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Temps de lecture estimé : 39 mn
25/02/16
Résumé:  Après son initiation avec Georges, Valérie s'éprend d'un autre ancien qu'elle séduit, ce qui la confirme dans ses goûts pour les aînés.
Critères:  fh hplusag hotel exhib lingerie fellation cunnilingu pénétratio attache -totalsexe -hplusag
Auteur : Laure Topigne            Envoi mini-message

Série : Les émois de Valériane

Chapitre 02 / 03
Les émois de Valériane - 2/3

Les émois de Valériane (2/3)

Selon une idée originale de G. Vieux.



Résumé de l’épisode I : Valérie, jeune fille de vingt ans, quelque peu innocente manque de se faire violer par un quinquagénaire alors qu’elle fait de l’auto-stop. Georges cependant n’est ni assez fruste, ni assez rustre pour prendre de force ce qu’il souhaite qu’on lui offre et elle ne tarde pas à tomber dans ses bras.




Depuis cet épisode, c’est-à-dire un peu plus de deux mois, je n’ai plus eu la moindre nouvelle de Georges. Au lycée nous ne nous sommes pas croisés et c’est tant mieux ainsi. Je suis sortie avec Bertrand, une proie facile, juste mon âge, mignon comme un cœur et muet comme une carpe, excepté quand il parle de foot ce dont je ne cause jamais. Au lit, on a envie de le secouer même quand il ne dort pas et ambitionne de vous faire jouir, ce à quoi il est fort loin de parvenir. Certes, il est gentil et doux mais de cette douceur mièvre dont se nourrit l’ennui. Qu’est-ce qui m’a pris de le jeter dans mes bras ?


Au reste, calme plat. Il m’est arrivé de revêtir ma tenue de bal, celle que Georges m’avait offerte et de m’y contempler, de rêver à ces plaisirs presque oubliés et parfois de les appeler du bout des doigts. Je cède aussi occasionnellement au long cortège de mes propres reproches, mais où avais-je la tête, tant de godelureaux fringants quasi à mes pieds et moi de m’envoyer le papy ! Pourtant, c’est avec lui, et malgré ses persiflages, que je me suis sentie femme. Non, non, non… il est hors de question que je le rappelle. D’ailleurs vendredi soir, j’ai un rendez-vous avec monsieur le maire, un ami de papa qui voudrait réorganiser la médiathèque de la commune et souhaite mon avis, notamment en ce qui concerne l’espace adolescent : futur chartiste oblige.


Il est dix-neuf heures quand je le rejoins dans son bureau. Pendant qu’il donne ses instructions à Orianne, sa secrétaire et bras droit, je l’examine. Une grande quarantaine ou une petite cinquantaine, élancé, dépourvu de toute bedaine, l’œil vif et le ton haut selon les impératifs de sa charge, une coiffure bien noire dans laquelle se fourvoient quelques fils d’argent, juste ce qu’il faut pour montrer que l’on ne se teint pas. Tout ceci servi par une mise élégante qui cultive des touches jeunes, bref un bel homme et je me demande pourquoi il est resté veuf depuis plus de dix ans maintenant. Avec mon père, il fait partie d’un groupe de chasseurs qui régulièrement viennent terminer leurs battues à l’auberge, carniers vides à l’arrivée et ventres pleins au départ, quant à l’alcoolémie…


La discussion s’engage très vite et nous voilà bientôt penchés sur la table où est déplié le plan des futurs locaux. Son index me guide à travers cursives et salles, rayonnages et espaces de lecture, de détente ou de conférence. Et puis… et puis soudain le doigt s’égare, s’embrouille et divague. Le ton aussi, jusqu’à présent si clair, si posé et si sûr, s’altère un peu. Le verbe perd sa belle éloquence, bredouille, se répète, ne répond plus que très évasivement à mes questions. C’est le miroir d’en face qui me révèle qu’en ce qui concerne la zone pédagogique réservée aux enfants, monsieur le maire n’accorde plus sa vigilance qu’aux seuls jumeaux qui apparaissent nettement dans l’échancrure de mon corsage. Une seconde, j’en suis gênée et tentée de tirer les rideaux grands ouverts sur ce panorama. Cédant à je ne sais quelle perversité, je décide de m’amuser et de le faire baver. Subrepticement donc, tout en regrettant très fort de m’être affublée d’un soutien-gorge, je donne un peu de mou au satin de mon chemisier qui baille et s’entrouvre davantage. La parole s’enlise et s’embrouille à mesure.


Le regard du premier magistrat de la cité est à présent si appuyé que j’en ressens toute la chaleur et redoute qu’il ne fasse fondre les objets de ses concupiscences. Après quelque temps, n’y tenant plus et vraisemblablement prêt aux pires avanies qu’il veut néanmoins m’épargner, il m’invite à rejoindre les fauteuils et la table ronde installés dans un coin du bureau pour discuter des horaires d’ouverture. De l’ouverture, précisément, je compte bien lui en fournir. Une seconde, il me tourne le dos et j’en profite pour dégrafer mon soutien-gorge et ouvrir un autre bouton de mon décolleté. Je passe devant lui présumant qu’il fixe les galbes de mes mollets et de mes fesses que je dandine selon un protocole déjà longuement rodé au restaurant familial.


Il s’assied en face de moi, tandis que pleine d’une superbe nonchalance, je croise les jambes très haut. Et voici qu’à nouveau son regard se voile, oscille d’abord de mon buste à mes jambes avant de se river sur ces dernières. Par de petits mouvements presque imperceptibles, je commande une lente remontée du tissu sur mes cuisses et bientôt ma jupe se réduit à une étroite bande d’étoffe qui surligne ce qu’elle devrait cacher. Quand je décroise mes gambettes, je suis sûre qu’on doit voir l’éclair blanc de ma culotte à travers le fin nylon du collant. Lui, pour bien s’en assurer, laisse tomber son stylo sur le plancher et se penche pour le ramasser. De quels enfantillages sont donc capables même les premiers magistrats de la cité. Cela m’excite beaucoup et je me sens belle, désirable tant qu’inaccessible. J’ai le sentiment que je pourrais tout lui demander, fût-ce la moitié de sa commune, qu’il ne saurait me refuser ! Je me distrais de cette pensée et il m’attendrit.

Pauvre maire, la charge est vraiment trop lourde et il n’a plus qu’un seul objectif, me congédier au plus vite et sous n’importe quel prétexte pour ne pas sombrer.



Quant à moi, je ne serais guère étonnée qu’il veuille maintenant se tripoter.



Je quitte la mairie passablement égayée, émoustillée d’ailleurs aussi. Je me souviens que notre bon maire n’était pas, au restaurant, le dernier à gratifier mon fessier d’aimables tapes flatteuses. Si ses gaillardises m’ont réellement attisée, je m’en suis surtout trouvée honorée. Il est bel homme et nombre de femmes le courtisent discrètement, il serait plaisant d’obtenir la préséance. Que dira mon père quand je lui ferai part des empressements lubriques de son ami Albin ? Et puis non, il vaut peut-être mieux rester muette au sujet de ces incidents, et après tout ce qu’Albin veut, je ne saurai le refuser à monsieur le maire.


J’ai tiré un plaisir bien innocent de mon petit jeu et décide donc de récidiver. Ce samedi soir, c’est dans la tenue offerte par Georges que j’arrive à la mairie, bâtiment sombre et sinistre dont la seule fenêtre éclairée est celle de monsieur le maire. Je pousse le lourd battant qui s’ouvre en grinçant et gravis l’escalier dans l’obscurité. La porte de son secrétariat est béante et je n’hésite pas à entrer. De celle du bureau d’Albin, entrebâillée, filtre un flot de lumière et une plainte gutturale. Je m’approche et risque un œil. Orianne sa jeune secrétaire – que je tenais hier encore pour véritable oie blanche – est accroupie, le buste totalement dénudé et monsieur le maire, le pantalon sur les chevilles se fait masser la verge entre des seins plantureux qu’elle étreint de ses deux mains. De temps à autre, elle happe furtivement le gland écarlate et l’accompagne une fraction de seconde dans sa cavalcade en semblant s’en régaler.


La scène me fascine mais c’est surtout les regards des protagonistes qui captent d’abord mon attention. Le sien, hagard, absorbé par les ors du plafond, l’autre, celui de la blonde à ses pieds, interrogateur, levé vers son visage et tentant d’y lire les allégresses dont elle essaye de le gratifier. Elle y conjugue supplication et adoration, ce qui d’évidence échappe au butor. Il est hors de doute qu’elle n’accomplit pas un simple geste professionnel ou administratif mais est amoureuse de son patron. Je suis médusée par le mouvement de la roide colonne entre les globes laiteux, me laisse hypnotiser par le spectacle de ce sceptre dressé et autoritaire tyrannisant cette moelleuse douceur. Je ne me retiens plus et, relevant ma robe, je glisse une main électrisée dans mon antre secret. Je le fourbis au rythme de leurs ahanements et bientôt m’écoule en chaude langueur. Eux aussi ne sont plus très éloignés de l’explosion. J’en suis piquée au vif et ne souhaite pas que mon magistrat émousse ainsi ses fougues avant de m’avoir admirée, s’adonne à un plaisir subalterne, précédant les charmes de notre rencontre au risque d’y être moins réceptif.


Je me retire sur la pointe des pieds, mais dans les ténèbres de la pièce, encore toute éblouie (dans les deux sens du terme) par ce qui vient de se dérouler sous mes yeux, je heurte un siège qui se renverse, heureusement sur la moquette et donc sans faire trop de bruit. Sur le palier, je referme la porte du secrétariat avant d’y tambouriner allègrement. Quelques brèves secondes plus tard, j’entends sa voix de stentor :



Comme tu es à Orianne, ne puis-je m’empêcher de médire en mon for intérieur. Je pénètre dans le secrétariat toujours obscur. Il vient m’y chercher et m’accueille encore tout cramoisi par ses exploits et un peu décoiffé mais avec un immense sourire de bienvenue. Dans le fond de la pièce Orianne achève de se réajuster et cherche l’une de ses chaussures égarée au cours de la joute. Elle se retire enfin, l’air pas contente, pas contente du tout et grommelant un vague au revoir puis sort en claquant la porte.



Ah ! Il veut jouer les flatteurs eh bien, je vais lui en fournir l’occasion.



Lentement, j’effectue deux tours sur moi-même pointant outrageusement sous son nez, selon l’article de mon anatomie qui lui fait face, tantôt ma poitrine, tantôt mes fesses. Cet exercice, combiné au souvenir des visions émoustillantes dont je viens de profiter et renforcé par son air penaud et lascif, raffermit mes seins et comme j’ai omis le soutien-gorge, mes tétons accorts et excités ne sont pas loin de crever la toile. Une fois bien campée devant lui, je retrousse légèrement ma robe et lui demande :



Du rouge le voila passé au vermillon et je m’amuse tant de sa figure que je n’ose qu’à peine la fixer lorsqu’il me réplique :



Avec un sourire malicieusement accusateur, je lui rétorque :



L’attaque est la meilleure des défenses. Ainsi, moi qui espérais l’épingler me voici, à l’inverse de mes stratégies, en position d’accusée et je balbutie :



En moi-même, je ricane, j’aimerais bien entendre monsieur le maire déclarer à mes parents que je le matais tandis qu’il se tapait Orianne ! Je n’en prends pas moins une mine dépitée et honteuse pour le supplier :



En même temps je me tortille, j’incline la tête et dans un geste contrit, comme pour me donner une contenance, joue nerveusement avec les boutons de mon corsage que je défais discrètement.



Il s’approche de moi tandis que spontanément, je me redresse et jette mon buste en avant de sorte à ce qu’il écarte largement les pans de mon col qui s’évase. Ce cher Albin est indubitablement déchiré entre sa dignité de maire, les attendus de cette charge ainsi que l’amitié qui le lie à mes parents et ses convoitises. Il faut que j’affranchisse ce grand dadais de ses alarmes sans quoi ses atermoiements risquent de se prolonger. Pleine de candeur, je saisis l’ourlet de ma robe et le remonte très haut ayant l’air de m’absorber à nettoyer la tache délatrice, mais exhibant mes jarretelles et la peau nue au-dessus.



Ses yeux écarquillés enveloppant mes cuisses ne semblent pas appuyer cet avis. Il avance sa main qui plutôt que de coopérer à éponger le tissu, plonge dans mon entrejambe. Je lâche simultanément un petit cri et un peu de cyprine et pour bien montrer que je ne nourris aucune rancune, je lui tends mes lèvres tremblantes. Il n’espérait pas cet agrément et supputait, je pense, un refus violent ou un soufflet.



Sa langue dans ma bouche, sa main dans ma culotte lui interdisent ensuite toute expression supplémentaire de ses repentirs. C’est étonnant, mais je trouve bien plus de saveur à son baiser qu’à ceux de Georges. Plus de chaleur bien que moins de flamme, mais je sais aussi à présent mieux en profiter et nos langues s’enlacent, s’entremêlent, se perdent et se retrouvent dans un ballet délicieux. Cependant, ses phalanges ne restent pas inactives et après une courte exploration, elles tentent maintenant de rabattre la fine lingerie qui masque mes dernières pudeurs avec un succès modéré dans la mesure où j’ai tendu mes jarretelles par-dessus. Je frémis de plaisir lorsque je les sens se glisser sous l’élastique et s’infiltrer en moi pour caresser mes lèvres. Il n’est pas question qu’elles s’arrêtent en si bon chemin et tout mon être en réclame plus. Il s’en est aperçu et poursuit sa diabolique mais si tendre incursion.


Je savoure toutes les nuances de la félicité qui, en ces circonstances inoubliables, me chavirent. Mes membres ne me portent plus et se dérobent complétement lorsqu’il enfonce conjointement (ce mot signifierait-il joint dans mon con ?) son majeur et son index dans ma vulve pour récolter le délectable bouillon que j’y distille. D’un geste large et fiévreux, il balaye la surface de son bureau, avant de me soulever dans ses bras pour m’y asseoir d’autorité. Il défait sans précaution ni engouement particulier mes jarretelles du seul côté droit, puis tirant sur ma culotte tout en m’enjoignant de plier et de remonter la jambe correspondante, finit par la faire passer sous mon talon. C’est en affamé qu’il précipite ses appétits vers mon sexe et sa langue curieuse et aventureuse explore chaque repli de ma muqueuse avide. Je raffole de cette longue invasion et je sens mon ventre frémir délicieusement. Est-il bien conscient du bonheur qu’il dispense ? Je pense que oui car, d’instant en instant, en une infernale progression, il accroît ses ardeurs, recueillant mes ahanements en maigre contrepartie. Empressée, je ferme les yeux pour mieux priser ce baiser qui se love entre mes cuisses écartelées et qui dévore mes chairs les plus délicates. Je mords mes lèvres, pour ne pas hurler et me cambre, pour m’offrir davantage, pour lui abandonner mon sexe, tout mon sexe afin qu’il s’étanche à ma chatte dégoulinante de cyprine. Il se redresse, le regard dément, et attaque sauvagement mon corsage dont il écarte les bretelles sur mes épaules puis qu’il rabat juste assez pour libérer la pointe rose et turgide de mes seins. Il en accorde une au plaisir de sa bouche, la seconde à celui de sa main droite tandis qu’il occupe la gauche à se débraguetter.


Il me renverse enfin sur le bureau communal où, d’accoutumée, se consignent naissance, mariage, divorce et décès. L’échine meurtrie par la rudesse du bois, et les mollets reposant sur les épaules du premier serviteur municipal, je tourne la tête à gauche pour croiser les prunelles aveugles mais réprobatrices d’une digne Marianne, totalement indignée. J’essaye de fuir cette voyeuse importune et me détournant sur la droite, je rencontre le visage sévère et courroucé d’un président intransigeant, condamnant sans ambages ces fredaines. Je fixe alors le plafond, redoutant de le voir s’entrouvrir pour céder passage à quelconque archange armé de sa pique et me menaçant du pire enfer. La trique de monsieur le maire me satisfait suffisamment déjà. Il la promène et l’agite au seuil du temple, agaçante de ses réticences. Elle hésite, avant de s’engager en courtes saccades. C’est bon et énervant tout à la fois. Enfin il s’engloutit dans l’océan de mouille qu’il a généré et j’entends, dans des clappements peu élégants mais d’autant plus excitants, mon ventre aspirer sa colonne. Je me contracte sur elle et me livre en accompagnant ses va-et-vient de petits coups de reins synchronisés. Cette participation plus active qu’elle ne le fut avec Georges me procure des jouissances plus expertes et je détaille mieux leur propagation, leur ineffable envahissement. Monsieur le magistrat s’enfonce magistralement en moi, sonde mes profondeurs puis soudain m’agrippe par les hanches tandis qu’il se raidit et pulse son magma incandescent au sein de mon volcan. Une seconde, une courte seconde, je vois ses yeux exorbités et c’est à ce moment que je m’évade emportée par le plaisir.


C’est à ce moment aussi qu’on frappe à la porte et que sans y être invitée, Orianne, portant un plateau sur lequel sont disposés deux tasses à café fumantes et un sucrier, s’engouffre dans la pièce.



Pour la première fois, l’effrontée semble me remarquer alors que, dans une posture périlleuse, je tente d’enfiler ma culotte sur la jambe qui en est dégagée.



Elle m’aide en effet en me maintenant puis cette opération achevée elle poursuit : attendez que je vous attache. J’ignore ce qu’elle veut exactement me signifier par ce raccourci saisissant, mais elle s’agenouille devant moi et farfouille sous ma robe pour y trouver successivement les jarretelles qu’elle tend et dans lesquelles elle vient coincer la soie du bas. Ce faisant, elle m’offre une vue splendide dans son décolleté et sur son poitrail, qu’à mon égal elle n’étaye pas d’un inutile soutien tant il est ferme. Son visage est à hauteur de mon sexe qu’elle allume de son souffle chaud et puissant tandis qu’elle flaire mes remugles.



Monsieur le maire, pendant cette scène, est si dépassé qu’il en oublie de se rhabiller. Orianne nous quitte enfin, avec autant de fracas qu’elle est venue. Albin toujours torse nu s’effondre sur son trône de premier magistrat et menace :



Puis il entame une longue tirade en laquelle il égrène son repentir : il n’a pas voulu, il ne faut pas que je me méprenne, il a beaucoup de respect pour les femmes et pour moi davantage encore. Mais je suis trop belle et il m’aime bien, depuis toujours – je sais, mes fesses s’en souviennent – je suis trop belle et il en a perdu la tête, lui qui est si seul – il en oublie déjà Orianne. Oui, je suis trop belle, un ange de candeur dans ce monde de noirceur dont il veut me protéger – il s’y prend d’étrange façon – je suis trop belle et il a méjugé mes intentions – mais pas du tout – je suis trop belle et s’il n’était la différence d’âge, il pourrait m’aimer, d’ailleurs c’est ce qu’il fait en toute honnêteté – ah ! l’honnêteté est un mot très insolite chez les politiques – je suis trop belle et j’ai enflammé ses songes tout au long de la dernière nuit…

Je l’interromps car j’ai l’impression que cela pourrait s’éterniser :



Lui cependant repart, plus disert que jamais :



Il a l’air sincère. Il est curieux de voir combien les hommes savent s’abuser eux-mêmes et la conviction qu’ils y mettent. C’en est si cocasse que je m’enthousiasme presque à écouter ce qu’il me débite maintenant.



Sentant qu’il va encore s’enliser, il change brusquement de registre.



Il me raccompagne jusqu’au perron de la mairie et veut m’embrasser sur les deux joues mais libertine comme je sais l’être désormais, à la seconde accolade, je fais glisser mes lèvres sur sa bouche. Et devinez… il est bien en peine de s’y soustraire et de résister.


Le lendemain – premier courriel :



Second courriel trente minutes plus tard :



C’est la troisième fois, au cours d’un unique week-end, que mes pas me mènent à la mairie et je me demande à présent si je n’en pince pas un peu pour monsieur le premier magistrat. Pour cette entrevue, je revêts une jupe noire, longue et très stricte, un chemisier saumon boutonné à ras du menton mais conserve des sous-vêtements coquins comme ceux que je portais la veille. Je redoute fort la rencontre d’Orianne et suis soulagée lorsque monsieur le maire m’accueille et que je n’en vois point trace ; normal, nous sommes dimanche.


Albin, un brin penaud, affiche néanmoins une ferme détermination et rien ne semble devoir le détourner de notre travail. Cependant l’insistance qu’il met à ne point me regarder me laisse augurer de la fragilité de ses résolutions. Il veut me démontrer que des avanies de la veille, il ne saurait plus être question, qu’il ne m’en garde nulle rancune, en a effacé tout souvenir et surtout, qu’il sait se tenir auprès des dames. Il revient sur des détails dont il m’a déjà entretenue afin de me montrer l’évolution de ses positions sous l’influence de mes avis éclairés.


Petit à petit, se rassurant sans doute au sujet de sa force de caractère, il se hasarde d’abord à me dévisager puis pousse jusqu’à me sourire. Il me conduit enfin à cette table où est déroulé le fameux plan qui fut le déclencheur, bien innocent, de notre équipée.


Pour un peu, je m’inquiéterais de mes capacités de séduction. Je ne lui effleure alors qu’à peine la main et peux immédiatement constater que ces alarmes sont bien vaines. Monsieur le maire, illico se lâche autant qu’il se raidit.



Toi, tu peux certes encore te permettre de te divertir de tes exaltations et émotions, méfie-toi cependant, la vie est courte et à peine a-t-on conscience de s’y être vraiment engagé, voici que déjà s’en annonce l’issue. Oui, j’ai profondément regretté l’accident qui s’est produit mais pour être absolument sincère, je veux aussi infiniment t’en remercier. J’ai adoré que tu rallumes, ne fusse qu’un instant, l’illusion et vénère ce souvenir. Attention toutefois à ne pas me la faire miroiter avec trop d’insistance, tout m’incite à me laisser duper et les amarres du raisonnable rompues, va-t’en savoir jusqu’où je pourrais aller.



Monsieur le maire, évidemment, ne résiste pas à cette supplique et m’accueille tendrement sur son torse. Ses bras m’emprisonnent et son cœur bat follement la chamade. Puis-je l’admettre, il me semble que le mien, non plus, ne fait pas relâche. J’aime son étreinte ferme, j’aime ces sentiments de plénitude et de protection qui me font redevenir enfant dans la chaleur musclée de son enlacement. Je trouve cela si envoûtant que je me sens fondre, que mes jambes s’amollissent au point de ne plus me soutenir, et, le comprenant, il m’entraîne vers les fauteuils qui décorent l’angle de son bureau où nous nous asseyons l’un en face de l’autre tandis qu’il enferme mes mains dans les siennes.



Pauvre Albin, tout à la fois paternel et éveillant en moi une fibre maternelle encore insoupçonnée. Il est digne et désespéré et j’éprouve une franche compassion à son égard. Je ne peux m’empêcher de l’ébouriffer en un mouvement rapide dont j’effleure ses cheveux. C’est le geste de trop ! De trop ? Quand j’abaisse mon bras, il le happe au passage et y porte sa bouche pour le couvrir de baisers alliant fougue et respect. Il tremble, me jette de petits coups d’œil furtifs et suppliants afin de quémander le misérable droit de m’honorer de la sorte. Où sont donc monsieur le maire et sa belle prestance ? J’avoue toutefois qu’ainsi vulnérable, il est fort touchant et réveille tant ma vanité que ma pitié et des idées autrement friponnes. Tout en lui abandonnant l’une de mes mains, je me glisse du fauteuil vers le sol pour me mettre à genoux devant lui et ouvrir sa braguette de l’autre. Il tressaille et hurle :



Je me souviens des sentiments qui m’animaient lors de cet exercice pratiqué sur le sexe de Georges, excitation certes, crainte surtout et pas mal de dégoût. Aucun rapport avec ce qui se passe présentement où toute notion d’humiliation s’est dissipée et je brûle de le gratifier d’une fellation dans le but de le distraire de ses noires pensées et de consolider mes apprentissages passés. L’organe que j’extrais de son pantalon est remuant comme un animal qu’on vient d’extirper de sa cage et bien que déjà de belle taille, il se déploie lestement entre mes paumes. À l’opposé de son propriétaire, il ne manifeste, ni contrariété, ni remords, et frétille de l’aubaine qui l’attend.



À partir de cet instant monsieur le maire devient Albin pour moi et du vous, je fais tu. Son engin que j’enserre de toute ma ferveur s’allonge et se durcit, se gonfle et se renfle. Mes répugnances anciennes ont disparu, se sont mêmes converties en attirances. Je le titille du bout de ma langue et l’allégresse que je dispense en violace l’extrémité. Je l’embouche en m’appliquant à bien le comprimer de mes lèvres et ajoute aux succions de ma bouche le coulissage d’un anneau réalisé avec mes doigts dont j’étrangle cette vipérine bête. L’animal reptilien se cabre et Albin vitupère dans un langage salace qui n’est point apanage de maire. J’aime l’onctuosité de son gland, dont je soigne particulièrement le méat qui distille quelques larmes de fluide enchanté. Je resserre mes adulations et me risque, sans récalcitrance, à jouer les gorges profondes. Ce n’est finalement pas si laid un sexe d’homme ! Moins beau toutefois que l’origine du monde à condition qu’on n’ait pas infligé à celle-ci de déforestation abusive car si je reste amatrice des jardins à la française je veux, que comme tout jardin des délices, il reste arboré.


Ses tressaillements m’apprennent qu’il est au bord de l’éjaculation et il tente de m’écarter pour m’épargner cette avanie mais une idée unique me domine : profiter jusqu’au bout du plaisir que je lui donne. Deux, trois fois encore je le pompe, il n’y tient plus et sa pression sur mes épaules s’accentue, je me recule juste suffisamment pour voir sa semence gicler. J’ouvre la bouche qu’il asperge généreusement et son foutre déborde, s’étale aux commissures de mes lèvres, dévale le long de mon cou en un long torrent incandescent. J’avale et me refuse à essuyer les traînées adventices qui me maquillent de sa jouissance.


Il me demande de me dénuder, car l’autre soir, débordé par ses fièvres, il n’a pas su m’apprécier dans toute ma magnificence, n’a pas pu se régaler de toute l’harmonie de mes perfections, de toutes ces fraîcheurs qui le font rêver. L’exercice est difficile, vais-je l’accompagner de déhanchements lascifs comme une professionnelle ou me découvrir sagement à l’égal d’une jeune fille de bonne famille. Je n’aspire nullement au titre des premières et j’opte pour un déshabillage paisible, tel que je le pratiquerais chez moi dans l’intimité de ma chambre. J’en ralentis néanmoins l’exécution afin de lui conférer toute son ampleur. Dès que j’ai enlevé mon chemisier, il entonne ce qui sera son leitmotiv :



J’ai une petite réticence en ce qui concerne Dieu, mais j’admets que celui ici évoqué soit Éros. Tranquillement et très naturellement je retire mon soutien-gorge. Le regard qui dévore mes appâts est si aigu qu’il me transperce et mon immodestie dès lors m’étourdit. Selon l’habitude, je dorlote légèrement mes seins que je viens de délivrer de leur carcan ce qui m’arrache un gros frisson voluptueux que cette situation d’exhibitionniste renforce encore. Je déguste comme toujours ce tribut dont je récompense mon buste qui réveille ce frémissement, courant à fleur de ma peau, et dont je me grise.



Je déboucle la ceinture de ma jupe qui s’écoule à mes pieds. Comme hier, j’ai conservé mes bas impeccablement tendus par le porte-jarretelles et je me demande s’il ne va pas s’étouffer, lorsque dressée sur la pointe de mes pieds, j’effectue deux virevoltes sur moi-même lui révélant en vraie grandeur les grâces de mes guibolles, de mon ensellure, de mon popotin, de mon giron et d’autres accessoires. Je me saisis d’un dossier que j’improvise éventail, destiné à l’enrober de mes effluves. Horripilant ma peau de son léger courant d’air, il en fait valoir la finesse et lui en laisse présumer la douceur.

Il est rouge comme coquelicot, mon Albin. Je m’approche de lui, mais d’un signe, il m’invite à reculer tout en marmonnant une dixième fois au moins :



Je fais alors glisser ma culotte lentement, interminablement le long de mes cuisses et de mes jambes puis me redresse en lui exposant mon vison que je coiffe d’un geste frivole.



Il se met à genoux devant moi, empaume et manipule mes fesses, applique sa bouche sur mon pénil qu’il combure de son haleine. Tout en dévotion, mon Albin est aux anges de sacrifier ainsi à de charnels démons. Il essaye ensuite de défaire mes jarretelles et là, je m’amuse car il tremble tant d’excitation contenue que ses doigts malhabiles dérapent, s’embrouillent et ce qui devait arriver se produit, il disloque l’un des caoutchouteux tétons.



Je n’ai pas plus tôt détaché la ceinture de mes bas et avant que je ne retire ceux-ci, qu’il m’attire et me couche sur l’épaisse moquette. S’il s’est montré malhabile avec moi, il est prompt à se déshabiller, à peine gêné et garde slip et pantalon roulés sur les chevilles. Toujours à genoux il me parcourt d’une multitude de petits baisers affectueux de la tête aux pieds. Bien entendu des régions profitent plus que d’autres de cette manne et il se fait par bonheur que nous nous entendons magnifiquement sur leur choix, que ce sont celles que je lui dédie, où naissent mes voluptés et qui sont sa récompense. J’apprécie à sa juste valeur cet hommage tendre et tandis qu’à présent, il s’active sur mes tétons, je cherche son phallus pour le branler délicatement. Très vite ce sceptre récupère autorité, consistance et vigueur ce qui se traduit par une accélération du rythme respiratoire d’Albin et le rend à mesure plus entreprenant. Le voilà bientôt pourvu de trois bouches et de dix mains qui titillent mon cou, mes oreilles, ma gorge et dont l’une, enfin, s’égare jusqu’à Cythère que baignent tous les sucs de mon être, toutes les sèves de mes rêves. M’accompagnant d’un râle grave, j’écarte les cuisses pour marquer mon zèle et mon empressement.



En effet, il prolonge ses caresses au-delà du supportable. Ces doigts légers et ignés qui papillonnent, ses lèvres torrides qui me dévorent me soumettent ensemble au supplice du gril.

C’est magique et féroce, énervant et divin, divinement énervant. L’attente devient intolérable, je me trémousse, me vrille, me secoue et finis par me mordre les poignets. J’admire aussi sa maîtrise retrouvée, il flâne en délicieux préliminaires là où Thomas se serait hâté de conclure. Sa langue, calmement, s’introduit dans ma fente, sans voracité, timide presque. Elle vient saluer la capsule de chair largement ouverte puis sa bouche aspire mon tendre bouton. Je tressaute, elle le suce, je me cambre, elle le roule, je délire, elle le mordille. Ses mains agacent voluptueusement mes seins graciles et en excitent les tétins, je ne sais trop comment mais jamais ceux-ci ne se sont aussi fièrement érigés. Je n’y tiens plus, mes transes augmentent au fil des secondes et je rugis d’impatience quand enfin, très progressivement, son sire me pénètre. Je me cabre et me déhanche tout à la fois pour mieux me l’arroger et accélérer sa prise de possession. Je sens sa lente avancée dans mes chairs brûlantes et, m’accrochant aux épaules de mon amant, j’implore : prends-moi, prends-moi vite.


Lui, le monstre, à l’encontre de cette prière, se retire et multiplie ses effleurements qu’il concentre dans mon entrecuisse, sur mes lombes et mon ventre en évitant soigneusement le triangle sacré. Il poursuit ces manœuvres jusqu’au moment où écumante, n’en pouvant plus, c’est moi qui le couche sur la moquette assez brutalement et m’enfourche sur son épieu. Je me rends compte que c’est ce qu’il souhaitait et nous nous délectons tous deux de ma prise de pouvoir. Je savoure surtout de sentir l’imposante colonne s’enfoncer dans mes chairs avides et inondées. Je m’emballe dans une chevauchée débridée qui fait danser mes seins, les distendant et les comprimant en cadence et leurs rebondissements dans ces mouvements endiablés me procurent des sensations hautement jubilatoires. Mon orgasme si longuement mûri ne tarde pas et lorsque quelques va-et-vient plus tard, il décharge à son tour, je récidive mes crépitements et m’affale sur son torse, pauvre chose gémissante.


En quittant Albin ce dimanche une interrogation me hante : suis-je indéfectiblement condamnée à coucher avec des vieux ? Cela doit-il signifier que quand j’aurai quarante ans, je sortirai des pépés de quatre-vingt ou qu’atteignant les soixante-cinq, je courtiserai toujours des quadras qui me feront dès lors l’effet de jeunes hommes ? Quelques désastreuses expériences avec les jeunots de ma génération ne sont pas forcément significatives et ne peuvent quand même pas établir une règle générale ! Il est certain que pour l’instant ce sont des ancêtres qui ont conduit mon initiation en experts, que c’est grâce à eux que j’ai atteint à la félicité aussi bien physiquement que mentalement car ils ont su me faire accéder au statut de vraie femelle, que ce sont eux enfin qui répondent le mieux à beaucoup de mes aspirations et de mes pulsions.

S’esquisse cette relation qui nous réunira régulièrement et nous lie dès à présent par des sentiments réciproques bien que non identiques.


Albin m’a offert un portable à usage exclusif que nous dénommons le téléphone rouge, que je n’utilise qu’à son adresse et sur lequel il m’appelle à tout moment. C’en serait lassant, s’ils n’étaient les discours enflammés qu’il me tient. Ils régalent mes vanités à l’envi et j’y suis tant Vénus que Messaline mais parfois encore, ils se lâchent en véhémente coprolalie me baptisant d’infâme salope ou de chienne en chaleur ce qui m’excite davantage que titre de déesse. Aucune promesse ne nous unit et il a l’intelligence de comprendre la précarité de notre liaison. Je sais que ce qu’il souhaiterait le plus, c’est que monsieur le maire fasse signer sur ce bureau où il m’a prise la première fois, le contrat des noces unissant Valériane (ça y est, il m’appelle ainsi) à Albin. Tout me porte à penser que ce ne serait pas sage et il doit s’en douter également.


Le printemps est déjà bien avancé et je rentre ce soir très tardivement, après ma visite hebdomadaire chez mon amoureux. Comme souvent, il était préoccupé et nous n’avons échangé que quelques langoureux câlins. Le temps doux et tiède élève des brumes cotonneuses au-dessus de la rivière qu’une brise légère ne parvient pas à dissiper tout en faisant néanmoins voleter le bas de ma robe autour de mes jambes dans un frou-frou aussi délicieux que gracieux.

Sur la passerelle piétonne qui leur est normalement interdite, un motard me dépasse. Au bout de celle-ci, il stoppe son engin et en descend, manifestement pour m’attendre. Toute sur mon nuage, je n’y prête aucune attention.

Lorsque je parviens à son niveau, il me coupe le passage en écartant ses bras et déclare d’une voix un peu avinée :



Sans lui répondre, j’essaye de l’éviter et de m’enfuir mais, plus leste que son état ne me le laisse présumer, il me ceinture et me plaque violemment contre le garde-fou, qui porte bien mal son nom en l’occurrence, puis relève le léger tissu de mon vêtement et plante sa main gantée de noir au cœur de mes sensibilités. Je le repousse vivement et parviens presque à m’enfuir. Un bref combat nous oppose dans un face-à-face distant où je ne me défends pas trop mal, esquivant adroitement ses prises. Je comprends très vite qu’il ne me frappera pas et cette joute, maintenant la première frayeur passée, ne me déplaît plus vraiment et vire bientôt à la mêlée. Il m’accroche et se jette à terre, m’entraînant dans sa chute. Nous roulons sur l’herbe humide de la berge et nos corps se happent, s’emmêlent tandis que, dès lors, le combat prend une allure très sensuelle. Il m’emprisonne de ses jambes, nos membres se nouent et se dénouent dans une frénétique chorégraphie. Je me cabre et me redresse, tambourine sur sa carapace de toute la véhémence de mes poings serrés.


Je m’étonne de l’énergie de ma poigne tout en sachant qu’à certains moments il pourrait aisément m’immobiliser mais je constate qu’il n’en fait rien, soucieux lui aussi de prolonger cet aguichant corps à corps. Il serait plus légitime de parler de notre corps à cuir car caparaçonné comme il l’est, noir de la tête au pied, dans cette obscurité profonde, il tient de l’extraterrestre vêtu de son scaphandre, de l’Alien immonde qui tente de s’accoupler pour générer une troupe de mutants dégénérés. Plus cette lutte se prolonge, plus j’y prends goût et elle m’attise toujours davantage.


J’aime la force brutale du gaillard qui contraste avec les gentillesses parfois un peu trop mièvres d’Albin, mais tout autant j’apprécie la froidure du cuir rêche et odorant qui râpe ma peau fragile. Il fleure bon la bête et dégage des odeurs d’huiles brûlées qui se combinent à celles de cirage et de cuir mouillé. Je réplique en mordant de manière bien inoffensive son bras armuré, mais au moins ne me serai-je pas rendue sans résistance. Alors qu’il essaye d’ouvrir sa braguette, souple, vive et glissante comme une anguille, j’échappe à ses vigilances, me relève et m’évade.


Allez donc courir chaussée d’escarpins, un roquet sur vos talons et, à vrai dire, je ne suis pas furieuse qu’il me rattrape. Me bloquant à nouveau contre le parapet en écrasant mon ventre de la fermeté de ses abdominaux, coinçant son genou cuirassé entre mes jambes afin de me maintenir, il tire violemment sur un pan de ma robe et à l’aide d’un couteau serpette qu’il extrait de sa poche, d’un seul geste la fend de haut en bas. Là, je concède que je m’effraye un peu, toutefois cet effroi se conjugue avec un ensemble de sensations très étourdissantes qui me troublent depuis le début de cette algarade. Toutes griffes dehors, armes bien désuètes affrontées à son blindage, j’essaye de relever la visière de son casque mais il esquive voulant conserver l’anonymat.


Une seconde fois, il me culbute sur l’humus odorant et tiède, s’étend sur moi couvrant ma nudité palpitante de son armure froide et s’arroge, en seigneur, mes seins sensibles qu’il étreint de l’inhumanité de ses phalanges bardées de cuir. Il se débarrasse de son gantelet droit et déchire la frêle attache de ma culotte, puis plonge sans détours ni douceurs ses doigts dans le repaire tabou déjà dégoulinant de mouille. C’est moi qui le retourne pour me retrouver sur lui, c’est moi qui l’enserre pour sentir la rudesse de sa couenne raboteuse éraflant les vulnérabilités de ma peau, c’est moi aussi qui déverrouille sa braguette pour en extraire un Priape triomphant, c’est moi encore qui m’empale sur lui. C’est lui qui vigoureusement me laboure de son soc épais et roide me vouant aux gémonies tout en me portant aux nues.


Après quelques instants de ces va-et-vient, il me désarçonne et me met à quatre pattes devant lui tandis qu’il rabat les loques de ce qui fut ma robe sur mes hanches. Il conduit son dard entre mes cuisses, le réintroduit dans le temple qu’il vient de déserter et sans autre prévention vient le loger dans mes tréfonds. Je le sens merveilleusement ainsi quand il m’envahit en grandes ruées sauvages et je me recule hardiment pour percuter son ventre de ma croupe. De sa main gauche, toujours gantée, il saisit mon soutien-gorge qu’il relève puis agrippe mon sein. Je discerne la rigidité rude de sa cuirasse, sur mon poitrail et mes fesses. Il les frictionne avec une telle vigueur qu’il est hors de doute qu’il veuille me meurtrir. Et j’aime ce contact rugueux, impitoyable et outrageant ma délicatesse. Il me lime longtemps ainsi et ses relents fauves imprègnent ma peau qui s’irrite également des éraillures que provoquent les mordantes fermetures métalliques de ses vêtements.


Si jusque là toute la scène s’est déroulée dans un silence assourdissant, excepté quelques râles au moment du pugilat, maintenant au contraire, j’offre mon brame à la nuit. Quand il décharge, il tord si fort mon sein que je redoute qu’il ne le blesse sérieusement. Je hurle et ce cri de bête aux abois qui déchire la quiétude des ténèbres roule sans fin dans leur indifférence feutrée tandis que la verge qui fouille mon vagin me fait accéder au sommet du plaisir. L’orgasme qui m’emporte est démultiplié par mes alarmes récentes et j’en suis si bouleversée qu’incapable, un grand moment, du moindre geste. Je reste tremblante, toujours accroupie alors qu’il se retire puis, à l’aide d’une pointe insolite, égratigne mon postérieur.



Quelques secondes plus tard, il s’éloigne dans un vrombissement fracassant. La nuit retrouve sa sérénité, que je ne puis partager. Que s’est-il donc passé ? Comment ai-je pu céder, car il est hors de doute que j’ai cédé et sans presque résister, sans même crier. J’avais, je pense, envie de cette mystérieuse récréation avec un faune, envie de cette violence débridée, envie de profiter de toutes les fougues de mes vingt ans.

Je resserre les loques de ma robe autour de mon corps, ramasse ma culotte et rentre chez moi, veillant à ne croiser personne ni dans les rues, ni dans les couloirs de la demeure paternelle.


Dans ma chambre, j’essaye de lire le tatouage infligé, mais allez donc décrypter un numéro de téléphone écrit sur vos fesses en lettres minuscules, dans les encaissements du vallon et non pas sur leur cime. Je ne puis quand même pas demander à ma mère de le déchiffrer. Je me contorsionne devant le miroir au risque d’encourir un torticolis, sans grands résultats et puis l’idée ! Armée de mon smartphone, je photographie mon popotin. Dès la troisième tentative j’obtiens le résultat attendu et il ne me reste plus qu’à faire disparaître cette inscription, délatrice de jeux inconvenants.


Une longue semaine, je tergiverse, hésitant à récompenser ce goujat par mes complaisantes faiblesses. J’ai toutefois une envie irrésistible de découvrir le visage qui se dissimulait derrière la visière et le corps qui m’a si fort, fait jouir. Enfin, je l’appelle pour, lamentable, m’offrir à lui. La voix qui me répond au bout du fil ne me semble pas totalement inconnue et m’en rappelle confusément une autre que je ne parviens à identifier. J’exige que notre rendez-vous se déroule en terrain neutre et propose le café panoramique qui, du haut d’un immeuble, surplombe la ville.


Samedi, lorsque je pénètre sur la grande terrasse, je repère tout de suite un motard attablé qui me tourne le dos mais alors que je m’attendais à découvrir un jeune homme, je constate qu’il arbore tête chenue. Je le contourne, m’approche et ne peux retenir une exclamation de stupeur :



Je me jette dans ses bras qu’il m’ouvre largement.



Emportée par cette passe oratoire, je réponds un peu trop vite :



Le serveur vient m’interrompre à point nommé.

Nous parlons ensuite de futilités et il m’interroge longuement au sujet de mon concours, éludant ce qui nous a amenés ici. Mais je connais le bonhomme et devine qu’il prépare l’embuscade qui devra me laisser pantoise. Nous quittons les lieux toujours sans avoir davantage discuté de ce qui nous y a convoqués mais à peine sommes-nous dans l’ascenseur qu’il immobilise la cabine entre deux étages :


Une envie folle me prend, jamais je n’ai désiré un baiser autant que celui-ci. Je lui donne ma bouche et me laisse aller contre lui. C’est étrange qu’il m’ait fallu si long détour pour rejoindre mon point de départ et je savoure ces retrouvailles avec les délices qui se doivent ; lui aussi semble-t-il. À en perdre haleine nous mêlons nos langues furieusement, indéfiniment. Un instant, nous nous séparons et il en profite, tout époumoné, pour me susurrer :



Je porte une main à sa braguette et, sans l’ouvrir, masse son membre viril à travers le tissu puis le tord énergiquement.



En bas, je reconnais la Multipla. Il m’explique que la tenue de motard ne visait qu’à me permettre son identification et me propose de me reconduire. J’hésite, suis tentée mais préfère en définitive ne pas improviser :



Entendra qui saura ou plutôt voudra.

Huit jours plus tard j’échoue à l’oral de mon admission quoiqu’étant classée première en liste supplémentaire, je quitte Albin dans les larmes et pour retomber dans les bras et sous la férule et la verve cynique de Georges.


Deux jours encore et me parviennent costume et invitation. Le seigneur Georges semble disposé à de dispendieuse folie avec et pour sa maîtresse. À l’égal de la dernière fois tout y est, les gants en sus. L’ensemble se décline dans d’élégantes transparences blanches qui collent trop au corps pour que je puisse penser qu’il veuille me fantasmer en mariée.


La soirée à laquelle il me convie se déroule pleine de grisantes complicités et il n’est aucune obligation de convoquer de quelconques rombières pour me dégeler. Je le provoque dans tous les registres et vais jusqu’à l’inviter à faire de l’un de ses doigts le thermomètre de mes humeurs en sondant ma culotte et en lui permettant de s’égarer un peu plus loin.


Nous prenons ensuite une chambre qui par bonheur est pourvue d’un lit à barreau. J’ai en effet subtilisé les menottes que mon père dissimule derrière son comptoir pour immobiliser, en cas de nécessité, un client un peu trop aviné et turbulent dans l’attente de l’intervention de la gendarmerie. Je le repousse sur le lit et les extirpe de mon sac. Comme je le prévoyais, il me tend complaisamment ses poignets. J’en attache un, puis remontant ses bras vers la tête de lit, je fais glisser la chaînette métallique autour des montants avant d’en encercler le second.


Je le déshabille complètement à l’exception de sa chemise que je me contente d’ouvrir largement puis l’émoustille autant que souhaitable essayant tout de même de lui éviter l’apoplexie. Il n’est nul besoin de se fatiguer beaucoup pour l’amener à bander comme un taureau. Quant il est à point, bien excité sur chaque tranche, je me sépare de ma culotte, son trophée favori, trempée de mes élixirs et la lui jette à la figure puis… Puis je le quitte :



Il tente de protester, trop tard car j’ai déjà claqué la porte.

À peine ai-je commandé ma boisson qu’un jeune avocat, à ce qu’il dit, bien qu’il me semble plus adepte des bars que de la barre, m’entreprend et je l’enflamme à la limite du dangereux allant jusqu’à lui démontrer que je ne porte rien sous ma robe, mais lui déclarant que je ne saurais lui céder que lorsqu’il sera dans le même état sous la sienne. Nos marivaudages durent une bonne heure avant que je ne songe à rejoindre mon prisonnier.

Je lui conte mes aventures et propose de faire monter le jeune homme pour m’offrir en spectacle dans mes ébats amoureux.



Il reste un instant pensif puis répond :



Bien mal m’en prend car le bougre apprécie tant le tableau que je me demande s’il ne saurait s’en contenter. Je me glisse donc dans un coin de chambre où il ne peut m’observer et profère mes gémissements à l’envi.



Toujours toute habillée, enfin si l’on peut dire car ma toilette se limite à robe, porte-jarretelles, bas et escarpins, je rampe entre ces jambes sur le lit, agrippe son sire d’une main rapace, plonge l’autre entre mes cuisses et nous branle tous deux avec une égale ardeur. Il roule des yeux furibonds et entre les saccades de ses geignements, implore :



Pour toute réponse, alors qu’il vient de me tutoyer, ce qui est d’excellent présage, je viens enserrer et triturer ses bourses puis l’avale en longues succions bruyantes et avides. J’alterne douceur et violence sur son membre distendu mais dès que je comprends qu’il n’est pas loin d’éjaculer, je m’interromps.



Je le délivre et il se jette sur moi. Il était temps car de vraies crampes tordent mon abdomen. En effet, tandis qu’avec beaucoup de satisfaction je lui ai refusé son plaisir, je n’en ai pas moins été fort chagrinée de différer le mien. Il faut croire que j’ai exacerbé ses appétits que rien ne peut plus contenir. Il me bascule sur le lit et s’apprête à forcer mon œillet.



J’ai su mettre la conviction nécessaire dans cette admonestation qui le fait reculer.



Renonçant à son projet, il s’installe dès lors sur l’unique chaise de la chambre et m’attire vers lui pour m’asseoir sur ses cuisses en m’empalant. Je suis tellement lubrifiée que je le sens à peine me pénétrer. Il retrousse alors ma robe jusqu’à sous mes aisselles et la rabat sur ma tête.



Agrippant fermement mes hanches, il me contraint à un alerte va-et-vient sur sa hampe. Le mouvement une fois initié, je trouve mon bonheur à le poursuivre et l’accélère de mon plein gré. Tandis que je m’accroche à sa nuque, laissant mon buste partir en arrière, il tire mon abdomen vers son ventre, ce qui me cambre fortement. Ainsi arquée, je ressens l’épieu qui fouille divinement mes entrailles et ne tarde guère à jouir. Une fois nos essoufflements calmés, il lâche :



Il vient de reprendre le vouvoiement ce qui signifie la fin des fredaines et me gratifie d’un sourire très chaleureux en venant m’embrasser d’un baiser rapide et léger. Je ne l’imaginais capable ni de l’un, ni de l’autre et je comprends que par eux, il m’adoube en pair.


Je tiens auprès de lui ensuite deux mois durant le rôle de maîtresse et nous écumons les restaurants chics selon un protocole désormais parfaitement rodé. Il adore m’exhiber en public ou plus exactement s’y exhiber avec moi. Quand je dis exhiber, il ne faut pas comprendre le mot dans son sens faible, non les toilettes dont il m’affuble sont de plus en plus légères et transparentes et je ne mets presque rien, ou si peu, en dessous. Ce sont des linons très fins, des soieries si transparentes que plusieurs fois je crains qu’on ne nous refuse l’accès à la salle. Il veille pourtant au bon ton, à l’élégance de l’ensemble et je ne pense pas avoir été prise à un quelconque moment pour une péripatéticienne.


La constante de ces tenues, c’est qu’elles se boutonnent toutes sur l’avant et se déboutonnent au fil du repas et de la soirée selon des gages, des défis variés ou suite à des propos fortement sensuels. Et moi de jouer les pudibondes et les timides, m’en amusant fort car en fait, je ne le suis plus guère et raffole fixer sur moi pendant un instant, l’attention de l’assistance entière. Durant ces dîners, il me tient des discours si salaces qu’ils m’enflamment terriblement et que plusieurs fois, à sa demande mais autant pour mon plaisir, je me caresse au travers de ma robe au point d’en jouir secrètement. Ce n’est peut-être pas là le mot exact, car cette discrétion n’empêche ni l’altération de ma face, ni de petits piaillements que je ne sais retenir. Après quelques temps, je veux lui rendre la monnaie de sa pièce.


Des copains ont ouvert une gargote qui ne compte guère pour le moment qu’une clientèle d’amis et ce soir, ils en ont écarté d’éventuels autres consommateurs. Je lui fais croire que lorsqu’au milieu de l’apéritif la lumière s’éteint, tous les clients se déshabillent et ne gardent au mieux que leur sous-vêtement. Il s’engouffre sans réticence dans le traquenard mais lorsque les lampes se rallument, il est le seul convive dénudé, les autres, informés du canular n’ayant que simulé des bruissements d’effeuillage. Imperturbable et grand seigneur, il fait mine de ne rien remarquer et pousse jusqu’à me décrire dans tous les détails les seins de la jeune fille qui, deux tables plus loin, n’a évidemment pas même retiré son blouson. Tout ceci est fort amusant et je ne compte pas le nombre de mes culottes dont il doit enrichir sa collection. Pour facétieux et plaisants qu’ils soient ces jeux me laissent cependant un grand vide car l’artifice y domine de trop et je me prends parfois à regretter les tendresses d’Albin.