23 octobre, 22 h 37, Gunnison National Forest, Colorado
Le blizzard s’était levé et le vent soufflait en rafales, soulevant des plaques de neige. C’était la première tempête de la saison et elle s’annonçait violente. Dans son gîte, au beau milieu de la forêt de ce coin perdu du Colorado, Mark ne se souciait guère du mauvais temps qui régnait dehors. Natif de la région, il était habitué à la rudesse du climat et en avait vu d’autres. Il espérait seulement que la neige ne tomberait pas en trop grande quantité et qu’elle ne le bloquerait pas. Il fermait son gîte à la fin de la semaine et comptait partir skier à Aspen, à quelques centaines de kilomètres de là.
Concentré sur la télé, il regardait un bon film porno. Il n’était pas seul dans le chalet, mais le couple qui avait pris une chambre une demi-heure auparavant devait être occupé à se faire du bien, aussi Mark savait-il qu’il ne risquerait pas de se faire surprendre le caleçon sur les chevilles, son sexe raide dans la main. Il n’entendit pas le cri venant de la chambre, au fond du couloir, le blizzard couvrant tous les autres bruits. L’aurait-il entendu qu’il aurait conclu que l’homme venait de prendre son pied. Lui-même étouffa un gémissement lorsqu’il éjacula dans sa main au spectacle de ces trois filles se doigtant mutuellement.
25 octobre, 10 h 21, Crested Buttle, Colorado
Les deux agents du FBI sortirent de la voiture et contemplèrent la rue. Ils venaient de faire un long voyage depuis New-York, leur avion les avait d’abord déposés à Denver, puis un second vol les avait menés à Gunnison où ils avaient pris une voiture de location. Au bout de deux nouvelles heures de route, ils étaient enfin arrivés dans ce bourg désert. Ils se regardèrent puis haussèrent les épaules et prirent la direction du bureau de police où les attendait le shérif du comté.
- — Bonjour Shérif, je suis l’agent Scully et voici l’agent Mulder, dit la femme en montrant sa carte et son collègue.
- — Merci d’être venus si vite. Je suis le shérif Gaines.
- — Où est l’homme qui vous a contacté ?
- — En face. Il vous attend pour vous amener sur la scène du crime. Je vous accompagne, dit le shérif en prenant son chapeau.
- — C’est pas la grande agitation chez vous shérif, constata Mulder tandis qu’ils traversaient la rue pour se rendre dans l’hôtel où était logé leur témoin.
- — Non, mais c’est pas toute l’année comme ça. En été, on a beaucoup de touristes. Le bourg est le point de départ de ballades en randonnées ou à vélo. Mais là, on est rentré dans la mauvaise saison, on va être au calme quelques mois. Ah voilà Mark, dit-il en désignant l’homme assis dans le hall. Mark, voici les agents du FBI, ils vont nous aider à tirer cette histoire au clair. Et tu réponds bien à leurs questions, hein ?
- — Oui, t’inquiète, j’ai rien à cacher.
- — Bonjour, Monsieur, commença Scully. Racontez-nous.
- — Hier matin, je suis allé taper à la porte de la seule chambre qui avait été louée cette nuit-là, parce que l’heure de rendre les clés était passée…
- — Vous n’avez pas appelé au téléphone d’abord ?
- — Si, mais personne ne répondait. J’ai frappé plusieurs fois à la porte, j’ai parlé, personne répondait et j’entendais aucun bruit. Je commençais à m’énerver parce qu’on m’a déjà fait le coup. Des gens qui veulent pas payer se barrent par la fenêtre, c’est au rez-de-chaussée, comprenez ? Alors, je prends le double des clés, j’ouvre et là…
- — Continuez, l’encouragea Scully.
- — Ben, c’était horrible, j’aurais jamais imaginé qu’un truc comme ça arrive. Sur le lit, l’homme était mort, à poil. Mais surtout, il était… je saurais pas expliquer, on dirait qu’il était vide à l’intérieur. À part les os. Sa peau était flasque et pendait sur ses os !
- — Et la femme ?
- — Partie ! Je suis allé gerber par la fenêtre et j’ai vu ses empreintes dans la neige.
- — Vous les avez suivies ?
- — Ça va pas non ? J’ai tout de suite appelé John, je veux dire le shérif et puis je me suis enfermé dans ma piaule.
- — Bien, vous allez devoir nous accompagner sur place pour qu’on regarde ça de plus près.
- — Je suis obligé ? demanda Mark d’un ton plaintif. Je veux pas le revoir !
- — Vous pourrez rester dehors, mais il faut que vous nous guidiez jusqu’au chalet.
- — Mais John, toi…
- — Désolé Mark, je dois rester ici, j’attends d’importants coups de fil, s’excusa le shérif.
Les deux agents se regardaient dubitatifs. Chacun d’un côté du lit où reposait le cadavre, ils semblaient déconcertés.
- — C’est original, tu en conviendras Scully.
- — J’avoue, reconnut-elle en enfilant ses gants.
- — Il ne lui reste plus que les os sous la peau.
- — Il semble avoir été vidé de toute son anatomie. Même ses orbites sont vides.
- — Que cherches-tu ? demanda Mulder en la voyant manipuler avec précaution la peau du cadavre.
- — Un orifice par lequel on aurait ponctionné tous ses organes, tous ses fluides corporels. Mais je n’en vois pas.
- — Je vais voir dehors si on peut exploiter les empreintes de pas. Demande au gérant de te décrire la femme qui était là et puis on rentrera.
- — OK.
Mulder sortit par la fenêtre tandis que sa collègue rejoignait la réception après avoir rangé son matériel. Tout en cherchant un indice dans la neige, son esprit s’échauffait. Il aimait ce genre d’enquête où l’incompréhensible dépassait l’entendement. Pour lui, chaque cas inexplicable scientifiquement prouvait une existence extra-terrestre. Il espérait retrouver leur trace et ainsi délivrer sa sœur qu’ils avaient enlevée des années plus tôt. C’était sa quête. Il releva la tête vers la forêt où se perdait le sentier. Les empreintes avaient été recouvertes de neige et aucun indice n’avait attiré son attention. Il rejoignit le gîte où il trouva sa collègue accoudée au comptoir, Mark dans son dos en train de la pistonner violemment.
- — Je t’attends dehors, dit Mulder en refermant la porte.
Les deux agents roulaient en silence dans la voiture qui les ramenait à la petite bourgade. Ils avaient laissé le gérant dans son chalet, il devait préparer ses affaires avant de partir en vacances. Le corps de la victime avait été placé dans un sac mortuaire puis enfermé dans la chambre froide du gîte en attendant que les légistes pussent venir le chercher. Le temps s’était en effet gâté et une nouvelle tempête s’annonçait. Dans la voiture, le temps était également à l’orage. Mulder conduisait, mâchoire serrée. Puis finalement il éclata :
- — T’as pas pu t’en empêcher ? Faut toujours que tu te fasses sauter par le premier type qui passe !
- — Mais Mulder, tu sais bien que j’ai besoin de ma dose hebdomadaire de sexe !
- — Espèce d’obsédée, tu n’es qu’une traînée.
- — Je n’y peux rien, c’est plus fort que moi, se défendit-elle. Jusqu’à présent, ça ne t’avait pas dérangé, qu’est-ce qu’il te prend d’un coup ?
- — Je trouve ça aberrant de baiser comme ça, sur le lieu d’un crime, avec un témoin que tu ne connais pas !
- — Fais pas ta sainte-nitouche, ça t’arrive jamais de sauter une nana ? Juste pour le sexe ?
- — Non. Tu sais très bien que je ne vis que pour une seule femme…
Scully ne répondit pas, se contenta de soupirer et tourna la tête vers l’extérieur. Mulder et son obsession pour sa sœur ! Jamais il ne se détendait, pensa-t-elle. Elle, la scientifique avait besoin de concret et l’absence de corps signifiait la mort de la personne et qu’il était fort possible qu’on ne la retrouve jamais. Pas qu’elle avait été enlevée par des extra-terrestres.
- — As-tu au moins eu le temps de dresser un portrait-robot de la femme qui accompagnait le mort ? demanda Mulder.
- — Oui, une Asiatique d’une vingtaine d’années, cheveux très longs, très forte poitrine d’après le gérant.
- — Il doit pas y avoir cinquante personnes correspondant à cette description par ici. On dirait la description d’un fantasme, cette femme ! On passe chez le shérif pour consulter les avis de recherches.
- — Et ensuite ?
- — Ensuite, on avisera, conclut Mulder.
Ils se garèrent et traversèrent péniblement l’artère principale de la bourgade, secoués par les bourrasques neigeuses. Ils frappèrent à la porte. Pour toute réponse, ils entendirent un bruit de vitre brisée. Ils dégainèrent leurs armes et Scully défonça la porte, pistolet au poing. Les pieds du shérif dépassaient de derrière son bureau, Scully se précipita vers lui, tandis que Mulder se dirigea vers la fenêtre. Il eut le temps d’apercevoir une silhouette courir entre les arbres, mais elle était déjà trop loin.
- — Mulder… .
- — C’était une femme, j’en suis presque sûr…
- — Mulder, viens voir.
Il s’approcha de l’officier de police qui gisait au sol. Sa peau flasque pendait sur ses os et sur le sol. Ses orbites étaient vides.
- — Bon sang, commenta Mulder.
- — Comme le gars du chalet.
- — Regarde, dit Mulder en désignant l’entrejambe du shérif.
- — Oui, il avait l’air très occupé notre représentant de la justice.
Sa braguette était ouverte et son sexe mou en dépassait.
- — Il pourrait avoir été vidé par là ? hasarda Scully.
- — Aspiré conviendrait mieux.
- — Qu’as-tu vu dehors ? demanda Scully en s’approchant de la fenêtre.
- — Une femme nue, de dos. Des cheveux très longs, mais elle était noire de peau, pas asiatique.
- — Regarde, elle s’est coupée en passant par la fenêtre. Je vais prélever un échantillon et le faire analyser au labo.
- — On va prolonger un peu notre séjour on dirait, soupira Mulder.
26 octobre, 6 h 27, Crested Buttle
Le réveil de Mulder le tira d’un sommeil agité. Puis ce fut son téléphone qui sonna.
- — Allo ?
- — Bouge-toi Mulder, on a encore un cadavre sur les bras, à Gunnison.
Scully et Mulder arrivèrent dans la capitale du comté en fin de matinée. Le chef de la police les conduisit dans un hôtel luxueux où la victime avait été découverte.
- — Dans le même état que les deux autres, constata Mulder. Des témoins ?
- — Le réceptionniste. Le shérif l’a interrogé, il dit avoir vu cet homme entrer au bras d’une jeune femme blonde, style fille de l’est, maquillée comme une voiture volée. Grande et très maigre.
- — Pas du tout la même description que la fille du chalet. C’est quoi, un gang de prostituées qui pompent leurs clients jusqu’à la moelle ?
- — Attends, j’ai quelque chose pour toi qui vas te plaire. Le labo m’a envoyé les résultats de l’échantillon de sang prélevé chez le shérif Gaines. Ça correspond à personne.
- — Personne de fiché ? On s’en serait douté, commença Mulder.
- — Laisse-moi finir. Ça correspond à personne, car ce n’est pas du sang humain. Je ne sais même pas si on peut appeler ça du sang. À part la couleur rouge, il n’y a aucun élément commun avec ce que nous connaissons, expliqua Scully.
- — Là, tu m’intéresses, en effet.
- — Et tu trouves ça bien ? Pourquoi tu souris ? Tu sais très bien que j’aime pas quand tu as raison et qu’on se bat contre des forces obscures, râla Scully.
- — Pas des forces obscures, des extra-terrestres, jubila Mulder. La vérité est ailleurs, ne l’oublie pas !
Le temps ne s’améliorait pas. Le vent prenait de plus en plus de puissance, la neige tourbillonnait, la visibilité était nulle. La circulation était rendue impossible. Après avoir visionné les avis de recherches sans trop d’espoir, Scully était rentrée à l’hôtel. Elle y trouva Mulder, assis sur un fauteuil qui regardait la télé.
- — La météo, tu regardes ça ? s’esclaffa-t-elle.
- — C’est à peu près tout ce qui passe en ce moment. Je crois qu’on est là pour un moment…
- — Notre suspect aussi du coup, supposa Scully.
- — J’ai une hypothèse, dit Mulder en se redressant et en éteignant la télé. Mais elle ne va pas te plaire, prévint-il.
- — Je m’en doute.
- — Supposons que notre suspecte soit une extra-terrestre…
- — Ça y est, ça commence, soupira Scully en s’asseyant.
- — Notre extra-terrestre donc, poursuivit Mulder sans relever, serait un être capable de revêtir une apparence humaine. Mais pas n’importe laquelle. Elle incarnerait le fantasme féminin de sa victime, de sa proie plutôt.
Il tournait sur lui-même en exposant sa théorie et ne vit pas sa collègue lever les yeux au ciel.
- — Après avoir attiré l’homme dans ses filets, elle lui propose ce que peu d’hommes sont capables de refuser, une fellation. Car, tu as remarqué comme moi, qu’on avait découvert aucun nouvel orifice par lequel on aurait ponctionné tout le liquide du corps humain, ainsi que l’intégralité des organes. Mais as-tu prêté attention au sexe des deux dernières victimes ?
- — Évidemment, ils étaient encore habillés et seul leur sexe était apparent !
- — Mais un détail t’a peut-être échappé. Leur méat avait l’air distendu, beaucoup plus que la normale.
- — Même distendu, je ne vois pas comment faire passer un foie, des poumons ou tout un appareil digestif par là !
- — Je ne sais pas encore, mais ma conviction est que ça passe par là. Et j’imagine que cet être a besoin de la substance organique de l’homme pour subvenir à ses besoins, voilà mon idée.
- — Ou serait son alimentation ?
- — Le sexe masculin tout du moins, jusqu’à preuve du contraire, aucune femme n’est recensée parmi les victimes.
- — N’importe quoi, dit Scully en se levant.
- — T’as une meilleure idée ?
- — Non, mais j’invente pas des histoires à dormir debout ! Tant que je n’ai pas de preuves, je continue à chercher des indices. Je ne bâtis pas des hypothèses farfelues.
- — Et le sang ? demanda Mulder. Comment expliques-tu ce sang d’origine inconnue ?
- — Je ne l’explique pas… Pas encore. Bonne nuit Mulder.
27 octobre, 1 h 08, Gunnison
Hormis l’hôtel, le seul lieu ouvert la nuit à Gunnison était le petit aéroport de la ville. Un avion décollait chaque nuit et un autre arrivait. La tempête qui sévissait clouait tous les appareils au sol et les voyageurs patientaient dans le hall. Un homme d’une vingtaine d’années s’était isolé pour appeler sa copine et lui expliquer la situation. Pour un détail futile, la fatigue aidant, la conversation s’envenima et son interlocutrice lui raccrocha au nez. Énervé, le jeune homme revint s’asseoir, mais trouva à sa place une jeune fille. S’il ne l’avait pas eu au téléphone l’instant d’avant, il aurait juré que c’était sa copine assise sur ce siège. Devant son regard interloqué, la demoiselle lui demanda :
- — Quelque chose ne va pas ?
- — Je… euh, excusez-moi, je sais que c’est très malpoli de fixer ainsi les gens, mais vous êtes le portrait craché de ma copine.
- — On a tous un sosie, paraît-il.
- — Vous êtes très belle, enfin, elle est très belle… Je veux dire, vous aussi, mais… bafouilla le garçon.
- — Merci, je suis flattée. Vous partez la rejoindre ? demanda la jeune fille en souriant.
- — Oui, si la neige se calme. On ne s’est pas vus depuis trois semaines.
- — Oh, ça doit être dur, j’imagine, s’enquit la fille en posant sa main sur la cuisse du garçon.
- — Euh oui, très, confirma-t-il en sentant son pénis grossir dans son caleçon.
- — On a un peu de temps si tu veux, on peut anticiper les retrouvailles dans les toilettes, susurra-t-elle. Puisque je lui ressemble tellement.
Un court instant, le garçon crut voir les yeux verts d’eau de la fille devenir rouges, mais il mit cela sur le compte du trouble qu’elle provoquait et n’y prêta pas attention. Elle se leva et le tira presque jusqu’aux toilettes. Il était hypnotisé et ne protesta pas. Ils entrèrent dans une cabine où il tenta de l’embrasser, mais elle le repoussa et s’agenouilla devant lui.
- — Non, mon chéri, je sais de quoi tu as besoin, dit-elle d’une voix douce en défaisant les boutons de son pantalon.
C’était une différence majeure avec sa copine qui ne lui prodiguait jamais ce genre d’attention. Elle trouvait ça dégoûtant et n’en retirait aucun plaisir. Alors, pour une fois qu’il avait cette chance, il n’allait pas la laisser passer.
- — Oh oui, viens me sucer, dit-il en se laissant aller contre la paroi de la cabine.
La fille n’avait pas attendu son accord et le pompait déjà avidement. Le garçon la regardait s’acharner sur son pénis gorgé de sang comme si sa vie en dépendait. Sa bouche était comme scellée autour de son sexe raide et ses joues se creusaient sous la force de l’aspiration. Ce traitement eut très vite raison de lui et en moins d’une minute, il se mit à éjaculer des gorgées de foutre. Jamais il n’avait expulsé une telle quantité de sperme. Il chancela, s’assit sur la cuvette et d’une voix éteinte, demanda pitié. Mais la fille ne le lâchait pas et continuait à aspirer son partenaire.
- — Arrête, dit-il d’une voix atone, tu vas me vider.
Il eut le temps de voir les yeux de la fille devenir rouges puis il s’évanouit. La fille poursuivit son repas sans se hâter. Le sperme n’était qu’une mise en bouche, mais il lui donnait l’énergie nécessaire pour extraire de sa proie le reste de son fluide. Une demi-heure plus tard, toujours sous sa forme humaine, elle regagna le hall. Elle jeta un œil au panneau d’information et vit que les vols étaient toujours en attente. Elle s’assit parmi les voyageurs et fit comme eux. Elle patienta.
27 octobre, 5 h 47, aéroport de Gunnison
Les deux agents du FBI finissaient d’interroger les personnes présentes, la recherche d’éventuels témoignages. Mais personne n’avait rien vu. La plupart d’entre eux dormaient au moment du meurtre. Scully rejoignit Mulder devant la grande baie vitrée.
- — On n’a rien, pas un témoin, pas un indice, dit-elle dépitée. Le mode opératoire semble être le même que pour les trois premiers. On ne pourra pas cacher ça à la presse très longtemps.
- — Ce blizzard, c’est notre chance, dit doucement Mulder, presque à lui-même. Que disent les prévisions ?
- — J’en sais rien, répondit Scully. En quoi ça nous intéresse ?
- — Je crois qu’elle cherche à quitter Gunnison, c’est pour ça qu’elle est ici, dans cet aéroport.
- — Malheureusement pour elle, le temps bloque le trafic. Elle est toujours là, tout près.
Scully se retourna et scruta la centaine de personnes qui errait dans le hall.
- — Ça pourrait être n’importe laquelle de ces femmes, comment savoir ? De plus, si cette créature est intelligente, elle se sera cachée quelque part.
- — Je vais me procurer la liste des passagers du prochain vol, on comparera les identités des gens qui sont là.
Mulder traversa le hall et prit l’escalator qui le mena à l’étage. Il se présenta au bureau du chef de l’aéroport et se fit remettre le document. Le prochain vol était à destination de Denver et 130 passagers étaient enregistrés. Il entama la lecture du papier en marchant lentement dans le couloir lorsqu’un bruit métallique lui fit relever la tête. Cela venait de derrière la porte qu’il venait de dépasser. « Salle des archives », lut-il en poussant la porte déjà entrebâillée.
Une main sur son arme, prêt à dégainer, il éclaira la pièce et parla d’une voix forte :
- — FBI ! Qui que vous soyez, montrez-vous, les mains bien en évidence !
- — Bon sang, Mulder, c’est toi ?
- — Scully ? Où es-tu ? Que fais-tu ici ? demanda-t-il en la voyant apparaître de derrière un rayonnage.
- — J’avais cru voir entrer quelqu’un ici, expliqua-t-elle en rangeant son arme. Et toi ?
- — J’ai entendu un bruit… Mais ça devait être toi. J’ai la liste des passagers, on va pouvoir se concentrer là-dessus.
- — Oh, Mulder, tu ne te détends donc jamais ? demanda Scully en s’approchant de son collègue. Le mauvais temps est toujours là, ton extra-terrestre ne peut pas s’échapper, pensons un peu à nous.
- — Qu’est-ce que…
- — Laisse-toi aller, insista Scully en caressant son torse.
Elle arracha d’un coup sec les boutons de la chemise de Mulder puis l’embrassa dans le cou en le poussant contre le mur. Ses doigts descendirent jusqu’à la braguette où, avec habileté, ils défirent les boutons et s’emparèrent du sexe de l’agent du FBI. Il était encore mou, mais elle le serra dans ses doigts et le branla lentement, provoquant très vite une solide érection. Elle baissa les yeux vers l’objet de sa convoitise.
- — Oh Mulder, qui l’eût cru ! s’étonna-t-elle devant les dimensions impressionnantes du sexe dressé.
Mulder ne répondit rien, subjugué par l’audace de sa partenaire et heureux que son vieux fantasme se réalise enfin. Scully se mit à genoux et sans plus de cérémonie emboucha sans difficulté la totalité du membre raide, l’avalant jusqu’à la base. Mulder eut un hoquet de surprise et de plaisir mêlés et retrouva enfin la parole.
- — Scully, je savais que tu étais une obsédée et j’étais certain que tu étais une spécialiste de la pipe. Suce-moi bien !
Le mouvement de succion se mit en marche et Mulder sentit une forte pression s’accumuler dans son bas-ventre.
- — Oh, bon sang, tu vas déjà me faire jouir, arrête ! Je veux te baiser avant, protesta-t-il en tentant de se dégager.
Mais les lèvres de sa partenaire ne s’écartèrent pas d’un millimètre et l’aspiration s’accentua encore. Il ne put plus se retenir et un flot de sperme chaud se mit à couler dans la gorge de Scully qui avalait tout le liquide sans ralentir la cadence. Mulder se sentit soudain très faible, ses couilles lui donnèrent l’impression de se rétracter, il sentait qu’elles se vidaient littéralement. Il n’avait jamais connu une telle jouissance. Au bord de l’évanouissement, il tenta de libérer son membre de la bouche goulue qui pompait toujours.
Soudain, alors qu’il allait perdre connaissance et qu’une douleur insupportable irradiait son abdomen, Scully écarta ses lèvres et se mit à cracher le sperme qu’elle venait d’avaler. Libéré, Mulder se laissa glisser le long du mur. Incapable de bouger, il vit sa collègue éructer, les yeux exorbités, vomir son sperme puis du sang. Sous ses yeux, Scully se transformait en une créature translucide et visqueuse, tordue de douleur et hurlante. Du coin de l’œil, Mulder vit la porte de la pièce s’ouvrir et Scully surgit, arme à la main. Elle eut le temps de se voir avant que la chose ne retrouve complètement sa forme originelle. Puis elle mourut, ne laissant au sol qu’une flaque gluante. Scully rangea son revolver, se pencha vers Mulder évanoui puis appela les secours.
28 octobre, 11 h 26, Denver, hôpital du comté
- — Agent Scully, votre collègue est réveillé, vous pouvez venir le voir.
- — Merci, dit Scully à l’infirmière en entrant dans la chambre où se Mulder reprenait des forces.
Allongé dans son lit, il émergeait à peine de 24 heures d’inconscience. Scully prit une chaise et s’assit près de lui.
- — Comment tu te sens ?
- — Fatigué, sans forces.
- — Tu te souviens de ce qu’il s’est passé ?
- — Oui. Mais sait-on ce qui a tué l’alien ? demanda Mulder.
- — On a analysé ton sperme et tu as une concentration de calcium beaucoup plus élevé que la moyenne de la population. Aucun danger pour toi, mais l’extra-terrestre n’a pas dû apprécier. Ça a agi comme un poison sur elle. Un poison diablement redoutable et efficace, expliqua Scully.
- — Je suis un tueur d’aliens, ricana Mulder. Qu’est-ce qui te fait sourire ?
- — Ton hypothèse selon laquelle la créature prenait la forme du fantasme de sa proie. J’ai eu le temps d’apercevoir un visage avant qu’elle se transforme et reprenne son apparence extra-terrestre. Elle me ressemblait étrangement, tu ne trouves pas ?
- — Oh, peut-être, pas tant que ça, bredouilla Mulder en rougissant. Tu crois ?
- — Dans deux ou trois jours, tu seras sur pied, dit Scully en se levant. Tu prendras quelques jours de repos bien mérités. Et qui sait, peut-être que je te tiendrai compagnie ? conclut-elle avec un clin d’œil.