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Temps de lecture estimé : 19 mn
08/03/16
Résumé:  Roméo raconte ses malheurs à Siriac. Celui-ci se dit qu'il pourrait bien tirer avantage de la situation.
Critères:  h fh fff grp collègues théatre humour -théâtre
Auteur : Gufti Shank            Envoi mini-message

Série : Roméo et Juliette - Le stagiaire

Chapitre 04 / 06
Tous sauf moi !

Les personnages principaux :


Juliette – Une somptueuse jeune femme

Cassandra – La meilleure amie de Juliette


Roméo – Un beau jeune homme, le petit ami de Juliette

Siriac – Le meilleur ami de Roméo, et le petit ami de Cassandra


Eloïse – Une superbe jeune femme, qui vit avec Juliette et Roméo


Flora – Une splendide jeune femme, troublante collègue de travail de Roméo

Daphné – La sœur de Flora, avec qui elle partage tout


Adelya, Hernan – Des jeunes gens qui postulent pour un stage dans l’entreprise où travaillent Roméo et Flora



Les personnages secondaires :


Bud – Un livreur, amant occasionnel de Daphné

Coline – Un agent immobilier

Conrad – L’agent d’entretien dans l’entreprise où travaillent Roméo et Flora

Gertrude – Une jeune femme qui postule pour un stage dans l’entreprise où travaillent Roméo et Flora

Marcel – Le patron de l’entreprise où travaillent Roméo et Flora

Raoul – Un ami de Cassandra et Siriac

Des serveuses, des serveurs, des clients – de bars et de restaurants

Des jeunes hommes – Amants occasionnels de Flora




***




Résumé de l’Acte I : Lundi 2 : Flora et Roméo, dans le cadre de leur travail, doivent recruter un stagiaire. Juliette, soupçonneuse des sentiments de Roméo pour sa collègue, installe en secret une caméra et un micro espions dans leur bureau, et épie leurs moindres faits et gestes. Pour l’instant, rien de bien inquiétant ; Juliette, Eloïse et Roméo savourent l’amour à trois dans une sexualité débridée.


Résumé de l’Acte II : Mardi 3 : Flora et Roméo reçoivent tour à tour les trois candidats au poste de stagiaire. La première, très laide, est renvoyée rapidement ; la seconde, Adelya, très jolie et provocante, qui a séduit d’emblée Roméo, est évincée par Flora ; le troisième candidat, Hernan, convient très bien à cette dernière qui le trouve très séduisant et finit par le recruter sans tenir compte de l’avis de Roméo.


Résumé de l’Acte III : Jeudi 5 : Au grand dam de Roméo, Flora passe du bon temps avec Hernan, le stagiaire qu’ils ont recruté. Par ailleurs, ils sont toujours espionnés, à leur insu. Vendredi 13 : finalement excédé par son comportement et son indifférence apparente, Roméo demande à Flora si elle n’éprouve plus rien pour lui, et tente de la séduire de nouveau. Mais Juliette et Eloïse ont tout vu et entendu, elles envoient à Roméo la vidéo du moment où il a l’intention de les tromper. Flora se réjouit de la situation, mais n’en montre rien et continue de simuler l’indifférence.




***




Acte IV, scène 1

Vendredi 13, 20 h 10

Un bar

(Roméo, des clients, une serveuse)



(Roméo est assis à une table devant un immense verre de bière. Autour de lui, des clients s’installent, d’autres boivent et discutent. Il consulte à tout bout de champ son téléphone en s’agaçant. Siriac entre, cherche un moment Roméo, puis l’ayant aperçu, vient le rejoindre.)



Siriac (s’asseyant) : Salut.

Roméo : Ah bah, quand même ! Je commençais à désespérer…

Siriac : Euh, écoute, je…


(La serveuse s’approche de leur table.)


Siriac (avec son plus beau sourire) : Bonsoir, mademoiselle.

Roméo : Oh pfff ! Commence pas, t’es pas là pour ça…

La serveuse : Bonsoir, monsieur.


(Un silence. Elle semble attendre la commande de Siriac. Celui-ci, rêveur, la déguste des yeux.)


Roméo : Bah, allez ! Tu commandes ou quoi ?

La serveuse (insistante) : Que désirez-vous boire ?

Siriac : Si vous saviez dans quel doux nectar j’aimerais humecter mes lèvres…

Roméo (se prenant la tête à deux mains) : Oh merde !


(La serveuse, toute rouge, respire profondément.)


La serveuse : Écoutez, monsieur…

Roméo (l’interrompant vivement) : Non, non, non, allez, c’est bon, excusez-le, apportez-lui la même chose que pour moi, une grande bière, l’alcool va le calmer un peu…


(Elle se retient dans un effort visible, puis soupire avant de s’éloigner. Siriac regarde ses fesses avec le plus vif intérêt.)


Roméo : Qu’est-ce qui t’arrive ? Tu pètes un câble ?

Siriac : De quoi ? J’ai quand même bien le droit de draguer un peu les jolies filles, non ?

Roméo : Tu parles d’une drague ! Si j’avais pas été là, elle t’aurait foutu dehors… Et puis, bon… je te signale que t’es casé !

Siriac : Franchement, que ce soit toi qui me fasses la morale, ça me fait bien marrer !

Roméo : Pfff !

Siriac : Alors comme ça, il faudrait que je sois fidèle pendant que toi tu sautes sur tout ce qui bouge ?

Roméo : Mais j’ai sauté sur personne ! Je me suis fait piéger comme une merde par Juliette et par Flora !

Siriac : Mouais… Tu te doutes bien que c’est pas la version de Juliette…

Roméo : Pfff ! Je suis sûr qu’elles sont de connivence ! Je me suis fait avoir comme un gosse !


(La serveuse revient et pose sèchement le verre de bière sans le moindre regard pour Siriac.)


Siriac : Merci, mademoiselle.

La serveuse (sur un ton militaire) : Y a pas de quoi !


(Elle s’éloigne. Siriac la mate outrancièrement. Roméo, affligé, soupire une fois de plus.)


Roméo : Tiens, je suis sûr que même toi, tu te serais pas fait avoir comme ça…


(Siriac sourit en reportant toute son attention sur son ami.)


Siriac : Tu disais ?

Roméo : Je vais te bander les yeux, tu pourras peut-être mieux m’écouter…

Siriac : Tu disais qu’elles sont de connivence, et moi je disais que ce n’est pas la version de Juliette.

Roméo : Mais tu te rends compte ? Cette salope m’a mis sur écoute ! Et elle a foutu une caméra dans mon bureau !

Siriac : Oui, je sais, tu me l’as déjà dit au téléphone, tout à l’heure. Et elle aussi, elle nous l’a longuement expliqué.

Roméo : Et pendant ce temps-là, cette salope de Flora me provoquait en baisant avec son trouduc de stagiaire, et m’ignorait quand je faisais mine de m’intéresser à elle. Tout ça pour que je lui avoue devant leur putain de caméra que j’avais envie d’elle ! Et je me suis bien fait gauler !

Siriac : Mouais… mais faut avouer que…

Roméo (l’interrompant) : Et même après, quand cette salope d’Eloïse m’a envoyé la vidéo, cette pétasse de Flora n’a toujours pas voulu me toucher !

Siriac : Tu m’as pas dit qu’elle t’avait proposé de dormir chez elle ?

Roméo : Tu parles ! Elle m’a proposé de me laisser sa maison pendant qu’elle allait dormir ailleurs ! Alors qu’avant, il fallait que je me trouve des trucs pour qu’elle me saute pas dessus !

Siriac : Ah ouais, tiens, c’est marrant, ça…

Roméo : Ben non c’est pas marrant ! Pas du tout ! Je te dis, je suis sûr qu’elles ont monté ensemble toute cette grosse connerie pour me piéger !


(Un silence. Ils boivent quelques gorgées.)


Siriac : Bon, écoute, comme je te disais, c’est pas trop la version de ta nana…

Roméo : C’est plus ma nana !

Siriac : Euh… ouais, bon, c’est pas la version de Juliette. Elle, elle dit qu’avec toutes ces histoires avec Flora, elle a voulu être sûre qu’il y avait plus rien entre vous, alors elle a acheté ce matos pour te surveiller, et que ça n’a pas loupé, qu’en moins de quinze jours, t’as voulu te faire Flora.

Roméo : Pfff !

Siriac : Et vu les noms charmants qu’elle a utilisés pour parler d’elle, je doute qu’elles soient… de connivence, comme tu dis…


(Roméo vide sa bière.)


Roméo : Parce qu’en plus, elle est venue vous raconter tout ça ? Elle est fière d’elle ?

Siriac : Je sais pas si elle est fière d’elle, mais en tout cas elle est pas fière de toi.

Roméo : Bah, je l’emmerde !

Siriac : Si j’ai bien compris, elle est surtout venue nous dire qu’il était hors de question qu’on t’héberge…


(Un silence. Roméo est stupéfait.)


Siriac : Et elle a ajouté « comme d’habitude »…

Roméo : J’hallucine ! Mais on est potes quand même, merde !

Siriac : Ben oui, mais elle, elle est pote avec Cassandra. Et je crois pas que Cass te porte haut dans son cœur, pour le moment…


(Un silence. Siriac boit quelques gorgées. Roméo semble réfléchir un moment, puis soupire.)


Roméo : Mouais, de toute façon, je m’en fous ! Qu’elle ait pu aller jusqu’à m’espionner comme ça, ça me fait dégueuler ! Elle est trop conne ! Et qu’Eloïse ait pu cautionner ça ! J’hallucine ! Elle aussi, elle est trop conne ! Je vais aller récupérer mes affaires, et je me tire pour de bon !

Siriac : Tu déconnes ?

Roméo : Non ! Et n’essaie pas de me retenir, c’est décidé, je me tire ! Et tu vas m’aider à aller chercher mes affaires. Si tu es là, on s’engueulera peut-être moins.

Siriac : Mouais, ça j’y crois pas trop. Mais de toute façon, si j’ai bien compris, même récupérer tes affaires, c’est pas gagné. Elles ont dit qu’elles verrouillaient la porte et qu’elles t’ouvriraient pas même si t’étais en train de crever derrière.

Roméo : Super…


(Un silence.)


Siriac : Bah, attends un peu, ça va se tasser…

Roméo (cynique) : Ouais, c’est ça, comme d’habitude…

Siriac : Ben… ouais…

Roméo : Ben non ! Là, c’est pas comme d’habitude ! Là, c’est pas qu’une histoire de cul ! C’est plus grave !

Siriac : D’ailleurs, si j’ai bien tout compris, y en a même pas eu, d’histoire de cul…

Roméo : Putain ! Ouais ! C’est ça le pire ! Flora qui m’envoie chier ! C’est le monde à l’envers ! J’aimerais bien savoir ce qui lui prend, à celle-là, aussi !

Siriac : Ben, c’est peut-être vrai…

Roméo : De quoi ?

Siriac : Ce qu’elle t’a dit…

Roméo : De quoi, ce qu’elle m’a dit ?

Siriac : Ben je sais pas, ce que tu m’as raconté tout à l’heure au téléphone, qu’elle t’avait dit qu’elle était contente avec son stagiaire et qu’elle ne voulait plus d’emmerdes avec Juliette.

Roméo : Franchement, t’y crois ?

Siriac : Bah, non, pas vraiment. Mais j’ai aussi du mal à croire qu’elle t’ait dit non pour une baise…


(Un silence.)


Roméo : Mouais, en attendant, je sais pas où aller pieuter, et j’ai même pas d’affaires de toilettes.

Siriac : Pourquoi tu vas pas chez Flora ?

Roméo : Parce qu’elle y sera pas, ça sert à rien !

Siriac : Attends, j’ai pas compris, tu cherches un endroit où pieuter ou un endroit où baiser ?


(Roméo soupire.)


Roméo : De toute façon, cette salope est complice, c’est hors de question que j’aille lui demander quoi que ce soit !

Siriac : Mouais…

Roméo : Et toi ? Tu ne veux vraiment pas m’héberger ?

Siriac : Ben… c’est pas que je veux pas, mais…

Roméo : Ouais, c’est bon, laisse tomber !

Siriac : Tu n’as pas des copains du boulot qui peuvent te loger ?

Roméo : Si, sans doute, mais ça me fait chier que toute la boîte soit au courant de ça.


(Un silence. Siriac réfléchit, puis boit quelques gorgées.)


Siriac : Écoute, j’ai une idée, il y a peut-être Raoul…

Roméo (incrédule) : De quoi Raoul ?

Siriac : Ben tu sais, le collègue de Cassandra…

Roméo : Celui que tu nous avais suggéré comme détective privé pour suivre Eloïse et son guignol ?

Siriac : Celui-là même !

Roméo : Cette grosse tache ?

Siriac : Euh… ouais…

Roméo : Bon, eh ben ? En quoi il va pouvoir me sauver, cette fois-ci ?

Siriac : Je suis sûr qu’il acceptera de te loger.

Roméo : Eh ben, voilà ! Parfait ! Ça sauve ma soirée…

Siriac : Ben écoute, faudrait savoir…

Roméo : Je peux peut-être me payer l’hôtel, sinon, hein…

Siriac : À mon avis, ce sera moins cher chez Raoul.

Roméo : Ah parce qu’en plus, il faudrait que je paye pour pieuter chez Raoul ?!?


(Un silence. Siriac boit quelques gorgées. Roméo est consterné. Il hèle la serveuse qui passe à proximité.)


Roméo : Excusez-moi, vous pourriez nous rapporter la même chose, s’il vous plaît ?

Siriac : Tu crois ?

Roméo : C’est toi qui invites, évidemment. Ça paiera tes bonnes idées…

Siriac : Ben… écoute… je ne sais pas combien de temps tu penses devoir… euh… disons dormir ailleurs, mais…

Roméo : Oui, tu as raison, il va falloir que je me retrouve un appart…


(Un silence.)


Siriac : Bon, attends, ne mets peut-être pas la charrue avant les bœufs. De toute façon, tu ne trouveras rien ce soir, ni sans doute ce week-end. Si tu ne veux pas aller chez Flora, ni chez tes collègues, va squatter un ou deux jours chez Raoul, le temps de voir venir.

Roméo : Mais je le connais pas, ton Raoul, qu’est-ce que tu veux que j’aille foutre chez lui ? Et puis j’ai pas envie de l’avoir sur les basques tout le temps.

Siriac : Non, à mon avis, il te laissera son appart. Il a ses parents pas loin, il ira chez eux. Il fait ça de temps en temps, pour se faire un peu de blé.


(Un silence. La serveuse revient, sourit à Roméo, dépose deux nouveaux grands verres de bière, et reprend les deux précédents, puis sourit de nouveau à Roméo.)


Roméo : Merci. Combien on vous doit ?

La serveuse : Trente-six euros.

Siriac : Ah ouais, quand même ! Mais c’est ta combientième ?

Roméo : Allez, aboule ton fric !


(Siriac fouille dans ses poches, et en sort bientôt deux billets qu’il tend à la serveuse avec regret.)


La serveuse (froidement) : Merci.

Roméo : Gardez la monnaie.

Siriac : Hein ? Mais…

La serveuse (avec un sourire à Roméo) : Merci.


(Elle s’éloigne en frôlant Roméo.)


Siriac : Ben on me reprendra à vouloir t’aider !

Roméo : Disons que si je dois payer ton Raoul, tu participes à mon hébergement…


(Il saisit son verre.)


Roméo : Allez, tchin’ ! À la liberté retrouvée !

Siriac : C’est vrai ? Direct ? Tu tires un trait sur Juliette ? Et sur Eloïse ?

Roméo : Ouaip !


(Il fait tinter leurs verres.)


Roméo : Si tu les veux, elles sont à toi ! Niveau baise, c’était bien ! Mais tu vois, n’en attends pas plus…


(Un silence. Siriac est déconcerté.)


Roméo : Quant à moi, je sens que je pourrais peut-être bien finir la soirée avec la serveuse…


(Il boit une grande gorgée et se lève.)


Siriac : Qu’est-ce tu fous ?

Roméo : Je vais au bar, discuter un peu avec elle…

Siriac : Hein ? Mais… et qu’est-ce que je fais, pour Raoul ?

Roméo : Rien pour l’instant, c’est sympa, je t’appellerai dans la soirée si je trouve pas où pieuter…

Siriac : Quoi ?!?

Roméo : Et merci pour tout, tu m’as bien remonté le moral !

Siriac : Super !

Roméo (s’éloignant avec son verre) : Non, sérieux ! Je me sens mieux. Merci ! Je t’appelle ce soir !


(Il sort.)


Siriac : J’hallucine !


(Il hésite, se lève, s’éloigne, puis revient, boit une gorgée, s’éloigne de nouveau, s’arrête, soupire, revient, se rassoit, reboit quelques gorgées, soupire de nouveau, puis sort son téléphone et appuie quelques touches.)


Siriac (au téléphone) : Oui, salut ma puce, c’est moi. … Oui, je suis avec lui, là. … Ben je sais pas s’il est bourré ou non, mais ça a l’air plus grave que prévu. … Oui, il a l’air fermement décidé à rompre. … Non, il avait nulle part où dormir, mais… … Oui, je lui ai dit que c’était hors de question. … Mais je lui ai proposé d’aller chez Raoul.


(La serveuse passe derrière lui pour aller débarrasser une autre table.)


Siriac (au téléphone) : Ouais. … Ben ouais, mais finalement, il s’est tiré pour aller draguer une pouffiasse de serveuse.


(La serveuse s’immobilise en l’entendant. Puis, se saisissant d’une chope, elle se tourne vivement, en feignant la maladresse, pour que la chope cogne fort dans la tête de Siriac.)


Siriac : Aïe ! Mais…

La serveuse (amusée) : Oh pardon…


(Elle s’éloigne. Roméo revient, rigolant. Siriac se masse le cuir chevelu.)


Siriac (au téléphone) : Euh, non, rien… Attends, le voilà qui revient…

Roméo (goguenard) : Si, vraiment, tu me remontes bien le moral…

Siriac (posant une main sur son téléphone) : Je ne l’avais pas vue, tu crois qu’elle m’a entendue ?

Roméo : Non, non, elle t’a défoncé le crâne juste pour le fun…

Siriac (désignant son téléphone) : C’est Cass, qu’est-ce que je lui dis ?

Roméo : Embrasse-la pour moi.

Siriac : Oui, d’accord, mais pour ce soir, tu veux qu’on appelle Raoul ?

Roméo : Non, je crois que ça va aller…


(Il désigne d’un mouvement la serveuse.)


Roméo : Elle finit dans une heure, et elle est partante pour un restau…

Siriac : J’hallucine ! (Au téléphone) : Bon, ben, finalement, c’est bon, apparemment, il se démerde. … Ouais, je rentre, là. À tout à l’heure.


(Il range son téléphone.)


Siriac : Bon, en gros, tu m’as fait venir pour rien.

Roméo : Mais non ! Je t’assure que tu m’as remonté le moral. Regarde, j’en ai plus rien à foutre de ces trois salopes et de leur sale plan de merde, et j’ai plein de projets pour la soirée, c’est plutôt cool, non ? Et demain, si tu es d’accord, tu m’aideras à chercher un appart…


(Un silence. Siriac est abasourdi. Il boit quelques gorgées. Roméo vide son verre et se lève.)


Siriac : Mouais… bon… prends le temps de réfléchir quand même, d’accord ?

Roméo : D’accord. On se voit demain ?

Siriac : Ok, appelle-moi. Bonne soirée, et fais pas trop de conneries…

Roméo : Ah bah au contraire ! Maintenant que j’ai plus de comptes à rendre à personne…

Siriac : Euh… ouais… mais…

Roméo : Mais quoi ?

Siriac : File-moi tes clés de bagnole !

Roméo : De quoi ? Mais…


(Un silence. Siriac regarde fermement Roméo. Celui-ci finit par sourire, fouille dans sa poche et lui tend un trousseau de clés.)


Siriac (s’en saisissant) : C’est sans doute plus sûr.

Roméo : T’es une vraie mère-poule…


(Siriac soupire. Roméo se rapproche de lui, s’accroupit et pose sa main derrière la tête de son ami.)


Roméo : Merci, Siriac. T’es un vrai copain.

Siriac : Allez, à demain, éclate-toi bien !


(Roméo se relève et sort. Siriac boit encore quelques gorgées et observe pensivement le trousseau de clés.)


Siriac : Ça peut peut-être bien m’arranger, tout ça, finalement…


(Il reprend son téléphone et appuie quelques touches.)


Siriac (discrètement) : Allô Flora ? … Ah merde ! Messagerie !


(Il raccroche.)




Acte IV, scène 2

Vendredi 13, 21 h 40

L’appartement de Juliette et Roméo

(Juliette, Cassandra, Eloïse)



(Toutes les trois sont assises autour de la table et discutent devant trois cartons de pizzas déballés et trois verres de vin d’une bouteille presque vide.)



Cassandra : Mouais, enfin, prenez peut-être quand même un instant pour réfléchir…

Juliette : C’est tout réfléchi !


(Elle vide son verre.)


Juliette : J’en ai assez de souffrir pour ce salaud qui ne pense qu’à sa queue !

Cassandra : Laissez passer quelques jours… tout ça va peut-être se tasser…

Eloïse (cynique) : Comme d’habitude…

Juliette : Ouais, c’est ça ! Comme d’habitude ! C’est bien ça le problème !


(Elle se ressert.)


Juliette : Qu’il aille baiser sa salope de collègue et qu’on n’entende plus parler de lui !


(Un silence. Cassandra se tourne vers Eloïse.)


Eloïse : Oh ne me regarde pas comme ça ! Je suis d’accord avec elle !


(Un silence. Juliette boit la moitié de son verre de vin.)


Eloïse : Je n’étais pas complètement d’accord avec l’idée de la caméra, mais force est de constater qu’elle avait raison. Ce salaud n’est pas resté bien longtemps sans vouloir se taper l’autre conne ! Et pourtant, on peut pas dire qu’il manquait de cul ! On baisait tous les jours, souvent deux ou trois fois ! Alors franchement…


(Elle vide aussi son verre.)


Cassandra : Ouais, je ne crois pas que c’était le cul, le problème… C’est bizarre…

Juliette : Y a rien de bizarre ! C’est un mec, il pense juste avec sa queue, juste sur le moment, y a rien à en attendre ! Et j’en ai marre, je veux plus me faire chier avec ça !


(Elle se lève, rassemble les cartons de pizza et sort vers la cuisine en emportant aussi la bouteille.)


La voix de Juliette (de la cuisine) : Tu dors avec nous ?


(Cassandra regarde Eloïse. Le son caractéristique de l’ouverture d’un bouchon en liège provient de la cuisine.)


Eloïse (à voix basse) : Ça lui fera peut-être du bien.

Cassandra : Ben puis moi aussi, ça va me faire du bien, j’imagine…


(Eloïse sourit. Juliette revient avec une autre bouteille de vin, qu’elle pose sur la table.)


Eloïse : Chhhut ! Écoutez !

Juliette : Qu’est-ce qu’il y a ?


(On entend le bruit d’une clé dans la serrure de la porte principale.)


Juliette (à voix basse) : C’est bon, j’ai verrouillé et laissé la clé dessus, il pourra pas entrer.


(Le bruit est insistant.)


Juliette (fort) : Dégage ! T’as plus rien à faire ici !

La voix de Siriac (lointaine) : Ouvrez, c’est moi !

Cassandra : C’est Siriac !

Eloïse (fort) : T’es tout seul ?

La voix de Siriac : Oui.

Eloïse : Je lui ouvre ?


(Juliette et Cassandra la regardent, apparemment hésitantes.)


La voix de Siriac : Ouvrez, faut que je vous parle !


(Eloïse se lève et sort. On l’entend déverrouiller la porte et l’ouvrir.)


La voix d’Eloïse : C’est quoi ce trousseau de clés ?


(Elle revient suivie de Siriac.)


Siriac : Salut. C’est celles de Roméo, je les ai gardées, parce qu’il était en train de…

Juliette (l’interrompant) : Écoute, si tu viens pour nous parler de Roméo et de ses pulsions sexuelles, tu peux repartir !

Siriac : Euh… je… vous ne voulez pas que…

Eloïse (l’interrompant) : Je crois que nous préférons passer une soirée entre filles, Siriac…

Siriac : Hein ? Mais…


(Juliette sort vers la cuisine en soupirant lourdement.)


Eloïse : Excuse-la, Siriac, mais on n’a vraiment pas envie d’entendre parler de Roméo…

La voix de Juliette (de la cuisine) : Et on a vraiment pas envie de penser à lui. Et quand je te vois, je pense à lui. Alors je préfère que tu t’en ailles. Cassandra te rejoindra demain.

Siriac (à Cassandra) : Ah parce qu’en plus, toi tu dors là ?

Eloïse (avec un demi-sourire) : Elle va nous remonter le moral…

Cassandra : Ça ne t’ennuie pas ?


(Un silence. Siriac déglutit.)


Siriac : Euh, si vous voulez, je peux essayer de vous remonter le moral aussi…


(Eloïse sourit. Cassandra soupire.)


La voix de Juliette : Allez, Cass, vire ton mec !

Siriac : Bon, bon, ça va, j’ai compris…


(Cassandra se lève et le prend dans ses bras.)


Cassandra : Tu ne m’en veux pas ?

Siriac : Bien sûr que non, ma puce. Reviens quand tu veux, je reste à la maison.


(Juliette revient.)


Juliette : Et s’il te plaît, si tu veux que je t’adresse encore la parole, tu n’accueilles pas ce salaud chez toi !


(Un silence.)


Cassandra : Écoute, Juliette, c’est quand même son ami ! Tu ne vas pas lui demander de le laisser à la porte ?

Juliette : Oh merde ! Tout à l’heure tu m’as dit que je pouvais compter sur vous !

Cassandra : Mais qu’est-ce que ça peut te faire que…

Juliette : Je te l’ai dit, je ne veux plus que…

Siriac : STOP ! C’est bon, arrêtez de gueuler, de toute façon, il a pas l’intention de dormir chez moi.

Eloïse : À mon avis, il est déjà dans les draps de Flora !

Juliette : Non, je l’ai appelée.

Siriac (pâlissant) : Ah bon ? Quand ça ?

Eloïse : Ah bon ? Tu l’as appelée ? Ben tu aurais pu me le dire…

Juliette : Et quand bien même il y serait, grand bien lui fasse ! Je ne veux plus entendre parler de lui !


(Un silence.)


Juliette : Allez, au revoir, Siriac…


(Siriac sourit.)


Siriac : Bon… amusez-vous bien.


(Il embrasse Cassandra sur la bouche, puis s’approche d’Eloïse pour faire mine de l’embrasser aussi.)


Eloïse (tournant la tête) : Au revoir, Siriac…


(Il ricane et sort.)




Acte IV, scène 3

Vendredi 13, 22 h 30

L’appartement de Cassandra et Siriac

(Siriac)



(Siriac est assis sur un canapé et regarde la télé qui diffuse bruyamment un film pornographique. Le jeune homme se masturbe distraitement en regardant plus ou moins. Quelques secondes passent, puis il se saisit de son téléphone, appuie quelques touches, et le porte à son oreille.)


Siriac : Bon, alors ? Elle est jamais là !


(Un silence.)


Siriac (soudain illuminé) : Allô ? … Oui, salut Flora. Je ne te dérange pas trop ?


(Un court silence. Il écarquille les yeux.)


Siriac : Oh putain ! J’hallucine !


(Il se masturbe plus franchement.)


Siriac (au téléphone) : Mais vous êtes combien, là ? … Hein ? Et tu te tapes tous ces mecs toute seule ? … Ah, oui, Daphné… … Non, non, je ne viendrai pas vous aider. … Non, je t’appelais pas pour ça. Mais c’est juste que… Roméo m’a dit que tu… euh… que… tu ne voulais plus de lui ? … Oui, ils se sont embrouillés. … Mais non, c’est pas lui qui m’a demandé de t’appeler !




Acte IV, scène 4

Vendredi 13, 22 h 30

Un bar

(Roméo, la serveuse)



(La serveuse est penchée en avant, accoudée sur une table, la jupe levée et les fesses à l’air. Derrière elle, Roméo la tient par les hanches et lui assène de rapides coups de bassin. La jeune femme crie à chaque va-et-vient.)



La serveuse : Aaaah ! Aaaaah ! C’est trop bon !

Roméo : Hmmm ! T’as un beau petit cul, toi, tu sais ? Comment tu t’appelles, au fait ?




Acte IV, scène 5

Vendredi 13, 22 h 30

L’appartement de Juliette et Roméo

(Juliette, Cassandra, Eloïse)



(Les trois jeunes femmes sont agglutinées nues sur le canapé et se caressent à tout va en gémissant.)


Cassandra : Aaaah… à mon avis, vous n’aviez pas tant que ça besoin qu’on vous remonte le moral…

Juliette (l’attirant vers son entrejambe) : Si !




Acte IV, scène 6

Vendredi 13, 22 h 30

Le salon de Flora

(Flora, Daphné, Bud, six autres jeunes hommes)



(Daphné et Flora sont nues sur le canapé, entourées par les sept hommes également nus qui les pénètrent à tour de rôle de toutes les façons possibles dans un tumulte de gémissements d’intensités variées.)



Flora (profitant d’un changement de place de celui qu’elle suçait) : Alors ? Ça va ?

Daphné (retirant ce qu’elle a dans la bouche) : Aaah ! Ouiii ! Ça vaaaahhaaa ! Je commence à… aaaah… à avoir un peu mal au cul, mais ça vaaaaa !


(Les deux jeunes femmes recommencent de sucer les verges qu’on leur tend. Une sonnerie de téléphone portable retentit.)


Flora (retirant le sexe de sa bouche) : Tiens, euh… je ne sais plus ton nom, je suis désolée… Oui, toi, là-bas, qui encules ma sœur, tu veux bien me passer le téléphone ?


(L’interpellé, sans s’extraire, s’exécute en ricanant. Flora s’extirpe partiellement d’entre deux corps pour se saisir du téléphone.)


Daphné (la bouche presque emplie) : Hhcchè qchi ?

Flora (étonnée) : Siriac.


(Elle décroche et porte le téléphone à son oreille, ce qui fait rire grassement tous ses partenaires mâles.)


Flora (au téléphone) : Allô ? Salut Siriac. … Comment te dire… je suis en train de baiser…


(Amusée, elle tourne un instant son téléphone pour faire entendre au mieux le chahut des plaintes d’extase mêlées.)


Flora (au téléphone) : Attends, je compte… Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf ! … Non, non, il y a ma sœur aussi. … Tu as peur qu’on ne s’en sorte pas ? Tu veux venir nous aider ?


(Elle gémit bruyamment tandis que deux garçons s’activent encore plus fort dans son arrière-train.)


Flora (au téléphone) : Il t’a dit ça, Roméo ? Et ses bobonnes, alors ? Elles l’ont foutu dehors ? … Mais dis-moi, c’est lui qui t’as demandé de m’appeler ? … … Eh bien écoute, tu peux venir constater que je n’ai pas changé. … Viens ce soir, si tu veux, quand y en a pour sept, y en a pour huit… … Oui, c’est ça, je comprends, bobonne va être jalouse… … Bon, eh bien écoute, quand tu voudras, tu passes, hein… Allez, j’y retourne, à plus !


(Elle raccroche et tourne encore son téléphone.)


Daphné : Kchèch tchu fchè ?

Flora : Je prends deux trois photos pour envoyer à Siriac…




Acte IV, scène 7

Vendredi 13, 22 h 40

L’appartement de Cassandra et Siriac

(Siriac)



(Siriac, toujours assis devant le film x, se masturbe franchement d’une main, le téléphone dans l’autre.)



Siriac (au téléphone) : Non, non, c’est gentil, mais je ne vais pas venir ce soir, vous êtes peut-être déjà assez nombreux comme ça. … Mais non, ça n’a rien à voir avec Cassandra. … Ouais, je passerai un des jours, ouais… … Okay, bonne bourre !


(Il raccroche.)


Siriac : Putain ! Tout le monde baise dans tous les sens sauf moi…


(Il pose son téléphone en soupirant puis reporte son attention sur la télé en poursuivant ses caresses. La sonnerie de messagerie de son téléphone retentit. Il reprend son téléphone et appuie quelques touches.)


Siriac : Oh putain ! J’hallucine ! Ah les salopes !


(Il se masturbe frénétiquement en regardant l’écran de son téléphone, et éjacule rapidement dans un grand cri.)




À suivre…