n° 16953 | Fiche technique | 77300 caractères | 77300Temps de lecture estimé : 44 mn | 08/08/15 corrigé 07/06/21 |
Résumé: Ma cousine Olivia est certes moins jolie que moi, mais elle a un fort caractère... | ||||
Critères: fh jeunes vacances campagne init humour -prememois | ||||
Auteur : Elodie S Envoi mini-message |
Le sort n’a pas épargné ma cousine Olivia depuis sa prime jeunesse. La route de sa mère a, au grand dam de ma grand-mère – et de toute la famille semble-t-il – croisé celle d’un maçon portugais, et elle est le fruit, avec son petit frère, de ces amours contre nature. Mais le bel ouvrier a disparu, aussi soudainement qu’il était apparu, du cercle familial ; j’imagine qu’il a eu le mal du pays ou s’est fatigué de l’opprobre qui entoura leur liaison. De trois ans la cadette de ma cousine, je n’ai jamais connu son géniteur. Seuls la photo jaunie d’un homme aux cheveux noirs et à la barbe mal rasée, et les silences gênés de mes parents lorsque son souvenir émergeait lors d’une conversation l’empêchent d’être virtuel.
Ma tante a élevé courageusement ses deux enfants du péché jusqu’au jour où sa voiture s’est encastrée sous un camion, laissant Olivia, seule survivante, orpheline et lourdement défigurée. Élevée par ma grand-mère, elle garde encore sur son visage et sur son corps les traces de ce terrible accident, malgré plusieurs interventions de chirurgie réparatrice. Bien qu’assez grande, elle a ce type méditerranéen prononcé qui détonne dans notre famille : peau mate, cheveux et yeux sombres, et un corps de garçon avec une poitrine plate et des hanches peu marquées. Elle compense ce physique peu avantageux par un regard particulièrement vif et enjoué et un fort caractère.
Au grand désespoir de ma grand-mère, elle a fréquenté à peu près tous les établissements scolaires de la ville où elles résidaient. D’une intelligence vive, elle arrivait à avoir juste la moyenne malgré son manque d’assiduité pour les études, mais ses écarts de conduite lui ont valu d’être renvoyée de plusieurs établissements successivement. Sa réputation la précédait, et chaque fois qu’une grosse bêtise était commise (incendie dans le labo de chimie, déménagement impromptu du bureau du proviseur dans la cour, lâcher de souris blanches dans la classe, etc.), la vindicte professorale accusait Olivia.
Pendant ce temps, je suivais une éducation strictement encadrée chez les sœurs, et mes parents redoutaient son influence négative lors des grandes vacances que nous passions conjointement dans la propriété ardéchoise de ma grand-mère. En fait, je ne la voyais pratiquement que lors des repas ; elle s’évaporait dans la campagne des heures durant. Elle me considérait probablement comme trop jeune pour pouvoir participer à ses mystérieuses escapades rurales.
Le divorce de mes parents nous a considérablement rapprochées, et l’année suivante, comme si la douleur causée par cette séparation me permettait de rentrer dans son clan des malheureuses, elle m’entraîne dans une cabane construite au fond du parc avec l’aide du fils des fermiers. Nous avons de longues conversations entre filles tout au long de l’été, et j’apprends à mieux connaître cette cousine sauvage, rebelle mais fascinante. Elle est particulièrement intéressée par mon éveil à la sensualité, n’arrêtant pas de m’interroger sur mes contacts avec les garçons ; je brode un peu, étant plutôt « oie blanche », sur les quelques caresses ébauchées dans des salles de cinéma obscures ou des baisers volés sous une porte cochère. Il est vrai que ce genre de sujet alimente une bonne partie des conversations que j’ai avec mes copines, d’où mon assurance pour enjoliver la réalité.
Une véritable complicité naît entre nous, elle me sort complètement de monde ouaté et bourgeois où m’enfermait jusque là ma mère. C’est la chef du duo, je reste son obligée ; je réalise que je suis beaucoup plus prolixe en confidences intimes qu’elle, qui reste très secrète sur sa vie personnelle. Tout juste évoque-t-elle les drôles de choses qui se passent dans l’hôpital où elle est élève infirmière. Lorsque je m’étonne de son intérêt pour connaître les moindres détails de ma vie, elle me répond, d’un air un peu triste :
Un jour d’août, avec un air de conspiratrice, elle m’affirme :
Empruntant un petit chemin creux, nous parvenons à une bonne distance de la maison, dans un champ d’herbes rases où paissent tranquillement quelques bovins. Olivia s’appuie sur la clôture et attend. Je m’étonne :
Guillaume est le fils du fermier de ma grand-mère. Il a à peu près mon âge. Depuis que j’ai pris des formes, il me regarde comme si j’étais un sucre d’orge, ce qui me met mal à l’aise. Nous patientons quelques minutes avant d’apercevoir de l’autre côté du champ les deux hommes tirant un animal roux à l’allure imposante. La clôture ouverte, ils détachent le monstre qui démarre au grand galop vers le troupeau. Je réalise qu’il s’agit d’un taureau, plus de deux fois plus gros que les autres bovins, en apercevant les énormes testicules qui pendouillent en se balançant au rythme de sa foulée, frôlant le sol. Cette arrivée fracassante déclenche un mouvement de panique chez les paisibles vaches qui s’éparpillent un peu partout. De stridents meuglements déchirent l’air. Le mâle, dont je distingue l’imposante musculature malgré sa masse, hume l’air tête haute ; il bave, éructe, rote, puis fonce vers une génisse à l’air gracile ; l’élue tente une esquive, minaude, s’arrête, relève la queue. Le monstre aspire goulûment ses effluves, les naseaux collés contre la vulve de sa promise.
Je distingue alors son sexe luisant et rose qui émerge de sa gaine, grandissant à vue d’œil. J’ai la gorge sèche, et sens le regard d’Olivia sur moi. Je n’ose le croiser, captivée par ce spectacle bestial. Le taureau se hisse sur ses pattes arrière et grimpe sur le dos de la frêle génisse, étonnamment passive sous la masse de son assaillant. Après quelques tâtonnements, le cylindre de chair s’engouffre entièrement entre les reins de l’animal. Je n’arrive pas à réaliser comment elle peut absorber un tel pieu. Le mâle s’agite dans le ventre de la femelle, remuant son lourd bassin d’avant en arrière. L’accouplement dure quelques minutes, puis le géniteur se retire, le sexe gluant de longues traînées baveuses. Le son d’une voix me ramène brutalement sur terre :
Je sens les regards brillants de deux hommes qui m’enveloppent, et rajuste mon chemisier.
Aidé de son fils, l’homme repasse une corde dans l’anneau situé sur les naseaux du monstre, pantelant et trempé de sueur. Ils repartent en tirant la bête vers l’étable. Olivia se retourne vers moi et me secoue :
Il est vrai que ce coït bestial m’a laissée essoufflée, avec un poids étrange dans mon ventre. Je me fais taquiner par ma cousine :
À plusieurs reprises, au cours du reste des vacances, Olivia m’interrogea sur ces étranges picotements que j’avais ressentis devant cet accouplement bovin, mais je me suis bien gardée de lui avouer qu’il avait obsédé plusieurs de mes rêves nocturnes. Nous ne sommes pas retournées vers la pâture, mais ma cousine a trouvé un nouveau jeu : elle m’a appris à me maquiller. J’ai même un jour déclenché l’ire de ma grand-mère qui m’a surprise avec un rouge à lèvres et des faux-cils dignes d’une racoleuse de rue !
C’est avec tristesse que j’ai quitté ma cousine à la fin des vacances ; mais, durant l’année scolaire, nous avons régulièrement communiqué. Elle reste toujours aussi intéressée par mes progrès (sic) avec les garçons, et m’a longuement interrogée le jour où je lui ai avoué en avoir pour la première fois caressé un jusqu’à ce qu’il jouisse dans ma main. Ces conversations étaient pour moi à la fois excitantes et agaçantes, car je me rendais bien compte que je devais lui conter en détail mes histoires personnelles alors qu’elle, elle restait particulièrement secrète sur les siennes…
Elle réussit son examen d’infirmière à la rentrée et se fait embaucher en début d’année dans une clinique, mais me promet de me retrouver au moins quinze jours en juillet dans le domaine de ma grand-mère, comme avant…
Elle me rejoint à la gare de La Part-Dieu un jour de canicule. Nous tombons dans les bras l’une de l’autre et nous prenons, joyeuses, le train aussi poussif que vieillot qui nous emmène au berceau familial. À peine installées dans notre compartiment, nous sommes rejointes par deux garçons à peu près de notre âge. Visiblement ravis de notre compagnie, ils se présentent :
Comme d’habitude, elle mène la conversation. Leurs parents sont d’origine napolitaine ; ils sont tous deux apprentis et vont chez leur oncle qui réside dans un bourg à une quinzaine de kilomètres de chez ma grand-mère. À plusieurs reprises je sens leurs yeux me dévêtir, et je transpire un peu. Je propose donc à Olivia d’aller nous rafraîchir. Évidemment, les garçons proposent de nous accompagner, mais ma cousine refuse.
Après être parvenues à nous glisser dans le toilettes pourtant étroites, Olivia me confie :
Estomaquée par sa proposition, je n’ose – de peur de la froisser – lui dire qu’avec sa poitrine, elle n’en a guère besoin, alors que moi… Sans me laisser le temps de refuser, elle soulève mon débardeur et dégrafe mon soutif. Étrangement passive, je la laisse en faire glisser les bretelles, me l’ôter et l’enfouir dans son sac. Me regardant d’un air sévère, elle me lance :
Elle attrape son nécessaire et, avec application, m’enduit les lèvres de rouge carmin et les yeux de khôl. Dans le petit miroir, je me rends compte que je fais au moins trois ans de plus que mon âge ainsi, et ai un air un peu aguicheur. Lorsque nous réintégrons notre compartiment, les deux garçons émettent un sifflement admiratif. Gênée, je me tasse dans mon coin ; Olivia reprend la conversation, explique que nous allons chez notre grand-mère ; visiblement, les deux jeunes souhaiteraient nous revoir dans la semaine, car nous ne résiderons pas trop loin de chez eux…
C’est alors que, négligemment, elle se penche vers son sac pour en extraire un magazine. Je pique un violent fard : elle l’a laissé ouvert, et mon soutien-gorge s’étale à la vue des gaillards.
Dans un ensemble parfait, chacun saisit mon dessous par un bout. Je me tasse encore plus contre la fenêtre du train. Ils testent l’élasticité de la bretelle, et je sens leurs doigts courant sur mon épaule. Ils éprouvent l’armature de l’objet, et j’ai l’impression qu’ils me palpent les seins. Ils en caressent les bonnets, et je sens mes pointes qui se dardent sous mon débardeur. Leurs regards vont du tissu vers mon buste, comme s’ils évaluaient l’adaptation de l’un à l’autre. Guido se penche sur l’étiquette et avertit son frère :
Les deux autres éclatent d’un fou rire malsain. Je fusille ma cousine du regard, ce qui ne l’émeut guère. Par chance, l’arrivée de notre train à destination est annoncée par le speaker. D’un geste brusque, je reprends mon bien aux garçons en me levant ; ils en profitent pour me fixer carrément dans les seins. Humiliation suprême, Olivia glisse son numéro de portable à mes tourmenteurs et me dit au moment où ils sortent, comme pour qu’ils entendent mieux :
Pendant quatre jours, je n’adresse pas la parole à ma cousine, au grand dam de ma grand-mère. Je suis furieuse d’avoir ainsi été humiliée devant deux garçons de mon âge, et sa remarque sur l’excitation que me provoquerait la honte me plonge dans un océan de perplexité. Puis, peu à peu, j’arrive à enfouir la scène du train dans un coin de ma mémoire, et nos relations se normalisent. Guillaume, à plusieurs reprises, nous emmène pêcher les écrevisses, dont ma grand-mère fait de délicieux repas. Pour cela, il dépose de petits filets cylindriques appelés balances remplis de tripes de mouton dans les ruisseaux du domaine, et nous revenons les relever quelques heures plus tard lorsque les petits crustacés font ripaille. Tout l’art est de s’approcher silencieusement et de relever la balance d’un coup sec. Mes camarades se moquent de moi car, à plusieurs reprises, je tire la corde de la nasse de travers et notre butin se renverse et s’enfuit dans l’onde.
Un jour, nous connaissons une vraie frayeur. Le garde-pêche, que nous n’avions pas vu arriver, nous interpelle à une cinquantaine de mètres ; nous détalons comme des lapins, l’homme à nos trousses. Guillaume nous entraîne dans un bosquet où nous nous couchons dans la fougère. Je vois les chaussures de l’homme de loi passer à quelques mètres de moi !
Aujourd’hui, il fait particulièrement chaud, mais nous faisons une pêche abondante, notre seau est presque plein. Nous devons traverser au-dessus d’une retenue d’eau sur un tronc assez étroit, et, comme d’habitude, Olivia franchit l’obstacle d’un pas alerte. Guillaume la suit et je ferme la marche. Je suis peu rassurée et il revient me tendre la main pour me guider. C’est alors que ma cousine s’amuse à faire tourner du bout du pied notre pont de fortune, et nous tombons tous deux dans le petit étang. Nous sommes trempés, et nos écrevisses retrouvent leur élément. L’eau, plutôt fraîche, m’arrive au-dessus de la taille ; je dois presque nager pour atteindre la rive où s’esclaffe ma cousine. Lorsque j’émerge et que le garçon me tend la main pour me hisser sur la terre ferme, je sens la surprise dans son regard. Je réalise que mon short et mon tee-shirt blancs sont devenus complètement transparents et que mes aréoles se dessinent nettement malgré mon soutien-gorge. Guillaume est lui aussi mouillé, mais il me fixe intensément tout en ôtant sa chemise détrempée.
La chipie, auteur de l’accident, se moque de moi :
En un tournemain, le garçon fait glisser son jean, et en boxer bleu clair retourne dans l’eau pour rapporter le seau évidemment délesté de nos prises que le courant a emporté plus loin.
C’est ainsi que je me retrouve en culotte et soutif devenus transparents pendant que ma cousine étend mes effets sur l’herbe. Lorsque le jeune paysan émerge de l’onde, nos deux regards sont attirés par la protubérance qui tend son caleçon : ma tenue l’inspire, visiblement. J’ai du mal à détacher les yeux de ce mât qui soulève le tissu. Il fixe sans vergogne mes dessous indiscrets.
Comploteuse comme toujours, Olivia me glisse :
Étrangement passive, j’obtempère, et le membre du jeune homme saute hors de sa prison et vient frapper son ventre à quelques centimètres de mon visage.
À plusieurs reprises, j’ai déjà touché des garçons ; mais c’était toujours dans la pénombre d’une salle de cinéma, d’une soirée ou d’un parc. Jamais je n’avais eu, aussi près de mes yeux, en pleine lumière, un sceptre mâle ainsi érigé. La peau est douce, de grosses veines bleutées la sillonnent, le champignon au bout est rose et massif, une perle liquide pointe au bout du méat. Je sens qu’il se cabre légèrement lorsque mes doigts courent le long de ce bâton. Il a fermé les yeux, les bras le long du corps, le slip aux genoux. Je suis à la fois gênée et fière de le tenir ainsi à ma merci.
J’entends la voix d’Olivia, ferme et étonnamment lointaine, m’enjoindre :
J’obtempère, mécaniquement ; elles sont lourdes, gonflées, pleines de vie. D’une main je les soupèse, de l’autre je monte et descends le long du pieu érectile. Je sens le garçon se tendre de plus en plus ; il murmure des mots que je ne peux comprendre, s’arc-boute, grogne, et de lourds jets de semence blanchâtre jaillissent tel un geyser… Je ne peux éviter les deux premiers qui maculent mon menton et mon buste. Le garçon se relâche, le souffle agité. Olivia reprend ses ordres :
Par deux fois, j’ai sucé des garçons. Mais, jusque-là, je m’étais précautionneusement éloignée lorsqu’ils jaillissaient. Timidement, du bout de la langue, je recueille les restes de sa jouissance. Ce contact le fait se cabrer à nouveau, il gémit de manière continue. Le goût est assez âcre, un peu écœurant, mais finalement tolérable. Ma cousine insiste pour que j’aspire tous les résidus dans les moindres recoins. Je sens alors que le jeune homme commence à reprendre de la vigueur, et j’abandonne prudemment mon nettoyage.
Nous nous rhabillons, bien que nos vêtements ne soient qu’à demi secs. Mon soutien est couvert de sperme, et je n’arrive pas à le faire complètement disparaître. Je me résous à ne pas le mettre. À travers mon tee-shirt humide, Guillaume fixe mes seins bien visibles sur tout le chemin du retour ; Olivia est d’humeur guillerette. Avec des ruses de Sioux, je m’arrange pour éviter ma grand-mère lorsque nous rejoignons la maison. Nous n’aurons droit de sa part qu’à une remarque ironique sur notre bredouille. Si elle avait su !
Nos vacances se poursuivent sans que nous retournions à la pêche aux écrevisses. Nous apercevons de temps en temps Guillaume, visiblement gêné par l’épisode de notre bain commun. Olivia s’est mis dans la tête de parfaire la mise en valeur de ma personne. Cela va d’ongles impeccablement vernis (avec un rouge un peu trop carmin, me semble-t-il, pour mon âge) à l’épilation la plus intime (j’ai eu droit au ticket de métro) en passant par le choix de dessous affriolants, ou plus exactement très osés, choisis dans le seul magasin de lingerie du bourg. Olivia et moi consultons Internet pour avoir des idées sur les tendances en la matière, mais n’osons courir le risque d’un colis reçu par notre grand-mère.
Un jour, triomphante, elle m’annonce qu’il y un bal du 14 juillet organisé à S., petite ville ardéchoise un peu plus grande que notre bourg d’achat de lingerie. Nous devons absolument convaincre notre grand-mère de me laisser une opportunité de sortie (Olivia ayant gagné son indépendance depuis longtemps). Comportements irréprochables, aides plus ou moins efficaces pour les confitures, dessertes après les repas, je gagne le précieux sésame à condition de ne pas revenir trop tard.
Et nous voilà toutes deux sur le scooter de ma cousine en direction de S., un vent de liberté nous fouettant le visage. Après nous être préalablement congédiées de notre aïeule habillées normalement pour éviter toute remarque sur nos accoutrements, j’ai subi une véritable mise en condition de la part d’Olivia : dessous coordonnés rouge corail particulièrement vaporeux, petite robe noire courte assez décolletée devant et derrière, escarpins assortis à talons, parfum capiteux, maquillage très prononcé me donnant, dans ma glace, au moins vingt-cinq ans et le sentiment d’être une femme fatale.
Lorsque nous arrivons à destination, il y a déjà foule dans le centre et un orchestre qui joue. Olivia, le portable à l’oreille au mépris de la maréchaussée pourtant présente, rallie un bar du centre-ville et stationne. Et là, ô surprise, nous attendent les deux impétrants de l’épisode du train, Guido et Dario, habillés sur leur 31 et entourés d’une bande d’autres garçons qui ne se gênent pas de commenter ma descente du scooter qui dévoile bien malgré moi une bonne partie de mes cuisses.
Les deux garçons, avec fierté, nous embrassent plus que chaleureusement et j’ai droit à ce commentaire dont je devine le double sens :
Olivia, toujours aussi secrète sur sa propre vie, m’avait totalement caché cette rencontre planifiée avec les deux jeunes Italiens. Suivies du gang des copains de nos hôtes, après un rafraîchissement où je me suis (presque) vu imposer un Martini, nous gagnons la place centrale où a lieu le bal. Je trouve la musique ringarde, genre Patrick Sébastien, mais il est vrai qu’une bonne partie de l’assistance frise la quarantaine, voire plus… Nous avons une table sous une des arcades, et dès que je la rejoins après quelques danses un peu entraînantes je suis entourée d’une cohorte de jeunes empressés. Ma mise en condition par Olivia leur fait de l’effet, et je dois parfois repousser des mains insidieusement exploratrices. Contrairement à ma cousine, j’aime danser, et reste donc surtout sur la piste. À minuit, l’orchestre fait une pause, et nous avons droit à un feu d’artifice plutôt modeste.
La musique reprend, avec un nouveau chanteur, sur un rythme beaucoup plus lent et langoureux. Giuseppe fond sur moi et, me prenant la taille avec l’assurance d’un propriétaire, m’entraîne dans une série de slows au cours desquels il se fait de plus en plus pressant ; sa main gauche s’est carrément attribué ma fesse droite, et la droite vient souvent tâter le flanc de mon sein gauche, alors que je sens contre mon ventre la puissance de son désir. Il est drôle, commentant les couples plus ou moins légitimes qui dansent autour de nous avec une ironie cinglante. Je me sens finalement bien dans ses bras… De temps en temps, nous arrêtons de danser pour nous rafraîchir, mon cavalier m’offrant généreusement de désaltérants Coca (et un autre Martini) pendant que je retrouve Olivia qui commente elle aussi, avec une verve plus féminine donc plus féroce, les danseurs.
Dario prend le relais de son frère et m’entraîne dans des pas chaloupés. S’il est un peu moins raide (dans sa manière de danser, je veux dire) que son aîné, il n’en est pas moins entreprenant, au contraire, et visiblement mon décolleté le fascine. J’apprends qu’il a déjà fêté ses dix-huit ans. J’ai un mal fou à repousser ses mains baladeuses prêtes à dévoiler mon buste. Lorsque, de guerre lasse, j’abandonne ses bras pour rejoindre notre table, je trouve ma cousine en vive discussion avec Giuseppe. Elle me dit :
Nous nous dirigeons vers nos scooters sans que je puisse opiner, et, de son propre chef, Dario monte derrière Olivia. Je me retrouve donc comme passagère forcée de celui de son aîné. Il est plus puissant et plus large que celui de ma cousine, et j’ai un mal fou à empêcher ma robe de remonter sur mes hanches sous l’effet de la vitesse. Comme mon chauffeur se prend pour un pilote de course et sème rapidement les autres, je renonce à lutter contre le vent et dois me serrer contre lui en le tenant fermement par les hanches. La vitesse me grise. Lorsque, quelques kilomètres plus loin, nous parvenons à destination, j’ai mon shorty à l’air, et ma robe au-dessus du bassin.
Je distingue une grange avec une espèce de préau. Mon cavalier m’aide à descendre, non sans un regard appuyé sur ce que j’expose malgré moi, allume une lampe tempête et branche une sono entreposée dans un coin. Enfin de la bonne musique : Tokyo Hôtel ! Nos compagnons nous rejoignent, et les deux garçons allument un feu qui danse en donnant à nos silhouettes d’étranges éclairages. Je m’assois sur un banc entre les deux jeunes hommes, Olivia nous fait face. Nous chantonnons le refrain pendant que Giuseppe roule une cigarette, l’allume, inspire profondément la fumée et me la passe. Je tente de l’imiter et suis prise d’une quinte de toux qui provoque un fou rire chez mes compagnons. Pour une fois serviable, ma cousine s’approche de moi et me montre comment garder la fumée le plus possible dans mes poumons. Je finis par y arriver. La cigarette fait le tour de l’assemblée ; je me sens bien, relaxée, la mélodie me pénètre.
Guido passe son bras sur mes épaules ; je le laisse faire, sensible à ce geste protecteur. Le temps me semble s’écouler avec une lenteur étonnante, je me sens voler. Avec douceur, mon voisin pose sa main sur le bord de mon décolleté et le fait bâiller, dévoilant mon buste. J’ai l’impression que ma tête s’est séparée de mon corps et le considère comme un étranger. Je mets un temps fou à protester faiblement, et Giuseppe, qui s’est largement rincé l’œil, me souffle :
Je minaude, et Olivia, d’une voix étrange, rétorque :
Comme s’il n’attendait que cet ordre, le garçon fait coulisser le zip de ma robe et attaque l’agrafe. Je fais face à son frère, dont les yeux sont traversés par des éclairs lubriques. Les doigts dans mon dos sont maladroits et peinent à parvenir à leurs fins. Il faut le renfort de ma cousine pour libérer mon buste, qu’elle dévoile en faisant glisser le haut de ma robe sur mes hanches. Je me rends compte que les caprices des flammes donnent à mon effeuillage une suggestivité intense. Chacun des garçons me saisit un téton et joue avec sa pointe. Je ferme les yeux, j’ai la tête qui tourne et me sens divinement bien. Des frissons courent le long de ma colonne et agitent mon ventre. Étonné par ma passivité consentante, Guido me fait lever ; ma robe descend sur mes chevilles, je n’ai plus que mon shorty et mes escarpins. Il me prend par la main, me fait contourner le foyer sous les yeux exorbités de son frère et m’entraîne vers la grange. J’ai envie de lui et veux devenir femme.
Il me couche sans trop de ménagement sur la paille, se penche vers moi et saisit mon shorty. Dans un aveu d’abandon, je soulève mes reins pour l’aider à l’ôter. Je tremble de désirs trop longtemps refoulés. Il dégrafe sa ceinture, fait glisser ses vêtements, m’écarte les cuisses. Je sens à l’orée de ma chatte humide son membre orgueilleusement dressé. Et, d’un puissant coup de reins, il m’investit. La douleur me traverse le ventre, je crie, me débats. Mon partenaire, insensible à ma douleur, va-et-vient, réveillant à chaque passage ma souffrance. Il se tend soudain, rugit, se répand en moi et se retire. Je suis à moitié évanouie. Mon sang, se mêlant à sa semence, coule entre mes cuisses.
Je suis dans un état second. Je sens cependant un bon moment plus tard une morsure sur mon sein droit et un contact étrange, à la fois dur et soyeux, contre ma cuisse ; j’ouvre un œil : c’est Dario, qui est penché sur moi. Je me crispe et tente de le repousser. C’est alors que je sens une main apaisante se poser sur mon avant-bras : Olivia est assise en tailleur tout près de moi. Elle me susurre sur un ton presque maternel :
Elle glisse son autre main entre nous et, saisissant la base du membre du garçon, elle en amène le gland à l’entrée de mes lèvres. Dario est arc-bouté sur ses coudes, et nos corps ne se touchent qu’au niveau des mamelons et du sexe. Nous restons plus d’une minute à prolonger ainsi ce contact, et effectivement je me détends. Je sens d’intenses fourmillements là où nos peaux se caressent, mes lèvres s’humidifier et s’ouvrir comme pour gober l’intrus qui frappe à sa porte. Je me dis que, finalement, l’important pour moi est d’atteindre ce septième ciel dont mes copines m’ont tant parlé, et que le cadet ne pourra pas faire pire que son aîné ! J’avance presque malgré moi mon ventre vers le membre viril, et comme si elle n’attendait que ce geste, Olivia le libère en ôtant la main.
Le jeune homme s’affale sur moi brutalement en m’écrasant sous son poids, réveillant ma blessure, et, après quelques ruades, se vide dans mon ventre comme si j’étais un corps sans vie, ou plutôt une poupée gonflable.
J’ignore le temps qui s’est passé lorsqu’un contact doux sur mon front m’éveille : Olivia est penchée vers moi. J’essaie de me lever, j’ai mal à la tête, au ventre. Elle me soutient. Entre mes cuisses, je sens des croûtes de sperme sec mêlé à mon sang coagulé. Péniblement, soutenue par ma cousine, je me rhabille, rejoins son scooter. Les garçons sont partis. Le voyage de retour est un enfer, le bain à l’arrivée un paradis. Morphée m’engloutit dans ses bras. Où est donc le nirvana, tant vanté par mes copines, que procurent les bras d’un homme ?
Jusqu’à la fin des vacances, Olivia se montre particulièrement gentille avec moi, adoucissant l’aspect autoritaire avec lequel elle avait traité jusque là sa petite cousine. Peut-être pense-t-elle qu’elle a une part de responsabilité dans ma douloureuse défloration. J’essaie de positiver en me disant que je suis devenue une vraie femme, et que cela ne pourra être que mieux la prochaine fois. La veille de notre séparation, elle me confie cependant :
Une fois de plus, le commentaire de ma cousine me plonge dans un océan de perplexité, et je me demande si c’est vraiment un compliment qu’elle m’a fait…
Cette année, je suis inscrite en BTS et ai beaucoup plus de liberté. Je croque donc dans la vie à pleines dents, et j’ai un succès certain avec les garçons. Le premier auquel je cède est le chef de bande de notre classe, un dénommé Alexandre. Si je suis très excitée lorsqu’il me chauffe ; je reste sur ma faim lorsque nous faisons l’amour, au point qu’il me traite de frigide lors de notre rupture. Je multiplie par la suite les aventures, libérée grâce à la prescription de la pilule par notre infirmière, qui sait combien les garçons répugnent à se chausser préventivement. Mais ni Kevin, ni Marc, ni Thibaud ni d’autres ne m’envoient au septième ciel. J’en arrive à passer pour la fille facile de notre cours, celle qui est bonne et avec laquelle il est le plus facile de se vider les couilles, comme le dira l’un d’entre eux à la fin de notre courte liaison.
La phrase mystérieuse d’Olivia me revient à l’esprit, et je finis par aborder le sujet lors d’une de nos multiples conversations au cours desquelles elle me fait raconter avec gourmandise les menus détails de mes nombreuses galipettes. À ma question, elle me répond avec une voix grave, presque professorale :
Elle éclate de rire et me dit :
Je me mets donc à regarder différemment les hommes mûrs (ou tout au moins mûrs pour moi), ce que je ne faisais pas jusqu’alors. Je me rends compte qu’ils sont pour la majorité d’entre eux déjà casés, et que nous ne fréquentons pas les mêmes endroits… Je reste donc dubitative sur les conseils de ma cousine.
Le hasard veut que ma mère ait confié la rénovation intégrale de sa salle de bain à une entreprise de plomberie, et que défilent donc à la maison un certain nombre d’ouvriers. L’un d’entre eux capte mon attention : c’est un grand gaillard costaud au regard bleu un peu perdu, avec une belle chevelure blonde et une petite moustache. Il dégage une certaine mélancolie qui m’attire. Évidemment, ma tâche est compliquée par le fait qu’il est rarement seul sur le chantier et que ma mère n’est jamais loin. Je parviens cependant, lors d’une absence de celle-ci, à me retrouver seule avec lui et un de ses collègues, un petit trapu à l’air malsain ; je leur propose donc un café, que le petit gros accepte avec empressement. Ils me rejoignent donc dans la cuisine et je les sers ; le petit dit s’appeler Manuel et son compère Piotr. Ledit Manuel est particulièrement entreprenant et me dit sans vergogne qu’il aimerait bien partager une sieste coquine avec moi. Je le rabroue, en m’étonnant du silence de son camarade ; l’autre m’éclaire :
« Aïe, voilà qui invalide mon plan ! » me dis-je, désabusée. Je leur sers cependant une bière après le café, sous le regard lubrique de Manuel.
Le soir même, je fais part de ma désillusion à Olivia, ma ciblese révélant inatteignable. Olivia éclate d’un rire contagieux à mon récit et me rétorque :
Décidément, ma cousine est diabolique. Je note les jours de travail de l’entreprise et, la première fois où je n’ai pas cours, j’attends, maquillée comme une mariée, l’arrivée des ouvriers. Lorsqu’ils sonnent, j’ouvre avec empressement. Patatras, je tombe sur Piotr, mais il est accompagné de Manuel qui, au bord de l’apoplexie, se précipite sur moi. J’ai tout juste le temps de me réfugier, honteuse, dans ma chambre que je ferme à double tour.
Sur ces entrefaites, ma grand-mère se casse le col du fémur, et ma mère est contrainte de la rejoindre en Ardèche. Je me retrouve donc seule à la maison pour une quinzaine de jours… Lorsqu’Olivia m’appelle, je lui narre ma mésaventure avec Manuel, ce qui, une fois de plus, la fait éclater de rire.
Nous partons toutes deux dans un long fou rire, mais ma cousine ne trouve rien d’autre à me proposer.
Pendant deux jours, je croise les deux ouvriers qui s’activent lorsque je rentre, car ils prennent et déposent la clé chez la concierge quand il n’y a personne à l’appartement. Le troisième, je ressens une vive émotion en constatant, à mon retour, que le Polonais est seul sur le chantier. J’ôte rapidement mes habits d’hiver et réfléchis. Être naturelle, m’a conseillé Olivia. Je file donc dans ma salle de bain, comme pour prendre une douche. En fait, je me mouille un peu les cheveux pour donner le change, me maquille soigneusement et n’enfile qu’un peignoir dont je fais largement bâiller l’échancrure. « Ma fille, le moment que tu attendais est arrivé ! » me dis-je en me dirigeant vers la salle de bain de ma mère où travaille Piotr.
Il ne m’entend pas arriver, et je l’observe, couché sous le meuble d’arrivée d’eau, réaliser ses branchements ; lorsqu’il m’aperçoit, un beau sourire – le premier que je lui vois – éclaire son visage. Il me marmonne quelque chose que je ne comprends pas. Alors, d’un geste, il mime l’ouverture de sa chemise. Je comprends alors son message, et d’un mouvement savamment lent, j’entrouvre complètement le haut du peignoir. Fasciné par mon buste découvert, l’ouvrier se relève, me prend la main et me conduit vers la chambre de ma mère. Je résiste ; il ne comprend pas. Je lui souris à mon tour et, par signes, lui fais comprendre que je l’emmène vers ma propre chambre. Une fois arrivés, je lâche sa main, me défais de mon peignoir et m’étends sur mon lit, nue, sur le dos, les cuisses écartées, les genoux relevés. Je me croirais, les étriers en moins, chez ma gynécologue ! Je ferme les yeux et attends le contact habituel d’une verge bandée qui tente de se frayer une voie entre mes lèvres intimes, puis celui d’un corps d’homme qui écrase le mien…
Surprise ! Rien de tout ça, sinon un papillon aux ailes urticantes qui se pose en douceur sur mon mont de Vénus. J’ouvre les yeux, distingue une chevelure blonde aux reflets roux entre mes jambes, sens une langue friponne qui glisse entre mes lèvres en suivant leurs contours, frémis sous l’agacement coquin des poils d’une moustache là où ma peau est si tendre. L’intruse pénètre en moi, léchant mes parois intimes. Deux mains montent plus haut et atteignant mes seins, tournent avec langueur sur mes aréoles, en effleurent les pointes puis les font rouler entre leurs doigts. Sensation exquise, légère et aérienne. Je m’entrouvre plus encore, comme une fleur au soleil, frémissante d’envies trop longtemps contenues. L’appendice indiscret s’active plus avant et s’enfonce dans ma source, entamant un ballet qui me grise. J’attendais du Wagner, il me joue du Mozart. Et si je ne parle pas sa langue, sa langue, elle, elle me parle !
Autour de mon clito, elle danse un menuet, puis le lèche franchement, me faisant sursauter. Je sens s’évanouir ce nœud désagréable qui me nouait le ventre chaque fois qu’un homme me prenait, et monter de mes reins une marée intense, prête à déferler sur son générateur ; je dis des mots sans sens, mon souffle s’accélère, et, comme indifférent, l’homme d’entre mes cuisses active ses succions, rend ses pressions intenses sur mes poitrine durcie. Tsunami qui déferle, corps qui se raidit, le flot de ma jouissance jaillit, je hurle, j’inonde son visage puis retombe inerte. La moustache et la langue d’un plombier polonais ont ouvert des vannes intimes que les queues d’une douzaine d’étudiants français n’avaient su stimuler !
Je reprends conscience, me relève sur les coudes. Piotr me regarde, souriant. Ce sourire est fatal, beau, transcendantal. J’ai honte ; son visage ruisselle de ma mouille, j’ai l’impression d’avoir fait pipi au lit tant le drap est humide. Et il me regarde toujours, souriant tendrement, de ses yeux si bleus qu’on pourrait s’y noyer. Alors avec douceur je me relève davantage, tends la main vers son sexe orgueilleusement pointé, et l’attire vers mon ventre. Il arrête l’espace d’un instant mon geste et, pointant son index vers son torse, me dit :
« Ciel, me dis-je, je ne me suis même pas présentée ! » Alors, posant ma main libre sur mon torse, je lui réponds :
Il a du mal à prononcer mon nom : Euloudie, Eloudie, etc., et je dois le faire répéter plusieurs fois après moi. Dès qu’il y arrive, d’une traction douce mais ferme, j’attire son sexe à l’orée de mon antre. Il se glisse en moi sans aucune difficulté malgré son imposante taille, tant je suis lubrifiée. Jamais je n’avais senti cette sensation merveilleuse d’un membre masculin glissant ainsi dans mon fourreau huilé ; mes cellules nerveuses, peut-être trop nerveuses, y frémissent tout au long de son inexorable avancée. Béatitude de sentir l’épanouissement d’être emplie. Lorsque son gland vient buter sur ma matrice et ses bourses contre mon périnée, il s’arrête, et nos regards se croisent ; nos corps se fondent l’un dans l’autre. Je ne sais où commence le mien, où finit le sien. Notre immobile imbrication me semble durer une éternité, et c’est moi, contractant mon vagin, qui lui donne l’ordre d’entreprendre la chevauchée magique.
Avec une virile puissance, il entame de profonds va-et-vient. Comme aimanté à lui, mon ventre me semble, comme une ventouse, le suivre dans ses retraits pour mieux reculer lorsqu’il s’enfonce en lui. Il accélère la cadence ; je sens à nouveau la marée gronder. Brutalement, il s’arrête, et à nouveau nous restons immobiles, encastrés l’un dans l’autre. Il alterne aux cavalcades intenses auxquelles m’avaient habituée mes précédents partenaires des phases de lenteur presque désespérante, fort nouvelles pour moi. Je le sens peu à peu se cabrer ; je lui crie :
Piotr devine le sens de mes supplications et se déverse en moi en puissants jets de foutre qui déclenche mon orgasme. Je suis une femme normale, je suis une femme comblée, je suis une femme heureuse. Et je m’assoupis d’un bien-être béat dans les bras de mon nouveau et premier vrai amant.
Lorsque je reprends conscience quelques instants plus tard, je suis affreusement seule sur le champ de bataille qui traduit nos émois. Les draps sont tout froissés, nos humeurs mêlées aux odeurs entêtantes font des taches grossières. Je remets un semblant d’ordre dans l’arène de nos ébats et gagne la salle de bain pour une douche purificatrice. Un coup de maquillage, j’enfile un string, une jupette et un petit corsage et file vers son chantier. Il est là, dans ses conduits variés, vissant et dévissant. Nouveau sourire qui me fait chavirer. Telle une professionnelle attendant le client, je m’adosse à la porte et plie un genou contre elle, ce qui a pour effet de relever ma jupe et de dévoiler l’adorable string noir que j’ai pris soin d’enfiler. Un genou à terre, Piotr saisit un flexible qu’il remonte le long de ma cuisse jusque vers mon minou et fait mine de vouloir transpercer mon frêle rempart de dentelle pour l’introduire en moi. Je repousse légèrement le tuyau, lui fait « non » de la main et montre son bas-ventre. Il se relève et me fait face. Il me domine de plus d’une tête. Il prend ma main et la dépose sur le zip de son bleu de travail au niveau de son torse. L’intention est claire ; je le fais descendre lentement. Jamais je n’aurais cru que le doux bruit d’un zip puisse me faire tant d’effet. Son sexe émerge enfin, semi érigé. Je m’agenouille, et le prends dans ma bouche. Il gémit sous ma langue, retrouve une mâle rigidité, me soulève, me pousse contre le mur et descend mon string sur mes talons. Il m’empaume les fesses, les porte à sa hauteur, s’introduit en moi et me besogne avec ardeur. Bien que dans une position inconfortable, un string entravant mes chevilles et soutenue en l’air, je m’ouvre à sa possession sauvage. Cette fois encore, nous éclatons ensemble : mon troisième orgasme en moins d’une heure !
Après une courte pause, je le pousse sous la douche ; nous nous nettoyons mutuellement. Chacun fait connaissance des mystères cachés du corps de l’autre. Je suis enfin une femme heureuse…
La quinzaine qui suit ma découverte du « vrai » plaisir (vrai car non solitaire) reste à tout jamais gravée dans ma mémoire ! Et ce n’est que bien plus tard que j’ai réalisé que j’avais rencontré un homme d’une vigueur et d’une résistance hors du commun. Je sèche tous mes cours non essentiels ; je pense que Piotr a su manœuvrer pour être seul sur le chantier, et plusieurs fois par jour je vibre sous ses coups de boutoir. Nous testons tous les recoins de la maison, douche et baignoire, sofa et tapis du living, table de la cuisine, et même le lit de ma mère. J’apprends toutes sortes de postions : assise, couchée, debout, accroupie, de dos, à quatre pattes, devant, derrière. Il m’enseigne à ne pas attendre passivement ses envies, à manifester audaces et initiatives. Il me fait comprendre qu’il adore qu’après l’amour j’aille lui chercher un café ou une bière avec comme vêtement mes seules chaussures à talons, ou déjeuner avec lui dans le plus simple appareil, ce qui lui permet de me flatter d’une main possessive là où le bon vouloir de sa fantaisie le guide. Il me fait parfois un show hilarant : juché sur mes sandales à talons compensés, il marche en imitant le balancement de ma poitrine et de mes fesses. Jamais il ne me prend en m’écrasant sous son poids comme l’avaient fait jusque là tous mes partenaires.
Les deux samedis après-midi et dimanches où il est absent, je me sens affreusement seule. J’ai envie de sortir avec lui, d’aller au restaurant ou au ciné, bref, de le montrer avec moi ; mais il esquive mes tentatives, même s’il reste parfois assez tard avec moi le soir. J’aimerais le retenir toute une nuit, me blottir entre ses bras, son membre dans ma main, et le prendre dans ma bouche alors qu’il est profondément endormi.
La communication entre nous est bien sûr difficile. Je lui apprends quelques mots de français (pas tous très corrects) sans réciprocité de sa part, sauf pordrovik, son membre, mais j’ignore s’il s’agit du nom générique où d’un surnom qu’il a inventé. Nous communiquons d’un regard, d’un geste d’une mimique, et surtout avec nos corps. Bien que mon ventre et mes reins soient endoloris sous ses assauts répétés, je lui en redemande insatiablement. Je comble mon retard de luxure… Étrangement, dès que je raconte à Olivia le bonheur dans lequel je nage, je la sens lointaine. Comme si le fil de la marionnette que j’étais un peu pour elle s’était cassé.
À son retour, ma mère, bien entendu, s’étonne du retard pris par le chantier. J’y assiste de loin, et le patron de l’entreprise promet de mettre ses deux meilleurs ouvriers sur le chantier. La concierge, qui pointe son nez au cours de la réunion, affirme perfidement en me lançant un regard haineux (jaloux ?), qu’heureusement ma mère n’a pas capté :
Voilà trois jours que je suis privée de mon merveilleux amant, de mon professeur de plaisir. Je suis idiote : j’ai oublié de lui donner mon numéro de portable et lui demander le sien. Je tente une approche vers Manuel, qui a donc été désigné par son patron comme un des deux meilleurs ouvriers de l’entreprise, puisqu’il assure la suite des travaux, lorsque son collègue est descendu chercher du matériel :
Le gros me regarde avec ce regard d’affamé devant un gigot :
Je crois deviner ce qu’il veut dire, mais insiste malgré tout :
Je lui jette un regard noir et tourne les talons, furieuse, tandis qu’il ricane bêtement.
Cinquième jour de veuvage. Je n’en peux plus. J’ai retrouvé une assiduité normale pour mes cours, mais je ne les trouve plus intéressants. J’ai tenté d’appeler l’entreprise de plomberie pour parler à Piotr, sans trop savoir ce que j’aurais pu lui dire au téléphone. Une voix féminine revêche m’a répondu :
Je réfléchis à la proposition de Manuel, seul fil qui puisse me relier à Piotr. Après tout, sur la plage, je n’ai pas de complexe pour exhiber ma poitrine. Avec lui, ce ne sera qu’un mauvais moment à passer. Je m’approche donc des deux ouvriers, profitant d’une absence de ma mère, et lance :
Le quinquagénaire me jette un regard gourmand. Je crois qu’il a immédiatement capté ma reddition. Il se retourne vers son collègue et lui lance :
Le dénommé Beto se lève en bougonnant et quitte l’appartement. Manuel, assis sur les toilettes, me fait signe de m’approcher.
Résignée, j’ôte mon corsage et apparais en soutien-gorge ; je fais mine d’arrêter là. Il s’enflamme :
Gênée par son regard porcin, et aussi vexée qu’il s’imagine qu’à mon âge j’ai déjà recours à des artifices siliconés, je me dénude. Il se lève, s’approche de moi, extrait sans douceur mes seins de leurs bonnets, les soupèse de ses grosses mains rugueuses et pleines de peinture. Je le laisse faire quelques secondes et me recule :
Il m’ignore, et probablement fils de maraîcher, les compare à des pamplemousses, puis des poires, et finalement les qualifie de melons. J’insiste et répète ma question.
Je me doute bien que cet artifice va lui permettre de me peloter à nouveau sans vergogne. Je me laisse palper. Manuel tente de poser ses lèvres sur mon cou et murmure :
Je suis abasourdie par l’annonce subite du statut marital de Piotr et de sa triple paternité, presque KO debout, et l’homme en profite largement. C’est au moment où il glisse sa main sous ma jupe vers ma chatte que je réalise et pars en courant vers ma chambre où je m’enferme à clé. Cette fois, le lit qui a abrité nos torrides ébats est mouillé… de mes larmes. J’ai Piotr dans la peau, et peut-être aussi dans le cœur ! Comment ai-je pu ignorer qu’il était marié et papa ? Oui, mais comment aurait-il pu me le dire ? Je suis folle, je le défends presque, il est indéfendable. Pendant trois jours, je reste prostrée sur mon lit. Ma mère, qui se doute de quelque chose, appelle quand même le médecin. J’invente une histoire de règles très douloureuses pour leur donner bonne conscience à tous deux.
Après trois jours de deuil, je reprends sans envie le quotidien de ma morne vie. Je comptais m’appuyer sur Olivia, ma cousine chérie, et lui narre donc mes souffrances sentimentales et ma triste chasteté. Elle a cette réflexion cinglante qui me glace :
Furieuse, je raccroche. Je passe deux jours de spleen intense, puis, petit à petit, je conçois un plan d’enfer qui fait renaître mon espoir de revoir Piotr. J’irai me poster en fin d’après-midi devant l’entreprise de plomberie qui l’emploie, car j’ai entendu dire que les ouvriers y passaient fréquemment déposer ou reprendre du matériel pour leur chantier.
Le premier jour, aucun mouvement, bredouille… Le second jour, pas de Piotr, mais je repère Manuel qui vient charger sa camionnette. J’hésite un moment, puis me décide. Je l’interpelle alors qu’il sort sur la rue. Un large sourire éclaire son visage, et il me lance :
Le plombier hésite, puis me lance d’un œil torve :
Je rentre chez moi, partagée entre la satisfaction d’avoir retrouvé un mince fil pour renouer avec mon amant, et perplexe sur les contraintes liées à ce nouvel espoir. Après réflexion, je dirai que j’ai mes règles ; ça marche avec tous les garçons, mêmes si les miennes, probablement conséquentes au départ de Piotr, se sont achevées hier.
Le lendemain soir, coup de téléphone de Manu qui me dit d’une voix triomphante :
Je me sens à la fois soulagée et inquiète, mais la fierté domine. Le nouveau chevalier d’Éon est en train de réussir sa mission.
Le lendemain, en fin d’après-midi, je me retrouve devant un dilemme : comment m’habiller pour mon rendez-vous avec Manu : appétissante, pour lui extorquer l’adresse, ou au contraire sans aucune féminité, connaissant ses pulsions ? J’opte finalement pour la seconde solution, car sa précédente fouille au corps avait laissé deux vilaines marques rouges sur mon sein gauche.
À l’heure dite, je descends ; Manuel m’attend déjà au bas de ma porte. Il m’enveloppe d’un regard gourmand et m’ouvre la portière. Sa camionnette sent le ranci et la poussière, un désordre incroyable y règne. Je m’inquiète :
Pendant une dizaine de minutes, j’ai droit à un cours de narcissisme macho. Il bifurque sur un immense terrain vague entièrement désert et se gare tout au fond. Il descend et me dit :
L’homme chancelle, comme s’il avait pris un coup sur la tête. Il revient s’asseoir derrière son volant et me jette un regard noir. Je sens que je dois mettre un peu du mien pour ne pas faire échouer ma mission. Je pose une main sur sa braguette et fais passer de l’autre mon sweat sur ma tête, lui révélant ma poitrine sans protection. L’homme ouvre la bouche comme s’il manquait d’air et murmure d’un ton rauque :
Il me prend sans ménagement par la taille et me tourne vers lui. Je me retrouve à genoux sur le fauteuil de la voiture, tournée vers lui. Il recule autant qu’il le peut son siège, dégrafe son pantalon, me prend d’une main la nuque pendant que l’autre triture sans douceur mon buste et me fait incliner la tête vers son bas-ventre.
Me voici partie pour un simple blow job, comme me le demandait une de mes éphémères relations américaines, ce qui m’avait fait sourire, le principe étant plus d’aspirer que de souffler ! Les parties génitales du Portugais dégagent une lourde odeur musquée, plutôt écœurante. Son membre est à son image, petit, gros, trapu. Je suis surprise de la taille de ses bourses, on dirait de grosses oranges à la peau fripée. « Aïe, me dis-je dans ma tête, toi aussi, tu fais dans la métaphore fruitière ! » Je m’attelle à ma tâche, ma mission l’exige. L’homme me lâche un moment la nuque pour allumer le plafonnier de la camionnette. Une lumière glauque se répand dans l’habitacle ; tant mieux si la vision de mon abandon de corps (mais pas d’âme) accélère le moment où son plaisir jaillira. Son goût est particulièrement âcre, et ma tête, à la fois actrice et spectatrice de ma déchéance, en conclut que ce n’est pas parce que les hommes font le même métier qu’ils ont la même saveur, Piotr ayant presque un arôme sucré.
Lassé de me triturer la poitrine, la main de mon informateur se glisse vers mon ventre. J’ai un mouvement de rébellion, mais la poussée de son autre paume sur ma nuque me rappelle fermement vers le bas. Il crochète mon zip et tente de le tirer vers le bas. Un sinistre craquement prouve qu’il a atteint son but, non sans dommages pour mon pantalon. Sa main glisse sur mon dos, et, dans un nouveau bruit de vêtements déchirés, je me retrouve fesses à l’air, pantalon et shorty sur les genoux ! Il alterne alors sur mon postérieur des massages plus que vigoureux et claques sonores et cuisantes, tout en me maintenant bouche collée contre son pubis. Je manque à plusieurs reprises de m’étouffer.
Probablement lassé de me faire luire le fessier, ses doigts s’aventurent vers ma porte de derrière. Il me fait mal en tentant l’effraction, mais je trouve la parade : je le fais reculer de l’entrée interdite en jouant non plus des lèvres et de la langue, mais des dents ! Il rugit, mais abandonne son projet d’excursion et migre vers ma féminité. Il s’y introduit sans ménagement, et, atteignant mon bouton, le fait rouler, le triture, le tire et le relâche comme s’il voulait me traire. Bien que frustres, ses doigts ne sont pas inexpérimentés, et je sens sourdre en moi une certaine humidité, preuve que mon corps est prêt à accepter une reddition que mon esprit récuse. D’abord parce que je suis en mission, et que mêler plaisir et boulot est dangereux ; ensuite, parce que je refuse l’idée de lui donner cette satisfaction de me voir m’abandonner sous ce qui peut difficilement s’appeler des caresses. Alors j’intensifie mon emprise buccale, resserrant mes lèvres sur son pieu de chair, taquinant son méat comme si je voulais y enfiler la pointe de ma langue et massant d’une main douce mais ferme ses lourdes oranges. C’est une course de vitesse entre nous, mais je le sens se tendre, se cabrer ; ses grognements s’intensifient… et je gagne : il crie, et lâche en rafales son flot de semence. Le mouvement de recul que je tente pour échapper à ses puissants jets est annihilé par la pression accrue qu’il impose sur ma nuque. J’en avale beaucoup trop, le surplus ruisselle sur mes lèvres… Je hoquette, il n’en a cure. Il m’enjoint :
Encore une fois, la différence de saveurs entre Piotr et lui n’est vraiment pas à son avantage. Je m’acquitte de ma tâche avec la conscience d’une professionnelle, et quand enfin il relâche la pression de sa main, je me relève et cherche dans mon sac un mouchoir de papier pour m’essuyer les lèvres. C’est alors que d’étranges mouvements sur ma droite attirent mon attention et je distingue, dans la pénombre, à quelques centimètres de moi, deux individus assurément de sexe masculin en train d’astiquer le sexe. Mon premier réflexe et de me draper dans mon sweat-shirt. Je réalise que Manu a allumé le plafonnier pour exhiber sa conquête dévêtue aux regards voyeurs. Je finis par accepter de leur dévoiler à nouveau mon buste pour tendre la main vers le plafonnier et tenter de l’éteindre. J’y parviens après des tâtonnements qui me paraissent effroyablement longs ; un flot laiteux vient s’écraser contre ma vitre, jaillissant d’un membre de couleur noire. Je baisse la tête comme s’il pouvait perforer la paroi de verre, ce qui provoque un éclat de rire gras chez Manu. Je le couvre de jurons pour m’avoir donnée en spectacle à des inconnus obscènes et lui enjoins de démarrer tout de suite, ce qu’il finit par faire sans se presser, après avoir tranquillement remis son attirail dans son slip et remonté puis bouclé son pantalon. Je boude dans mon coin, furieuse de m’être fait posséder de la sorte. Et ne peux empêcher mon regard de dériver vers cette carte qui macule ma vitre latérale, sorte d’Atlantide crémeuse qui dérive avec une lenteur désespérante vers le bas de la portière. Manuel tente de m’apaiser :
Sa remarque a le don de m’agacer encore plus. Ce n’est qu’en bas de chez moi que je me remémore l’objet de ma mission et lui demande l’adresse de mon beau Polonais. Bon prince, il sort de sa poche un papier froissé sur lequel je parviens à lire, à la faveur d’un réverbère :
Résidence Pablo Picasso
Bâtiment G
Rue K.M.
Les Minguettes
L’espionne que je suis a réussi la première mission, au prix d’une dépravation insoupçonnée. L’ennui est que mon pantalon descend plus vite que moi de la voiture, révélant mon shorty déchiré à mon tourmenteur qui part à nouveau d’un rire gras et me lance :
Je recouvre mon pantalon par mon sweat et le maintiens contre mon ventre lorsque je rentre chez moi. Évidemment, je tombe sur ma mère qui me regarde, ébahie, et me lance :
Je peaufine la deuxième phase de mon plan d’action. Piotr localisé, il me faut peaufiner une rencontre qui ne lui laisse aucune possibilité de m’échapper.
Quand ? Le retour du boulot, soit normalement 18 h 30, me paraît le moment le plus adapté. Date arrêtée : J+2.
Comment ? Ne pas lui laisser d’autre solution que de me sauter dessus, c’est évident. Donc, jouer sur sa corde sensible, son goût pour me voir avec une démarche qui chaloupe, une poitrine qui tressaute. Donc, mes talons les plus vertigineux, mon body rouge transparent sans soutien-gorge. Accessoires annexes : ma mini-jupe de cuir noir, des Dim-up assortis dont la lisière est à la limite de l’ourlet de celle-ci, un maquillage sensiblement renforcé, mes cheveux libres en cascade, de jolis pendentifs aux oreilles avec un collier assorti. Le tout recouvert d’un manteau m’arrivant un peu au-dessus du genou pour ne pas être gênée par des tiers avant d’avoir établi le contact avec la cible, qui, dans ces conditions, ne peut pas ne pas craquer en me voyant !
Le jour venu, parfaitement équipée pour ma mission de sauvetage, il fait malheureusement un de ces crachins glaciaux de novembre qui transperce jusqu’aux os. Je brave ces contingences pour monter dans le bus pour les Minguettes, dont j’ai soigneusement étudié l’itinéraire. Je me rends compte en y montant que, malgré mon manteau qui sert d’écran à ma tenue de combat, j’attire l’attention de la totalité de la population masculine du bus. J’en tire un motif de fierté. Heureusement, il n’est pas bondé, et j’échappe aux habituelles mains baladeuses (ou plus) auxquels m’exposent systématiquement mes déplacements aux heures de pointe dans les transports en commun.
Je n’avais pas prévu que le bâtiment G était exactement à l’opposé de l’arrêt auquel je suis descendue, et je dois affronter bruine et blizzard pour y parvenir. La résidence Pablo Picasso doit le faire se retourner dans sa tombe tellement elle est hideuse. Il s’agit de deux barres parallèles d’immeubles passablement dégradés d’une bonne douzaine d’étages, dont les bases sont comme des pilotis formant des préaux sous lesquels jouent et déambulent une multitude d’enfants et d’ados. J’entre dans la cage de verre sale qui sert de hall d’entrée. Deux des trois ascenseurs du bâtiment G sont hors de service, et un groupe de gens attendent le troisième. Je réalise que je n’ai ni le numéro d’appartement, ni l’étage, ni même, ce qui est pire, le nom de famille de Piotr. Je scrute l’immense panneau des boîtes à lettres ; il y en a une centaine. La grande majorité des noms affichés sont d’origine étrangère, africaine pour presque la totalité. Mon inventaire terminé, seuls sept noms me paraissent avoir des consonances slaves, avec des k et des w. Aucun n’affiche son étage ou son numéro de local. J’interpelle deux femmes pas trop voilées pour leur demander si elles ne connaissent pas un bel ouvrier polonais blond avec des enfants dans l’immeuble. Toutes deux me regardent, effrayées, et me marmonnent une réponse négative. Mon seul espoir : l’intercepter s’il rentre, mais mon moral en prend un sérieux coup.
Je fais les cents pas sous le préau encombré en contrôlant d’un œil discret les allées et venues des autochtones. Le vent y est glacial, et j’attire évidemment, malgré mon manteau serré, l’attention de toute la population mâle. J’ai droit à toutes sortes de propositions ou commentaires. Certains ont un brin de poésie et me promettent une visite inoubliable des caves de la résidence, une balade en scooter jusqu’au ciel, l’herbe qui a séduit Nabila, le lit le plus confortable de la résidence, un couscous comme là-bas, vingt, puis trente euros pour un embarquement pour le bonheur, etc. La plupart sont beaucoup plus crues et explicites. Après une demi-heure de guet sans résultat, découragée, je décide de décrocher et de rentrer. Incapable d’affronter dans la tourmente l’attente à l’arrêt de bus, j’appelle un taxi pour rentrer. Pendant tout le trajet, je sens que le chauffeur tourne autour du pot en me questionnant ; il se demande pourquoi une jeune bourgeoise sexy est allée traîner dans cette banlieue pourrie. Mes réponses ne l’éclairent guère. Arrivée chez moi, je me jette sous la douche pour me réchauffer, puis dans mon lit pour pleurer comme un gamine…
Le lendemain, un peu requinquée, je me décide pour un plan B. Lorsqu’il était à mes côtés, j’arrivais à tirer quelques instants de bonheur supplémentaires au moment où mon amant décidait de me quitter, sauf le samedi où il désertait son chantier (?) à midi précis. J’ai donc plus de chance de le croiser le samedi midi !
Cette fois, pas de chichis : un gros pull de laine, ma moumoute en mouton, un bonnet sur mes cheveux relevés en chignon, un jean délavé et des Converses. Je saurai improviser quelque chose de fatal devant lui !
Je m’installe un peu avant midi avec une revue sur un banc au bord du passage menant vers le fameux bâtiment G, surveillant les allées et venues sans être importunée. Au bout d’une bonne demi-heure, je le vois soudain à une centaine de mètres, avec cette démarche nonchalante si sexy. Il a un blouson de cuir sur son bleu de travail. Je le mange des yeux, il est si beau… Au moment où je vais me lever, je vois un petit garçon courir vers lui et se jeter dans ses bras ; il le soulève au-dessus de sa tête en riant. Un peu en retrait, une femme avance, poussant un landau et tenant par la main une fillette dont la démarche mal assurée prouve qu’elle ne maîtrise cet exercice que depuis peu. À son tour, la gamine court vers lui mais chute au bout de quelques foulées. Mon amant se précipite, la relève, sèche ses larmes. Il tient les deux enfants dans ses bras, vient embrasser la jeune femme et se penche sur le landau en hochant la tête.
Mon rêve s’écroule avec ce geste. Je regarde la femme ; elle est blonde, une tête toute ronde, sans presque de poitrine, mais avec des hanches incroyablement larges, comme une mamma italienne. Une étrange pensée me traverse l’esprit : je suis jalouse qu’elle ait été fécondée à trois reprises par Piotr, et moi pas. Mais le commentaire ironique d’Olivia (tu cherches un mari ou un amant ?) me fait repousser cette étrange comparaison et je retourne, seule, triste, vers mon bus.
Mes copines, qui se doutent que je sors d’une liaison qui m’a marquée, n’ont de cesse de me présenter de pseudo-princes charmants. De guerre lasse, je finis par céder à l’un d’entre eux. Échec total au lit. Je ne veux pas recommencer ma vie débridée à la recherche d’un plaisir incertain. J’ai cependant de temps en temps des envies. Deux ou trois de mes amants sauront me mener à l’orgasme. Mais c’est bien moins intense qu’avec Piotr. Mention spéciale à Fabien, grand barbu, fana de moto, acteur de théâtre en brève tournée à Lyon, doté d’une créativité érotique follement excitante, mais trop vite rappelé sur des scènes lointaines. Le clou avec lui est ce jour où il m’emmène en ballade dans l’Ain. Nous nous arrêtons dans un chemin forestier, il enlève pantalon et caleçon et me demande de faire de même avec mon string. Par féminité, j’étais en jupe, une vraie bêtise quand on sort avec un motard ! Nous rangeons nos vêtements, et il me fait asseoir… devant lui ! Il démarre son gros cube, et bien évidemment glisse son dard bandé en moi. La vitesse, nos nudités bien visibles, la pression de son torse contre mon dos me grisent ! Lorsque nous doublons ou croisons un véhicule, il accélère encore. Situation lubrique, sensation exquise ; j’ai plusieurs orgasmes, courbée sur le réservoir de son bolide.
Un an plus tard, je rencontre Stéphane, brillant interne en réanimation (le service, pas lui). Assez vite, il arrive à me faire vibrer. Quatre mois plus tard, au grand dam de ma mère, je m’installe chez lui. Peu après, par négligence de ma part, je tombe enceinte. Nous nous marions, ma fille naît peu après. Bien qu’Olivia ait été choisie comme marraine, elle reste fort distante, même le jour du baptême. Deux ans plus tard arrive son petit frère. Et trois ans après déboule une infirmière, blonde et idiote, dans la vie de Steph, qui fait exploser notre couple. Mais elle ne s’appelle pas Olivia…
Ce récit est basé sur des faits authentiques à peine romancés.
Mais il repose peut-être sur un gros mensonge : et si je n’étais pas Élodie, mais Olivia ?