n° 17173 | Fiche technique | 13287 caractères | 13287Temps de lecture estimé : 10 mn | 09/12/15 |
Résumé: Explications de mon fétichisme. Récit plus ou moins autobiographique qui vaut ce qu'il vaut, concernant mon cas. | ||||
Critères: confession | ||||
Auteur : Xuodid Envoi mini-message |
Je vous sens interloqué. Comment devient-on fétichiste des femmes portant des pulls en angora ou en mohair ? Ça existe ce genre de perversion ? Apparemment, on est peu nombreux, en plus les filles ne sont pas affectées de fétichisterie et autre cochonseté…
Tout d’abord, Il ne s’agit pas, comme Mikael Keul sur Canal+, d’enculer un mouton parce que sa laine est douce ! Non, point de zoophilie là-dedans. Pour commencer, le mohair est la laine de la chèvre angora, pas d’un mouton et les chèvres sont réservées aux légionnaires, des gars surentraînés dont il convient de ne pas provoquer la jalousie. L’angora est la laine des lapins du même nom. Ce sont des laines aux fibres très fines, chaudes et respirantes. Généralement très douces, surtout l’angora.
Je vais vous expliquer mon cas particulier.
Donc, Freud dirait que la recherche du doux contact d’une laine dans l’amour relève de l’Œdipe et que la mère s’est montrée peu maternelle pour son enfant d’où sa quête de douceur. Pourtant, j’ai le souvenir d’une maman chaleureuse. Se pose alors la question d’avant mes souvenirs. Il est vrai que, contrairement à mon aîné, il n’y a aucune photo de moi avant l’âge de quatre ans. Dépression postnatale ou panne de l’appareil photo ?
Petit, j’avais une robe de chambre en laine des Pyrénées. Elle était moche, mais assez douce. Lorsqu’elle me fut trop petite, elle est devenue mon doudou. La puberté arrivant, je la serrais contre moi comme si c’était une fille et j’avais le kiki tout dur. Un soir, je me suis endormi comme cela et dans la nuit je me suis réveillé dans les spasmes d’un plaisir intense agitant mon bas-ventre. J’y portais les mains, horreur, je me pissai dessus. J’allumai la lumière et constatai un liquide blanchâtre sur mon ventre et la robe de chambre. Je venais de jouir, de me juter dessus disait-on entre mômes et c’était terriblement bon. J’appris donc à me tirlipoter avec assiduité.
Si vous lisez ce qui suit, mesdames, soyez indulgentes de l’ignorance du petit con que j’étais en ce début des années 70. Famille catho, école libre pas encore mixte, on savait peu de chose des filles. Faire l’amour c’était leur juter dedans en les enculant, paraît-il. Étymologiquement leur mettre la kique dans le cul. C’était pas très émoustillant. Ignorant leur anatomie, on imaginait leurs fesses s’ouvrir sur un cloaque par où elles faisaient leur besoin et où par je ne sais quelle alchimie elles faisaient les enfants après qu’un mâle les ait tourmentées. On comprend que Marie soit restée vierge…
Pourtant, je désirais me trouver dans leur bras, ceux de ma prof de musique ou ceux de la prof d’histoire-géo, par exemple, on choisit ce que l’on a sous les yeux. Jolies comme elles étaient, elles devaient bien se douter de ce qu’il leur arrivait dans nos pensées d’ados boutonneux.
Des magazines cochons circulaient en secret. On y voyait de superbes créatures dénudées. Des seins somptueux, des culs formidables, quelques poils, mais pas davantage. Quand on avait la chance de les avoir en étant seul, on tenait le bouquin d’une main pendant que de l’autre… on se rongeait les ongles. La lourde encyclopédie familiale me révéla les secrets de l’anatomie convoitée. Le graphique est clair (pas au point de signaler le clitoris quand même) point de cloaque comme les oiseaux ou les reptiles, mais des fonctions bien séparées. Pas très éloignées les unes des autres, mais séparées. Leur sexe s’appelait un vagin et les bébés se formaient dans l’utérus ouf, tout s’expliquait ! Mon désir n’en fut que plus intense.
Un peu plus d’autonomie me permit de côtoyer les sœurs des copains, les copines des copines, etc. Mais comment les aborder, les séduire, les embrasser. Dans ma drague, je cumulais les maladresses, les vestes, les râteaux et la cousine de Marie-Ange qui débarque dans la bande. Une beauté à se retrouver dans les magazines, sa majorité venue. Surtout, elle portait une veste rouge en mohair velouté qui me mit direct en émotion pour elle. Un jour de boum où tristement je la regardais s’essayer à danser le rock avec les autres sans un regard pour moi, mon vague à l’âme me poussa vers la sortie.
Dans le salon, reprenant mon blouson, la veste de la cousine m’aimanta de ses chaleureuses mailles. J’y glissais une main, diable que c’était doux. Mes doigts éprouvaient une promesse de paradis. Je pris le lainage, portant à ma joue cette suave caresse lorsque Betty et Valérie entrèrent dans la pièce. Moment de stupeur, elles éclatèrent de rire et coururent ameuter la bande… Je suis donc resté puceau, même pas le moindre baiser volé jusqu’à mes 18 ans.
Service militaire. En toute ville de garnison, on pouvait se déniaiser. Je ne voulais pas baiser, je voulais faire l’amour ! De toute façon, pas une ne portait un affriolant petit pull, seulement des manteaux de vraie ou fausse fourrure l’hiver venu. La fourrure, c’est pas pareil. Ça peut être très doux, les poils sont mieux accrochés, mais ne sont que d’un côté. Puis c’est épais, celui qui y plonge ses doigts se satisfait, celle qui porte ressent peu de choses de la caresse à mon avis. Les laines suggérées sont, elles, si aériennes qu’elles ne font pas épaisseur et n’ayant ni endroit ni envers, la caresse est double. Mais, 19 ans et toujours puceau…
Premier travail, j’économise et au lieu d’acheter une bagnole et de fréquenter les boîtes de nuit, je pars visiter le monde. La nature se mérite souvent, mais pas bégueule, accepte tout le monde, à vous d’estimer jusqu’où vous pouvez vous y immerger. Les yeux s’habituent, il n’y a pas que les grands paysages, la beauté est partout, parfois aussi fugace qu’insignifiante de prime abord. Sans parler que, de par le monde, partout il y a des femmes. Je croyais, pardonnez-moi, en partant, que seules les Occidentales étaient belles. Dans les grandes villes du Maghreb, où les jeunes tendaient à délaisser le voile à cette époque, je découvrais des jeunes femmes superbes. Leurs yeux sombres ne vous font pas rêver ? Pourtant, quelle intensité, quelles expressions dans leur regard. Les Mexicaines sont pareilles, vous savez de suite à quoi vous en tenir, bonnes ou mauvaises leurs yeux trahissent leurs émotions. Encore faut-il pouvoir les aborder…
Je savais certaines Africaines très jolies, mais presque par exception, à voir… Un marché en un gros bourg du Burkina. Je suis le seul blanc. Quand on m’interpelle on dit : hé blanc ! C’est dit sans façon, c’est une réalité et personne ne connaissant mon nom, ça me paraît normal. Puis c’est dit dans ma langue, en français, moi qui n’ai même pas demandé comment on dit bonjour dans la leur.
À l’ombre d’un manguier, je bois un thé. Je me mets à regarder toutes les femmes, de la pitchoune apprenant la bipédie à l’aïeule qui l’abandonne, toutes ethnies confondues. J’oublie mes codes culturels, néglige l’exotisme et regarde, comme je regarderais leurs équivalentes Françaises. Ce n’est pas si différent à vrai dire. La majorité est quelconque, certaines sont malheureusement laides ou marquées des aléas d’une vie rude. La plupart des autres ont quelque chose pour elles, un beau corps ou un beau visage, une démarche ou une expression, un joli grain de peau. D’un rien, elles se font belles et puis leurs rires. Le charme est-il définissable ? Comme partout, très peu sont très belles. Mais les très belles sont-elles les plus désirables ? Soit elles ne le savent que trop et le font payer cher d’une manière ou d’une autre, soit elles ne supportent pas tous ces regards et se demandent ce qui ne va pas chez elles et sont compliquées.
C’est en Côte d’Ivoire que c’est arrivé. Un petit hôtel en brousse. La patronne (ou l’héritière) guère plus âgée que moi, avec un bébé de quelques mois, a fini par me demander si je voulais dormir avec elle. Je ne m’y attendais pas. Je l’ai suivie, l’enfant dormait. Qu’attendait-elle de moi exactement ? Je découvrais que pénétrer un vagin désireux était au moment même où on y entre un plaisir incommensurable. Je suis désolé de dire que je l’ai baisée, je ne lui ai pas fait l’amour, je l’ai baisée, moi qui voulais tout sauf ça et je n’en suis pas fier. Elle s’est laissé faire, c’est tout. Je n’oublierai pas la tristesse de son regard à mon départ. Je ne sais pas pourquoi elle a fait ça, elle ne m’a rien demandé en retour. Je n’ai même pas pris son adresse pour lui envoyer une lettre d’excuse pour mon comportement. Vertige des sens, trivialité des situations.
Retour en France. Surprise, en ce début des années 80, des magasins de vente de laines et de pulls tricotés en angora ou en mohair ouvrent partout jusque dans la moindre sous-préfecture. C’est à la mode. Anne Sinclair présente 7 sur 7 en pull mohair, mais je ne sais, si le ou la maquettiste de l’émission lui impose ou ne peut l’empêcher de choisir des pulls si doux si sexy, malheureusement affligés de motifs géométriques hideux, d’associations de couleurs improbables sans parler des épaulettes à la Star wars, affreux. J’en restai dubitatif (ce qui n’a rien à voir avec le fait que je sois ou non éjaculateur précoce). Ça ne m’empêche pas de faire des détours pour voir les devantures, j’aimerais tant toucher un de ces pulls.
Comment vous expliquer mon attrait délirant pour ces caressants tricotages. Connaissez-vous le prélude de la Traviata de Verdi ? C’est tout en finesse, en douceur, très romantique, léger et grave à la fois : c’est l’illustration, pour moi, de la vision d’une charmante femme avec un joli pull ou cardigan en angora. Puis vient le chant : « Libiamo, libiamo ne’lieti calice Che la belleza infiora ! » C’est enlevé, festif, trinquons, dégustons, on partage avec émotion : c’est tenir la belle ainsi vêtue dans ses bras et la caresser… Quelle meilleure définition vous donner de mon fétichisme… toujours pas réalisé à l’époque.
J’ai un peu plus de chance, lors de mes retours, avec les filles, pardon, passé 20 ans, ce sont des jeunes femmes. Mon petit côté « aventurier » peut-être ? Tu n’as pas peur de partir aussi loin tout seul ? Tiens au fait, la cousine de Marie-Ange ne sera jamais dans les magazines. Elle est morte un samedi soir au fond d’un ravin, passagère d’une R5 Alpine ! Comme quoi, l’évaluation des risques…
Ces amours ne durent que le temps de l’escale. Cette fois, elle s’appelle Sandra. Elle me plaît beaucoup. Ce soir, je prends ma vieille 500 pour aller à la ville. J’entre dans une boutique. La vendeuse s’interroge sur ma présence. Un motard casque à la main, ici ? Moi pas très à l’aise :
Elle s’informe de la taille de ma dulcinée, me montre plusieurs modèles, celui qu’elle porte lui va à ravir d’ailleurs. Mais c’est très cher, je ne peux me permettre qu’un 70% angora moins aguichant qu’un 100%, mais très mignon avec un col en V bordé de dentelles. Paquet cadeau.
Sandra est toute surprise et ravie du pull qui lui va, je vous dis pas. Je lui demande de se déshabiller et de le remettre. Elle fait sa timide, celle qui a peur à demi nue du grand méchant loup, celle qui dit non, mais en redemande. La douceur de sa peau sublimée par le lainage soyeux est une merveille. Je la serre fort contre moi. Heureusement, elle est plutôt clitoridienne et je lui fais monter le plaisir de mes doigts et de ma langue pour l’amener au ciel, car je suis si excité que je me répands en quelques allées et venues lorsque je la pénètre.
La levrette qui suivit fut mieux maîtrisée. Quelle splendeur que sa chute de rein, que sa fente écartée avec sa rosace et mon gourdin limant son sexe humide, que ses hanches sous l’angora que mes mains caressent en remontant vers sa poitrine qui ballotte sous les va-et-vient… Bon elle finira par s’apercevoir que le cadeau était intéressé et si au départ sa présence dans nos ébats l’a émoustillée, elle a fini par se lasser. Sauf qu’un jour, on passe devant une boutique affichant : soldes avant fermeture (la mode a fait long feu). Elle m’entraîne dedans et en fouinant parmi pas mal de modèles pour vieilles rombières, elle déniche un pull ras du cou tout simple en 100% angora ultra poilu, d’un bleu uni. Elle l’essaie, minaude devant moi, me le fait toucher, me taquine en sachant que je suis déjà en érection et fait le chèque.
C’est le plus beau pull que j’aie jamais touché, incroyablement doux, pas un picotement, qu’est-ce qu’elle est belle avec. J’aimerais qu’elle le porte tout le temps et pas seulement pour les cabrioles. Il est si beau que deux mois après, sa demi-sœur célibataire le lui demande pour partir en croisière… Sa demi-sœur, je lui ferais bien des câlins à elle aussi… (Une fois, j’ai fait l’amour avec des jumelles : pas terrible, je voyais ma compagne de jeux de beaucoup trop près). Un membre d’équipage s’en est occupé à ma place sur le bateau et le pull doit y avoir joué un rôle puisqu’elle a dû le laver maladroitement et que maintenant il habillerait à peine une gamine de cinq ans… Sandra était en rage, j’étais dépité. Apparemment, elle en a appris davantage que moi sur la péripétie, disant que l’on était tous les mêmes et que les pulls angoras ça commençait à bien faire !
Voilà de quoi il en retourne. Je crois que l’on est plutôt prisonnier de son fétichisme, même si dans mon cas, il n’a pas choqué plus que ça mes quelques partenaires. On va dire que cela a un côté, disons : « romantico-pathétique »…