Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 17247Fiche technique14291 caractères14291
Temps de lecture estimé : 9 mn
01/02/16
Résumé:  La WBCL cherche à organiser un match-exhibition. Elle propose à Rêvebébé d'envoyer son champion afin d'affronter le leur.
Critères:  mélo délire humour
Auteur : Brodsky      Envoi mini-message

Série : Brodsky, la légende

Chapitre 01
L'affiche du siècle

L’affiche du siècle



C’était l’effervescence dans la salle du conseil d’administration de Rêvebébé. Tous les membres étaient réunis afin d’examiner la proposition qui émanait du WBCL (World Baise Champions League) d’organiser le combat du siècle entre leurs champions respectifs. Tombée en désuétude depuis plusieurs dizaines d’années pour cause de matchs truqués, la compétition avait du plomb dans l’aile. Il s’agissait de redorer le blason de la compétition, de s’offrir une nouvelle virginité (si l’on peut s’exprimer ainsi) et de donner aux spectateurs ce qu’ils attendaient depuis des lustres, à savoir un match de légende.

Sauf que l’époque n’était plus à ce genre de spectacle. Trop de discrédit pesait sur les compétiteurs, tous accusés de dopage. Oh, bien sûr, on avait toujours des Apollons dans toutes les écuries, mais il fallait bien l’avouer : tous étaient bourrés d’amphétamines.



Jakin sortit son iPhone et chercha fébrilement un numéro dans la liste de ses favoris.

On décrocha à la troisième sonnerie :



_________________



Je raccrochai le téléphone et ouvris le réfrigérateur pour m’emparer de la dernière bière qui s’y trouvait et la décapsuler avec mes dents. Je venais d’envoyer chier Jakin… Ça m’emmerdait un peu, mais il n’était pas question que je marche dans la combine à la con de ces enfoirés. Ils avaient besoin d’une légende pour remettre à flot leur taule, ça les regardait ; mais franchement, ce n’était pas – ce n’était plus – mon affaire.


Les rings, je connaissais. Et la baise de compétition aussi… mais j’avais fait mon temps. Oui, j’avais connu la gloire ; oui, le public m’avait adulé ; oui, je m’étais fait des couilles en or tellement grosses que je ne comptais plus le nombre de pétasses qui étaient venues me lécher avidement. Mais c’était loin, tout ça… Un clou chasse l’autre, et une star en remplace une autre. Brodsky, ce n’était plus qu’un nom, et rien d’autre. La gloire, le fric… tout était parti. Et par conséquent, les pétasses aussi. J’étais retourné à mon boulot de merde dans ma supérette pourrie, et deux ou trois fois par an je me tapais une des caissières. Je n’écrivais plus rien, ou plutôt je ne publiais plus rien. Et je m’en foutais… Ma vie était derrière moi, et j’attendais de clamecer paisiblement en méditant les œuvres des stoïciens. « Faut savoir raccrocher… » que j’avais dit à Jakin. Avant d’ajouter : « Vous aussi, les mecs, vous devriez apprendre à lâcher prise… »


J’allumai mon écran, regardai mes mails, et décidai de me taper ma branlette du matin en matant un film sur Xvidéo. Je trouvai rapidement un strip-tease proposé par une jolie petite brune ; j’appuyai sur « play » et commençais à dégrafer mon calbute quand on sonna à la porte de mon appartement. J’allai ouvrir sans remettre le bouton de ma braguette. C’était Jakin. Je refermai la porte sans lui laisser le temps de parler. Il se mit à crier à travers la porte :



J’ouvris la porte et allai chercher deux verres tandis qu’il entrait.



Je savais bien que je n’aurais pas dû laisser cet enfoiré essayer de me convaincre : il connaissait tout de mon histoire avec elle. Lilas… Depuis toujours cette fille m’avait attiré. Et tout le monde savait que c’était réciproque. Elle était la meilleure dans sa catégorie, et j’étais imbattable dans la mienne. Tout le monde, depuis toujours, attendait ce match que j’avais toujours refusé. Pour finir, elle avait décidé de me provoquer officiellement… Et j’avais eu les foies ; j’avais déclaré que je prenais ma retraite et j’avais disparu du jour au lendemain, sans répondre aux mails ni aux coups de téléphone.


Quelques années avaient passé, et Jakin m’avait retrouvé. Il m’avait alors appris que Lilas avait quitté la taule et qu’une boîte rivale lui avait offert un pont d’or pour intégrer son écurie. Sur le moment, je m’étais senti un peu lâche, un peu coupable… Et puis le temps avait passé, et la bibine avait fait son œuvre. J’avais oublié tout ça. Réussi à me détacher… Mais pas Jakin. Ce vieux singe était patient et obstiné. Il attendait son heure… Il savait très bien ce qu’il faisait, qu’il était en train de mettre à la torture. Torture morale pour l’instant… Et je savais que si je disais oui, elle deviendrait physique également : plus de bières, plus de Mac Do, plus de film pornos, proscription totale des amphét’ et du Viagra. La frustration totale comme art de vivre ; abandon total des stoïciens pour un retour à la philosophie des Pères de l’Église : « Tu vas vivre une vie de merde pendant des mois, mon fils ; mais pour atteindre le Paradis, fais-moi confiance ! » Mouais… Je n’avais pas été fan de ce discours à la con. Et pour tout dire, je n’avais jamais eu de coach. Seulement, je savais cette fois que, sans Jakin, je n’avais absolument aucune chance de retrouver la forme.