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Temps de lecture estimé : 19 mn
31/10/15
Résumé:  Vu les circonstances, je n'ai pas envie qu'elle sorte de mon taxi. Je lui demande de partager les prochaines vingt-quatre heures avec moi.
Critères:  f fh inconnu campagne froid douche amour fmast entreseins nopéné -occasion
Auteur : Olaf      Envoi mini-message
Pas de seconde chance

Certaines femmes, quand elles sont dévastées, se transforment en flaque de chagrin. C’est leur manière de faire naître le minimum de compassion dont elles ont besoin pour passer un cap difficile. D’autres, plus fières, ou plus endurcies, se figent dans la douleur et cachent la lutte qu’elles mènent contre l’adversité derrière un paraître impénétrable.


Lorsque Véronique s’assied dans mon taxi, le mélange entre sa troublante beauté et les ravages d’une nuit d’insomnie lui donne un air de mater dolorosa (1), sans aucun rapport avec son apparence de jeune citadine branchée qu’elle semble être en temps normal.

Elle précise sa destination d’une voix lasse. J’essaie quelques phrases anodines, histoire de détendre l’atmosphère. Peine perdue, elle ne sort plus de sa bulle jusqu’à notre arrivée.


Je me gare en double file et attends une réaction de sa part avant d’annoncer le prix de la course. Elle reste prostrée. Je découvre alors à quoi correspond l’endroit où nous nous trouvons. C’est une clinique privée, d’où les femmes enceintes ressortent le ventre cruellement vide.

Je n’ai jamais partagé la vie d’une compagne face à un tel choix. En tant que mec, il m’est d’ailleurs impossible d’imaginer le dixième de ce que cela peut signifier. Je ne peux toutefois m’empêcher d’ouvrir ma grande gueule.



Qui suis-je pour engager ainsi la conversation avec cette fille, dans cet endroit, à ce moment ? Je ne peux qu’aggraver la situation. Je m’entends pourtant proférer un truc invraisemblable alors que les premiers coups de klaxon retentissent derrière nous.



Je suis un zéro dans la comptabilité de son existence. Je ne peux lui être d’aucune aide, à plus forte raison juste avant qu’un chirurgien ne mette à sac son intimité. Et pourtant, je suis intensément là, avec elle. Nos esprits, nos corps même sont proches dans le huis-clos de tôle que son léger parfum a envahi. Par des voies détournées, le hasard fait de nous des inconnus intimes.

En d’autres temps, dans d’autres circonstances, sans les émotions contradictoires que provoque ce qu’elle porte en elle, je tenterais à coup sûr de la séduire.

À l’instant, les quelques mots échangés me désarment. Mais face à elle, face à l’immensité de ce qui se joue, je suis peut-être plus moi-même que je ne l’ai jamais été avec aucune autre femme.



Elle enferme son visage entre ses mains. Quelques minutes plus tard, elle se redresse, sans même essuyer les larmes qui coulent sur ses joues.



Elle la serre entre les siennes, désagréablement froides. Les paupières baissées, un peu moins sur la défensive, elle laisse couler ma chaleur en elle.

Elle finit par me regarder droit dans les yeux, jusqu’au fond de l’âme. Ça palpite grave dans mon thorax quand elle retire sa main, d’une manière presque caressante.



Je préfère passer sous silence les tractations que m’impose la responsable du programme chirurgical. Dans ce genre de clinique, c’est juste un job comme un autre, et ils détestent qu’on vienne mettre le souk dans leur business. J’ose espérer qu’ils seraient un peu plus respectueux et compréhensifs avec la patiente. Sauf que, justement, ce n’est pas le genre de discussion que la patiente pourrait supporter à l’instant. Donc c’est moi qui suis là, que ça te plaise ou non, et tu me donnes un nouveau rendez-vous, sinon…

Le clavier de l’ordio crépite avant que je monte sérieusement les tours. Dans ces conditions, la cheffe du planning peut éventuellement envisager quelque chose, mais je dois bien comprendre qu’il n’y aura pas de seconde chance, que ce genre de décision a été longuement discuté auparavant avec la patiente, et que le moment est particulièrement mal venu pour tout remettre en question.


Je file annoncer la (bonne ?) nouvelle à Véronique.



Grâce à un petit coin de paradis rustique que m’ont légué mes grands-parents, j’ai effectivement ça sous la main à deux cents bornes d’ici. Moyennant quelques aménagements, Véronique devrait pouvoir y lécher ses blessures dans le calme.


En attendant de la découvrir un peu mieux, trop de questions se bousculent dans ma tête. J’ai peur de la blesser en engageant la conversation. Si la jeune femme veut partager quelque chose avec moi, qu’elle prenne l’initiative. Sinon, je me contenterai de l’entourer de manière agréable jusqu’à demain matin. C’est l’envie qu’elle me donne par sa présence. Je me retranche donc derrière un silence prudent.


Après une centaine de kilomètres, sa manière de regarder dans ma direction et de jouer avec une mèche de cheveux laisse supposer qu’elle souhaite une pause. Ou qu’elle veut discuter avec moi. Ou les deux. Elle se lâche quelques kilomètres plus tard.



Je m’arrête dans le prochain village. Elle m’avoue carburer au chocolat chaud en période de doute. Je la suis dans ce choix. Lorsqu’elle se lève pour aller aux toilettes, je ne peux me retenir de contempler son corps. Elle s’en méfie et se retourne vivement au moment où mes yeux s’attardent sur sa chute de reins. Pris en faute, et assez gêné, j’essaie de m’excuser de ma maladresse.



À son retour, elle commence par déguster le chocolat par petites gorgées sensuelles. Puis elle me regarde une nouvelle fois jusqu’au fond de l’âme et pose une main sur la mienne. Apparemment une manière pour elle de lire en moi. De me décoder, ou un truc du genre. Le contact de sa peau m’électrise. Cette fois, c’est d’elle à moi que la chaleur passe.

Suivant une soudaine envie, je porte sa main à mes lèvres. Elle accepte l’attention en fermant les yeux. Puis conclut ce premier contact sensuel en caressant mon visage.

Pour la première fois, un léger sourire éclaire son visage. Elle est encore dévastée, mais ce lâcher prise laisse une toute petite place à plus de vivacité, à une expression plus apaisée, qui lui donne un charme fou.

Et qui touche bon nombre de coins secrets au fond de moi. Maintenant j’en suis sûr. Je veux les prochaines vingt-quatre heures avec elle. Toutes les prochaines minutes de toutes les prochaines vingt-quatre heures.


Sauf qu’on ne peut pas passer la journée à se regarder dans le blanc des yeux. Et dans le verbal, je me sens très sérieusement déstabilisé. D’autant qu’elle engage la discussion avec une franchise désarmante.



Je n’ose pas lui suggérer qu’en montagne, bien des pulsions inexplicables révèlent leur sens profond. Et qu’il ne me déplairait pas de lui servir de guide sur cet étroit sentier.


Nous reprenons la route et arrivons dans le village de mon enfance en fin d’après-midi. Avant de nous installer dans le mazot savoyard qui nous servira de retraite, quelques aménagements sont nécessaires pour en faire un agréable pied-à-terre. Je propose à Véronique d’aller se dégourdir les jambes jusqu’à ce qu’il fasse assez chaud dans les deux pièces du rez-de-chaussée, là où se trouve la cheminée. Je lui prête une paire de chaussures de marche à sa taille, en espérant qu’elle a un minimum de sens de l’orientation.



Elle opine, et s’excuse de son indiscrétion par un très agréable baiser sur le coin de mes lèvres. Avant de disparaître dans le soleil couchant.


À son retour, ses premiers mots concernent une envie de déguster de la chasse que l’exercice physique rend particulièrement redoutable. Elle me rappelle que c’était sa deuxième condition pour me suivre.

Indépendamment des circonstances étranges qui nous unissent, nous passons un délicieux moment de complicité pendant le repas. Connaissant le restaurant, je ne prends aucun risque gastronomique. La table ne peut que satisfaire une connaisseuse comme Véronique. Seul bref rappel du choix qui l’attend tout prochainement, elle renonce au vin. Mais avec une moue éloquente sur la nature du sacrifice qu’elle consent.


Nous nous préparons à quitter l’auberge après avoir parlé de tout et de rien, y compris plusieurs détails assez intimes, mais sans jamais avoir évoqué vraiment la raison de notre rencontre. Véronique paraît détendue, et soulagée de cette parenthèse bienvenue après une semaine douloureuse. Ce n’est que tout à la fin qu’elle revient sur l’origine de notre aventure.



Je laisse le silence s’installer entre nous. Nous sommes maintenant assez proches pour ne pas en être gênés. Après une longue réflexion, elle poursuit.



Nous parcourons le chemin entre le restaurant et notre refuge en silence. Se posent alors quelques questions d’intendance, qui prennent une importance amusante entre deux adultes consentants mais pas encore vraiment intimes. Du genre, où et dans quoi dormir, où et comment se doucher, comment sortir du lit en pleine nuit pour aller aux toilettes, que faire quand on n’arrive pas à s’endormir, ou qu’on a soif, voire des envies plus intimes.

Le séjour n’est pas très grand, et la cuisine trop froide pour y séjourner agréablement. Nous voilà donc très proches physiquement jusqu’à l’aube, à portée de phéromones et de toutes sortes de stimulations sensuelles.

J’essaie de gérer au mieux mes pulsions et l’effet que la présence d’une aussi belle femme me fait. Je lui propose le sofa, un peu plus loin du feu mais plus confortable. Puis je prépare du thé, et lui montre comment faire ses ablutions. J’ai bricolé cet après-midi une douche de fortune, avec un arrosoir et toute l’eau chaude que j’ai pu préparer sur le feu. Fine mouche, Véronique constate qu’il n’y en aura pas assez pour deux.



Elle prend ainsi la main, en quelque sorte. Avant que j’aie fini de fixer correctement l’arrosoir lourd de ses vingt litre d’eau chaude, elle s’est déshabillée, et commence à en faire de même avec moi. Avec une dextérité qui en dit long sur son habitude des joutes amoureuses, elle pèle le fruit qu’elle convoitait, moi en l’occurrence.

Elle s’amuse ensuite à alterner les surprises, en me parcourant de haut en bas jusqu’au plus intime, puis en m’offrant d’autres secrets de sa somptueuse anatomie. Elle soupire et gémit au rythme de mes caresses, s’ouvre et se ferme au rythme de son désir. Elle n’a cependant aucun geste réellement sexuel. Tout reste dans un registre sensuel et même assez ludique.

En tant que mâle programmé sur un mode génital binaire, je ne peux cependant cacher mon excitation très longtemps. Elle s’en amuse en toute simplicité, se contentant de très tendres attentions qui ne font qu’augmenter mes tensions. Après quelques compliments et une longue série d’effleurements, elle me laisse seul avec le peu d’eau chaude qui reste dans l’arrosoir.


Je la retrouve emmitouflée dans les couvertures que j’ai préparées devant la cheminée, dans l’idée d’y aller moi-même. Je vois à ses habits bien rangés sur une chaise qu’elle a choisi de dormir nue. Je le prends pour une preuve de confiance, et me couche sur le sofa.



Le traitement qu’elle m’a infligé m’empêche de m’endormir. Je reste longuement éveillé, me remémorant tout ce que nous venons de partager, l’attitude de Véronique, sa manière si touchante de retrouver un peu de joie de vivre, de partager ce qui la préoccupe. Et bien sûr, ce qu’elle m’a laissé découvrir de son corps et les émotions que sa spontanéité érotique a provoquées en moi.

Les heures s’égrènent au clocher de l’église voisine. Je flotte dans une semi-inconscience, bercé par le défilement d’agréables images ou de bribes de conversation. Qu’y-a-t-il entre nous, comment une telle harmonie, fût-elle encore très superficielle, est-elle possible entre deux inconnus, comment Véronique arrive-t-elle à faire abstraction de sa réalité, suis-je un peu à l’origine de cette légèreté retrouvée ?


Au petit matin, quelques mouvements me font sortir de ma torpeur. Il fait de nouveau plus froid dans la chambre et la jeune femme a remis une bûche dans la cheminée. Lorsque les flammes s’élèvent, je vois plus distinctement sa couche. Et les imperceptibles mouvements de son corps, sous une couverture qui met plus ses formes en valeur qu’elle ne les cache.

De toute évidence, ce n’est pas seulement le froid qui l’a réveillée. Vivifiée par la chaleur du feu, elle a commencé à se caresser. Je suis en train de me demander à quoi ressemble l’objet de ses rêves érotiques, lorsqu’elle s’amuse à me provoquer.



Je la rejoins au chaud. Elle me prend entre ses bras, caresse mon visage, mon torse, puis m’embrasse légèrement sur la bouche. Finalement, après avoir précisé n’en avoir plus pour très longtemps, elle me tourne le dos, glisse ses fesses contre mon bas-ventre, et s’offre le plaisir qu’elle recherchait avant que j’intervienne. J’ai posé mes mains sur ses seins pour l’accompagner de mon mieux. Son orgasme est discret, mais la chaleur que dégage son corps laisse supposer que la « reconnexion entre son ventre et sa tête » est intense.

Peu de temps après, elle me fait à nouveau face, avec une moue de petite fille prise en faute.



Que répondre à cela ? D’autant qu’à ce stade de nos caresses, ma tête se trouve sur sa poitrine. Je prends ses seins dans mes mains et les masse. Ils sont tendus, j’ai peur de lui faire mal. Je préfère les lécher.

Peu à peu, une envie plus précise monte en moi. Je prends un bout dur et savoureux entre mes lèvres et le tète, doucement d’abord, puis plus explicitement. Véronique gémit, se met à respirer plus fort, mais me laisse continuer. Elle finit par prendre ma tête entre ses mains, pour diriger mes lèvres vers l’autre téton. Elle s’offre voluptueusement à mes caresses, s’entrouvre, n’étouffe pas le fragile désir, vient au-devant du mien, sans s’opposer à la valeur symbolique de mon geste.


Cette forme d’intimité me fait démarrer au quart de tour. Je ne peux me retenir de bander, le membre rapidement à l’étroit contre sa cuisse. Je m’excuse vaguement pour l’incongruité de la situation. Elle m’octroie son pardon en m’embrassant à pleine bouche, longuement, profondément.

Puis elle se met à caresser mon sexe avec une dextérité inattendue. À ce stade, ce n’est d’ailleurs plus un sexe, mais une tige. Non, une queue qui palpite. Sa caresse se fait de plus en plus précise. Véronique a un don incomparable pour donner du plaisir de cette manière. Ses doigts glissent exactement là où j’ai envie de les sentir, pressent l’engin de la plus parfaite manière, vont et viennent au rythme attendu, indispensable. Celui qui me fait décoller en quelques minutes, sans espoir de retour.

D’un tour de main, elle inhibe toute envie de rester raisonnable. Je sens aux ondulations de son corps contre le mien qu’elle prend plaisir à me branler et en attend le débordement avec impatience. Aux secousses de mon ventre trop agréablement malmené répondent les mouvements de son bassin contre ma cuisse. D’une certaine manière, elle me prend en elle et partage ce qu’elle m’offre avec un plaisir non dissimulé.

Je ne vais plus pouvoir résister très longtemps. Me laisser aller me semble parfaitement déplacé, mais je ne suis déjà plus maître de mon plaisir.



Sans cesser de m’exciter, elle descend le long de mon ventre et pose ma queue contre ses seins. Je craque lorsqu’elle renverse sa tête en arrière et me demande de me lâcher sur elle.


L’orgasme est d’autant plus intense qu’elle accompagne chaque spasme, chaque giclée d’attouchements infernaux. Son cou et le bas de son visage sont rapidement inondés de mon sperme, dont elle enduit ses doigts et ses seins. Dans la pénombre, je peux la voir sourire, satisfaite de son ascendant sur moi.

Comme pour parachever cette communion impie, elle me fait goûter sur ses doigts ce qu’elle suce comme une friandise. Je préfère lécher ses lèvres poisseuses de mon jus.


Lorsque mon ventre finit par se calmer, elle se glisse entre mes bras et me serre contre elle, les mains bien à plat contre mes fesses.



Nous nous endormons avant d’avoir retrouvé assez de force pour débattre de cette question existentielle.


Le lendemain matin, nous déjeunons de bon appétit, avant de reprendre la route. Même si nous savons que cette aventure va se terminer dans quelques heures, nous ne cherchons pas à retenir les gestes de tendresse qui nous viennent spontanément.


Le voyage de retour se passe sur un mode plutôt pensif. Je sens que Véronique se pose à nouveau plein de questions sur ses désirs de femme, son avenir, ses choix inéluctables. Parfois, sans doute au milieu de pensées qui me concernent un peu plus, elle se tourne vers moi et pose sa main sur ma cuisse. À deux reprises, elle vient même se blottir contre moi, les yeux fermés, goûtant simplement au plaisir de retrouver mon corps, et quelques souvenirs sensuels qui lui sont associés.


J’avoue redouter un peu le moment de la séparation. Quelques rues avant l’endroit convenu pour la déposer, elle met fin très naturellement à notre voyage.



Quand elles sont dévastées et face aux plus intimes incertitudes, certaines femmes font naître chez certains hommes des émotions déraisonnables. Peut-être que sans cela, l’humanité serait depuis longtemps éteinte.


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(1) http : //materdolorosa. Hypotheses. Org/48