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Temps de lecture estimé : 12 mn
04/03/16
Résumé:  Scène (presque) ordinaire de la vie parisienne.
Critères:  f ff jeunes frousses copains nympho cérébral voir exhib fmast nopéné portrait humour -mastf
Auteur : Cyrielle      Envoi mini-message
La branleuse



J’étais conne de poser la question, aussi. Huit mois que je connaissais Charlotte, huit mois que je ne l’avais jamais vue la main en dehors de la culotte.

J’aurais dû me méfier quand j’ai emménagé avec elle. Mais j’avais pas trop le choix. Je venais de décrocher mon premier job : avec à peine plus que le SMIC, pas la peine de chercher un appart seule à Paris. Sans parler des embrouilles de caution. Un copain m’a parlé de Charlotte.



Je comprenais ça. Une coloc avec des mecs, ça peut vite être galère. J’avais pas mal donné quand j’étais étudiante. Grosso modo, quatre profils possibles.


En un, le macho qui essaye de tirer tout ce qu’il trouve dans l’appart, à part peut-être les chats. Et encore, des fois, on entend couiner. J’ai jamais supporté : dès que je vois ce genre de mec, j’ai le genou qui me démange.


En deux, il y a le timide qui ne quitte pas des yeux le plancher et qui rougit quand on lui dit bonjour. Celui-là, on sait qu’il fouille le panier de linge sale à la recherche de vos culottes : dès qu’il en a trouvé une, il se la colle dans les narines et va se branler sous la douche. Quand on passe derrière, on n’est jamais sûr que les traces blanches sur la vitre soient du savon qui a dégouliné. Trop creepy pour moi.


En trois, il y a le beau gosse sympa et intelligent, celui qui est juste parfait et qu’on a trop envie d’attirer sous sa couette. Sauf qu’il est déjà pris. Toujours. Et le pire, c’est qu’il ne refuse pas forcément le tour sous la couette, mais qu’il ne l’assume jamais :



Ouais, c’est pas ce que tu disais cette nuit quand j’avais ta bite dans la gorge et que tu me tenais la tête à deux mains, salaud ! Et moi, je suis pas fragile, peut-être ? Quand tu me bourrais comme une brute, elle était où, Marie-Agnès ? Dire que j’ai failli tout avaler ! Je vais te la faire bouffer, cette couette, maintenant ! Et étouffer ta Marie-Agnès avec !


Enfin, quatrième spécimen, il y a le gay, toujours sympa et marrant, avec qui on peut parler cul comme avec une vieille copine, sauf que parfois il essaye de vous piquer vos mecs. Et puis dans les périodes de célibat, ça énerve d’avoir un joli garçon qui balade à travers l’appart ses petites fesses musclées et laisse ballotter mollement sa queue sous votre nez. On a envie de lui sauter dessus, de tout faire pour arriver à le faire bander. On le vit comme un défi, un challenge à… relever. Ouais, relever. Je veux voir briller tes yeux ! Je veux que le sang afflue dans ta bite rien que pour moi ! Alors on s’approche en ondulant, on caresse l’air de rien…



Après, on va pleurer dans la salle de bain, en se sentant très très conne. Et lui est à la fois désolé et gêné. Un truc est gâché ; on le sent à sa façon d’éviter gentiment le contact quand on se croise dans le couloir.


Donc définitivement, résolument, les colocs de filles, c’est plus sûr.

Sauf quand on tombe sur Charlotte plantée devant la télé, les cheveux roux en bataille, un vieux tee-shirt tombant sur une culotte Snoopy à demi baissée, qui se chatouille le clito d’un majeur nonchalant.



Charlotte ne quittait pas des yeux un cinquantenaire boudiné dans un costar-cravate, très fier de son entreprise de mise en bouteille de sardines des Alpes ou un truc du genre.



Y’a des moments où je me dis que j’habite avec une malade. Elle a complètement pété les boulons ! À la regarder serrer les cuisses autour de sa main qui tressaute, on pourrait croire qu’elle a le QI d’une mangue. Et pourtant non, c’est pas ça, Charlotte. À peine 22 ans, belle comme un cœur, Sciences Po et Normale Sup, alors que je ne l’ai jamais vue ouvrir un bouquin. Les jambes, oui ; un livre, non. Elle ne bosse pas, et pourtant elle sait tout sur tout. Une tronche. Je l’admire, moi qui ai eu tant de mal à décrocher un diplôme de commerce merdique. Mais c’est juste que son habitude de se branler tout le temps, ça m’énerve. Et ce jour-là plus que jamais.


Oui, parce que ça faisait pile une semaine que j’avais largué Jean-Baptiste, et je me demandais si je n’avais pas fait une connerie. Il est marrant, pas con, mignon, et au lit il tient la distance. Pourquoi je l’ai viré ? Je ne sais pas. Si j’étais chez un psy, je dirais que j’ai eu peur de m’attacher. J’ai 26 ans, j’ai envie de vivre, pas de me retrouver coincée par un mec. J’en connais tellement, des filles qui arrivent à 40 ans et qui s’emmerdent avec le même bonhomme depuis toujours. Des débuts enthousiastes, parfois même un mariage – tu sais, c’est pas important, c’est juste des papiers et l’occasion de faire une super fête avec tous les potes, et puis j’ai toujours kiffé de me voir dans une robe avec une traîne – et puis le temps passe. Arrive inexorablement le monstre froid qui annihile l’amour, le Léviathan Gris du quotidien. Dans le pire des cas, un ou deux mômes ont jalonné le parcours et ont refermé les menottes de la culpabilité : la quarantenaire ne quittera jamais son jules. Par contre, elle a de bonnes chances de se faire larguer. Parce qu’il n’y a pas qu’elle qui s’emmerde, mais Jules est moins inquiet pour les gosses, vu que leur mère va rester avec…


Donc ça, non, merci, pas pour moi. Alors ciao, Jean-Baptiste ! On va garder les bons souvenirs et éviter de s’en fabriquer de mauvais.


Bonne décision. Sauf que j’avais du mal à en être sûre. Parce que j’en connais d’autres, des filles, qui arrivent à quarante balais libres comme l’air, heureuses d’avoir butiné de bite en bite, et qui d’un coup se mettent à flipper. La date limite de vente approche, leur ventre est toujours resté plat et elles paniquent. On n’est pas faites pour vieillir seules, sans gamins. En tout cas, pas moi. Donc il faut faire quelque chose. Mais à quel prix ? Tu te vois une vie entière avec un Jean-Baptiste ? Du calme, ma fille, tu as le temps. Putain, c’est le bordel… et l’autre qui commence à gémir !



Comment dire les choses sans heurter sa sensibilité ? Charlotte n’est pas seulement un cerveau, c’est aussi la fille la plus gentille et la plus délicate que j’ai pu connaître. Et là, bêtement, j’étais en train de lui faire du mal. Sans cesser de se triturer l’entrejambe, elle levait vers moi des yeux d’animal blessé.



Sans répondre, je suis partie vers ma chambre. Sur M6, c’était la pub. Une BMW fonçait sur une route écossaise au son de Vivaldi. Charlotte a gémi de nouveau. J’ai fermé la porte pour ne plus l’entendre.


Elle n’avait pas tort. Je devais me détendre. Arrêter de penser à Jean-Baptiste. Surtout que ce petit salaud m’avait remplacée à peine trois jours après que je l’ai largué. Les mecs pourraient au moins avoir la décence d’attendre un délai minimum avant de se remettre avec quelqu’un, quand on les vire ! Il aurait dû être en deuil, pleurer toutes les larmes de son corps, me supplier de revenir. Non, il avait déjà la tête entre les cuisses d’une autre. Une grande blonde épanouie. Je le savais, je les avais croisés. L’image s’est imposée dans ma tête. La fille assise sur le tabouret haut du studio de Jean-Baptiste, la robe relevée, les jambes écartées. Et lui à genoux, torse nu, sa belle gueule de barbu collée à la chatte moite, sa langue tournant autour du bouton. Je sais comment il fait : j’ai souvent eu droit au tabouret haut.


Je me suis assise sur le lit en ruminant. J’ai pris un bouquin, tourné trois pages, mais mon cerveau n’imprimait rien. J’avais un tabouret entre les oreilles. Quelle conne ! J’aurais dû le garder encore un mois ou deux. Maintenant il doit être en train de la porter jusqu’à la chambre. Elle rit. Cette blondasse a une tête à rire pour n’importe quoi. Il la pose sur le lit, lui enlève sa robe, son soutien-gorge, sa culotte. Et puis il la positionne à quatre pattes sur le lit. Lui embrasse le dos. Fait courir son doigt le long de la colonne vertébrale en descendant lentement jusqu’à la raie des fesses. C’est son truc, ça, et il le fait plutôt bien. Elle frissonne et se cambre un peu plus. Elle ne le voit pas mais entend un froissement de vêtements : il enlève du même geste son jean et son caleçon. Il se colle derrière elle, lui mordille la nuque, sa queue glisse vers la touffeur blonde. Ou brune, ça peut très bien être une fausse. De toute façon, lui, il s’en fout : il la pénètre d’un coup, s’arrête puis lui claque les fesses. Je le sais, il n’a jamais pu s’en empêcher. Dans l’action c’est assez excitant, même si à froid je trouve ça un peu humiliant. Et puis il l’attrape par les hanches et commence ses va-et-vient.


Ils se connaissent depuis combien de temps maintenant ? Trois jours, quatre nuits ? Oui, c’est assez, alors il ose : mine de rien, il cale son pouce contre la rondelle. Genre « je suis là par hasard ». Et à chaque aller-retour, il en profite pour appuyer un peu. S’il s’y prend bien, elle aura tout le pouce dans le cul dans trois minutes et ne se sera rendu compte de rien. Après, bien entendu, il va essayer d’y mettre autre chose. Moi, je ne l’ai jamais laissé faire. C’est pas que je sois contre par principe, mais ça demande à mon sens un degré d’intimité et de confiance qu’on n’a jamais eu, lui et moi. Alors que si ça se trouve, l’autre blondasse, elle lui ouvre la croupe à deux mains ! Gueule des trucs obscènes ! L’encourage à y aller ! Enfonce-toi jusqu’aux poils ! Et le Jean-Baptiste, il se dit que je lui ai rendu service en le larguant, parce qu’au moins il n’est pas en train de s’emmerder avec une coincée comme moi. Ouais, voilà ce qui est en train de se passer, là, maintenant, tout de suite. Peut-être. Mais quelle conne !


J’étais en train de me laisser aller à un curieux mélange de fureur imbécile et d’auto-apitoiement. C’est quoi, cette connerie ? Je suis assez jolie pour trouver un autre Jean-Baptiste d’un claquement de doigts ! Et à propos de doigts, qu’est-ce que les miens faisaient sous ma jupe ? Je m’excitais toute seule en imaginant mon ex sautant sa nouvelle conquête ! N’importe quoi ! Et c’était bien trempé, entre mes jambes : mécaniquement, je me caressais en tirant sur l’élastique pour faire rentrer un peu la culotte dans ma fente. J’ai toujours aimé ça, quand je suis bien épilée. Parce que sinon ça tire sur les poils et c’est désagréable. En jouant à droite et à gauche, on coince le clitoris ; c’est juste entre plaisir et douleur, très agréablement énervant. J’ai inspiré lentement et rejeté la tête en arrière. Le plafond m’a regardé. Il avait dû en voir d’autres, depuis le temps qu’il était là. Alors, j’allais me branler connement, toute seule dans ma chambre, face à un plafond à qui ça ne faisait pas plus d’effet que ça ?


Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je me suis mise complètement à poil et je suis retournée au salon. Charlotte avait repoussé tout le tissu gênant le plus loin possible et se ramonait tranquillement de deux doigts. Sur l’écran, Bernard de la Villardière lui souriait par politesse. Lui, son truc, c’était trois lascars floutés qui mettaient le feu à une bagnole au pied d’une barre d’immeubles. Pourtant Charlotte écartait les jambes le plus possible, comme si elle avait voulu toucher les deux murs avec les pieds. Les lascars, ça les aurait intéressés, c’est sûr.


Quand elle m’a vue débarquer toute nue, elle a juste eu un sourire bienveillant. Elle n’a plus regardé la télé, alors j’ai coupé le son. On s’est pas dit un mot. Elle est restée sur le canapé et j’ai tiré face à elle le gros pouf à rayures rempli de billes de polystyrène. Elle a complètement enlevé sa culotte et repris sa position. C’était la première fois qu’elle faisait ça. Mon regard allait de ses yeux à ses jambes écartées. J’étais fascinée par ses cuisses très blanches et la finesse de son grain de peau. Et par sa vulve, bien sûr, sur laquelle couraient quelques poils roux. Je n’avais jamais vraiment regardé le sexe d’une autre fille. Vu, bien sûr, mais regardé, non. C’était bizarre. Il ne ressemblait pas du tout au mien. Ses petites lèvres étaient quasi inexistantes et son clitoris pointait haut. Et il était très rouge. Mais forcément, à le tripoter toute la journée… Charlotte s’amusait à le faire ressortir. Alors moi aussi j’ai ouvert les cuisses et j’ai commencé à me toucher.


Nous étions à moins d’un mètre l’une de l’autre ; c’était très bizarre. Je n’avais pas été aussi électrisée depuis longtemps. Je me branlais face à ma coloc’ qui s’ouvrait à deux mains comme pour s’offrir à une queue imaginaire. Quelques mouvements ont suffi et je me suis mordu les lèvres pour étouffer un putain d’orgasme. Charlotte gémissait doucement, comme toujours. Elle courait un marathon ; moi, je venais de piquer un cent mètres.


Quand j’ai rouvert les yeux, elle souriait encore, le regard braqué sur mon sexe qui flaquait. J’ai eu honte et j’ai refermé les jambes.

J’avais les joues très rouges. Je me suis relevée, mal à l’aise, et je suis allée enfiler un long sweat oublié par un vieil ex, un truc informe trois fois trop grand qui me descend presque jusqu’aux genoux. J’ai fait du thé. Je dois être anglaise, quelque part au fond de moi : dès qu’une émotion me perturbe, je file chauffer de l’eau et sortir des tasses. Un bête Earl Grey pour moi, un Matcha pour Charlotte. Depuis son stage à Tokyo, elle ne boit plus que ça. J’ai posé les deux tasses par terre et je me suis affalée sur le pouf. Charlotte s’astiquait toujours avec placidité. J’ai bu une gorgée, le regard fuyant.



Charlotte était entrée dans une phase plus active. Mais je ne voulais plus voir ce que faisaient ses mains. Je ne voulais plus me trouver hypnotisée par ses doigts luisants. Elle souriait.



Y mettre ma bouche ? Mais je n’y avais pas pensé un quart de seconde ! Seulement, maintenant qu’elle me le disait, je n’arrivais plus à visualiser autre chose. Je m’étais déjà léchée sur mes doigts ; est-ce qu’elle avait le même goût ? Sans doute pas : après tout, le sperme des mecs n’est jamais le même, ça doit être la même chose pour nous. Mais non Lucie, tu ne vas pas aller mettre le nez dans la fente de ta coloc ! Ça ne se fait pas. Enfin, on s’en fout de ce qui se fait ou pas, mais ça compliquerait les choses. Tu es déjà assez paumée comme ça.


Je me suis levée en bredouillant une vague excuse et j’ai fui dans ma chambre. Charlotte a remis le son de la télé et a joui devant une bande-annonce de Top Chef.