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n° 17458Fiche technique14706 caractères14706
Temps de lecture estimé : 11 mn
05/07/16
corrigé 06/06/21
Résumé:  1963. Guerre froide. Anne-Sophie voudrait bien savoir si Ernest est un agent soviétique.
Critères:  fh hplusag fplusag jeunes campagne revede exhib lingerie fmast intermast
Auteur : OlivierK      Envoi mini-message

Concours : Concours "Twist final"
Anne-Sophie

Au téléphone, une voix fraîche, un rire cristallin :


  • — Ah, vous pensez qu’une vieille femme comme moi peut avoir des choses intéressantes à vous dire ! Eh bien, venez quand vous voulez. Demain, par exemple, vers 16 heures.

Après sa sieste, sans doute. Un petit jardin bien entretenu, un pavillon coquet à Neuilly, une femme relativement âgée, en effet, mais bien conservée. Des yeux bleus, un sourire bienveillant.


  • — Vous désirez donc faire un article sur l’espionnage pendant la guerre froide. Vous ne serez pas le premier, ni le dernier, jeune homme.
  • — Certes, Madame, mais votre témoignage…
  • — Soit. Je vais vous entretenir de mon peu d’expérience en la matière.

Voici ce qu’elle m’a dit, tel que je l’ai enregistré.




***




Nous sommes en 1963. L’affaire d’Algérie est finie, mais la guerre froide continue. On a dû vous parler des fusées soviétiques à Cuba. L’armée française développe sa force de dissuasion et intensifie ses activités d’espionnage et de contre-espionnage. J’ai vingt-deux ans, une licence d’histoire qui ne me sert pas à grand-chose, car je n’ai nulle envie d’enseigner. Je suis fiancée à un jeune capitaine qui s’intéresse aux pays de l’Est. Nous devons nous marier prochainement à Saint-Honoré d’Eylau.


Il faut que je vous dise qu’en ce temps-là, dans notre milieu, une fille se présentait vierge à son mariage. Je le suis donc, ou à peu près… Vous sursautez, vous ne connaissez pas les bagatelles de la porte… de la Sublime Porte, disait Charles-André, mon fiancé ? Bref, j’ai encore mon hymen, car je ne dois pas courir le déshonneur d’être enceinte avant le mariage, mais les doigts et même le… membre de mon fiancé ont déjà lutiné ma chatte sans toutefois y pénétrer vraiment. Quant à mes lèvres d’en haut, elles ont, de temps à autre, donné quelques menues satisfactions à la verge de Charles-André. Je ne vous choque pas, j’espère. J’ai passé l’âge d’être bégueule, voyez-vous.


Nos services secrets embauchent alors des contractuels. Pourquoi ne pas tenter de faire le même métier que mon fiancé ? Je me présente. Bavardages, enquêtes diverses sur mon compte, la routine, quoi. Un beau jour on me charge enfin d’une mission. Un professeur en retraite qui a enseigné au lycée français de Berlin a probablement conservé des liens avec l’Allemagne de l’Est. Il possède un gîte rural qu’il propose en location. Il y reçoit parfois des militants communistes, on le sait, mais aussi des locataires ordinaires.


Je loue ce gîte pour une semaine et je m’y présente un samedi matin. Nous sommes en juillet. Le vieux monsieur m’accueille fort gentiment, me fait visiter son gîte et m’en laisse les clés. On m’a appris à me méfier de tout. Du regard j’inspecte donc les lieux et ne tarde pas à m’apercevoir que si une caméra est camouflée quelque part ce ne peut être que derrière un masque chinois qui décore le mur situé juste en face d’un canapé-lit. J’en prends bonne note. Il y a peut-être aussi un ou plusieurs micros, mais ils sont plus difficiles à déceler faute de disposer du matériel nécessaire.


Je vais déjeuner, je poste une lettre destinée à mon fiancé, je rentre. Y a-t-il ou non une caméra cachée derrière le masque chinois ? Je prends mon miroir de poche et je feins de regarder mon visage en tournant le dos au masque, sous un certain angle. Banco, une petite lumière rouge s’allume quand je bouge. Elle est invisible quand on est en face. Les images sont évidemment reçues en direct par le bonhomme.


Alors, espion ou voyeur ? Les deux, mon général, comme on disait alors. Il doit surveiller ses camarades communistes, et se rincer l’œil aussi quand une jolie fille comme moi… Eh oui, j’étais tout à fait potable… Croyez-vous ? Vous me flattez !


Si je me changeais ? Me voici donc en soutien-gorge pigeonnant et petite culotte. Je prends tout mon temps, j’ouvre la valise que j’ai posée sur le canapé, je sors une mini-jupe, un débardeur, un short, j’hésite : que mettre ? J’imagine le bonhomme en train de tirer la langue… La langue, ou… autre chose, ah ah ah !


Je mets un short. Je suis à la campagne. Je ne vous l’ai pas dit, cela se passe en Bourgogne. J’y suis allée par le train… Ai-je vraiment besoin de mon soutien-gorge ? Non, après les cahots du train qui vous mettent des désirs dans le creux de vos reins, comme le dit à peu près Guillaume Apollinaire. Vous connaissez ? C’est bien, vous commencez à m’intéresser, jeune homme.


J’enlève donc mon soutien-gorge et je mets un corsage de soie rouge. Le rouge doit plaire à ce probable espion soviétique. Je me tiens coite pendant l’heure qui suit. Je lis sagement, sur le canapé. Le bonhomme se met à tondre sa pelouse. Je sors. Je lui dis que son terrain, orienté plein sud, serait idéal pour quelques bains de soleil. Naturellement, il m’invite à en profiter. Je lui demande s’il ne s’ennuie pas trop, bref je le questionne le plus innocemment possible. Il finit par m’inviter à entrer chez lui. Je jette un coup d’œil sur sa bibliothèque. Beaucoup d’ouvrages sur l’Allemagne. Je lui parle du mur, construit depuis peu. Il me répond que ces gens-là sont chez eux, et qu’ils font ce qu’ils veulent. En voilà un qui ne cache pas ses opinions, au moins.


Mais il me faut en savoir plus. Je m’avance vers ses livres. Il me demande si je désire qu’il m’en prête quelques-uns et me tend quelques ouvrages passablement licencieux, et illustrés. Je les accepte, bien sûr, en pensant que le type cherche à détourner mon attention des autres volumes de sa bibliothèque. Son air égrillard quand il me propose ces lectures ! Eh bien, mon bonhomme, tu vas en avoir pour ton argent ! Je le quitte, je me change, toujours devant la caméra bien sûr, je dîne en ville, je rentre, je me mets en nuisette. Offerte par mon fiancé, cette nuisette coquine… Mais oui, je l’ai encore… Non, je ne la mettrai pas, grand fou ! Mais quel est donc votre prénom, jeune homme ?


C’est un beau prénom ! Je rappelle que nous sommes en juillet. Me voici donc en nuisette sur le canapé. Je lis ses petites cochonneries. Ça ne m’émoustille pas vraiment, mais je fais semblant d’être excitée, j’imagine le type qui me regarde, je glisse ma main sous ma nuisette et je me caresse un peu en soupirant. Puis je déplie le canapé, je fais mon lit (draps et couvertures sont dans un placard) et je me couche, lumière éteinte. Pas besoin de dire ce que je fais avant de m’endormir, Charles-André me manque déjà !


Le lendemain matin, le dimanche donc, je sors toute nue du coin douche et je prends mon temps pour m’habiller. Tenue sage, parce que je vais à la messe. Je ne l’y vois pas, évidemment. L’après-midi je sors me promener dans la proche campagne. La nuit venue, je veux feindre de lire les ouvrages licencieux qu’il m’a prêtés, mais je me prends au jeu et… me voilà passablement excitée. Je me donne donc du plaisir, et faire cela devant la caméra le rend plus intense, ce plaisir…


Le lundi matin j’erre dans la campagne proche. L’après-midi, bain de soleil sur sa pelouse. Bikini rouge. Encore du rouge ! Je me suis changée devant la caméra, bien entendu. Et le voilà qui me rejoint, en slip de bain. Il est encore bien foutu, l’animal, beaux pectoraux, fesses fermes, pas du tout de ventre. Quelques cernes sous les yeux, il a dû se masturber en me regardant hier soir. Manifestement je lui plais… Oui, je crois le subodorer, Julien.


Il s’allonge à côté de moi. Bien qu’il m’ait déjà vue toute nue, il me regarde encore, recto verso. Il me demande ce que je fais dans la vie : étudiante en histoire. Ça tombe bien, il s’y intéresse aussi. Causons donc. Mais dans son salon, si nous restons dehors, attention au coup de soleil. Le temps de me changer et je suis à vous (oui, c’est volontaire…) Alors lui : pourquoi vous changer, vous êtes si ravissante en bikini ! Je n’ose, Monsieur. Osez, Mademoiselle, d’ailleurs il fait si chaud, je reste moi aussi en slip de bain. Ça vous choque, Anne-Sophie ? Bien, le « mademoiselle » saute déjà. Il connaît mon prénom, je l’ai mentionné sur le contrat de location.


Nous voici donc dans son salon. Parce que je suis en bikini, sans doute, il ne me cache plus rien de sa bibliothèque. J’y vois une collection des Cahiers Internationaux, je connais, c’est à la gloire des démocraties dites populaires. Leur expérience est des plus intéressantes, Anne-Sophie, me dit-il. Je m’amuse comme une petite folle. Je vois encore maints ouvrages de stratégie et de tactique, Clausewitz, guerre psychologique, défense opérationnelle du territoire, etc. Plus le rapport Khrouchtchev, l’homme qui frappe le pupitre des Nations-Unies avec sa chaussure.


Assis sur son canapé, plus joli que celui du gîte, nous devisons agréablement. Il fait le joli cœur, je fais un peu ma coquette. Il finit par me demander si j’ai un « petit ami ». Non, je suis une fille sérieuse, je me réserve pour le grand amour. Comme c’est dommage ! Et ai-je un peu lu, hier soir, les livres qu’il m’a prêtés ? Un peu. Et alors ? Alors rien. Il pose une main sur mon genou, je ne bouge pas. Sa main remonte donc sur ma cuisse… Enlève la tienne, Julien, si tu veux entendre la suite… Il joue avec les lanières qui attachent le bas de mon bikini… Monsieur, épargnez la pudeur d’une vraie jeune fille ! Ne mentez-vous pas, Anne-Sophie ? Pas le moins du monde, Monsieur ! Mais qu’à cela ne tienne, il est avec le ciel des accommodements, je sais être très doux et ne porterai nulle atteinte à ta précieuse virginité. J’ai du mal à vous croire, Monsieur, vous me paraissez si… viril ! Tu as remarqué, Julien, que désormais il s’autorise à me tutoyer.


Il bande en effet comme un taureau, sous son slip de bain… Ah ! toi aussi ? Tiens donc ! Mais ne sois pas si impatient ! Le meilleur de l’amour c’est quand on monte les escaliers, disait Clémenceau. Je me lève et je disparais. Julien, tu insistes et je vais perdre le fil si je m’interromps maintenant, le fil et aussi la tête, attends un peu, je te prie… Oui, moi aussi, bien que je sois une vieille femme… Tu es gentil, Julien. Je reprends. J’ôte mon bikini et je baguenaude nue dans le studio. Je me caresse un peu les seins, et le reste… Il faut que le type croie que j’ai envie de lui. Ce n’est d’ailleurs pas faux, au demeurant, car il a de quoi satisfaire pleinement une femme en manque d’amour… Oui, toi aussi, Julien, je le vois bien… Mais laisse-moi continuer mon récit.


Il m’a semblé de bonne politique de faire languir le bonhomme, tout en persistant à le tenter grâce à la caméra. Le lendemain mardi je ne lui rends pas visite. Je me promène dans la bourgade. J’en profite pour interroger quelques commerçants, le plus discrètement possible. L’homme vit seul, mais reçoit quelques visites de temps à autre. Je ne suis guère plus avancée.


Arrive le mercredi. Canicule dès le matin. Je suis nue dans le studio. Mais je m’habille pour déjeuner. Il n’y a que deux restaurants dans le bourg, je vais tantôt dans l’un, tantôt dans l’autre. On ne m’y donne aucun renseignement sérieux sur le bonhomme. L’après-midi, bain de soleil sur la pelouse. Une haie l’abrite de tout regard indiscret. Couchée sur le ventre, je dénoue le haut de mon bikini. Le bonhomme vient me rejoindre, en slip de bain comme l’avant-veille, il s’allonge à côté de moi, et s’alarme : je n’ai pas mis de crème antisolaire, je vais attraper un coup de soleil ! Il en a apporté un tube. Veux-tu, Anne-Sophie, que j’en étale un peu sur ton dos divin, après la courbe des épaules ? Vous connaissez donc Rimbaud, Monsieur ? En effet.


Et lui de se mettre à oindre mon dos divin, et mes jambes, et mes cuisses, alouette… Grand merci, Monsieur. Mais quelque temps après je renoue les attaches de mon haut de bikini et me retourne. En ce temps-là la mode des seins nus était encore à inventer. L’homme s’autorise à appliquer sa crème… antisolaire, je te rappelle, ne va pas penser à autre chose dès maintenant – sur mes cuisses, mon ventre, enfin toutes les parcelles de mon précieux corps que ne recouvre pas le petit bikini. Je ne te cacherai pas que son index se glisse de temps à autre sous le tissu, jusqu’à frôler ma toison intime et la pointe de mes seins. Car je le laisse faire, bien sûr. Il me faut bien l’amadouer, pour remplir au mieux ma mission.


Lui aussi a besoin de crème et sollicite ma bienveillance. Pourquoi pas ? Je caresse donc son corps, vieux, mais pas désagréable à palper, en fin de compte. Je vais même jusqu’à frôler son membre très épanoui sous son slip de bain en nylon. Nous cuisons pendant une petite heure. Il bande encore, bien sûr, quand nous allons dans son salon et là il attaque. Ai-je oublié sa promesse de lundi ? Il sera tendre et attentionné, et me laissera vierge. Est-ce bien certain, Monsieur ? Appelle-moi Ernest, et viens donc dans ma chambre.


Mon bikini jeté sur le sol, l’homme use de ses doigts et de sa bouche. Il sait s’y prendre, mieux que Charles-André. Je ne tarde pas à jouir, très gentiment. Comme il serait par trop égoïste de ne pas lui rendre la pareille, j’utilise à mon tour mes mains et mes lèvres… Il a la délicatesse de ne pas se répandre dans ma cavité buccale, mais il m’asperge copieusement les seins. Ça les nourrit, prétend-on parfois. Espérant quelques confidences sur l’oreiller, je remets ça les jours suivants, et je demande carrément à Ernest s’il est un agent soviétique. Il me répond en riant que cela ne me regarde pas.


Ma mission se termine, j’ai conservé mon hymen. Tu sais qu’on appelait ça le petit capital, autrefois ? Oui, bien sûr… C’est Charles-André qui l’a eu, mon petit capital. Nous nous sommes mariés à la date prévue. Je ne lui ai pas parlé du bonhomme Ernest. J’avais conclu ma mission en affirmant qu’il était très probablement un agent de l’Est. Mais les services secrets n’ont pas voulu de moi. J’ai donc passé le CAPES pour enseigner l’histoire et la géographie dans divers lycées de province. Voilà tout.


…Charles-André ? Nous nous sommes séparés, cinq ans après notre mariage. Je l’ai vite remplacé, j’avais même anticipé, d’où notre divorce. Ainsi va la vie. Maintenant, Julien, nous pouvons aller dans ma chambre.




***




Après des ébats fort agréables (c’est dans les vieux pots…), j’ai quitté Anne-Sophie. J’ai rendu compte à mon rédacteur en chef qu’elle ne m’avait pas fourni de renseignements suffisamment intéressants pour justifier un article. Mais, certains documents de l’époque étant désormais déclassifiés, j’ai eu la curiosité de demander aux Archives Militaires l’autorisation de consulter le dossier d’Anne-Sophie. J’y ai trouvé ceci :



République Française

Ministère des Armées

Service de documentation extérieure et de contre-espionnage

Examen des candidatures


Dossier 63/017 : Anne-Sophie X… En stage d’évaluation du 06 au 12/07/1963 dans le gîte Ernest. Avis très défavorable. Serait trop facile à séduire.


Le chef de bataillon : J. Martin


Signature illisible