Lou est en avance, il est 18 h 40, le L Bar n’est pas encore bondé. Elle doit y retrouver son amie Émilie pour assister au concert d’un groupe lesbien local.

Les filles se sont donné rendez-vous à 19 h pour manger un bout avant le concert.

Elle n’avait pas le temps de repasser chez elle avant la soirée. Elle s’est changée et préparée dans les toilettes de son travail avant de partir et est allée directement au bar.

Elle s’installe à une table près de la scène pour apprécier le concert à venir.

Lou est une working girl libérée de trente ans. Grande, blonde, aux yeux bleu azur, elle attire tous les regards des hommes qu’elle croise. La jeune femme, d’une beauté naturelle, est dotée d’une grande assurance sous laquelle elle camoufle sa sensibilité.

Elle est toujours bien habillée, d’ailleurs elle ne sort jamais sans talons, les escarpins sont ses chaussures préférées.

Trente minutes et deux pink ladies – cocktail rose à base de gin, champagne et liqueur de framboise – plus tard, Lou aperçoit Émilie qui passe la porte. Elle lui fait signe de la rejoindre.

• — Salut, ma belle, comment vas-tu ? lui demande-t-elle en l’embrassant sur ses joues rosées.
• — Ça va, merci ; et toi, Lou ? Ça fait longtemps que tu es là ? s’étonne Émilie.

D’habitude, son amie est toujours en retard. C’est bien pour cela qu’elle a pris son temps pour venir ce soir.

• — Je suis là depuis une demi-heure. Je suis venue directement après le travail, répond Lou, amusée devant l’étonnement de son amie.
• — Tu n’as pas été bosser dans cette tenue, rassure-moi ? s’étonne Émilie.

Lou porte une robe fluide noire arrivant au-dessus du genou, à peine moulante, mais au décolleté dorsal plongeant, laissant apercevoir le creux de ses reins parfaitement dessinés.

• — Non, penses-tu ! Je me suis changée juste avant de venir et j’ai mis ma veste pour sortir du bureau. Si j’ai le malheur de laisser apercevoir un bout de peau aux hommes avec qui je travaille, ils entrent en état de transe, explique Lou, désespérée.
• — On commande ? J’ai trop faim. Je n’ai pas eu le temps de manger à midi. J’ai visité un nouvel appartement luxueux qui devrait se vendre assez bien, lance Émilie.

Lou fait un signe à la serveuse de lui apporter la carte et deux autres pink ladies.

• — Goûte ce cocktail, je suis sûre que tu vas adorer, dit-elle, fière de sa trouvaille.
• — D’accord, mais un seul alors, je suis encore fatiguée de ma soirée d’hier. J’ai revu Katy, tu te rappelles, la fille que j’ai rencontrée lors de la visite de son bien ?

Émilie est agent immobilier, spécialisée dans l’immobilier de luxe. C’est une petite brune pulpeuse assez sûre d’elle et il n’est pas rare que lors d’une visite de l’un des biens en vente, elle consacre un peu plus de temps au vendeur ou acquéreur qu’elle ne devrait. Homme ou femme, elle se laisse tenter facilement dès qu’elle est conquise par le personnage.

• — Oui, je me souviens, tu m’en as déjà parlé. Tu la vois souvent ? demande Lou.
• — Non, c’était la deuxième fois ; enfin, la troisième si on compte le jour où l’on s’est rencontré chez elle pour la visite de mise en vente.
• — Je vois que tu trépignes d’impatience de me raconter ce qu’il s’est passé hier. Je suis toute ouïe ! Raconte-moi un peu, lance-elle curieuse, sans être sûre de vouloir entendre la réponse de son amie.

Émilie est une très bonne amie, mais elle peut être exubérante, surtout quand elle raconte ses galipettes. Elle n’omet aucun détail, même les plus sales.

• — Nous sommes allées dîner, puis au cinéma. Nous sommes restées sages pendant le repas, à peine un bisou volé. Mais au cinéma… nous avons fait grimper la température de la salle !
• — Hum, intéressant et très excitant dans la pénombre, mais en public quand même.
• — Tu as saisi ! Nous nous sommes installées en haut, il n’y avait pas grand-monde. On s’est regardé, on a vite eu la même idée. Nous avons attendu que le film débute un peu puis j’ai commencé à l’embrasser et laissé mes mains se balader par-dessus ses vêtements.
• — La scène a vite pris de l’ampleur, n’est-ce pas ?
• — Exactement ! Elle était en jupe, ce qui s’est avéré plus facile. Je suis rapidement passée sous les vêtements…
• — Abrège, la coupe Lou, je ne veux pas connaître les détails !
• — Bref, c’était très excitant. Je n’ai rien suivi du film, mais je me suis bien amusée avec Katy.

La serveuse apporte leur commande de sushis et makis puis annonce le début du concert dans quelques minutes. Émilie interrompt son histoire le temps de la présence de la serveuse. Elle la fixe d’un regard non sans arrière-pensées.

Lou en profite pour observer les musiciennes s’installer sur la scène. Elles sont trois. La guitariste androgyne au style rock’n’roll, la chanteuse, petite brune gothique au rouge à lèvres noir intense, et la pianiste féminine et sexy à souhait.

Elle se focalise sur la pianiste, une femme comme elle aime, avec du charme et un regard vert émeraude envoûtant. Elle est de taille moyenne, les cheveux noirs coupés en carré plongeant entourant un visage fin. Elle est habillée avec un jean délavé et usé aux cuisses, ultra moulant, laissant deviner chacune de ses formes et un haut noir court qui dévoile son ventre musclé.

Lou la regarde avec insistance prendre place et régler son synthétiseur. Elle s’imagine déjà la faire jouir sur l’instrument, les touches criant leur note sous le poids des deux femmes.

Émilie la sort de son nouveau fantasme en reprenant son histoire.

• — Donc, je te disais que j’avais passé une super soirée. Je l’ai même léchée en plein milieu du film. On s’est marré. Putain ! Que c’était bon. On a pris grave notre pied. Celle-là, je la garde en plan cul, elle est super douée, finit par ajouter Émilie, toujours plus vulgaire et encore excitée de la veille.

Lou n’écoute son amie que d’une oreille, ce qui l’arrange, vu qu’elle ne veut pas entendre les détails croustillants de son amie. Elle est captivée par la musicienne. Cette dernière a repéré qu’elle se faisait reluquer par une sublime brune et en rajoute un peu. Elle se penche sans plier les jambes, fesses en direction de la table des filles, pour brancher son instrument à la basse. Et ce n’est pas pour déplaire à Lou qui n’en rate pas une miette.

• — Tu baves sur qui ? rigole Émilie devant l’attitude de son amie. Ça fait dix minutes que tu ne m’écoutes plus.
• — La pianiste, répond-elle, rêveuse.
• — OK, j’ai compris, elle est canon, c’est bien ton style de nana, ça. Tu es tellement prévisible des fois. Regarde la chanteuse, au moins elle te sortirait de tes habitudes.

Les lumières se tamisent et la musique se fait doucement entendre.

La serveuse amène un pink lady à Lou.

• — Ce doit être une erreur, je n’ai rien commandé, avertit Lou.
• — C’est de la part de Lara, annonce la serveuse en désignant du regard la pianiste.

Lou tend son verre en direction de Lara, la remercie par son plus beau sourire avant d’en boire une gorgée.

Elle a enchaîné plusieurs verres, l’alcool l’enivre légèrement. Elle est détendue et profite du concert. De temps en temps, elle rejoint son amie pour une danse endiablée au rythme de la musique entraînante.

Au début de l’entracte, elle s’éclipse à l’extérieur pour fumer, laissant Émilie draguer la serveuse.

Elle s’adosse au mur, respire l’air frais et sort ses cigarettes. Avant qu’elle ne s’aperçoive de sa présence, Lara est devant elle et lui tend la flamme de son briquet, avec laquelle elle vient juste d’allumer sa propre cigarette.

La pianiste est face à Lou. Près, trop près, elles se touchent presque.

• — Salut, dit Lou, surprise. Merci pour le verre.
• — Je t’en prie, ça m’a fait plaisir. Je n’offre pas souvent de verres, mais sans même un mot tu as réussi à me charmer. Tu as un regard très provocateur, et en même temps on ne peut s’en dégager, captivant… avoue la pianiste.

Lou la regarde de nouveau intensément, et sans parler elle l’embrasse sensuellement.

• — J’en avais envie, murmure Lou en se reculant des lèvres de Lara.
• — Alors recommence ! Je n’ai pas bien senti ton envie, lui lance la musicienne par défi.

Lou attrape la belle par les hanches et la fait pivoter pour la plaquer contre le mur. Elle l’embrasse de nouveau, plus sauvagement. Ses mains se déplacent sur le corps de la pianiste. Elle la dévore de baisers jusque dans le cou. Lara lui rend ses baisers et glisse ses mains sur le dos nu de Lou puis resserre son étreinte pour que leurs deux corps n’en fassent plus qu’un.

Les langues, au goût de cigarette et d’alcool, tournoient délicatement. Leurs mains atteignent les zones sensibles de leur intimité. Elles sont seules dans leur bulle de désir, oubliant tous ceux qui les entourent, prêtes à se dénuder et s’adonner au plaisir charnel contre ce mur.

La chanteuse sort et interrompt les filles ; le concert doit reprendre, la pause est finie.

Sans un mot, les filles se séparent pour retourner chacune à leur place respective, à table avec Émilie pour Lou, et derrière son synthétiseur pour Lara.

Le concert continue.

Émilie et Lou se lancent un regard amusé, toutes deux ont en tête une suite à cette soirée qui s’annonce assez prometteuse.

Les filles écoutent la suite du concert tout en discutant de leur quotidien. Toutes deux aiment leur mode de vie en décalage. Ce choix leur procure une sensation de liberté et de maîtrise de leur vie. Elles aiment en profiter, s’éclater, s’évader au gré de leurs envies et fantasmes du moment.

Une heure plus tard, le concert s’achève par une acclamation de la foule qui en redemande.

Lou se trouve seule à table, son amie ayant rejoint la serveuse au bar. Depuis qu’elle est arrivée, elle ne cesse de lui lancer des regards sexy et de l’aguicher à chacune de ses venues.

« Vu leur comportement, dans cinq minutes elles vont baiser sur le bar. » se dit Lou en souriant. Son amie Émilie est exubérante et sans pudeur. A priori, elle a trouvé une concurrente de taille avec cette serveuse qui n’a pas l’air de se préoccuper des clientes en attente de commande au bar.

Lou observe Lara émue par leur succès du soir. Le groupe se dirige vers le bar pour prendre un verre et trinquer à leur réussite.

La musicienne cherche sa belle rencontre du regard à travers la salle, elle a envie de finir sa soirée avec, mais ne la voit pas. Elle voit juste Émilie et la serveuse collées l’une contre l’autre avancer vers la chambre froide.

« Ces deux-là vont faire fondre les glaçons ! » se dit la pianiste, amusée.

Lou est sortie fumer. Elle est dubitative. Elle hésite entre aller retrouver Lara et rentrer chez elle pour rester, voire accentuer, sur cette note d’excitation.

Elle écrit sur un bout de papier trouvé au fond de son sac, le plie en quatre et se dirige vers une des serveuses présentes dehors.

• — Peux-tu donner ça à la pianiste ? lui demande-t-elle en tendant le petit mot.

Après quelques minutes, la serveuse entre et remet le papier à Lara.

Lou a finalement décidé de rentrer.

De retour chez elle, son mari et son fils dorment. Elle se déshabille et saute dans la douche. L’eau chaude, qui ruisselle sur son corps, la détend.

Elle se faufile nue dans son lit et se frotte contre le dos de Tom. Elle glisse sa main vers son sexe et commence à le caresser doucement.

Tom aime être réveillé ainsi par sa femme.

Il était également en soirée, mais est rentré plus tôt que Lou. Il se retourne vers sa bien-aimée pour lui faire face et l’embrasse amoureusement.

Lou, toujours la main sur la virilité tendue de son homme, le masturbe plus énergiquement puis descend sous les draps pour le prendre en bouche. Tom bascule la tête en arrière. Il ferme les yeux et ne peut réprimer des petits gémissements de plaisir. Sa femme le rend dingue, il aime quand elle est désinhibée comme ce soir.

Quelques instants plus tard, elle n’en peut plus, l’excitation est trop forte. Elle se relève, grimpe sur lui et s’empale sur son intimité dure et fièrement dressée.

Elle se lance dans un va-et-vient torride.

Tom met des coups de reins pour suivre le rythme de sa tendre.

La sentant faiblir, il l’attire contre lui pour qu’elle couche son buste sur son torse puis, à la force de ses mains, la fait se cambrer et dresser son fessier. Il entame alors des coups de boutoir vigoureux.

À son tour, Lou se met à crier de plaisir. Ils sont tous deux en parfaite fusion.

Des spasmes commencent à envahir le corps de la belle, annonçant la libération ultime d’un plaisir à son comble.

Ils finissent par céder, simultanément, à un puissant orgasme.

Lou s’écroule sur son homme à bout de souffle.

• — Ça s’est bien passé, ta soirée, ma puce ? l’interroge Tom.
• — Oui, le groupe était sympa, et puis je n’avais pas vu Émilie depuis quelque temps. J’ai été contente de passer cette soirée avec elle. Et la tienne ? lui répond Lou.
• — Très bien. Tu sais, quand je les retrouve, c’est apéro puis baise. Mais un bon moment de plus avec eux. Et toi, tu as fait des rencontres ? rétorque Tom.
• — La pianiste du groupe, une belle femme. Une petite incartade coquine à l’entracte. Mais à la fin du concert, j’ai eu envie de rentrer et garder cette excitation pour toi.
• — Hum, tu m’en vois ravi : j’aime que tu me réveilles de la sorte.

Lou se défait de l’étreinte de son homme et s’installe à côté, blottie dans ses bras, avant de sombrer dans son sommeil.

Tom lui repousse une mèche de cheveux puis l’embrasse sur le front.

• — Je t’aime, chérie.