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Temps de lecture estimé : 31 mn
16/08/16
Résumé:  La digne Scarlett est embarquée, à son corps défendant (?), dans une indigne aventure qui cependant ne la laisse pas de marbre !
Critères:  fh fplusag frousses hdomine miroir hmast entreseins fellation fsodo -extraconj -bourge
Auteur : Scarlett O            Envoi mini-message
La photo dérobée...

La photo dérobée…



Je me demande où peut être passée ma photo qui d’habitude se trouve là, suspendue juste au-dessus du grand coffre qui trône dans l’entrée. Cette photo, vieille d’une dizaine d’années, qui me représente alors que je n’en comptais que vingt-six, dans une posture suggestive et une tenue avantageuse, parée de tout l’éclat de ma jeunesse, a capté nombre de regards admiratifs.


Hélas, au fil des années, elle s’est appliquée essentiellement à souligner les insuffisances actuelles du modèle de jadis. Le temps passant, j’ai vu des yeux étincelants se ternir en se reportant sur moi après l’avoir contemplée. Le pire, c’est lorsque cela s’accompagne de toute la candeur d’une naïve interrogation : « C’est toi (ou vous) sur la photo ? » Les goujats ! Les femmes surtout développent une férocité hypocrite suprême : « Elle est ravissante, votre jeune sœur. » en appuyant plus que de besoin sur le « jeune ».


Je ne me suis cependant pas tant délabrée. C’était mon ami Serge qui m’avait immortalisée à l’issue de l’un de ces moments d’extase alors que le corps exhale encore les émois qui l’ont galvanisé et que le feu de vos prunelles reste fixé sur d’immarcescibles étoiles. J’y souriais à la destinée, toute dans l’illusion de son printemps. Ai-je déchanté depuis ? J’en doute !


J’exerce un travail lucratif et motivant dans une équipe où tous m’apprécient. J’ai fondé avec Alex une famille que j’ai l’arrogance de prétendre équilibrée, à défaut d’être heureuse (mais peut-être que ces deux concepts sont antinomiques) et je n’ai même pas grossi, c’est tout dire.

Bref, je suis une petite bourge qui profite des privilèges matériels liés à son statut, bien que ceux-ci n’aient pas effacé mes vieux rêves éblouis.


Au lycée, je baillais au prince charmant ; ultérieurement, les grâces d’une amie m’ont captivée et j’ai été tentée de regarder sous les jupes des filles sans jamais oser sérieusement m’y risquer. Je n’ai pas toujours été exemplairement sage, toutefois je n’ai pas persisté dans mes incartades au-delà du raisonnable.


Aujourd’hui, je suis l’épouse consciencieuse d’un mari plus attentionné qu’aimant et je vois les années défiler tout en demeurant dans l’attente d’une existence plus exaltée et cherchant vainement un protagoniste respectueux, beau, fort, digne, sensible et intelligent qui me ferait grimper aux rideaux rien qu’en me reluquant. J’y crois de moins en moins mais suis dévorée d’une peur bleue à l’idée de mourir avant d’avoir exploré – sinon épuisé – les profusions de la vie. Mes seuls vices avérés sont mon goût du luxe et l’addiction à un site de littérature érotique dénommé « Rêvebébé ». Je le fréquente assidûment, d’autant qu’il m’introduit à des plaisirs plus audacieux, plus débridés que ceux de la quotidienneté et me conduit régulièrement à égarer mes mains dans des régions interdites au public.


Depuis trois jours et pour une huitaine encore, nous hébergeons Hector, le fils d’un copain de Nancy, qui passe des concours à Montpellier, ville qui n’est qu’à quelques kilomètres de chez nous. Autant son père savait – et sait toujours – être sympathique, avenant et agréable, autant son rejeton est déplaisant. Ce jeune monsieur se pavane du haut d’un bac plus quatre, qu’il confond avec le Nobel, et fait parfois l’honneur à son entourage de poser sur lui ses magnifiques yeux bleus. Doté de tels atouts, comment se fait-il que la terre entière ne soit pas à ses pieds ? Le garçon qui approche les vingt-trois ans, n’est certes pas bête, mais tellement imbu de sa personne qu’il finit par le paraître.


Cet après-midi, il est convenu que je l’emmène en ville où il doit régler une sombre affaire de droits universitaires. Il m’a prévenue que ce serait long et qu’ensuite il ferait aussi un détour par la bibliothèque. Je compte donc profiter de cette incursion citadine afin d’écumer les boutiques. Dans cette intention, je passe un grand moment dans la salle de bain puis dans ma chambre à me bichonner ; on ne fréquente pas les échoppes de luxe attifée de la même manière que lorsqu’on vaque aux rayons des supermarchés.


Tout en m’apprêtant, je songe à la photo et interroge mon miroir magique : « Ai-je beaucoup changé depuis ? » Aujourd’hui, ce confident sans concession de mes déficiences est d’humeur plutôt clémente et me prétend la jambe fine et bien galbée, le ventre moelleux, imperceptiblement replet, les bras souples et déliés, la frimousse charmeuse et la crinière de feu insolente s’évadant en boucles rutilantes jusqu’à encadrer la pâleur de mes seins. Il n’est guère que ma gorge qu’il estime un peu lourde. Tant pis, je la comprimerai dans l’un de ces soutiens ampliformes qui la fera rebondir dans mon décolleté.


Je m’habille et consulte à nouveau mon espiègle et impartial confesseur. Il s’est de toute évidence renfrogné car son jugement sévère est sans appel : « Manque très net d’élégance : la pacotille l’emporte sur le panache. » J’aurais dû m’abstenir de quémander son avis auquel je ne saurais plus, à présent, déroger. Je me dévêts pour reprendre et parfaire mes choix. Un collant couleur chair… mais où ai-je la tête ? Peut-on s’exhiber vêtue de cet oripeau dans une échoppe de lingerie ! Ce seront donc des bas-jarretières, un chemisier très échancré en légère soie vermillon, un tailleur outremer moulant à peine galonné de surpiqûres blanches, des escarpins écarlates et ce collier constitué de sombres galets lustrés. Bon, tout ça compose une allure un peu hôtesse de l’air mais garantit son petit effet et je vais inévitablement capter quelques coups d’œil ou enflammés, ou jaloux.


Il est presque deux heures quand je rejoins le hall où j’ai fixé rendez-vous à Hector. Évidemment, celui-ci est en retard. Après une courte et impatiente attente, je gravis l’escalier, frappe à sa porte et n’obtiens aucune réponse. Afin de m’assurer qu’il est là, je colle mon oreille contre le vantail et distingue de vagues chuintements. Je récidive sans plus de résultat, si ce n’est que les grincements s’amplifient.


Intriguée, je colle mon œil au trou de la serrure en espérant que ce ne soit pas précisément maintenant qu’il sorte et me trouve dans cette posture pour le moins embarrassante. Ce que je découvre m’apprend que je ne courais pas ce risque car notre jeune pensionnaire est bien là, face à la porte, affalé sur son lit, le baladeur vissé sur les oreilles en guise d’unique vêtement et il s’asticote vigoureusement. J’en suis si penaude et stupéfaite que je me jette en arrière et m’éloigne promptement. Très vite cependant, je me ravise. Ce n’est pas la branlette de cet adolescent attardé qui va déconcerter une fidèle lectrice de Rêvebébé.


Je reprends mes observations mais avec plus d’attention, et constate que dans sa main gauche, il tient un carton qui n’est autre que la photo introuvable. Après tout, je ne serais pas mécontente de le décontenancer en le prenant en défaut et de lui infliger à mon tour ma morgue. Cette fois j’attaque le panneau de bois force coups de poing de sorte à ce qu’il m’entende quel que soit le volume de sa musique. J’attends une réponse durant une demi-seconde puis, résolue, je m’élance dans la pièce où feignant l’étonnement, je m’exclame :



J’ai néanmoins la désagréable impression que mon intrusion l’amuse plus qu’elle ne le contrarie ; aussi, le considérant avec commisération, j’ajoute :



Sans faire état de la moindre gêne et tout en poursuivant sa masturbation, il se contente de rabattre la photo contre le lit afin de dissimuler l’objet qui motive son excitation puis, me toisant de la tête aux pieds, avec un sourire ironique déclare :



Je prends ma mine la plus rogne pour le tancer :



Offusquée, je tourne les talons, sors en claquant la porte et redescends, passablement troublée, je l’avoue. Je gagne le salon où je m’affale sur le canapé après m’être servi un scotch. Je décide de lui accorder dix minutes avant de partir seule. Dans ce contexte moins tendu, je constate que la vue de ce jeune mâle se masturbant avec fureur devant ma photo m’a mise dans un état second. Il a déclenché une réaction non pas de fierté ou d’orgueil, mais a éveillé un instinct primaire et obscur. Le temps d’un éclair, je me l’évoque noyant le cliché sous son sperme tout en éructant des ahanements mêlés à des obscénités, et je dois concéder que ces imaginations me perturbent singulièrement. Une curieuse boule se loge au creux de mon estomac, simulant une sensation de faim. Je n’ai guère le temps de m’y attarder car déjà je l’entends dans l’escalier. Il pénètre dans le salon, le baladeur toujours rivé sur ses oreilles, toujours intégralement nu et la verge pointant toujours au zénith. Jusqu’où poussera-t-il l’indécence ? Je l’apostrophe rudement :



Il se rapproche, et saisissant à nouveau son manche l’agite devant moi, à moins d’un mètre de mon visage.



En dépit de cette déclaration péremptoire et sans me tenir pour une pucelle, je dois convenir que je ne suis pas aussi indifférente que je le souhaiterais et qu’une insolite nervosité me gagne.



Je sursaute, inquiète et ébranlée. Jusqu’ici je n’ai vu dans son aplomb que vantardise de coquelet, mais il vient d’affirmer là des intentions autrement malséantes. Son expression aussi, « sanctifié ta bouche » me fait subodorer un traquenard longuement ourdi, à moins que cela n’appartienne à son bréviaire de la drague et qu’il n’en use régulièrement. Son attitude devrait m’indigner, mais étonnamment je me surprends à en sourire. Est-ce ironie face à une stratégie cousue de fil blanc ou parvient-il à me déstabiliser ?



Aïe ! La gaffe ! Il est moins rustaud que je ne l’imaginais et il va me falloir redoubler de vigilance. Là, je me suis emportée et j’en rougis plus que pivoine tandis que la vague impression de perdre pied me gagne. Sa désinvolture m’horripile, mais encore, d’une certaine manière me fascine, moi qui aurais parfois aimé savoir afficher la même insolence hardie sans y parvenir. Il retire enfin son baladeur.



Je ne conçois pas très bien ce qui m’arrive mais au fur et à mesure de sa péroraison, je sens ma poitrine se conformer à celle qu’il décrit comme si elle répondait à ses injonctions. Je comprends par contre que le baladeur ne visait qu’à me balader en lui permettant de filtrer, selon son caprice, ce qu’il souhaitait entendre ou non. Son comportement et ses propos me troublent, ce « chérie » que j’exècre déjà de façon générale mais plus encore dans sa bouche, cette prétention selon laquelle je lui suis destinée et dois me précipiter dans ses bras, enfin aussi, cet aveu presque naïf selon lequel il m’aurait posée en égérie. L’ensemble de ces éléments, c’est là privilège et misère de rouquine, m’empourprent violemment, jusqu’au blanc des yeux, à mon plus grand embarras.


Sans en appréhender les vraies raisons ni concevoir leur force, il a bien remarqué ma confusion et inévitablement essaye d’en tirer profit, tente d’en abuser, m’approchant davantage en astiquant son manche avec une hargne renouvelée. Tout dans son effronterie suscite mon aversion plutôt que mes convoitises. Je devrais me lever, quitter la pièce en le plantant là ; pourtant je n’en fais rien et reste figée, comme captivée par ce misérable braquemart qu’il malmène, tandis que des fourmillements électrisent mes lombes et me font trembler. Évidemment, le pauvre garçon pense que ces faiblesses lui assurent un triomphe imminent, et il s’en prévaut sans vergogne.



Il vient de mettre le doigt sur un point sensible : j’ai fréquemment soupçonné mon époux de nourrir des desseins candaulistes. Je ne suis jamais parvenue à démêler si je m’y suis refusée pour le punir de vouloir ainsi suivre mes ébats dans des bras étrangers ou pour lui épargner de m’y voir déguster plus de volupté que dans les siens. Je pense surtout y avoir discerné une perversité qu’il me déplaisait de satisfaire. L’allusion d’Hector qui me fait suspecter une éventuelle complicité entre eux accroît mon malaise.


Il se place de profil et se cambre de sorte à ce que je voie nettement sa colonne désignant le plafond, la main qui l’étrangle et les bourses velues, gonflées, obscènes, qui ballottent en dessous. Obscène, c’est le mot qui résume la situation. Obscène, ce phallus impudique ; obscène, le cynisme de son propriétaire ; obscène aussi ce vide qui me taraude ; obscène encore cette alchimie bizarre qui vrille mes entrailles. Toute cette obscénité, loin de me dissuader, me magnétise, m’emplit d’un malaise sournois et enivrant.


Dans le miroir placé à deux pas, j’épie une seconde la scène. La bourgeoise un peu sévère, sanglée dans son tailleur étriqué face au vil frimeur à poil ; c’est le monde à l’envers : d’habitude ce sont les femmes dénudées qui gâtent des hommes tout habillés. Mon air dégoûté va lui faire imaginer que je suis prude ou effrayée, ce que je ne saurais tolérer. Mes pensées s’emballent, alimentant mon désarroi.


Quand je reporte mon regard sur son sexe, il le lâche et, agrippant ma main, la conduit à son mandrin. J’abdique toute volonté et le laisse faire non sans me demander jusqu’où se prolongera ce premier geste, pressentant que j’ai tort de m’y abandonner. Le moindre de mes agissements passera pour acquiescement à ses yeux, et plus dangereusement, pour l’octroi d’une dispense aux miens. Dispense à partir de laquelle tout me sera permis et pourra dégénérer. Et pourtant, je referme ma poigne sur l’engin bouillant qui m’irradie de sa chaleur.


Dès lors, je me sens coincée et, dans ma rage impuissante, j’empoigne fortement sa hampe, veillant à y planter l’extrémité acérée de mes griffes mais sans davantage les mouvoir. Assurément, je cède à l’intention délibérée de faire mal et me réjouis d’y atteindre lorsque je perçois ses soupirs qui mêlent souffrance et contentement. À contrecœur, ou presque, j’entame alors mon va-et-vient sur la tige toujours en la comprimant fermement. Ce faisant, je m’hallucine à la contemplation de cette peau blanche, distendue, striée de globuleux vaisseaux cramoisis, couronnée par le gland fendu et violacé qui palpite, sous mes doigts aux ongles vermillon. Cette composition très chamarrée, rougeaude et congestionnée me bouleverse à défaut de me séduire.


J’accélère le mouvement et l’entends se pâmer. Un coup d’œil au miroir espion m’apprend qu’il est sensible au spectacle et je m’y apparais aussi rouge que ma tignasse dans laquelle il farfouille en proférant des grognements de satisfaction. Il m’interrompt, vient caresser son chibre avec les mèches les plus longues puis m’enjoint d’enserrer l’une d’elles dans mon étau et de reprendre l’ouvrage.



Affolée et furibonde d’être l’objet d’une telle sollicitation, je relâche alors mon étreinte tandis qu’il en profite pour se tourner vers moi et porter son sexe juste sous mon nez, enfin autant que le lui permet ma jupe-fourreau qui l’empêche de s’établir entre mes jambes.



En même temps, il encadre ma tête de ses mains et l’amène à sa pique. Je n’ai pratiqué que de rares fellations, et celles-ci m’ont toujours un peu écœurée, surtout que je craignais d’en récolter les fruits dans mon gosier. Est-ce le résultat de l’invraisemblance de la situation, d’un déchaînement soudain de ma libido, d’une chute étonnante de mes inhibitions ou le fantasme confus et récurrent d’être traitée ainsi qu’une fille, mais j’échappe à mon propre contrôle, ressemble à chaque instant davantage à une bête accablée d’instincts primitifs et de besoins viscéraux. Au fil des secondes qui s’égrènent, l’attrait d’ineptes dépravations et de folles perversions me subornent de plus en plus, m’enlèvent dans un torrent d’images aguichantes et chaotiques.


Je sens son dard qui vient taquiner mes lèvres, c’est-à-dire que je le sens olfactivement mais aussi tactilement et déguste la soyeuse texture du gland qui à la façon d’un tube de rouge barbouille ma bouche. Subitement, à l’encontre de mes préceptes les mieux établis, je succombe à l’envie d’en savourer le goût. Nos pressions, à l’un comme l’autre, augmentent graduellement et je finis par balayer d’un furtif coup de langue l’abject objet qui condense mes attirances.


Dans la glace, je vois Hector qui exulte et exploite immédiatement la situation à son avantage, s’insérant dans la brèche entrouverte. Bonne fille, exempte de rancune, je le guide d’une main assurée et il remplit ma bouche d’une seule poussée. Heureusement, le mandrin d’un diamètre très respectable n’est pas d’une longueur surprenante. Il écartèle néanmoins mes mâchoires et étire les commissures de mes lèvres. J’avale ma honte et décore de longs fils de salive la hampe turgescente lorsqu’elle recule. Ce faisant, je m’applique comme jamais, surtout afin qu’il ne se rende pas compte de mon inexpérience. Je lèche et pourlèche ce champignon vénéneux avec fougue et zèle.


À chaque intromission, il s’épaissit ; à chaque reflux, je distingue les scandaleuses bourses velues qui ballottent à la cadence des ébranlements qu’il m’inflige. Comment des objets si laids et défiant les règles élémentaires de l’esthétique peuvent-ils devenir fascinants ? C’est obscène, mais ce qui l’est au plus haut niveau ce sont mes gargouillis de succion que j’amplifie exagérément pour m’étourdir de leur indécence. S’esquisse toute une métaphysique du coït et de notre pauvre statut de femelle soumise aux ruts, le leur ainsi que le nôtre !


Progressivement, pourtant une lame de fond me soulève et me galvanise. Je broie ses testicules d’une main pendant que de l’autre j’agrippe ses fesses y plantant les banderilles de mes ongles. Il crie, douleur ou plaisir ? Les deux conjointement, mais je suis, en définitive, assez contente de le soumettre à ce cocktail. C’est avec un emportement voisin de l’agressivité que je poursuis l’exercice, le branlant de bouche et de main, y portant l’énergie de mes frustrations, renforçant les chuintements nés au fond de ma gorge, m’efforçant de lui arracher des ahanements époumonés. Quelle abjection ! (Enfin, n’exagérons rien…) Bien que je me refuse à l’admettre, ma propre excitation est à son comble et je me surprends à distiller des laves torrides entre mes cuisses. J’atteins un état second où je ne distingue plus ce qui me plaît de ce qui me répugne, bascule d’une émotion à son opposée au rythme effarant de mes avalements.



Pas ça, quand même ! J’ai envie de fuir mais, après tout, au point où j’en suis ! Je perçois les pulsations de ses grosses veines contre mon palais et ma langue. Celles-ci s’intensifient tandis qu’Hector se convulse. Une première giclée emplit ma bouche ; je le repousse de toutes mes forces. La seconde frappe mon menton et dégouline en traînées visqueuses sur mon chemisier, puis de petits soubresauts successifs expulsent de son organe des gouttes ambrées qui viennent s’écraser sur la jupe de mon tailleur.



Ne sachant qu’en faire d’autre, j’ingère ; c’est chaud, vaguement salé, fade et visqueux : ça ne vaut assurément pas un mauvais whisky, et si parfois la présentation peut compenser le goût déplorable, elle est bien loin présentement de rivaliser avec le cristal d’une coupe. Découvrant les marques de sperme sur mon corsage, Hector s’insurge :



Auparavant, il voulait sanctifier ma bouche ; je sais maintenant que c’est avec le Saint-Chrême. Cette liturgie pieusement ânonnée me fait à nouveau l’impression d’avoir été souvent répétée.



Je baisse la tête et tire ma langue sans atteindre bien évidemment le foutre dispersé sur mon vêtement mais, la voix empâtée par celui qui englue ma bouche, je déclare ingénument :



Il rabat la veste de mon tailleur sur ma taille, y emprisonnant mes bras. J’ai tellement peur de rester ainsi enchaînée que je me débats vivement et ne tarde pas à m’en extraire.



Je dois accueillir ce compliment par une curieuse mimique car il ajoute :



Il veut introduire sa main sous ma jupe afin de vérifier mon état ; cependant, le fourreau en est si exigu qu’il ne parvient guère à remonter sur ma jambe. Un peu dépité, il se replace bien en face de moi, branlant sa verge avec frénésie, et la chiffe retrouve dès lors toute sa vigueur.


Je suis tout à la fois dégoûtée mais aussi fascinée par le spectacle. Quand je vois le gland se décalotter et surgir du capuchon de peau, j’ai l’impression d’un reptile s’élançant vers moi prêt à me mordre. Je louche sur cette quille comme si je discernais là le pénis originel. Il est vrai que dans le passé une gêne un peu maniérée m’interdisait d’y appuyer tant l’œil que les doigts ; quant à la langue… Devant l’animal qui me révèle toute l’ambivalence de mes émotions, je perds le sens commun. La séduction des couleurs et des textures n’est que pieux mensonge destiné à me distraire de mes avidités bestiales véritables : il m’a foutue en bouche, et je le veux maintenant en moi, à moi. Je veux, j’exige qu’il me fasse hurler telle une bête en chaleur.

Ces réflexions m’absorbent un moment, et mon larron perd patience puis récidive son injonction :



J’y réponds d’une voix blanche et accablée :



Ce ton morne et l’air piteux qui doit l’accompagner m’apprennent que je ne résisterai pas longtemps, que peut-être même j’ai déjà renoncé, que j’attends ses abjections avec une gourmandise d’enfant qui a trempé ses doigts dans la confiture sans avoir osé les lécher. Dès lors, machinalement, sans marquer d’autre opposition, je fais glisser une à une les perles nacrées dans leur œilleton et libère l’accès à mon buste. Je crois que c’est la première fois que je me dépouille ainsi devant un homme qui ne participe pas le moindre peu à mon effeuillage et se borne à me surveiller narquoisement. Mais que dis-je ? Si encore il s’agissait d’un homme, si seulement il suscitait en moi un incontestable élan…


J’ai honte, effroyablement honte, et cette honte combinée à une impulsion sexuelle qui se fait de plus en plus irrépressible compose un mélange détonnant. J’ai honte de constater que je vais m’accoupler à un mâle pour lequel je n’éprouve rien, que je ne désire nullement mais dont la vue de la queue me met en transe, me tord les tripes avec une véhémence jamais ressentie.


Chaque bouton défait consacre la chute d’une résistance et accentue mon trouble. Tout en obtempérant, je me remémore ces fantasmes éveillés, extravagants et fugaces qui m’ont parfois conduite à m’évoquer racolant, soit au bar d’un hôtel louche, soit au cours d’une sombre nuit d’orage, au coin d’une rue sordide. Oui, je me suis quelquefois imaginée les cheveux trempés et les vêtements dégoulinants et moulants, collés à mon anatomie, la gainant d’égrillarde transparence, retroussant ma jupe très haut au-dessus de la jarretière, exhibant l’ivoire de ma cuisse, apostrophant un quidam ni très jeune, ni très beau, ni très riche en lui murmurant « Je te plais, chéri ? » Et lui, brûlant de concupiscence mais emprunté et ne se risquant qu’à peine à épier mon corps exposé et offert, détournant un regard qui aurait trahi ses appétits salaces et sa tentation de céder à mon invite. J’osais alors entrebâiller mon corsage, dévoilant jusqu’aux tétons qui pointaient leur fébrilité au balconnet. Il me talonnait ensuite vers je ne sais quel bouge, guignant le galbe de mes mollets cambrés sur l’escarpement de mes talons. Ces rêves m’avaient fugitivement éblouie, cependant je les avais vite réprimés et ensevelis sous la carapace empesée de la digne bourgeoise. Ils me poursuivaient néanmoins régulièrement de leur nébuleuse et compulsive obsession.


J’ai bientôt achevé ma besogne, et alors que je veux me débarrasser du chemisier, il m’en empêche en rugissant :



Sans davantage me rebeller, je me tortille sous l’œil luisant de mon prédateur pour dégrafer mon soutien-gorge. Décrocher les bretelles réglables suppose d’autres contorsions qui font visiblement son régal. Quand, après un combat laborieux, je retire les somptueuses dentelles que de moins rustres auraient sans doute apprécié voir décorer mes chairs, il écarte avidement le tissu cramoisi, et manifestement subjugué s’extasie :



Sous l’effet de cet éloge, une lourde oppression écrase ma poitrine et me fait haleter. Mes seins plus fermes que jamais se raidissent encore, se font si durs qu’ils semblent être de bois et si gonflés qu’ils se font douloureux. Il les soupèse sans complaisance et les triture négligemment avant de les barbouiller avec le reliquat de sperme étoilant l’étoffe pourpre. Ni la charitable appellation de « vieille », ni ses gestes maquignons, ni la parcimonie de son admiration ne me chagrinent. Je n’ai qu’une hâte : celle qu’il les empaume, les torde, les embouche et les morde ; c’est précisément ce qu’il me refuse. J’hésite à l’y convier, et déjà cette prière enfle dans ma gorge, mais affrontée au comble de l’humiliation qu’implique telle supplique, elle s’évanouit au seuil de mes lèvres qu’elle ne parvient à franchir.



Il dit « auréole », le nigaud, mais il est vrai qu’antérieurement barbouillées de Saint-Chrême, cela peut s’entendre.



Sans plus de précaution, il en vide tout le contenu sur le canapé, et se saisissant de l’objet revient se mettre à genoux devant moi.



Il débouche le tube et en fait jaillir le petit phallus rubicond puis, tirant la langue en signe d’application, il barbouille mes aréoles. Telle une poupée inerte, je reste engourdie ; pis, je maintiens les pans de ma tunique et mon collier écartés en vue de faciliter sa tâche. Pis encore, je savoure le traitement. Le fard carmin s’étale comme une pâte onctueuse et transforme mes appâts qui, de timides et sages qu’ils étaient, se font agressifs et arrogants. Il appuie fortement pour les enluminer d’une couche épaisse de fard et semble vouloir rendre cette marque indélébile. C’est doux, froid, et je frisonne tandis que ma gorge entière tremble et que, sous l’afflux sanguin dû à l’émotion, une arborescence bleutée s’y dessine et palpite.

Si, à l’égal des chats, je savais ronronner, je ne m’en priverais pas.


Pendant toute l’opération, je ne peux m’empêcher de jeter des coups d’œil furtifs à la colonne érigée entre ses jambes. Je crois, qu’à mon tour, j’aimerais en orner l’extrémité d’un vif éclat de rouge à lèvres. Sa déco enfin achevée, il me redresse et me pousse vers le miroir. Je franchis les deux mètres qui m’en séparent avec difficulté tant je suis flageolante, et vacillante sur mes hauts talons, torturée par la sourde terreur qui contracte mes boyaux.


Contre mes fesses, je sens son sexe bandé, et cette expression de ses inclinations immondes me chavire si intensément qu’elle concentre mon esprit sur cette seule enflure. J’étouffe, indignée par mes envies dont la plus faible est – hélas – celle de m’enfuir. Je me vois et m’admire… pas de comparaison avec ce que me découvrait le dénigreur de ma chambre. Mon air révulsé, mon regard pâmé, mes chairs heureuses, pulpeuses juste à souhait ont évacué ce qui m’apparaissait sordide précédemment. Que je suis désirable ainsi, alanguie et offerte malgré moi ! Que c’est beau, une femelle qui se donne, victime de sa sensualité !


Il ouvre largement mon corsage et glisse un bras sous mes seins lourds aux cimes aussi vermeilles que des nez de clowns et entre lesquels pendouille le rang de galets noirs. De son autre main, il pince douloureusement mon téton. J’exhale des râles exténués et décide – mais suis-je en état de décider ? – de déposer les armes et de m’abandonner simplement à l’exigence d’être prise.



Sa voix désagréable rompt l’envoûtement qui me gagnait, mais je m’exécute sans contester tandis qu’il vient se planter devant moi. Me saisissant par les cheveux, il me tire d’abord vers lui puis très légèrement en arrière de sorte à ce que je relève la tête. Je suis face à sa bedaine sur laquelle perlent des gouttes de sueur qui engluent ses poils. Son gros vit rougeaud balance son gland érubescent juste sous mon menton. Il enserre sa colonne entre mes seins, fléchit sur les jarrets et se noie dans cette prison avant d’en émerger à nouveau.



J’ai compris : il veut que ce soit moi qui comprime ma poitrine autour de l’épieu. Je suis ébahie par la douceur que dégage la rencontre de ces peaux fines et hypersensibles. Luisante des sécrétions précédemment distillées, la bielle, bientôt maculée de traces rouges, bien lubrifiée, bavant de petites larmes ivoirines, chuinte dans le coulisseau que lui font mes mamelles puis, en régressant, creuse un affolant vertige. Complètement médusée, je suis la scène dans le miroir. Obscène : le vocable revient encore me gifler d’autant plus impitoyablement que je suis à présent forcée d’admettre que je raffole de ça, que par-delà toutes mes réticences j’apprécie l’étourdissement que développe mon opprobre.


Son ventre mou et blanc, puant le foutre, vient s’écraser contre mon visage tandis que mon entrecuisse ruisselle d’une profusion inconnue. Les rugosités du carrelage tailladent l’un de mes bas qui file impudiquement et éraflent mes genoux qui pataugent dans l’abondance que sécrètent les impatiences de mon sexe. Mes doigts se crispent férocement et s’enfoncent dans mes globes, si fort qu’après quelques va-et-vient ma poitrine est sur le point d’exploser. Lui aussi d’ailleurs, qui craignant de décharger trop hâtivement, interrompt l’exercice.

Essoufflé, il va s’effondrer sur le canapé, tentant de se ressaisir, me laissant seule affrontée à mon désarroi. Absorbé par son seul ressenti, il me regarde sans affection, sans désir presque.


Après les avanies que je viens d’accepter, je ne puis maintenant tolérer ce mépris et crois que je préférerais qu’il me brutalise. Je comprends très vite qu’il va cesser d’ordonner et qu’il veut, pour ma grande honte, que l’initiative désormais me revienne et que je me comporte sans plus de vergogne qu’une traînée. Il veut profiter de mon ignominie et me faire vider le calice jusqu’à la lie, si tant est qu’on puisse parler ici de calice et de lie. Une colère sauvage m’étreint, mon courroux est tel qu’il me rend susceptible de tous les excès. Ce petit monsieur verra ce dont je suis capable !


Je projette d’exacerber d’abord ses convoitises en achevant mon effeuillage, mais à peine en ai-je ébauché le geste qu’un détail le suspend. Qu’imaginera-t-il quand il verra que je porte des bas ? Il est capable de penser que c’est à son intention que je me suis pareillement affublée. Je m’étends de tout mon long, le dos contre le carrelage glacial et raboteux qui mord mes chairs et les brûle comme tout froid très intense. Il en résulte de vifs picotements, et des décharges électriques courent le long de mon échine. Je m’arque pour défaire le bouton qui ferme ma jupe puis, en me tortillant lubriquement, semblable à une disciple de Saint-Guy, je la fais lentement glisser par paliers successifs sur mon ventre, les guipures noires de ma culotte, et enfin l’albâtre de mes cuisses.


Jamais je n’ai cédé aux joies de l’immodestie en en retirant autant de satisfaction. Il y a cependant autre chose qui outrepasse la volupté de séduire et d’être admirée, quelque chose d’agréable mais de lancinant qui mêle une sourde crainte à l’euphorie. Mieux que tous les miroirs, ses yeux exorbités déclarent sinon combien je suis belle, au moins combien je suis désirable. Quand il découvre le liseré de dentelles qui fixe mes bas, il se fait hilare, confirmant mes appréhensions et annihilant le sortilège qui m’envahissait.


Je reporte mes mains sur l’élastique de ma culotte afin de libérer mon sexe de sa moite prison. J’ai, on m’en a parfois malicieusement félicitée, un mont de Vénus particulièrement affriolant. Fièrement bombé et dodu sans excès, il s’orne d’un buisson ardent roux et clairsemé que j’élague avec soin tout en considérant qu’il serait sacrilège de le raser. Il laisse entrevoir autant qu’il les dissimule des lèvres minces et discrètes, le plus souvent pincées sur leur mystère, mais en cette occasion largement béantes. Est-ce du dallage gelé qu’émane ce grand frisson qui me ravage et me transporte alors que j’achève de me dépouiller et pose mes fesses bouillantes sur sa froidure et dans l’humidité de mes abjections ?


Je reste étalée face à lui, exposée, tremblante, désormais habillée que de mes seuls chemisier, bas, escarpins et du rang de pierres noires qui barre ma gorge oppressée et vibrante. Mon cerveau en ébullition s’évoque la scène de cette femelle en chaleur en quête de ses assouvissements.


J’atteins au paroxysme et mesure avec une incomparable acuité le vrai sens de l’expression avoir les nerfs en pelote. Il est incontestable que jusqu’à présent, du plaisir, je n’ai guère savouré que les agacements, et ce n’est pas en fourrageant d’un doigt chafouin dans ma magique toison pelvienne que je me calmerais. Je succombe au furieux désir qu’il me saute, non pas d’être baisée, mais d’être baisée par lui, ce blanc-bec pitoyable que je méprise et que les exploits de cet après-midi ne grandiront pas dans mon estime. Parvenue à ce stade, je ne vois plus guère ce que je pourrais lui refuser, et j’ai envie de consommer mon humiliation jusqu’à son terme, d’être anéantie, bafouée, insultée, afin de toucher le fond de ma déchéance. Une amie m’a confié qu’en faisant l’amour, elle aime être invectivée, et pis encore, ce qu’en dépit de mes pressantes interrogations elle n’a pas voulu me rapporter. La vulgarité coutumière d’Hector, ses attitudes indélicates m’ont d’abord fait redouter d’être soumise à de pareilles grossièretés, et je suis maintenant étonnée qu’il s’en soit abstenu ; oserai-je l’avouer, un peu déçue aussi.


Il me rejoint, se met à genoux et écarte rudement mes jambes. Ce seul geste qui m’expose offerte dans mon excitante impudeur suffit presque à me faire jouir. Lorsqu’il ausculte mon puits d’amour, je sens la lame aiguë de son regard infiltrer mon intimité, mais le petit misérable se borne à le faire des yeux seulement. Puis il me retourne et aplatit mon ventre ainsi que mes seins contre la pierre dure et gelée. Les bras en croix, les cuisses serrées, je continue de m’écouler et répands mes humeurs sur le sol où, débordante de luxurieuse jubilation, je me vautre dans ma mouille.


Accroupi derrière moi, il agrippe à nouveau mes cheveux pour me tirer progressivement vers lui. Je suis bientôt à genoux, et il me plie en avant, me mettant à quatre pattes tout en disjoignant rageusement mes cuisses. Il glisse sa tige entre elles et caresse quelques instants les tiédeurs de ce havre particulièrement sensible, ce qui m’arrache d’engageantes roucoulades.



Ce mot, en dépit de mes contrariétés, me gonfle d’aise. Je frissonne et trémousse du popotin avec ferveur, l’invitant à approfondir ses investigations. Ça y est, voilà la sonde qui s’agite à l’orée de la grotte. Lentement, quasi insensiblement, le gland explorateur s’aventure dans le bouillonnement de mes avidités. Exaspérée par l’attente, je recule violemment ; il me pénètre, mais à peine. Je crie, non pas de plaisir mais d’impatience. Encore un sursaut de ma croupe pour ingurgiter le trépan au fond de mon huis, mais l’énergumène se ravise et se dégage. L’insolent se divertit de la fièvre qui me dévaste et s’amuse de mes énervements. Je beugle ma déception et l’invective :



Dans le miroir, je perçois son sourire sarcastique quand il me répond :



Le vandale ! Je comprends où le portent ses vœux et devine qu’il doit confusément pressentir que l’œilleton convoité est resté vierge. Certains ont voulu l’éprouver, néanmoins je suis toujours parvenue à les en dissuader. Je me sens prise au piège ; comment confesser cette déficience ou défendre cet accès sans en admettre la virginité ? Mais d’autre part, pourquoi octroyer à ce blanc-bec une prérogative qu’il est le dernier à mériter ? Mes âpres exigences de sexe pourtant me tourmentent, et plus que jamais je veux qu’on me prenne. Je veux sentir une trique fouiller mon ventre contracté, je veux plier sous les coups d’un boutoir audacieux et conquérant, je veux bêler sous d’âpres assauts.


Ainsi que tous mes précédents atermoiements, celui-ci se retourne contre moi, et mon silence gêné est traduit en assentiment tandis que deux doigts baveux se fichent dans mon cul. J’imagine que Neil Armstrong ne fut pas moins fier lorsqu’il planta les étoiles de sa bannière dans la Lune. Déjà il salive sur le théâtre de ses futurs exploits pendant que je tergiverse encore, ne sachant pas si je vais céder à la tentation d’un plaisir inédit en vue de m’épargner le ridicule qu’engendrerait la découverte de ce pucelage tardif, ou aux exultations de l’humiliation. Bref, me voilà donc coincée entre plusieurs formes d’infamie qui m’attirent simultanément.


Je sens le monstre joufflu appuyer contre ma rondelle élastique et celle-ci s’entrouvrir, tentant de lui livrer passage. Il s’y engage, mais la résistance est forte et le contraint à se retirer pour, à nouveau, la lubrifier de sa bave. Il récidive ensuite et force le premier goulet. Cette barrière franchie, il pousse l’avantage sans autre précaution. Il me déchire, et c’est blessant, presque insoutenable, sans comparaison possible avec l’effraction d’un hymen, bien que je ne me souvienne guère des maux que celle-ci m’occasionna. Je souhaitais bêler : ce bélier saccageant mon anus m’en fournit l’opportunité. Certes, je ne voudrais pas que ce soit indolore, car si étourdissante honte appelle un châtiment éclatant.


Il s’enfonce en me défonçant et me transforme d’abord en réceptacle de souffrance. Je suis remplie, agrandie, écartelée. Il amorce son va-et-vient, et mes fibres distendues s’embrasent. Bientôt, je décèle la danse de ses valseuses qui valsent à mille temps contre mon postérieur en fusion. Il est arc-bouté, appuyé contre ma croupe, et afin de me divertir du présent tourment en organise un autre : de sa main droite, il emprisonne conjointement l’un de mes seins et des galets de mon collier qu’il roule en veillant bien à malaxer mes tétons dardés entre ces meules. Ça fait affreusement mal ; c’est intolérable et exquis… Je ne contiens plus mes hurlements, d’autant qu’ils excitent Hector et accroissent sa virulence.


Ma muqueuse enflammée et comprimée autour de l’épieu qui me besogne émet des irradiations qui se propagent à travers mon être entier, le submergeant de bouffées torrides, et un plaisir aussi inconnu qu’insoupçonné m’envahit. La douleur s’affaiblit, ou plutôt se mue elle-même en cuisante volupté. Il relâche mon poitrail mais non mon collier qu’il resserre autour de mon cou et dont il me garrotte tout en intensifiant le rythme de sa chevauchée. Cette sévère strangulation ne m’effraye pas ; il me semble avoir basculé au-delà des simples réactions de préservation. Qu’il use donc de mon misérable corps comme bon lui semble : je brûle de savoir ce que je saurai endurer et l’euphorie qui en résultera. Je ne suis que tensions, tension de mes chairs martyrisées, tension de mes seins volcaniques, tension de mon ventre labouré, tension de mes poumons asphyxiés et de mon cerveau consterné.


Je me vois un instant pareille à un albatros éperdu essayant de s’arracher à l’océan déchaîné. Il court sur les crêtes furieuses et bat l’onde de ses blanches ailes démesurées, accompagnant chacun de ses efforts d’un clappement retentissant. Il va s’élever quand des dents surgissant des profondeurs l’engloutissent. La vague qui m’enlève me prive de toute lucidité, et son déferlement enchevêtre mes atermoiements avec mes refoulements, mes haines avec mes amours. L’étouffement m’emporte en divagations consternantes, m’agite en convulsions désordonnées et étrangle mon huis sur son pilon, me faisant éprouver des allégresses ignorées. Une pierre du collier écrase ma glotte ; je ne trouve plus l’oxygène qui alimenterait mes cris, et me sens défaillir. Je suis au bord du gouffre et d’une prodigieuse explosion, à moins que je m’évanouisse avant.


Et toujours son odieux et prodigieux pilonnage me secoue d’ondes sismiques qui ébranlent mon fondement en s’accompagnant de gargouillis ignominieux. Un grand vide bouleversant me liquéfie en ondes spasmodiques. Je vais chavirer lorsqu’aussi brutalement qu’il m’a pénétrée, il reflue, relâchant simultanément toutes les pressions. J’ai déjà joui, j’allais jouir encore, mais surtout, surtout… je sentais poindre un phénoménal orgasme. Un vertige effarant m’étreint et des ténèbres m’envahissent.

Dépitée, dans un geignement essoufflé, je le supplie de m’achever.


Il me renverse sur le dos, vient m’enjamber et s’asseoir sur mon ventre plus noué que jamais. Je l’attire à moi, et alors qu’il s’abat sur mon pauvre corps palpitant et rompu, je plante mes ongles profondément dans son torse. Son chibre investit mon sexe gorgé de mouille tandis que son index s’introduit dans mon anus. J’absorbe l’un et l’autre avec soulagement puis me trémousse comme une possédée pour bien les sentir me perforer. Est-ce que je beugle ? Je suis incapable de le dire, ayant perdu toute conscience des réalités.

Sa déflagration ne tarde pas, et ses jets incandescents s’épanchent au fond de mon ventre. Tout s’obscurcit quand il s’effondre sur moi avant que l’extase ne me vrille à mon tour et que je ne sombre dans un égarement comateux.


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Je m’éveille, écrasée par la lourdeur de son corps désarticulé. Je le repousse et le bascule de côté où il reste avachi quelques minutes qui me permettent de me recomposer et de fuir cette histoire. Je ne suis pas du genre à nourrir d’infinis regrets : ce qui est fait, ce qui vient de se faire ne les mérite d’aucune façon, et je ne suis pas fière de moi-même s’il me faut admettre avoir joui d’enfer.


Lorsqu’il reprend conscience, il me considère, éberlué, et je remarque que c’est ma poitrine maculée de sang qui capte ses attentions. Ne découvrant aucune blessure sur moi, il comprend que c’est lui le dispensateur de ces traces : en effet, sans même le vouloir, j’ai balafré ses pectoraux de deux grosses estafilades toujours sanguinolentes. Jamais je n’ai vu quelqu’un redescendre sur terre après l’amour aussi précipitamment. Le petit s’emporte et manque de tourner de l’œil. Maintenant, il décline et épuise à mon endroit la liste des pensionnaires d’une détestable volière. Se calmant un peu, il me demande où il trouvera du désinfectant ; c’est tout juste s’il ne veut pas contacter le SAMU ! Il regagne enfin sa chambre d’où il ne sortira plus, et je ne l’y soupçonne nullement de s’occuper de mon portrait.

La conclusion lamentable qu’il a portée à nos fugitives amours l’empêchera de triompher et de caracoler jusqu’à la fin de son séjour.


Je me rhabille tristement. Ce dernier épisode m’a éclairée sur la nature des évènements. Qu’ai-je donc essayé de me prouver ou de satisfaire ? Il m’apparaît qu’essentiellement j’ai craint le ridicule. J’en aurai au moins appris que des carrières de soumise, de dominatrice ou de salope ne me tentent que médiocrement ; quant au sadomasochisme en général, je veillerai, si l’occasion s’en présente, à m’assurer au préalable que mon partenaire supporte la vue de trois gouttes d’hémoglobine.


Je consulte la pendule pour savoir si j’ai toujours le temps de me rendre en ville. C’est bizarre : elle est tournée vers le canapé alors qu’habituellement elle fait face à la porte du salon. Et là, brutalement, je comprends comment et combien on vient de m’abuser. Ce radio-réveil dissimule en fait une caméra espion couplée à un enregistreur audio-vidéo numérique sur carte mémoire se déclenchant à la détection du moindre mouvement dès qu’il est configuré en mode surveillance, et je constate qu’il en est bien ainsi. J’arrête l’appareil, en retire la carte mémoire et, rejoignant mon bureau, l’introduis dans mon ordinateur portable.


Celle-ci contient effectivement l’intégralité de mes ébats avec Hector. J’en transfère le contenu sur mon disque dur et l’efface de la carte puis retourne au salon où, après avoir retardé le réveil, je commute à nouveau l’appareil sur la fonction enregistrement. Je m’installe dans le canapé accompagnée des Horreurs de l’amour, de Jean Dutourd. Je reste une heure à lire tranquillement ; enfin, à faire semblant car je ressasse à présent ce qui vient de se dérouler. Ainsi, cet abruti d’Hector disposait d’un blanc-seing de la part de mon époux qui a manigancé tout cela en le poussant dans mes bras. Pour ne pas décevoir mon mari voyeur, je glisse une main sous la ceinture de ma jupe et fais semblant de me masturber. L’idée qu’il va s’enfiler Les horreurs de l’amour à la recherche du passage croustillant me paraît une excellente punition. Je finis par quitter la pièce, non sans remettre à l’heure l’horloge délatrice.


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Le lendemain, la photo a retrouvé sa place mais m’observe d’un bien curieux regard quand je l’interroge. Alex n’a pas pipé mot ; pourtant, le mode veille de la pendule est désactivé. Je conçois sa déception et les reproches dont il a dû accabler Hector. J’ai quelques incertitudes concernant la réalité de ce qui s’est passé hier, néanmoins mon sphincter douloureux et l’air de chien battu de notre pensionnaire me convainquent de n’avoir pas rêvé. Au demeurant, je pourrai toujours consulter mon disque dur. Et naît une idée loufoque : celle de faire de cet épisode salace une contribution – certes peu originale quant au fond – sur Rêvebébé.

Je pourrais même y organiser la promotion de ma vidéo.