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n° 16999Fiche technique78672 caractères78672
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Temps de lecture estimé : 54 mn
05/09/15
corrigé 07/06/21
Résumé:  Une femme vient se confesser, pour s'être adonnée au vice solitaire, à un prêtre traditionaliste. Celui-ci veut profiter de l'occasion pour la manipuler et profiter de ses charmes, mais il sera vite dépassé par les événements...
Critères:  f h fh ff fbi hplusag uniforme bizarre amour fsoumise hsoumis fdomine hdomine voir pied fmast hmast entreseins fellation cunnilingu pénétratio fsodo hsodo lavement attache bondage bougie fouetfesse init humour -théâtre
Auteur : Calpurnia            Envoi mini-message
Les outrances d'un prêtre

Ceci est une nouvelle écriture du texte que j’ai écrit il y a un an, Confessionnal.


Pourquoi écrire à nouveau sur un scénario assez proche, mais dont la fin est sensiblement différente, avec une versification nouvelle, plus soignée – même si elle n’est pas parfaite – et de nouvelles digressions ? Sans doute par insatisfaction, parce que j’avais l’impression de ne pas avoir dit tout ce que j’avais sur le cœur, parce qu’un texte n’est jamais vraiment terminé… La nouvelle version est plus crue, plus cynique, plus grinçante que l’ancienne. Il est d’ailleurs possible que certaines personnes croyantes soient choquées par les idées que j’y exprime, car je n’y suis pas allée de main morte. Auquel cas, n’hésitez pas à vous exprimer dans un commentaire.

Certains ont trouvé l’ancien texte trop long : désolée, le nouveau l’est encore plus. Je n’ai pas su retenir ma plume de déverser ce qu’elle avait d’acide. Si vous préférez l’ancien texte, là aussi, vous pouvez laisser un commentaire.


__________________________




Acte 1

Un confessionnal dans une église.


Scène 1

Le prêtre, une jeune femme, dans le confessionnal. Le prêtre est en soutane et col romain.


Elle


Je suis venue ici pour la réputation

De prêtre intransigeant concernant la morale

Que vous avez ici, contre l’infestation

De notre société qui est trop libérale.


Vous êtes le fervent bras de la tradition,

L’héritier d’un clergé aux forces millénaires

Qui éclaire nos vies grâce à l’érudition

Dont vous faites la preuve en vos catilinaires (1).


Je m’abstiens de la viande à chaque vendredi,

Des Cendres jusqu’à Pâques observe le Carême.

Je fais de mon mieux pour gagner mon paradis

Afin qu’après ma mort j’aie le salut suprême.


Je dois admettre que cela fait bien longtemps

Que je ne suis venue avouer à confesse.

Mais aujourd’hui il faut qu’un péché révoltant

Me soit ôté grâce à votre grande sagesse.


Prêtre


Parlez, ma fille, il n’est en ce lieu aucun mal

Que je ne puisse par mes compétences absoudre.

Soyez sans crainte : il faut, dans l’esprit baptismal

Briser le silence et à parler se résoudre.


Elle


Évoquer cela m’est quelque peu délicat :

C’est un péché de chair commis en solitaire.

Peut-être avez-vous vu avant moi quelques cas

De ce geste qu’il faut généralement taire.


Prêtre


Vous êtes jeune encore, et en pleine santé

Vous expérimentez votre beau corps nubile.

Il ne faut pas de trop ici vous tourmenter,

Ni que toute la vie cela vous obnubile.


Mais vous avez raison : ce geste est interdit.

Décrivez-moi-le bien avec les circonstances.

Ce plaisir il est vrai par l’Église est maudit :

Vous serez pardonnée pour votre repentance.


Elle


Il me faut avouer : j’ai fantasmé sur vous,

Allongée sur mon lit je me suis mise nue.

Dans ma songerie nous avions un rendez-vous.

Sans doute trouvez-vous cette idée saugrenue ?


Prêtre


N’ayez crainte en disant toute la vérité,

Même si ce sujet vous paraît impudique.

Cette grille de bois fait la sincérité

Des propos qu’on tient : toute réserve abdique.


Elle


Je m’étais dénudée comme je vous l’ai dit,

Afin que d’abuser méchamment de moi-même.

Vous étiez devant moi ; d’un mouvement hardi

Vous vous mîtes à nu : quel horrible blasphème !


Vous n’aviez conservé autour de votre cou

Que la croix rappelant à tous le sacerdoce.

Vous étiez excité et vous bandiez beaucoup.

Il faut admettre que ce rêve fut atroce !


Prêtre


Détaillez un peu mieux cet horrible péché.

Fantasmer au sujet d’un homme de l’Église :

Le Diable saura bien demain s’en pourlécher.

Il s’introduit la nuit, et l’âme il subtilise.


Elle


Oh ! Prononcer ces mots me paraît insensé

Tant je me sens rougir, car la chose est taboue.

Sans doute le démon m’a-t-il influencée

Pour que mon âme ainsi se recouvre de boue.


Les mots me viennent mal : ma stricte éducation

Ne m’a point enseigné tout le vocabulaire

Qu’il faut pour exprimer cette fornication

Qui a eu lieu dans la toison triangulaire.


Prêtre


Il est sain que de vivre en toute vérité

Dans la crainte de Dieu comme les Écritures

Nous l’ont bien enseigné : votre salubrité

Dépend que votre vie soit pleine de droiture.


Vous avez succombé au piège de Satan :

C’est le péché de chair qui est de tous le pire,

Car il vous attendait : son plaisir charlatan

Vous a fait basculer dans son sinistre empire.


Je connais vos parents et sait leur probité.

Il faut vous préserver de la concupiscence.

La sensualité ne doit vous habiter.

Êtes-vous vierge encore, en fin d’adolescence ?


Elle


Oui, car je n’ai jamais laissé quelque garçon

Accéder à mon lit : je fuis leur convoitise.

Avec eux je me fais plus froide qu’un glaçon,

Y compris pour celui qui, patient, me courtise.


Cependant je ressens, cachée, une chaleur :

Une bestialité rugit dans mon bas-ventre,

Quelque chose de doux qui attise en ma fleur

Intime un incendie, qui vient la nuit et entre.


Des images obscènes, interdites chez moi,

Procèdent à l’intrusion dans mes pensées conscientes.

Ces rêveries persistent et causent mon émoi.

Contre elles, mes prières échouent, inefficientes.


Prêtre


Alors, racontez-moi dans le moindre détail

Ce que l’obscurité a versé dans vos veines.

Vous étiez la brebis modèle du bétail.

Je vous condamnerai à dire des neuvaines.


Elle


J’avais glissé mon doigt sur le petit bouton

Caché dans un repli de ma lubrique fente,

L’autre index dans l’anus, comme font les gitons :

J’étais gagnée par la luxure triomphante.


La phalange a erré au milieu du jardin

Où elle a su trouver la butte frémissante,

S’en allant titiller le faîte incarnadin

Afin que d’en tirer une fièvre indécente.


Le mouvement se fit de plus en plus précis,

Épousant le relief de façon circulaire

Tandis que l’autre main, sur mes tétins durcis,

Agaçaient ces appas de façon à leur plaire.


Le plaisir montait fort : il me fallait gémir.

Je procède ainsi quand je me manualise,

Tout en voyant sur vous le pénis s’affermir.

Cette obscénité à coup sûr vous scandalise !


Puis vous prîtes mes pieds afin de les frotter

De vicieuse façon sur votre organe mâle,

Balançant cette croix que vous n’aviez ôtée

Au-dessus de ma fleur poilue et génitale.


Oui, je vous masturbais en usant des petons

Entre lesquels glissait une verge turgide

Humectée de rosée du désir, un bâton

Que je trouvais alors absolument splendide.


Cette croix balançait au-dessus de mon corps

S’adonnant au plaisir, blasphème redoutable

Outrageant le Seigneur, et malgré mes remords,

Je me laissais glisser loin du bien véritable.


J’ai bougé mes orteils pour mieux vous exciter ;

Grâce à ce mouvement vous paraissiez aux anges :

J’en ai intensifié, lors, la vélocité,

Ce qui m’a valu de votre part les louanges.


Entendant le prêtre s’agiter, elle s’interrompt brusquement.


Mon Père ? Allez-vous bien ? Ou dois-je là cesser

Si mes propos vous troublent ou de trop vous offensent ?

Mais je n’ai pas fini de tout vous confesser,

De témoigner tout ce que j’ai sur la conscience.


Prêtre, en sueur, épongeant son front avec son mouchoir.


Je vous prie, allez, poursuivez le récit.

Ce n’est pas tous les jours qu’on a ces déballages.

Contez-moi en détail, avec des mots précis,

L’aveu de cette orgie dont vous faites étalage.


Elle


Après un court moment, vint l’éjaculation

Enduisant mes doux pieds de votre sève blanche.

De ce songe bestial je fais la délation.

Coupable je lui suis, mais mon âme s’épanche !


Je lisais tant de joie dans vos grands yeux rieurs,

Vous paraissiez si fort apprécier cet outrage,

Épongeant votre front ruisselant de sueur,

Que votre râle était celui d’un loup sauvage.


Ensuite j’ai léché, d’un mouvement gourmand

Les gouttes de ce suc que l’on nomme le sperme.

Vous m’aviez observée, toute nue me pâmant

De goûter ce que vos testicules enferment.


J’ai trouvé ce moment absolument exquis,

Un songe très puissant et chargé d’indécence.

Un orgasme puissant au bas-ventre naquit.

Je m’abandonnai à la volupté immense !


Ah ! Le feu de l’enfer peut-il être plus vif

Que celui qui a pris alors entre mes cuisses ?

Dans cet égarement, mon corps se fit lascif ;

Il s’en fallut de peu que je m’évanouisse.


J’ai eu l’impression de m’en aller de mon corps ;

Est-ce cela qu’on nomme extase en parler docte ?

J’étais entrée dans un fantastique transport,

Sentant rythmiquement ma chair qui se contracte.


Je me sens assez mal : permettez un instant

Pour me reprendre un peu de me rendre aux toilettes ?

Vous avouer cela me gêne et trouble tant

Que cela me met dans la confusion complète.


Prêtre


Faites-donc, Mademoiselle, et revenez après.

Il me faut réfléchir à la juste sentence ;

Prions et méditons, et puis je serai prêt

À dire ce que Dieu, dans sa sagesse, pense.



Scène 2

Le prêtre, seul.


Prêtre


Cette jeune femme a de terribles façons

D’exprimer son péché et décrire son geste

Qui provoquent chez moi de très violents frissons.

Il faut absolument que fort je l’admoneste !


Sa beauté n’a d’égal que son sourire exquis,

Car je suis si sensible aux ors des jouvencelles

Que ne puis garder l’ascétisme requis

Par la situation : mon âme se morcelle !


J’ai déjà remarqué, assise sur son banc,

Entre ses deux parents, sagement, cette oie blanche.

Elle n’est pas futée : à son air c’est probant ;

Je ferai ma proie de l’oiselle du dimanche.


La belle est ingénue, et grâce à sa candeur

Je ferai ce qu’il faut pour capturer ses charmes.

Je suis tant attiré par cette exquise odeur

De sa transpiration qu’il faut rendre les armes.


Naguère j’étais fier de ma sombre droiture.

Je regardais les femmes avec quelque dédain

En condamnant les gens vautrés dans la luxure

Où je vais me plonger par un désir soudain !


Manipulons-la donc, ce qui sera facile

Car elle ignore tout des choses du plaisir.

Mon âme est enflammée pour son beau corps gracile.

L’instinct de copuler est venu me saisir.


Voyons : il y a un trou dans le mur des toilettes

Permettant d’observer d’ici facilement

Les belles qui se croient tranquilles et seulettes.

J’aime bien regarder, occasionnellement.


Oh ! Sa peau est à nu d’une façon totale

Et voilà qu’à présent je la vois se toucher !

Elle vient d’écarter, les nymphes, ces pétales,

S’enfonçant plus encore à fond dans son péché !


Mais voici qu’elle urine en un long jet torride,

Une touffe de poils d’où s’écoule l’ondée :

Tout cela me procure une érection solide.

Il me faudra fesser cette dévergondée !


Pour s’essuyer il faut qu’elle écarte les cuisses ;

Je la vois s’effleurer un peu le clitoris.

De la noire Lilith c’est vivante esquisse.

Son sexe est une fleur, un étonnant iris !


Aurai-je le bonheur d’observer qu’elle jouisse,

Qu’elle aille jusqu’au bout du plaisir féminin ?

Aurais-je deviné que tant elle m’éblouisse ?

Son sourire pourtant m’avait semblé bénin.


J’ai en mémoire la paroissienne fidèle

Vêtue très simplement lors des célébrations,

La chrétienne zélée que je donne en modèle,

Toujours bien à genoux pour la prosternation.


Quelle transformation ! Elle semblait si sage

Avec sa robe blanche entre ses deux parents…

Mais voici maintenant d’elle un nouveau visage :

De sa nature vraie je fus tant ignorant.


Quand elle était enfant, elle se confessait

Pour avoir oublié de dire ses prières.

Elle écoutait, tout ouïe, lorsque je professais

L’Évangile : la plus sage des écolières.


Aujourd’hui, j’ai vu que son corsage est rempli

Par deux jolis seins blancs absolument sublimes.

Que de transformations le temps a accompli,

Toujours avec des yeux qui tant de joie expriment !


Une fois retirée, la chemise fleurie

Dévoile une poitrine à condamner un saint.

Quand bien même ce geste est une rêverie,

Je donnerais beaucoup pour caresser le sein.


Je l’entends respirer d’une façon profonde.

Ses doigts vont à présent plus vite dans l’action.

Cette masturbation semble de joie féconde,

Alors que mon regard la prend par effraction.


Elle gémit, se cabre et se tend, se tortille,

Se mord la lèvre afin d’éviter de crier.

C’est un tison de feu, un poisson qui frétille,

Un cheval fou jetant l’homme des étriers.


Jusqu’au septième ciel je la vois qui s’élance.

C’est extraordinaire, un spectacle étonnant :

L’orgasme féminin est sans équivalence.

Je m’ébahis tout en cette femme espionnant.


J’aime tant épier les charmes d’une belle

Que j’en fais le festin de mon esprit pervers.

Celle-ci m’a permis – merci, Mademoiselle ! –

De la voir en secret toute nue comme un ver.


Je ne puis m’empêcher, retroussant ma soutane

De toucher à ma verge empoignée fermement.

C’est férocement que cette vue me satane ; (2)

Ses charmes si puissants me touchent extrêmement.


Je m’en vais la punir d’une façon très ferme

Pour un péché de chair que je pratique aussi :

Elle expiera pour deux. Ah ! Il me vient le sperme

Et le soulagement dans l’abri obscurci.


Ayons donc l’air de rien : voici qu’elle se rhabille,

Retournant à présent dans le confessionnal.

Rajustons ma soutane et mon cœur qui vacille :

Qu’elle ne me sache pas voyeur libidinal.



Scène 3

Le prêtre, la jeune femme.


Elle


Excusez-moi, mon Père, j’ai été un peu longue :

Les habits féminins sont parfois compliqués.

Je suis revenue pour entendre l’épilogue :

Que me dois-je de faire ? Il faut me l’expliquer.


Prêtre


Votre péché de chair est une chose grave :

Si vous n’y prenez garde, il conduit en enfer.

Quand l’âme se dissout, que le corps se déprave,

On termine damnée dans le feu et le fer.


Ces plaisirs sont coupables : il est fort nécessaire

D’y suppléer ce soir sous mon commandement.

Sur votre âme ils seront comme un terrible ulcère,

Une lèpre morale où l’on meurt laidement !


Souvenez-vous d’Onan, au temps de la Genèse ;

Il ne pratiquait pas le coït régulier :

Dieu l’a condamné à l’éternelle fournaise,

Le vouant à périr, châtié, sans sourcilier. (3)


La société l’admet : elle est trop permissive.

Les journaux, Internet, répandent à gogo

De la pornographie, tentation obsessive.

Je rêve qu’ils deviennent un jour tous illégaux.


Il y a même un site où l’on lit des histoires

Absolument cochonnes et au ton scandaleux.

Qu’on interdise tous ces textes vomitoires

Faits par des amateurs de contes graveleux.


L’auto-érotisme est un éternel fléau

Dont on voit chaque jour les terribles ravages :

Il éloigne les gens des chastes idéaux,

Il rend sourd, amollit de langueurs, ensauvage.


Souvent, l’adolescent verse dans ce travers

Parce que sa probité n’est pas bien établie.

Nonobstant, quand il cède à ce désir pervers

Sa vertu, peu à peu, se retrouve affaiblie.


La manusturation est un dérèglement

De l’esprit et du corps vers le libertinage.

Répétée, elle amène à un aveuglement :

Des crimes les plus noirs on voit son cousinage.


Elle est un tremplin vers le pire des péchés,

À savoir l’inversion : l’union contre nature.

Des gens d’un même sexe alors sont entichés

L’un vers l’autre entraînant leur âme en pourriture.


Le bon docteur Tissot avait cent fois raison : (4)

C’est une maladie en plus que d’être un vice.

Pour ne point rechuter, entrez en oraison ;

Mais sans doute aurez-vous besoin de mon service.


Il n’est pas suffisant de dire une prière ;

Il faut plus que cela : de la rude piété,

Afin que de calmer la terrible colère

De Dieu dont vous avez fait la contrariété.


Mais vous, ma chère enfant que j’ai connue petite !

Pourquoi vous égarer dans le méandre odieux

De la fornication ? Le mal vous a séduite

Et vous éloignée, ignominieux, de Dieu.


C’est toujours un péché lorsque la chair exulte,

Mais j’ai confiance en vous, et vous saurez guérir.

Je vous soignerai grâce à mon pouvoir occulte,

Pour que la corruption ne vous fasse périr.


Connaissez-vous l’enfer ? C’est un lieu de terreur

Aux tréfonds de la Terre, animé par le Diable,

Où éternellement l’on paye ses erreurs.

Hélas ! Certains péchés sont presque inexpiables !


C’est le cas, notamment, de l’immoralité

Du vice manuel : la chute est redoutable.

Sachez cela malgré la juvénilité :

Dans le pandémonium, tout est épouvantable.


Elle, en pleurant.


En entendant cela, une terreur me glace :

Jusque-là, j’ignorais l’extrême gravité

De mon mal qui a fait dans le Ciel ma disgrâce.

Mon Père, sauvez moi par votre probité !


Reste-il un espoir d’échapper à l’abîme

Où mon âme égarée chutera dans la mort ?

Vous, que j’ai conservé toujours en haute estime

Êtes mon seul recours : votre esprit est si fort !


Prêtre


Il est encore temps, rassurez-vous ma fille :

Je ferai ce qu’il faut afin de vous sauver.

Vous que je vois pleurer au travers de la grille,

Vous qui avez chuté, je vais vous relever.


Tout d’abord je voudrais m’assurer d’une chose :

Avez-vous aujourd’hui vos menstrues ? Auquel cas

Il faut attendre un peu ; cette humeur indispose :

Mon sacrement spécial est un peu délicat.


La Bible nous dit que la femme reste impure (5)

En période de règles et quelques jours après :

Il faut attendre que l’écoulement s’apure

Avant d’exercer le protocole secret.


Elle


Tranquillisez-vous : non, je n’ai point de ces lunes

Ces jours-ci qui me font le chat sanguinolent.

Je ne vois pas pourquoi cela vous importune,

Mais tout empêchement serait bien désolant.


Prêtre


Rendez-vous ici-même, à minuit, dans l’église.

Je m’en vais vous purger de ce terrible mal,

Car contre le Malin mon pouvoir rivalise

Et vous retournerez dans un état normal.


Soyez prête à subir toutes sortes de choses

Qui peuvent vous surprendre et même vous choquer.

À pratiquer cela mes dons me prédisposent :

C’est la grâce de Dieu qu’il me faut invoquer.


À la fin de l’action vous serez pardonnée,

Vous aurez échappé à la fureur de Dieu,

Évitant dans le Ciel que vous soit sanctionnée

L’horrible faute, ôtant de votre âme un épieu.


Une chose importante : il faut savoir se taire,

Garder silence sur ce puissant traitement.

Vous voulez des longs doigts de Satan vous soustraire ?

Gardez-vous à tout prix du moindre ébruitement !


Elle


Je viendrai à minuit : l’affaire est entendue.

Je serai muette, et personne ne saura

Que me rachetant de la volupté indue,

J’aurai bénéficié de votre forte aura.


D’ici là je prierai à m’en déchirer l’âme,

M’abîmant en secret dans la supplication

Afin que d’échapper à ces terribles flammes

Et contribuer à ma purification.






Acte 2

Dans l’église, à minuit.


Scène 1

Le prêtre, seul.


Prêtre


Soyons prêt, ajustons bien notre col romain

Qui contraste de blanc au noir de ma soutane.

Il faut cette tenue pour que d’un tournemain

Je redresse l’esprit de cette nymphomane.


L’église est désertée, il n’y a plus personne,

Plus de vieille bigote et plus de sacristain.

Mais voici que minuit à notre clocher sonne.

Sera-t-elle à notre rendez-vous incertain ?


Pour plus de discrétion, les lampes sont éteintes.

Seules quelques bougies ont une ombre de sang,

Tel le cierge pascal dont la flamme est complainte

Au son que l’on perçoit de la chouette harfang.


Ô toi ma nyctéa (6) depuis longtemps compagne

De mes débordements malgré tous mes sermons,

Ce soir je suis Jésus qui retire son pagne

Et qui résolument rejoint tous ses démons.


Oui, je vais abuser d’une fille simplette

Croyant sincèrement toutes les âneries

Qui la font bien servile, et ma verge replète

Car je vais de sa chair faire l’ivrognerie.


Que dis-tu de cela, ma fidèle chouette :

N’est-ce pas le sommet de la perversité ?

On prône la vertu, et puis hop ! Pirouette !

Il est venu le temps de la lubricité.


Mais la voilà qui vient : je vois sa silhouette

Avancer dans la nuit vers son lieu d’attrition (7).

Elle sera ma chute : il faut que te fouette,

Ô toi femme funeste et noire apparition !



Scène 2

Le prêtre, la jeune femme.


Elle


Me voici : je suis prête à me livrer à vous.

Faites donc ce qu’il faut pour veiller sur mon âme.

Voyez : je suis à l’heure à notre rendez-vous.

Soyez sans concession car je vous le réclame.


Prêtre


Je prié longuement juste avant de venir

Le Christ et tous les saints, et aussi Notre-Dame.

Votre corps est brûlant, nous allons le punir.

Le mal vient de la chair qui est matière infâme.


Veuillez en conséquence ici vous dénuder.

Montrez-moi s’il vous plaît, vilaine pécheresse,

Votre corps tout entier afin de préluder

À votre absolution sans honte ni paresse.


Elle


Votre demande étrange en ce lieu pourtant saint

Que de me dévêtir, j’y fais obéissance.

Je n’imaginais pas mes cuisses et mes seins

Exposés à la croix avec tant d’indécence.


Me faut-il retirer le carré de coton

Qui me cache le sexe ? Est-il indispensable

À vos yeux d’afficher mon intime chaton ?

Ou puis-je le garder, si cela est faisable ?


Prêtre


Je veux vous inspecter en toute nudité :

Il faut tout retirer, y compris la culotte,

Afin que d’observer avec lucidité,

Sans obstacle ou écran, l’objet de votre faute.


Elle


Je me sens fort gênée, atteinte en ma pudeur

Que de me dévêtir sous votre regard d’homme.

Cependant votre foi, qui est pleine d’ardeur,

Seule pourra guérir le feu qui me consomme !


Pourtant, s’il le faut pour gagner mon paradis

Je veux bien me soumettre à vous dans la confiance.

Je sais bien, sans vertu, que le sel s’affadit ;

De ma pauvre personne en sais l’insignifiance.


J’ai de l’espoir en vous : soyez rude, exigeant,

Car je veux accéder au royaume céleste.

Vous serez un saint homme ici en m’infligeant

La mortification qui du péché déleste.


Je sens votre regard qui fait mon embarras

De me voir exposée. J’éprouve de la honte

Et en souffre beaucoup : ce chemin est ingrat ;

Cet effarouchement, il faut que je l’affronte.


Je n’ai jamais montré toute ma nudité ;

Même le médecin ne m’ausculte pas nue.

Mon front en est rougi par la timidité.

J’hésite à vous montrer mes secrets d’ingénue.


Vous avez sous vos yeux mon corps tout dénudé

De la tête aux orteils quand ma culotte glisse.

C’est une gêne que je voudrais éluder,

Mais dans l’épreuve il ne faut pas que je faiblisse.


Voyez : à cet endroit de mon triangle herbu

J’ai péché lourdement de façon manuelle.

Vous pouvez observer le séjour de l’abus

De moi-même : une action qui fut délictuelle.


Mon Dieu : qu’en serait-il si quelqu’un nous voyait

Me découvrant ainsi, en tenue impudique ?

Que fais-je donc ici, et non en mon foyer ?

Faut-il tout cela pour qu’un péché s’éradique ?


Prêtre, à lui-même :


Cette beauté dépasse intégralement tout

Ce que j’imaginais de la grâce des femmes.

Une fois toute nue, ses sublimes atouts

Sont plus forts que ma foi : c’est là mon sombre drame !


Mes yeux sont affamés du rose de la peau

Qui se découvre nue d’une façon totale.

Voici qu’elle a ôté chacun des oripeaux

Tout comme une odalisque au charme qui s’étale.


À la jeune femme :


Allons, détendez-vous, car je suis votre ami,

Et je vous promets que vous serez satisfaite :

En ressortant d’ici, le mal sera remis,

Vous aurez de nouveau la pureté parfaite.


Laissez-moi écarter vos lèvres sans bouger

Afin d’apercevoir le lieu de l’onanisme.

Est-ce donc ce bouton où mon doigt va fouger (8)

Qui vous a fait chuter au fond de l’hédonisme ?


Elle


C’est bien à cet endroit qu’hier soir j’ai péché.

Il est très fortement sensible à la caresse :

C’est le point du plaisir qui m’a fait trébucher

Que vous sollicitez du doigt avec adresse.


Voyez, c’est ainsi que l’on sort de son fourreau

Cette motte de chair qui est la friandise

Où je me suis perdue, l’intime brasero

Qui enflamme les sens, bien qu’on nous l’interdise.


Quand votre mouvement provoque un chatouillis

Qui donne de la joie sur mon humble colline,

Je ressens un frisson, mes sens sont assaillis :

Je suis mauvaise fille, à la débauche encline.


Prêtre


Voyez-vous, l’inspection de ce lieu génital

Qui brime la pudeur est pourtant nécessaire :

Pour vous absoudre, il est absolument vital

De tout me révéler d’une façon sincère.


Ouvrez-moi cette fleur dont la pilosité

Brune s’humidifie un peu sous la caresse,

Quand mon doigt en parcourt la sinuosité

Afin d’y secourir l’âme en grande détresse.


Elle


Que me faites-vous là ? Je vous dois le respect

Fidèlement autant qu’à mon père, à ma mère.

De votre vocation, je méconnais l’aspect

Érotique, car mon catéchisme est sommaire.


Si vous continuez, vous me ferez jouir,

M’enfonçant un peu plus dans la concupiscence.

Quand je vois votre doigt dans mon chat s’enfouir,

Vous en allumerez bientôt l’incandescence.


Prêtre


Taisez-vous je vous prie, car ma concentration

Est sans cesse émoussée par votre bavardage.

Pour bien vous secourir de la perpétration

Du péché de la chair, je pratique un sondage.


Elle


Je vous vois maintenant y faire un lèchement ;

Cela me fait du bien. Que votre langue est douce !

Certes vous pratiquez le geste gauchement

Mais le muscle lingual est meilleur que le pouce.


Je n’imaginais pas que monsieur le curé

Soit serviable au point d’accorder cette grâce

À sa pauvre fidèle et à me procurer

Autant de volupté d’une bouche vorace.


Prêtre


Jésus a bien lavé, lors du dernier repas,

En toute humilité les pieds de ses apôtres

Avant que de marcher, lucide, à son trépas :

Pourquoi ce lavement ne serait-il pas nôtre ? (9)


J’aime beaucoup vos pieds mais je veux découvrir

Cette fleur qui m’était jusque-là méconnue.

Ces pétales carmin je m’en vais les ouvrir ;

Dans l’humide sillon, ma langue s’insinue.


Me voici à genoux devant votre corps nu

Car celui d’une femme a un profond mystère

Plus insondable et fort, pour moi plus inconnu,

Que celui de la Croix, l’énigme trinitaire.


À lui-même :


Il possède, caché, d’incroyables parfums

Qui me furent toujours lointains, inaccessibles,

Rappelant l’océan apaisant aux embruns

Puissants, et dont je sens l’appel irrépressible.


Sans doute ils sont nombreux, ceux qui restent blasés ;

L’anatomie des femmes est extraordinaire.

Mon esprit est en feu : il vient de s’embraser

Et nous n’en sommes ici qu’à nos préliminaires !


Durant bien des années je n’avais pas vécu :

Je n’étais qu’à moitié un homme sur la Terre,

Découvrant sur le tard les fragrances d’un cul

Où je vais me plonger comme au fond d’un cratère.


Je rêve que cela se produise en public

Devant une assemblée recueillie du dimanche :

Que chacune et chacun soit témoin du trafic

De ma langue qui vient aux muqueuses et s’y branche.


Les fidèles viendraient assister très nombreux

À mon invention de nouvelle liturgie.

Sans doute quelques-uns diraient cela scabreux

Que de l’accouplement on fasse apologie.


Elle s’exhiberait en brimant sa pudeur :

En la manipulant, il n’est rien d’impossible.

Elle se laisserait montrer avec ardeur,

Et dans la nudité resterait impassible.


Quand des centaines d’yeux l’admireraient jouir,

Les messieurs tendrement gâteraient leur épouse.

Comme à Pentecôte où l’Esprit vient éblouir,

Il en résulterait une vaste partouze.


Mais l’Ancien Testament a hélas aboli

Aux temps d’Abraham la prostitution sacrée.

Les autels sexuels furent ensevelis :

Maudit celui qui fit ce stupide décret !


De nouveau à la jeune femme :


Montrez-moi donc aussi cette autre cavité

Où vous avez fauté : quel est cet orifice ?

Je veux évaluer quelle est la gravité

De la manie honteuse – un sombre maléfice.


Elle


Pour cela je me mets ainsi : sur les genoux.

Voyez, le trou est là. Mon Dieu, quelle indécence !

Je n’imaginais pas exhiber mon minou

Et le bas de mes reins pour faire obéissance.


Cela me semble obscène, en ce lieu consacré,

Que d’exhiber mon corps à un ecclésiastique.

La Bible a-t-elle dit, en un texte concret,

Qu’il est permis des choses à ce point érotiques ?


Prêtre


Certainement ! Lisez donc l’Ancien Testament :

On y trouve des textes assez pornographiques

Où les pires outrances y sont allègrement

Décrites. En voici donc un exemple horrifique :


Loth avait en son temps, au cours de son sommeil,

Été abusé par ses filles adolescentes

Qui l’avaient enivré, et avant son réveil

S’inséminaient avec la verge turgescente. (10)


Elle


Alors, donc, procédez à votre sacrement :

Puisqu’il faut avaler maintenant des couleuvres,

Il ne faudrait pas que ce soit médiocrement.

Ne me ménagez pas : accomplissez votre œuvre.


Prêtre


Oui, effectivement, il faut vous mortifier,

Abaisser cette chair pour que esprit soit chaste

Et renaisse aussitôt, dans la nuit, vivifié,

Débarrassé enfin des luxures néfastes.


Il faut que la souffrance évacue le péché.

Demeurez à genoux, présentez bien vos fesses.

Allons, car l’heure avance, il faut nous dépêcher.

Je vais dire pour vous uniquement la messe.


Il fouette les fesses de la jeune femme.


Sentez-vous ce fouet ? Il vous est rédemption.

C’est par votre douleur que vous deviendrez sainte.

Il expurge de vous toute la corruption

Horrible du péché : gardez-donc les mains jointes.


Pour atteindre le ciel il faut mater la chair :

L’idéal religieux exige qu’on méprise

L’épine d’affliction où notre orgueil se perd,

Permettant à l’esprit de garder la maîtrise.


Pensez-donc à Jésus qui souffrit sur la croix

Après que les soldats cruels le flagellèrent.

C’est pour cela qu’au ciel son Père l’a fait roi.

Soyez docile afin, vous aussi, de Lui plaire.


Chaque coup de fouet vous retire du mal :

Il faut aimer souffrir pour être une chrétienne.

L’endolorissement devient paroxysmal.

Offrez votre tourment pour que Son règne vienne !


Exacerbez en vous cette sainte douleur !

Vous devez adorer Jésus dans la souffrance.

Apprenez que le mal a beaucoup de valeur.

Chacune de vos plaies fait votre délivrance.


Restez docile et sans faire un seul mouvement,

Trouvez la gloire en la totale obéissance.

Priez, gardez vos mains unies jointivement

Afin de retrouver votre ancienne innocence.


À lui-même :


Le claquement du cuir sur le dos rose et frais,

La douleur consentie d’une femme docile,

Et le tendre épiderme à présent balafré

Font ma joie infernale où mon esprit jubile.


Elle se laisse faire. Ah ! J’aime ce moment !

Peut-être parviendrai-je à l’orgasme sadique

Comme on lit dans les livres à l’index, les romans

Sulfureux que l’Église aux chrétiens contre-indique ?


Elle


C’est un bourrèlement qui est certes accablant,

Mais qui donne la joie car je vous suis soumise.

Cette émotion étrange est un plaisir troublant.

Je sens la sainteté grâce à votre entremise !


Pourriez-vous s’il vous plaît augmenter ma douleur

Par la crucifixion réelle et véritable ?

Je veux connaître aussi l’affliction et les pleurs ;

Vous perceriez de clous mes membres misérables.


Ainsi vous me verriez dans la déréliction

Et l’avilissement dans l’atroce souffrance,

Parce que la sainteté est seule ambition.

Cela plaira à Dieu en toute transcendance.



Scène 3

Le prêtre, qui parle à lui-même – c’est à dire aux seuls spectateurs – et la jeune femme,

qui se laisse clouer sur une croix. La scène est onirique : pour souligner que rien n’est réel,

on peut utiliser lumière rouge tamisée, fumée, musique lugubre, etc.


Prêtre, à lui-même :


Ce serait fantastique ! Jamais je n’ai osé

Dans mes plus noirs fantasmes une telle folie.

Mais cela risque fort demain d’indisposer

D’afficher sur la croix une femme jolie.


Je l’imagine nue et transpercée de clous ;

Je la contemplerais mourir dans la souffrance.

Dieu lui-même serait de mon pouvoir jaloux :

Elle aurait librement décidé cette outrance.


Lorsque se dresserait, comme un défi au Ciel,

Le mât de l’infamie où la femme est clouée

Par ma volonté seule, un lien sacrificiel

La lierait avec moi, l’agnelle dévouée !


Elle se laisserait punaiser sur le bois !

Ravissante ainsi qu’un papillon, capturée

Au filet très pervers de mon discours qu’elle boit

Comme un poison de mots qu’elle écoute, apeurée.


Tuer ! Donner la mort, d’un acte décidé

Tout en se cachant sous le religieux prétexte,

Se livrer au plaisir violent de trucider :

Ce serait excitant ! Surtout dans ce contexte !


Hélas, je ne peux pas ! Tout serait découvert.

Il serait compliqué de cacher le cadavre

Après avoir joui de ce désir pervers,

Cependant interdit, d’une loi qui me navre.


Les Croisés de jadis, et puis l’Inquisition

Jouaient légalement : ils eurent de la chance,

Se voyant affecter la macabre mission

De donner libre cours à l’extrême violence.


Ils avaient, non le droit : l’explicite devoir

De tourmenter des femmes au bon dogme rebelles.

Les hommes de l’Église, enivrés de pouvoir,

Pouvaient se fasciner du supplice des belles !


Ils étaient protégés au fond de leur donjon

Afin de se livrer à leurs pulsions macabres,

Et quand ils capturaient un beau cœur sauvageon

Ils le convertissaient : nul besoin de palabres !


Ils donnaient carte blanche à leur éros profond

Afin de débusquer les belles hérétiques

Qu’ils pouvaient enchaîner, dénudées, au plafond

Pour mieux leur infliger des choses sympathiques !


Ils avaient su briser Cathares et Templiers,

En tuant à l’envi au fil de leur épée.

Celles qui résistaient, ne voulaient pas plier

De leurs cris de douleur chantait la mélopée.


Des femmes étaient liées et soumises à l’horreur

De la question pendant des heures et des heures.

Quand elles n’abjuraient pas, demeuraient dans l’erreur,

C’était sur le bûcher où l’on voyait qu’elles meurent.


Celles qui dérangeaient risquaient l’arrestation.

Leur crime : pratiquer de la sorcellerie.

Des aveux extorqués faisaient récitation,

Racontant en détail toutes leurs diableries.


J’aurais bien aimé vivre un millénaire avant :

On m’aurait confié une cagoule rouge

Afin d’être bourreau : un métier dans le vent,

Torturant tout ce qui porte seins et qui bouge.


Car les hommes craignaient les femmes, en avaient peur

Pour ce que recelaient d’indicible mystère

Leurs compagnes d’alors : ils se firent tueurs

Pour garder leur pouvoir, les forcer à se taire.


Mais les temps ont changé, et il n’est plus permis

D’extorquer des aveux en suppliciant des femmes,

Ni de soumettre au pal les captifs ennemis

Ou commettre le viol sans encourir le blâme.


Que notre temps est fade et que mièvre est la paix !

J’aurais tant voulu faire une guerre virile

Où l’on tue pour tuer, où la joie d’étriper

Vaut tous les idéaux qui servent de mobile.


Qu’importent les nations, les couleurs des drapeaux,

Les rêves de grandeur, l’appel de la patrie :

Exterminons sans but, faisons-le en troupeau ;

La Marseillaise même invite à la tuerie.


Je l’aurais convertie et serais un héros

Et non un criminel, pour ces rudes sévices

Que j’infligerais bien pour des motifs moraux.

Mais donner libre cours aux pulsions est un vice !



Scène 4

Le prêtre, la jeune femme. Retour au monde réel : éclairage normal, plus de fumée ni de musique.


Prêtre, à la femme :


Tu ne mérites pas de souffrir sur la croix :

C’est un destin que Dieu a réservé aux justes.

Si tu veux la douleur, je t’offre le surcroît

Du rude fouettement qui sur ta peau s’incruste.


Expose bien tes fesses et tes cuisses et ton dos

Où s’abat sans répit une lanière noire.

Reste bien à genoux, récite des Credo

Quand la flagellation s’abat, absolutoire.


Elle


J’ai trop mal : cessez donc l’usage du fouet !

Sans doute est-ce à ce prix que l’on sauve son âme ;

Cependant, maintenant, il me faut avouer

Que c’est trop, même si notre Dieu le réclame.


Prêtre


Sais-tu ma fille que l’excommunication

Punit quelquefois quand on se manualise ?

Mais tant pis, cessons là la mortification ;

C’est ainsi que pourtant l’onction se réalise.


Elle


J’ai pourtant le désir de servir le Seigneur

Même s’il faut mourir dans de grandes souffrances,

Car il est toute vie, du péché le soigneur ;

Mais je suis si fragile et manque d’endurance.


Prêtre


Il me vient à l’idée de tourmenter des seins

Dont tu me sembles un peu, ma fille, trop altière.

J’en pince les tétons dans l’unique dessein

De les endolorir de sévère manière.


Ces choses féminines, outils de séduction

Conçus pourtant au but d’offrir la nourriture

Aux tout-petits sont beaux jusqu’à la perfection :

Je vais les tourmenter pour faire ta droiture.


J’agace l’aréole en un âpre pinçon,

Malaxant sans répit les superbes mamelles.

Pour ta faute voilà la cruelle rançon :

Le cruel serrement de ces sphères jumelles.


Elle


La manipulation fera ma componction. (11)

Est-ce un péché de plus de la trouver plaisante ?

Si vous faites cela à titre de sanction,

Il vous faudra trouver peine plus meurtrissante.


Je dois vous confier que je m’offre souvent

Des caresses en ce lieu, debout devant ma glace,

Et nue totalement, je fais en me lavant

Des blandices aux tétons où mes mains se prélassent.


Mais vos mains, mieux que moi, me caressent les seins :

Le geste ferme et doux fait ma béatitude.

Heureuse suis-je donc, comme on lit à Toussaint,

Car vous me guérissez de mes vicissitudes.


Il faut vous avouer, au risque de choquer :

Vous progressez dans la féminine grammaire.

Si vous continuez, vous allez provoquer

Sans l’avoir recherché un orgasme mammaire.


Ah ! Vous êtes un expert. Je vous ai prévenu :

Vous m’avez fait jouir sur cet endroit sensible.

Mais pourtant je croyais qu’on avait convenu

Que le plaisir c’est mal, et de l’enfer passible ?


Prêtre


Décidément tu as l’esprit dévergondé,

Trouvant la volupté même dans les pinçures,

Ce qui t’a fait mouiller, voire même inonder

La nappe maculée d’immondes salissures.


Il est temps à présent de me déshabiller

Pour te montrer ce qui fera ta délivrance.

Regarde donc ce vit devant toi frétiller !

Pour te sauver, il est rempli d’exubérance.


Vois ce phallus dressé qui regarde le ciel !

Je suis homme de Dieu, à l’aube et à l’étole,

Et pourtant j’ai en moi le désir démentiel

Qui mes vœux foule aux pieds et qui ma foi immole !


Toi qui m’as désiré, vois cette nudité

Masculine et admire ici l’anatomie

D’un prêtre qui a tant dans la nuit médité

Qu’il est devenu fou de cette antinomie.


Elle


Jamais je n’avais vu de membre masculin,

Mis à part le zizi d’enfant d’un petit frère.

Je suis impressionnée, mais ce n’est pas vilain :

Une odorante fleur qui surmonte deux sphères.


J’ignorais quelle était la taille d’un engin

Dressé par le désir qui s’empare d’un homme.

Le membre a des parfums puissants de sauvagin,

La turgescente verge a de curieux arômes.


C’est, à n’en point douter, quelque chose de beau :

Voici donc le moteur de la vie d’un bonhomme.

Admirons un moment cet exquis paquebot,

L’obélisque érigé, la colonne Vendôme.


Vous avez satisfait là ma curiosité :

Lorsque vous m’exposez votre organe phallique,

J’apprécie son contact : douceur et densité.

Pourtant, ma mère a dit : la chose est diabolique.


Elle m’a prévenue : il faut s’en écarter

Car les hommes sont tous des pervers, des satyres

Qui pourraient me violer sitôt ma puberté.

Cependant cette chair capiteuse m’attire.


Permettez que je touche, afin de découvrir

Cet organe inconnu que possède le mâle.

Mais celui d’un abbé doit souvent dépérir

À défaut d’exercer une fonction normale ?


Ces pauvres testicules emplis jusqu’à ras bord

Pourraient bien quelque jour exploser d’une gerbe

Dans l’éjaculation d’un volume record

De semence car la chasteté l’exacerbe.


J’aime bien la couleur empourprée de ce gland

Que je découvre ici suintant de rosée,

Levé comme un soleil de lumière aveuglant.

Cette tenue, mon Père, est quelque peu osée ?


Prêtre


Crois-tu que c’est pécher ? Dans ce cas, punis-moi !

Prends ces lanières : il faut ici que tu me fouettes

Afin de sanctionner ce très coupable émoi.

Ne cesse qu’au moment où tu es satisfaite.


Jésus a dit : si l’œil t’a conduit à pécher,

Il te faut le couper afin que tu demeures

Dedans la pureté et ainsi t’empêcher

De chuter aux tréfonds où les coupables meurent.


Pour la main, même chose, il faut l’amputation.

S’il faut toujours trancher, alors quid de mon sexe

Qui est ici en proie à une excitation

Qu’on guérit seulement en coupant sans complexe ?


Elle


Je veux faire l’amour, non vous émasculer.

Il est minuit passé ; dans le cœur de l’église

Nous allons, dans la nuit, l’ordre pieux bousculer :

Qu’une verge dressée ici m’évangélise.


Voyez-moi : je suis nue, allongée sur l’autel ;

Prenez-moi s’il vous plaît : je suis encor pucelle,

Moi la brebis perdue, dernière du cheptel.

C’est mon corps féminin qui votre âme ensorcelle.


Je suis toute livrée, Père, à votre bon soin :

Faites votre devoir pour que je sois absoute.

Soyez sévère et fort : j’en ressens le besoin,

Afin que l’impiété finisse et soit dissoute.


Prêtre


J’ai toujours tant prié pour que l’ange s’éloigne,

Pour que la tentation ne me soit pas soumise !

Mais il faut maintenant que nos corps se rejoignent,

Tant ma vocation est pour l’heure compromise.


Puisqu’il faut trébucher, faisons le maximum :

Je vais te prendre ici par tous les orifices.

Demeurons dans l’outrance en allant au summum :

De ton corps féminin, usons des maléfices !


Il faut de l’huile sainte afin de lubrifier

Les deux trous qui sont là, et que ma verge glisse.

Dans ta défloration, je vais te sanctifier.

Il faut que notre rut sauvage s’accomplisse.


Elle


J’ai toujours fantasmé, depuis ma puberté,

Sur la virilité très puissante des prêtres.

Quand mes seins ont poussé, j’ai su avec fierté

Qu’un jour je surprendrai ces vulnérables êtres.


Aujourd’hui je suis femme, à tout juste vingt ans,

Et ce n’est que pour vous que je suis restée vierge.

Croyez-vous cela mal ? Punissez en fouettant,

Ou arrosez ma peau de la cire d’un cierge.


Prêtre


Puisque tu le permets, accepte ce tourment :

C’est du cierge pascal la paraffine chaude,

Brûlure sur tes pieds à mon regard gourmand.

Pour ta rédemption, c’est peut-être une méthode.


Elle


Mon Père avouons-le : j’aime cette douleur

Car elle m’excite fort, fait que je m’abandonne

En vous imaginant un infâme violeur,

Alors que librement en vos mains je me donne.


Pourriez-vous s’il vous plaît agrémenter ce jeu

Sexuel très plaisant en usant de l’étole ?

Si notre sainteté à présent est l’enjeu,

Voyez la paroissienne en ce lieu qui s’immole !


Attachez-moi les mains d’un lien sacerdotal

Au moyen du tissu que l’on voit à la messe ;

L’ancrage de mes bras ainsi sera total,

Et j’aurai du fouet la cruelle caresse.


Prêtre


Voici le châtiment, supplice des martyrs

Que l’on a flagellés avant de les occire.

Je vois dans ton regard que tout cela t’attire,

Mais je vais effacer ton lubrique sourire.


Elle


Vous m’avez ligotée nue sur l’autel sacré,

M’accordant en cela un très ancien fantasme.

Que la lanière vienne ici me massacrer

Afin d’aller au bout de cet iconoclasme.


Faites-moi regretter d’avoir souhaité cela ;

Qu’un calvaire cruel à présent me punisse.

J’aurai ma récompense après, dans l’au-delà,

Au lieu du grand plongeon dans l’infernal abysse.


Prêtre


Prenons bien notre temps ; brûlons un peu d’encens :

L’odeur se mêlera à celle des luxures.

Puis je vais te fouetter jusqu’à verser le sang

Pour te faire expier d’érotiques tortures.


Elle


Soyez sévère et ferme, et que les claquements

Des lanières de cuir soient sans demi-mesure,

Car c’est votre travail : faites sadiquement

Sur ma peau toute blanche une amère blessure.


Prêtre


Laissons là le fouet : c’est trop d’excitation.

Il est temps à présent que je te sodomise.

Écarte bien les cuisses avec ostentation,

Les poignets attachés, souriante et soumise.


Il te faut prononcer le pater maintenant :

Je te veux les yeux clos récitant Notre-Père

Tout en me présentant un derrière avenant

Afin que la magie du sacrement opère.


Quand tu auras fini, d’un ton contemplatif

Vénère sans cesser et dis le Notre-Dame,

Dans le temps d’enfiler là un préservatif

Protégeant des virus et autres cryptogames.


Je dirai l’Oremus et le Confiteor ;

Fais ton mea culpa car tu es à confesse.

Pour t’absoudre je vais pénétrer dans ton corps.

Respire et détends-toi en écartant les fesses.


Je vais t’écarteler sur mon grand braquemart :

Ton anus sentira qu’un long bâton l’empale.

Tu seras éprouvée comme en un cauchemar,

Embrochée jusqu’au fond de la bouche tripale.


Souviens-toi des martyrs qu’on livrait aux lions,

Tout heureux en marchant fièrement vers l’arène :

Faisant la volonté de Dieu sans rébellion,

Dans l’épreuve ils avaient toujours l’âme sereine.


À lui-même :


La rosette s’entrouvre au milieu du sillon

Fessier qui m’est offert dessus la nappe blanche :

Contraste saisissant d’un œillet vermillon

Et du linge d’autel, empesé, du dimanche.


L’odeur du sexe ouvert allié à l’encens

M’excite tellement qu’il me vient la folie.

Il n’y a plus d’Église ou de Dieu tout-puissant,

Seulement cette femme et moi qu’un vit relie.


J’ai fantasmé longtemps de cette perversion,

Souvent imaginé tout ce dévergondage.

Enfin voici le trou accueillant l’immersion

De mon sexe érigé, alors, à l’abordage !


Elle


Je sens avec délice un long membre viril

Glisser par mon anus jusqu’au fond des entrailles.

À l’intérieur il vient au niveau du nombril

À travers un réseau d’accueillantes tripailles.


Je sens que mon œillet fortement dilaté

Saigne un peu du passage en force de la verge.

Vous m’avez défoncée : mon cul est formaté,

Voici que de l’anus je ne suis plus des vierges !


Oh ! Que c’est douloureux ! Mais j’adore avoir mal

Alors que le plaisir vous marque le visage.

C’est un bourrèlement, malgré le soin chrismal

Qui bien des agréments entre nous deux présage.


Cela doit vous gêner : il y reste un étron.

Peut-être vaut-il mieux ici que je me purge

Et faire s’écouler cet excrément marron ?

Faites mon lavement, vous serez thaumaturge.


Versez un peu de vin par vos soins consacré

Dedans mon intestin, sans nulle répugnance.

Vous pourrez alors voir la selle s’exécrer.

L’alcool me causera sans doute des souffrances…


Prêtre


Aime cette douleur que j’inflige à ton corps :

Tu te rapproches ainsi de la sainteté pure.

Vois comme cette église est un glorieux décor

À ta consécration, lubrique créature !


À lui-même :


Le ciboire recueille un brunâtre excrément,

Vase sacré empli de matière fécale.

C’est là un sacrilège extrême, assurément :

L’apothéose de mon action cléricale.


Comme sur un fumier, la fleur peut émerger.

C’est au cœur de la nuit, dans des senteurs triviales,

Qu’il vient l’envoûtement de l’odorant verger

Des sécrétions de femme aux fragrances bestiales.


Des charmes féminins, tout me fut interdit.

Tout ce qui provient d’elle à présent me régale ;

Même le plus commun à mes yeux resplendit,

Surtout le prosaïque et le vil et le sale.


Après ce lavement, sodomisons à fond.

Certes, je reste fier de ma longue membrure.

Hier j’étais un abbé qui du rut se morfond ;

Cette nuit j’ai la clé dont elle est la serrure.


Ma verge est bien replète et l’orifice étroit.

Il faut le dilater : la rosette s’étire.

Le pénis est entré dans l’intime détroit

Qui tel un aimant fort virilement l’attire.


Je la vois grimacer sous les coups de boutoir

De mes reins propulsant mon bâton dans ses tripes.

J’ai fait d’un lieu sacré un satané foutoir

Où mes mains sur ses hanches en mouvement s’agrippent.


Encore plus à fond : je la vois qui frémit

De sentir le phallus dans sa gaine intestine.

Elle cherche de l’air, elle pleure et gémit ;

Je ferai d’elle ma maîtresse libertine.


Oh ! Quelle sensation puissante de pouvoir

Que de l’avoir soumise à ma force virile !

Il m’a suffi de mots afin de l’émouvoir

Et de la subjuguer pour qu’elle soit servile !


De nouveau à la jeune femme :


Vois-tu, il s’agit là d’un ébat interdit

Même entre deux époux, car le trou de Sodome

Est indu aux chrétiens : notre Dieu l’a maudit

Car ce n’est pas ainsi que la noce on consomme.


Cependant je le fais car mon geste est spécial :

C’est une liturgie qui du mal te libère.

Laisse-toi pénétrer : l’abandon est crucial.

Ton âme est purifiée de son mal qui l’obère.


Je vais l’ensemencer, cet orifice obscur,

Pour te faire enfanter d’un dieu de la lumière.

Enfoncé jusqu’au fond, viril Excalibur,

Mon pénis va tout droit dans ton cul de sorcière.


À lui-même :


Car maudite sois-tu ! J’encule sur l’autel

Une femme soumise à mon rut sodomite,

J’ai souillé d’excréments le blanc sacramentel :

Je crois que ma fureur n’a aucune limite.


Elle


Il me faut implorer ici votre pitié

Car c’est trop de douleur pour ma buse rectale.

Peut-être pourriez-vous prendre un autre sentier

Avant que la géhenne en devienne fatale ?


Prêtre


Aime donc ta souffrance et serre un peu les dents.

Je suis homme d’Église, et je te sanctifie.

Oui, je t’entends gémir, sous les liens te tordant,

Mais ton âme à ce prix, ainsi, se vivifie !


Au lieu que de te plaindre, implore donc plutôt

Notre Dieu tout-puissant d’amplifier ton martyre !

Chanceuse es-tu d’avoir tous ces affres rectaux

Alors que ta rondelle autour du vit s’étire.


S’il advenait soudain que le mal fût trop grand,

Que tu succombes ici de par cette blessure,

La récompense de ce mal te torturant

Serait le paradis d’une manière sûre.


Mais c’est là suffisant : passons au rut suivant.

Je m’en vais à présent te trouer autre chose.

Ne trouves-tu pas ce sacrement émouvant ?

Je m’en vais transpercer une membrane close.


Elle


Je croyais cet endroit réservé à l’époux

Qui lui seul a le droit, pendant la nuit de noces,

De planter une verge au centre de ce trou :

Cela fait-il partie de votre sacerdoce ?


Prêtre


Certainement : il est dans mes attributions

De déflorer les filles à la peau virginale.

Ainsi que le baptême est versé d’ablutions,

Je vais te sanctifier par la voie vaginale.


Écarte en grand les cuisses, allongée sur le dos

Pour que, d’un coup de reins, tu sois dépucelée ;

Cambre-toi et souris, récite le Credo :

Sur la table sacrée tu seras ficelée.


Fermement je ligote aux chevilles et poignets

Livrée à mon désir une fille conquise ;

Tu es dans le péché : je m’en vais te soigner ;

Cette pénétration est la cure requise.


Il s’offre sous mes yeux, le sexe inviolé !

Il est humidifié par d’odorantes glaires.

Je m’en vais enfoncer mon viril piolet

Dans cet antre sublime aux contours circulaires.


Il faut que je nettoie un peu mon braquemart :

Prenons un manuterge, un purificatoire. (12)

Suce donc moi un peu, et l’érection repart

Du pénis que tu as eu en suppositoire.


Elle


Faut-il vous emboucher au risque de vomir ?

Votre verge est bien longue, et ma bouche petite.

Certes je la sens bien gonfler, se raffermir.

Mais c’est un haut-le-cœur qu’en ma glotte elle suscite.


Prêtre


Vomis tout, s’il le faut, sur la nappe d’autel ;

C’est une irrumation jusqu’au fond de ta gorge.

Mon plaisir est si fort : il n’y a rien de tel.

Tu peux imaginer que c’est un sucre d’orge.


Prend garde que tes dents ne blessent ce phallus ;

Couvre-les de ton mieux en usant de tes lèvres

Pour emboucher, entier, ce vivant tumulus

Qu’on ne satisfait pas par des caresses mièvres.


Je ressens un délice en tout point prodigieux.

Le paradis ne peut surpasser le suprême

Sucement que tu fais autour du corps spongieux.

Vais-je lâcher ainsi le jet de blanche crème ?


Non : préférons la gaine, un magnifique endroit

Où les hommes et les femmes en l’union se rejoignent.

Je me délecterai dans ce conduit étroit

Qui tous les maux de l’âme efficacement soigne.


Elle


Allez-vous me soumettre à la pénétration

Du mâle qui s’en va visiter la femelle

En brisant cette chair où se trouve obstruction

Afin que votre membre à mon vagin se mêle ?


D’appréhension je tremble : je suis pucelle encor.

Faut-il pour parvenir à la céleste grâce

Que le sang rouge et frais s’écoule de mon corps ?

L’appétit du Très-Haut est-il donc si vorace ?


Me voici toute nue devant l’homme de foi.

Certes je suis fidèle et m’offre en sacrifice.

La peur me fait frémir devant vous toutefois.

Faut-il tout cela contre un charnel maléfice ?


Prêtre


Que oui ! C’est nécessaire afin que jusqu’au Ciel

Ton âme dans la nuit soit du mal expurgée.

Le Seigneur jugera : le soin est essentiel.

Je m’en vais procéder car tu restes rongée.


Rongée, oui, d’un péché provenant du Serpent,

Celui que le Malin a glissé dans la chambre

D’une fille ingénue : ton salut en dépend.

Pour le pardon de Dieu je dois glisser mon membre.


Approchons le pénis qui est tout-à-fait dur :

Le sacrement doit faire à présent son office.

Tu seras purifiée de ton esprit impur

Lorsque ma verge aura transpercé l’orifice.


Sens : l’hymen se distend et va bientôt céder

Sous la pression du vit qui force cette porte.

La barrière est solide ; il me faut accéder

À la grotte des joies car cela seul m’importe.


As-tu mal ? Il le faut ! Prie et serre les dents,

Supplie la Sainte Vierge, ignorante du geste,

D’augmenter ta douleur d’un surplus abondant

Afin que d’accéder à Sa bonté céleste.


Jésus-Christ fut conçu sans rapport sexuel.

Mais toi, je t’ai donné l’insigne privilège

D’un sacrement qui est assez inusuel,

Abolissant ainsi ton péché sacrilège.


Cette peau juvénile est ainsi souvenir.

Tu étais fille avant, et je t’ai faite femme

En marquant pour la vie, quoi qu’il puisse advenir,

La douce jouvencelle avec mon oriflamme.


Un peu de sang s’écoule à présent sur l’autel

Comme celui du Christ aux deux mains transpercées.

Suis donc notre Seigneur au chemin immortel

Afin qu’aux cieux tu sois entre ses bras bercée.


Ma verge est comme un clou : ton sexe crucifié

Te permet d’accéder à la sainteté même.

Il est par mon action aussitôt sanctifié,

Béni et consacré : la communion suprême !


Vois, ta virginité n’est plus qu’un souvenir :

Je suis entré en toi de ma hampe virile.

Cela permettra de l’enfer te prémunir :

Ce sacrement n’est pas une affaire stérile.


À lui-même :


Juste ciel ! Un problème à l’instant me survient :

La capote est trouée et je n’en ai plus d’autre.

Me faut-il arrêter ce mouvement pelvien

Délicieux pour moi qui me prétends un apôtre ?


Il faut se retirer avant qu’un accident

En vienne à se produire et qu’un enfant survienne.

Il ne faut pas lâcher le sperme fécondant :

Sans contraception, je crains que grossesse advienne.


Je me vois mal parti si un avortement

Sur son ventre fécond s’avère indispensable :

Ce serait apprécié assez modestement.

Je débande à l’idée, car non, c’est impensable.


Finissons autrement : elle a des pieds jolis :

Je les ai observés tout l’été à la messe.

Elle était à genoux, en sandales, et des plis

De sa robe émergeaient des petons de princesse.


Ces petits ripatons ont fait que j’ai bandé

Pendant l’élévation, en une eucharistie.

Je l’ai vue recueillie, et sa foi transcendait

Ma vue libidineuse en l’aube travestie.


J’ai rêvé de sucer longuement ses orteils

Pendant qu’elle adorait. Mon instinct podophile

S’est éveillé soudain après un long sommeil,

Soufflant qu’entre ces plantes une langue faufile.


Ensuite elle est venue prendre la communion.

Oh ! J’ai croisé alors son regard d’innocence.

Mon imagination nous rêvait dans l’union ;

Elle s’est éloignée dans son évanescence.


De nouveau à la jeune femme :


De même qu’en ton rêve, il me faut à présent

Finir l’absolution en me frottant la verge

Juste entre tes deux pieds : tu me vois parfaisant

L’action qui de la paix du Seigneur te submerge.


Mais il faut cependant que tu souffres un peu plus :

C’est le pied de la croix que du mur je retire

Afin qu’il soit en toi de même qu’un phallus

Et que le sacrilège atteigne le délire.


Vois que le Christ pénètre, ainsi qu’un vit divin,

Au fond de ton vagin de sa grâce féconde ;

Le sang de ton hymen ressemble fort au vin

Que Jésus consacra pour sauver notre monde.


Ce crucifix se fait ainsi godemiché,

Et les pieds du Seigneur entrent dans l’orifice.

Cela te fait-il mal ? Endure sans tricher

Pour imiter Jésus offert en sacrifice.


Si cependant cela te donne du plaisir,

Tu es dans le péché, et je suis ton complice.

Interdis-toi cela : il faut te ressaisir !

Les jambes du Messie dans l’entrejambe glissent.


Elle


Ce que vous faites là stimule lestement :

Je n’ai jamais connu de si profond délice.

Lorsque le fils de Dieu permet célestement

Que sa très sainte croix sur l’autel me remplisse.


Prêtre, à lui-même alors qu’il éjacule :


La lueur des bougies et l’odeur de l’encens,

Tout cela me propulse au vif de mes fantasmes.

J’ignorais qu’existait un tel plaisir des sens ;

Mon cœur pourrait lâcher, tant violent est l’orgasme.


À la femme :


Sens comme j’éjacule à la peau de tes pieds :

Un baptême nouveau de source séminale.

Un Dieu nous regarde et ne cesse d’épier.

Un homme t’a gardé de la flamme infernale.


Elle


Mon clitoris en feu réclame quelques soins

Alors que sur mes pieds coule votre semence.

Me permettrez-vous de satisfaire un besoin

Afin de compléter notre pieuse séance ?


Car ce péché m’attire, hélas, atrocement !

Il me faudra encore expier la luxure :

Je me touche d’un doigt très voluptueusement

Qui le bouton de joie dans la fente triture.


Voyez : cette colline est source de plaisir ;

Je n’y peux résister : il faut que je la touche.

Peut-être est-ce un démon qui revient me saisir

Alors que sur l’autel, dénudée, je me couche.


Prêtre


Oh oui ! Caresse-toi, couchée nue sur l’autel.

Je te contemplerai alors que tu t’adonnes

En ce temple sacré à ce péché mortel :

Tu seras pardonnée, sublime sauvageonne !


Refais ce geste encore et dédie-le au Christ ;

Que ta masturbation se transforme en prière.

Ne retiens pas ta joie, et jouis en un cri ;

Que ta mouille s’exhale en une fente altière !


À lui-même :


Ce spectacle est insane ; il est bouleversant

Qu’une en femme en ce lieu saint se manualise.

Mon trouble en est extrême, et bouillonne mon sang.

Mon regard sur son corps entier se focalise.


Quand les seins se durcissent et que la peau rosit,

Le plaisir monte en elle : il promet d’être immense.

Bientôt la volupté violente la saisit ;

Elle se cabre et rue en folle jouissance !


Le cri qu’elle a poussé à l’acmé de l’action

Est un chant qui ressemble à l’un de nos cantiques !

Le Diable est-il entré ici par effraction

Tandis qu’elle s’agite en sa joie frénétique ?


L’orgasme est si violent qu’elle a un hurlement,

Que vibrent les vitraux lorsque lui vient l’extase.

Son visage témoigne alors terriblement

De la petite mort de ce corps qui s’embrase.


Je suis témoin ici de la sublimation

D’une femme semblant pourtant tout-à-fait sage.

Je m’en doutais : voici donc la confirmation

De ce que l’intuition de toujours envisage :


La nuit n’appartient pas à l’homme ni à Dieu.

Ils n’ont pas de pouvoir sur l’obscure étendue

Qui recouvre le ciel du soleil oublieux :

Elle est la possession des femmes et leur est due.


La lune les oppresse au ventre, flux sanglant

Qui confère la vie au creux de leurs entrailles.

Quand, enfiévré, l’enfant se réveille brûlant,

Elles restent éveillées pour leur petit qui braille.


Dehors l’orage gronde et se lève le vent

Qui par un courant d’air a soufflé les bougies.

Voici l’obscurité, un silence émouvant,

Comme une vérité en un instant surgie.


Ne restent pour les sens que l’odeur d’une chair

Mêlée de ces fragrances attachées à l’église.

Oh ! Les parfums de femme embaument à présent l’air.

C’est un rêve puissant qu’ici je réalise.


Mon âme s’est remplie des intimes sueurs

S’exhalant des replis du sexe fantastique.

Il me semble à présent distinguer la lueur

De sa féminité : est-ce illusion d’optique ?


Rallumons à tâtons notre cierge pascal

Afin qu’il nous dispense une faible lumière

Avant que dès demain un soleil radical

À travers les vitraux vienne éclairer la pierre.


On dirait que son corps paraît ensanglanté

Alors qu’elle gît nue sur une nappe blanche.

Sous un rayon de feu qui vient sa peau teinter,

Il semble que le sang sur tout l’autel s’épanche.


Est-ce l’Apocalypse où la sève des saints

Surgit en jaillissant lors de l’heure dernière ?

Est-ce le tonnerre ou de l’ange le buccin

Que l’on entend gronder, couvrant la Terre entière ?


À la femme :


Va ! Tu es pardonnée de ce que tu as fait.

Mais surtout souviens-toi de ne dire à personne

Ce que nous fîmes ici : il faut taire en effet

Le sacrement secret, car c’est Dieu qui l’ordonne.


Souviens-toi bien, ma fille : un châtiment divin

Frappe instantanément sur quiconque révèle

La rédemption de chair que nous aurions en vain

Pratiquée : cette bouche, il faut qu’on la muselle.


Elle


Rassurez-vous mon Père, un silence de plomb

Entourera demain votre humble paroissienne.

On ne saura que sous mon collant de nylon

Fut la virginité dont un prêtre a fait sienne.


Voulez-vous de mon aide à nettoyer ces lieux ?

Il est déjà fort tard et je sens la fatigue

Emplir discrètement des poches sous vos yeux.

Évitons le désordre et que quelqu’un s’intrigue.


Prêtre


Non ! Je t’en prie, va-t-en, retourne donc chez toi !

Plonge dans le sommeil, le repos, l’amnésie.

Trouve dans le confort de ton lit, sous ton toit,

Le moyen d’oublier toutes ces frénésies.


Elle


Je me vais vous quitter tout en vous remerciant :

Par votre sacrement vous m’avez libérée

D’un péché fort sérieux : vous être l’officiant

Qui sut absoudre une âme enfin exonérée.



Scène 5

Le prêtre, seul.


Prêtre


Tiens ! Elle a oublié l’un de ses vêtements

Qui traîne sur l’autel : sa petite culotte

Portant la trace intime où le suintement

De miel exquis de fille en du coton mijote.


Il porte la culotte à son nez et la hume longuement.


Oh ! C’est tellement fort ! Cette lubricité

M’a conduit à commettre, ici, dans mon église

Les pires violations, blasphèmes, atrocités

Imaginables : enfin cela je réalise !


Comment pourrai-je encore en ce lieu célébrer

La messe du dimanche au milieu des fidèles ?

Les hosties saigneront, les vitraux vont vibrer,

Et l’on verra du sang sur les murs qui ruisselle.


Surtout cette donzelle au cœur encore si pur,

Je l’ai manipulée afin d’obtenir d’elle

Un assouvissement de mon désir obscur

Faisant de moi un prêtre à mon vœu infidèle.


C’est sûr ! Elle dira ce que nous avons a fait,

Ne pouvant bien longtemps conserver le silence.

Elle révélera mes lubriques méfaits :

J’entends déjà des bruits toute la virulence.


Dès demain la rumeur envahira partout

Dans les conversations des gens de la paroisse.

Cette réputation qui était mon atout

Sera brisée : je sens que me gagne une angoisse.


Jamais je ne pourrai affronter les regards

Des gens qui jugeront toutes ma turpitude.

Même s’ils resteront pleins de mielleux égards,

Je ne supporterai pas leur sollicitude.


Lors, traîné dans la boue, la honte et le mépris,

Chacun chuchotera d’un médisant murmure :

Quel est cet hypocrite au mensonge surpris

Qui promeut la vertu mais vit dans la souillure ?


Il faudrait qu’à genoux je demande pardon

À cette femme que j’ai salie de luxure.

Jamais elle ne voudra consentir à ce don :

De sa vengeance alors j’essuierai la morsure.


C’est trop pénible : je ne puis tant m’avilir.

Je préfère mourir sans la vieillesse attendre.

Saisissons cette corde et nouons sans faiblir

Un nœud serré. Glissons enfin dans la nuit tendre.


La corde du clocher fera ma pendaison.

Les gens me jugeront d’une façon sévère,

Surtout le sacristain voyant ma bandaison

En découvrant mon corps. Là finit mon calvaire.


Il est temps de jeter ce masque grimaçant :

Ma vie n’aura été qu’absurde comédie.

Je n’ai jamais été le bon prêtre innocent ;

Ma vocation n’est que risible parodie.


Ô toi, chouette harfang, entends mon désespoir

Dans cette nuit où Dieu a repris l’espérance,

Toi qui fus de mon âme agitée le miroir.

C’est heure de tirer enfin ma révérence.


Allons, il n’est plus temps à présent de sursoir

Au destin maléfique où triomphe le vice.

Adieu ciboire, adieu goupillon, ostensoir :

Il faut boire à présent le très amer calice.


Suis-je un prêtre éromane, un pervers obsédé

Par le corps d’une femme, un cinglé de la fesse,

Ou un servant de Dieu dont l’esprit a cédé

Dans la nuit, trahissant son ancienne promesse ?


Le vœu de chasteté n’a vaincu mes pulsions,

Voire même les a beaucoup exacerbées.

Voici que dans la nuit, mue par une impulsion,

Une digue est rompue, trop longtemps inhibée.


Il n’est pas d’innocence, et le péché est roi.

Saint Paul avec raison se méfiait des femmes.

Me restent cette odeur et tant de désarroi :

J’ai vu dans un regard l’image de mon âme !


Je m’en vais mourir nu pour qu’on sache demain

Que j’ai tout bafoué, tout souillé de luxure,

Afin de prévenir que le penchant humain

Entraîne vers le stupre et l’y laisse en pâture.


Une dernière fois humer le vêtement

Porté par une fille. Ô senteur délicieuse !

C’est mon verre de rhum. J’ai un picotement

Dans mon sexe avant que la mort soit victorieuse.


Que cette nudité, marque de pauvreté,

Témoigne en vérité de l’insigne misère

Où se trouve mon cœur et la grande âpreté

De se voir dévêtu sous une vraie lumière.


Pour toute sépulture, il n’y aura que crachats

Pour accueillir celui d’où le scandale arrive.

Il ne peut y avoir ni pardon ni rachat.

Maintenant des vivants il faut qu’on me proscrive.


Il se pend.



Scène 6

Le prêtre, la jeune femme.

La femme entre et coupe immédiatement la corde.


Elle


J’arrive juste à temps, et il n’est pas trop tard

Pour couper cette corde, empêcher la folie

De te prendre la vie, mon bon père fouettard,

Car la peine de mort, sais-tu, est abolie.


Tu as failli aller dormir sous les cyprès

Pour toujours bien que j’aie fait usage d’une arme :

Ma petite culotte « oubliée » tout exprès

Pour te faire apprécier encore un peu mes charmes.


Je suis restée tout près, mue par une intuition

Me soufflant qu’il fallait que j’évite le pire.

Je ne me résous pas à ta disparition.

Tu es toujours vivant : soulagée, je soupire.


Prêtre


Certes j’ai survécu, mais dans la confusion :

Je ne sais plus que dire à toi que j’ai conduite

Aux pires subversions. Suivant mon impulsion,

Perversions et débauche ont ma noirceur traduites.


Elle


Tu évoquais le Diable au moment du plaisir

Lorsque sur ton autel je m’adonnais aux joies

De la masturbation. Tel était ton désir :

Voir sous la volupté mon corps nu qui ondoie.


Mais non, tu t’es trompé : c’est le feu de l’Esprit

Qui embrasait ton cœur pour le corps d’une femme.

Il t’a parlé toujours mais tu n’as rien compris,

Et tu l’as refoulé comme un désir infâme.


Prêtre


Je n’ose demander, même à genoux, pardon

Pour tout ce que j’ai fait pour pervertir ton âme.

La mienne est corrompue, et je t’en fais le don.

Si tu la veux, prends-la ou détruis-la de flammes.


Pourtant, c’est impossible : il faut bien que le mal

Retombe ainsi sur moi et qu’enfin tu te venges.

J’accepte ta vengeance. Allons, c’est bien normal :

Ce n’est impunément qu’on subvertit les anges.


Pourquoi as-tu tranché ce garrot qui, fatal,

M’aurait exécuté afin que la justice

Soit achevée et que le serrement létal

Abatte un débauché tout imprégné du vice ?


Cette mort est trop douce, et tu veux torturer

Celui qui a commis trop d’horribles violences

Pour avoir un trépas sans les affres endurer ?

Soit ! Je me livre à toi et mourrai en silence.


Elle


Je vois : la perspective – ou l’envie ? – que mes doigts

S’occupent de ton corps d’une façon extrême

Exacerbe très fort ton désir et tu dois

Admettre franchement que c’est ce que tu aimes.


Pourquoi pas ? Je veux bien, quand nous serons ensemble,

M’adonner avec toi aux excitants délices

De la domination qui te plaît, il me semble.

Je saurai t’appliquer de palpitants supplices.


Car nous vivrons ensemble, et mon appartement

Accueillera nos joies. Je veux que tu défroques.

Ta soutane est l’obscur et triste vêtement

Que tu devras quitter : elle me semble en loques.


Elle est l’image de l’ancienne vocation

Qui t’a conduit ici aux folies sexuelles.

Celles que j’ai subies – ta « sanctification » –

Nous les poursuivrons de tendresses mutuelles.


Vois-tu, j’aime les hommes : c’est toute ma passion.

Mon corps t’accueillera : je suis creuse et profonde.

Nous la vivrons à deux, l’aimable occupation

De nous faire l’amour sans gêne pudibonde.


Quand je t’ai vu ici, beau, en train de prêcher,

Je t’ai voulu pour moi : oui, je suis égoïste.

Pour te posséder, rien ne doit m’en empêcher.

Allons ! La chasteté : quelle idée passéiste !


Prêtre


Que deviendrai-je alors ? Moi qui suis respecté

Comme le parangon de la stricte morale :

J’entends déjà les gens, rieurs, se délecter.

Je me rêvais évêque : adieu, la cathédrale !


Tiens ! Pas plus tard qu’hier, ici j’ai refusé

À un couple qui est remarié l’hostie.

Puis ils sont repartis, contrits, désabusés

Car il n’est pour cela fait aucune amnistie !


Un pouvoir bâti sur la culpabilité,

Qui se paye de mots, pour les dévots flatteuse,

Tenant pour un péché la sexualité

Car toute volupté est abjection honteuse.


Le système est parfois inhumain et cruel ;

J’ai vu excommunier une fille avorteuse

Afin de conserver toujours je ne sais quel

Empire vieillissant : sa morale est odieuse.


Notre loi prime tout : nous sommes intransigeants.

Qu’importe si la fille avait été violée.

L’Église se soucie parfois bien peu des gens.

À neuf ans une foi fut au dogme immolée. (13)


L’emprise sur les gens est basée sur la peur

De l’enfer, du mystère et de la destinée :

C’est une hégémonie dont le discours trompeur

A fait que la conscience humaine est piétinée.


Elle


Tes fidèles d’ici ne te méritent pas :

Tu vaux mieux que cela, et tes pulsions viriles

Ont parlé mieux que tout discours, car les appas

De ton corps ne sont pas pour ces doux imbéciles.


Alors je te pardonne, à supposer qu’un mal

Ait pu être commis, car j’étais consentante

À tout ce que tu as, d’un délire animal,

Pratiqué sur mon corps quand j’étais pénitente.


Cependant ne vas pas croire que j’ai menti

En tout point : j’ai vraiment fantasmé sur ta verge

Tout en me masturbant, et je te garantis

Que j’ai eu du plaisir, mais j’étais encor vierge.


Puis j’ai eu en tes bras d’intenses voluptés

Qui dans tes jeux pervers ont été attisées,

Bien plus profondes que tout ce que j’escomptais :

J’étais offerte nue, béate, érotisée !


Tu méconnais l’humain dont le cœur est profond,

Si profond qu’il permet tout l’amour qui se donne.

Étrangement, ce sont les religieux qui font

Les plus mauvais servants du feu de nos hormones.


Prêtre


Comment quitter l’habit que j’ai tant habité

Qu’il fait partie de moi ? Je suis homme d’Église :

C’est ma seconde peau. Il dit la probité

De qui le porte : en lui, Dieu se matérialise.


Comment me résoudre à perdre le lien social

Que donne la mission saturée de prestige

De curé qui me fait roitelet paroissial ?

Non ! À perdre cela, il me vient un vertige.


Elle


Préfères-tu la corde ? Il n’est pas, non, trop tard

Pour refaire le nœud qui enserrait ta gorge.

Notre échange n’aura été qu’un avatar

De ton destin qui va vers l’infernale forge.


Si tu veux je pourrais aussi te crucifier

Pour imiter le Christ au milieu de l’église.

Tu seras suspendu sur le bois, gratifié

De clous à tes poignets, parfaisant l’autolyse.


Plutôt que de fixer les pieds, il serait mieux

De planter la sédile au milieu de ce stipes ; (14)

Pénétrant ton anus, le pervers petit pieu

Se glissera ainsi jusqu’au fond de tes tripes.


Ce serait excitant : je te verrais bander

Jusqu’à la mort par une action sur ta prostate.

Sans vouloir cependant ici te commander,

C’est mieux que le poison qui a occis Socrate.


Je me caresserais en te voyant mourir,

En allant à l’orgasme alors que tu expires,

Sachant que j’aurais pu des années te chérir.

Mais des deux destinées tu choisirais la pire.


J’aime à parler ainsi, car ces insanités,

Toi, tu les imagines avec moi dans un rêve.

Souviens-toi que tu as pris la virginité

Qu’ici je t’ai offerte : une ère qui s’achève.


Refuse si tu veux l’amour qui t’est offert,

Retourne à tes sermons : je verserai des larmes,

Et toi tu répandras la peur de Lucifer,

D’un Dieu ressemblant à un céleste gendarme.


Où est-il cet habit ? Car je te vois tout nu,

Un phallus magnifique au milieu de tes cuisses.

Il indique midi, et mon doigt ingénu

Joue pour que ton désir demeure et ne s’enfuisse.


Reste-t-il quelques forces à l’organe viril

Pour que ma tendre main doucement le masturbe ?

Que j’aime à contempler en dessous du nombril

Une verge tendue que des doigts je perturbe !


Courage, mon ami : sois fort et soit vaillant :

Je veux que tu m’arroses encore du liquide.

C’est ta vie que tu dois gagner en travaillant,

Dans la lubricité qui doit être ton guide.


Prêtre


Ta main me caressant tue toute volonté.

Mon trépas surviendra bientôt de l’épectase.

Non, je ne pourrai pas, c’est fini, surmonter

Ce mouvement qui fait que tout mon corps s’embrase.


Je me mets à genoux, dénudé, à tes pieds :

C’est une reddition sans condition aucune.

Le passé est passé : il me faut expier,

Et je ne garderai pas pour toi de rancune.


Vois comme j’éjacule à tes jolis orteils.

Oh ! Que la Femme est douce, aux exquises canines !

J’ai dormi tant d’années ! Mais voici le réveil :

Je vais m’abandonner aux grâces féminines.


Elle


Toi, tu es bien joli, soumis ainsi qu’un chien

Quémandant des câlins aux pieds de sa maîtresse.

Tu n’es plus à l’Église à présent : tu es mien.

Dorénavant c’est moi qui serai ta prêtresse.


Les années d’abstinence où le dur célibat

T’a contraint à stocker des litres de semence

Sont finies : aujourd’hui, j’ai gagné le combat ;

Il est temps de combler ta frustration immense.


Prêtre


Je t’honore à genoux, général victorieux,

Me ferai le soldat de ta concupiscence,

Conquis, obéissant à ton désir furieux :

Tu disposes de moi, je t’en donne licence.


À force de fournir, ma prostate fait mal,

Mais mon désir n’est pas rassasié encore.

Je veux aller au bout du rut paroxysmal

Tandis que ma bouche à tes dix orteils picore.


Veux-tu me traire encore et aller jusqu’au bout

Du bout de ma réserve ultime de semence ?

Pour toi je resterai toute la nuit debout

Jusqu’aux frontières extrêmes où guette la démence.


Je ressens le besoin de me faire punir

Dans le but d’expier d’une façon charnelle.

Inflige des tourments jusqu’à n’en plus finir,

Toi que j’ai confondue avec la douce agnelle.


J’ai abusé de toi, ou du moins je l’ai cru.

Tyrannise à ton tour celui qui le mérite,

Car mon désir de toi s’est plus encore accru

Quand tu m’as révélé ce que ton cœur abrite.


Elle


En veux-tu donc encore ? Pourquoi pas, après tout ?

Nous avons tout le temps, la nuit n’est pas finie.

Pour nos passions, ce lieu a encor des atouts

Pour ensemble occuper nos heures d’insomnie.


Elle réfléchit un instant, puis fouille dans son sac à main

pour en extraire un long godemiché que l’on peut fixer à la ceinture.


Renonce à Jésus-Christ ! Tu dois dire au revoir

À celui qui longtemps a dirigé ta vie.

Avant de t’en aller, il est de ton devoir

D’honorer cette croix que tu as tant servie.


Devant le crucifix, tu dois t’agenouiller :

Penche-toi bien courbé afin que je t’encule.

Car le godemiché, de lubrifiant mouillé,

Que j’ai à la ceinture en ton anus bascule.


Le phallus de plastique ajusté au bassin,

Voici que je t’encule ainsi qu’un pédéraste.

Pour ta fierté de mâle entends-tu le tocsin ?

Car c’est bien ton anus que mon gourdin dévaste.


La sens-tu cette tige explorant ton rectum ?

Il est juste à présent que je te sodomise

Après avoir été baisée ad libitum

Car ici le latin, forcément, est de mise.


Remarque, je n’ai rien contre ceux qui sont gays :

J’ai parmi mes amies quelques-unes lesbiennes.

L’amour se moque bien des genres homologués,

Des organes qu’on a sous la toison pubienne.


D’ailleurs, j’ai pratiqué quelques jeux caressants

Ici même, sais-tu, avec la jeune nonne

Arrivée du Mali : ce fut réjouissant

D’échanger des câlins ; elle était très mignonne.


Je lui ai proposé de lui masser le dos

Qu’elle avait fatigué après son long voyage,

Ce qui a éveillé alors sa libido

Préludant de mes mains un coquin titillage.


Elle a beaucoup aimé le doux effleurement

De l’index tout autour de sa rosette anale.

J’ai continué le câlin folâtrement,

Glissant un doigt dedans la gaine vaginale.


Elle avait de beaux seins sensibles et gracieux

Qu’elle m’a laissé lécher en s’offrant toute nue.

Nous nous sommes adonnées à ces jeux audacieux :

C’est la récréation la plus douce connue.


Puis elle est retournée à ses occupations.

Mes joies sont variées : je suis bisexuelle.

Mais à toi, je te voue aujourd’hui ma passion,

Et ma fidélité sera continuelle.


L’autre jour j’ai surpris notre jeune bedeau

En train de sa branler. Où ? Dans la sacristie !

Il est, des très gros seins, un aficionado,

À croire sa revue cachée près des hosties.


Lui qui ne jure que par Jean-Paul le second

Apprécie aussi les plantureuses tétines.

Ces filles avaient beaucoup monde à leur balcon

Pour ce pauvre garçon qui prêtre se destine.


Je lui ai proposé aussitôt de l’aider

Tu me connais, je suis quelqu’un de charitable,

En glissant le pénis du gentil obsédé

Entre mes deux mamelles à ses yeux convoitables.


Il m’a vite laissé son fluide masculin,

Commémorant ainsi la branlette espagnole,

Me remerciant d’avoir expurgé son trop-plein

De semence essuyée d’un coin de ton étole.


Mon récit te plaît-il ? J’ai quelques souvenirs

D’aventures à l’église absolument torrides.

Ce lieu est accueillant : j’aime bien y venir.

Et puis, tu es tout triste, alors je te déride.


Prêtre


Quand je t’entends conter tous ces événements

Dont j’étais demeuré en totale ignorance,

Ces annales érotiques ont souverainement

Le don de m’exciter : je t’en fais l’assurance.


Je caresse ma verge, et un orgasme sec

Me déchire un peu plus de façon effrayante.

Si, certes, ma prêtrise aboutit à l’échec,

Sa fin est néanmoins une orgie flamboyante.


J’ai épuisé pour toi tous mes fluides salés :

Jusqu’à la goutte ultime et des larmes et du sperme.

Bientôt c’est la sueur que tu sens s’exhaler

Qui va s’évaporer par tout mon épiderme.


Elle

Tendrement, elle lui présente un sein qu’il fait semblant de téter.


Pour apaiser ta soif, abreuve-toi de l’eau

Que je t’apporte ici et qui te réconforte,

Toi dont le sacerdoce est au bout du rouleau

Et dont tous les mensonges à présent t’insupportent.


Si tu bois de cette eau, tu n’auras jamais soif : (15)

C’est celle d’un amour puissant et véridique

Qui te prend dans les tripes et le cœur, et décoiffe.

Mais il faut pour cela que ton ego abdique.


Prêtre


Que veux-tu ? Je te donne en ma nuit tout mon corps ;

Fais-en ce que tu veux : je m’offre en nourriture,

À l’instar de Jésus, qui juste avant sa mort

S’est donné tout entier, de lui-même, en pâture.


Prends-moi totalement, fais de moi ton jouet :

Je serai la poupée de ton jeu érotique.

Toi que j’ai essayé bêtement de flouer,

Mais je fus – je le sais maintenant – pathétique.


Elle


Cela ne suffit pas : je veux aussi ton cœur.

Je te donne le mien qui est fort et sincère

Car il aura fallu que l’amour soit vainqueur

Pour t’ouvrir ce carcan clérical qui t’enserre.


Je ferai découvrir ma vraie féminité

À toi qui as voulu accéder à mes charmes

De perverse façon. Bientôt l’infinité

Des rapports amoureux effaceront tes larmes.


Tiens, ta soutane est là ! Mettons-y donc le feu :

Sur le cierge pascal il est joyeux qu’elle brûle.

Je cacherai les cendres aux tréfonds de l’enfeu (16)

Pour qu’il n’en reste plus la moindre molécule.


Une page se tourne ; allons, viens, prends ma main :

Nous allons vivre à deux d’une façon modeste,

Mais nous aurons de beaux et tendres lendemains.

Oublie donc cet habit : l’hypocrisie l’infeste.


Nous irons dans les rues où toi, tu seras nu.

La nuit protègera la passion érotique

Que nous partagerons d’un coït continu :

L’amour nous guidera comme un doux viatique.


Dès demain nous ferons, réunis, un enfant,

En attendant bientôt une célébration :

Ce sera un mariage au printemps triomphant

Qui verra notre union dans sa consécration.


Un bel après-midi, en nous tenant la main

Nous serons mariés par l’un de tes confrères

Pour parcourir à deux notre amoureux chemin,

Inventer pour nos vies un tendre itinéraire.


Prêtre


Cela ne se peut pas, car je serai chassé

De l’Église à jamais : sauf exceptions très rares,

Les prêtres défroqués ne peuvent embrasser

Devant l’autel : cela offenserait la tiare. (17)


Nous vivrons dans l’amour et dans la pauvreté,

Cachés de l’ancien monde où j’ai connu ma gloire.

Tu sembles méconnaître un peu la dureté

De cette institution à la très longue histoire.


Les hommes comme moi se retrouvent exclus

De leur ancien milieu, condamnés au chômage.

En dehors de l’Église, il n’est point de salut :

C’est une trahison dont je paierai l’outrage.


Elle


Crois-tu ? Je saurai bien, comme toi dans la nuit,

Convaincre et rallier très bientôt notre évêque.

Celui-ci devra bien nous fournir son appui

Afin que de lever l’ennuyeuse hypothèque.


Ils s’embrassent amoureusement.






Acte 3

Scène unique

La jeune femme, l’évêque, dans le bureau de celui-ci.


Elle


Monseigneur, je connais votre réputation

D’évêque intransigeant concernant la morale.

Vous vous battez souvent contre l’infestation

De notre société qui est trop libérale…







(1) catilinaire : discours véhément. Retour

(2) sataner (argot) : frapper violemment (fr.wiktionary.org). Retour

(3) Genèse 38, 6-10. Retour

(4) Samuel Tissot (1728-1797), médecin suisse, connu pour être l’auteur d’un essai sur les dangers de la masturbation, L’onanisme, qui a connu un énorme succès avec 63 éditions (wikipedia.org). Retour

(5) Lévitique 15, 19-33. Retour

(6) nyctéa : nom scientifique de la chouette harfang. Retour

(7) attrition : contrition imparfaite fondée sur la seule crainte des châtiments éternels. Retour

(8) fouger : creuser et explorer le sol. Retour

(9) Jean 13, 1-17. Retour

(10) Genèse 19, 31-38. Retour

(11) componction : tristesse profonde éprouvée à l’idée d’avoir offensé Dieu (cnrtl.fr). Retour

(12) manuterge : petit linge d’autel avec lequel le prêtre s’essuie les mains au début de l’Eucharistie. Le purificatoire, un peu plus grand, sert à essuyer les vases sacrés après la communion. Retour

(13) En 2009, un évêque brésilien ultraconservateur a excommunié une fillette de 9 ans pour avoir interrompu sa grossesse alors qu’elle avait été violée par son beau-père. Sa mère et les médecins ayant pratiqué l’avortement ont également été excommuniés, mais pas le violeur, car « le viol est un péché moins grave que l’avortement », affirme l’évêque. Pour plus de détails, voir http://www.liberation.fr/monde/2009/03/11/l-excommunication-qui-choque-le-bresil_544161. Retour

(14) stipes : partie verticale de la croix. Retour

(15) Jean 4, 14. Retour

(16) enfeu : niche à fond plat pratiquée dans un édifice religieux et destinée à recevoir un sarcophage, un tombeau ou la représentation d’une scène funéraire (cnrtl.fr). Retour

(17) tiare : coiffe papale, et par métonymie, l’autorité du Pape. Retour