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Temps de lecture estimé : 32 mn
05/05/16
corrigé 06/06/21
Résumé:  Du libertinage à l'amour fidèle, à la veille de la révolution française, le roman de Quentin et Zerbinette.
Critères:  fh hagé fagée soubrette fmast fellation cunnilingu pénétratio partouze portrait
Auteur : Igitur            Envoi mini-message
L'amour doit ressembler à cela


Où Quentin dévoile par inadvertance ses talents à son maître



On m’appelle Quentin Follavoine, je suis né en Nivernais en l’an de grâce 1753. Tôt orphelin, mon enfance s’est passée entre les travaux de la ferme et l’enseignement des sœurs du couvent. Solide et bien fait de ma personne, à l’âge quinze ans j’ai été placé comme valet de pied chez un comte et une comtesse. Satisfait de mes services et de ma discrétion lors de ses séjours à Nevers, le comte me prit quelques années plus tard à son service en son hôtel parisien. À vingt-quatre ans, je devenais le majordome de Monsieur et me pavanais dans les rues de Paris comme un hobereau conquérant.


Notre maître avait l’habitude de réunir une fois par mois une société de nobles messieurs et de nobles dames pour deviser des affaires du monde et de la cour, mais surtout pour s’adonner à des colloques libertins dont la musique me parvenait derrière les huis et dont les débordements donnaient beaucoup de travail à la domesticité.


J’étais moi-même gourmand du plaisir de chair et parmi les hôtels alentour mon brandon vigoureux avait fort bonne réputation chez les cuisinières, les caméristes, les chambrières et pas seulement chez les servantes… Mais cette réputation n’était pas parvenue à la connaissance de mes maîtres.


Un bel été, la camériste de Madame, sans doute enseignée par une commère du voisinage, me fit comprendre qu’elle aussi goûterait volontiers ma virilité, en laissant traîner deux doigts sur mes hauts-de-chausses à l’endroit du membre priapique. Nous étions dans un réduit discret, je lui rendais alors la politesse de son salut en glissant la main dans son corsage. La vie de camériste et de majordome ne laissant que peu de loisir de batifoler, il fallait faire vite. Elle se retourna prestement en relevant ses robes bien au-dessus de son large cul et se pencha sur la tablette pour faciliter mon passage vers le cœur chaud et humide de son désir. Sans hésiter, j’ai gaillardement investi la donzelle et limé de belle façon le con offert déjà rompu aux rudes chevauchées. Je lui fis si bien son affaire qu’elle poussa des cris, étouffés in extremis, et lorsque, satisfait, je sortis de la camériste mon dard encore bien droit, j’aperçus monsieur le comte qui nous observait avec un petit sourire. Le temps de redonner à ma tenue un tour présentable, il avait disparu. La jeune camériste ne s’était rendu compte de rien.


Je m’étais toujours abstenu de tel débordement en l’hôtel de mes maîtres et je craignais, en dépit de leurs mœurs libertines, avoir commis un impair. Mais le comte n’en souffla mot.




– Chapitre 2 –



Où l’étalon nivernais se révèle un atout précieux des libertinages de son maître



Le lendemain cependant, veille de la traditionnelle fête galante, Monsieur me manda pour quelque affaire de moindre importance. Alors que je m’apprêtais à diligenter la course qu’il m’ordonnait, il ajouta :



Évidemment la demande ne souffrait pas d’hésitation. Je pris congé et en oubliais presque la course. La mission du lendemain était d’importance et ma place en jeu, à n’en pas douter.


Le jour suivant, je me préparais avec soin, lavant méticuleusement cul et vit, ne sachant exactement à quoi ils allaient servir, et avalant une belle rasade d’un breuvage du pays qui avive la fermeté des hommes afin qu’ils satisfassent les dames les plus froides.


Ainsi, lorsque les premiers invités se présentèrent, j’étais déjà presque roide dans mes hauts-de-chausses.


Le premier couple que je fis pénétrer dans le grand salon fut un comte et une comtesse, gros homme et jeune femme à gorge généreuse. Le second couple fut un vieil auteur de tragédies et une actrice du théâtre français qui continuait à jouer les jeunes premières en dépit d’un âge avancé. Les invités avaient échangé moult méchancetés sur divers personnages en vue à la cour, lorsque les dernières convives se présentèrent, une veuve aux joues rondes et poudrées comme une miche de pain et sa jeune sœur légèrement fardée et délicatement parfumée.


Les collations furent servies et je commençai d’entendre des éclats de rire fuser derrière la porte.


La cuisinière apporta un plateau de gimblettes et lorsqu’elle sortit, elle m’annonça que le maître me mandait. J’entrais discrètement, personne ne fit attention à ma présence. L’auteur de théâtre était assis sur la table, culottes baissées et la veuve, devant lui, riait aux éclats en enfilant des gimblettes sur son petit membre mal bandé, ensuite, elle se penchait et croquait les biscuits fourrés au vit mollet.


Assis sur une méridienne, Madame branlait le gros brandon court et épais de l’adipeux comte avec un air distrait. Les fesses replètes de la jeune comtesse apparaissaient sous les robes de Madame qui, entre ses cuisses, avait des soubresauts réguliers.


Monsieur releva la tête d’entre les seins de l’actrice et s’avisa de ma présence. Laissant les mamelles, qui retombèrent lourdement, il releva la jupe de la jeune sœur de la veuve découvrant des cuisses d’albâtre au galbe élégant et ma lança :



Je m’approchai et commençai à caresser les cuisses blanches du bout des doigts alors que monsieur replongeait dans les seins fripés de la tragédienne.


Sous les robes de la femme qu’il m’était demandé de satisfaire, rien ne couvrait l’abondante toison noire au milieu de laquelle mes doigts rencontrèrent une petite bouche humide étroite, serrée, telle que j’ai craint que mon gland roide ne la blesse en y pénétrant. La belle aux grands yeux sombres me regardait froidement tout en glissant la main dans mes grègues. Lorsque ses doigts découvrirent ma virilité, elle porta son regard vers le vit mollet que sa grosse sœur suçotait et elle esquissa un timide sourire de satisfaction.


Elle avait de belles lèvres dessinées au crayon, charnues, rouge sang, appétissantes comme jadis les fraises du couvent en été. J’avais une terrible envie de glisser la langue dans cette bouche, mais je savais bien que ce n’était pas la place d’une langue de serviteur, fut-il majordome, et je m’agenouillai humblement afin de pourlécher d’autres nobles lèvres. Son entrejambe avait une belle odeur de foin frais. Ma langue fouailla le con qui s’ouvrit et laissa couler un nectar chaud et suave. La donzelle bien ouverte, je me suis relevé, je l’ai retournée sur la table, pour qu’un serviteur ne soit pas face à elle dans cette situation, et j’ai présenté ma verge devant l’orifice. La pénétration demanda quelques efforts et beaucoup de délicatesse, mais bientôt le gland avait ouvert le passage et je commençai à limer d’importance cette étroite cavité qui s’évasait sous mes assauts. C’est alors que le gros comte se présenta, son large vit tendu en main disant :



La grosse sœur qui depuis un moment lorgnait notre congrès abandonna son auteur et ses gimblettes pour engloutir mon vit encore trempé des humeurs de sa sœur. Elle avait baissé le haut de sa robe et caressait ses mamelles aux tétons tendus comme les maraîchères leurs melons lorsqu’elles attirent le chaland. L’auteur quant à lui s’allongea au sol sous les jupons de ma fellatrice pour déguster un fruit juteux autant que le bruit qu’il fit me permit d’en juger.


De l’autre côté de la pièce, tous les convives étaient entremêlés au milieu d’un mélange multicolore d’étoffes, de sorte qu’on ne savait plus à qui appartenaient les membres qui jaillissaient par moment de la masse informe de corps et de vêtements. Des gémissements montaient, s’amplifiaient, se mêlaient les uns aux autres. Le comte lâcha un peu trop tôt sa semence sur les cuisses de la jeune femme visiblement insatisfaite, des cris de plaisirs jaillirent de la masse humaine et ma fellatrice abandonna ma verge toujours raide pour se laisser aller à son propre orgasme, l’auteur se révélant plus doué avec la langue qu’avec la pique. La jeune femme eut un large sourire cette fois en voyant mon vit bien raide se rapprocher, elle prit les devants, posa un pied sur une chaise pour m’offrir un large passage et s’empala sur moi, face à moi. Cette fois elle plongea sa langue dans ma bouche pendant que je la besognais, jusqu’à ce qu’elle pousse un long gémissement, peu avant que ma semence ne jaillisse au fond de son sexe. Je m’étais laissé emporter par le plaisir, n’aurais-je pas dû me retirer ?


En reprenant mes esprits, je vis Monsieur dépenaillé qui me regardait en souriant. Derrière, à même le sol, Madame tripotait les bourses du gros comte d’une main et celles de l’auteur de l’autre, elle me regardait aussi avec un air vague au fond duquel je crus deviner du désir. Je remettais ma tenue en état quand monsieur reprit son air sévère et me dit :



Je suis sorti aussi discrètement que j’étais venu. La jeune femme dans laquelle je m’étais répandu me regarda partir en caressant son sexe. En refermant la porte, je la vis porter à ses lèvres un doigt sur lequel luisaient quelques gouttes de ma semence.




– Chapitre 3 –


Où Madame la Comtesse veut sa part de Quentin



Dans la cuisine où m’attendait un souper, la cuisinière me harcela de questions. Enivré par ces libertinages, je ne consentis à quelques confidences que lorsqu’elle s’approcha de moi et me laissa sous sa longue jupe fouiller cul et con à pleine main. Je n’eus guère à insister. Je ne savais pas qu’elle fut entichée, elle aussi, de ma réputation. Mon breuvage priapique faisait merveille et après mon souper, je pus encore honorer hardiment la cuisinière pendant que dans sa chambre derrière l’office on entendait son jardinier de mari ronfler comme soufflet de forge.


Les jours suivants, personne ne parla plus de cette soirée. Dans les recoins isolés, la camériste voulut goûter encore la raideur de ma verge et me laissa gamahucher et faire feuille de rose avec gourmandise. Le temps passa ainsi à tenir la maisonnée du comte, à honorer les anciles du quartier, ou leurs maîtresses, et à chevaucher les nobles dames que Monsieur me demandait de satisfaire durant ses soirées libertines.


Un jour que la camériste téta mon vit et gloutonna ma semence, Madame lui fit devant moi reproche d’une petite tache sur son col, petite tache de foutre encore fraîche que Madame frotta de son index. Lorsque sa camériste s’en fut allée penaude, Madame huma le doigt et me manda près d’elle.



Très étonné de ce soudain tutoiement, je ne pus que reconnaître le méfait, elle m’attira alors vers elle, de sorte que mon oreille touchait presque sa bouche et elle murmura :



J’étais un peu gêné après cette invitation en aidant Monsieur à préparer ses effets pour le voyage au pays. J’ai craint un moment qu’il ne m’invite à le suivre et me fasse rater le rendez-vous au boudoir ; à un autre moment, je l’ai espéré, mais il n’en fit rien.


À la tombée du jour, la camériste me prévint que Madame voulait en son boudoir une chandelle supplémentaire et lorsque je passai devant elle pour obtempérer, elle caressa mon haut-de-chausses en murmurant



Je continuai sans rien laisser paraître, mais, en entrant dans le boudoir, mon brandon raidissait et mes jambes flageolaient à nouveau.


Madame m’attendait dans une robe de chambre de soierie verte, allongée sur son lit, appuyée contre deux épais oreillers, la joue calée dans la paume de sa main, les jambes légèrement repliées sur le côté. La pression de ses genoux entrebâillait les pans de la robe de chambre et, dans la pénombre, la lueur des chandelles posées sur la table au pied du lit illuminait d’or ses cuisses blanches. Elle était nue sous la soie et me regardait approcher, silencieuse, souriante. J’avançais lentement, ne sachant que faire. Malgré la situation je restais serviteur. J’attendais un ordre de ma maîtresse.


Elle murmura seulement :



J’avançai jusqu’au divan. Bien que madame la comtesse eut deux fois mon âge, je la trouvais belle et attirante comme la déesse du maître italien, Botticelli, qui ornait la cheminée de Monsieur à Nevers. J’étais en rut.


La main de Madame caressa mon vit qui dressait mon haut-de-chausses comme une tente sarrasine. Elle faisait aller et venir ses doigts avec une délicatesse à laquelle les rudes cuisinières et les caméristes toujours pressées ne m’avaient pas habitué


J’aimais cette caresse légère comme un vent tiède de printemps sur toute la longueur du membre plus que les fermes pignolades du gland.



Lorsque ma verge se dressa devant elle dans la lumière vacillante des chandelles, elle reprit sa caresse légère. Le bout de ses doigts allait et venait sur ma hampe, tournait autour de mon gland me portant en un état de désir inaccoutumé. Et pourtant je croyais tout connaître des unions de l’homme et de la femme, j’avais déjà fréquenté tant de connils différents, des jouvencelles aux maritornes, j’avais connu tant de mains sur mon vit, mais jamais le doigté si délicat d’une comtesse.


Je fermai les yeux, je savourai la douceur de doigts de fée. La caresse se fit différente, plus enveloppante, plus chaude, Madame venait de me prendre en bouche, profondément. Je n’ouvrais pas les yeux, j’étais ailleurs, dans un monde où les majordomes baisent pour leur propre plaisir les comtesses aux mains de velours.


Puis Madame réunit lèvres et mains dans une caresse de mon vit et de mes bourses de plus en plus vigoureuse et ferme. C’est ainsi que sans bouger, sans ouvrir les yeux, je déversai sur sa langue et dans sa gorge une bolée de mon foutre.


Lorsqu’elle lâcha mon gland, toute ma semence avait disparu en elle.


J’ai ouvert les yeux et nos regards se sont croisés. Elle avait à peine une lueur de satisfaction dans l’œil, loin derrière la froideur de son aristocratie.



Je remontai mes chausses en hâte et m’éclipsai discrètement heureux, mais un peu déçu de n’avoir pas foutu entre ses cuisses ou ses fesses rondes et fermes. Elle restait étendue, comme je l’avais trouvée en entrant.




– Chapitre 4 –


Où Monsieur le Comte confie à Quentin une mission de la plus haute importance



Les jours qui suivirent, je restai sourd aux sollicitations et n’eus commerce avec aucune des donzelles que j’honorais régulièrement. La camériste de Madame se moqua, m’accusant d’être en amour pour les vieilles aristocrates. Quant à la cuisinière, qui était plus proche de l’âge de Madame, elle avait redoublé d’attentions pour moi depuis que je lui avais révélé, des semaines auparavant, autre chose que la rudesse potagère de son mari. Elle en voulait, semblait-il, davantage.


Je ne disais rien, je ne faisais rien et cela semblait exciter beaucoup ces deux femmes. Plus que mes avances libertines.


Le comte revint de Nevers et annonça une prochaine grande soirée. Les invités seraient plus nombreux que de coutume et l’on écouterait notre auteur et l’actrice lire des vers libertins du siècle précédent.


Ensuite monsieur me prit à part



Ainsi donc, Monsieur m’avertissait que j’aurais à fourbir des trous peu appétissants, et que ma flamberge devrait rester au garde-à-vous. Pour le garde-à-vous, j’avais la potion des grand-mères du pays, mais pour que les bourses ne s’épanchent pas sans crier gare, après plusieurs jours d’abstinence, il était urgent que je les essore.


Le retour du comte et les préparatifs de ripaille m’occupèrent toute la journée et à la nuit tombée, il me fallait commencer l’essorage et pas question de fourchette de Saint Carpion. La camériste heureuse de mon retour à la raison de Priape prit ma pine entre ses lèvres et avala la première gorgée de ma purge avant de s’en aller coucher.


Satisfait, mais encore bien plein, j’avais très faim. La cuisinière à ses affaires rangeait l’office et son diable de jardinier prêtait la main. J’ai soupé en la bichonnant du coin de l’œil, elle ne se pressait pas et me lançait aussi d’excitantes œillades, mais son porte-couilles ne s’éloignait pas.


Le jardinier empoigna un cruchon de vin pour finir mon souper, mais c’est lui qui but presque toute la chopine et il s’écroula sur la table en ronflant.


Je suis alors passé sous la jupe pour prendre un dessert entre les cuisses rondes de son épousée. L’huître ouverte bien juteuse, odorante acheva de regonfler ma pine que la cuisinière s’enfila goulûment entre les cuisses quelques instants plus tard. Elle s’offrit un plaisir plus bruyant que les ronflements de son homme.


J’avais vidé mes bourses par deux fois de belle manière, mais dans mon lit le sommeil ne venait pas, la pensée de la bouche de Madame sur mon vit, l’image de son corps lascif me revenait et me redonnaient vigueur et je sentais mes bourses encore prêtes à verser quelques gouttes d’une liqueur dont il me fallait absolument me défaire.


Je me relevai et errai dans la maison endormie. Dans le couloir des chambres des petites servantes où le hasard porta mon pas, j’aperçus sous une porte la lumière vacillante d’une chandelle. J’ouvris délicatement la porte. Sur son lit, une petite campagnarde fraîchement arrivée dans la domesticité écrivait une lettre. Elle y mettait une telle application qu’elle ne m’entendit pas entrer. Sa chemise entrouverte laissait apercevoir une opulente poitrine. Lorsqu’elle se rendit compte de ma présence, ma main se glissait déjà dans sa chemise et s’emparait d’une mamelle chaude et douce. Elle protesta un peu, mais ne fit rien pour repousser ma caresse, était-ce l’obéissance due au majordome, ou l’attirance pour ma réputation, elle aussi ? La petite avoua dans un murmure être encore pucelle, mais elle souleva sa cotte dans un geste naïf et charmant et écarta les cuisses pour m’offrir timidement son jeune fruit vermeil. Ses cuisses avaient le goût et le parfum des filles de ma campagne, celles des premières gamahucheries, des premières feuilles de rose, des premières fornications maladroites. J’ai dégusté longuement ce fruit tendre avant de le pénétrer très délicatement pour ne pas la blesser, aussi pour faire durer cette union qui me rappelait cette époque pourtant proche, mais déjà si lointaine, des filles de ferme prises dans les odeurs d’étable et de fenaison. Lorsque la semence s’est annoncée, je suis sorti et j’ai oint ses tétons de mon foutre. Elle avait joui modestement, mais semblait heureuse de sentir ma semence sur elle, de la voir jaillir de ma pine pour elle.


Le sommeil enfin me prit et je m’endormis dans ses bras odorants pour les quelques heures qu’il restait de nuit. C’était nouveau, je baisais beaucoup, mais je finissais toujours les nuits seul dans mon lit.


Lorsque je m’éveillai au petit jour je vis deux grands yeux verts qui m’observaient et je sentis sous ma chemise la caresse fraîche d’une petite main.



Cela la fit sourire. Elle caressa son entrejambe et ajouta songeuse,



Zerbinette a posé sa tête sur ma poitrine et elle s’est agrippée à moi comme pour m’empêcher de partir, pour retenir cet instant du premier émoi qui s’éloignait déjà vers le monde des souvenirs. L’heure d’aller orchestrer la vie de la maisonnée avait sonné.


J’ai encore caressé les cheveux de Zerbinette en pensant à la journée à venir. Le soir, j’allais devoir faire jouir des femmes pour qui je ne serai qu’un godemichet humain. Elles jouiraient, mais m’ignoreraient complètement. Comme elles ignorent toute domesticité, loin de la tendresse naïve de Zerbinette.




– Chapitre 5 –


Où Quentin accomplit sa tâche avec abnégation



À la cuisine j’ai mangé une soupe et du fromage puis je me suis laissé entraîner dans le tourbillon des préparatifs de la grande soirée. J’ignorais quelle affaire Monsieur traitait, j’ignorais avec qui, mais j’avais bien compris que le succès dépendait de la priapée de ce soir. Et de mon endurance à chevaucher de vieilles aristocrates.


Le moment venu, j’ai avalé double dose de ma liqueur à bander tant l’idée de cette soirée ne m’excitait pas.


J’ai introduit dans le grand salon une bonne dizaine de couples. Un duc et sa femme dont je compris à l’empressement de monsieur qu’il était l’« affaire ». L’auteur et l’actrice qui arrivaient avec de petits livres reliés en cuir rouge à la main qu’ils protégeaient comme un secret. Le reste des couples, j’en ai oublié le nom et le rang. Ils étaient tous, libidineux, poudrés et perruqués comme des saltimbanques. Je ne les connaissais pas, je les ai oubliés.


J’ai pris place au fond de la salle et les agapes ont débuté. D’abord ça mangeait salement avec les mains comme si se graisser les doits fut un plaisir. Ça s’essuyait sur les nappes et même sur les tentures. Ça buvait goulûment. Et puis un premier jupon s’est soulevé sous l’action de gros doigts boudinés et une fine main de femme s’est immiscée entre les fesses d’une autre femme. Une première verge a jailli entre les doigts déformés de la duchesse de l’« affaire ». La duchesse riait beaucoup, plus d’ivresse que de plaisir. Je la surveillais prêt à venir au secours de son extase et ne prêtais plus guère d’attention aux autres corps qui se dénudaient, se touchaient, se chevauchaient. On entendait au milieu des rires des bruits de succion, des embrassements, des gémissements, des soupirs poussés à l’excès.


Soudain la duchesse se releva, se pencha sur sa monture en saisit entre deux doigts la verge et la laissa retomber mollement avec un grognement courroucé. L’érection avait rendu l’âme. Monsieur, qui observait la scène en compagnie du duc, me fit signe de me tenir prêt.


La duchesse s’approcha du buffet près de moi, picora trois grains de raisin, avala deux gorgées de vin.

Elle s’approcha encore de moi, se retourna pour contempler tous les convives qui se mélangeaient et pour que sa main se retrouve « naturellement » à la hauteur de mon sexe qu’elle se mit à malaxer fermement, d’abord à travers l’étoffe de mon costume pour juger de la fermeté de l’instrument, puis au grand air, à la vue de tous, notamment le duc et le comte, très attentifs à cette vigoureuse prise de contact.


Évidemment, je ne prenais aucune initiative, je restais un simple objet de plaisir, un serviteur obéissant et je serais resté stoïque à me faire branloter négligemment par la vieille duchesse, si elle n’avait pas relevé ses robes en ordonnant :



Je l’ai pénétrée d’un coup et j’ai commencé mes allées et venues sans désir. J’avais peur de débander malgré la médecine que j’avais absorbée. Alors j’égrenais de bons souvenirs, la cuisinière et sa large croupe, les parfums lourds de ses seins, la saveur de son fruit juteux, ses petits gémissements quand le plaisir montait, retenus pour que son époux ne s’éveille pas ; la camériste et ses petits seins pointus, son nectar acidulé, ses cuisses alertes qu’elle ouvrait largement pour dévoiler et offrir à mon vit et le cul et le con. Lorsque j’évoquai Zerbinette, ses lourdes mamelles, sa toison abondante et odorante, ses mains fraîches, ses lèvres douces, j’ai cru sentir ma verge doubler de volume, j’ai été pris d’un entrain nouveau et je me suis mis à fouailler les entrailles de la vieille duchesse avec un acharnement incroyable. Je l’ai sentie se cabrer un peu puis s’offrir à nouveau à une caresse plus profonde. Le corps de Zerbinette tournait et retournait dans mon esprit et j’en oubliais la duchesse et je redoublais encore mes ardeurs en la chevauchant. Elle se cabra à nouveau et enfonça encore plus profondément mon membre en elle. Par des petits mouvements de la croupe, elle m’incitait à accélérer le mouvement et moi, toujours à butiner Zerbinette dans mes pensées, j’y allais sans retenue et la duchesse finit par pousser de grands cris puis, haletante, se laissa tomber à terre sur le cul en m’arrachant presque la queue. Je bandais toujours et Monsieur semblait fort impressionné par ce que je venais de faire.




– Chapitre 6 –


Où Quentin découvre la littérature



Les esprits s’étaient échauffés partout dans la pièce, les sangs avaient bouilli et chacun, un peu essoufflé par sa chevauchée et affamé par l’exercice, aspirait à un moment de repos, de restauration et de boissons. Les corps mal attifés ne se préoccupaient plus de leur apparence ni de celle des autres. Parfois de la crème était déposée sur un tétin et aussitôt léchée, une crudité trempée dans la cyprine en guise d’assaisonnement, mais tout autour de la table on n’entendait plus que bruits de vaisselle et de mastication, de verre rempli et aussitôt vidé. Puis l’assistance parut sombrer dans la somnolence, le silence s’appesantit. C’est le moment que choisirent l’auteur et la tragédienne pour faire une théâtrale apparition, leurs livres à la main et leur mise parfaitement ajustée comme s’ils n’eussent pas partagé un instant plus tôt la débauche libertine avec la foule. Le théâtreux se racla la gorge et parla avec une voix forte qui tranchait avec son timbre aigrelet habituel.



L’auteur se concentra un instant, la tragédienne s’approcha de lui, posa une main sur son épaule et le regarda avec des yeux pleins d’une passion théâtrale au moment où il commença sa lecture :


Je songeais cette nuit qu’enfin cette farouche

Qui n’eût jamais pour moi de mouvements courtois

Était entre mes bras, et que je la foutais

Si bien qu’à tous moments nous ébranlions la couche.


Mon vit dedans son con, ma langue dans sa bouche,

Lui témoignaient assez l’ardeur que je sentais ;

En ce plaisant combat, souvent je lui portais,

Et n’ai mis bas le fer qu’à la septième touche.


Cependant, au réveil je n’ai rien dans mes bras,

De mon foutre perdu ma chemise, et mes draps,

Semblent me reprocher le visible dommage.


Ah ! si Cloris voulait éprouver mes efforts !

J’ai déchargé sept fois en foutant son image,

Que ne ferais-je point si je foutais son corps ?



À la fin de la lecture du premier sonnet, l’actrice fourra sa langue dans la bouche de l’auteur et sa main entre ses cuisses, puis elle se retourna vers l’assistance et mima l’admiration et le désir, avant de reprendre sa place pour la seconde lecture, avec un air de recueillement et de prière.


Multipliez le monde en vôtre accouplement,

Dit la voix éternelle à notre premier Père,

Et lui, tout aussitôt, désireux de le faire,

Met sa femelle bas, et la fout vitement.


Nous, qui faisons les fous disputons sottement,

De ce Dieu tout-puissant la volonté si claire,

Par une opinion ouvertement contraire

Nous mêmes nous privant de ce contentement.


Pauvres ! Qu’attendons-nous d’une bonté si grande !

Ne fait-il pas assez, puisqu’il nous le commande ?

Faut-il qu’il nous assigne et le temps et le lieu ?


Il n’a pas dit, Foutez ; mais grossiers que nous sommes !

Multiplier le monde en langage de Dieux,

Qu’est-ce si ce n’est foutre en langage des hommes ?



Alors l’actrice se plaça devant le lecteur et écarta les cuisses largement en relevant ses jupes, découvrant sa toison parsemée pour la plus grande joie de l’assistance. Puis à nouveau elle reprit sa place. Avant de commencer la lecture, l’auteur la toisa avec un air sévère, elle baissa la tête penaude :


Enfin, vous m’offensez de faire ainsi la sotte,

Il faut résolument que vous me contentiez,

Et sans tant de discours que vous me permettiez

Qu’en ce lieu flanc à flanc contre vous je me frotte.


En dussiez-vous crever, je vous prendrai la motte,

Défendez-vous des dents et des mains et des pieds,

Il faut que je vous foute, ou que vous me foutiez,

L’arrêt en est donné ; troussez-moi votre cotte


Vous voyez ce gros vit que je ne puis dompter,

Tout au milieu du con Je vous le vais planter,

Vous avez beau crier, c’est un point nécessaire.


Dans un si beau dessein, je suis trop engagé ;

Maintenant si j’ai tort ou raison de le faire

Nous l’examinerons quand j’aurai déchargé.



Et la tragédienne se retourna, se baissa, leva ses jupes et montra cul et con à la foule ravie. Puis revint près du lecteur qui lui prit tendrement la main :


Voici la belle main cruellement lubrique,

Qui sut si dextrement se servir du poignet,

Qu’au temps que le dernier de nos Valois régnait,

Maugiron eut été jugé paralytique.


0 combien dextrement elle branlait la pique !

0 qu’avec de plaisir un vit elle empoignait !

Puis l’exercice fait, jamais ne se baignait

Qu’en l’eau qui découlait du vase spermatique,


Qu’à des vits cette main à fait faire d’excès !

Pour avoir du savon de Madame d’Usez !

Combien plus que Cormier cette main fit de sauces !


Combien plus qu’en extase elle a d’homme ravis !

Combien manié moins d’épingles que de vits !

Et n’eut jamais manchon qui ne fût haut de chausses.



Et la tragédienne enfourna vitement sa main dans le haut de chausse du vieil écrivain, la secoua frénétiquement puis la ressortit et passa sur ses lèvres ses doigts d’un air gourmand.

Le lecteur partit un peu à l’écart, isolé, et se courba comme un vieillard.


Sainte mère d’amour, et toi Père Priape

Puissant Dieu des jardins, vigoureux rougissant,

Las ! voyez en pitié ce Catze languissant,

Aussi mou qu’une tripe, ou la couille d’un Pape.


Le pourpre est effacé qui colorait sa chape,

Il n’a plus le port fier, terrible, et menaçant ;

Mais dès qu’il trouve un con, sa dague il va baissant,

Et me faut rendre au bord le foutre qui m’échappe.


Donc, sainte Déité, guérissez ma langueur,

Et soufflez en mon vit ma première vigueur,

Que la fièvre traîtresse a finement ravie ;


Ou bien s’il ne vous plaît contenter mon désir,

Ne souffrez que je vive exempt de ce plaisir,

Car si je suis sans vit, je veux être sans vie.



Il s’écroula à terre, la tragédienne vint à lui, posa sa bouche sur son haut-de-chausse à l’endroit de la pine et fit mine de le sucer avec empressement. Il se redressa souriant et la foule applaudit.

Ils se relevèrent et se collèrent l’un à l’autre. Pendant qu’il lisait, la tragédienne dénuda sa pique et la branla doucement aux yeux de tous.


Si tôt que le sommeil au matin m’a quitté,

Mon premier souvenir est le con de Nérée,

De qui la motte ferme, et la barbe dorée

Égale ma fortune à l’immortalité.


Mon vit de qui le foutre est la félicité,

S’allonge incontinent à si douce curée,

Et d’une échine roide au combat préparée,

Montre que sa colère est à l’extrémité.


La douleur que j’en ai m’ôte la patience,

Car de me le branler, c’est cas de conscience ;

Ne me le branler point, ce sont mille trépas.


Je fais ce que je puis afin qu’il se contienne ;

Mais en l’amadouant, je ne m’aperçois pas

Qu’il me crache en la main sa fureur, et la mienne.



À la fin du poème, l’auteur n’avait plus de haut-de-chausse, l’actrice tenait dans le creux de sa main le vit et les couillons.

Il l’a regarda tendrement :


Beaux sont ces bois épais, belle cette prairie,

Belles ces vives fleurs, et beaux ces verts rameaux,

Beau le cristal coulant de ces petits ruisseaux,

Beau le divers email de cette herbe fleurie.


Beaux les derniers accents qu’un doux Écho marie,

Aux charmes amoureux de mes chants tout nouveaux,

Beaux les riches épis de ces jaunes tuyaux,

Beaux les airs qu’un Berger sur sa flûte varie.


Beaux les seps amoureux où pendent ces raisins,

Beaux les courbés valons de ces coteaux voisins,

Beau cet antre, où parfois avec toi je sommeille ;


Mais toutes ces beautés, mon Alcine, crois-moi,

Cèdent à la beauté de ta motte vermeille

Que je tiens maintenant, assis auprès de toi.



Les deux étaient moitiés nus et se caressaient mutuellement le sexe alors que tous les convives les acclamaient.


Les lectures et les jeux des acteurs avaient réveillé les esprits. Des queues se redressèrent des mains s’emparèrent de cuisses et de mamelles, des frottements de tissus se firent entendre, des soupirs, des gémissements, des succions de tétins ou de piques, des branles vigoureux. L’auteur cessa la lecture et participa lui aussi au mélange langoureux des corps. Alors qu´un gros homme lui faisait minette, la duchesse me regardait songeuse. Elle ne revint cependant pas vers moi ni aucune autre, comme s’il avait été dit qu’il ne fallait pas boire du même verre que la duchesse. J’observais avec indifférence les corps, les congrès, les tribades enlacées ou les deux éphèbes qui se suçaient mutuellement le vit.




– Chapitre 7 –


Où pour la première fois un cri d’amour est adressé à Quentin



J’avais été fasciné par ces lectures et j’en étais encore songeur. Je n’imaginais pas que l’on put exprimer de telles choses en écrivant. Pour moi les seules lectures qu’il m’avait été donné de faire avec les sœurs du couvent dans ma jeunesse étaient celles des évangiles. Ensuite, chez monsieur le comte, je ne lisais plus que des ordres, des listes de commissions, écrits par Monsieur ou Madame, des adresses, des rendez-vous… Et j’ai repensé à Zerbinette écrivant.


Ce soir-là, personne n’eut plus recours à mes services et j’ai fini de pied devant les tentures du salon, aussi immobile que les statues qui marquaient les quatre points cardinaux dans ce grand salon.

Lorsque tout le monde s’en fut allé, je ne rejoignis pas ma chambre, mais me glissai dans le lit de Zerbinette, sans la réveiller et je m’endormis sans délai.


À mon réveil, elle était encore endormie. J’avais dû sommeiller deux heures tout au plus, je l’ai regardée dormir, dans la nuit un sein s’était échappé de sa chemise, il ondulait régulièrement avec la respiration de la jeune femme. Elle ouvrit les yeux et s’écria :



Puis elle se ressaisit, éclata de rire et jeta ses bras autour de mon cou avec un long « oh », plein de tendresse, d’étonnement et de bonheur.


L’amour doit ressembler à cela, pensai-je.


Nous nous sommes levés sans échanger quelque autre geste puis nous sommes allés chacun à nos activités et ne nous sommes plus revus de la journée. Une journée de vaisselle de lessive de rangement après les agapes de la veille.


Monsieur est descendu vers midi, l’air réjoui. Il a pris une bonne collation et a quitté la demeure seul. Madame n’a appelé qu’à quatorze heures pour que je lui monte une collation.

Lorsque je suis arrivé, elle était allongée sur son lit en chien de fusil, les draps repoussés à ses pieds, en plein soleil la percale de sa chemise ne cachait rien du galbe de ses cuisses, du tombé de ses seins lourds, des rondeurs de ses hanches, de l’abondance de sa toison.

J’ai posé le plateau sur la table et je me dirigeais vers la porte lorsqu’elle s’adressa à moi.



Le tutoiement, l’aveu d’un congrès à l’insu du comte me libérèrent de mes obligations de domestique. La femme m’excitait, la maîtresse ordonnait, pourquoi résister ? Je pris toutes initiatives à ce congrès jouant des mains et de la bouche à mon gré sur le corps de ma maîtresse offerte. J’obtins d’elle toutes les voluptés qu’une femme peut offrir à son amant, tous les abandons. Je la soumis à toutes les fantaisies de mes mains, de ma bouche, de mon sexe, une heure durant. Lorsque ma semence fut répandue sur son ventre, elle me congédia.


Je passai le reste de la journée l’esprit vide à tourner dans la maison et le jardin pour m’assurer de la bonne tenue de mille détails, parfois en travaillant je me rejouais quelques audaces que j’avais eues sur le corps de Madame et dont elle avait semblé jouir. À la tombée du jour, Monsieur revint l’air sombre. Il partit s’enfermer dans son bureau et y fit mander Madame.

Comment aurait-il pu savoir pour Madame et moi ?

Ils restèrent ainsi seuls jusqu’au souper. Puis il me convoqua près de lui.




– Chapitre 8 –


Où le monde s’écroule autour de Quentin




Je tombai des nues.



L’honneur du Duc est blessé. J’ai voulu prendre sur moi, plaider que vous n’étiez que l’exécuteur de ma volonté. D’ailleurs inspirée par le Duc lui-même, mais ce dernier déplore une autre dette d’honneur à votre endroit.


J’écarquillai les yeux, interdit.



J’étais blême, sans voix.



J’imaginais déjà me présenter chez Madame de Clermont pour y poursuivre cette vie de libertin à laquelle j’avais pris goût, chez une maîtresse aux cuisses généreuses et à la domesticité frivole. Je suis cependant remonté dans ma chambre comme un homme un peu ivre et j’ai emballé mes, cela ne représentait qu’un petit balluchon, effets avec tristesse et nostalgie. Puis je me suis écroulé sur le lit et j’ai dormi une paire d’heures d’un sommeil agité de rêves où les seins de Zerbinette dansaient autour de moi. En pleine nuit, je me suis éveillé angoissé après un rêve où je tombais dans un puits sans fond. J’ai tourné un peu en rond devant ma fenêtre, puis je suis monté à pas de loup dans la chambre de Zerbinette. La lueur de la chandelle filtrait sous la porte comme la première fois.


Lorsque je suis entré, elle écrivait avec la même attention qu’alors.



Elle tourna son beau regard vert



Elle se poussa pour que je m’allonge. Inerte, je scrutais le plafond en laissant vagabonder mes pensées parmi mes souvenirs des derniers jours. Zerbinette ne posa pas de question. Elle défit sa chemise et ôta la mienne avec délicatesse. Elle m’embrassa la poitrine, le cou les joues, la bouche, les aisselles, le ventre, le sexe. J’étais bien, j’oubliais. Elle me caressa longuement en silence, puis me chevaucha jusqu’à sentir ma semence couler en elle, avec un orgasme cette fois entier, me semblait-il. Puis elle allongea sur mon corps son corps couvert de sueur. Et nous nous sommes endormis ainsi enlacés. Elle m’avait fait oublier tout ce monde qui s’écroulait autour de moi.




– Chapitre 9 –


Où Quentin écoute son cœur sans préméditation



Au matin, lorsque je suis descendu à la cuisine, on m’a dit que Monsieur était déjà debout et qu’il m’attendait dans son bureau. Il n’y eut pas une parole, Monsieur me remit trois lettres de recommandation, mes gages et une petite bourse de quelques Louis supplémentaires.

J’allais fermer cette porte une ultime fois lorsqu’il ajouta :



Révolutionnaire avant l’heure ? Je laissai monsieur ahuri, pris au piège de ses propres libertinages et je remontai prendre mes affaires. Dans l’escalier, je croisai la lingère et Zerbinette les yeux baissés. Je les ai arrêtées et j’ai ordonné à Zerbinette de me suivre avec un ton de majordome qui ne laissait pas place à la contestation, ma disgrâce n’était pas encore connue. La lingère a attrapé la pile de draps que la petite portait et s’est éloignée en maugréant. Lorsqu’elle eut disparu, Zerbinette leva enfin les yeux en souriant. Je l’ai conduite à sa chambre.



Elle s’exécuta sans mot dire et me suivit serrant contre elle ce qu’elle avait de plus précieux, son écritoire, sa plume, son encre et ses papiers.


Dans les rues de Paris, elle me suivait sans poser de questions. Nous nous sommes arrêtés dans une taverne où j’ai commandé du vin, quelques cochonnailles et une miche de pain frais.



Combien avais-je connu de femmes ? Jamais une comme elle. Et moi pourquoi étais-je en train de l’arracher à sa vie d’ancile ? Je n’y avais jamais songé et je ne savais pas reconnaître l’amour, pourtant je l’enlevais par amour, sans savoir ce que je faisais. Je ne le compris que beaucoup plus tard.

On ne m’avait jamais parlé de l’amour que l’amour de Dieu. Je n’en avais jamais vu d’exemple.


Je lui ai tout raconté. Elle m’a juste dit calmement de sa petite voix.



Elle a conclu :



Et elle a passé ses bras autour de mon cou et m’a serré contre elle. Par ce geste simple, elle scellait ma résolution encore vacillante malgré l’air assuré que j’avais essayé de garder depuis notre départ de l’hôtel de Monsieur.


Je connaissais un marchand qui, retournant à Nevers sans marchandises, acceptait de charger des passagers pour quelques pièces. C’était inconfortable, c’était sale, ça sentait mauvais, mais on a rejoint le Nivernais en une douzaine d’heures à peine.


Là-bas, une veuve, pour le mari de laquelle j’avais travaillé enfant, a bien voulu nous loger et nous nourrir contre de l’aide dans les affaires de son auberge. Zerbinette et moi avons eu vite fait de remettre un peu d’ordre et de propreté dans la bâtisse et au bout de quelques semaines, les clients revenaient. Nous nous sommes mariés. Tous les soirs, Zerbinette écrivait ce qui était maintenant « notre » vie. En plus de l’auberge, je rendais de menus services au couvent qui m’avait recueilli lorsque j’étais devenu orphelin. La mère supérieure me choyait comme son fils. Je lui avais raconté mes mésaventures en omettant certains détails et lorsque mon enfant abandonné lui fut confié, elle fit venir Zerbinette quelques jours aux hospices et nota elle-même dans le registre de la paroisse la naissance de ce fils « légitime ».


Voilà l’histoire. Des années après nous tenons toujours l’auberge et nous avons donné quatre frères et sœurs à « notre » premier enfant.

Zerbinette a sans doute raconté cette histoire beaucoup mieux et avec beaucoup plus de détails dans ses carnets.




– Chapitre 10 –


Où Zerbinette raconte l’histoire telle qu’elle l’a vécue



Je n’ai jamais plus touché une autre femme et je m’étonne encore de la façon dont Zerbinette me regarde. Après toutes ces années, son corps est devenu plus lourd, mais, lorsqu’elle dort, un sein s’échappe encore de sa chemise et palpite au rythme de sa respiration. J’ai toujours autant d’émotion à la regarder.


Un soir Zerbinette est venue se coucher contre moi, elle portait un cahier défraîchi. Elle a approché la chandelle et m’a dit :



C’était la première fois qu’elle acceptait de me lire ce que depuis des années elle notait chaque jour pour elle-même.



Elle commença d’une voix douce et posée :


Depuis ce matin, je suis servante chez le comte et la comtesse, à Paris. J’ai été bien accueillie. J’ai une petite chambre pour moi seule et le travail n’est pas harassant jusqu’alors, bien moins harassant que les travaux de la ferme. Il y a dans cette domesticité, une vieille cuisinière et son mari jardinier, un vieux palefrenier qu’on ne voit jamais en la maison, une camériste jolie et menue et une lingère un peu revêche qui me chaperonne ici. Je connais si peu de choses, elle m’enseigne avec patience à bien servir nos maîtres.

Et puis il y a le majordome, il est jeune et beau et fort. Je l’ai croisé à l’office, mais il ne m’a pas vue, je crois.

[…]

Aujourd’hui j’ai aperçu par une porte entrebâillée la lingère les jupons relevés que le majordome besognait vigoureusement. Elle gémissait comme un petit animal blessé, mais elle avait l’air d’y prendre grand plaisir. J’ai entrevu le vit, long dur et droit de monsieur Quentin. Je suis partie vite dans ma chambre. J’avais les cuisses inondées. Lorsque j’ai regardé, mes lèvres s’entrouvraient et mon bouton gonflé sortait la tête. Je l’ai caressé d’une main et de l’autre j’ai massé mes seins en me remémorant le gros vit aperçu. Ça m’a fait grand plaisir, plus que d’habitude.

[…]

J’ai surpris ce matin le majordome plongé sous les jupes de la lingère. Elle semblait heureuse et je me suis surprise à l’envier. Mais que ferait un si bel homme avec une paysanne qui arrive juste de sa province, avec des mamelles comme pis de vache et pucelle ? Je sais par la cuisinière qu’il est fouteur réputé par le quartier, je crois que ça n’excite que plus mon désir. Je me suis encore caressée en pensant à lui.

[…]

Hier, quand j’écrivais, fort tard, sur mon lit, monsieur Quentin est entré. Je n’ai pas entendu la porte et quand j’ai perçu sa présence, il glissait sa main sous ma cotte et caressait mon sein. J’ai voulu refuser, mais sa main douce et chaude me faisait du bien et j’en avais tellement envie.

J’avais envie, mais j’avais peur, Cloris au pays m’avait dit que la première fois est douloureuse. J’ai dit que j’étais pucelle si doucement que j’ai cru qu’il n’avait pas entendu. Je lui ai montré mes cuisses, j’avais peur qu’il ne s’enfuie, je lui ai ouvert mes cuisses, il y a posé délicatement cent baisers. Je brûlais et cent autres baisers sur mon sexe ont apaisé ce feu et décuplé mon désir. Alors seulement sa langue a fait rouler mon bouton tout tendu. C’était si doux, si bon, je me retenais de crier de plaisir. Après de longues délicatesses sur mon bouton, sa langue a plongé dans mon con, doucement, profondément, longtemps, longtemps, je hurlais en moi-même d’un plaisir si grand, tout tournait, je voyais des couleurs comme dans l’arc-en-ciel, j’entendais des musiques, je volais avec les oiseaux sauvages, si haut dans les cieux. Quand il a posé son corps sur mon corps, j’ai retenu mon souffle, j’avais joui deux fois si fort par sa langue, je pourrais supporter la douleur, mais sa pique lentement transperça mon hymen sans mal et il m’a besognée si tendrement que j’en crus mourir de bonheur. Je n’en laissais rien voir et lorsque s’extrayant il laissa sur mon tétin couler sa blanche sève, j’étais en paradis. Il se coucha contre moi et très vite s’endormit. Moi je ne dormis pas et caressais son corps jusqu’à ce que ses beaux yeux s’ouvrent à nouveau sur moi.

Reviendra-t-il me voir ?


En lisant, Zerbinette avait pris ma pique en main et la branlait doucement. Elle se tourna, grimpa sur moi et m’enfonça en elle. Puis, en me chevauchant lentement, elle reprit sa lecture.


Ce matin au réveil, monsieur Quentin était à mes côtés, je n’y croyais pas, il était revenu ! Je l’aime ! Je l’aime !


Et elle posa le cahier et murmura « je t’aime » en posant ses lèvres sur ma bouche.


C’est là qu’est venue en moi l’envie de raconter pour Zerbinette comment est né mon amour pour elle.



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P.S. : Fidèle lecteur, j’ai composé le roman de Quentin et Zerbinette pour te faire partager quelques-uns des sonnets glanés par Valentin Conrart. Si tu en veux davantage, va en enfer consulter « Sonnets gaillards et priapiques » extraits des manuscrits de Conrart (Bibliothèque de l’Arsenal), publiés pour la première fois avec un avant-propos par un bibliophile inconnu, sur le très superbe site de la Bibliothèque nationale de France : gallica.bnf.fr.