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n° 17394Fiche technique17347 caractères17347
Temps de lecture estimé : 10 mn
27/05/16
Résumé:  Rencontre gourmande d'une bourgeoise et d'un vigneron.
Critères:  fh inconnu caférestau voir fellation cunnilingu anulingus pénétratio
Auteur : Igitur            Envoi mini-message
Sapide, sapide

Une large main se posa sur le délicat postérieur engoncé dans un tailleur Chanel. Ce n’était certes pas la première fois qu’une telle agression se produisait dans ce genre de foule, mais en général le geste était furtif et Marie-Cécile en trentenaire aguerrie se dérobait discrètement en feignant l’indifférence, ignorant totalement l’indélicat renvoyé ainsi à son néant. Or cette main-là restait posée bien à plat sur la fesse qu’elle enrobait presque entièrement. En dépit du dégoût qu’elle éprouvait, Marie-Cécile se trouva donc contrainte d’effectuer une légère rotation pour faire face à son agresseur. La main resta résolument plaquée sur sa prise alors que Marie-Cécile plongeait son regard courroucé dans deux grands yeux bleu-vert.


L’homme haut d’une bonne tête de plus que Marie-Cécile la regardait avec un franc sourire. Il avait de larges épaules et une longue chevelure un peu décalée autour d’un visage buriné, une trogne à laquelle il était difficile d’attribuer un âge. Marie-Cécile avait imaginé que le simple fait de se retourner et de toiser l’homme sans crainte aurait suffit à l’éloigner. Mais la main était toujours là, tranquille, posée paresseusement sur sa fesse comme un papillon sur une fleur au soleil de l’été. Il fallait réagir, parler, crier, frapper. Toutes les possibilités traversèrent l’esprit de Marie-Cécile en un éclair. Elle rejeta d’emblée tout ce qui pouvait conduire à un esclandre. Son éducation ne l’autorisait pas à se faire remarquer dans ce genre de lieu public, en conflit avec ce genre de personnage. Le temps passait, il fallait agir, elle allait parler, ses lèvres s’entrouvraient, mais l’homme la devança :



Prise de court, sans réfléchir Marie-Cécile ne sut répondre que :



Les mots lui faisaient défaut, elle sentait son visage s’empourprer, l’air lui manquait, son cœur s’affolait.



L’homme s’adressait à elle comme si tout était des plus naturels, il lui souriait de plus belle et l’enveloppait chaleureusement de son regard clair.



La large main n’était plus immobile. Très lentement elle se promenait sur la fesse, de droite à gauche, de haut en bas. Des drôles de pensées émergèrent en Marie-Cécile qui cherchait ses mots, elle pensa à Lady Chatterley, à Lady Godiva, à Emmanuelle, à L’origine du Monde, elle mélangeait tous les mythes, toutes les histoires marquées par l’interdit et ne trouvait pas la réplique cinglante, le trait d’esprit assassin qu’elle pourrait décocher à ce rustre. Elle était pourtant réputée à ce jeu-là, et bien des hommes et des femmes se tenaient loin d’elle dans les soirées parisiennes. Mais l’homme qui lui faisait face tenait plus du bûcheron ou du jardinier et ne fréquentait certainement pas les salons parisiens.


Alors que les doigts de l’homme se contractaient légèrement sur sa prise, Marie-Cécile ressentit un frisson lui traverser l’échine, elle allait exploser, tant pis pour la bonne éducation.



Mais l’homme la devança encore :



Foutue éducation qui vous conditionne ! Marie-Cécile se trouva dans l’obligation de se présenter à son tour, avec une pointe de snobisme dans la prononciation elle lâcha du bout des lèvres :



Enfin, la main quitta sa fesse, mais le soulagement fut de courte durée, car elle s’empara de son flanc et l’entraîna avec une force et une fermeté qu’elle n’avait encore jamais rencontrées en dehors de la foule en direction d’une petite rue étonnement tranquille pour ce quartier très touristique.



Mais l’homme resserra son étreinte en souriant et l’entraîna avec cette force pleine de douceur qui la surprenait et la déstabilisait.



L’homme ne répondit pas, mais fit entrer Marie-Cécile dans un café si petit qu’elle n’avait même pas remarqué sa présence dans un renfoncement, sur ce trottoir tellement étroit que tous les passants empruntaient l’autre côté de la rue.


L’établissement était hors d’âge, tout y était d’un autre temps, même les affiches publicitaires. Ici l’une vantait le match de catch de l’Ange blanc contre Roger Delaporte, c’était au début des années 1960, là Lisette Malidor, nue sur un fond de plumes vertes, dessinée par Aslan dans les années 1970, invitait encore le chaland au Casino de Paris, et puis derrière le comptoir, discrète, la photo de Sylvia Kristel dans le grand fauteuil en rotin d’Emmanuelle, et des cartes postales de tous les coins du monde, certaines flambant neuves, d’autres racornies et jaunies. Un gros jambon pendait au plafond. C’était une sorte de bougnat jamais rénové sans doute depuis qu’il ne vendait plus de charbon, avec des odeurs mélangées de vin, de charcuterie, de soupe. Le carrelage multicolore du sol était constellé de petits éclats, témoins d’une vie de petites agressions par tout ce qui peut tomber dans un bistrot. Les tables en formica auraient pu faire la fortune d’un antiquaire spécialiste des années 1950 que Marie-Cécile connaissait bien au marché Paul Bert à Saint-Ouen. Dans ce café tout était "dans son jus" comme disent les amateurs.



Gaston disparut un moment puis revint avec une bouteille de vin blanc et une assiette de charcuterie et deux verres.



Marie-Cécile attrapa poliment du bout des doigts la tranche de viande séchée que Gaston lui tendait et, pendant qu’il servait deux grands verres de vin, elle porta la viande à sa bouche avec prudence. Elle goûta du bout des lèvres, puis engloutit la tranche, visiblement séduite par la saveur délicate et équilibrée de cette viande parfaitement affinée.



Marie-Cécile hésitait.



Elle porta le verre épais à ses lèvres, toujours sur ses gardes, on lui avait appris que le bon vin se dégustait dans des verres ballon fins, hauts sur pieds et la seule vue de ce gobelet hors d’âge présageait pour elle une piquette assassine. Mais un nectar puissant et complexe lui envahit le palais. Le vin rond et plutôt fruité, avec des arômes de miel et d’épices, long en bouche éclaira son visage d’un beau sourire serein, comme une potion magique. Elle se tourna vers Gaston qu’elle avait évité de regarder jusque là. Il souriait toujours.



Il avait dit ça en exagérant tout à coup son accent bourguignon.



Gaston servit un deuxième verre à Marie-Cécile et lui fit encore goûter d’autres charcuteries accompagnées d’un pain délicieux à la mie épaisse et tendre.



Gaston avait posé sa grosse main sur la nuque de Marie-Cécile qui se laissait caresser les épaules en dégustant son vin. Elle se sentait bien, légère. Elle ne se demandait plus où elle était, ni pourquoi, elle se contentait d’être là, à manger des délices et à boire un nectar, en plein milieu de l’après-midi, avec un inconnu, et quand Gaston lui proposa d’aller se reposer "là-haut" elle ne répondit rien et se laissa conduire. Lorsque dans l’escalier étroit qui se cachait au fond du bar elle sentit sur sa fesse revenir la large main de Gaston, elle en éprouva un bien-être délicieux, une sensation inconnue ou oubliée.


Dans la petite chambre au papier peint rose, fané depuis des années, trônait un grand lit recouvert d’une courtepointe aussi vieille que les murs, une petite table et une commode en châtaignier noirci par le temps. Pendant que Gaston posait la bouteille et les deux verres sur la table, Marie-Cécile se laissa tomber sur le lit les bras en croix, les yeux fermés. La pièce était inondée de lumière. Le matelas était moelleux, il lui sembla s’enfoncer dans un nuage. Ce vieux matelas de laine la replongeait dans les souvenirs de sa grand-mère et de la maison de famille.


Gaston retira les chaussures de Marie-Cécile et ses puissantes mains remontèrent lentement le long de ses jambes. Il se penchait progressivement et lorsque ses mains furent fermement posées sur le haut de ses cuisses, Marie-Cécile ouvrit les yeux et accueillit avec un plaisir qui la surprit elle-même la bouche qui se posait sur sa bouche, la langue qui venait dessiner autour de sa langue des volutes. Elle réalisa que cette sensation qu’elle avait éprouvée dans l’escalier n’était autre que le désir, un désir puissant ravageur qui, le vin aidant, s’emparait d’elle. Elle déboutonna la chemise de Gaston et découvrit un torse puissant et velu qu’elle caressa et embrassa avec une fougue dont elle ne se croyait pas capable.


Toute son éducation de jeune fille volait en éclats. Elle avait envie de consommer cet homme musculeux, de le toucher, de le sentir, de le déguster avec tous ses sens. Elle le trouvait aussi "sapide" que sa viande séchée, du "nanan", du "mâle à bonheur". Elle sentait contre sa cuisse un sexe d’homme, dur, tendu par le désir et, elle, qui n’avait jamais vraiment regardé le pénis de ses amants, éprouva l’envie violente de manipuler celui-là, de le caresser, de l’embrasser, de l’engloutir. Elle se cabra vivement, retourna Gaston sur le lit et se retrouva à cheval sur lui.


En ondulant du bassin pour que son sexe caresse l’érection de Gaston elle se déshabilla dans un strip-tease langoureux, se délectant de l’effet produit dans le regard lumineux de son partenaire éberlué. Torse nu, la poitrine dressée, elle continua de se frotter lentement sur le dard de Gaston qui caressait ses petits seins, jouant de temps à autre avec ses tétons tendus entre ses gros doigts. Ivre de désir Marie-Cécile recula lentement s’allongea sur les jambes de Gaston et caressa son sexe à travers le pantalon de velours côtelé avec sa joue et avec ses lèvres.


L’odeur puissante de l’homme excitait encore son désir, il le lui fallait, elle le voulait. Elle se précipita sur le pantalon, fébrilement, elle avait du mal à déboutonner la braguette, à défaire la ceinture. Ses doigts fins manucurés poussaient les boutons, tiraient l’étoffe épaisse à grand-peine. Finalement, les boutons cédèrent et le pantalon s’ouvrit comme une fleur qui s’épanouit, découvrant un slip blanc assez démodé moulant un sexe épais, légèrement courbé terminé par un gland charnu. Elle plongea son visage sur cet entrejambe et inspira longuement l’odeur envoûtante de l’homme, de l’amant.


Jusque là pour elle, la sexualité avait toujours été associée, dans la pénombre, à des odeurs aseptisées de chimie cosmétique, savon, déodorant, eau de toilette, soudain elle découvrait l’odeur fauve du mâle, la saveur d’une peau moite, le plaisir d’observer l’objet de son désir, de contempler au grand jour l’effet de ses caresses sur le désir de l’autre. Surtout, elle découvrait avec stupéfaction le désir animal qui était jusqu’alors resté enfoui en elle. Elle comprenait pourquoi son plaisir, allongée sur le dos, jambes écartées, yeux fermés, avait toujours été mitigé, avec ce relent d’insatisfaction qui lui laissait penser « Ce n’est que cela l’amour, ça ne vaut pas tout ce qu’on en dit. »


Dans un mouvement d’excitation incontrôlable, elle fit voler dans la chambre le pantalon, le slip, sa jupe, et son string. Entièrement nue devant cet inconnu nu et en érection, elle se sentait femme, elle se sentait libre comme jamais et elle se rua sur lui en murmurant pour elle-même :



Elle se délectait du mot qui n’était jamais encore sorti de sa bouche et elle prit la virilité de Gaston entre ses lèvres et la suça avec une urgence gourmande. Elle se délecta longuement de ce bâton de chair, ferme, chaud, doux, tendu vers elle, bandé pour elle. Tout en jouant avec le gland entre ses lèvres, elle se répétait le mot charmant employé par Gaston et qui tournait dans son esprit comme l’adjectif parfaitement adapté à la situation, "sapide, sapide".


Elle découvrit à la base du sexe autour des lourdes bourses, au creux des cuisses fermes, un concentré de ces parfums musqués qui faisaient chavirer son éducation, ses principes et tout ce qu’elle s’était imaginé de sa sexualité. Elle osa même, lorsque Gaston souleva ses jambes, poser ses lèvres sur la raie de ses fesses duveteuses.


Repue, haletante d’avoir léché, sucé l’homme, presque en apnée, Marie-Cécile caressa encore longuement son visage contre la chair vive de son amant, puis elle s’allongea à ses côtés et le laissa s’emparer d’elle, les yeux bien ouverts pour ne rien manquer du spectacle des doigts, des lèvres, des corps-à-corps, de l’expression du plaisir sur son visage.


Il fouilla son sexe d’une langue alerte, embrassa ses seins, ses fesses, ses reins, son cou, ses aisselles, ses bras. Elle se sentait entièrement dominée par cet homme puissant qui la tournait, la retournait entre ses bras pour cajoler chaque recoin de son corps, mais elle se sentait en confiance comme avec aucun autre homme. Non seulement elle le laissa investir tous les recoins les plus intimes de son corps, mais encore elle y prit un plaisir jamais mitigé. Elle n’aurait jamais pu imaginer que le bout d’une langue tournant autour de son anus aurait pu lui procurer un tel ravissement.


Après ce long corps-à-corps Gaston se positionna entre les cuisses de la jeune femme et joua de la langue sur son clitoris, variant les rythmes et les intensités, jusqu’à l’orgasme, un orgasme puissant, venu des profondeurs de l’inconscient de Marie-Cécile. Puis lentement, il remonta sur elle et la pénétra, variant ici encore les rythmes et les intensités du martèlement de son sexe dans celui de sa maîtresse, attentif à ses moindres réactions. Une seconde fois Marie-Cécile eut un orgasme, ample, partagé cette fois avec son amant dans une étreinte ferme chacun s’agrippant à l’autre comme pour résister au tsunami, ne pas se laisser emporter par le plaisir qui déferlait.


Gaston et Marie-Cécile restèrent encore longtemps sur le lit, nus à se caresser en silence en finissant la bouteille de vin. Puis ils se rhabillèrent et se quittèrent. Ils n’avaient pas échangé de grandes paroles, ni de mots définitifs.


Marie-Cécile reprit sa vie tranquille et bourgeoise. Elle finit par aller voir l’exposition qu’elle avait manquée, ce jour-là. Il lui fallut attendre beaucoup moins longtemps pour y accéder. D’ailleurs elle ne supportait plus de faire la queue au milieu des cons. Elle fit découvrir à ses meilleurs amis un petit troquet qui ne paye pas de mine, mais où le vin du patron est "le reginglard du bonheur" et où la charcuterie est "sapide".

Elle eut son petit succès, mais elle resta très évasive sur la façon dont elle l’avait découvert et sur l’origine de ses nouvelles expressions préférées.