça. Faire comme si je n’éprouvais aucune gêne, alors qu’au fond de moi je suis pétrifiée.


Jacques se retourne pour ôter ses vêtements. Il est large d’épaules ; ses cuisses sont longues et musclées. Quand il se retrouve en boxer, je découvre des fesses pleines, bombées. Je l’observe. Et il doit s’en douter. Il fait glisser son boxer et se dirige vers la douche, les mains croisées devant son sexe. Je ne veux pas l’incommoder. Je passe mon tee-shirt, lui fais un petit signe de la main et sors.


Il me rejoint quelques minutes plus tard dans la salle de restauration, frais comme un gardon, l’air un peu emprunté. Nous rigolons tout le long du repas. Il me touche toujours en accompagnant ses paroles. Il me trouble. Je le revois nu de dos sous la douche. Je repense à mon émotion quand ses yeux se sont posés sur ma poitrine. Je me sens l’âme d’une midinette.


La nuit est folle, débridée, déglinguée. Sa cliente d’hier est là à nouveau. Elle n’hésite plus à tirer sur sa chemise pour lui montrer ses seins. Elle le drague ouvertement. Alors qu’il s’approche au-dessus du comptoir pour l’écouter passer commande, elle l’attrape par le cou pour l’embrasser. Il s’en tire en rigolant, mais je crois qu’il a pris la langue de la salope dans sa bouche. Il me regarde, cherchant chez moi un retour approbateur. Je lève juste un pouce, mais avec une moue dubitative. Elle l’attrape à nouveau. Je vois leurs langues. Quelle salope ! Et lui qui se laisse faire… Si ça se trouve, il ne va même pas terminer son service pour aller la sauter.


Les jeunes en face de moi sont aussi les mêmes qu’hier. Il est 3 heures. Ils me commandent 10 vodkas-orange. « Désolée, je n’ai plus d’orange. » dis-je, contrite. L’un des rigolards me hurle qu’il a des kiwis et me fait signe de ses deux mains vers le bas du comptoir de son côté. Comme une idiote, je m’agrippe au bord pour me soulever et regarder de l’autre côté. Il a déballé son matériel. Ce qu’il appelle des kiwis, ce sont ses couilles. Je suis verte de rage, mais je rigole quand même en lui disant que je pourrais être sa mère. Il me répond sans se démonter que si j’étais sa mère, il n’aurait pas envie de me baiser tout debout devant les bouteilles. Je le gifle. Il l’a bien mérité. Jacques pense que j’ai un problème et vole à mon secours. Il empoigne le jeune par le col par-dessus le comptoir, le soulève du sol, hurle je ne sais quoi devant son nez et le pousse brutalement. L’homme aux kiwis se retrouve le cul par terre, les couilles à l’air. Un grand éclat de rire accompagne sa chute. Il est vexé. Visiblement, il veut se relever pour venir en découdre. Jacques est déjà passé par-dessus le comptoir. Il le saisit au col et hurle à nouveau. Les pieds du pauvre gars ne touchent plus le sol. Jacques le pose. L’autre doit comprendre qu’il ne faut pas insister. Jacques revient par-dessus le bar et offre un verre au propriétaire des kiwis, sans doute à condition qu’il se calme. Jacques trinque avec lui.


Je viens déposer une bise sur sa joue pleine de sueur pour le remercier. Il me caresse le dos. J’ai des frissons. Au même moment, la femme en face de lui l’attrape par le cou. Elle hurle ; j’entends des bribes. Un truc du genre « On va faire un tour tous les deux après ton service ? » auquel il répond rapidement un « NON » massif, sans se départir de son sourire. J’entends aussi quand il lui dit « J’ai déjà un rancard. » Vexée, elle se fraye un chemin pour partir. D’autres viennent combler le vide. Bon débarras. Je me demande avec qui il a un rancard…


Cette nuit a passé encore plus vite que la précédente. Les jeunes veulent rester, continuer, mais la réglementation est stricte. 4 h, ce n’est pas 4 h 01. Les chants ont remplacé la musique. C’est interminable, mais je m’amuse de ce spectacle vivant, de cette joie qui transpire, même si quelques-uns ne peuvent plus ouvrir les yeux tellement ils ont bu. Jacques est en sueur lui aussi. Il fait très chaud. Je suis trempée. J’ai peur de prendre mal. Il me regarde, me sourit. Il a l’air heureux. Ses yeux se fixent sur mes seins. Encore. Autant hier en début de soirée je le trouvais con, autant ce soir, alors que la fête est finie, je le trouve attirant, séduisant. Et puis il a volé à mon secours. C’est un gentleman. Un étranger qui danse comme lui toute la nuit en servant des verres, ce n’est pas un étranger comme les autres. Mais je suis une femme fidèle. Il faut savoir résister aux tentations. Et puis de toute façon il a un rancard…


Il est 6 h 30 quand enfin nous pouvons ranger. La police municipale a fait partir les récalcitrants.


Tout est rangé. Je n’ai pas envie de partir, pas envie de rentrer. Jacques tourne en rond. Il me regarde, puis fuit mon regard. On dirait qu’il veut me parler mais qu’il n’ose pas. Il ne reste plus grand-monde. Je me décide à aller le saluer et à partir. Il semble pétrifié. Son regard est sombre. Il me fait une bise, et au moment de changer de joue, me dit « Tu vas me manquer. » Il me fait fondre.


Je m’éloigne en reculant. Je le fixe. J’ai sans doute l’air triste. Je ne voulais pas répondre que lui aussi allait me manquer. Il aurait entendu les sanglots dans ma voix. Je manque de trébucher. Je dois avoir l’air ridicule. Je me rétablis et le regarde. Il avait déjà fait un pas dans ma direction pour me secourir. Je continue de m’éloigner, mais cette fois je lui tourne le dos. Si ne n’étais pas mariée, si j’étais infidèle, si je m’écoutais… Mais je dois rentrer. Je me retourne malgré moi. Il me suit du regard. Je vais tourner à l’angle de la rue et ce sera terminé.


Je m’arrête et lui fais signe de venir. Il avance vers moi d’un pas résolu. Sa silhouette s’approche sous le soleil naissant.



Je ne suis plus fatiguée. D’un coup je me redresse sur mes jambes et m’approche de lui. Je le rejoins pour que nous soyons côte à côte, je passe un bras sous le sien pour qu’il me soutienne.



Nous marchons silencieusement. Le jour se lève. J’aime son contact. Sa sueur m’enivre. La mienne colle. Je ne sais pas pourquoi, mais j’aime être tout près de lui.


Le porche de notre maison est sur la droite, à quelques pas. Ce sera bientôt fini. Je tape le code. Un bruit sec. Je pousse la lourde porte. Je franchis le pas. Il me suit, toujours en me soutenant. L’escalier est au fond de la cour intérieure. Je n’ai plus que quelques mètres à faire.


Je lâche son bras pour me suspendre à son cou et le remercier d’une bise.


Jacques prend mon visage entre ses mains. Il me fixe, me transperce, me subjugue. Quand il pose ses lèvres sur les miennes, je sens un frisson remonter le long de ma colonne. Je dois partir mais j’ai envie de sa langue, juste un peu, pour goûter. Il a compris et me fouille la bouche. Des mains veulent découvrir mon corps poisseux. Elles s’insinuent sous mon tee-shirt et se glissent jusqu’à mes seins que je sens douloureux. Nos langues dansent, ses mains jouent avec mes tétons. Il faut que je parte, mais je voudrais qu’il me touche encore un peu, rien qu’un peu, et après je partirai.


Ses mains ont quitté mes seins et me parcourent le dos. Sa langue est sortie de ma bouche pour visiter mon cou, mes oreilles, mon menton. Il reprend ma bouche. Ses mains sont folles ; je les sens descendre sur mes fesses. Je dois partir, mais laissons-le aller un peu plus bas. Oui, là, sur mon cul. Bon Dieu, que c’est bon ! Ses mains sont puissantes, directes. Sa langue me titille les seins et ses mains continuent leur voyage. Il a déboutonné mon short. Je vais le laisser faire encore un peu. Je lui passe mes mains dans les cheveux, chastement. Je suis une femme mariée.


L’air frais sur mes fesses. Mon short est tombé. Me voilà en culotte, le tee-shirt remonté au-dessus de mes seins qu’il maltraite. Ses mains sont venues me prendre sous les fesses et me soulever légèrement. Je me sens comme une plume. Il me colle contre lui. Je sens son excitation contre mon ventre. Je serre mon bassin contre le sien. Mes mains quittent ses cheveux. Je vais lui caresser un peu le dos, et je lui dirai d’arrêter. Son dos est trempé de sueur. Je sens ses muscles gonfler quand il me soulève. Je me serre contre lui. J’ai très chaud.


J’ai soulevé un pied pour laisser tomber mon short. Il faudra que je pense à le prendre avant de m’échapper, dans quelques instants. Il me repose au sol, et d’autorité me colle une main entre les cuisses. Wouf, le cul, passe encore. Mais là il me touche la chatte. Il serait temps que j’arrête, que je parte. Ses doigts tirent le tissu pour se faire un chemin. Ses doigts… Je le laisse faire encore un peu. Je suis tellement mouillée. J’ai honte de mouiller comme ça. J’avance un peu mon bassin, je me baisse même un peu pour que ses doigts me baisent plus profondément. Oui, encore un peu, oui, caresse-moi le clito aussi. Putain, que c’est bon…


Si je me sauve maintenant, je vais le laisser sur le carreau. Et il n’a rien demandé, lui. Je le repousse un peu pour m’agenouiller devant lui. Sucer, ce n’est pas tromper, comme disait Bill. Je déboutonne son pantalon et je le baisse un peu. Son boxer est déformé par une érection monumentale. Je libère la bête pour m’en saisir et la lécher, lui agacer le gland, le titiller. Ça ne sent pas le frais à cette heure-ci, mais je n’en ai cure. Je vais le sucer et le faire jouir vite fait. Après je partirai. Le sentir dans ma bouche palpiter et vibrer, ça m’excite. Je me caresse en même temps entre les cuisses. Je jouirai peut-être moi aussi, sinon tant pis. Je vais lui faire du bien. Je me déchaîne sur sa queue raide sans le laisser respirer. Je sens qu’il va venir. Ses couilles remontent. J’insiste. Une fois qu’il aura joui, je partirai.


Jacques râle, il me tire par les cheveux. Je dois lâcher sa queue. Dommage, j’y étais presque… Je vais partir, alors.


Je n’ai pas le temps de dire ouf. Il me soulève du sol, me prend par les poignets pour appuyer mes mains sur le mur. Si je veux partir, c’est maintenant, sinon il va croire qu’il peut me baiser. Je vais attendre encore un peu, le laisser regarder mon cul. Je me cambre pour qu’il se rince l’œil. J’aime qu’on me regarde le cul. Il me caresse les fesses, les regarde. Allez, je vais bouger.


Il m’en empêche. Son corps vient contre le mien. Il a soulevé son tee-shirt pour venir frotter son torse nu contre mon dos. Je sens sa queue se promener entre mes cuisses. Jusque là, l’honneur est sauf. Il veut peut-être jouir comme ça, en frottant son engin entre mes cuisses au contact de ma chatte brûlante. Il veut sentir mon humidité bouillante. Je le laisse continuer un peu ce mime de pénétration, mais il ne me pénétrera pas. Je ne peux pas le laisser faire.


Je me passe une main entre les cuisses pour couvrir sa queue et bien la plaquer contre mes chairs détrempées. Bordel, que c’est bon… Il avance son bassin ; je sens son gland appuyer contre la base de mon pouce. Il recule, j’appuie dessus. Mes lèvres sont grandes ouvertes. Je veux en profiter encore un peu.


Il s’est reculé pour se dégager, et il a remonté son sexe bandé contre son ventre. Il revient contre moi et glisse maintenant sa queue entre mes fesses. Ça glisse bien ; j’ai des fourmis autour de l’anus. J’en profite pour me glisser les doigts dans la chatte et me branler. Je vais me faire jouir comme ça ; après, je partirai.


Mais que c’est bon, cette queue ; que c’est bon de se pénétrer comme ça sans vergogne. Il revient loger son chibre entre mes cuisses. J’appuie à nouveau dessus pour bien sentir son contact. Mes sens sont en éveil. Je le branle entre mes cuisses.


Je me penche un peu pour pouvoir attraper ses bourses. Elles sont remontées. Cette fois je ne vais pas le laisser tomber. Je le branle encore un peu. J’ai l’impression de ressentir son plaisir. Dans ma main sa queue palpite, ses veines sont gorgées de sang, comme mon clito.


Je vais prendre son gland, seulement son gland, dans ma vulve. Elle réclame. Elle m’envoie un merci pour cette petite incursion. Je le laisse entrer son gland et j’arrête.


Mais il pousse ; il a dû croire que je voulais sa queue bien au fond. C’était pas prévu qu’il… oh putain, que c’est… bon ! Il me baise, ce salaud ! Il me baise comme une chienne, me tire les cheveux, me claque les fesses. Je voulais partir. J’aurais dû partir. J’aime ça. Il me fait du bien. Elle est bonne, sa queue…


Je continue de masturber mon petit bouton pendant qu’il me pilonne. La nuit ne l’a pas fatigué, l’étranger. Je sens ses cuisses taper contre les miennes et ses couilles s’écraser contre mes doigts à chaque fois qu’il pousse. Je sens un grand vide se créer dans mon antre quand il recule. Je n’en peux plus. C’est trop intense, trop jouissif.


Si ça se trouve, il pense à la bonne femme qui lui montrait ses nichons et qui l’a emballé plusieurs fois ce soir. C’est elle, peut-être, qui lui a donné une telle envie de baiser. Je m’en fous. Je vais jouir. Je sens les frissons revenir et me parcourir l’échine. Une claque forte sur mon cul endolori finit de me faire prendre mon envol. Je ne sens plus mes jambes. Je hurle. Tant pis pour les voisins ! Je croyais être au maximum de l’orgasme, mais je sens son sperme me tapisser le vagin ; ça renforce encore mon extase. Il se lâche, et ses cris couvrent les miens. Il me soutient. Je n’aurais pas tenu debout sans son aide.


Le silence est revenu. J’ai peur d’avoir crié trop fort, et encore plus qu’on l’ait entendu lui aussi. Mais si c’est le cas, tant pis. Sa queue ramollie s’échappe tout doucement, et je sens son sperme chaud en profiter pour me couler le long des cuisses.


Il me serre dans ses bras, puis me retourne pour m’embrasser. Tendrement.

Il a compris que je dois partir et me laisse m’en aller, penaude, après avoir passé mon short à même la peau. Ma culotte est dans ma poche.


Un dernier bisou et je monte les escaliers. Mon mari dort encore. Quand il me sent entrer sous les draps, il m’attire contre lui et me prend une main pour la diriger vers son sexe tout raide. Ça faisait longtemps qu’il n’avait rien demandé. Je suis ravie. Mais j’peux pas… Je mets ça sur le compte de la fatigue en espérant qu’il ne va pas insister. Il insiste. Je descends sous la couette pour lui faire une pipe. Ça devrait le calmer. Sa queue est bien raide en effet, et propre. Mais l’odeur de la sueur, j’aimais bien aussi. Je rigole toute seule en me revoyant à genoux dans le hall avec la bite de Jacques dans la bouche. Deux pipes dans la même soirée, ça doit être mon record. Le précédent devait être deux pipes dans le même mois.


Voilà. Heureusement, il n’avait pas si envie que ça de me baiser. Il crache dans ma bouche et s’en satisfait à grand bruit. Je n’ai pas envie de me relever, alors j’avale tout consciencieusement. Le nettoyage de popaul terminé, je m’allonge à plat-ventre. Je veux dormir. Mon mari se lève, mais juste avant de quitter le lit se croit obligé de me passer une main entre les cuisses. Peut-être veut-il vérifier s’il m’a fait mouiller ou pas. Je serre les cuisses sur sa main en signe de réprobation. Il veut me rendre la pareille. Je n’en ai surtout pas envie. Je dois puer le sperme.


Je fais semblant de dormir et je grogne quand il s’allonge sur moi. Je ne l’ai pas achevé. Il bande à nouveau et vient loger sa queue entre mes cuisses pour me forcer. Je vais y avoir droit, mais je suis trop lasse pour participer. J’écarte un peu les cuisses pour le laisser me baiser, en espérant qu’il ne réalisera pas que quelqu’un est passé par là ce matin déjà. Tant pis. Il peut utiliser ma chatte pour se faire du bien. Je me sens sale à cet instant. J’avais fait de ma fidélité à toute épreuve une fierté. Et il aura suffi d’une soirée pour que je jette aux orties tant d’années de raison conjugale. La transgression, je ne la regrette pourtant pas. J’ai aimé me faire baiser tout debout ce matin. J’ai aimé qu’un autre homme bande pour moi, qu’un autre homme en bave de me sauter. Je me sens sale mais, c’est curieux, ça m’excite. Je me demande même si je n’aimerais pas que mon mari se rende compte que sa queue baigne dans le sperme d’un autre, qu’il réalise que j’ai joui du sexe d’un autre, que j’ai frissonné sous d’autres mains, que j’ai hurlé en jouissant avec un corps qui n’était pas le sien.


Cette pensée m’excite au point de réclamer maintenant qu’il me bourre plus fort. Et je le lui dis comme ça, sans faux semblant. Il doit se demander si c’est bien moi qui lui dis « Baise moi plus fort ! » et qui avance mon cul au-devant de sa virilité.


Ça doit l’exciter lui aussi. Il jouit bruyamment après seulement quelques ruades et se lâche en s’affalant sur moi. Je reste sur ma faim. Je reste immobile quand je sens sa queue sortir de ma vulve, feignant de dormir déjà. Il pose une bise sur ma joue et remonte le drap sur mes épaules avant de sortir de la chambre et me laisser roupiller. Je vais dormir quelques heures, et je sais qu’il sera là quand je vais me lever, les yeux explosés, les cheveux en bataille. Il sera là comme hier, les bras ouverts pour m’accueillir. Il m’aura préparé quelques petits plats pour me remettre en forme. Il aura lavé mes vêtements sales et les aura passés au sèche-linge. Un amour. Mais je n’arrive pas à dormir. Quelque chose me travaille, mais je ne sais pas quoi. Ce n’est pas un problème de conscience, non ; ça, on verra demain. J’ai le sentiment d’avoir oublié quelque chose. Merde ! Ma culotte dans ma poche. Il va la trouver. Il va se douter. Ou il ne verra rien. De toute façon, je suis trop fatiguée…