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n° 17105Fiche technique16044 caractères16044
Temps de lecture estimé : 10 mn
13/11/15
corrigé 07/06/21
Résumé:  Anna m'avait longuement raconté cette incroyable histoire. Cette malédiction qui, depuis une nuit érotique en forêt, peuplait l'obscurité d'étranges apparitions. Des présences effrayantes auxquelles elle voulait maintenant s'offrir.
Critères:  forêt nudisme anulingus pénétratio fsodo attache fantastiqu
Auteur : Christian      Envoi mini-message

Série : Obscur

Chapitre 03 / 03
La nuit

Dans les épisodes précédents : La malédiction et L’offrande


Anna m’avait longuement raconté cette incroyable histoire. Cette malédiction qui, depuis une nuit en forêt qu’elle avait voulue érotique, peuplait l’obscurité d’étranges apparitions. Des présences effrayantes qui l’avaient agressée. Le vieux curé qui l’avait conseillée lui avait décrit un monde mystérieux qu’elle pouvait adoucir. La bienveillance dont elle s’était empreinte lui avait en effet, un soir, offert une forme de plaisir. Un plaisir qu’elle voulait découvrir par cette nuit étrange dans laquelle elle m’avait entraîné.

Les bras en croix tendus vers les deux arbres qui l’encadraient, ses pieds nus mêlés aux feuilles mortes, Anna m’adressa son plus joli sourire. L’aréole de ses seins pointait sous l’étoffe fine de sa robe blanche. « Reviens au petit jour et je serai à toi », m’avait-elle simplement chuchoté tandis que je serrais ses liens. La nuit à venir était pour elle.



__________________________________________




La Nuit




Quelques instants plus tôt, nous marchions nus dans la forêt dans cette fin de jour absolument sublime. Devant moi, le corps d’Anna glissait entre les bosquets. Il faisait bon. La nature autour était belle et j’aurais tant voulu que cette escapade soit toute autre.


Anna qui marche devant moi en ondulant entre les branches. Elle se retourne et me sourit en voyant la raideur qu’a produit mon désir. Elle me prend la main et m’entraîne vers un vieil arbre au tronc si lisse que je peux m’y appuyer sans crainte. Elle m’embrasse goulûment et glisse sa bouche tout au long de mon torse. Puis mon ventre. Ses mains sont douces et gourmandes. Sa bouche m’enfourne avec appétit et me retenir devient une torture. Puis, elle s’allonge à même les feuilles et y enfonce son dos tandis que je la possède. Les lèvres et les dents fermées sur ses tétons érigés. Soudain, elle me repousse et se lève d’un bond en riant.



Puis, c’est la course folle entre les arbres. Anna est agile. Par deux fois, elle m’échappe. Et elle y met du cœur. Elle pousse un cri strident lorsqu’enfin mes mains la saisissent. Je la jette au sol. Elle rit de plus belle. Je suis au bord de l’explosion au moment de la pénétrer. Mais je compte bien profiter de ce petit jeu. Et de cette étroitesse. Alors, je fais durer le plaisir et attends qu’elle me supplie pour m’y épandre enfin. Épuisés, essoufflés, nous nous allongeons sur le sable un peu plus loin et goûtons au plaisir de nos corps libérés.

Mais, tout cela n’était que rêverie. Il en était autrement et nous avancions en silence vers cette clairière que je redoutais d’atteindre.


L’eau était fraîche lorsque je m’y glissai. Elle me ramena à la réalité. Le clapotis de l’eau m’accompagna jusqu’au voilier trahissait ma présence au milieu de la baie plongée dans l’obscurité. Le ciel s’était habillé de nuages. La nuit était si noire que je ne vis la coque qu’au dernier moment. J’attrapai bientôt l’échelle de bain et me hissai sur le pont. Je venais de laisser Anna, attachée entre deux arbres, livrée aux fantômes auxquels elle voulait s’offrir. C’était une idée folle. Un fantasme dangereux. Je détestais cette idée et, plus encore, ce vieux fou de curé qui lui avait mis cette idée en tête. J’avais soudainement peur pour elle. Peur qu’elle ne revienne pas. Peur qu’elle soit happée par cette folie. Peur, car tout cela ne ressemblait à rien de normal et que, forcément, je finirai par la perdre. Qu’elle risquait de se perdre elle-même.


J’entrai dans la cabine du voilier et m’y séchai. Il faisait lourd. Les premières gouttes de pluie claquetaient sur le pont. Je m’allongeai sur l’une des bannettes et, les mains derrière la tête, les yeux rivés au plafond, tentai de réprimer mon inquiétude. Mon imagination. Mais en vain.



Elle est seule à présent au bord de la clairière. Les bras en croix dans sa fine robe blanche, Anna tente de réprimer la crainte qui monte inexorablement. La peur est son ennemi. Elle le sait. Mais la nuit est si noire. Les liens qui lui tiennent les poignets sont suffisamment solides pour qu’elle ne puisse tenter de s’échapper. C’est bien ce qu’elle voulait. Être parfaitement offerte. Ne rien maîtriser. Se donner pour être libérée. Mais, elle sait aussi, dans son for intérieur, que ce mystère l’attire. Qu’elle joue à se faire peur.


Très vite le premier bruissement dans les feuillages. La respiration d’Anna s’accélère. La présence est derrière elle. À quelques pas. Une onde de chaleur monte dans son ventre et redresse sa poitrine. Ce souffle rauque juste derrière sa nuque signe le début de son offrande. Les deux mains qui se posent soudain sur ses hanches lui arrachent un petit cri de surprise. Elle sourit dans la nuit et, le visage tourné vers le ciel, reçoit les premières gouttes de pluie. L’orage gronde au loin. La chaude respiration contre sa nuque glisse tout doucement le long de son dos jusqu’au sillon de ses fesses. Les deux mains quittent ses hanches pour venir glisser sous sa robe et l’écarter délicatement. La langue de son amant mystérieux s’insinue déjà vers la plus secrète de ses issues lorsqu’un nouveau bruissement la met tout à coup en alerte. Devant elle, cette fois.


Il fait trop sombre pour qu’elle puisse distinguer quoi que ce soit. Un nouveau souffle rauque s’approche. Une main vient se poser sur sa gorge puis glisse vers sa poitrine et le col de son vêtement maintenant détrempé par la pluie. Deux doigts griffus crochètent le tissu. La robe ne résistera pas longtemps. Elle se tend et finit par se déchirer de tout son long tandis que les ongles lui marquent lentement la peau. D’entre les seins jusqu’au nombril puis à la naissance de sa petite forêt de poils. L’air frais tend soudainement la poitrine d’Anna et parsème son corps de mille picotements de frisson et de désir. La jeune femme s’ouvre alors d’un long gémissement qu’un éclair vient interrompre. La lueur soudaine déchire l’obscurité. L’ombre massive devant elle est trop floue devant ses yeux mouillés par la pluie ou les larmes pour en distinguer quoi que ce soit. Soudain, Anna pousse un cri de stupeur. Des mains viennent de saisir ses avant-bras tandis qu’un bruissement nouveau naît sur chacun de ses côtés. Ils sont donc plus nombreux.




Je me levai d’un bond. Peut-être m’étais-je endormi. La chaleur dans le carré était si lourde que je montai sur le pont, enroulé dans une couverture. Les fines gouttes de pluie me firent un bien fou. Quelques instants plus tard, le dos appuyé contre le mat, j’aperçus les premiers éclairs au loin. L’orage serait sur nous sous peu. Mon inquiétude n’en fut que plus grande. J’avais laissé Anna au milieu de cette forêt. Avoir accepté était une pure folie. L’attacher une inconscience encore plus grande. Pourtant, je savais qu’elle s’y serait rendue même sans mon aide.



Les pieds d’Anna quittent lentement le sol. Les bras qui soutiennent ses jambes la maintiennent tandis que des mains lui parcourent le corps. Les liens autour de ses poignets la brûlent tant qu’elle saisit la corde de ses doigts pour se soulager. La tête renversée en arrière, Anna respire bruyamment. Le premier à la posséder entre en elle délicatement. Laissant glisser son boutoir avec une lenteur infinie. Une fois installé en elle, il lui saisit les hanches et la prend jusqu’à la garde avant de jouer des balancements de ce corps en suspension. « Oui ! » Anna se sent basculer dans une demi-conscience. Elle s’offre et les présences autour d’elle sont bienveillantes. Elle se sent désirée. Le plaisir monte en elle en vagues successives. Son bassin se cambre soudain tandis que s’épanche en elle son vaillant assaillant. La douce chaleur qui tapisse son antre la laisse pantelante au bout des bras puissants qui la portent. Le répit ne sera pas de longue durée, car déjà celui qui était derrière elle quelques moments plus tôt, se présente à son tour. Mais le choix de son issue ne sera pas le même. Anna sent lentement s’ouvrit le sillon de ses fesses. La crainte de la douleur s’efface sans tarder, car cet amant obscur prend tout son temps pour la pénétrer. Elle se laisse bientôt aller à ce plaisir-là tandis que se présente à ses lèvres une offrande nouvelle. Les yeux clos, la tête rejetée en arrière, elle l’accueille avec gourmandise tandis que des doigts inconnus se glissent sous sa nuque. L’autre va-et-vient puissamment en elle sans lui laisser le moindre répit. Les deux balancements s’harmonisent bientôt jusqu’à se libérer sans retenue aucune.


Anna sent qu’elle a dû perdre connaissance car, à son réveil, la douceur de l’herbe mouillée lui habille le dos. La nuit est toujours aussi noire et ses yeux ne distinguent rien de bien précis de ce qui l’entoure. Dans sa bouche, le goût qu’elle sent, éveille en elle un souvenir qui la fait sourire. Plus de brûlure autour de ses poignets, car la corde qui les entoure est détendue. Ses mains enfin libérées ne le resteront pas longtemps. Une force soudaine lui saisit les poignets et les tire au-dessus de sa tête. La voilà, offerte à nouveau. Une masse sombre et floue au-dessus d’elle. Un souffle chaud glisse sur son visage. Une respiration rauque qui soudain prend possession d’elle et la transporte dans la nuit. Jouant d’elle comme d’un objet.



J’errais sur le pont comme une bête en cage. Comment m’étais-je laissé embarquer dans cette histoire ? Je tenais à Anna et voilà que j’acceptais de la mettre en danger. « C’est ce que je veux. Aide-moi. J’irai sans toi, tu sais. Mais ce sera plus facile si je te sens pas loin ». J’avais cédé à ses yeux suppliants.


Un rideau de la pluie m’enveloppa bientôt. Les éclairs et les grondements du tonnerre donnèrent soudain vie à cette nuit étrange. L’angoisse me prit. Je jetai à bas la couverture que la pluie alourdissait.

Sans plus y réfléchir, je rejoignis l’arrière du pont, pris une grande inspiration et plongeai dans l’eau sombre. La fraîcheur qui me saisit me donna du courage. Anna avait besoin de moi. Et la peur de ce que je risquais de voir s’effaça un peu. Lorsque je pris pied sur la petite plage de sable, la pluie était si dense et la nuit si noire que j’eus le plus grand mal à retrouver la sente entrant dans la forêt. Je m’y glissai en hâte, poussai des mains les feuillages qui gênaient mon avancée.


Un éclair zébra l’obscurité lorsque j’atteignis la clairière. Nulle trace d’Anna. Les deux arbres qui l’écartelaient à mon départ n’étaient plus tendus par ses liens.



Je fonçai tout droit vers l’endroit où je l’avais laissée prisonnière et m’étalai de tout mon long. Le visage dans l’herbe mouillée. Je venais de buter contre son corps.

Un nouvel éclair m’ouvrit la vue sur sa robe en lambeaux et sur la longue griffure qui marquait sa peau salie d’entre ses seins jusqu’à son ventre. Sur ma joue que j’approchai de son visage, je sentis la chaleur rassurante de son souffle. Vivante.


La soulevant délicatement, je la pris dans mes bras et l’emportai jusqu’à la plage. Au bout de ses poignets, ses liens pendaient, inutiles. Elle gémit en fourrant sa tête dans mon cou. Nous étions nus tous les deux et le contact de sa peau me faisait du bien. La pluie ne cessait pas. Je posai Anna à même le sable. Elle se plaignit doucement.


À la faveur d’un éclair, j’avisai le large tronc d’un arbre mort posé sur la berge. Je le mis à l’eau et déposai Anna sur son dos. Il me fallut plus d’une demi-heure pour rejoindre le voilier à la nage. Poussant devant moi mon précieux fardeau.

Lorsque je pus enfin déposer Anna sur la bannette au fond de la cabine et la glisser sous une couverture, elle ouvrit enfin les yeux.



Je pris une serviette et lui essuyai délicatement les cheveux.



Elle me sourit et chuchota simplement.



Le voilier quitta la baie le lendemain matin. Anna était à la barre tandis que je m’affairais de mon mieux. La nuit avait été douce. Blottie dans le creux de mes bras, la tête posée sur ma poitrine, elle avait parlé dans son sommeil. Des mots trop chuchotés pour être audible, mais son ton était doux. Au petit matin, il faisait encore sombre dehors lorsqu’elle se glissa sur moi. Tandis qu’elle me chevauchait lentement, la lueur de la bougie me montrait son visage. Un visage calme, épanoui, inondé de plaisir. Mais elle était ailleurs et ne me regardait pas vraiment.


Nous rejoignîmes l’embarcadère et remontâmes à la voiture main dans la main.



Je ne sus pas si ces mots m’étaient adressés.



Anna partit quelques jours plus tard. Non qu’elle me quittât. Elle s’éloigna simplement. Je la croisais parfois et nous faisions l’amour. Mais elle était ailleurs. Même dans ces moments-là.



Il fait presque nuit. Mon récit touche à sa fin. J’ai, sur ma table de nuit, une photo d’Anna. Elle m’y sourit et ce sourire me fait du bien à chaque fois que mes yeux se posent dessus. En attendant qu’elle retrouve la paix et me revienne. Si tel est son choix.


Je vais enregistrer les phrases de ce récit sans comprendre véritablement ce que tout cela veut dire. Ne sachant rien de ce mystère épais. De cette malédiction. Mes yeux clignent de sommeil. Il doit être minuit ou plus tard encore.



Ce fut en ferment l’écran de mon ordinateur que ma main s’accrocha au fil de la lampe de chevet. L’ampoule ne résista pas au choc et la pièce tomba dans l’obscurité. Je cherchai à tâtons l’interrupteur du bureau, mais la lumière ne revint pas lorsque je l’actionnai. Le compteur venait de sauter.


Glissant la main le long des murs, je traversai le couloir et descendis l’escalier menant à la cuisine. Le silence et l’obscurité qui baignait ma maison lui donnaient tout à coup une allure étrangère. Un visage étrange. Le palier à l’étage grinça une première fois lorsque j’atteignis la dernière marche. Certainement le vieux bois qui faisait des siennes. La cuisine n’était pas bien loin maintenant. Soudain, le chat qui dormait là poussa un étrange feulement. Une chaise bougea à quelques pas de moi.



Le chat glissa entre mes jambes et fila vers la cave.

Une odeur pestilentielle me saisit tout à coup la gorge.



FIN