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Temps de lecture estimé : 11 mn
13/10/15
Résumé:  Rencontre entre une timide libraire et un timide lecteur.
Critères:  f h magasin revede ffontaine fmast hmast fellation fsodo init
Auteur : Antoine Leprince      Envoi mini-message
La timide libraire

« Sera-t-il encore là aujourd’hui ? » Depuis un mois, elle l’attend comme presque tous les jours. À la sortie de son travail, il passe par la librairie, cet élégant jeune homme. Presque tous les jours. Presque…

Alors elle l’attend ; elle l’espère… tous les jours.


Il entre, timidement, comme dans un magasin de porcelaines. Sa grande silhouette longiligne se faufile entre les étals de livres. Il semble en prendre un au hasard, lit la quatrième de couverture, ouvre et lit quelques pages au hasard. Il entrouvre plus qu’il n’ouvre ces livres, avec précaution. Et puis il le repose, en choisit un autre, revient au premier, relit un passage au hasard, le repose… et ressort.

Il n’a jamais rien acheté… mais est toujours revenu.


Alors elle l’attend. Elle aime bien attendre.

Depuis toute petite, elle aime cette incertitude de l’espoir et de l’attente.


Avec lui, elle est entrée dans l’espérance. C’est encore plus fort. Elle sait qu’il va revenir. Mais quand ? Alors à chaque tintement de cette horrible clochette accrochée en haut de la porte, elle se contient pour ne pas précipiter son regard et son désir de lui vers cette porte. Déjà du désir. Très confus. Pourquoi lui ? Parce qu’il est particulier, comme sorti d’un roman.

Presque tous les jours, il entre dans cette librairie, feuillette, lit, repose, refeuillete, relit… et ressort.


Elle aime cette horloge qui égrène les heures qui le ramènent à elle. Toujours la même heure… ou presque. Alors elle l’attend. Pour quoi faire ? L’observer encore du coin de l’œil ?

Pour le voir encore entrer, tourner et repartir ?


« Il faudrait lui parler. » Mais elle ne sait pas bien parler. Surtout aux garçons.

C’est pour ça qu’elle lit. Beaucoup. C’est tellement facile dans les livres. Les héros savent toujours quoi dire. Mais elle, elle ne sait pas bien parler. Surtout aux garçons.

Alors elle tourne en rond dans sa librairie, entre toutes ces histoires…


« Il faudrait lui parler. Mais de quoi donc ? De livres, pardi ! » Oui, c’est ça. Elle va lui parler de littérature. C’est une bonne idée pour une libraire timide. Elle va lui parler de livres. Mais pas de ceux qu’elle aime. Elle n’oserait pas. Elle lui parlera d’actualité littéraire. C’est moins personnel.


Les livres qu’elle aime ne sont pas dans la vitrine. Ils sont au fond du magasin. Dans une petite étagère. Quelques grands auteurs, d’autres moins, avec tous en point commun de parler d’amour.

Pas des romans à l’eau de rose ; des romans à l’eau de vie.


Elle est comme ça, notre libraire : elle vit dans des livres pour se protéger de la vie.

Elle les as tous lus, les classiques et les modernes.


Elle a rougi de honte et de plaisir. Elle a joui aussi.

Car elle aime jouir, notre libraire. Mais sans bruit. À peine son souffle qui s’accélère et ses doigts qui se crispent.

Après, elle referme le livre et le remet dans la petite étagère, tout au fond du magasin.

Le livre porte son parfum. Celui de ses doigts, celui de sa jouissance. Alors quand un lecteur ou une lectrice lui achète cet exemplaire, il emporte un peu de son bonheur fugace entre les pages de ce roman ou de cette poésie.


« Il faudrait lui parler. » Elle veut oser lui parler. Il est si différent. Un peu comme elle.

C’est décidé ! Ce soir, elle lui parle.


Et les minutes passent. Le temps s’allonge. La nuit se profile sans que le profil attendu ne fasse tinter la petite clochette de notre jolie libraire. Parce qu’elle jolie, notre libraire. Elle ne le sait pas. Elle ne l’a jamais lu dans le regard d’un homme, elle ne l’a jamais entendu dans le soupir d’un homme.

Elle n’entend que les siens, de soupirs. Étouffés.


La nuit est tombée dans le fracas du rideau de fer. Il vient presque tous les jours… mais pas ce soir où elle était décidée.

Pendant que la patronne fait tinter le tiroir-caisse, elle s’éclipse comme une ombre, par l’arrière-boutique. Dans sa poche, un essai.


Elle rentre chez elle, sans bruit, sans faim, juste le tintement de sa petite clochette, son sexe qui réclame une caresse. Alors elle s’allonge sur son petit lit et entreprend de trouver dans ce livre les mots d’homme qui lui manquent tant.


L’homme bouscule la femme. Ils sont en sueur dans cette forêt ; il la sodomise avec rage pendant qu’elle se branle. Elle crie son plaisir pendant qu’il éjacule dans son cul.


Ces mots la font décoller. Son index effleure son clitoris.

Pas un bruit, à peine un souffle.

Ses petits seins sont tendus, les tétons lui font mal. Ils réclament la bouche d’un homme.

Elle jouit en silence ; un jet brûlant s’échappe de son ventre.

Alors seulement elle plonge ses doigts dans son plaisir. Elle caresse ensuite la tranche de ce livre, comme une femme caresse un sexe d’homme après l’amour.


« Sera-t-il encore là aujourd’hui ? »


Les heures passent. L’heure arrive… et il revient.

Elle en tremble. Il entre comme une ombre, ouvre un livre, le referme, passe à un autre. Elle voudrait entrer dans un roman pour que l’auteur lui dicte sa conduite. Elle voudrait s’approcher de lui en silence. Par derrière. Poser ses mains sur ses hanches. Puis l’enlacer. Se coller à lui. Presser la pointe de ses seins contre son dos, sentir son parfum, et déjà presque jouir…


Puis passer devant lui en suivant son cou, en s’y perdant. Descendre lentement à genoux devant lui. Caresser son sexe au travers de l’étoffe, comme elles font dans les livres. Le sentir durcir pendant qu’elle se sentirait humide. Alors enfin, très délicatement dégager ce trésor, le porter à sa bouche. Le laisser s’épanouir, le sentir devenir un homme entre ses lèvres, et le sucer pour boire enfin cette liqueur tant attendue.


Elle s’approche de lui, la gorge nouée.



Il a sursauté. Elle en est sûre. Elle l’a senti dans sa chair.



« Il va s’envoler. Il faut lui parler encore. »



À peine la question est-elle posée qu’elle sent le sol se dérober. « Nooon, pas cette question. Trop intime. » Elle ne voudrait pas qu’on la lui pose. Pas qu’on lui parle d’elle.

Et pourtant elle a tellement envie de lui parler d’elle ! De ses seins durs de désir. Voilà des semaines qu’elle l’observe presque tous les jours… et qu’elle jouit en pensant à lui, absolument tous les soirs.



Alors elle l’entraînerait vers l’étagère du fond : en voilà, de l’aventure ! Elle se voit le chevauchant dans la réserve, juste derrière cette petite porte…

Mais non…



Elle le regarde dans les yeux ; elle voit son trouble. Est-ce du désir, de la pitié, de la timidité qu’elle lit dans son regard ?



Il prend le livre qu’elle lui tend. Leurs mains se frôlent. Qu’il doit être bon de sentir ces doigts d’homme sur ses seins… Elle prolonge l’instant. « Encore une seconde, Monsieur le bourreau ! »



Ce n’est pas un rêve. Cet ange lui a parlé… et il reviendra encore.


Elle reste debout, tremblante, tandis qu’il s’éclipse vers la caisse et la sortie. Un battement d’aile et il est parti.


Son ventre l’appelle, ses seins lui font mal. Elle se précipite dans la réserve toute proche. Elle plaque son sexe contre le coin de la petite table. Juste à la bonne hauteur. Le livre d’un auteur à succès caresse maintenant son clitoris. Elle ne fait que s’appuyer contre le coin de la table… et le plaisir arrive. Un éclair, et elle sent la jouissance couler sur ses cuisses.


Ils se sont parlé. Enfin…


Il vole sur ce trottoir mouillé d’un pas léger.

Il est entré un soir dans cette petite librairie de quartier. Il ne l’a pas vue tout de suite. Une ombre parmi les rayons. Mais quelle douceur. Un visage fin, des yeux timides, une chevelure sage, une tenue neutre et floue ne mettant rien en valeur de cette beauté fragile.


Voilà des semaines qu’il vient presque tous les jours pour la voir. Pour acheter des livres aussi, sa passion. Mais il n’ose pas. Il a peur qu’elle l’accompagne à la caisse et qu’ils soient obligés de se parler. Timidité maladive.


Elle est venue à lui. « Le premier pas, j’aimerais qu’elle fasse le premier pas… » Cette chanson lui revient. Était-ce un premier pas… ou a-t-elle juste fait son travail de vendeuse ?

Non, elle n’avait pas un regard de vendeuse.


Alors il rentre chez lui, et seul dans son petit studio il disperse son désir pour elle, en silence et en tremblant.


Il va revenir, c’est sûr. L’espérance. Quelle belle attente !

Elle est encore récompensée.


Sait-il qu’il l’a fait jouir à quelques pas d’ici ?

Sait-elle que dans son songe elle recueillait sa semence dans sa bouche ?




Le lendemain




Elle se mord les lèvres. D’où lui est venue cette répartie ?



Il lui prend la main délicatement.



Et il part, emportant un livre au hasard.

Le cœur battant, ils se séparent, dans l’espérance du lendemain.




Le lendemain




Il s’exécute. Elle lui a parlé avec tellement de douceur… et il aime ça, la douceur. Surtout celle des filles. Mais il ne sait pas s’y prendre…


Il lit à haute voix les écriteaux de chaque étagère : policier, oui ; historique, oui ; ésotérique, non, et ainsi de suite. À la fin de ce tour sur lui-même, ne reste plus que la petite étagère au fond, à côté de la réserve.

Une étagère sans étiquette.



Elle est rouge de confusion et de désir. Elle sent son fruit s’ouvrir, ses tétons durcir à l’idée de toutes ces jouissantes lectures.



Elle lui répond à voix basse en chuchotant :



D’une main tremblante, elle se saisit d’un livre, celui qu’elle a parfumé avant-hier soir de sa jouissance.



Elle rentre chez elle après avoir emprunté un autre exemplaire de ce recueil. Elle l’imagine lisant ces mots. Elle le devine ému par ce qu’il lit ; elle l’espère troublé parce que c’était son conseil à elle… et qu’il doit lui faire un compte rendu de lecture.


Alors en même temps que lui, elle glisse une main entre ses cuisses.

La main entière, et elle soupire bientôt… en silence.




Le lendemain




Elle tressaille. « Lire d’une traite… quelle image ! » Elle voit un jet brûlant et odorant… et ses seins se tendent.



Ils sont maintenant devant l’étagère ; le magasin est désert à cette heure, la fermeture est proche. D une voix tremblante il ajoute :



Il sort le livre, l’ouvre à cette page qui porte sa signature et le lui tend. Elle le porte à sa bouche, le regardant dans les yeux. Elle embrasse cette page bénie et hume son parfum.



Elle voudrait lui prendre la main, l’emmener dans la réserve et qu’il la prenne sur cette petite table. Lui aussi voudrait l’emmener dans la réserve et la prendre sur cette petite table.



Et il sort.

Vite, elle range ses affaires et la voici sur le trottoir, heureuse sous la pluie d’automne. Elle porte contre son sein ce livre parfumé. Elle avance d’un pas léger quand une ombre la rattrape.



Elle lui prend la main, tendrement, et ils partent écrire leur roman.


Ils montent en silence l’étroit escalier qui mène aux chambres de service. Galant homme, il est passé devant ; alors c’est elle qui profite de son dos.

Elle ne sait rien de lui, ils ne se connaissent pas… et pourtant.


Entré dans le petit studio, il l’enlace enfin. Ils restent ainsi de longues minutes à goûter la tendresse dans les bras l’un de l’autre.


Elle prend un livre de sa bibliothèque et commence à lire. À chuchoter, plutôt. Ils sont côte à côte sur le canapé, sa tête posée sur son épaule. Un chapitre entier sans qu’il n’ose bouger, de peur de briser la magie.

Enfin il ose caresser ses seins au travers de son chemisier. Ils sont petits et ronds. Comme il les aime.


Elle a entrepris de caresser son membre au travers de l’étoffe ; elle est immédiatement récompensée : le voilà qui bande. Grâce à elle, pour elle.

D’une main fébrile elle sort son sexe luisant de désir. Il est aussi humide qu’elle.

Qu’attend-il pour glisser la main sous sa jupe ?


Elle le caresse avec douceur, comme elle caresse son clito. Pudiquement. Deux doigts d’abord, puis de toute sa fine main elle entreprend de le faire jouir. Elle veut le voir éjaculer. Elle veut voir ce geyser naître de ses mains.


Ses mains à lui sont enfin sur son sexe à elle.

La jupe est retroussée, la culotte descendue à mi-cuisses, et il promène ses doigts agiles.


Enfin il se tend. Elle a lu ça dans les livres : il va jouir. Alors elle accélère, et il répand sa semence en longs jets puissants. Elle hésite, puis le prend en bouche pour recueillir les derniers jets. C’est chaud et salé. Il ne lui en faut pas plus pour succomber, et à son tour rendre poisseux les doigts de son presque amant.




Un an après



Il la bouscule. Ils sont en sueur dans cette forêt. Il la sodomise avec rage pendant qu’elle se branle. Elle crie son plaisir pendant qu’il éjacule dans son cul.